II. LES QUESTIONS ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES

A. COMMUNICATION DE M. JACQUES GENTON SUR LA SITUATION D'AIR FRANCE AU REGARD DES EXIGENCES COMMUNAUTAIRES

Le mardi 23 septembre 1997, la délégation a entendu une communication de M. Jacques Genton sur la situation d'Air France au regard des exigences communautaires.

M. Jacques Genton , président, rappelle que la Commission européenne s'est prononcée en juillet 1994 sur l'aide que le Gouvernement français voulait octroyer à Air France durant la période 1994-1996. La Commission européenne a alors estimé que cette aide, qui se présentait sous forme d'une augmentation de capital de 20 milliards de francs, était compatible avec le marché commun à condition que les autorités françaises respectent un certain nombre d'engagements. Parmi ceux-ci, figurait l'engagement " que le processus de privatisation d'Air France soit engagé lorsque la situation économique et financière de l'entreprise sera rétablie, en conformité avec le plan, en tenant également compte de la situation des marchés financiers ". La question principale consiste dès lors à déterminer si la situation économique et financière de l'entreprise est aujourd'hui rétablie.

M. Jacques Genton, président, observe ensuite que M. Jean-Claude Gayssot, Ministre des transports, a estimé, lors de son audition par la Commission des affaires économiques et du Plan, que la Commission européenne ne pouvait exiger une privatisation d'Air France, l'article 222 du traité de Rome disposant que " le présent Traité ne préjuge en rien le régime de la propriété dans les Etats membres ".

Le président fait alors savoir que la Commission européenne n'a effectivement pas exigé de son propre fait la privatisation d'Air France, mais qu'elle a cependant pris en compte l'engagement du Gouvernement français en 1994 d'engager cette privatisation et a fait figurer cet engagement dans sa décision relative à l'augmentation de capital d'Air France. Cette décision mentionne en outre l'engagement des autorités françaises " à avoir, vis-à-vis d'Air France, un comportement normal d'actionnaire ; à permettre à la compagnie d'être gérée seulement selon les principes commerciaux et à ne pas s'immiscer dans sa gestion pour des raisons autres que celles liées à son statut d'actionnaire ".

Concluant son propos, M. Jacques Genton indique qu'il lui a paru utile d'apporter ces quelques précisions historiques et juridiques afin que chacun dispose d'une information complète sur ce sujet.

Mme Danièle Pourtaud indique alors qu'un porte-parole de la Commission européenne a déclaré le 5 septembre à propos de cette affaire : " Nous ne demandons pas qu'une entreprise soit privée ou publique, mais qu'elle soit concurrentielle et qu'elle suive les règles du marché (...). Si le Gouvernement d'aujourd'hui estime (...) qu'il faut peut-être ne pas privatiser, ce n'est pas du ressort de la Commission européenne. Tout ce que nous voulons, c'est que les règles du marché soient respectées, peu nous importe la forme de l'entreprise ".

Mme Danièle Pourtaud rappelle en outre qu'à l'initiative du Gouvernement de M. Pierre Bérégovoy, les institutions communautaires ont reconnu dans un règlement de 1992 la possibilité pour les Etats d'imposer des obligations de service public aux compagnies aériennes dans un souci d'aménagement du territoire.

M. Emmanuel Hamel se demande s'il est normal que la Commission européenne puisse imposer à un Etat de laisser fonctionner une entreprise publique conformément aux seules lois du marché. Il souligne que la loi du marché tend à l'emporter dans tous les domaines et observe que les forces du marché ne servent pas le progrès social.

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