C. UNE INTERVENTION DE L'ETAT APPELÉE À SE RÉDUIRE
Comme dans d'autres secteurs de l'économie, le
Gouvernement a notamment recherché un désengagement de l'Etat en
décidant la réforme de l'organisation des chemins de fer.
La plupart des sociétés issues de British Rail ont
été ou seront privatisées et sont donc appelées
à devenir profitables. Néanmoins, l'existence du service public
impose le maintien de services déficitaires. Le Gouvernement accorde
donc des subventions aux compagnies d'exploitation des services de transport de
voyageurs. Toutefois, ces subventions sont appelées à se
réduire progressivement pendant la durée des franchises,
certaines d'entre elles devant même disparaître après une
période de sept ans.
Les entreprises doivent donc être à même
d'améliorer leur profitabilité pendant la durée des
franchises. Le cahier des charges qu'elles doivent respecter étant
précis et imposant le maintien d'un niveau de service satisfaisant,
l'amélioration des résultats doit être recherchée
par un accroissement du volume de personnes transportées et par une
gestion plus efficace de l'entreprise.
A titre d'exemple, le tableau suivant retrace l'évolution prévue
des subventions versées aux entreprises qui ont obtenu les
premières franchises.
ÉVOLUTION PRÉVUE DES SUBVENTIONS PUBLIQUES AUX COMPAGNIES D'EXPLOITATION
|
|
|
SUBVENTIONS
VERSÉES
|
||
RÉSEAU CONCERNÉ
|
ENTREPRISE TITULAIRE DE LA FRANCHISE |
DURÉE DE LA FRANCHISE |
1 ère ANNÉE |
7 e ANNÉE |
MOYENNE ANNUELLE
|
South West Trains |
Stagecoach Holdings plc |
7 |
54,7 |
40,3 |
49 |
Great Western |
Great Western Holdings Limited |
10 |
53,2 |
35,2 |
43,3 |
LTS Rail |
Prism Rail PLC |
15 |
29,5 |
18,6 |
23,2 |
East Coast |
Great Northern Railway Company Limited |
7 |
64,6 |
0 |
23,7 |
Gatwick Express |
National Express Group plc |
15 |
(4,6)* |
(11,7)* |
(8,8)* |
Midland Main Line |
National Express Group plc |
10 |
16,5 |
(4,4)* |
2,1 |
Network SouthCentral |
Connex Rail |
7 |
85,3 |
34,6 |
51,4 |
* Certaines lignes étaient bénéficiaires
dès l'attribution de la franchise, d'autres sont appelées
à le devenir rapidement. Dans ces cas, c'est l'exploitant à qui
est accordée la franchise qui verse une somme à l'Etat.
La réforme doit donc permettre à l'Etat de réaliser de
substantielles économies. Pour l'heure, comme je l'avais noté
dans mon précédent rapport sur l'évolution du transport
ferroviaire en Europe (1(
*
)), les
appréciations sur les conséquences de la réforme pour les
finances de l'Etat sont assez contrastées. En 1995, la commission des
transports (select committee) de la Chambre des Communes a estimé que,
dans un premier temps, la réforme coûterait davantage à
l'Etat que le maintien de l'ancien système, compte tenu de la
nécessité d'assurer une profitabilité aux nouvelles
entreprises intervenant sur le marché, mais que cette situation
s'inverserait ensuite. Le parti travailliste estime pour sa part que la
réforme en elle-même a coûté plus de 1,5 milliard de
Livres aux contribuables (compte tenu de la reprise d'une part importante de la
dette de Railtrack) et que le système actuel coûte beaucoup plus
cher à l'Etat que le précédent.
Il conviendra donc de
suivre l'évolution du système afin de vérifier si la
décroissance des subventions s'opère dans les délais
prévus sans que l'équilibre financier des exploitants soit
menacé.
En ce qui concerne le transport ferroviaire de fret, le développement de
ce dernier fait explicitement partie des objectifs de la loi de 1993. Aussi le
Gouvernement continue-t-il à accorder des subventions aux transporteurs
qui recourent au rail plutôt qu'à la route.
L'une des principales interrogations que suscite ce nouveau système est
celle des investissements futurs. En principe, l'Etat n'accorde de subventions
qu'aux exploitants des services de transport qui versent ensuite un
péage à Railtrack pour l'accès aux infrastructures. Le
Gouvernement britannique est très attaché à la
réalisation des investissements futurs par le secteur privé,
notamment pour éviter que soient réalisés des
investissements dont la rentabilité serait aléatoire. Dans ce
contexte, on peut se demander si ce manque d'impulsion publique
n'empêchera pas la réalisation d'investissements pourtant
nécessaires.
Ainsi, le parti travailliste a estimé que le retard pris dans la
réalisation du lien rapide entre Londres et le tunnel sous la Manche
était le fruit de ce nouveau système dans lequel est
privilégié l'investissement privé. La concession de cette
ligne a été accordée en mars dernier au consortium London
and Continental, qui comprend le groupe Virgin et la compagnie d'autocars
National Express. La réalisation de cette ligne devrait coûter 3
milliards de Livres environ. L'Etat accordera une subvention de 1,7 milliard de
Livres. La ligne devrait être achevée en 2003.
En tout état de cause, l'Etat reste libre de participer à des
investissements qui ne pourraient être réalisés par les
seules entreprises privées. En outre, Railtrack semble également
souhaiter mettre en oeuvre des partenariats avec les collectivités
locales pour la réalisation de certains investissements.
Là encore, l'image d'un Etat qui se désintéresserait
totalement du transport ferroviaire doit être nuancée.
Le
Gouvernement britannique est convaincu que cette réforme permettra des
économies importantes, mais n'entend pas renoncer pour autant à
la conduite d'une politique des transports.