11. Politique de développement, actions en faveur de la paix

Proposition E 840

Com (97) 130 final


(Réunion de la délégation du 24 juin 1997)

Présentation du texte par M. Jacques Genton

" Nous devons évoquer maintenant la proposition d'acte communautaire E 840 relative au fonds international pour l'Irlande (F.I.I.) .

Ce fonds, créé en 1987 par les Gouvernements britannique et irlandais, tend à promouvoir le développement économique et social et à encourager les contacts, le dialogue et la réconciliation entre les nationalistes et les unionistes dans toute l'Irlande. L'Union européenne contribue à ce fonds depuis 1989, à hauteur, ces dernières années, de 20 millions d'Ecus par an. Cette aide financière de l'Union prend fin au 31 décembre 1997. La Commission propose de la renouveler pour deux années supplémentaires, à hauteur de 17 millions d'Ecus par an.

Ce fonds accorde son soutien à des programmes associant développement économique et social à réconciliation, contact et dialogue entre les deux communautés irlandaises. Le champ d'action de ce fonds est très vaste et touche aux secteurs industriel, commercial, rural, des sciences et techniques ou encore du tourisme.

Le document E 840 présente un rapport d'évaluation de l'action du F.I.I. selon lequel le fonds aurait largement contribué à modifier la situation en Irlande en facilitant le développement de réseaux de relations de travail entre les deux communautés, ainsi qu'entre les fonctionnaires d'organismes et d'administrations publics des deux parties de l'île. Il aurait ainsi favorisé le dialogue et la réconciliation entre les communautés d'Irlande du Nord et entre l'Irlande du Nord et celle du Sud, tout en permettant la création d'emplois.

C'est sur la base des conclusions de ce rapport d'évaluation que la Commission propose de maintenir l'aide que l'Union européenne apporte au F.I.I. La Commission suggère de renouveler pour deux ans le soutien de l'Union au fonds, à hauteur de 17 millions d'Ecus par an.

On peut constater que le rapport d'évaluation présenté par la Commission ne dresse que de façon très succincte le bilan de l'action menée par le F.I.I. et ne précise pas, de façon détaillée, le type de programmes financés par ce biais. On peut s'interroger, notamment, sur la contribution réelle qu'apportent les programmes financés au processus de paix alors qu'ils paraissent parfois motivés par des considérations d'ordre économique ou social.

Il apparaît, par ailleurs, que certains des programmes soutenus par le F.I.I. ont bénéficié, en parallèle, d'un financement au titre des fonds structurels.

A cet égard, il convient de rappeler que l'Irlande est classée, pour les fonds structurels, parmi les régions en retard de développement (objectif 1) et reçoit, à ce titre, une aide importante de l'Union qui représente, pour la période 1994-1999, 5,6 milliards d'Ecus.

L'Irlande reçoit, en particulier, dans le cadre des fonds structurels, une aide financière destinée à soutenir le processus de paix. Ces fonds sont versés au titre des initiatives communautaires qui constituent l'un des instruments de l'action structurelle. Pour 1997, les crédits d'engagements prévus pour ce programme s'élèvent à près de 160 millions d'Ecus et s'ajoutent aux 20 millions d'Ecus versés par l'Union au F.I.I.

Le maintien de ces deux lignes budgétaires parallèles peut paraître injustifié alors que l'Union européenne fait face à une période de restriction budgétaire et alors que les résultats obtenus par l'Irlande depuis quelques années sont très satisfaisants. Ainsi, entre 1991 et 1994, et bien que le chômage y demeure important, le taux de croissance annuel de l'Irlande s'est élevé à 4 %, ce qui en fait un des Etats membres les mieux placés pour adhérer à l'Union économique et monétaire. Par ailleurs, pour la période 1994-1999, la Commission estime que l'Irlande devrait connaître une croissance supérieure à la moyenne communautaire.

Il me semble que l'importance limitée de ce texte ne justifie pas une proposition de résolution ou un rapport d'information. Mais nous pourrions peut-être - si vous en étiez d'accord - adopter des conclusions faisant part de notre perplexité devant l'utilité de reconduire des crédits pour ce fonds.

*

M. Denis Badré a estimé que le fonds international pour l'Irlande n'avait pas à être indéfiniment reconduit, dix ans après sa création. Ou bien il a été efficace et n'a plus de raison d'être, ou bien il a été inefficace et doit être supprimé. En outre, ce fonds fait double emploi avec les fonds structurels.

