Activités de la délégation du Sénat pour l'Union européenne (juillet-octobre 1996)
Jacques Genton
Délégation du Sénat pour l'Union Européenne - Rapport 82 - 1996 / 1997
Table des matières
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INTRODUCTION
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I. LA PREPARATION DE LA CONFERENCE INTERGOUVERNEMENTALE
- A. AUDITION DE M. MICHEL BARNIER
- B. EXAMEN DU RAPPORT D'INFORMATION DE MM. JACQUES GENTON, CLAUDE ESTIER ET YVES GUENA SUR LA XIVÈME CONFERENCE DES ORGANES SPECIALISES DANS LES AFFAIRES COMMUNAUTAIRES (COSAC) ET SUR L'ACTION COLLECTIVE DES PARLEMENTS NATIONAUX
- C. COMPTE RENDU PAR M. JACQUES GENTON DE LA REUNION DE LA CONFERENCE DES ORGANES SPÉCIALISES DANS LES AFFAIRES COMMUNAUTAIRES (COSAC) DES 16 ET 17 OCTOBRE 1996
- D. AUDITION DE M. MICHEL BARNIER
- E. EXAMEN DU RAPPORT D'INFORMATION DE M. CHRISTIAN DE LA MALENE SUR L'APPLICATION DU PRINCIPE DE SUBSIDIARITE
- II. LES QUESTIONS ECONOMIQUES
- III. EXAMEN DES PROPOSITIONS D'ACTES COMMUNAUTAIRES
-
I. LA PREPARATION DE LA CONFERENCE INTERGOUVERNEMENTALE
- ANNEXE N° 1 : DECLARATION DE DUBLIN
- ANNEXE N° 2 : CONCLUSIONS ADOPTEES PAR LA DELEGATION LE 23 OCTOBRE 1996
INTRODUCTION
Au cours des mois de juillet, août, septembre et octobre 1996, la délégation du Sénat pour l'Union européenne a continué à suivre les travaux de la Conférence intergouvernementale. Elle a également abordé la politique commerciale de la Communauté, et s'est prononcée sur la question du maintien de l'heure d'été. Enfin, elle a poursuivi son examen systématique des propositions d'actes communautaires soumises au Sénat en application de l'article 88-4 de la Constitution.
I. LA PREPARATION DE LA CONFERENCE INTERGOUVERNEMENTALE
A. AUDITION DE M. MICHEL BARNIER
Le jeudi 3 octobre 1996, la délégation a
entendu M. Michel Barnier, ministre délégué aux Affaires
européennes, sur les travaux de la Conférence
intergouvernementale (CIG).
M. Michel Barnier
évoque tout d'abord l'évolution
générale de la négociation. Beaucoup d'observateurs,
reconnaît-il, expriment leur impatience : mais une
négociation à quinze en vue d'un accord unanime ne peut
être rapide. Depuis quelques semaines, la négociation sur le fond
a véritablement commencé. Le Conseil européen de Dublin
sera amené à préciser le niveau d'ambition de la CIG. La
France, pour sa part, n'a pas renoncé à ses objectifs et persiste
à considérer l'approfondissement de l'Union comme un
préalable à son élargissement.
Le ministre expose alors l'état d'avancement des négociations.
Les questions institutionnelles, pour lesquelles la France et l'Allemagne
travaillent beaucoup en commun, ne sont ni populaires ni toujours
compréhensibles pour les citoyens, mais elles conditionnent le
fonctionnement d'une Union élargie. A ce sujet, la
délégation allemande a récemment rejoint la France pour
établir une liaison entre l'extension du vote à la
majorité qualifiée, la définition d'une nouvelle
pondération des votes au Conseil et la mise en place d'une Commission
resserrée. Sur le rôle des Parlements nationaux, un certain
progrès peut être observé, notamment en ce qui concerne
leur consultation en amont dans le cadre du troisième pilier ; leur
accorder un rôle en matière de subsidiarité suscite plus de
réticence.
Passant à la politique extérieure et de sécurité
commune (PESC), le ministre estime que la nécessité de donner
à celle-ci " un visage et une voix " est aujourd'hui mieux
reconnue, mais qu'il n'existe cependant pas pour l'instant d'accord ni sur le
statut d'un " Monsieur ou Madame PESC ", ni sur l'idée de
placer cette personnalité sous le contrôle du Conseil
européen. Or la France estime que c'est le Conseil européen qui
doit donner l'impulsion politique en ce domaine et que c'est donc du Conseil
européen que ce " Monsieur ou Madame PESC " doit tirer sa
légitimité et sa crédibilité.
Evoquant le troisième pilier, M. Michel Barnier indique que la
France refuse l'approche idéologique consistant à plaider par
principe pour le maintien de structures intergouvernementales ou pour le
passage au système communautaire, et propose une approche pragmatique.
Pour l'immigration, le droit d'asile, les visas, le terrorisme, le trafic de
drogue, le grand banditisme, le blanchiment de l'argent, la CIG devrait
définir les concepts et les objectifs et définir un calendrier
d'application. Pour la France, le mécanisme de décision du
troisième pilier rénové doit comporter un double droit
d'initiative -Commission et Etats membres- ainsi que la consultation et
l'association des Parlements nationaux ; des instruments juridiques
nouveaux sont également envisageables. En tout état de cause, la
mise en oeuvre d'une plus grande liberté de circulation doit être
liée de manière précise à une plus grande
sécurité.
Le ministre traite ensuite de la flexibilité, pour laquelle la
réflexion franco-allemande se poursuit. La mise en place de
coopérations renforcées est déjà une
réalité, souligne t-il ; certaines sont dans le
Traité (Union économique et monétaire), d'autres en annexe
du Traité (protocole social), d'autres encore en dehors du Traité
(Schengen). Or le recours à cette formule sera encore plus
nécessaire dans une Union élargie. La flexibilité est donc
inéluctable : le problème n'est pas de plaider pour ou
contre les coopérations renforcées, mais de savoir si elles
s'organiseront dans l'Union ou en dehors d'elle.
S'agissant de la subsidiarité, M. Michel Barnier estime que les
positions se sont quelque peu rapprochées. L'intégration au
Traité, sous forme de protocole, de la déclaration adoptée
par le Conseil européen d'Edimbourg est envisagée. La France
plaide pour une intervention des Parlements nationaux, et, à propos des
directives, pour un retour à la conception que l'on avait initialement
de celles-ci.
Puis le ministre présente les objectifs du texte soumis à la CIG
par la France au sujet des services publics. Il s'agit, précise t-il, de
rééquilibrer le Traité en tenant compte de la
jurisprudence de la Cour de Justice et des déclarations adoptées
par le Conseil européen. Sans doute y-a-t-il des oppositions à ce
que l'on précise et complète l'article 90 du Traité, ainsi
que le souhaite la France, mais cette idée progresse, malgré la
vigueur de l'opposition britannique.
Abordant la question d'un éventuel chapitre sur l'emploi, M. Michel
Barnier déclare que la France persiste à refuser l'incantation et
la bureaucratie, mais est favorable à ce que le Traité inscrive
plus nettement l'emploi parmi les objectifs de la Communauté et à
ce que l'on réoriente les fonds structurels dans ce sens.
Il précise que la réflexion se poursuit sur l'évolution de
la Cour de Justice. A l'échelon national, le Premier ministre
réfléchit aux propositions du Parlement sur le contrôle de
constitutionnalité du droit dérivé ; de plus, le
Premier ministre fera connaître prochainement ses suggestions pour
améliorer les relations entre le Gouvernement et le Parlement dans cette
nouvelle phase de la construction européenne.
S'agissant enfin des DOM-TOM, il indique que l'Espagne a
présenté, seule, un document à la CIG au sujet des
régions ultrapériphériques. Ce document, qui est
approuvé par le Portugal, ne répond pas sur certains points aux
problèmes des DOM. En ce qui concerne les pays et territoires
d'outre-mer, la CIG s'oriente vers une déclaration annexée au
Traité qui traduirait l'engagement des quinze en faveur d'un
régime rénové.
M. Jacques Oudin
, relevant les propos du ministre sur un
troisième pilier rénové, se demande si le premier pilier
ne devrait pas évoluer pour se rapprocher de la formule ainsi
suggérée. Soulignant la nécessité de mieux
respecter le principe de subsidiarité, il insiste vivement sur le
rôle qui devrait revenir aux Parlements nationaux dans ce domaine,
notamment dans le cadre d'un renforcement de la Conférence des organes
spécialisés dans les affaires communautaires (COSAC). Enfin, il
se déclare favorable à une réflexion sur les moyens
d'éviter que des règles communautaires ne se trouvent en
contradiction avec des règles constitutionnelles nationales.
M. Nicolas About
interroge le ministre sur l'avenir des grands projets
d'infrastructures, l'attitude des Pays-Bas à l'égard des projets
de communautarisation de la lutte contre le trafic de drogue, l'inscription
dans les objectifs du troisième pilier de la lutte contre la
pédophilie et le tourisme sexuel, l'état du débat sur la
défense européenne et l'évolution de l'Organisation du
Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), l'inscription du service minimum
parmi les principes du service public à consacrer dans le Traité.
M. Christian de La Malène
se déclare dubitatif sur le
respect de la priorité donnée à l'approfondissement sur
l'élargissement. Il juge relativement probable que la CIG aboutisse
à un aménagement très limité, mais
présenté comme un triomphe permettant l'élargissement.
Abordant la question de la subsidiarité, il souligne que
l'intégration de la déclaration d'Edimbourg dans le Traité
ne constituerait pas un progrès, cette déclaration ne
prévoyant pas, et même excluant pratiquement, un véritable
contrôle de l'application de ce principe ; cette affirmation le
conduit à plaider pour une implication des Parlements nationaux dans le
contrôle de la subsidiarité.
M. Gérard Delfau
s'inquiète à son tour de la
possibilité qu'un résultat très limité de la CIG
soit considéré comme suffisant pour autoriser
l'élargissement. Il se déclare réservé sur la
notion de flexibilité, estimant nécessaire que l'Italie et
l'Espagne participent pleinement à la construction européenne,
pour que le couple franco-allemand ne soit pas le seul " noyau
dur "
de celle-ci. Après avoir souligné l'intérêt de la
proposition française sur les services publics, il regrette, s'agissant
de l'action pour l'emploi, que les grands travaux européens semblent
s'enliser. Enfin, il interroge le ministre sur les déclarations
allemandes concernant un éventuel " Maastricht III ".
Mme Danièle Pourtaud
juge à son tour intéressante
la proposition française relative aux services publics, mais se demande
si elle est suffisante, indiquant qu'à ses yeux la notion de service
public devrait avoir dans le Traité autant d'importance que celle de
libre concurrence. Elle exprime la crainte que, au fil de la
négociation, la proposition française ne se ramène au
compromis proposé par la Commission européenne, qui ne donne pas
de véritable base juridique au service public. Enfin, elle interroge le
ministre sur le devenir de la Charte européenne des services publics et
sur la position des différents Etats membres.
M. Daniel Millaud
estime qu'une déclaration annexée au
Traité ne saurait résoudre les problèmes des territoires
d'outre-mer, car de telles déclarations n'ont pas de valeur
contraignante. Il juge nécessaire que le Traité lui-même
soit modifié, indiquant que le Président de la République
s'est lui-même prononcé de la manière la plus claire, dans
une lettre au président du gouvernement de la Polynésie
française, en faveur d'une révision de la quatrième partie
du Traité.
M. Paul Masson
demande des précisions sur une proposition
qu'aurait avancée l'Allemagne de créer un " premier pilier
bis " chargé des problèmes du droit d'asile, des visas et de
l'immigration, et sur l'approbation qu'aurait donné la France à
cette proposition.
En réponse à ces interventions,
M. Michel Barnier
apporte
les précisions suivantes :
- on ne peut envisager d'appliquer au premier pilier les nouvelles
méthodes de décision envisagées pour le troisième
pilier ; l'opposition à une telle évolution du premier
pilier serait très forte parmi les quinze. De plus, c'est parce que les
domaines couverts sont différents (dans un cas, les marchandises, dans
l'autre, les citoyens) que l'on envisage une méthode spécifique
pour le troisième pilier. En revanche, la proposition française
d'association des Parlements nationaux au contrôle du respect de la
subsidiarité concerne le premier pilier ;
- les Allemands évoquent un " premier pilier bis " tandis
que
la France parle d'un " nouveau troisième pilier " ;
l'essentiel est d'adopter une démarche pragmatique : définition
des objectifs, détermination des moyens, fixation du calendrier ;
- le Gouvernement défend avec ténacité l'idée d'une
COSAC rénovée permettant une expression collective des Parlements
nationaux, de nature consultative, sur les matières du troisième
pilier et sur l'application du principe de subsidiarité ;
- une relance des grands projets d'infrastructures est rendue difficile par la
priorité presque unanimement accordée à l'UEM. En effet,
ces projets supposent d'importantes contributions budgétaires des Etats
membres. Mais les études se poursuivent et des progrès sont
possibles ;
- la protection des mineurs fait partie des domaines actuellement
débattus dans le cadre du troisième pilier ;
- la politique européenne de défense ne relève pas
exclusivement de la CIG : la rénovation de l'OTAN est l'enjeu
essentiel ;
- la proposition française au sujet des services publics est ambitieuse.
Elle vise à rééquilibrer le Traité et à
amener par là la Commission européenne à prendre en compte
les intérêts stratégiques à long terme ;
- d'autres CIG, et donc en premier lieu un " Maastricht
III ", auront
lieu au siècle prochain. Mais les Etats membres disposent avec la CIG en
cours d'une occasion unique pour approfondir leur union avant
l'élargissement. La France garde donc une vision ambitieuse, car un
élargissement s'effectuant dans le cadre des institutions actuelles
serait un marché de dupes ;
- la flexibilité, c'est-à-dire l'organisation de
coopérations renforcées, s'appliquera principalement au
deuxième pilier ; pour le premier pilier, elle existe
déjà pour l'Union économique et monétaire et son
extension à d'autres matières ne sera possible que sous le
contrôle de la Commission. L'Espagne et l'Italie ne seront nullement
marginalisées : elles ont au contraire vocation à participer
pleinement aux coopérations renforcées envisageables pour le
deuxième pilier ;
- les instructions données par le Chef de l'Etat concernant la
révision des dispositions applicables aux PTOM seront naturellement
mises en oeuvre par le Gouvernement.
B. EXAMEN DU RAPPORT D'INFORMATION DE MM. JACQUES GENTON, CLAUDE ESTIER ET YVES GUENA SUR LA XIVÈME CONFERENCE DES ORGANES SPECIALISES DANS LES AFFAIRES COMMUNAUTAIRES (COSAC) ET SUR L'ACTION COLLECTIVE DES PARLEMENTS NATIONAUX
Le mercredi 9 octobre 1996, la délégation a
examiné le projet de rapport d'information de MM. Jacques Genton, Claude
Estier et Yves Guéna sur la XIV
ème
COSAC et sur
l'action collective des Parlements nationaux.
M. Jacques Genton
précise que la XIVème COSAC, qui s'est
tenue à Rome les 24 et 25 juin derniers, a débuté par
une déclaration du président en exercice du Conseil de l'Union
européenne, suivie d'un débat, puis avait abordé deux
thèmes : le suivi de la Conférence de Barcelone sur le
partenariat euro-méditerranéen, et le rôle des Parlements
nationaux dans l'Union européenne. Ce dernier point, observe-t-il, a
été une nouvelle fois au centre des débats. Tous les
participants ont manifesté leur attachement à la COSAC et
souhaité que celle-ci fonctionne mieux. Certains demandent surtout une
réforme de l'organisation interne de la COSAC : une
préparation plus rigoureuse de l'ordre du jour, l'élaboration de
rapports introductifs, éventuellement une ébauche de
secrétariat permanent permettant une meilleure préparation des
réunions. D'autres sont plus ambitieux et évoquent des missions
nouvelles pour la COSAC.
M. Jacques Genton rappelle ensuite que le Conseil européen de Turin a
chargé la CIG d'étudier le thème de la " contribution
collective des Parlements nationaux aux tâches qui incombent à
l'Union ", et que les négociateurs ont choisi de privilégier
la piste d'une expression collective des Parlements nationaux au sein de la
COSAC. Au cours de la XIVème COSAC, poursuit-il, aucun sentiment
dominant ne s'est dégagé à propos de la réforme de
la COSAC, car le règlement actuel n'envisage pas que celle-ci puisse
voter. En l'absence d'un vote sur quelque sujet que ce soit, on ne peut que
prendre acte des déclarations successives des parlementaires, d'autant
que des opinions différentes peuvent être exprimées par les
membres d'une même délégation nationale. Le problème
du vote au sein de la COSAC estime-t-il, est sans doute d'ailleurs un des
points centraux d'une réforme de cette instance.
M. Jacques Genton conclut qu'au stade actuel des débats de la CIG, la
délégation du Sénat se doit de préciser les
orientations qui lui paraissent les meilleures pour l'action collective des
Parlements nationaux au sein de l'Union européenne et, par
là-même, pour l'avenir de la COSAC.
M. Yves Guéna
expose les orientations du rapport sur ce point. Au
cours des dernières années, rappelle-t-il, les Parlements
nationaux ont développé leur contrôle sur l'action
européenne de leurs Gouvernements. En France, le nouvel article 88-4 de
la Constitution a été le principal instrument de ce
contrôle. A ce rôle individuel s'est ajoutée une dimension
collective avec la création de la COSAC, conçue comme un forum et
un lieu d'échange d'informations. Certaines questions, poursuit-il, qui
sont aujourd'hui au premier plan de la construction européenne, comme le
renforcement des deuxième et troisième piliers de l'Union, et la
meilleure application du principe de subsidiarité, appelleraient une
expression collective des Parlements nationaux. Or, sous sa forme actuelle, la
COSAC ne le permet pas, ses travaux étant trop discontinus et ne pouvant
se conclure par des votes. La COSAC devrait donc disposer d'un fil conducteur
permanent assurant la continuité de ses travaux, et devrait pouvoir
adopter des recommandations ou des résolutions par un vote. Certains
objectent que les délégués à la COSAC ne peuvent
engager les Assemblées qu'ils représentent : mais il en est
de même dans le cas de l'Assemblée de l'Union de l'Europe
occidentale (UEO), de l'Assemblée de l'Atlantique Nord, ou de
l'Assemblée de l'Organisation pour la Sécurité et la
Coopération en Europe (OSCE). De telles instances à
caractère consultatif émettent des votes qui ont une valeur
indicative auprès des organes de décision intergouvernementaux,
mais elles n'engagent que les parlementaires participants et ne se substituent
en aucun cas aux Assemblées qui sont représentées.
Concluant son propos, M. Yves Guéna estime que la COSAC, tout en restant
un organisme léger, doit se doter d'une certaine permanence et de la
possibilité de conclure ses travaux par des votes, et qu'elle doit
assurer plus particulièrement un suivi dans les domaines de la
subsidiarité et du troisième pilier.
M. Claude Estier
approuve ces orientations. Il est important,
poursuit-il, d'introduire plus de continuité dans le fonctionnement de
la COSAC. Les débats de celle-ci sont très inégaux :
à Paris, à Rome, les délégués ont pu avoir
un véritable échange de vues, mais il n'en a pas
été ainsi à Madrid. La proposition de renforcer la COSAC
et de lui donner une base dans un protocole annexé au Traité est
réaliste et raisonnable : il ne s'agit pas de créer un
Sénat européen, mais de donner plus de poids et
d'efficacité à un organisme existant.
Puis M. Claude Estier souligne la nécessité de
préciser davantage quel serait le fonctionnement d'une COSAC
renforcée, en s'interrogeant à cet égard sur les
résultats du groupe de travail qui a été
évoqué à Rome. Il souhaite que la COSAC de Dublin permette
un progrès dans ce sens, car il serait utile que des initiatives
viennent de la COSAC elle-même.
M. Jacques Genton
indique que le Parlement irlandais, qui exerce la
présidence de la COSAC, vient de présenter un document de travail
tenant compte dans une certaine mesure des propositions françaises.
M. Christian de La Malène
approuve à son tour
les orientations du rapport, tout en soulignant la nécessité de
conserver une conception ambitieuse de ce que doit être une COSAC
rénovée. Il estime à ce propos qu'une intervention
située seulement en amont du processus de décision n'aura
peut-être pas un poids suffisant : dans certains domaines, la COSAC
devrait recevoir un rôle consultatif situé au sein même du
processus de décision. Soulignant que certains Parlements nationaux
exerçaient une influence très importante sur la politique
européenne de leurs gouvernements, il estime qu'il serait
légitime que la COSAC soit pleinement associée aux grands choix
concernant les deuxième et troisième piliers ainsi que la
subsidiarité.
M. Xavier de Villepin
s'étonne que la COSAC ne puisse,
actuellement, procéder à des votes. Se prononçant à
son tour pour son renforcement, il souhaite qu'elle puisse également
être un lieu de débat sur les grandes orientations de la
construction européenne, dans le cadre d'un dialogue avec le Conseil.
M. Lucien Lanier
déclare soutenir les orientations du rapport,
estimant particulièrement souhaitable que la COSAC puisse adopter des
recommandations concernant la subsidiarité et le troisième
pilier. Il exprime cependant la crainte que ces recommandations ne soient
guère écoutées, notamment par le Parlement
européen.
M. Claude Estier
rappelle que le Parlement européen est
représenté à la COSAC et participe largement aux
débats.
M. Yves Guéna
estime que des recommandations émanant de la
COSAC auraient un certain poids politique, que le Conseil ne pourrait ignorer.
M. Jacques Genton
confirme que le Conseil est bien l'interlocuteur
essentiel de la COSAC. Il précise que chaque réunion de la COSAC
donne lieu à un exposé de la présidence en exercice du
Conseil, suivi d'une séance de questions-réponses, indiquant
qu'il s'agit là d'une règle coutumière.
M. Claude Estier
rappelle que la COSAC de Bonn a permis un
échange approfondi avec le Chancelier Kohl.
M. René Trégouët
, après avoir exprimé
son soutien aux grandes orientations du rapport, juge souhaitable de renforcer
les liens entre les Parlements nationaux et l'Europe. Plus la construction
européenne s'approfondira, estime-t-il, et plus une étroite
association des Parlements nationaux sera nécessaire. Il serait
d'ailleurs souhaitable, poursuit-il, que la règle coutumière du
dialogue avec le Conseil lors des réunions de la COSAC soit
confirmée par le Traité.
M. Christian de La Malène
rappelle que l'association des
Parlements nationaux constitue une des priorités de la France pour la
Conférence intergouvernementale, telles que les a
présentées M. Michel Barnier.
M. Yves Guéna
souligne que le Président de la
République s'est très clairement prononcé en ce sens.
Puis la délégation adopte à l'unanimité le rapport
d'information.
Le rapport de MM. Jacques Genton, Claude Estier et
Yves Guéna :
"
Comment organiser l'action collective des Parlements nationaux au
sein de l'Union européenne
"
a été publié sous le n° 24 (1996-1997)
C. COMPTE RENDU PAR M. JACQUES GENTON DE LA REUNION DE LA CONFERENCE DES ORGANES SPÉCIALISES DANS LES AFFAIRES COMMUNAUTAIRES (COSAC) DES 16 ET 17 OCTOBRE 1996
Le mercredi 23 octobre 1996, la délégation a
entendu une communication de M. Jacques Genton sur la COSAC qui s'est tenue
à Dublin les 16 et 17 octobre 1996.
M. Jacques Genton
indique que la COSAC de Dublin a permis un
échange de vues sur les problèmes de l'emploi et de la lutte
contre le crime international, ainsi qu'un dialogue avec le ministre des
affaires étrangères de l'Irlande, président en exercice du
Conseil de l'Union européenne. Puis il précise que la COSAC a
également abordé les questions de l'amélioration de son
fonctionnement et du renforcement de la déclaration n° 13
annexée au traité sur l'Union européenne, qui
prévoit notamment que les Parlements nationaux doivent disposer d'un
délai utile pour pouvoir examiner les propositions législatives
de la Commission européenne.
La COSAC a été unanime, indique-t-il, pour demander l'inclusion
des dispositions pertinentes de cette déclaration dans le Traité,
et la fixation d'un délai minimum de quatre semaines pour l'examen des
propositions de la Commission européenne par les Parlements nationaux.
Au sujet du fonctionnement de la COSAC, poursuit-il, un consensus est apparu
pour prévoir que la COSAC puisse se consacrer à certaines
questions spécifiques, notamment la subsidiarité et les
deuxième et troisième piliers, et que les conclusions
éventuellement adoptées soient transmises aux institutions de
l'Union européenne et aux Gouvernements des Etats membres. Ces
différents éléments conclut-il, constituent un pas notable
dans le sens souhaité par la délégation française.
M. Christian de La Malène
exprime sa satisfaction devant ces
résultats.
M. Jacques Genton
indique que la délégation
française estime que, le moment venu, la COSAC devra se doter d'un
secrétariat permanent léger.
(Le texte adopté par la COSAC de Dublin figure en annexe n° 1 au
présent rapport.)
D. AUDITION DE M. MICHEL BARNIER
Le jeudi 10 octobre 1996, la délégation a
entendu M. Michel Barnier, ministre délégué aux Affaires
européennes, à la suite du Conseil européen de Dublin (la
réunion s'est tenue en commun avec la commission des Affaires
étrangères, de la Défense et des Forces armées).
M. Michel Barnier
expose que, lors du prochain Conseil européen
de Dublin, en décembre, les chefs d'Etat et de Gouvernement disposeront
d'un projet de traité concernant toutes les questions inscrites au
" menu " de la Conférence et auront alors à donner
l'impulsion suffisante pour que le nombre d'options soit réduit et que
des accords soient trouvés, dans les six mois suivants, sur les points
essentiels. Il a en effet été décidé à
Dublin que les discussions devraient avoir abouti avec succès en juin
1997 à Amsterdam, pour ne pas perturber les autres rendez-vous
européens : la monnaie unique, l'ouverture des pourparlers sur
l'élargissement - ces derniers ne débuteront qu'une fois la
Conférence achevée - la réforme de l'OTAN, la
renégociation du traité de Bruxelles, en 1998, et celle des
perspectives budgétaires et financières, en 1999.
Le ministre précise que les travaux ont fait apparaître un certain
nombre de tendances.
Tout d'abord, sur le point le plus difficile, le plus névralgique, celui
des institutions, l'axe franco-allemand se renforce. L'Allemagne a, pour la
première fois, établi un lien entre nouvelle pondération
des voix, élargissement du vote à la majorité
qualifiée et réduction du nombre de commissaires. La France
était seule jusqu'alors, à dire aussi clairement les choses.
L'Espagne tient un langage assez similaire ; le Royaume-Uni est
intéressé par cette approche, mais très réticent
à toute extension de la majorité qualifiée. Par ailleurs,
beaucoup d'Etats redoutent la réduction de leur influence au sein de la
Commission. Cependant, si l'on se place dans la perspective d'une Europe
élargie à vingt-cinq ou vingt-sept Etats membres, dans une
dizaine d'années, une question majeure se pose : celle de la taille et
des méthodes de travail de la commission de Bruxelles. Elle compte
actuellement une vingtaine de membres et en comportera alors plus de trente, si
l'évolution actuelle se poursuit. Or, déjà aujourd'hui,
les quatre commissaires chargés des relations extérieures se
concurrencent.
Le président de la République estime qu'il faut saisir
l'occasion, qui ne se représentera jamais, de l'élargissement
à douze nouveaux pays, pour réformer le système de vote et
le nombre des commissaires. Ce dernier devrait être réduit
à dix ; le président devrait exercer une véritable
autorité sur chacun des membres. Mieux vaut une commission
collégiale, crédible et forte, plutôt qu'une sorte de forum
où nul ne saurait plus qui fait quoi.
Quant à la consultation des Parlements nationaux, elle est
désormais souhaitée, à des degrés divers, par de
nombreux pays. La France a souligné à cet égard que l'on
ne pouvait traiter les questions du troisième pilier, relatives à
la liberté de circulation, à la justice intérieure, aux
problèmes de la drogue, donc aux citoyens, aux droits de l'homme, selon
les mêmes méthodes que celles du premier pilier. Les Parlements
nationaux possèdent des compétences en ces matières, qui,
si elles sont sollicitées suffisamment tôt, s'avéreront
utiles à l'élaboration des textes portant sur ces sujets.
Dans le domaine de la politique extérieure de sécurité
commune - la PESC - les propositions françaises progressent
également dans une certaine mesure. Selon M. Jacques Chirac, il faut
donner une voix et un visage à l'Union européenne : ceux de
" M. PESC ". Son existence n'est plus contestée, ce qui
constitue une avancée importante, mais des divergences subsistent sur
son futur statut. La France a une ambition politique pour cette
personnalité ; d'autres l'imaginent comme un secrétaire
général administratif. La France suggère qu'il soit
désigné par le Conseil européen, placé sous
l'autorité des chefs d'Etat et de Gouvernement, et chargé
d'être le point de convergence des différentes diplomaties et de
travailler sur des mandats précis fixés par les ministres des
Affaires étrangères.
Pendant quelques années, il faudra être humble et
réaliste : une politique étrangère commune ne peut
être assimilée à une politique étrangère
unique. Les chefs d'Etat et de Gouvernement devront déterminer de
façon consensuelle - par la suite, une plus grande souplesse pourra
être envisagée - trois ou quatre actions communes concernant les
intérêts vitaux de chacun des quinze pays membres et la
périphérie immédiate de l'Union européenne. Il
pourrait s'agir, par exemple, de la gestion politique de
l'élargissement, sachant que les douze pays candidats ne pourront
adhérer en même temps. Mais ces actions pourraient concerner
également la Russie, les Balkans, le Proche-Orient. Dans cette optique,
les diplomaties des Etats membres doivent apprendre à travailler
ensemble au sein d'une cellule d'analyse, de planification et de diplomatie
préventive, animée par " M. PESC ".
En matière de sécurité et de défense, le
débat se concentre en ce moment sur les relations entre l'UEO et l'Union
européenne, les Britanniques refusant toujours tout lien de
subordination entre elles. L'objectif de la France, partagé par
plusieurs pays, est que l'élaboration d'une défense commune ne
soit pas repoussée à très long terme. Conformément
au Traité de Maastricht, les pays de l'Union européenne ont
vocation à conduire ensemble une politique de défense commune et,
assez rapidement, une défense commune. Le Conseil européen doit,
selon la France, être consacré comme le lieu où les
Européens discutent entre eux de la défense et, le cas
échéant, prennent des décisions. Les quinze partenaires
sont à peu près d'accord pour inclure dans le Traité
toutes les " missions Petersberg ", y compris celles de
maintien de
la paix. Un progrès important est ainsi accompli : il traduit une
évolution des pays " neutres " ou non membres d'alliances
militaires.
Le troisième pilier suscite encore un débat long et difficile,
qui commence cependant à porter ses fruits. La volonté
française a toujours été, au nom de l'efficacité,
de construire avec nos voisins un espace de liberté et de
sécurité. Pendant plusieurs mois, les positions ont
été figées, les discussions étant
" théologiques " - " communautarisons-nous ou non
? " - et institutionnelles. La France défend une autre approche,
qui consiste à parler en termes d'objectifs, de programmes et de
calendrier : dans six domaines qui sont, en fait, liés, à savoir
l'immigration, le droit d'asile, les visas, la drogue, le grand banditisme et
le blanchiment de l'argent, le terrorisme - chacun de ces mots recouvrant des
réalités très différentes - comment harmoniser les
actions ? Quels délais fixer ? Quels seront les instruments
les plus appropriés ? La France met à toute évolution
vers les méthodes du premier pilier deux conditions qui ne permettent
pas de parler de " communautarisation " : le double droit
d'initiative de la Commission et du Conseil pour toutes les matières du
troisième pilier, et la consultation des Parlements nationaux.
Au chapitre de la politique étrangère, on ne peut prendre le
risque qu'avec vingt-cinq ou vingt-sept adhérents, l'Europe progresse au
pas du pays le moins avancé. D'où la nécessité
d'une clause générale de coopération renforcée
permettant à quelques Etats membres de conduire, en avant-garde, au nom
de l'Union, l'action qu'ils auraient proposée aux autres mais que tous
n'auraient pas souhaité mener immédiatement. Cette idée
est vitale dans une Europe élargie. La question est de savoir si ces
coopérations renforcées auront lieu dans l'Union, avec une
certaine souplesse, ou en dehors, avec alors le risque que ne se créent
deux Europe.
Au sujet du principe de subsidiarité, la France va formuler une
proposition concernant trois points. L'article 3 B du traité sur l'Union
européenne relatif à ce principe doit, pour elle, faire l'objet
d'un protocole annexé au Traité qui reprendra pour l'essentiel
les conclusions d'Edimbourg. Mais doivent être ajoutés, deux
éléments importants. Il faut tout d'abord que les Parlements
nationaux soient collectivement consultés, en amont, qu'ils exercent
leur contrôle sur la subsidiarité et émettent un avis. Il
faut ensuite que l'on en revienne à l'esprit originel des directives, de
l'article 189 du Traité selon lequel " la directive lie tout Etat membre
destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux
instances nationales la compétence quant à la forme et aux
moyens. ".
Puis M. Michel Barnier évoque des points particuliers jugés
importants par le Président de la République.
En ce qui concerne les services publics, la France a déposé un
texte assez court, visant à compléter et à préciser
l'article 90 relatif aux services économiques d'intérêt
général ainsi qu'à intégrer dans le Traité
la jurisprudence de la Cour de justice assez récente.
S'agissant de l'emploi, il convient de rappeler que le Président de la
République a proposé un mémorandum sur le modèle
social européen. Ce texte comporte de nombreuses idées et
dispositions qui ne requièrent pas une modification du Traité
pour être mises en oeuvre. Par ailleurs, il est possible de davantage
utiliser les fonds structurels pour développer l'emploi. Enfin, on peut
par ailleurs imaginer que les ministres chargés du travail et des
finances coopèrent, réfléchissent et soient
informés des conséquences, en termes d'emploi ou de
chômage, des décisions prises par l'Union et que, le cas
échéant, ils puissent saisir ensemble le Conseil européen
d'un projet.
Quant aux DOM-TOM, le chef de l'Etat a eu l'occasion de rappeler sa
détermination à Dublin. En ce qui concerne les
départements d'outre-mer, régions
ultrapériphériques, il est souhaitable de consolider leur place
dans le Traité et de préserver la possibilité de
déroger à certaines clauses de ce dernier au profit de leur
développement économique. Pour ce qui est des territoires
d'Outre-Mer, assimilés de façon assez paradoxale aux pays ACP,
leur position pourrait être renforcée dans le Traité par le
biais d'une déclaration annexée.
M. Jacques Genton
appelle l'attention du ministre sur le rapport
d'information présenté, au nom de la délégation du
Sénat pour l'Union européenne, par MM. Estier, Guéna
et lui-même, relatif à l'action collective des Parlements
nationaux au sein de l'Union européenne, adopté le
mercredi 9 octobre 1996, à l'unanimité des membres de
la délégation.
La délégation a donné mandat aux auteurs du rapport pour
demander au Gouvernement de prendre en considération son contenu et pour
faire valoir auprès des partenaires de la France, en particulier ses
partenaires privilégiés, l'erreur qu'ils commettent en
s'obstinant à refuser d'associer les Parlements nationaux aux travaux de
l'Union européenne.
Une telle association a pour objet d'octroyer une audience nouvelle à
l'Union européenne auprès de la population des pays membres, peu
sensible actuellement aux activités du Parlement européen,
même lorsqu' elles sont de grande qualité. Elle paraît
indispensable dans la perspective de la ratification du futur traité sur
l'Union européenne, quelle que soit la forme constitutionnelle qui sera
retenue.
M. Christian de La Malène
relève que lors de la
conférence au sommet du mois de décembre, l'Irlande, qui est en
charge du dossier, doit présenter un projet de " traité avec
crochets ". Il demande quels sont les principaux
" crochets ", et
exprime la crainte que cette formule ne risque de durcir les positions et de
rendre la négociation plus difficile.
M. Michel Caldaguès
fait remarquer qu'il est admis dans tous les
pays de l'Union européenne qu'un Gouvernement peut fonctionner avec
vingt-cinq, trente ou trente-cinq membres et se demande pourquoi, s'agissant de
la Commission, il apparaît catastrophique qu'elle puisse avoir un
effectif comparable, au point que l'on se fixe comme objectif de ramener
celui-ci à dix. Il déclare comprendre l'inquiétude des
petits pays qui peuvent aisément imaginer qu'ils supporteront les
conséquences de cette opération, à moins que le roulement
qu'elle impliquerait ne concerne la totalité des membres de l'Union.
Mais est-il réaliste de penser que la France ou l'Allemagne, par
exemple, puisse être absente du tour de table ?
S'agissant de " M. PESC " M. Michel Caldaguès approuve l'idée de
désigner une personnalité chargée d'aller exprimer ici ou
là la politique européenne. Toutefois, souligne-t-il, si cette
personnalité était chargée aujourd'hui de se rendre au
Moyen-Orient afin donc d'y exposer la politique européenne,
pourrait-elle avoir l'efficacité escomptée, alors qu'il n'existe
pas véritablement de vision commune aux quinze ?
M. Michel Rocard
juge important que les Allemands aient accepté
enfin d'établir un lien entre l'élargissement de la
majorité qualifiée, la nouvelle pondération des votes et
le nombre des commissaires.
Il demande si l'extension éventuelle de la majorité
qualifiée ne devrait pas concerner les deuxième et
troisième piliers ?
Il estime que la France a pris un risque en proposant la désignation
d'un " M. PESC " alors que l'on peut déjà compter sur le
président du Conseil et sur la troïka. On peut constater, en
observant les prises de position lors de la crise bosniaque, que les diplomates
de chaque pays membre, même ceux de France et d'Allemagne, ont agi seuls.
Avant même qu'un " M. PESC" puisse s'exprimer, il faudrait
donc
que les Etats membres aient conduit ensemble une réflexion. Il faudrait
pour cela désigner une direction de la politique étrangère
au sein de la Commission. N'est-il pas de surcroît envisageable de la
mettre à la double disposition du Conseil et de la Commission puisque
cette dernière, par le biais de l'économie, de l'action
humanitaire, des crédits qu'elle gère, a déjà des
visions de politique étrangère ?
M. Michel Rocard se demande ensuite si l'aventure considérable de la
monnaie unique conduira à aller de l'avant dans d'autres domaines,
notamment en matière de politique étrangère. Les
décisions dans ce domaine relèveront-elles de la majorité
qualifiée ou de l'intergouvernemental pur ?
Par ailleurs, pour que la CIG bénéficie d'une réelle
réussite populaire, il faudrait que des décisions
concrètes soient adoptées. Par conséquent,
indépendamment de l'assainissement nécessaire du tissu
institutionnel de l'Union européenne, des précautions que l'on
prendra en matière de majorité, notamment, cette
conférence s'oriente-t-elle vers quelques objectifs positifs
précis ? En ce qui concerne les " missions Petersberg ", un corps
militaire destiné à les remplir sera-t-il prévu et va-t-on
pouvoir décider à la majorité de son emploi ?
Puis M. Michel Rocard aborde la question de la lutte contre la
prolifération nucléaire. Il s'agit là d'une
préoccupation mondiale qui présente un caractère
d'urgence. On se trouve actuellement dans une bonne période ; la
Russie construit se démocratie. Le moment est venu sans aucun doute de
mettre en place un plan de désarmement nucléaire. Celui-ci
peut-il faire partie des objectifs que s'est assigné l'Union
européenne ?
Enfin, M. Michel Rocard déplore l'absence d'un Gouvernement
économique de l'Europe, c'est-à-dire d'une véritable
autorité qui constitue un contrepoids important à la puissance de
la banque centrale européenne. Ne pourrait-on pas redéfinir les
missions de la banque centrale européenne, à l'instar du
modèle américain ? La banque centrale des Etats-Unis a une
triple charge : la stabilité des prix, le niveau de l'emploi et
l'équilibre du commerce extérieur. Or, la banque centrale
européenne sera responsable uniquement de la stabilité de la
monnaie. Par conséquent, la création d'une autorité forte
parait indispensable.
M. André Rouvière
aborde la situation à Chypre. Il
expose qu'en tant que président du groupe d'amitié France-Chypre
du Sénat, il est particulièrement sensible au drame que vit ce
pays depuis vingt-deux ans. Il demande quelle a été la position
du Gouvernement lors des graves événements qui y sont survenus,
il y a quelques mois, lorsque des Chypriotes grecs ont été
tués sur la " ligne verte ", la ligne de démarcation.
Il estime que la France devrait sans aucun doute prendre une initiative dans ce
domaine, car Chypre va bientôt entrer dans l'Union européenne.
Abordant ensuite l'application du Traité de Maastricht, il demande s'il
a été envisagé d'assouplir les critères de
convergence. L'allégement de la dette, observe-t-il, semble s'effectuer
au détriment de l'emploi. L'inverse ne serait-il pas
préférable ?
Enfin, il se demande s'il ne serait pas opportun que les
délégations pour l'Union européenne des deux
assemblées du Parlement soient érigées en commissions
permanentes.
M. Claude Estier
fait observer que cela pose une question
constitutionnelle.
Mme Danielle Bidard-Reydet
déclare avoir découvert dans la
presse que serait envisagerée la mise en place de nouveaux
critères de convergence plus contraignants. On aurait même
évoqué le principe de sanctions financières contre les
pays qui ne répondraient pas à ces critères. A Dublin, on
aurait également fait allusion à la notion de
"chômage-plancher" ce plancher étant évalué à
8 %. Qu'en est-il exactement ?
Puis Mme Danielle Bidard-Reydet interroge le ministre sur la forme que prendra
la ratification du futur traité.
M. Paul Masson
observe que le dispositif de préparation de la
Conférence est très " ficelé ".
Premièrement, l'unanimité des quinze est nécessaire.
Deuxièmement, la phase finale interviendra en 1997.
Troisièmement, il faut un accord sur tout, sinon il n'y aura d'accord
sur rien. Quatrièmement, sans accord, l'élargissement ne peut
être réalisé. Cette négociation, comme toute
négociation à quinze, devrait être empreinte d'une certaine
souplesse. Or, on est en présence d'une architecture très
structurée. Dans ces conditions, ne peut-on craindre que certains Etats,
défavorables à l'élargissement de l'Union, n'aient
intérêt à faire échouer la CIG ?
Puis il interroge le ministre sur l'attitude de la Grande--Bretagne. Sur le
troisième pilier par exemple, les ministres de Sa Majesté
accorderont-ils une quelconque concession ? Faisant état d'un
récent entretien avec le secrétaire d'Etat britannique à
l'intérieur, un conservateur, il indique que ce dernier l'avait
assuré que si son collègue travailliste était élu,
l'attitude britannique sur le troisième pilier serait non moins rigide.
M. Xavier de Villepin
demande au ministre des précisions sur
l'attitude des partenaires de la France quant au problème très
important de l'immigration. Ainsi, en Allemagne, 350.000 réfugiés
de l'ex-Yougoslavie vont être renvoyés. Les Allemands font preuve
d'une certaine générosité dans l'accueil, mais
également d'une certaine rudesse dans le départ... Comment
va-t-on concilier ces deux comportements ?
S'agissant de la PESC, il indique avoir observé que l'ambassadeur
italien aux Nations unies était obsédé par deux
pensées : d'une part, que l'Allemagne n'ait pas un poste au conseil
de sécurité ; d'autre part, que les pays européens qui
disposent d'un poste au conseil de sécurité l'abandonnent. Ce qui
tend à prouver que les diplomates européens, qui sont sans aucun
doute, des gens de génie, ne savent pas travailler ensemble. Par
conséquent, quelles que soient les formes d'organisation de
" M. PESC ", il est important d'aboutir avant
tout
à des règles du jeu qui soient communes aux quinze pays.
M. Michel Barnier
précise qu'il ne résume pas la politique
étrangère commune à la question de " M. PESC ".
Ce n'est pas parce que l'on crée des outils que l'on s'en sert
obligatoirement. En revanche, si l'on souhaite agir et si les outils manquent,
on se trouve confronté à des difficultés. Dès
l'instant où se dégage une volonté commune - elle existe
en tout cas de la part du président français et du chancelier
allemand - des outils sont nécessaires. Il est également
indispensable d'établir des règles du jeu communes et les
diplomates européens doivent apprendre à travailler ensemble dans
une cellule de prévention, de planification au sein de laquelle la
Commission doit être présente avec ses experts. Ainsi sera
facilitée la mise en harmonie des crédits destinés aux
relations économiques extérieures dont dispose la Commission, et
des crédits relevant de la politique étrangère dont
dispose le Conseil. Par exemple, dans le cas de la Bosnie, la tâche de
l'Union est de pratiquer une politique étrangère efficace et de
reconstruire. Or, c'est au moyen des crédits de relations
économiques extérieures que l'on reconstruit. C'est pourquoi
l'harmonisation de l'emploi des différents crédits est importante.
S'agissant du problème de l'immigration, plusieurs des partenaires de la
France souhaitent qu'il soit communautarisé. Cela n'est possible que si
des progrès parallèles et complémentaires sont
réalisés dans le domaine de la sécurité. Au fond,
l'Allemagne et la France mènent une politique de l'immigration assez
semblable et dans plusieurs pays qui nous entourent, cette politique est
renforcée, notamment en Espagne.
Concernant le climat de la négociation, il est vrai que les chefs d'Etat
se sont imposé un certain nombre de contraintes et se sont fixé
un délai qui ne devra pas être dépassé. La plupart
des pays souhaitent l'élargissement, même si certains sont moins
pressés qu'on ne le croyait il y a quelques années. Ils le
souhaitent pour des raisons d'influence, des raisons politiques et des raisons
pratiques. Pour obtenir un accord, il faut accepter l'idée d'une
évolution des positions initiales dans certains domaines. Par exemple,
la France a demandé pour les Parlements nationaux une instance nouvelle,
un haut conseil. Plusieurs de nos partenaires ont entendu cette demande et ont
évoqué la COSAC. Il faut donc envisager de s'appuyer sur la
COSAC.
M. Michel Barnier précise ensuite que le texte " avec
crochets " sera communiqué aux parlementaires avant ou après
le Conseil européen de Dublin.
Il revient ensuite sur l'avenir de la Commission. Celle-ci, estime-t-il, est
faite pour veiller à l'application des traités. Parce qu'elle est
indépendante des Etats et collégiale, il doit se dégager
d'elle autre chose que l'addition d'intérêts
généraux. Elle doit être le reflet de
l'intérêt général et du bien commun de l'Union. Elle
n'a pas vocation à s'occuper de tout. Les Etats gardent leur
compétence propre. Ils conservent la compétence de droit commun.
Par conséquent, dans les années qui viennent, la meilleure
formule serait une Commission réduite à une dizaine de membres
crédibles et responsables. En toute hypothèse, si nous voulons
que le nombre des membres soit réduit à une dizaine, il faut que
chaque pays ait le droit de faire partie de la Commission à un moment ou
à un autre, pendant une période déterminée.
Abordant à nouveau la question de " M. PESC ", le
ministre estime que l'Union doit être capable de s'affirmer sur la
scène internationale et doit pour cela disposer d'une autorité
reposant sur la confiance des chefs de Gouvernement. On ne peut condamner
" M. PESC " parce qu'il n'y a pas aujourd'hui de politique
étrangère commune. En ce qui concerne la politique
étrangère et la stabilité du continent, il va se passer -
toutes proportions gardées, bien sûr - ce qui s'est passé
pour l'affaire de la " vache folle " : l'Europe des
citoyens va
émerger. Elle va prendre conscience d'une certaine impuissance de
l'Union européenne et inciter à une action commune beaucoup plus
forte des Gouvernements.
Abordant les deuxième et troisième piliers, le ministre rappelle
qu'il n'exclut pas une autre méthode que l'unanimité. En ce qui
concerne le deuxième pilier, après que les actions communes
auront été décidées par consensus, plus de
souplesse sera possible dans leur mise en oeuvre. La France n'est pas, non
plus, opposée a priori à l'application de la majorité
qualifiée à certains aspects du troisième pilier
dès lors qu'il s'agit d'une mise en oeuvre pragmatique. Mais, cela ne
vaut qu'à la condition que l'on pratique une nouvelle pondération
des voix.
S'agissant des missions de Petersberg, M. Michel Barnier estime que c'est le
Conseil européen qui doit parler de défense et décider,
dans certains cas, d'une action opérationnelle. On peut
considérer cinq cas de figure pour conduire cette action : elle peut
être conduite par l'UEO sans les moyens de l'OTAN, par l'UEO avec les
moyens logistiques de l'OTAN, par l'UEO dans l'OTAN avec les Américains
; elle peut être conduite hors UEO du fait de l'initiative isolée
d'un pays ou dans le cadre d'une coopération renforcée entre deux
pays comme ce fut le cas lorsque la France et la Grande Bretagne
décidèrent de créer la force de réaction rapide
pour mener une action en Bosnie.