Après les interventions dans le même sens de Mme Marie-Madeleine Dieulangard , de M. Christian de La Malène et de M. Pierre Fauchon, la délégation a adopté des conclusions au sujet de la proposition d'acte communautaire E 840 (voir texte ci-après).

CONCLUSIONS DE LA DÉLÉGATION

SUR LA PROPOSITION D'ACTE COMMUNAUTAIRE E 840

La Délégation du Sénat pour l'Union européenne :

- s'interroge sur la contribution réelle qu'apportent les programmes financés par le Fonds international pour l'Irlande (F.I.I.) au processus de paix, alors qu'ils paraissent souvent motivés par des considérations d'ordre économique et financier ;

- constate que l'Irlande reçoit déjà une aide financière importante de l'Union européenne dans le cadre des fonds structurels, dont une partie est destinée à favoriser la réconciliation des communautés irlandaises ; qu'ainsi, en 1997, les crédits d'engagements prévus par les fonds structurels pour favoriser le processus de paix s'élèvent à 160 millions d'Ecus et s'ajoutent aux 20 millions d'Ecus versés par l'Union au F.I.I. ;

- s'interroge sur le bien-fondé du maintien de ces deux lignes budgétaires parallèles alors que l'Union européenne fait face à une période de restriction budgétaire et alors que les résultats économiques obtenus par l'Irlande depuis quelques années en font un des Etats membres les mieux placés pour adhérer à l'Union économique et monétaire ;

- s'oppose, en conséquence, à ce que le soutien de l'Union au F.I.I. soit renouvelé pour une période supplémentaire de deux ans.

Proposition E 891

Com(97) 265 final


(Procédure écrite du 24 septembre 1997)

Cette proposition de règlement relative à l'intégration des questions de genre dans la coopération au développement tend à renforcer l'efficacité des actions de développement entreprises par la Communauté en réduisant les inégalités entre hommes et femmes qui persistent dans les pays où ces actions sont engagées.

Ce texte part du constat que les inégalités qui perdurent au détriment des femmes dans les domaines de la nutrition, de l'alphabétisation, de l'éducation et de l'accès aux activités économiques constituent un obstacle au développement de nombreux pays. La suppression progressive de ces inégalités et la promotion de la participation de la femme dans la société est jugée indispensable tant du point de vue de l'efficacité de l'aide que de celui du respect des droits de l'homme.

Pour ce faire, la proposition de règlement élaborée par la Commission prévoit d'aider les organisations gouvernementales et les institutions communautaires à intégrer la problématique hommes-femmes dans leur processus de décision.

Cette approche est novatrice en ce qu'elle privilégie les actions destinées à sensibiliser au problème les personnes qui sont à l'origine des politiques et programmes de développement, plutôt que d'opter pour une participation financière à des projets concrets de développement en faveur des femmes dont la multiplication à petite échelle est perçue comme moins efficace.

Les actions entreprises dans ce cadre consisteraient en l'élaboration d'orientations stratégiques, de méthodologies et d'outils de travail, en fourniture d'assistance technique, en actions de formation et de sensibilisation. Un budget de 5 millions d'Écus par an leur serait réservé.

L'objectif poursuivi par la proposition E 891 paraît fondé et est conforme aux engagements pris par la Communauté lors de la quatrième conférence mondiale sur les femmes tenue par les Nations Unies à Pékin en 1995. Ce texte s'inscrit, par ailleurs, dans la lignée de la résolution adoptée par le Conseil le 20 décembre 1995 relative à l'intégration des questions de genre dans la coopération au développement.

Toutefois, si la démarche tendant à privilégier la sensibilisation au problème des personnes se trouvant à l'origine des politiques de développement est intéressante, il est à craindre qu'elle se traduise par un recours systématique à des consultants extérieurs auxquels une grande partie de l'action serait subdéléguée.

Lors des premières réunions de groupes du Conseil, le Gouvernement français a fait savoir que, s'il souscrivait à la démarche, il souhaitait que les conditions dans lesquelles elle serait menée soient mieux précisées afin d'éviter un recours trop fréquent aux experts extérieurs.

Dans ces conditions, la délégation a décidé de ne pas intervenir sur la proposition E 891.

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