Puis, il précise que l'Union économique et monétaire ne
sera pas évoquée à la Conférence
intergouvernementale, qui ne touchera pas, en quoi que ce soit, à ses
mécanismes. La question de l'assouplissement des critères n'est
pas ouverte aujourd'hui, ni dans cette négociation, ni ailleurs. En
revanche, il est imaginable, notamment après la réunion de
Dublin, que les réflexions des ministres des finances fassent avancer
l'idée de la création d'un conseil de stabilité qui
devrait être le contrepoids politique à la Banque centrale
européenne.
S'agissant de la prolifération nucléaire, le ministre expose
qu'il ne voit pas très bien ce qu'apporterait le fait de traiter de
cette question au sein de l'Union européenne. En effet, les Etats
membres ont pratiquement tous signé les traités internationaux
contre la prolifération.
Après avoir démenti que le Conseil de Dublin ait accepté
un taux plancher pour le chômage, le ministre rappelle, au sujet du mode
de ratification du Traité, que le choix appartient au Président
de la République.
E. EXAMEN DU RAPPORT D'INFORMATION DE M. CHRISTIAN DE LA MALENE SUR L'APPLICATION DU PRINCIPE DE SUBSIDIARITE
Le mercredi 23 octobre 1996, la
délégation a examiné le projet de rapport d'information de
M. Christian de La Malène sur l'application du principe de
subsidiarité.
M. Christian de La Malène
analyse tout d'abord la signification
du principe de subsidiarité. Selon ce principe, souligne-t-il, la
Communauté ne doit faire que ce que les Etats membres, individuellement
ou en coopération, ne peuvent pas faire. Le problème de la
subsidiarité concerne donc avant tout le partage des compétences.
Face à une proposition de la Commission européenne, il convient
d'abord de se demander si la Communauté doit ou non intervenir ; ce
n'est qu'ensuite que se pose le problème des modalités de cette
intervention.
Ce deuxième aspect, poursuit-il, a certes son importance. Dans l'esprit
de la subsidiarité, les interventions communautaires ne doivent pas
être inutilement contraignantes : chaque fois que possible, il faut
choisir le moyen le moins lourd, celui qui laisse la plus grande marge de
liberté aux Etats membres. Mais cet aspect du problème n'est pas
en réalité le plus important : lorsque la
réglementation communautaire paraît tatillonne, c'est souvent
parce qu'il a fallu faire la synthèse de réglementations
nationales elles-mêmes complexes et détaillées ; or,
du moins dans le domaine économique, mieux vaut une seule
réglementation communautaire, même trop minutieuse, plutôt
que quinze réglementations nationales qui ont, de toute manière,
également ce défaut.
M. Christian de La Malène estime que l'objectif essentiel du principe de
subsidiarité est de limiter les interventions de la Communauté
aux cas où l'action des Etats membres, séparément ou en
coopération, ne permet manifestement pas d'atteindre le but
recherché en commun. Cette orientation, souligne-t-il, répond
à un souci de démocratie et d'efficacité, car tout
transfert d'une décision à la Communauté implique le
recours à une procédure lourde, contraignante,
éloignée du terrain, et surtout difficile à
contrôler et à évaluer.
S'il est dans la vocation de la Communauté d'être un bon
échelon de conception, elle est rarement un bon échelon de
gestion. Les interventions communautaires les plus critiquables, du point de
vue de la subsidiarité, sont donc généralement les
programmes d'action par lesquels la Communauté finance ou cofinance les
actions les plus diverses. La Communauté est dans son rôle
lorsqu'elle élabore la législation du marché
intérieur -même s'il faut éviter qu'elle aille plus loin
que nécessaire dans le détail-, car le besoin de normes communes
appelle l'intervention de la Communauté. En revanche, lorsque la
Communauté veut agir par elle-même, mettre en oeuvre des
programmes, elle risque souvent d'être moins efficace que les Etats ou
que la coopération entre Etats.
Prenant l'exemple de la recherche, M. Christian de La Malène estime que
la Communauté se doit d'intervenir pour définir des
priorités communes et inciter les Etats membres à coopérer
pour les mettre en oeuvre, mais qu'il n'est pas souhaitable qu'elle gère
elle-même l'effort de recherche.
Enfin, le rapporteur souligne que le principe de subsidiarité ne permet
pas de définir des domaines, par exemple la culture, où une
intervention de la Communauté serait par nature exclue, la
frontière passant en réalité à l'intérieur
de chaque domaine. Ainsi, dans le domaine de la culture, certaines
interventions de la Communauté sont indispensables, par exemple pour
préciser les règles concernant la libre circulation des objets
d'art ou pour harmoniser les règles concernant le droit d'auteur. En
revanche, il n'est pas nécessaire que la Communauté lance des
programmes pour encourager la promotion du livre ou protéger le
patrimoine : dans l'optique de la subsidiarité, la
Communauté doit donc s'abstenir de ce type d'intervention.
La subsidiarité, poursuit-il, est fondamentalement une orientation
politique, qui donne la priorité, la compétence de droit commun,
aux Etats membres. Ceux-ci doivent être présumés
compétents ; c'est seulement s'ils ne peuvent pas réaliser
convenablement un objectif que la Communauté doit prendre le relais.
Puis, M. Christian de La Malène indique que son rapport montre que le
principe de subsidiarité est loin d'être pleinement
respecté.
Il souligne l'absence de volonté commune aux Etats membres pour
appliquer véritablement ce principe. Les débats qui ont eu lieu
en 1992 et 1993, poursuit-il, montrent au contraire que certains Etats sont
très réticents à cet égard, notamment ceux qui
bénéficient particulièrement des subventions
communautaires au titre d'actions menées dans les domaines les plus
variés. Ces pays craignent qu'une application plus stricte de la
subsidiarité ne se traduise par une remise en cause de certaines de ces
subventions et ont donc tendance à militer, aux côtés de la
Commission et du Parlement européen, pour que le principe de
subsidiarité reste une référence générale
sans véritable conséquence. Cette situation explique que la
déclaration adoptée lors du Conseil européen d'Edimbourg,
en 1992, et " l'accord interinstitutionnel " conclu en 1993
ne
prévoient aucune forme de contrôle de la subsidiarité, et
excluent même que le Conseil puisse tenir des débats
spécifiquement consacrés à des problèmes de
subsidiarité.
Les mêmes tendances, estime le rapporteur, se retrouvent aujourd'hui dans
la Conférence intergouvernementale (CIG) et conduisent certains pays
à demander que la déclaration d'Edimbourg et " l'accord
interinstitutionnel " soient intégrés au Traité. Or,
il est clair que si ces textes, qui ne permettent pas au Conseil d'avoir des
débats spécifiques sur la subsidiarité, étaient
intégrés au Traité, il serait difficile d'espérer
un progrès sur l'application du principe de subsidiarité.
Le rapporteur estime également que le fonctionnement actuel des
institutions européennes n'est pas de nature à permettre
l'application du principe de subsidiarité, aucune institution
n'étant véritablement incitée à respecter ce
principe, et aucun contrepoids ne jouant pour favoriser ce respect.
Passant aux propositions présentées dans le rapport, M. Christian
de La Malène souligne la nécessité d'une réflexion
sur l'avenir des fonds structurels dans la perspective de la révision
des perspectives financières, en 1999, et dans la perspective de
l'élargissement à l'Est. Les politiques menées dans le
cadre des fonds structurels, estime-t-il, enlèvent une partie de sa
portée au principe de subsidiarité, puisque la Communauté
peut intervenir par ce biais pour financer pratiquement n'importe quel type de
projet. Par ailleurs, les fonds structurels ont pour conséquence que la
politique d'aménagement du territoire est principalement
arrêtée à l'échelon communautaire, ce qui revient
à éloigner la décision du " terrain ". Dans une
optique de subsidiarité, mieux vaut concentrer les actions structurelles
de la Communauté sur les seules régions relevant de l'effort de
cohésion, en regroupant les actions autour d'un nombre réduit
d'objectifs.
Au sujet de l'aspect institutionnel, M. Christian de La Malène
présente un projet de conclusions mettant l'accent sur trois points :
- les inconvénients d'une inscription dans le Traité des
dispositions de la déclaration d'Edimbourg de 1992 et de " l'accord
interinstitutionnel " de 1993 ;
- la nécessité d'une expression collective des Parlements
nationaux au sujet de la subsidiarité, dans le cadre d'une COSAC
(Conférence des Organes Spécialisés dans les Affaires
Communautaires) renforcée ;
- le soutien au projet de protocole présenté par l'Allemagne,
dans le cadre de la CIG, qui tend à clarifier la signification du
principe de subsidiarité et prévoit que le Conseil examinera si
une proposition de la Commission européenne respecte la
subsidiarité dès lors qu'un Etat en fera la demande.
M. Michel Caldaguès
approuve les orientations du rapport et se
félicite de la clarté des conclusions proposées. Il
relève toutefois qu'une limitation des fonds structurels aux
régions de l'objectif 1 aboutirait de fait, dans le cas de la
France, à introduire une différence de régime entre les
départements d'outre-mer (DOM), qui seraient alors les seuls
bénéficiaires, et la métropole, ce qui présenterait
peut-être certains inconvénients.
M. Jacques Genton
rappelle qu'aujourd'hui deux zones
métropolitaines bénéficient également de
l'objectif 1 : la Corse et le Hainaut français. Il juge
toutefois peu probable que cette situation perdure après la
révision de 1999.
M. Christian de La Malène
précise que, dans l'optique de
la subsidiarité, il lui parait nécessaire de concentrer l'action
structurelle autour de l'effort de cohésion, avec un nombre
réduit d'objectifs, de manière à concourir plus
efficacement au développement des zones concernées. Dans le cas
de la France, estime-t-il, seuls les DOM paraissent appelés à
relever de la politique de cohésion après 1999.
M. Jacques Genton
fait état des réserves exprimées
par écrit par
M. Pierre Fauchon
, précisant que ce
dernier regrette qu'une seule séance soit consacrée à
l'examen du projet de rapport et estime que l'élaboration de celui-ci
n'a pas été accompagnée d'une concertation suffisante au
sein de la délégation. Pour M. Pierre Fauchon, le principe
de subsidiarité a non seulement un versant négatif, mais aussi,
en se plaçant sur un terrain politique, un versant positif justifiant le
développement des compétences communautaires. M. Pierre
Fauchon ne peut donc approuver l'orientation générale du rapport,
marquée par une conception à ses yeux trop négative de la
subsidiarité.
M. Christian de La Malène
rappelle tout d'abord que la
délégation a tenu un débat d'orientation pour la
préparation du rapport, le 27 juin, auquel M. Pierre Fauchon a
participé ; il ajoute que le projet de rapport a été
adressé à tous les membres de la délégation deux
semaines avant son examen. Revenant ensuite sur la signification du principe de
subsidiarité, il indique que ce principe, considéré du
point de vue philosophique ou théologique, peut donner lieu à
plusieurs interprétations, dont certaines lui accordent un versant
positif (l'obligation d'intervenir, pour l'autorité la plus
éloignée, en cas de carence de l'autorité la plus proche)
à côté de son versant négatif (la limitation des
interventions de l'autorité la plus éloignée). Mais,
poursuit-il, tel qu'il figure à l'article 3 B du
Traité, c'est-à-dire comme principe appartenant au droit positif,
le principe de subsidiarité est seulement un principe de limitation des
interventions communautaires ; la formulation retenue par le Traité
est en effet uniquement négative. Le jugement du Tribunal
constitutionnel allemand rendu au sujet du traité sur l'Union
européenne confirme, ajoute-t-il, cette interprétation. Il n'est
pas contradictoire avec le principe de subsidiarité,
précise-t-il, de plaider pour un renforcement de certaines
compétences de l'Union, mais on ne peut s'appuyer sur le principe de
subsidiarité tel qu'il figure dans le Traité pour justifier un
tel renforcement.
M. Michel Caldaguès
s'associe à la réponse du
rapporteur, faisant valoir que l'extension éventuelle des
compétences de l'Union était du ressort de la Conférence
intergouvernementale en cours, mais qu'elle ne peut être une
conséquence du principe de subsidiarité tel qu'il est inscrit en
l'état dans le Traité sur l'Union européenne.
M. Jacques Genton
, revenant sur les conclusions proposées par le
rapporteur, relève qu'elles tendent à soutenir un texte
proposé par le Gouvernement allemand pour préciser les conditions
d'application de l'article 3 B du Traité. Il estime que ce texte
reflète les positions défendues traditionnellement par le
Bundesrat, garant des droits des Länder dans le système allemand.
M. Christian de La Malène
indique que l'Allemagne, du fait d'une
organisation fédérale enracinée dans son histoire, est le
seul Etat membre de l'Union à avoir une culture et une pratique de la
subsidiarité, et, de ce fait, se trouve, aussi, souvent le seul à
essayer de faire jouer ce principe à l'échelon de l'Union.
La délégation approuve alors les conclusions proposées par
le rapporteur, puis décide d'autoriser la publication du rapport.
(Les conclusions adoptées par la délégation figurent en
annexe n° 2 du présent rapport).
Le rapport de M. Christian de La Malène :
"
L'application du principe de subsidiarité
"
a été publié sous le n° 46 (1996-1997)
II. LES QUESTIONS ECONOMIQUES
A. AUDITION DE SIR LEON BRITTAN, VICE-PRESIDENT DE LA COMMISSION EUROPEENNE
Le jeudi 24 octobre 1996, la délégation a
entendu Sir Leon Brittan, vice-président de la Commission
européenne sur la politique commerciale et industrielle ainsi que sur la
politique de concurrence de l'Union européenne.
En accueillant Sir Leon Brittan, le
président Jacques Genton
précise que M. Jacques Oudin prépare un rapport sur la
politique industrielle européenne, rapport dans lequel il sera
amené à étudier notamment les aspects commerciaux et
concurrentiels de cette politique.
Sir Leon Brittan
souligne tout d'abord que la politique commerciale, qui
constitue un élément fondamental de la politique commune depuis
les débuts de la construction européenne, est
élaborée à partir des propositions de la Commission, en
parfaite transparence avec les Etats membres, puis des directives du Conseil.
Elle a pour objectif la libéralisation progressive et harmonieuse du
commerce international. Depuis février 1996, la stratégie
d'accès aux marchés repose clairement sur deux piliers : d'une
part, la confirmation et l'extension du rôle de l'organisation mondiale
du commerce (OMC), d'autre part, une activité européenne intense
en faveur de l'ouverture effective des marchés à nos exportateurs.
Evoquant la question des zones de libre échange, Sir Leon Brittan
précise qu'il s'agit là d'une exception aux règles de non
discrimination de l'OMC, fréquemment utilisée par l'Union
européenne, dans le souci d'une intégration économique
renforcée avec les pays voisins. Ces zones sont vastes puisqu'elles
englobent l'ensemble de la Méditerranée, depuis le sommet de
Barcelone, l'Espace économique européen, ainsi que les pays de
l'Europe centrale et orientale qui préparent leur adhésion
à l'Union européenne. Elles pourraient s'étendre encore,
dans l'avenir, à la Russie, ainsi qu'à l'Afrique du Sud, aux pays
du marché commun du sud de l'Amérique (Mercosur) et au Mexique.
Les perspectives de libéralisation ne seront cependant traduites dans
les faits que si elles sont conciliables avec les obligations de l'Union
européenne dans l'OMC et avec les exigences de nos propres secteurs
économiques sensibles.
Replaçant la question de la politique commerciale dans le contexte de la
Conférence intergouvernementale, Sir Leon Brittan rappelle que le cycle
de l'Uruguay dépasse largement les objectifs du General Agreement on
Tarifs and Trade (GATT), limités aux marchandises et aux produits
primaires. Désormais, estime-t-il, les termes de l'article 113 du
Traité, axés sur les marchandises, deviennent un obstacle
à la défense des intérêts communautaires. C'est
ainsi que les intérêts d'Airbus n'ont pu être valablement
défendus par la Commission que parce qu'il existait une volonté
de solidarité suffisante pour en faire le porte-parole unique de
l'Europe : en principe, les termes de l'accord de 1979 sur les aéronefs
civils faisaient relever cette question, non pas de la compétence des
instances communautaires, mais de celles des Etats membres. D'autres secteurs
n'ont pas bénéficié de cette même unité,
notamment en matière d'investissements au sein de l'OCDE. C'est la
raison pour laquelle la Commission souhaite que la Conférence
intergouvernementale puisse prévoir les moyens de renforcer les pouvoirs
de l'Union en matière de politique commerciale, non pas dans une
perspective d'extension de ses compétences, mais dans un souci de
défense des intérêts européens.
Abordant, dans un deuxième temps, la politique de concurrence
européenne, Sir Leon Brittan affirme que les règles de
concurrence constituaient un atout pour l'Europe dans une économie
globalisée. Elles permettent une coopération étroite entre
la Commission et les autorités étrangères. Toutefois, la
qualité du dialogue entre la Commission et les autres autorités
de concurrence ne garantit pas que les règles de concurrence
appliquées par nos partenaires nous donnent toujours satisfaction. Il en
résulte tout à la fois des incertitudes pour les hommes
d'affaires européens et des tensions avec certains pays
étrangers. Le cas s'est aussi récemment présenté
pour l'accès aux marchés japonais des pellicules photographiques
et des automobiles : la Commission a alors cherché à engager
le dialogue avec les autorités japonaises tout en demandant instamment
qu'au cours de la réunion ministérielle de l'OMC à
Singapour, en décembre prochain, il soit donné mandat à
l'OMC de clarifier les règles de concurrence appliquées dans
chaque instance nationale.
Evoquant enfin la politique industrielle, Sir Leon Brittan fait valoir que
l'Europe a des objectifs fondamentaux : la compétitivité des
entreprises européennes sur les marchés mondiaux et la
défense de l'emploi sur le marché européen.
L'amélioration de la compétitivité des entreprises
européennes implique une lutte contre les rigidités structurelles
économiques et sociales. La réalisation de l'Union
économique et monétaire contribuera au renforcement de la
compétitivité, mais ne saurait remplacer les réformes
structurelles, largement prises en considération dans le livre blanc
préparé en 1993 par l'ancien président de la Commission
européenne, M. Jacques Delors, et dans les initiatives prises par la
nouvelle Commission européenne.
Le commissaire rappelle ensuite que l'Union mène des actions
industrielles à travers ses politiques structurelles qui facilitent la
restructuration d'industries en crise ou la reconversion de régions
sinistrées. Il indique également que l'Union mène des
politiques sectorielles lorsque cela était nécessaire. Ainsi,
dans le secteur du textile et de l'habillement, la Commission européenne
et le Conseil ont défini une politique visant à renforcer la
compétitivité, qui repose sur les orientations suivantes :
- le renforcement de la coopération industrielle entre les entreprises
européennes et l'utilisation accrue des possibilités offertes par
les technologies de l'information ;
- le développement de la coopération internationale ;
- la mise en oeuvre de programmes de formation pour les chefs d'entreprises
afin de renforcer la politique d'exportation ;
- la mise au point d'un nouveau cadre pour l'ouverture efficace des
marchés des pays tiers.
Concluant son propos, le commissaire estime que la Commission européenne
prend réellement en compte les problèmes industriels sectoriels,
mais que toutes les initiatives dans ce domaine ne peuvent avoir d'effet
positif que si les politiques macroéconomiques courageuses actuellement
menées par les Etats membres et en particulier par la France sont
poursuivies.
A l'issue de cette présentation,
M. Jacques Oudin
fait observer
que la libéralisation progressive du commerce mondial a, certes, des
avantages mais qu'elle entraîne aussi la disparition d'emplois en Europe.
Il souhaite connaître les perspectives retenues par la Commission dans ce
domaine, notamment en matière de reconversion industrielle.
Sir Leon Brittan
souligne, avec force, qu'une attitude pessimiste et
défensive de l'Europe n'aboutirait qu'à protéger les
industries du passé. Il considère que la réussite
dépend de notre capacité à saisir les opportunités
dans le monde, notamment en Asie où la croissance économique
constituait une chance pour l'industrie européenne. Dans l'avenir, il
conviendrait de concentrer les efforts sur l'industrie de pointe et de
supprimer les obstacles douaniers au développement des échanges.
Il se déclare par ailleurs favorable au soutien de la reconversion et de
l'adaptation industrielles en Europe.
M. Jacques Oudin
fait observer que, si les droits de douane moyens sont
désormais très faibles en Europe, aux Etats-Unis et au Japon, les
fluctuations du dollar en 1995 et les dévaluations compétitives
au sein de l'Union étaient d'une ampleur bien supérieure. Il
s'inquiète du bien-fondé et de l'efficacité des politiques
commerciales dans ce contexte monétaire.
Sir Leon Brittan
admet qu'une modification de taux de change peut avoir
un effet supérieur à celui d'une modification des droits de
douane, mais il souhaite replacer cette question dans la perspective de la
création d'une monnaie unique. L'existence d'une monnaie forte et
européenne donnera un rôle à l'Europe dans les
négociations internationales sur les questions monétaires. Elle
résoudra également le problème des fluctuations
monétaires intra-européennes.
M. Jacques Oudin ayant évoqué l'arsenal des entraves non
tarifaires utilisé par certains pays,
Sir Leon Brittan
se
déclare favorable à son démantèlement, notamment
dans les relations entre l'Union et les Etats-Unis. Des progrès
importants ont été réalisés en matière de
reconnaissance mutuelle des normes, mais d'autres restent à accomplir :
ainsi, les autorités européennes de contrôle des normes
dans le secteur pharmaceutique n'ayant pas été reconnues comme
compétentes par leur homologue américain, le " Food and
Drugs administration ", la Commission s'est en conséquence
opposée à l'entrée en vigueur de l'accord sur les
télécommunications, pourtant acquis, pour faire respecter le
principe de relations équilibrées entre les deux partenaires.
M. Jacques Oudin
souligne ensuite la complexité des relations
commerciales de l'Union avec ses différents partenaires, les uns
bénéficiant de zones de libre-échange, les autres de
systèmes de préférence généralisée.
Il souhaite obtenir des précisions sur l'articulation de cet ensemble.
Sir Leon Brittan
rappelle que les règles de l'OMC
prévoient les conditions dans lesquelles des accords bilatéraux
peuvent être négociés. Il considère que les
arrangements bilatéraux présentent des avantages, dans certains
cas, et permettent ensuite d'élargir le cadre vers un accord
multilatéral.
M. Jacques Oudin
se préoccupe également de la
réglementation européenne sur les concentrations. Il
considère que celle-ci, d'application très stricte, a pour but de
ne pas permettre l'émergence de position dominante au niveau
européen. Il s'interroge sur l'opportunité de modifier cette
optique et de permettre la création de pôles européens
dominants au niveau mondial.
Sir Leon Brittan
affirme que cette réglementation met en oeuvre
une politique de concurrence favorable pour l'industrie européenne. Il
précise que l'appréciation des concentrations se fait à
partir d'un examen économique, pratique, de la réalité du
marché. Celui-ci peut, en effet, être local, national - si
les entraves entre pays européens n'ont pas encore été
levées - ou, le plus fréquemment aujourd'hui, mondial. Si le
marché est mondial, la création d'un monopole européen est
un atout. En revanche, elle serait une faiblesse dans un marché
uniquement européen.
M. Michel Caldaguès
s'interroge alors sur la signification que
peut avoir une monnaie unique forte. Faut-il entendre par là que la
sous-évaluation du dollar par rapport au franc et au mark serait
aggravée ? Se demandant si une monnaie forte n'est pas une monnaie
qui fait peur, il constate que le dollar, lui, fait peur parce qu'il est faible.
En réponse,
Sir Leon Brittan
estime tout d'abord que les pouvoirs
publics ne sont pas en mesure de décider seuls des niveaux des taux de
change dans un monde où les flux monétaires sont
considérables. Même les accords du Louvre ou du Plazza n'ont eu
une influence que pendant une période limitée. Par la suite, les
forces commerciales ont été si puissantes qu'elles n'ont pu
être contrôlées. Dans ces conditions, les pouvoirs publics
ne peuvent espérer exercer un contrôle total sur ces mouvements,
mais conservent la possibilité de négocier entre eux. Comme la
capacité de négociation dépend beaucoup de la force des
partenaires, l'unité des pays européens face aux
américains est un élément crucial pour que ces
négociations aient une influence heureuse. La question de la politique
extérieure que mènera l'Union européenne après la
réalisation de la monnaie unique est tout à fait fondamentale,
mais trop d'éléments restent encore incertains pour que l'on
puisse savoir ce que sera cette politique.
Le vice-président de la Commission européenne estime ensuite
qu'une monnaie forte est une monnaie que tout le monde souhaite acheter. Il
observe qu'il existe dans certains pays la tentation de préférer
une monnaie faible pour favoriser les exportations, mais qu'une telle politique
ne pouvait conduire à long terme qu'à l'inflation et à une
spirale de dévaluations. Il reconnaît en revanche que, dans des
circonstances particulières, des dévaluations peuvent se
révéler nécessaires, mais que cela est très
différent d'une politique de dévaluation qui, elle, ne peut
conduire qu'à l'échec.
M. Francis Grignon
rappelle que la Commission européenne a
constitué, à la fin du premier semestre 1996, des groupes de
travail sur l'industrie textile et souhaite connaître l'état
d'avancement de ces réflexions. Il interroge le vice-président de
la Commission européenne sur l'accord sur la construction navale
passé dans le cadre de l'OCDE et regrette notamment que les Parlements
nationaux n'aient pas été davantage associés aux
décisions qui ont été récemment prises. Il
évoque enfin les problèmes administratifs (assurance maladie,
régimes de retraite, droit du travail) que rencontrent les travailleurs
transfrontaliers et estime que l'agressivité commerciale de l'Europe
appelée de ses voeux par le commissaire européen passe par une
grande mobilité des travailleurs et donc par la mise en place d'une
Europe sociale.
M. Jacques Oudin
, revenant sur le problème de la construction
navale, évoque l'ouverture en Corée d'un site très
important. Il exprime des doutes sur la volonté réelle du
Gouvernement sud-coréen de ne pas subventionner ce chantier, en
dépit des accords signés par ce pays interdisant les subventions
aux chantiers navals.
Sir Leon Brittan
indique tout d'abord que les réflexions des
groupes de travail sur l'industrie textile ne sont pas suffisamment
avancées pour qu'il puisse donner des informations précises
à ce sujet. A propos de la construction navale, il estime que l'accord
négocié dans le cadre de l'OCDE est favorable à
l'industrie européenne. Il précise que la Commission
européenne a interrogé le Gouvernement sud-coréen sur
l'ouverture d'un important site de construction navale et que ce dernier s'est
engagé à ne verser aucune subvention.
Evoquant la consultation des parlements nationaux, Sir Leon Brittan estime que
celle-ci, conformément au principe de subsidiarité, relève
des Gouvernements nationaux, la Commission n'ayant des relations qu'avec les
Gouvernements représentés au sein du Conseil des ministres. Il se
déclare favorable à l'instauration de relations directes entre
les Parlements nationaux et les institutions communautaires et rappelle qu'il
s'est prononcé dans un livre pour la création d'un comité
composé de parlementaires nationaux. Il exprime le souhait que cette
idée, défendue par la France, soit retenue dans le cadre de la
Conférence intergouvernementale, en soulignant que certaines
difficultés de la construction européenne provenaient du
sentiment qu'ont les Parlements nationaux d'être exclus de cette
construction.
M. Alain Richard
interroge le vice-président de la Commission
européenne sur l'état des négociations relatives à
la clause sociale dans le cadre de l'OMC et lui demande s'il dispose d'un
mandat de négociation sur ce sujet.
Sir Leon Brittan
répond qu'il ne dispose pas pour l'instant de
mandat de négociation à ce propos. Il souligne que l'OMC a un
rôle plus étendu que le GATT et qu'il est aujourd'hui impossible
d'isoler les questions commerciales de sujets comme l'environnement ou les
aspects sociaux. Il estime qu'un certain nombre de sujets, tels que le travail
carcéral ou le travail des enfants, doivent faire l'objet d'un accord
malgré les réticences des pays en développement à
propos de la clause sociale. Il déclare enfin que les discussions se
poursuivent sur ce sujet dans le cadre de la Conférence
ministérielle de Singapour.
M. Désiré Debavelaere
évoque les quantités
d'exportations européennes en matière agricole
négociées dans le cadre de l'OMC. Il indique que ces exportations
ont pris du retard et exprime la crainte que ce manque de dynamisme ne fasse
perdre des parts de marché aux producteurs de la Communauté. Il
s'inquiète des conséquences en matière agricole des
dévaluations compétitives, compte tenu, d'une part, de la
disparition des montants compensatoires monétaires, d'autre part, du
versement en Ecus et non en monnaie nationale des subventions communautaires.
Sir Leon Brittan
indique tout d'abord que les droits d'exportation
reconnus à l'Union européenne par les accords d'Uruguay restent
ouverts et que ces droits doivent être reportés d'année en
année en cas de retard, même si cette interprétation est
contestée par certains partenaires de l'Union. A propos des
dévaluations, il rappelle qu'il est difficile juridiquement de
distinguer des dévaluations compétitives condamnables et des
dévaluations rendues objectivement nécessaires par la situation
économique d'un pays. Il estime que ce problème se
résorberait avec la mise en oeuvre de l'Union économique et
monétaire et que, dans cette attente, la seule possibilité
envisageable serait une nouvelle réforme globale de la PAC qui
risquerait de porter atteinte à d'autres aspects, positifs pour les
agriculteurs, du système actuel.
M. Paul Girod
, saluant le désir de Sir Leon Brittan de conduire
une politique commerciale offensive à l'égard du reste du monde,
se demande si cette volonté est partagée par tous au sein de la
Commission européenne et notamment par le commissaire chargé de
l'agriculture.
Sir Leon Brittan
répond que la Commission est un collège
et que les orientations qu'elle définit sont partagées et
appliquées par l'ensemble de ses membres.
M. Jacques Genton
, revenant sur la question des accords sur les zones de
libre échange, rappelle que la délégation pour l'Union
européenne est conduite à examiner ces accords dans le cadre de
l'article 88-4 de la Constitution et souligne qu'il est parfois difficile de
savoir si l'initiative de ces accords provient de la Commission
européenne ou du Conseil des ministres.
Sir Leon Brittan
indique alors que la Commission européenne
formule une proposition que le Conseil peut accepter, refuser ou modifier. Si
la proposition est acceptée, la Commission reçoit un mandat de
négociation et vient rendre compte devant le Conseil du résultat
des négociations, la décision appartenant en dernier ressort au
Conseil.
B. EXAMEN DU RAPPORT D'INFORMATION DE M. PHILIPPE FRANÇOIS SUR LA PROPOSITION DE HUITIEME DIRECTIVE CONCERNANT L'HEURE D'ETE
Le mercredi 9 octobre 1996, la
délégation a examiné le projet de rapport d'information de
M. Philippe François sur la proposition de huitième directive
concernant l'heure d'été.
La discussion du rapport a lieu en présence de M. Charles
de Cuttoli, convié à y prendre part en sa qualité
d'auteur d'une proposition de loi, votée par le Sénat le 23 mai
1990, " tendant à rétablir un régime horaire conforme
aux exigences de la situation géographique de notre pays ".
M. Philippe François
souligne tout d'abord que, depuis
l'instauration de l'heure d'été en France, en 1976, des voix de
plus en plus nombreuses s'élèvent dans l'opinion publique pour
critiquer ce dispositif artificiel qui consiste à avancer l'heure
légale de soixante minutes au printemps, puis à revenir à
l'heure initiale à l'automne.
Il indique que la généralisation de cette pratique à
l'ensemble des pays de l'Union européenne a conduit à
l'élaboration d'un calendrier commun des changements horaires par des
directives successives, depuis 1980. La septième directive arrivant
à échéance fin 1997, un projet de huitième
directive applicable à la période 1998-2001 est actuellement en
cours de négociation.
Ce projet traitant d'une matière réglementaire, il n'a pas
été soumis à l'examen du Parlement dans le cadre de
l'article 88-4 de la Constitution en dépit de la demande formulée
en ce sens par le Président du Sénat. Il est donc proposé
à la délégation d'étudier les avantages et les
inconvénients de l'heure d'été sous la forme d'un rapport
d'information afin de juger de l'opportunité de poursuivre, ou non,
l'application de ce dispositif dans le cadre de la huitième directive.
Dressant le bilan de l'heure d'été, M. Philippe François
déclare que l'objectif d'économiser l'énergie, qui a
initialement présidé à l'instauration de ce
mécanisme horaire, n'est plus aujourd'hui au centre des
préoccupations. Il considère que les économies attendues -
1,2 milliard de kilowatts-heure, soit 0,5 % de la consommation
électrique - ne sont pas suffisamment importantes pour contrebalancer
les inconvénients qu'entraîne l'heure d'été,
notamment pour la santé publique, le niveau de pollution
atmosphérique et l'activité de plusieurs secteurs professionnels
comme le bâtiment-travaux publics ou l'agriculture.
Il explique que les effets de ce dispositif sont plus pénalisants en
France que dans la majorité des autres Etats-membres de l'Union en
raison du fait que l'avancement estival s'est ajouté au décalage
permanent d'une heure de l'heure légale sur l'heure solaire qui existait
dans notre pays depuis 1945. Il en résulte que, depuis 1976, l'heure
légale est en avance d'une heure sur le soleil en hiver, et de deux
heures en été, ce qui en accroît le caractère
perturbant.
Le rapporteur souhaite donc, comme l'a fait M. Alain Juppé, Premier
ministre, en avril dernier, que l'on en revienne à une heure unique,
stable tout au long de l'année. Il indique que, dans le cadre des
négociations en cours sur la huitième directive, il convient de
faire connaître à nos partenaires la volonté de la France
de renoncer, pour sa part, à ce dispositif horaire en application du
principe de subsidiarité qui conduit à confier à l'Union
le soin d'harmoniser les calendriers, mais doit laisser à chaque Etat le
choix d'appliquer ou non le système de l'heure d'été sur
son territoire.
Pour l'heure unique à retenir pour l'ensemble de l'année,
M. Philippe François examine les trois options concevables :
l'heure solaire, l'heure GMT + 1 (l'actuelle heure d'hiver) et
l'heure GMT + 2 (l'actuelle heure d'été). Il constate que, dans
deux de ces hypothèses (l'heure solaire et l'heure GMT + 2), la France
se trouvera, pendant six mois de l'année, à n'avoir l'heure
d'aucun de ses voisins immédiats, ce qui perturbera notablement
l'organisation des transports et des communications.
Le rapporteur propose donc de retenir la solution de l'heure GMT + 1 qui
permet, tout à la fois, de conserver une heure unique, de limiter
l'amplitude du décalage de l'heure légale sur l'heure solaire et
de maintenir une logique cohérente des horaires dans l'espace
européen : la France aurait ainsi l'heure de l'Allemagne pendant l'hiver
et l'heure du Royaume-Uni pendant l'été, ce que justifie sa
position géographique centrale dans l'Europe de l'ouest.
A l'issue de la présentation du rapport,
M. Charles de Cuttoli
rappelle que sa proposition de loi, prévoyant le retour à l'heure
solaire l'hiver, a bien été adoptée par le Sénat,
mais n'a jamais été discutée à l'Assemblée
nationale. Pour le choix de l'heure unique à retenir, il se montre
très inquiet devant l'éventualité d'opter pour l'heure
d'été permanente, qui aurait des conséquences plus graves
encore que celles de la situation actuelle, en plaçant la France toute
l'année deux heures en avance sur l'heure solaire : il en
résulterait, par exemple, que le lever du jour n'aurait lieu qu'entre
neuf et dix heures au plus fort de l'hiver. En conclusion, il se déclare
en accord avec les propositions du rapporteur visant à garder l'actuelle
heure d'hiver pendant l'ensemble de l'année.
A
M. Lucien Lanier
qui souhaite avoir confirmation des décalages
horaires avec nos partenaires européens qu'entraînerait le choix
de l'heure GMT + 1,
le rapporteur
répond qu'il aboutirait
à donner à la France l'heure du Royaume-Uni pendant
l'été et l'heure de l'Allemagne pendant l'hiver et à ne
jamais avoir plus d'une heure de différence avec l'un ou l'autre de nos
voisins.
M. James Bordas
confirme l'hostilité constante qu'inspire aux
agriculteurs le principe du changement semestriel de l'heure.
M. Jacques Habert
souligne, toutefois, que le maintien de l'heure
d'hiver en permanence réduira la durée des soirées
d'été dont il apprécie l'agrément.
M. Christian de La Malène
déclare qu'il convient, en
application des conclusions du rapporteur, d'intégrer, dans la
huitième directive, la volonté française de renoncer
à l'heure d'été.
M. Pierre Lagourgue
précise que, en tant qu'élu de La
Réunion, il est favorable à l'heure d'été, qui
rapproche son département de la métropole durant la
période estivale, mais qu'il comprend les désagréments qui
peuvent résulter de ce dispositif en France métropolitaine.
Le rapport est adopté à l'unanimité avec l'abstention de
MM. Jacques Habert et Pierre Lagourgue.
Le rapport de M. Philippe François :
"
Faut-il en finir avec l'heure d'été
"
a été publié sous le n° 13 (1996-1997)
III. EXAMEN DES PROPOSITIONS D'ACTES COMMUNAUTAIRES
1. Relations extérieures
Proposition E 655
Com (96) 150 final
(Procédure écrite du 19 juillet 1996)
Ce texte concerne l'accord de partenariat et de
coopération signé le 24 juin 1994 par les
Communautés européennes et leurs Etats membres avec la
Fédération de Russie, qui vise à régir les
relations politiques, économiques et commerciales entre les parties et
à établir la base d'une coopération financière,
scientifique, technologique et culturelle entre elles.
La proposition E 655 a uniquement pour objet la conclusion d'un protocole
à cet accord afin d'ajouter à la liste des parties contractantes
l'Autriche, la Finlande et la Suède.
Il s'agit d'une modification purement formelle qui fait suite au dernier
élargissement de l'Union européenne.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 655.
Proposition E 662
Com (96) 257 final
(Examen en urgence du 12 juillet 1996)
La proposition E 662 tend à approuver le texte de
la neuvième Convention entre la Communauté européenne et
l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les
réfugiés de Palestine (UNRWA), dont l'objet est de fixer la
contribution de la Communauté au programme ordinaire de l'UNRWA pour
l'éducation et la santé et à son programme extraordinaire
d'aide alimentaire, pour les années 1996-1998.
Elle vise à poursuivre l'aide apportée par la Communauté
aux Palestiniens dans la castre de l'UNRWA depuis 1972. Toutefois, l'aide
à l'éducation et la santé est en augmentation par rapport
à la période triennale antérieure, en raison tant de
l'accroissement de la population palestienne que de l'inflation.
Le Gouvernement ayant fait savoir qu'il souhaitait que la
délégation se prononce rapidement sur ce texte en raison de
l'urgence des besoins humanitaires des 2,8 millions de
réfugiés palestiniens, le Président de la
délégation a lui-même examiné ce texte,
conformément à la procédure prévue dans de tels
cas.
Compte tenu du caractère consensuel des dispositions de ce texte, le
Président de la délégation a informé le
Gouvernement qu'il lui paraissait possible que celui-ci soit adopté sans
que le délai d'un mois après sa transmission au Parlement soit
écoulé.
Proposition E 666
Com (96) 254 final
(Procédure écrite du 11 septembre 1996)
Ce texte concerne la conclusion par les Communautés
européennes et leurs Etats membres de
l'accord de partenariat et de
coopération avec l'Ouzbékistan
signé le 21 juin
1996. L'Ouzbékistan sera ainsi le dixième des douze Etats de la
CEI à conclure avec l'Union européenne ce type d'accord.
Son objet est de régir les relations politiques, économiques et
commerciales entre les parties et d'établir la base d'une
coopération sociale, financière, scientifique, technologique et
culturelle entre elles. Prévu pour une durée initiale de dix ans,
cet accord remplacera l'accord concernant le commerce et la coopération
commerciale et économique conclu en 1989 entre la Communauté et
l'ex-URSS.
Un dialogue politique régulier entre les parties sera institué
afin, en particulier, de renforcer les liens entre les parties et
d'améliorer la sécurité et la stabilité dans la
région.
Cet accord contient des dispositions relatives aux échanges de
marchandises, les parties s'accordant le traitement de la nation la plus
favorisée. A l'exception des produits agricoles, textiles,
nucléaires ou relevant du traité CECA, les restrictions
quantitatives aux échanges entre l'Union et l'Ouzbékistan seront
supprimées.
Certaines dispositions de l'accord concernent, par ailleurs,
l'établissement et l'activité des sociétés, la
fourniture de prestations transfrontalières de services, les paiements
courants et les capitaux, la concurrence, la protection de la
propriété intellectuelle, industrielle et commerciale, la
coopération législative, économique, culturelle et
financière, ainsi que la coopération dans le domaine de la
prévention des activités illégales et du contrôle de
l'immigration clandestine. La coopération douanière fait l'objet
d'un protocole distinct annexé à l'accord. Ces domaines de
coopération pourront faire l'objet d'une assistance de la part de la
Communauté, fournie par l'intermédiaire du programme d'assistance
technique TACIS.
Cet accord souscrit enfin à l'exigence du respect des droits de l'homme
et des principes de la démocratie, domaines pour lesquels la
Communauté offre son assistance. La coopération vise à ce
titre l'élaboration et la mise en oeuvre d'une législation
adéquate, le fonctionnement du pouvoir judiciaire, le rôle de
l'Etat dans le domaine de la justice et l'organisation du système
électoral.
En cas de violation des droits de l'homme, des principes démocratiques
ou de ceux de l'économie de marché par l'Ouzbékistan,
l'Union pourra suspendre de façon unilatérale l'accord.
Il est institué un conseil de coopération qui se réunira
au niveau ministériel une fois par an. Un comité de
coopération l'assistera dans la mise en oeuvre de l'accord. Enfin, une
commission parlementaire permettra la rencontre et le dialogue entre les
membres du Parlement européen et ceux du Parlement ouzbek.
Dans la mesure où il s'agit d'un accord mixte, son entrée en
vigueur est subordonnée à sa ratification par les Etats membres
et l'Ouzbékistan. Le Sénat sera donc amené à se
prononcer sur ce texte.
Il est prévu qu'un accord intérimaire sur le commerce et les
mesures d'accompagnement anticipe l'entrée en vigueur du volet
commercial de cet accord, dans l'attente de sa ratification par les Parlements
nationaux.
La délégation a décidé de ne pas intervenir sur
la proposition E 666.
Proposition E 672
(Examen en urgence du 22 août 1996)
Ce texte concerne les relations financières et
économiques entre la Communauté européenne et l'Irak. Il
tend à adapter le régime des échanges entre la
Communauté et l'Irak, défini par les règlements
communautaires n° 2340/90 et 3155/90, à la Résolution
986 (1995) adoptée par le Conseil de sécurité des Nations
Unies.
Le Gouvernement ayant fait savoir qu'il souhaitait que la
délégation se prononce en urgence sur ce texte, le
Président de la délégation a lui-même
procédé à son examen, conformément à la
procédure prévue en de tels cas.
Ayant constaté que la proposition E 672 ne faisait que tirer les
conséquences de la résolution 986 (1995), qui répond
à un voeu constant du Gouvernement français, le Président
de la délégation a informé le Gouvernement que ce texte
pourrait être adopté sans que le délai d'un mois
après sa transmission au Parlement soit écoulé.
Proposition E 699
Com (96) 377 final
(Procédure écrite du 16 octobre 1996)
Ce texte fait suite à la décision du Conseil
d'administration de la banque européenne pour la reconstruction et le
développement (BERD) de doubler le montant du capital de celle-ci, qui
passera ainsi de 10 à 20 milliards d'Ecus.
Il vise à autoriser la Communauté européenne, qui
détient 3% du capital initial de la banque, à souscrire 30.000
actions supplémentaires de 10.000 Ecus chacune.
Lors de cette augmentation de capital, les actionnaires devront libérer
22,5% du capital, sur une période de huit ans. Par conséquent, le
montant total des sommes à verser par la Communauté sera de
67,5 millions d'Ecus
. Le financement sera assuré à partir
des enveloppes financières des programmes PHARE et TACIS.
Inaugurée en 1991, la BERD a pour mission de contribuer au
progrès et à la reconstruction des pays de l'ancien bloc
communiste, afin de favoriser la transition de leurs économies vers des
économies de marché.
Depuis sa création, la BERD a financé 368 projets dans 24 pays,
pour un montant cumulé de 8 milliards d'Ecus. Si les premières
opérations concernaient principalement le secteur public et, notamment,
les infrastructures, beaucoup d'entre elles portent, désormais, sur le
secteur privé.
Conformément à l'accord constitutif de la banque, celle-ci ne
peut pas avoir un volume de prêts en cours supérieur au montant de
son capital, soit 10 milliards d'Ecus. Ce chiffre devrait être
vraisemblablement atteint à la fin de l'année 1997. C'est
pourquoi, les gouverneurs de la BERD (généralement ministres des
finances des pays actionnaires) ont décidé à
l'unanimité, le 15 avril 1996, de doubler le montant de son capital.
Cette décision devrait permettre à la banque de poursuivre son
activité, les pays de l'ancien bloc communiste ayant encore des besoins
de financement considérables. Elle rendrait ainsi possible des
engagements compris entre 2 et 2,5 milliards d'Ecus chaque année
jusqu'à l'an 2000 et au-delà.
Le doublement du capital devrait éviter que la banque ait besoin de
recourir, à l'avenir, à de nouvelles augmentations de capital,
car le remboursement des prêts devrait maintenir l'encours à un
niveau à peu près constant.
Les besoins de financement persistants et croissants dans les pays
d'intervention de la banque ne sont pas contestés, de même que le
respect, par celle-ci, depuis 1993, d'une discipline budgétaire
rigoureuse. Le doublement du capital de la BERD a, de ce fait, recueilli
l'accord unanime des Etats actionnaires. Il entraînera pour chacun d'eux
un coût proportionnel à leur participation au capital initial de
la BERD, ce coût s'élevant pour la France à 192 millions
d'Ecus.
La participation de la Communauté à l'augmentation de capital
n'est pas contestée, mais le Gouvernement souhaite, néanmoins,
qu'elle ne souscrive pas la part qui lui est réservée tant que
les Etats-Unis n'auront pas déposé les instruments de
ratification relatifs à cette augmentation.
Compte tenu du caractère consensuel de ce texte, la
délégation a décidé de ne pas intervenir sur la
proposition E 699.
Proposition E 709
Com (96) 447 final
(Procédure écrite du 31 octobre 1996)
Ce texte concerne la conclusion d'un protocole à la
quatrième convention de Lomé conclue entre les Etats ACP
(Afrique, Caraïbe, Pacifique) et la Communauté.
Ce protocole fait suite à l'adhésion à l'Union
européenne de l'Autriche, de la Finlande et de la Suède et vise
uniquement à ce que ces trois Etats deviennent parties contractantes
à la Convention de Lomé.
Dans la mesure où la proposition E 709 ne fait que tirer les
conséquences du dernier élargissement de l'Union, la
délégation a décidé de ne pas intervenir à
son sujet.
Proposition E 721
(Réunion de la délégation du 29 octobre 1996)
Présentation du texte par M. Jacques Genton :
Ce texte tend à abroger les deux règlements communautaires
qui, conformément aux résolutions du Conseil des Nations unies,
interdisaient toutes relations économiques et financières avec
les Républiques de l'ex-Yougoslavie.
Il vise à permettre la reprise des échanges commerciaux avec ces
Républiques, à la suite de l'adoption par le Conseil des Nations
unies de la résolution 1022 (1995) décrétant la
levée de l'embargo à l'encontre de l'ex-Yougoslavie le
dixième jour suivant la tenue d'élections libres et
régulières, élections qui se sont déroulées
le 14 septembre 1996.
Le Gouvernement m'a fait savoir qu'il souhaitait que la
délégation examine en urgence ce texte afin qu'il puisse
être adopté rapidement par le Conseil.
Dans la mesure où il ne fait que tirer les conséquences de la
position arrêtée par la communauté internationale, il me
paraît possible que le Gouvernement permette son adoption sans que le
délai d'un mois après sa transmission soit
écoulé.
La délégation a alors décidé de ne pas
intervenir sur la proposition E 721.
2. Politique commerciale extérieure
a) Accords de commerce
Proposition E 667
Com (96) 260 final
(Procédure écrite du 11 septembre 1996)
La Pologne a mis en place, en mai 1995, un système de
certification obligatoire pour plusieurs produits industriels qui s'applique,
en particulier, aux produits d'origine communautaire. Ce système
créant une entrave aux échanges entre l'Union européenne
et la Pologne, la proposition E 667 tend à la conclusion entre les
parties d'un accord relatif à la certification des produits industriels.
Cet accord s'inscrit dans le cadre de l'accord européen conclu entre les
parties, en vertu duquel la Pologne s'est fixé pour objectif de mettre
en application les normes et le système de certification de l'Union
européenne.
La proposition E 667 prévoit que l'Union européenne fournira
à la Pologne l'assistance technique nécessaire à
l'harmonisation des système de certification. Cette harmonisation pourra
déboucher sur des accords de reconnaissance des institutions de
certification polonaises dès lors que leurs compétences
techniques seront établies.
Dans le cadre de ces accords de reconnaissance, les autorités
communautaires admettront des certificats délivrés par les
organes polonais de contrôle de la conformité.
De son côté, la Pologne s'engage à modifier sa
législation dans les trois mois de l'entrée en vigueur de la
proposition E 667, afin que les produits légalement
commercialisés ou certifiés originaires de l'Union
européenne ne soient plus soumis à aucune procédure de
certification en Pologne.
Ce texte garantit donc le libre accès au marché polonais des
produits communautaires. Il vise, par ailleurs à aligner les normes
polonaises sur celles qui s'appliquent dans l'Union. Il ne semble pas soulever
de difficulté particulière et a l'agrément des
différents Etats membres.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 667.
Propositions E 677 et E 678
Sec (96) 1234 final et Sec (96) 1235 final
(Procédure écrite du 11 septembre 1996)
Ces textes concernent les accords bilatéraux conclus,
dans le cadre des Accords multifibres (AMF), par la Communauté
européenne, avec certains Etats de la CEI et avec la Lituanie.
Pour mémoire, les accords multifibres prévoient une
libéralisation contrôlée des échanges de produits
textiles entre la Communauté et des pays en développement ou des
pays de l'ancien bloc socialiste. Leur mode principal de gestion consiste en la
fixation de contingents ou quotas d'importation permettant de protéger
l'industrie textile communautaire. Leur démantèlement progressif
a été prévu lors des négociations du cycle de
l'Uruguay, le secteur textile-habillement devant être progressivement
réintégré dans le cadre du commerce mondial régi
par les règles du GATT et de l'OMC. Toutefois, les accords
bilatéraux visés par les propositions E 677 et E 678
peuvent perdurer dans la mesure où les pays tiers concernés ne
sont pas membres de l'OMC.
La
proposition de décision E 677
vise à modifier
certains de ces accords bilatéraux (Kirghizie, Lituanie, Tadjikistan,
Turkménistan) pour tenir compte du dernier élargissement de la
Communauté européenne. Il s'agit uniquement de prendre en compte
le régime des échanges existant entre les pays tiers
concernés et l'Autriche, la Finlande et la Suède avant leur
entrée dans l'Union.
La
proposition de décision E 678
tend, pour sa part,
à renouveler rétroactivement certains de ces accords
bilatéraux arrivés à échéance le
31 décembre 1995. Les pays tiers concernés sont
l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie, le Kazakhstan, la
Kirghizie, la Moldavie, le Tadjikistan et le Turkménistan. Ce texte
prévoit de proroger les accords bilatéraux concernés
jusqu'au 31 décembre 1998, sans leur apporter aucune modification
de fond.
Il convient de souligner que les accords sur le commerce de produits textiles
concernés par les propositions E 677 et E 678 sont des accords
de pure forme en raison du volume négligeable des échanges
existant actuellement entre l'Union et les pays tiers en cause. Ces accords se
limitent donc à organiser un cadre administratif pour le cas où
les flux commerciaux dans le domaine textile se développeraient entre
les parties et ne fixent, à ce jour, aucune restriction quantitative aux
échanges. Ils sont néanmoins utiles dans la mesure où ils
anticipent un éventuel développement des échanges.
Ces textes, qui sont donc d'une portée pratique très
réduite, ne paraissent pas soulever de difficulté.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur les propositions E 677 et E 678.
Propositions E 681 et E 685
Com (96) 322 final et Com (96) 321 final
(Procédure écrite du 11 septembre 1996)
Ces textes concernent la conclusion, par la Communauté
européenne, d'accords intérimaires pour le commerce et les
mesures d'accompagnement avec respectivement la Géorgie et
l'Arménie.
Ces accords visent à mettre en oeuvre dès maintenant le volet
commercial des accords de partenariat et de coopération signés
avec la Géorgie et l'Arménie le 22 avril 1996 et dont
l'entrée en vigueur est subordonnée à leur ratification
par les Etats membres. Les accords intérimaires prévoient la mise
en oeuvre immédiate des dispositions relatives :
aux échanges de marchandises
, les parties s'accordant le
traitement de la nation la plus favorisée. Par ailleurs, les
restrictions quantitatives sont abolies entre les parties, sauf pour les
produits textiles (pour lesquels des accords spécifiques existent
déjà) et les produits CECA.
aux paiements courants
, les parties s'engageant à ce que les
importations soient payées en monnaie librement convertible.
à la propriété intellectuelle, industrielle et
commerciale
, la Géorgie et l'Arménie s'engageant à
disposer dans les cinq ans d'un niveau de protection de ces droits
équivalent à celui de la Communauté européenne.
à la coopération douanière
qui fait l'objet d'un
protocole distinct.
La délégation n'avait pas jugé nécessaire, en son
temps, d'intervenir à propos des accords de partenariat et de
coopération signés avec la Géorgie et l'Arménie
(propositions E 619 et E 620).
Dans la mesure où les propositions E 681 et E 685 ne visent
qu'à anticiper l'application du volet commercial de ces accords, la
délégation a décidé de ne pas intervenir sur les
propositions E 681 et E 685.
Proposition E 702
(Procédure écrite du 16 octobre 1996)
Il s'agit d'un accord sur la coopération et
l'assistance mutuelle administrative en matière douanière entre
la République de Corée et la Communauté. Cet accord, qui
devrait être paraphé dans les prochains mois, s'inscrit dans le
contexte de la négociation d'un accord-cadre de commerce et de
coopération.
Cet accord vise à instituer une coopération et une assistance
entre les parties en matière douanière. La coopération
portera sur la simplification et l'harmonisation des procédures
douanières, sur le développement de nouvelles procédures,
ainsi que sur la formation et l'échange de personnel.
Les parties se prêteront, par ailleurs, assistance, par
l'intermédiaire de leurs autorités douanières, afin de
garantir la bonne application de la législation douanière et de
prévenir ou déceler les opérations frauduleuses.
Dans le cadre de cette coopération et de cette assistance
administrative, les parties s'échangeront les informations et
données nécessaires. L'accord prévoit les modalités
selon lesquelles les demandes d'assistance seront formulées, les
informations communiquées ou encore les conditions dans lesquelles l'une
des parties pourra refuser à l'autre de lui prêter assistance.
Un comité mixte de coopération sera institué afin de
veiller au bon fonctionnement de cet accord.
Il convient de souligner que les dispositions de cet accord sont très
classiques. Elles ne paraissent pas soulever de difficultés et
recueillent l'agrément des services douaniers des Etats membres.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 702.
Proposition E 716
Com (96) 466 final
(Réunion de la délégation du 29 octobre 1996)
Présentation du texte par M. Jacques Genton :
Ce texte concerne la conclusion d'un accord intérimaire pour le
commerce et les mesures d'accompagnement entre les Communautés
européennes et la République d'Ouzbékistan. Il vise
à mettre en oeuvre dès maintenant le volet commercial de l'accord
de partenariat et de coopération signé avec l'Ouzbékistan
le 21 juin 1996 et dont l'entrée en vigueur est subordonnée
à sa ratification par les Etats membres.
Cet accord intérimaire, paraphé à Bruxelles le
17 juillet 1996, prévoit la mise en oeuvre immédiate des
dispositions portant sur :
les échanges de marchandises
, les parties s'accordant, en
particulier, le traitement de la nation la plus favorisée. Par ailleurs,
les restrictions quantitatives aux échanges seront abolies entre les
parties, sauf pour certains types de produits (produits textiles,
nucléaires ou relevant du traité CECA en particulier) ;
les paiements courants
, les parties s'engageant à ce que les
importations soient payées en monnaie librement convertible ;
la propriété intellectuelle, industrielle et commerciale
,
l'Ouzbékistan s'engageant à disposer dans les cinq prochaines
années d'un niveau de protection de ces droits équivalent
à celui de la Communauté européenne ;
la coopération et l'assistance mutuelle en matière
douanière
qui fait l'objet d'un protocole joint à l'accord
intérimaire.
Ce texte, très classique, ne paraît pas soulever de
difficultés. Par ailleurs, la délégation n'avait pas
jugé nécessaire, en son temps, d'intervenir à propos de
l'accord de partenariat et de coopération signé avec
l'Ouzbékistan (proposition E 666). Le Gouvernement m'a fait savoir
qu'il souhaitait que la délégation examine en urgence ce texte
afin qu'il puisse être adopté rapidement par le Conseil.
Dans la mesure où il ne vise qu'à anticiper l'application du
volet commercial de l'accord de partenariat et de coopération, il me
paraît possible que le Gouvernement permette son adoption sans que le
délai d'un mois après sa transmission au Parlement soit
écoulé.
La délégation a alors décidé de ne pas
intervenir sur la proposition E 716.
b) Produits agricoles
Proposition E 658
(Procédure écrite du 19 juillet 1996)
Conformément aux engagements souscrits lors de la
conclusion des négociations multilatérales du cycle de l'Uruguay,
la Communauté a remplacé, à partir du 1
er
juillet 1995, les éléments mobiles applicables à certains
produits agricoles et produits agricoles transformés par des montants
spécifiques.
Cette modification a entraîné une réduction des concessions
accordées en matière de produits agricoles transformés par
la Communauté à la Suisse dans le cadre d'un accord
préférentiel conclu sur la base de réciprocité. Des
négociations ont donc été engagées entre la
Communauté et la Suisse afin d'adapter l'accord précité
pour maintenir le niveau des concessions accordées.
Dans l'attente de l'aboutissement de ces négociations, des mesures
transitoires ont été adoptées pour maintenir le niveau des
préférences. Ces mesures ont pris fin le 30 juin 1996 alors que
les négociations n'ont pas encore abouti.
La proposition de règlement E 658 vise donc simplement à
prolonger jusqu'au 30 juin 1997 les mesures transitoires
précitées en prenant en compte, toutefois, les modifications du
tarif douanier commun qui s'appliquent depuis le 1
er
juillet 1996.
Cette mesure de portée réduite ne semble pas soulever de
difficulté.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 658.
Proposition E 659
Com (96) 227 final
(Procédure écrite du 19 juillet 1996)
La proposition E 659 concerne l'importation dans la
Communauté de riz en provenance d'Egypte. En vertu de l'accord de
coopération conclu entre la Communauté européenne et
l'Egypte, l'importation sur le territoire de l'Union de riz égyptien
bénéficie d'un traitement préférentiel. Le
prélèvement appliqué est, en effet, diminué d'un
montant égal à 25 % de la moyenne des
prélèvements pratiqués au cours d'une période de
référence et dans la limite d'une quantité annuelle de
32.000 tonnes. Cette diminution est accordée à condition que
l'Egypte prélève une taxe à l'exportation d'un montant
égal et que cette taxe soit répercutée sur le prix
à l'importation dans la Communauté.
Conformément aux engagements souscrits dans le cadre des accords du
cycle de l'Uruguay, la Communauté a remplacé, à partir du
1
er
juillet 1995, les prélèvements
appliqués au riz égyptien par des droits de douane. Ce
remplacement a rendu inapplicable la diminution stipulée dans le cadre
de l'accord de coopération conclu avec l'Egypte. Des négociations
ont donc été engagées entre les parties,
conformément aux termes de l'accord de coopération
précité, de façon à consentir à l'Egypte un
avantage comparable.
Un arrangement a été trouvé qui prévoit
l'application d'une réduction des droits de douane de 25 % dans la
limite d'un volume annuel de 32.000 tonnes de riz. Cette réduction
ne sera plus conditionnée par la perception par l'Egypte d'une taxe
à l'exportation.
La proposition E 659 a pour objet l'approbation par la Communauté de
l'arrangement trouvé avec l'Egypte.
Ce texte, de portée réduite, ne paraît pas soulever de
difficulté.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 659.
Proposition E 661
Com (96) 263 final
(Examen en urgence du 3 juillet 1996)
Ce texte prévoit une adaptation autonome et transitoire
des concessions prévues pour certains produits agricoles
transformés par les accords européens d'association conclus avec
les pays d'Europe centrale et orientale (PECO).
Il tend uniquement à proroger jusqu'au 31 décembre 1996 les
mesures autonomes adoptées par le Conseil le 21 décembre
1995 afin de préserver les possibilités d'accès au
marché communautaire à titre préférentiel des
produits agricoles transformés originaires des PECO. Ces
possibilités d'accès avaient, en effet, été
réduites à la suite tant du dernier élargissement de la
Communauté européenne que de la conclusion des
négociations du cycle de l'Uruguay.
Dans l'attente de l'aboutissement des négociations engagées avec
les PECO pour adapter les concessions agricoles prévues par les accords
européens d'association, la prorogation des mesures autonomes
paraît nécessaire pour maintenir les flux traditionnels de
produits concernés.
Le gouvernement ayant fait savoir qu'il souhaitait que la
délégation se prononce en urgence sur ce texte, afin qu'il puisse
être adopté lors du Conseil " Ecofin " du 8 juillet
1996, le Président de la délégation a lui-même
examiné ce texte, conformément à la procédure
prévue dans de tel cas.
Compte tenu du caractère consensuel de ses dispositions, le
Président de la délégation a informé le
Gouvernement que la proposition E 661 pourrait être adoptée
sans que le délai d'un mois après sa transmission au Parlement
soit écoulé.
Proposition E 664
Com (96) 290 final
(Procédure écrite du 19 juillet 1996)
Ce texte fait suite à la conclusion des
négociations du cycle de l'Uruguay à l'occasion de laquelle la
Communauté européenne s'est engagée à remplacer les
éléments mobiles applicables à certains produits agricoles
par des montants spécifiques de droits de douane.
Cette modification a entraîné une hausse, à compter du 30
juin 1995, des droits applicables en particulier à certains produits
agricoles transformés.
La proposition de règlement E 664 vise à rétablir pour
certains de ces produits le régime antérieur plus favorable. Les
produits concernés sont le maïs doux, les extraits de
succédanés torréfiés du café, le sorbitol et
les levures. Il est prévu que ce texte entre rétroactivement en
vigueur le 1
er
juillet 1995. Une telle rétroactivité
aurait des conséquences importantes puisqu'elle pourrait conduire la
Communauté à rembourser aux importateurs le trop-perçu
depuis cette date. Le montant de ce remboursement n'a pas été
déterminé mais le chiffre de 7 millions d'Ecus est avancé.
Lors de l'examen de ce texte par un groupe de travail du Conseil, la France
ainsi que trois autres Etats membres se sont opposés à son
adoption et ont demandé qu'il soit procédé à une
évaluation des conséquences juridiques et financières de
sa rétroactivité. La France est, de surcroît,
opposée à une baisse des droits autonomes sur les
dérivés du maïs doux car ces produits sont
déjà très mal protégés.
La délégation a décidé, compte tenu de la
détermination du Gouvernement à obtenir que ce texte soit
modifié, de ne pas intervenir sur la proposition E 664.
Proposition E 665
(Examen en urgence du 19 juillet 1996)
A la suite du dernier élargissement de l'Union
européenne, des négociations ont été ouvertes dans
le cadre des accords commerciaux multilatéraux du GATT, afin de
maintenir le niveau des flux antérieurs.
Dans le secteur du riz, ces négociations ont abouti au mois de
décembre 1995. Il a été convenu, avec les pays tiers
concernés, d'ouvrir dans ce domaine plusieurs contingents couvrant les
flux antérieurs suivant les différents stades de transformation
du riz. Ces contingents à droit nul ou réduit sont, à
titre annuel, de 63.000 tonnes de riz blanchi, de 20.000 tonnes de
riz décortiqué et de 80.000 tonnes de brisures de riz.
La proposition E 665, établie par la Commission, vise à
arrêter les mesures d'application de cet accord commercial. Les
concessions que la Commission envisage d'accorder aux pays tiers exportateurs
vont bien au-delà de ce qui a été convenu. En
particulier :
- les bénéficiaires de l'accord (Australie, Etats-Unis,
Thaïlande) pourront remplir la totalité du contingent ouvert pour
le riz blanchi sous forme d'emballages prêts à la consommation de
5 kg ou moins. Cela aurait pour effet de priver la filière de
transformation européenne de toute possibilité de valeur
ajoutée ;
- il est prévu d'étendre à l'Australie et aux Etats-Unis
une concession consentie à la Thaïlande en matière de
certificats d'importation afférents aux contingents ouverts. Ces
certificats pourront, pour ces pays, être délivrés sur la
base des certificats d'exportation émis par leur Gouvernement respectif.
Cette proposition de règlement ayant été jugée
inacceptable par les Etats membres, la Commission a, à l'occasion du
Comité spécial agriculture du 16 juillet 1996,
modifié sa position sur les points suivants :
- pour préserver l'activité de la filière de
transformation communautaire, les quantités pouvant être
importées à droit nul en petits conditionnements feront l'objet
d'un régime de suivi, la Commission s'engageant à proposer les
mesures appropriées dans le cas où ces quantités
dépasseraient les flux traditionnels ;
- les dispositions relatives à l'importation de riz en provenance des
Etats-Unis sont retirées provisoirement en l'attente de nouvelles
consultations avec les Etats-Unis ;
- la Commission s'engage à prendre des mesures pour éviter que
les pays bénéficiant des contingents à droit nul ou
réduit ne lient l'accès de ces contingents à la
réalisation d'opérations d'exportation normales.
A la suite de ces nouvelles propositions, le Gouvernement a fait savoir, par
lettre du 18 juillet 1996, qu'il souhaitait que la
délégation se prononce en urgence sur ce texte, afin qu'il puisse
être adopté lors du Conseil Agriculture des 22 et 23 juillet
1996. Le Président de la délégation s'est donc saisi de
l'examen de ce texte, conformément à la procédure
prévue dans de tel cas.
Ayant constaté que, d'une part, la version initiale de ce texte avait
suscité de fortes réserves tant du côté des
producteurs de riz que des entreprises de broyage, et que, d'autre part, il
n'était pas en mesure de se prononcer dans de si brefs délais sur
les évolutions apportées à ce texte, le Président
de la délégation a estimé qu'il appartenait au
Gouvernement d'apprécier si les conséquences éventuelles
de celui-ci sur les agents économiques français justifiaient le
maintien de la réserve d'examen parlementaire.
Proposition E 669
Com (96) 310 final
(Procédure écrite du 11 septembre 1996)
Ce texte a pour objet de proroger et d'adapter, pour la
période allant du 1
er
juillet au 31 décembre
1996, certains des contingents tarifaires autonomes transitoires ouverts pour
des produits agricoles transformés originaires des Etats baltes.
Les concessions accordées par la Communauté aux Etats baltes sont
destinées à assurer la continuité des flux commerciaux
entre les parties à la suite tant du dernier élargissement de
l'Union que de la conclusion des négociations du cycle de l'Uruguay.
Elles visent, par ailleurs, à aligner les préférences
accordées aux pays baltes pour les produits agricoles transformés
sur celles consenties aux pays d'Europe centrale et orientale.
Ces contingents tarifaires transitoires sont ouverts dans l'attente de la
modification des accords de libre échange et de la ratification des
accords d'association conclus avec ces pays.
Les produits agricoles transformés concernés sont très
divers. Il a été fait droit, dans une très large mesure,
aux demandes des pays baltes. Toutefois, il convient de souligner que, pour les
produits jugés sensibles tels que la pomme de terre ou les produits
laitiers, les contingents ouverts sont très en retrait par rapport aux
demandes formulées par les Etats baltes.
Ce texte, dont les enjeux pour la France sont réduits, ne paraît
pas soulever de problème.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 669.
Proposition E 676
Com (96) 324 final
Dans le cadre des accords du GATT, la Communauté s'est
engagée à ouvrir un contingent tarifaire annuel de
169.000 têtes de bovins vivants. Le taux applicable aux importations
faites dans le cadre de ce contingent est composé d'un droit
ad
valorem
de 16 % auquel s'ajoute un droit spécifique de
582 écus par tonne. Toutefois, ce droit spécifique a
été abaissé à 399 Ecus par tonne dans le cas
des Pays associés d'Europe centrale et orientale (PAECO).
La proposition E 676 tend à faire bénéficier toutes
les importations de bovins vivants, réalisées dans le cadre de ce
contingent tarifaire, du droit sépcifique réduit appliqué
aux PAECO.
Cette mesure paraît très contestable, en particulier dans le
contexte de la crise profonde que traverse le marché communautaire de la
viande bovine.
La proposition E 676 ayant fait l'objet d'une proposition de
résolution de la part de M. Philippe FRANÇOIS, puis d'une
résolution adoptée par la commission des Affaires
économiques et du Plan le 16 octobre 1996, la
délégation n'a pas procédé à son examen.
Cette résolution a été adoptée par le Sénat
le 29 octobre 1996
(voir texte ci-après).
RESOLUTION ADOPTEE PAR LE SENAT
Le Sénat,
Vu l'article 88.4 de la Constitution,
Vu la proposition de règlement (CE) du Conseil prévoyant la
réduction du taux applicable aux importations réalisées en
application du contingent tarifaire OMC pour certains animaux bovins vivants
(COM (96) 324 final/n° E 676),
Considérant la crise actuelle du marché communautaire de la
viande bovine, due à la propagation de l'épizootie
d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) ;
Considérant que cette crise rend inopportune toute mesure susceptible de
favoriser, fût-ce pour des quantités réduites, les
importations sur le marché communautaire de la viande bovine ;
Considérant que cette proposition tend à appliquer à
toutes les importations de bovins vivants réalisées au titre du
contingent tarifaire prévu par les accords de l'Organisation mondiale du
commerce, quelle que soit leur origine, le tarif préférentiel
accordé aux importations en provenance des pays associés d'Europe
centrale et orientale ;
Considérant que la proposition de règlement
précitée, même si elle est dépourvue, dans
l'immédiat, de portée pratique, n'en est pas moins inopportune,
puisque seuls les PECO exportent vers l'Union européenne au titre du
contingent GATT ;
Considérant, par ailleurs, que la proposition n° E 676 doit
être replacée dans le contexte de l'ensemble des mesures
proposées par la Commission européenne pour rétablir
l'équilibre du marché communautaire de la viande bovine ; que,
pour le financement de ces mesures, la Commission européenne
prévoit de diminuer de manière permanente les aides
compensatoires instituées pour les grandes cultures par la
réforme de la politique agricole commune adoptée en 1992 pour la
période 1992-1999 ; qu'une telle diminution serait contraire à
l'engagement de stabilité des aides pris lors de cette réforme,
et affaiblirait la position de la Communauté dans la perspective de la
reprise des négociations commerciales multilatérales.
Invite le Gouvernement à s'opposer à la proposition d'acte
communautaire n° E 676 ;
Estime que le Gouvernement français est en droit de demander
l'invocation immédiate des clauses de sauvegarde spéciales pour
l'agriculture prévues dans les accords européens conclus avec les
PECO, pour suspendre, jusqu'au 31 décembre 1996, les contingents annuels
d'importations à droits préférentiels, en provenance de
ces pays ;
Demande au Gouvernement de faire en sorte qu'avant l'expiration de la
période de mise en application de ces mesures de sauvegarde le mandat du
Conseil pour la renégociation des accords européens soit
modifié afin de reconsidérer le niveau des contingents
d'importations préférentielles en provenance des PECO, qui a
été porté, pour 1996, sur une base purement autonome,
à 500.000 têtes par an ;
Invite le Gouvernement à veiller à ce que le financement des
mesures rendues nécessaires par la crise du marché de la viande
bovine soit assuré dans le respect des équilibres de la
réforme de la politique agricole commune de 1992, et selon des
modalités préservant l'avenir de cette politique dans la
perspective des prochaines négociations internationales.
Cette résolution a été adoptée le
29 octobre 1996
et a été publiée sous le n° 21 (1996-1997).
Proposition E 691
Com (96) 352 final
(Procédure écrite du 23 septembre 1996)
Ce texte concerne le régime préférentiel
à l'importation dont bénéficient certains produits de la
floriculture originaire de Chypre, d'Israël, de Jordanie, du Maroc, de
Cisjordanie et de la Bande de Gaza. Une réduction tarifaire est
accordée à ces produits dans le cadre d'un contingent annuel et
à la condition, pour certaines fleurs coupées (roses et
oeillets), que le prix à l'importation ne soit pas inférieur
à 85 % du prix communautaire à la production pour le produit
concerné.
Dans le cadre de l'accord intérimaire sur le commerce et les mesures
d'accompagnement conclu par la Communauté avec Israël, la
Communauté a accepté la demande d'Israël de modifier la
méthode de calcul des prix communautaires à la production et
celle de comparaison entre les prix à l'importation et les prix à
la production. Un accord a également été conclu en ce sens
avec le Maroc.
La proposition E 691 vise donc à procéder à ces
modifications qui seront appliquées à l'ensemble des pays
méditerranéens concernés par ce régime
préférentiel.
Il s'agit principalement de remplacer la méthode actuelle de calcul des
prix communautaires à la production, basée sur des moyennes
arithmétiques triennales, par des moyennes pondérées
révisées tous les quinze jours. Les prix des produits de la
floriculture diminuant depuis plusieurs années, ce mode de calcul ne
permettait pas aux pays méditerranéens de
bénéficier pleinement des contingents qui leur avaient
été accordés.
La modification envisagée prendrait mieux en compte les prix du
marché communautaire et permettrait ainsi à ces pays et notamment
à Israël de profiter de leurs contingents.
Ce texte aura donc pour effet de faciliter l'entrée de ces produits
horticoles, mais ne vise qu'à rendre effectifs les contingents consentis
antérieurement aux pays précités.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 691.
Proposition E 693
Com (96) 380 final
(Procédure écrite du 23 septembre 1996)
Ce texte concerne les contingents tarifaires communautaires
ouverts pour certains produits agricoles originaires du Maroc. A la suite de la
conclusion des négociations multilatérales du cycle de l'Uruguay,
la Communauté a remplacé le régime des prix de
référence prévoyant le paiement d'une taxe compensatoire
pour l'importation de certains fruits et légumes, par un régime
de droits de douane spécifiques établis en fonction du prix
d'entrée. Cette modification a affecté le niveau des concessions
accordées au Maroc.
Lors de la signature de l'accord d'association Union européenne-Maroc,
il a été décidé d'adapter les
préférences accordées afin de maintenir les importations
traditionnelles dans l'Union des tomates, courgettes, artichauts, concombres,
clémentines et oranges provenant du Maroc.
Un règlement communautaire a donc modifié ces concessions
à compter du 1
er
novembre 1995, dans l'attente de la
conclusion et de la ratification de l'accord d'association
précité. Toutefois, ce règlement n'a pas pris en compte,
pour des raisons techniques de calendrier, une quantité de 5 000
tonnes de tomates correspondant au contingent du mois d'octobre.
La proposition E 693 tend donc à compléter ce
règlement en ouvrant ce contingent de 5 000 tonnes de tomates. Si
ce texte vise à mettre en oeuvre l'engagement souscrit par la
Communauté (avec l'aval du Gouvernement) lors des négociations
globales ayant eu lieu sur le sujet, il convient toutefois de rappeler que ce
contingent concurrencera directement la production bretonne de tomates.
Dans la mesure où il est difficile de revenir sur les engagements
pris par l'Union, la délégation a décidé de ne pas
intervenir sur la proposition E 693.
Proposition E 694
Com (96) 383 final
(Examen en urgence du 17 septembre 1996)
Ce texte concerne les concessions agricoles accordées
par la Communauté européennes aux Etats baltes.
Il vise :
- d'une part, à adapter, dans l'attente de la conclusion de protocoles
additionnels aux accords sur la libéralisation des échanges
conclus avec les Etats baltes, les concessions consenties par la
Communauté à ces Etats pour certains produits agricoles. Cette
adaptation tend à maintenir les préférences
accordées dont le niveau a été affecté par le
remplacement, conformément aux engagements souscrits par la
Communauté lors de la conclusion des négociations du cycle de
l'Uruguay, des prélèvements agricoles variables et autres
barrières non tarifaires par des droits de douane fixes ;
- d'autre part, à améliorer certaines des concessions agricoles
consenties aux Etats baltes en application de la procédure prévue
par les accords sur la libéralisation des échanges. Ces
améliorations sont proposées par les comités mixtes
institués par ces accords et visent à augmenter progressivement,
sur une période de cinq ans, les contingents consentis.
Le Gouvernement ayant fait savoir qu'il souhaitait que la
délégation se prononce en urgence sur ce texte, le
Président de la délégation a lui-même
procédé à son examen, conformément à la
procédure prévue en de tels cas.
Ayant constaté que les enjeux de ce texte paraissaient limités
en raison du volume réduit des produits agricoles exportés par
les pays baltes vers la Communauté, le Président de la
délégation a informé le Gouvernement que le texte pourrait
être adopté sans que le délai d'un mois après sa
transmission au Parlement soit écoulé.
Proposition E 696
Com (96) 403 final
(Procédure écrite du 23 septembre 1996)
Ce texte concerne le régime appliqué à
l'importation dans la Communauté d'oranges originaires d'Israël.
Le niveau des préférences consenties a été
réduit à la suite de la conclusion des négociations
multilatérales du cycle de l'Uruguay. La Communauté et
Israël n'étant pas parvenus à arrêter le nouveau
régime à appliquer lors de la signature tant de l'accord
d'association Union européenne- Israël que de l'accord
intérimaire, il avait été convenu que celui-ci serait
défini ultérieurement.
La proposition E 696 vise donc à arrêter les modalités
d'importation, dans la Communauté, d'oranges israéliennes
jusqu'à la campagne 2000-2001. Elle prévoit l'ouverture d'un
contingent annuel de 200.000 tonnes qui bénéficiera d'une
exemption de droits
ad valorem
. Les droits spécifiques seront
réduits à zéro pour la période allant du
1
er
décembre au 31 mai de chaque année si
des prix d'entrée réduits sont respectés.
Ce régime est calqué sur celui consenti par la Communauté
au Maroc.
Ce texte est sans enjeu pour la France dans la mesure où elle ne produit
pas d'oranges.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 696.
c) Autres produits
Proposition E 657
(Procédure écrite du 19 juillet 1996)
Ce texte a pour objet d'augmenter le volume du contingent
communautaire à droit nul ouvert en 1996 pour le ferrochrome. Cette
mesure est destinée à permettre aux industries utilisatrices de
la Communauté de s'approvisionner dans des conditions plus favorables
auprès de pays tiers, la production communautaire en ferrochrome
étant insuffisante.
Il est prévu d'augmenter de 100.000 tonnes le contingent ouvert pour
l'année 1996 qui s'élèverait ainsi à 650.000 tonnes.
Cette mesure de portée réduite ne paraît pas poser de
problème. Elle fait suite à une demande de l'Allemagne soutenue
par les producteurs français d'acier spéciaux.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 657.
Proposition E 673
(Procédure écrite du 11 septembre 1996)
Ce texte vise à ouvrir un contingent tarifaire autonome
à droit nul de 40.000 tonnes pour le hareng entier, pour la
période qui reste à courir jusqu'à la fin de
l'année 1996. Ce contingent a pour objectif d'assurer un
approvisionnement à des conditions satisfaisantes des industries
communautaires utilisatrices qui dépend actuellement d'importations en
provenance de pays tiers. En effet, la source normale d'approvisionnement de
harengs est réduite en raison d'une diminution de moitié du total
admissible des captures (TAC) autorisé en mer du Nord afin de pallier la
crise biologique que ce poisson y rencontre.
Ce texte qui répond à une demande du Danemark ne paraît pas
soulever de difficulté particulière.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 673.
Proposition E 674
(Procédure écrite du 11 septembre 1996)
Ce texte tend à ouvrir un contingent tarifaire à
droit nul pour certains produits industriels (feuilles en
polyéthylène terephtalate et disques durs) pour la période
qui reste à courir en 1996. L'approvisionnement de la Communauté
en produits de ce type dépendant pour une bonne part d'importations en
provenance de pays tiers, ce contingent est destiné à permettre
aux industries utilisatrices de l'Union de s'approvisionner dans des conditions
satisfaisantes.
Cette mesure de portée réduite ne paraît pas poser de
problème.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 674.
Proposition E 701
(Examen en urgence du 24 septembre 1996)
Ce texte vise à modifier les annexes II et III du
règlement n° 519/94 relatif au régime commun applicable aux
importations de certains pays tiers, et, plus précisément, la
nomenclature tarifaire applicable à deux catégories distinctes de
produits.
Il s'agit, en premier lieu, des sous-verre pour lesquels la Commission, dans un
souci d'harmonisation, a désigné la ligne tarifaire qui devra
désormais leur être appliquée par les Etats membres. La
position tarifaire retenue ayant pour effet de faire entrer les sous-verre
originaires de Chine dans le champ d'un régime de contingentement
préjudiciable aux intérêts des importateurs
européens, la proposition E 701 vise à exempter ces produits
de ce régime. Cette mesure d'exemption doit intervenir avant le
27 septembre 1996, à défaut de quoi les importateurs devront
recourir, à compter de cette date, à l'usage de licences.
Sont également concernés par ce texte certains types de
chaussures. La modification de la nomenclature tarifaire envisagée pour
ces produits est strictement technique. Elle répond à un souci de
clarification en ce qu'elle précise les produits auxquels s'appliquent
certains renvois de bas de page.
Le Gouvernement ayant fait savoir, par lettre du 23 septembre 1996, qu'il
souhaitait que la délégation se prononce en urgence sur ce texte,
le Président de la délégation a lui-même
procédé à son examen, conformément à la
procédure prévue dans de tels cas.
Compte tenu de la portée pratique très réduite des
mesures envisagées par ce texte, le Président de la
délégation a informé le Gouvernement que celui-ci pourrait
être adopté sans que le délai d'un mois après sa
transmission au Parlement soit écoulé.
3. Politique agricole
Proposition E 650
Com (96) 170 final
(Procédure écrite du 19 juillet 1996)
Ce texte concerne l'organisation des contrôles
vétérinaires pour les produits originaires de pays tiers
introduits dans la Communauté. Il se substituera à la directive
actuellement applicable de façon à tenir compte des
évolutions constatées depuis sa mise en oeuvre.
En particulier, les dispositions transitoires prévues par la directive
actuelle afin de pallier le défaut d'harmonisation des
législations des Etats membres en la matière seront
supprimées, l'harmonisation étant réalisée.
Désormais, pour tous les produits originaires de pays tiers, l'ensemble
des contrôles vétérinaires (contrôle documentaire,
contrôle d'identité des produits et contrôle physique de
ceux-ci), s'effectuera au point d'entrée communautaire. Ces
contrôles seront effectués par des inspecteurs nationaux à
un poste d'inspection frontalier agréé au plan communautaire. Un
contrôle de deuxième niveau sera réalisé par des
inspecteurs communautaires qui auront en charge de vérifier le respect
des contrôles et des procédures par les inspecteurs nationaux.
Par ailleurs, ce texte tend à clarifier le statut des entrepôts
francs et des entrepôts sous douane.
La proposition de directive E 650 consiste essentiellement en une
réécriture de la directive de 1990 à la lumière de
l'expérience acquise depuis son entrée en vigueur. Toutefois, le
contrôle des produits originaires de pays tiers sera, dans certains cas,
amélioré. Il en sera ainsi pour les produits de pays tiers
destinés à d'autres pays tiers qui transiteront par la
Communauté. En effet, ceux-ci devront sortir du territoire communautaire
par un poste d'inspection frontalier agréé, ce qui permettra de
s'assurer de leur sortie effective de la Communauté.
Ce texte ne paraît pas soulever de difficulté.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 650.
Proposition E 680
Com (96) 223 final
(Procédure écrite du 23 septembre 1996)
Ce texte tend à créer une agence
européenne de contrôle vétérinaire et phytosanitaire
qui remplacerait l'actuel office d'inspection et de contrôle
vétérinaire et phytosanitaire (OICVP), entité qui, en
dépit de son appellation, est un service classique de la Commission
dépendant de la direction générale de l'agriculture
(DG VI).
Les missions actuellement dévolues à l'OICVP s'exercent tant
à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Union.
A l'intérieur de l'Union, les inspections réalisées par
l'OICVP peuvent être qualifiées d'inspections de
" deuxième niveau " en ce qu'elles sont destinées
à vérifier la bonne application de la législation
communautaire par les inspecteurs nationaux en matière d'agrément
des établissements agro-alimentaires, de certification des animaux
vivants et des produits végétaux ou animaux destinés aux
échanges, de fonctionnement des postes d'inspection frontaliers, etc.
A l'extérieur de l'Union, les missions de l'OICVP consistent à
vérifier la réalisation, dans les pays tiers, des contrôles
vétérinaires et phytosanitaires relatifs aux animaux,
végétaux et produits animaux et végétaux
destinés à l'exportation vers la Communauté.
En raison de l'évolution rapide du commerce mondial et du nombre
important de pays tiers désirant commercer avec l'Union, les besoins en
missions de vérification réalisées par l'OICVP à
l'extérieur de l'Union se sont considérablement accrus. De
surcroît, la poursuite de l'harmonisation des standards sanitaires
européens justifie un renforcement des contrôles
réalisés par les inspecteurs de l'OICVP auprès des
inspecteurs nationaux des Etats membres. Cette harmonisation devrait
améliorer la crédibilité de l'Union et sa position dans le
cadre de la négociation d'accords vétérinaires et
phytosanitaires actuellement en cours avec une douzaine de pays tiers (qui
représentent 80 % des exportations de l'Union).
Un renforcement des effectifs et des moyens de l'OICVP est donc apparu
nécessaire. La transformation de l'OICVP en agence a été
retenue par le Conseil des ministres comme le moyen le plus approprié
pour le doter d'une autonomie financière et d'action accrue.
La création d'une agence devrait permettre :
- de développer une autonomie de l'inspectorat renforçant la
crédibilité du travail des inspecteurs,
- de doter cette structure d'un budget propre en rapport avec ses besoins
financiers.
Ce budget serait en partie financé par le budget communautaire et, ce
qui est nouveau, en partie par les Etats membres qui y contribueraient en
rétrocédant une fraction de la redevance sanitaire qu'ils
perçoivent.
Le recours à des contributions directes des Etats membres aurait pour
effet d'assurer une meilleure synergie entre les Etats et l'ancien OICVP pour
l'accomplissement des missions de contrôle internes et externes et
d'atteindre une adéquation entre les moyens financiers et les objectifs
poursuivis.
Ce projet d'agence n'est pas nouveau et avait déjà
été évoqué sous présidence française
au printemps 1995. Il est probable qu'il aboutisse sous présidence
irlandaise, le siège de l'agence devant être situé en
Irlande.
Le Gouvernement y est favorable et la proposition E 680 établie par
la Commission a, dans l'ensemble, son agrément. Il entend, toutefois, en
modifier certains points et, en particulier, renforcer la contribution des
Etats membres au budget de l'agence (1 % des redevances sanitaires
perçues par les Etats).
La proposition E 680, qui constitue une première version
susceptible d'évolutions, devrait permettre d'améliorer
l'harmonisation sanitaire au sein de l'Union et de renforcer les inspections
communautaires dans les pays tiers exportant vers l'Union. Elle ne paraît
pas, en première analyse, soulever de difficulté.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 680.
Proposition E 697
Com (96) 408 final
(Procédure écrite du 23 septembre 1996)
Ce texte concerne un régime spécifique
d'approvisionnement mis en place au profit de Madère et des Iles
Canaries dans le cadre des programmes d'option spécifique à
l'éloignement et à l'insularité (POSEI).
Ce régime consiste en l'exonération des droits à
l'importation et en l'octroi d'une aide pour les produits provenant du reste de
la Communauté pour des quantités déterminées.
Ce régime arrive a échéance à la fin de la campagne
1995-1996 pour les animaux bovins destinés à l'engraissement et
à la consommation sur place, pour les viandes porcines et certains
produits transformés à base de viande ainsi que pour les semences
de pommes de terre.
La proposition E 697 tend à prolonger à titre transitoire ce
régime jusqu'au 30 juin 1997 afin d'éviter une interruption
brusque de l'application de ces mesures. D'ici là, l'Espagne et le
Portugal espèrent voir aboutir la révision d'ensemble des POSEI
bénéficiant aux Açores, à Madère et aux Iles
Canaries, dont la négociation est en cours.
Ce texte ne semble pas soulever de difficultés et son incidence
financière est faible (de l'ordre de 5 millions d'Ecus). La France
est généralement solidaire des demandes formulées en la
matière par l'Espagne et le Portugal, ses départements
d'Outre-mer bénéficiant également d'un POSEI.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 697.
4. Pêche
Proposition E 671
Com (96) 323 final
(Procédure écrite du 11 septembre 1996)
Ce texte tend à renouveler le protocole annexé
à l'accord de pêche conclu entre la Communauté
européenne et l'Angola, qui est arrivé à
échéance le 2 mai 1996. Il vise à fixer les
conditions dans lesquelles les navires communautaires pourront exercer des
activités de pêche dans les eaux angolaises pour une
période de trois ans à compter du 3 mai 1996.
Les possibilités de pêche ouvertes dans les eaux angolaises
concernent prioritairement les flottes espagnole, portugaise et
française, le protocole précisant la répartition entre
elles des possibilités.
En contrepartie, la Communauté s'engage à :
- verser à l'Angola une compensation financière de
31 millions d'écus ;
- participer au financement de programmes scientifiques et techniques angolais
sur les ressources halieutiques pour un montant de 5 millions
d'écus ;
- contribuer à des programmes de recherche pour 350.000 écus
par an ;
- accorder des bourses d'études et de formations pratiques dans les
diverses disciplines concernant la pêche à hauteur de
3 millions d'écus.
Par ailleurs, les navires communautaires autorisés à pêcher
dans les eaux angolaises devront embarquer des marins autochtones, à
l'exception des thoniers senneurs-congélateurs et des palangriers de
surface.
La proposition E671 fixe les obligations incombant aux navires communautaires
ayant obtenu des licences pour pêcher dans les eaux angolaises en
matière de redevances à payer, de déclaration des
captures, de zones de pêche autorisées, ou encore d'inspection et
de contrôle des activités de pêche par les autorités
angolaises.
Ce texte satisfait à presque toutes les demandes formulées par la
France, et, en particulier, à celles concernant la baisse du nombre de
licences thonières et l'absence d'obligation pour le débarquement
des captures.
La seule demande française à laquelle il n'a pas
été fait droit porte sur le montant forfaitaire devant être
versé en vue de l'obtention d'une licence thonière (4.000
écus par an et par navire). La direction des pêches maritimes et
des cultures maritimes considère néanmoins que ce seul point ne
saurait justifier un refus de ce nouveau protocole.
Ce texte, comme les autres accords de pêche conclus avec des pays
d'Afrique occidentale, permettra à la flotte thonière
française de suivre les stocks de thonidés sur la
quasi-totalité de leur aire de répartition (ces poissons
étant de grands migrateurs). Son adoption devra intervenir
prochainement, la première tranche de la compensation financière
devant être versée à l'Angola avant le 30 septembre
1996 afin d'éviter une suspension provisoire de l'accord qui serait
préjudiciable aux navires communautaires.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 671.
Propositions E 683, E 688 et E 689
Com (96) 343 final, Com (96) 355 final, Com (96) 356 final
(Procédure écrite du 11 septembre 1996)
Ces textes concernent la conclusion entre la Communauté
européenne et respectivement la Lettonie, l'Estonie et la Lituanie,
d'accords portant sur les relations en matière de pêche.
Ces accords tirent les conséquences du dernier élargissement de
l'Union européenne. Ils visent, en effet, à fusionner en un seul
texte les accords en matière de pêche conclu par chaque Etat
balte, préalablement au dernier élargissement, avec
respectivement la Communauté, la Finlande et la Suède.
Ces trois accords, très comparables, reprennent donc toutes les
dispositions antérieures. Ils fixent ainsi les conditions dans
lesquelles les navires de l'une des parties peuvent pêcher dans les eaux
territoriales de l'autre partie (échange de quotas de captures,
détermination des totaux admissibles des captures). Ils prévoient
également la possibilité, pour la Communauté, d'obtenir
des droits de pêche supplémentaires dans les eaux territoriales
des Etats baltes moyennant une compensation financière à
déterminer.
Par ailleurs, chaque partie pourra inspecter les navires de l'autre partie
opérant dans la zone de pêche relevant de sa juridiction. Une
procédure de règlement des litiges est établie en cas
d'immobilisation d'un navire.
Enfin, les parties s'engagent à instituer entre elles une nouvelle
coopération visant à établir des sociétés
mixtes dans le secteur de la pêche. La Communauté fournira, en vue
de la constitution de telles sociétés mixtes, une aide
financière en contrepartie de l'octroi, par les Etats baltes, de
possibilités de pêche supplémentaires dans leurs eaux
à la flotte communautaire. La constitution de telles
sociétés mixtes donnera lieu à la conclusion d'un
protocole entre les parties. La Communauté et la Lituanie sont d'ores et
déjà convenues de ce protocole qui vise également les
associations temporaires d'entreprises. Dans le cadre de celui-ci, d'une
durée de trois ans, la Communauté fournira une aide de
2,5 millions d'écus.
Ces accords de pêche sont conclus respectivement pour une durée de
six ans avec la Lettonie et la Lituanie et de dix ans avec l'Estonie.
Ils ne semblent pas poser de problème particulier et permettent la
poursuite des relations de pêche entre les parties dans un cadre uniforme
tenant compte du dernier élargissement de l'Union.
Ils concernent, pour l'essentiel, les Etats du Nord de l'Union et
représentent un intérêt très réduit pour
la France.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur les propositions E 683, E 688 et E 689.
Proposition E 695
Com (96) 394 final
(Procédure écrite du 23 septembre 1996)
Ce texte a pour objet de renouveler le protocole annexé
à l'accord de pêche conclu entre la Communauté et So
Tomé e Principe, qui est arrivé à échéance
le 31 mai 1996. Il tend à fixer les conditions dans lesquelles les
navires des Etats membres pourront pêcher dans les eaux de So Tomé
e Principe pour une période de trois ans à compter du
1
er
juin 1996.
Les possibilités de pêche ouvertes aux navires communautaires
concernent prioritairement les flottes espagnole, française et
portugaise, la répartition entre elles des possibilités
étant fixées par le protocole.
En contrepartie, la Communauté reversera la somme globale de
2.175.000 écus
à la République de So
Tomé e Principe, se décomposant de la façon suivante :
- 1.800.000 écus au titre de la compensation financière. Ce
montant couvre un poids annuel de captures de 9.000 tonnes. Si les captures de
thonidés dépassent cette quantité, le montant de cette
compensation financière sera augmenté de 50 écus par
tonne supplémentaire ;
- 187.500 écus en vue du financement de programmes scientifiques et
techniques destinés à améliorer la connaissance des
ressources halieutiques des eaux de So Tomé e Principe ;
- 35.000 écus au titre de l'octroi de bourses d'études et de
formations pratiques dans les disciplines concernant la pêche à
des ressortissants de So Tomé e Principe ;
- 90.000 écus destinés à couvrir la participation de
So Tomé e Principe à des organismes régionaux de
pêche ;
- 62.500 écus visant à couvrir les frais de participation
à des réunions internationales ou à des stages dans le
domaine de la pêche.
Ce protocole fixe, par ailleurs, les conditions d'octroi de licences de
pêche pour les navires communautaires, les modalités de
déclaration des captures ou encore les conditions dans lesquelles les
autorités de So Tomé e Principe pourront procéder à
une vérification des captures réalisées.
Ce texte a l'accord du Gouvernement. Il convient de souligner que la
contrepartie financière fixée par ce protocole est identique
à celle définie par le protocole antérieur alors que les
possibilités de pêche croissent sensiblement (69 navires au lieu
de 48). De plus, la valeur des captures autorisées dépasse
largement le coût de 2.175.000 écus.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 695.
Proposition E 708
Com (96) 417 final
(Procédure écrite du 31 octobre 1996)
Ce texte concerne la conclusion et l'application provisoire,
à compter du 1er août 1996, d'un accord de coopération
en matière de pêches maritimes entre la Communauté
européenne et la Mauritanie. Cet accord tend à remplacer l'accord
antérieur qui a pris fin le 31 juillet 1996, après avoir
été dénoncé par la Mauritanie.
Il vise à autoriser les navires des Etats membres à exercer, sous
certaines conditions, des activités de pêche dans les eaux
mauritaniennes. Les possibilités de pêche sont principalement
attribuées aux navires espagnols ; toutefois, les flottes
française (thoniers senneurs, thoniers canneurs, palangriers de surface,
navires de pêche des espèces démersales autres que le merlu
noir avec des engins autres que le chalut), portugaise et italienne en
bénéficieront également, dans une moindre mesure.
En contrepartie, la Communauté versera à la Mauritanie une
compensation financière globale pour les cinq années de la
durée de l'accord d'un montant de
266,8
millions
d'écus, en très forte hausse par rapport à l'accord
antérieur
. En effet, le montant annuel moyen de la compensation est
porté à 53,36 millions d'écus contre
11,5 millions d'écus (soit une hausse de plus de 350 %). Cette
hausse s'explique, en partie, par l'accroissement du nombre des navires
communautaires autorisés à pêcher dans les eaux
mauritaniennes, ainsi que par l'augmentation du nombre de tonnes de jauge brute
autorisé (150 %).
Cet accord, paraphé à Bruxelles le 20 juin 1996, sera, par
son importance, le deuxième accord de pêche conclu avec un pays
tiers par la Communauté, derrière l'accord UE/Maroc (d'un montant
de 500 millions d'écus).
Il fixe les obligations incombant aux navires communautaires en ce qui concerne
les redevances à payer (dont le montant est estimé à
40 millions d'écus au total pour l'ensemble de la période),
l'embarquement de marins mauritaniens dans les équipages, la
déclaration des captures, le contrôle des activités de
pêche par les autorités mauritaniennes.
L'accord prévoit, par ailleurs, afin d'éviter des pratiques trop
intensives de pêche préjudiciables au bon renouvellement des
ressources halieutiques des eaux mauritaniennes, une période de repos
biologique de deux mois. Ce moratoire s'appliquera à tous les bateaux
pêchant dans les eaux de la Mauritanie, y compris à ceux de sa
propre flotte.
La Commission estime que la valeur des captures qui seront effectuées en
vertu de cet accord dans les eaux mauritaniennes, dépassera nettement le
montant de la compensation financière versée par la
Communauté.
Il convient, cependant, de souligner que les crédits budgétaires
alloués en 1996, ainsi que ceux prévus pour 1997, sont
insuffisants pour financer l'ensemble des crédits de paiement
prévus dans les accords de pêche. Si l'on tient compte de l'accord
paraphé avec la Mauritanie, les montants inscrits au budget seraient
dépassés de plus de 26 millions d'écus en 1996 et de
25,7 millions d'écus en 1997 (et ce sans tenir compte du
renouvellement prochain de certains accords de pêche dont celui avec le
Sénégal).
Le Gouvernement entend donc obtenir des précisions de la Commission sur
les modalités de calcul qui ont présidé à la
fixation de la
contrepartie financière accordée à
la Mauritanie. Il attend également des précisions de la
Commission sur la façon dont cette contrepartie sera financée
sans entraîner une augmentation de la ligne budgétaire
concernée.
Les difficultés budgétaires soulevées par le montant de la
contrepartie financière accordée à la Mauritanie sont
réelles. Toutefois, la France peut difficilement s'opposer à cet
accord qui bénéficie aux Etats membres ayant des activités
de pêche, sauf à se ranger du côté des Etats du Nord,
généralement hostiles à ce type d'accords.
Dans ces conditions, la délégation a décidé de
ne pas intervenir sur la proposition E 708.
5. Marché intérieur
Proposition E 651
(Procédure écrite du 19 juillet 1996)
La proposition de directive E 651 a pour objet d'harmoniser
les législations des Etats membres relatives aux garanties légale
et commerciale des biens de consommation. Son objectif est d'assurer aux
consommateurs un minimum de droits lorsqu'ils achètent des biens de
consommation sur le territoire de la Communauté. Cette harmonisation
devrait renforcer la confiance des consommateurs dans le marché unique
et diminuer les distorsions de concurrence qui peuvent résulter des
divergences existant entre les législations nationales.
Ce texte comporte deux volets, le premier ayant trait à la garantie
légale dont bénéficie obligatoirement l'acheteur, le
second concernant la garantie commerciale que le vendeur peut accorder pour
s'attirer la clientèle.
Garantie légale
La proposition de directive institue une garantie légale en cas de non
conformité du bien acheté au contrat de vente. C'est le vendeur
qui répond du défaut de conformité et ce pendant les deux
années qui suivent la délivrance du bien au consommateur. Cette
responsabilité est cependant écartée si le consommateur
connaissait ou ne pouvait ignorer le défaut de conformité lors de
l'achat.
L'acheteur sera en droit de demander soit la réparation du bien sans
frais dans un délai raisonnable, soit son remplacement lorsque celui-ci
est possible, soit une réduction adéquate du prix, soit encore la
résiliation de la vente. L'exercice du droit à la
résiliation ou au remplacement n'est cependant possible que dans
l'année qui suit la vente. Dans tous les cas l'acheteur devra, pour
bénéficier de ces droits, dénoncer le défaut de
conformité auprès du vendeur dans le mois suivant sa constatation.
Le vendeur pourra, pour sa part, se retourner contre le producteur du bien, un
vendeur antérieur ou tout autre intermédiaire si le défaut
de conformité est imputable à l'un d'entre eux.
Garantie commerciale
La proposition de directive n'institue bien entendu aucune obligation
d'accorder une garantie commerciale au-delà de la garantie
légale. Elle se contente d'énoncer quelques principes tenant
à la transparence de la garantie commerciale et à ses liens avec
la garantie légale, le reste relevant de la politique commerciale de
chaque entreprise.
Le texte prévoit ainsi que toute garantie offerte lie juridiquement la
personne qui l'offre, et que cette garantie doit être plus avantageuse
que la garantie légale. La garantie commerciale doit figurer dans un
document écrit et pouvoir être consultée par le
consommateur avant l'achat. Elle doit préciser clairement les
éléments essentiels nécessaires à sa mise en oeuvre
et, en particulier, sa durée, son étendue territoriale ainsi que
le nom et l'adresse du garant.
Les droits institués par ce texte au profit du consommateur seront
exercés par ce dernier sans préjudice des autres droits dont il
pourrait se prévaloir en vertu du droit national applicable en
matière de responsabilité. Il s'agit de dispositions
" minimales ", chaque Etat membre pouvant maintenir ou
adopter des
mesures plus protectrices du consommateur. Ces dispositions devront être
transposées en droit interne dans les deux ans suivant l'adoption de la
directive.
Ce texte n'est qu'une toute première version établie par la
Commission et n'a pas encore donné lieu à des réunions de
groupe du Conseil. Il est donc susceptible d'évoluer au fil des
négociations. Il ne semble pas, cependant, soulever, en première
analyse, de difficulté.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 651.
Proposition E 652
Com (96) 183 final/2
(Procédure écrite du 19 juillet 1996)
Ce texte est un corrigendum à la proposition d'acte
communautaire E 638, qui tend à modifier certaines dispositions des
directives communautaires relatives aux entreprises d'investissement et aux
établissements de crédit.
Une page de l'exposé des motifs ayant été omise lors de la
transmission au Parlement de la proposition E 638, le document E 652 vise
à réparer cet oubli.
Cet ajout ne modifie en rien la teneur de la proposition de directive.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 652.
Proposition E 660
Com (96) 193 final
(Procédure écrite du 19 juillet 1996)
Cette proposition de directive concerne les systèmes de
paiement transfrontaliers et intérieurs qui fonctionnent, pour la
plupart d'entre eux, au moyen de la technique de la compensation.
Il s'agit de la conversion, par un établissement de crédit, des
créances et obligations découlant d'ordres de paiement, en une
seule créance nette exigible ou en une unique obligation payable. Ceci a
pour effet de réduire considérablement le nombre des
opérations de règlement nécessaires pour traiter un nombre
donné de paiements. Au lieu de procéder au règlement de
chaque ordre de paiement au fur et à mesure de son ordre
d'arrivée, les banques participant à un tel système
procèdent, en effet, à un seul règlement par lequel elles
versent ou reçoivent un solde net unique.
Il est apparu que les divergences entre les réglementations des Etats
membres applicables aux systèmes de paiement entraînaient un
certain nombre d'incertitudes et de risques. En effet, la technique de la
compensation et, en particulier, la compensation multilatérale, est
dépourvue de valeur juridique dans certains Etats membres, ce qui peut
avoir des conséquences importantes notamment en cas de liquidation d'un
établissement de crédit participant au système de
paiement. Le liquidateur est, en pareil cas, en mesure de refuser la dette
nette issue de la compensation et d'exiger que lui soient versés tous
les montants sous-jacents qui, à l'origine, étaient dus à
cet établissement. Quant aux montants dus par ce dernier, ils sont
traités dans le cadre de la procédure de liquidation et sont donc
peu susceptibles d'être honorés. De tels événements
pourraient causer des perturbations sérieuses dans le système de
paiement et avoir un effet " domino " sur les autres
banques.
La proposition de directive E 660 a donc pour objectif de réduire les
risques juridiques associés à la participation à des
systèmes de paiement.
Elle tend, par ailleurs, à lever tous les obstacles à la
réalisation des paiements dans le marché intérieur et, en
favorisant une meilleure intégration du secteur financier communautaire,
elle participe à la libre circulation des capitaux et à la libre
prestation de services transfrontaliers.
Nous ne détaillerons pas les dispositions de ce texte qui sont, dans
l'ensemble, très techniques. Précisons toutefois que, pour
réduire les risques inhérents au fonctionnement des
systèmes de paiement, le texte prévoit que la compensation
(bilatérale et multilatérale) aura des effets juridiques
contraignants dans tous les Etats membres. Ces effets seront opposables aux
tiers même en cas d'ouverture d'une procédure
d'insolvabilité, à condition que les ordres de paiement
concernés aient été introduits dans le système de
paiement avant l'ouverture d'une telle procédure.
Cette proposition de directive a donné lieu à des travaux
préparatoires auxquels des experts de chaque Etat membre ont
participé. La Direction du Trésor qui a été
associée à ces travaux estime qu'elle est conforme à ses
attentes et qu'elle constitue un bon compromis.
Ce texte devrait remédier aux risques de fonctionnement des
systèmes de paiement et contribuer ainsi au renforcement de la
stabilité des relations financières interbancaires.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 660.
Proposition E 684
Com (96) 255 final
(Procédure écrite du 23 septembre 1996)
Cette proposition de directive tend à renforcer la
sécurité à bord des navires de pêche. Elle concerne
la construction et les équipements des navires ainsi que les dispositifs
et procédures de sécurité et vise à réduire
les risques auxquels sont exposés les pêcheurs dans l'exercice de
leur profession.
Elle vise à compléter la directive adoptée par le Conseil
en 1993 concernant les prescriptions minimales de sécurité et de
santé au travail à bord des navires, qui porte essentiellement
sur l'amélioration des conditions de vie et de travail des
pêcheurs.
Ce texte s'inscrit dans le contexte de l'adoption, en avril 1993, d'un
protocole à la convention de Torremolinos de 1977 établissant un
régime de sécurité applicable aux navires de pêche
d'une longueur égale ou supérieure à
24 mètres. Cette convention n'est jamais entrée en vigueur
en raison d'un nombre insuffisant de ratifications de la part des Etats
signataires qui, pour certains, contestaient l'application d'un régime
strict de sécurité aux navires d'une longueur comprise entre 24
et 45 mètres.
Le protocole de Torremolinos a donc entrepris la révision de cette
convention et a, en particulier, restreint l'application de bon nombre de
dispositions de celle-ci aux seuls navires dont la longueur est
supérieure à 45 mètres. Pour les navires d'une
longueur comprise entre 24 et 45 mètres, l'application des
prescriptions de sécurité dépendra de décisions
régionales.
La proposition de directive E 684 constituera l'un des accords
régionaux visant à instituer un régime harmonisé de
sécurité pour tous les navires de pêche d'une longueur
supérieure à 24 mètres.
Ce régime s'imposera tant aux navires communautaires qu'aux navires
battant pavillon d'un Etat tiers en exploitation dans les eaux
intérieures ou territoriales des Etats membres ou débarquant
leurs prises dans un port d'un Etat membre. La mise en place d'un régime
uniforme applicable indistinctement à tous les navires, quel que soit
leur pavillon, devrait créer des conditions équitables pour tous
les exploitants et réduire les risques de concurrence déloyale
liées à une économie réalisée par certains
armateurs sur le niveau de sécurité de leurs navires.
Toutefois, afin d'éviter d'imposer des modifications structurelles trop
coûteuses aux navires de pêche existants, la directive
prévoit que ceux-ci ne devront respecter que les seules prescriptions
essentielles de sécurité relatives aux procédures
applicables en cas d'urgence, aux exercices, aux radiocommunications et au
matériel de navigation de bord. Seuls les navires construits
après le 1
er
janvier 1998 devront donc respecter
l'ensemble des règles de sécurité fixées par la
proposition de directive et, en particulier, celles relatives à la
construction des navires.
Les Etats membres devront transcrire dans leur législation nationale les
dispositions de la directive avant le 1
er
janvier 1998.
Si cette proposition de directive ne concerne que les navires d'une longueur
supérieure à 24 mètres (qui ne représentent
que 3 % de la flotte communautaire) elle devrait, toutefois, permettre une
diminution des accidents qui surviennent en mer et améliorer ainsi la
sécurité des équipages. Son entrée en vigueur ne
devrait pas entraîner une charge financière insurmontable pour les
exploitants de navires existants, mais créer, en revanche, des
conditions équitables de concurrence entre ces derniers.
La transposition de ce texte en droit français ne devrait pas
entraîner de modifications substantielles de celui-ci. En effet, la
France fait partie des Etats qui ont ratifié la Convention de
Torremolinos et qui disposent d'une législation déjà
très exigeante en matière de sécurité à bord
des navires de pêche.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 684.
Proposition E 687
Com (96) 347 final
(Procédure écrite du 23 septembre 1996)
Cette proposition de directive a pour objet la refonte, la
mise à jour et l'adaptation de la directive de 1988 (directive
88/379/CEE) relative au rapprochement des dispositions des Etats membres
concernant la classification, l'emballage et l'étiquetage des
préparations dangereuses.
Elle tend à remplacer et consolider en un seul texte la
législation existante sur les préparations dangereuses. Elle
vise, par ailleurs, à l'adapter et l'amender pour tenir compte des
progrès techniques réalisés depuis l'adoption de cette
législation. Enfin, elle contient de nouvelles dispositions qui
répondent à diverses considérations. Il s'agit
principalement :
- d'étendre certaines dispositions de la directive aux produits
phytopharmarceutiques, aux explosifs et aux préparations qui, bien
qu'elles ne soient pas dangereuses au sens de la directive, peuvent
présenter un danger pour les utilisateurs ;
- d'introduire des dispositions relatives aux préparations dangereuses
pour l'environnement et de prévoir, en particulier, des critères
de classification pour les préparations de ce type.
Ce texte reprend donc les principes adoptés précédemment
tout en les complétant. La consolidation en un seul document de
l'ensemble de la réglementation applicable aux préparations
dangereuses devrait la rendre plus accessible et plus compréhensible. En
introduisant des dispositions sur les préparations dangereuses pour
l'environnement, elle devrait garantir un plus haut niveau de
sécurité.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 687.
Proposition E 705
Com (96) 392 final
(Procédure écrite du 31 octobre 1996)
Ce texte tend à organiser une procédure
d'information, de consultation et de coopération administrative entre
les Etats membres, afin de coordonner leurs futures initiatives
législatives dans le domaine des services relevant de la
" société de l'information ".
La mise en place d'une telle procédure est envisagée par la
Commission européenne aux motifs :
- qu'il lui semble nécessaire d'éviter que les Etats membres
n'édictent dans ce domaine des règles divergentes ayant pour
effet l'introduction de nouveaux obstacles à la libre circulation des
services et à la liberté d'établissement de leurs
prestataires ;
- qu'une harmonisation exhaustive des règles de fond est
prématurée puisque l'on assiste seulement à
l'émergence des services de la " société de
l'information ".
La Commission propose donc d'étendre aux services de la
"société de l'information " la procédure
d'information et de consultation entre Etats membres instituée par la
directive 83/189 du 28 mars 1983 dans le domaine des normes et
réglementations techniques relatives aux marchandises.
1. Les services concernés
Ferait l'objet de cette procédure, tout projet de réglementation
relatif à l'accès aux activités de services et à
leur exercice, "
lorsque ces services sont prestés à
distance par voie électronique et à la demande individuelle d'un
destinataire de services ".
Il s'agit donc de
services interactifs
tels que, par exemple, les
services professionnels en ligne (services d'avocats, de psychologues,
boursiers), les services de divertissements interactifs (services de
vidéo à la demande, visites virtuelles de musées), les
services d'informations en ligne (bibliothèque électronique,
services de météo), les journaux électroniques en ligne ou
encore les services éducatifs en ligne. Sont, en revanche, exclus du
champ d'application de cette procédure les services de radiodiffusion
télévisuelle ou sonore, le télétexte, les services
de marketing direct non électronique ou les services de
téléphonie vocale.
2. La procédure mise en place
Cette procédure tend à l'information, la consultation et la
coopération administrative entre les Etats membres.
Le mécanisme d'information
: les Etats membres devront
communiquer à la Commission tout projet de réglementation
applicable aux services relevant de la " société de
l'information " (y compris les accords volontaires auxquels les
autorités publiques sont parties, ainsi que les codes professionnels ou
de bonne conduite dont le respect confère une présomption de
conformité aux prescriptions fixées par certaines
réglementations). La Commission diffusera cette information aux autres
Etats membres afin qu'ils puissent en prendre connaissance.
Le mécanisme de consultation
: après la communication du
projet de réglementation, une période de statu quo initiale de
trois mois sera ouverte pendant laquelle :
- les Etats membres et la Commission pourront ne faire aucune observation.
L'Etat membre pourra alors adopter, à l'issue du délai de
3 mois, la réglementation projetée ;
- les Etats membres et la Commission pourront formuler des commentaires sur les
conséquences que le projet pourrait avoir sur le fonctionnement du
marché intérieur. L'Etat membre devra alors prendre en compte,
dans la mesure du possible, ces commentaires, lors de l'élaboration
définitive de sa réglementation ;
- les Etats membres et la Commission pourront émettre un avis
circonstancié au motif que le projet contrevient au droit communautaire
sur la libre circulation des services ou sur la liberté
d'établissement de leurs prestataires. Dans ce cas, la période de
statu quo totale sera portée à six mois, période pendant
laquelle la question devra être réexaminée pour
éviter une infraction au droit communautaire ;
- la Commission pourra déclarer qu'elle a ou va proposer des mesures
communautaires dans le domaine en question. La période de statu quo
total sera étendue à 12 mois, voire à 18 mois,
si le Conseil adopte, avant la fin de celle-ci, une position commune sur le
sujet. Cette période est destinée à permettre à la
Communauté d'examiner la question sans que le débat soit
faussé ou compliqué par des mesures nationales antérieures.
Il convient de noter qu'un Etat membre pourra être autorisé
à ne pas observer la période de statu quo, s'il souhaite adopter
une réglementation pour des raisons urgentes liées à la
protection de la santé publique, à la sécurité ou
à la protection de la santé et de la vie des animaux et des
plantes.
La coopération administrative entre les Etats membres
sera
assurée au moyen d'un comité composé de leurs
représentants. Ce comité se réunira six fois par an ; il
supervisera le déroulement de la procédure et examinera les
questions politiques que les notifications de projets de réglementation
soulèveront.
Cette procédure, qui est appliquée depuis plus de 10 ans dans le
domaine des normes et réglementations techniques relatives aux
marchandises, s'est avérée efficace. Elle est
présentée par la Commission comme le mécanisme de
transparence réglementaire le plus achevé que la
Communauté connaisse.
Le Gouvernement émet cependant des réserves d'ordre technique sur
l'extension de cette procédure aux services relevant de la
" société de l'information ". Il considère que
certains de ces aspects sont mal adaptés aux spécificités
de ce type de services.
Cette controverse est de nature technique. Sur l'orientation
générale du texte, on peut constater que la procédure
suggérée par la Commission respecte pleinement le principe de
subsidiarité.
Dans ces conditions, la délégation a décidé de
ne pas intervenir sur la proposition E 705.
6. Fiscalité
Proposition E 670
Com (96) 299 final
(Procédure écrite du 11 septembre 1996)
Ce texte vise à autoriser la France à accorder
une exonération des droits d'accises au gaz de pétrole
liquifié et au gaz naturel utilisés comme carburants pour les
transports publics. Il répond à une demande de la France,
fondée sur l'article 8 paragraphe 4 de la directive de 1992
concernant l'harmonisation des structures des droits d'accises sur les huiles
minérales, en vertu duquel le Conseil peut autoriser un Etat membre
à introduire des exemptions ou des réductions d'accise pour des
raisons liées à certaines politiques spécifiques.
La France a demandé cette modification afin de pouvoir appliquer les
dispositions de la loi sur l'air et l'utilisation rationelle de
l'énergie, discutée en première lecture au Parlement en
juin dernier, qui prévoient que les exploitants de réseaux de
transport public en commun de voyageurs et les taxis ont droit, dans la limite
d'un volume annuel, au remboursement de la taxe intérieure sur le gaz
naturel et le gaz de pétrole liquéfié.
La proposition de décision E 670 propose d'autoriser la France
à procéder à cette exonération, dans la limite d'un
contingent annuel, du 1
er
janvier 1997 au
31 décembre 1998. La Commission réexaminera, au plus tard le
31 décembre 1998, cette exonération afin de décider
s'il convient de la supprimer ou de la modifier.
Ce texte, qui répond à la demande du Gouvernement
français, permettra la mise en oeuvre des dispositions du projet de loi
sur l'air et
l'utilisation rationelle de l'énergie.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 670.
Proposition E 675
Com (96) 298 final
(Procédure écrite du 11 septembre 1996)
Ce texte vise à autoriser la Suède à
élargir l'application d'un taux réduit appliqué aux huiles
minérales utilisées à des fins industrielles qui a
été autorisé lors de son adhésion à l'Union
européenne.
La Suède souhaite, en effet, continuer d'appliquer un taux réduit
d'accise sur les huiles minérales en utilisant à la fois un taux
inférieur au niveau général et en introduisant un taux
réduit pour les entreprises ayant une très forte consommation
d'énergie (celles pour lesquelles la taxe CO2 est supérieure
à 0,8 % du chiffre d'affaires).
Cette demande est fondée sur l'article 8 paragraphe 4 de la
directive de 1992 concernant l'harmonisation des structures des droits
d'accises sur les huiles minérales, en vertu duquel le Conseil peut
autoriser un Etat membre à introduire des exemptions ou des
réductions d'accise pour des raisons liées à certaines
politiques spécifiques.
La proposition de décision E 675 prévoit d'autoriser la
Suède à procéder à cette réduction jusqu'au
31 décembre 1998. La Commission réexaminera
ultérieurement cette réduction afin de décider s'il
convient de la supprimer ou de la modifier.
Cette mesure, motivée par des considérations de politique
industrielle, n'aura manifestement d'incidence que sur la seule
fiscalité suédoise.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 675.
Proposition E 686
Com (96) 326 final
(Procédure écrite du 23 septembre 1996)
Ce texte vise à modifier certaines dispositions
applicables au régime du transit communautaire externe, en raison d'un
problème persistant d'opérations frauduleuses
réalisées dans le cadre de celui-ci.
Le titulaire de ce régime est tenu de fournir une garantie en vue
d'assurer le paiement de la dette douanière et des autres impositions
susceptibles de naître à l'égard des marchandises
auxquelles s'applique ce régime. Le montant de cette garantie est
fixé à au moins 30 % des droits et impositions exigibles,
calculés sur la base d'une évaluation des envois de marchandises
effectués par l'opérateur sur une période d'une semaine.
Dans la pratique, il s'est avéré que le montant de cette garantie
était insuffisant pour recouvrer l'intégralité des droits
et taxes en jeu, lorsque des opérations frauduleuses étaient
réalisées.
La proposition E 686 prévoit donc de relever le montant de cette
garantie de 30 % à 100 % des droits et autres impositions
exigibles sur l'ensemble des opérations engagées par
l'opérateur concerné pendant une semaine.
S'il est vrai que le système actuel des garanties n'est pas
satisfaisant, le relèvement à 100 % de celles-ci fera porter
la responsabilité des opérations de transit communautaire sur le
seul opérateur qui ne maîtrise pas toujours l'ensemble de la
chaîne de transport jusqu'à la destination finale des
marchandises. Certains opérateurs pourraient ainsi être
asphyxiés par une telle mesure. Par ailleurs, on peut se demander si
l'intervention systématique de la garantie n'aboutit pas à
favoriser la fraude, les douaniers y ayant recours plutôt que de
poursuivre les fraudeurs.
Les propositions de la Commission ont rencontré une vive opposition lors
de leur présentation au comité des douanes, les 16 et 17 avril
dernier, et n'ont alors pas réuni une majorité qualifiée
de voix en leur faveur.
Le Gouvernement paraît aujourd'hui déterminé à
obtenir un relèvement plus limité du seuil de la garantie. Par
ailleurs, il souhaite que cette action soit accompagnée de mesures
complémentaires destinées à sécuriser les
régimes de transit et il a fait des propositions concrètes en ce
sens à la Commission européenne.
Dans ces conditions, la délégation a décidé de
ne pas intervenir sur la proposition E 686.
Proposition E 706
Com (96) 400 final
(Procédure écrite du 31 octobre 1996)
A la suite du dernier élargissement de l'Union
européenne, des ressortissants autrichiens, finlandais et suédois
ont été intégrés au corps des fonctionnaires et
agents des Communautés européennes, et en particulier, à
celui des fonctionnaires du Parlement européen et des agents temporaires
auprès des groupes politiques. Pour permettre leur accès à
ces corps, le Parlement européen a eu recours à des mesures
particulières de cessation définitive, par anticipation, des
fonctions de certains de ses fonctionnaires et agents.
La proposition E 706 concerne le régime fiscal applicable aux
indemnités versées aux fonctionnaires et agents ayant
cessé leur activité à cette occasion. Elle prévoit
d'exonérer ces indemnités de l'impôt national sur le revenu
et de les assujettir à l'impôt établi au profit des
Communautés européennes. Il s'agit d'une extension à ces
indemnités du statut applicable aux traitements, salaires et
émoluments versés aux fonctionnaires et agents des
Communautés.
Ce texte ne concerne que des mesures relevant de l'autonomie de gestion du
Parlement européen.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 706.
Proposition E 714
Com (96) 469 final
(Réunion de la délégation du 23 octobre 1996)
Présentation du texte par M. Jacques
Genton :
Cette proposition tend, d'une part, à autoriser la France à
réduire le taux d'accise sur le fuel lourd à faible teneur en
soufre et, d'autre part, à permettre à la Grèce
d'appliquer à l'essence sans plomb des taux d'accises
différenciés correspondant à différentes
catégories environnementales.
Ces mesures, motivées par des préoccupations d'ordre
environnemental, n'auront manifestement d'incidence que sur la fiscalité
respective de la France et de la Grèce.
Le Gouvernement m'a informé qu'il serait souhaitable que ce texte puisse
être adopté par le Conseil les 28 et 29 octobre prochain.
Dans la mesure où la proposition E 714, de portée très
réduite, tend à faire droit à une demande
française, il me paraît possible que le Gouvernement permette son
adoption sans que le délai d'un mois après sa transmission au
Parlement soit écoulé.
La délégation a alors décidé de ne pas
intervenir sur la proposition d'acte communautaire E 714.
7. Budget des Communautés
Proposition E 698
Com (96) 351 final
(Procédure écrite du 16 octobre 1996)
Ce texte vise à modifier le règlement financier
du 21 décembre 1977 applicable au budget général des
Communautés européennes, qui fixe les procédures et
nomenclatures budgétaires.
Il s'agit de la septième révision du règlement financier
qui fait suite à une réflexion d'ensemble menée en vue
d'améliorer la gestion financière au sein des institutions des
Communautés.
Ce texte propose d'apporter au règlement financier des modifications
d'ordre technique. Les principales d'entre elles sont les suivantes :
- un renforcement du contrôle des engagements en cours, afin de limiter
les retards importants pris parfois à l'occasion de la gestion de
ceux-ci ;
- un meilleur contrôle des subdélégations de signatures
afin d'éviter que des agents des Communautés signent des
propositions d'engagement ou des ordres de paiement alors qu'il n'y
étaient pas autorisés. A cet effet, il est prévu que la
responsabilité disciplinaire et éventuellement pécuniaire
de ces agents puisse être engagée ;
- l'introduction de dispositions visant à garantir une gestion
rigoureuse et transparente des programmes communautaires sous-traités
par la Commission européenne ;
- un renforcement de la discipline dans le domaine des inventaires, en
définissant les tâches respectives de l'ordonnateur et du
comptable ;
- la prise en compte des nécessités liées aux
systèmes informatiques de gestion financière ;
- une amélioration du système comptable ;
- l'introduction de dispositions tendant à prendre en compte de
façon adéquate les ressources propres traditionnelles qui
présentent des caractéristiques spécifiques par rapport
aux autres créances des Communautés ;
- une adaptation, dans le cadre des aides extérieures, des règles
applicables à la passation des marchés afin de les mettre en
conformité avec les exigences de transparence, de publicité et de
respect du jeu de la concurrence imposées par l'accord du GATT et les
directives du Conseil portant coordination des procédures de passation
des marchés publics.
Favorable à l'objectif d'amélioration de la gestion
financière au sein des institutions communautaires, qui préside
à l'élaboration de ce texte, la délégation a
décidé de ne pas intervenir sur la proposition E 698.
Proposition E 711
Sec (96) 1356 final
(Procédure écrite du 31 octobre 1996)
Ce texte tend à modifier le règlement
d'exécution du règlement financier applicable au budget
général des Communautés européennes, qui fixe les
procédures et nomenclatures budgétaires.
Parmi les modifications que la Commission envisage d'apporter à ce
règlement d'exécution, deux catégories peuvent être
distinguées.
Modifications découlant des révisions antérieures du
règlement financie
r
Le règlement financier a été révisé à
six reprises. La proposition E 711 vise à modifier le
règlement d'exécution afin de tirer les conséquences de
ces révisions. Les dispositions concernées sont celles relatives
au recouvrement des créances et aux marchés. Ces mesures, de
portée réduite, ne devraient pas soulever de difficultés
puisqu'elles ne font que traduire des modifications apportées
antérieurement au règlement financier.
Modifications liées au projet de septième révision du
règlement financier
La Commission a présenté récemment un nouveau projet de
révision (le septième) du règlement financier. Ce projet
s'inscrit dans le cadre de la deuxième phase du programme " SEM
2000 " dont l'objet est l'amélioration de la gestion
financière de la Commission. Ce projet tend à apporter au
règlement financier un certain nombre de modifications d'ordre
technique, de portée assez réduite au demeurant. Il a
été récemment examiné par la
délégation qui a décidé de ne pas intervenir
à son sujet (proposition E 698).
La proposition E 711 tend à transcrire, dans le règlement
d'exécution, les modifications qui résulteraient de l'adoption du
projet de septième révision du règlement financier.
L'adoption de ce texte est, par conséquent, subordonnée à
celle du septième train de modifications. Les modifications paraissent,
en première analyse, assez minimes et elles devraient participer
à l'amélioration de la gestion financière de la Commission.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 711.
Proposition E 712
Sec (96) 1677 final
(Examen en urgence du 14 octobre 1996)
La proposition E 712 consiste en un projet de lettre
rectificative numéro 1 à l'avant-projet de budget pour 1997.
Les modifications apportées par celle-ci au projet de budget
général des Communautés européennes pour l'exercice
1997 visent simplement à transcrire budgétairement certaines
décisions prises par le Conseil. Ces modifications concernent en
particulier la répartition des crédits du FEOGA-Garantie et les
mesures arrêtées à l'occasion de la crise de l'ESB.
Le Gouvernement ayant fait savoir, par lettre du 11 octobre 1996, qu'il
souhaitait que la délégation se prononce en urgence sur ce texte,
le Président de la délégation a lui-même
procédé à son examen, conformément à la
procédure prévue dans de tel cas.
Constatant qu'il s'agissait uniquement de la traduction financière de
décisions adoptées par le Conseil, le Président de la
délégation a informé le Gouvernement que ce texte pourrait
être adopté sans que le délai d'un mois après sa
transmission au Parlement soit écoulé.
8. Politique sociale
Proposition E 710
Com (96) 452 final
(Procédure écrite du 31 octobre 1996)
Ce texte concerne les régimes de sécurité
sociale applicables aux travailleurs salariés, aux travailleurs non
salariés et aux membres de leur famille qui se déplacent à
l'intérieur de la Communauté. Il tend à apporter à
ces régimes des modifications tant de fond que de forme, ainsi
qu'à les adapter pour tenir compte de certains changements intervenus
dans les législations nationales.
Seules les modifications de fond semblent devoir retenir l'attention de la
délégation. Les principales d'entre elles sont les suivantes :
Régime applicable aux étudiants
Les étudiants peuvent, actuellement, bénéficier, en cas de
séjour temporaire sur le territoire d'un Etat membre autre que l'Etat de
leur résidence, de prestations en nature pour des soins
d'immédiate nécessité
. La condition
d'immédiate nécessité est justifiée par le souci de
lutter contre le " tourisme sanitaire " dont le seul but
est de
bénéficier de soins appropriés à son état
sans être soumis à autorisation préalable pour leur prise
en charge.
La modification envisagée tend à supprimer la condition
d'immédiate nécessité lorsqu'il est établi que le
séjour temporaire de l'étudiant dans un autre Etat membre a pour
but la poursuite de ses études ou d'une formation professionnelle. Cette
modification vise à aligner le régime des étudiants sur
celui des travailleurs qui profitent déjà de cette
dérogation lorsque leur déplacement a un but professionnel
avéré.
Elle bénéficiera aux étudiants français faisant une
partie de leurs études dans un autre Etat membre et paraît donc
devoir être approuvée.
En revanche, la demande formulée par les Pays-Bas de déroger
à cette mesure de façon unilatérale n'est pas acceptable
puisqu'elle
entraînerait une perte nette systématique pour
le régime de sécurité sociale des autres Etats membres.
Plusieurs délégations, et en particulier la
délégation française, ont manifesté leur opposition
à la demande des Pays-Bas lors de l'examen de la proposition E 710 par
le groupe " questions sociales " du Conseil. Les Pays-Bas
ont donc
été invités par la Présidence et la Commission
à renoncer à leur demande.
Mise en place d'un réseau télématique entre
institutions de sécurité sociale
Il est envisagé de créer un ensemble de services
télématiques dénommé TESS
(Télématique au service de la sécurité sociale),
permettant aux institutions de sécurité sociale d'échanger
entre elles les données informatisées nécessaires à
l'application des régimes de sécurité sociale des
travailleurs se déplaçant à l'intérieur de la
Communauté.
La proposition de règlement E 710 tend donc à introduire ou
modifier certaines dispositions afin de doter ce réseau
télématique d'une base juridique et d'en fixer les règles
et caractéristiques.
Ces dispositions tiennent compte, en particulier, des impératifs
liés à la protection des données à caractère
personnel. Elles ne semblent pas soulever de difficultés et devraient
améliorer la qualité des échanges d'information entre les
institutions de sécurité sociale des Etats membres.
Dispositions relatives au remboursement de certaines prestations
Il est prévu d'étendre à certaines prestations le
régime en vertu duquel l'Etat de séjour est remboursé, sur
dépenses réelles, par l'Etat d'affiliation ou de résidence
de l'assuré, des prestations en nature qu'il a servi à ce dernier.
Ces dispositions d'ordre financier paraissent devoir être
approuvées.
Dans ces conditions, la délégation a décidé de
ne pas intervenir sur la proposition E 710.
9. Propriété intellectuelle
Propositions E 692 et E 700
Com (96) 367 final et Com (96) 372 final
(Procédure écrite du 16 octobre 1996)
La proposition E 692
a pour objet
l'adhésion de la Communauté européenne au protocole
relatif à l'arrangement de Madrid concernant l'enregistrement
international des marques.
L'adhésion de la Communauté à ce protocole vise à
étendre la protection juridique conférée par le
système de la marque communautaire en établissant un lien entre
ce système et celui de l'enregistrement international des marques de
l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).
Le système de la marque communautaire confère une protection
uniforme qui produit ses effets sur tout le territoire de l'Union, moyennant le
dépôt d'une demande unique d'enregistrement de marque
communautaire. Cette demande peut être effectuée auprès de
l'Office de l'harmonisation dans le marché intérieur basé
à Alicante.
Le protocole de Madrid, adopté le 27 juin 1989 et qui produit ses effets
depuis le 1
er
avril 1996, complète l'arrangement de Madrid
concernant l'enregistrement international des marques auprès de l'OMPI.
Cet enregistrement permet de protéger une marque, au moyen d'une
procédure unique, sur le territoire de tout Etat qui est partie
contractante à l'arrangement de Madrid et qui a été
désigné sur la demande d'enregistrement international.
Le protocole modifie quelque peu le système mis en place par
l'arrangement de Madrid. En particulier, il autorise les organisations
intergouvernementales qui possèdent leur propre système
régional d'enregistrement des marques à participer au
système d'enregistrement international.
La Commission européenne propose, conformément à la
faculté offerte par le protocole, l'adhésion de la
Communauté à celui-ci. Cette adhésion permettrait aux
demandeurs et titulaires de marques communautaires de demander la protection
internationale de leurs marques moyennant le dépôt d'une demande
internationale en vertu du protocole de Madrid. Réciproquement, les
titulaires d'enregistrements internationaux pourraient demander, en vertu du
protocole de Madrid, la protection de leurs marques en tant que marques
communautaires.
L'adhésion de la Communauté au protocole de Madrid devrait donc
renforcer l'attrait du système de la marque communautaire aux yeux des
demandeurs ou titulaires de marques. Elle devrait mettre à la
disposition de ceux-ci des procédures de dépôt et
d'enregistrement plus souples et économiques.
Si, à ce jour, seuls neuf Etats sont parties contractantes au protocole
de Madrid (Chine, Cuba, Danemark, Finlande, Allemagne, Norvège, Espagne,
Suède et Royaume-Uni), beaucoup d'autres devraient rapidement suivre
leur exemple. En effet, tous les pays participant à l'Espace
économique européen se sont engagés à
adhérer au protocole. De plus, les accords conclus par la
Communauté et ses Etats membres avec les pays d'Europe centrale et
orientale, avec certaines républiques de l'ex-URSS et avec d'autres pays
tiers, prévoient que les pays concernés ratifieront ou
adhéreront au protocole.
L'adhésion de la Communauté à celui-ci nécessitera
de procéder à quelques aménagements du règlement
sur la marque communautaire. C'est l'objet de la
proposition E 700
qui vise à donner effet à l'adhésion de la
Communauté au protocole de Madrid. Pour ce faire, elle tend à
modifier le règlement sur la marque communautaire de façon
à ce que les marques communautaires et les enregistrements
internationaux désignant la Communauté bénéficient
des mêmes dispositions en matière notamment de protection, d'usage
et de nullité. Elle réunit sous un seul et nouveau titre toutes
les dispositions relatives à l'enregistrement international des marques.
Ce texte qui vise à tirer les conséquences de l'adhésion
de la Communauté au protocole de Madrid ne paraît pas soulever de
difficultés.
Compte tenu des éléments exposés ci-dessus, la
délégation a décidé de ne pas intervenir sur les
propositions E 692 et E 700.
10. Environnement
Proposition E 682
Com (96) 341 final
(Procédure écrite du 11 septembre 1996)
La proposition E 682 vise à proroger deux
règlements communautaires relatifs à la protection des
forêts contre, d'une part, la pollution atmosphérique et, d'autre
part, les incendies.
Protection des forêts contre la pollution atmosphérique
La Commission propose de reconduire jusqu'en 2001 l'action communautaire
entreprise dans ce domaine en 1987 pour une période initiale de
5 ans et prolongée en 1992 pour une nouvelle période
quinquennale.
Cette action a été engagée en vue de protéger les
forêts contre la pollution atmosphérique et, par là, de
contribuer notamment à sauvegarder le potentiel productif du secteur
agricole. Elle s'est traduite par le financement de plus de 450 projets
ayant pour objet la mise en place d'un réseau de surveillance des
écosystèmes forestiers visant à comprendre les causes des
altérations qu'ils subissent. L'aide financière apportée
par la Communauté s'est élevée entre 1987 et 1996 à
42 millions d'écus.
La proposition E 682 tend à prolonger cette action afin de
permettre l'achèvement de ce réseau de surveillance en
particulier dans les nouveaux Etats membres, de poursuivre les observations
commencées dans le cadre de celui-ci et d'évaluer les
résultats obtenus en vue de tirer les conclusions nécessaires
pour la protection et la gestion future des forêts.
N'ayant démarré qu'en 1996, les travaux de traitement et
d'évaluation des données recueillies justifieront l'engagement de
nouvelles dépenses. Par ailleurs, l'élargissement de l'Union
à l'Autriche, la Finlande et la Suède a entraîné un
doublement de sa superficie forestière. C'est pourquoi la proposition
E 682 prévoit d'affecter à cette action, pour la
période 1997-2001, une contribution communautaire de 40 millions
d'écus, soit 8 millions d'écus par an.
Ce programme est généralement considéré comme un
bon outil pour financer des projets d'envergure. Le budget envisagé de
8 millions d'écus par an pour les 15 Etats membres
paraît raisonnable et en rapport avec les 6 à 7 millions
d'écus consacrés au cours des dernières années
à l'Europe des douze dans le cadre de ce programme.
La seule réserve pouvant être formulée sur cette
proposition de règlement concerne son champ d'application. Il aurait, en
effet, été souhaitable de l'étendre à tous les
autres facteurs susceptibles de déstabiliser l'équilibre de la
forêt tel que, par exemple, le changement climatique. Cette extension du
champ d'application n'a pas été retenue par la Commission pour
des motifs, semble-t-il, d'ordre financier.
Protection des forêts contre les incendies
L'action communautaire entreprise dans ce domaine en 1992 vient à
échéance le 31 décembre prochain.
Cette action a pour objectif d'aider les Etats membres à
améliorer la protection de leurs forêts contre les incendies, de
développer une coopération entre les Etats en la matière
et de créer un système communautaire d'information sur les
incendies de forêts pour mieux évaluer les mesures de protection
contre les feux. Elle a été menée en étroite
collaboration avec le Comité permanent forestier. Les projets
financés par la Communauté dans ce cadre ont principalement
porté sur les infrastructures de prévention et sur les
opérations de surveillance. Le financement communautaire s'est
élevé à 63 millions d'écus et la France en a
bénéficié à hauteur de 11,5 millions
d'écus.
L'efficacité des actions de protection des forêts paraît
s'être améliorée. Les superficies brûlées
semblent baisser et la taille moyenne de chaque feu diminue, de même que
leur durée et les délais d'intervention pour lutter contre eux.
Toutefois, le nombre d'incendies annuels a, pour sa part, tendance à
augmenter.
Dans ce contexte, la proposition E 682 envisage la reconduction de cette
action communautaire pour une nouvelle période de cinq ans allant de
1997 à 2001. Le financement communautaire s'élèverait,
pour l'ensemble de cette période, à 70 millions
d'écus (soit une hausse de 11 % par rapport à la
période initiale).
Ce programme a renforcé l'efficacité des actions de
prévention et de lutte contre les incendies et a permis une
collaboration entre les Etats membres, en partenariat avec les
collectivités territoriales. Les bons résultats obtenus ces
dernières années dans le domaine de la protection des
forêts contre les incendies sont attribuables pour partie à ce
programme communautaire et, pour partie, aux conditions atmosphériques.
Sa reconduction paraît donc souhaitable.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 682.
11. Energie
Proposition E 690
Com (96) 320 final
(Procédure écrite du 23 septembre 1996)
La proposition E 690 a pour objet de réviser la
législation communautaire en matière d'énergie. Elle
s'inscrit dans le cadre d'un rapport de la Commission européenne visant
à simplifier et à améliorer l'efficacité de la
législation applicable à ce secteur, qui préconise
l'abrogation de certains textes devenus obsolètes, la simplification ou
la mise à jour de certains autres, ou encore un rapport justificatif de
la Commission.
Son objet est d'abroger l'ensemble des textes considérés par ce
rapport comme désormais inutiles. Ces textes concernent tant la
législation pétrolière, que la législation en
matière de gaz naturel, d'électricité et
d'efficacité énergétique.
Cette proposition, dont l'objectif de simplification et de mise à jour
ne peut être qu'approuvé, ne paraît pas soulever de
difficulté.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 690.
ANNEXE N° 1 : DECLARATION DE DUBLIN
1. Au sein de l'Union européenne, les Parlements
nationaux ont leur propre rôle à jouer pour renforcer la
démocratie et pour améliorer l'efficacité de l'Union. Par
son travail, la COSAC donnera une priorité importante à la
poursuite de ces buts.
La COSAC peut assister les Parlements nationaux individuels en mettant à
leur disposition l'expérience et les informations des autres Parlements.
2. La COSAC pense que pour intensifier le travail utile de la
coopération parlementaire, l'organisme devrait être
renforcé et ses réunions devraient être organisées
de façon à optimiser ses potentialités. Un nombre de
Parlements nationaux sont en train de considérer l'envoi de
représentants officiels à Bruxelles qui pourraient,
éventuellement, se réunir pour offrir un service d'appoint
à la COSAC.
3. Il convient d'améliorer le flux des informations des institutions de
l'Union aux Parlements nationaux et de donner aux Parlements nationaux un
contrôle sur les décisions de leurs Gouvernements respectifs dans
la manière précisée dans les dispositions
constitutionelles des Etats membres. A cette fin, la COSAC estime que la
Déclaration 13 devrait être renforcée par la
Conférence intergouvernementale, par son inclusion dans le
Traité, afin de garantir que les Gouvernements poursuivent jusqu'au bout
leurs engagements au titre de la Déclaration et que les Parlements
nationaux disposent d'une période d'au moins quatre semaines pour
examiner toutes les propositions se rapportant au processus législatif.
4. Il existe un désir d'améliorer le fonctionnement de la COSAC
et il y a plusieurs moyens pour y parvenir, notamment :
- fixer les dates de la COSAC à la conclusion de la COSAC
précédente,
- donner la possibilité à chaque délégation
d'inscrire des questions à l'ordre du jour de la COSAC, dans la limite
du raisonnable,
- autoriser chaque délégation à distribuer, avant la
COSAC, des documents et des propositions se rapportant à l'ordre du jour,
- convoquer une réunion au niveau des fonctionnaires pour passer en
revue la COSAC,
- donner à chaque délégation et à chaque
délégué la possibilité de prendre la parole sur un
point particulier ; un délai, disons de cinq minutes, devrait être
imposé aux conférenciers qui prennent la parole, et
- faire le nécessaire pour que les délégués aient
le temps d'avoir des discussions et des relations informelles lors des
réunions de la COSAC.
5. La COSAC pourrait se consacrer à certaines questions
spécifiques, notamment, la subsidiarité, les points des
2
e
et 3
e
piliers et un projet de charte sur les droits
fondamentaux des citoyens, en vue d'arriver à des idées sur la
façon de faire progresser ces points. Toutefois, les conclusions
éventuelles seraient transmises sous forme de suggestions et ne
chercheraient pas à lier les délégations ou les
délégués. Les communiqués là-dessus seront
envoyés par le Président de la COSAC aux Institutions de l'Union
européenne et aux Gouvernements des Etats membres.
ANNEXE N° 2 : CONCLUSIONS ADOPTEES PAR LA DELEGATION LE 23 OCTOBRE 1996
La délégation du Sénat pour l'Union
européenne,
Considérant qu'une pleine application de l'article 3 B du
Traité, loin de compromettre la construction européenne,
renforcerait sa légitimité,
Considérant que le fonctionnement actuel des institutions de l'Union ne
garantit pas suffisamment la mise en oeuvre de l'article 3 B,
Invite le Gouvernement, dans le cadre de Conférence
intergouvernementale :
- à s'opposer à l'inscription dans le Traité des
dispositions de la déclaration d'Edimbourg de 1992 et de l'accord
institutionnel de 1993 sur la subsidiarité, ces textes n'assurant pas la
possibilité d'un contrôle effectif du respect de
l'article 3 B ;
- à soutenir le projet de protocole relatif à l'application du
principe de subsidiarité, présenté le 30 août
1996 par la République fédérale d'Allemagne ;
- à maintenir fermement la proposition française d'assurer une
expression collective des Parlements nationaux sur la subsidiarité dans
le cadre d'une " COSAC renforcée " à caractère
consultatif.