Rapport N° 266: Activités de la Délégation du Sénat pour l'Union européenne
M. Jacques GENTON, Sénateur
Délégation du Sénat pour l'Union européenne - Rapport d'information n° 266-1996/1997
Table des matières
- INTRODUCTION
- SOMMAIRE DETAILLE DES PROPOSITIONS D'ACTES COMMUNAUTAIRES EXAMINEES
N° 266
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1996-1997
Annexe au procès verbal de la séance du 19 mars 1997.
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la délégation du Sénat pour l'Union
européenne (1),
sur
les
activités de la délégation
: suivi de la
Conférence intergouvernementale, questions économiques et
financières, examen des propositions d'actes communautaires
(janvier-février 1997)
Par M. Jacques GENTON,
Sénateur.
(1) Cette délégation est composée de
: MM. Jacques Genton,
président
; James Bordas, Michel
Caldaguès, Claude Estier, Pierre Fauchon,
vice-Présidents
; Nicolas About, Jacques Habert, Emmanuel Hamel, Paul Loridant,
secrétaires
; MM. Robert Badinter, Denis Badré,
Gérard Delfau, Mme Michelle Demessine, M. Charles Descours,
Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Ambroise Dupont, Jean-Paul Emorine,
Philippe François, Jean François-Poncet, Yann Gaillard, Pierre
Lagourgue, Christian de La Malène, Lucien Lanier, Paul Masson,
Daniel Millaud, Georges Othily, Jacques Oudin, Mme Danièle
Pourtaud, MM. Alain Richard, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Jacques Rocca
Serra, André Rouvière, René Trégouët, Marcel
Vidal, Robert-Paul Vigouroux, Xavier de Villepin.
Union européenne - Conférence intergouvernementale CE - TVA - ECU - Contrôle parlementaire - Rapports d'information.
INTRODUCTION
Au cours des mois de janvier et février 1997, la
délégation du Sénat pour l'Union européenne a
continué à suivre les travaux de la Conférence
intergouvernementale.
Elle a également abordé des questions économiques et
financières : marché intérieur du gaz naturel,
passage au régime " définitif " de la TVA, mise en
place de l'euro.
Enfin, elle a poursuivi son examen systématique des propositions d'actes
communautaires soumises au Sénat en application de l'article 88-4 de la
Constitution.
I. LA PREPARATION DE LA CONFERENCE INTERGOUVERNEMENTALE
A. PREMIERE AUDITION DE M. MICHEL BARNIER
Le mercredi 29 janvier 1997, la délégation a
entendu M. Michel Barnier, ministre délégué
chargé des affaires européennes, sur les travaux de la
Conférence intergouvernementale, en commun avec la
délégation de l'Assemblée nationale.
M. Robert Pandraud, président,
remercie le ministre pour la
disponibilité dont il fait preuve à l'égard de la
représentation nationale et souhaite que, préalablement à
son exposé sur l'évolution des négociations dans le cadre
de la Conférence intergouvernementale, il puisse éclairer les
délégations sur la valeur juridique du " concept commun
franco-allemand en matière de sécurité et de
défense ", porté le 28 janvier à la connaissance
des membres de l'Assemblée.
M. Michel Barnier
indique que le Gouvernement apportera, sur ce
document qui constitue une déclaration commune de la France et de
l'Allemagne sur leurs convergences en matière de défense, tous
les éclaircissements souhaités, à l'occasion d'une
communication à l'Assemblée nationale inscrite à l'ordre
du jour ce mercredi 29 janvier.
Le ministre aborde ensuite l'état des travaux de la CIG, qui en sont
à leur avant-dernière phase, la dernière phase, qui se
situera en mai-juin 1997, soit après les élections au
Royaume-Uni, devant être celle des conclusions. Il précise,
à cet égard, que, pour la France, " il n'y aura d'accord sur
rien s'il n'y a pas d'accord sur tout ".
La phase en cours s'est engagée sur la base du " Cadre
général pour un projet de révision des
traités " présenté par la présidence
irlandaise en décembre dernier.
Le ministre indique que, selon les autorités françaises, ce
projet constitue un bon document technique, mais que, reflétant la
" frilosité " manifestée par bien des participants
à la négociation, il manque d'ambition et présente des
lacunes. Il ajoute que le Président de la République
française et le Chancelier allemand se sont efforcés de combler
ces lacunes et d'apporter un véritable élan dans leur lettre
commune en date du 9 décembre 1996.
M. Michel Barnier précise que désormais " la feuille de
route " des négociateurs français est constituée par
la lettre franco-allemande et que l'objectif est d'obtenir des conclusions
aussi proches que possible de cette lettre.
Evoquant les lacunes du projet irlandais, M. Michel Barnier souligne
l'absence de propositions en matière de réforme institutionnelle.
Il lui oppose la position franco-allemande, qui porte sur l'extension de la
majorité qualifiée, associée à la révision
de la pondération des voix au sein du Conseil, la réduction du
nombre de commissaires, la simplification des procédures et le
renforcement du rôle du Parlement européen et une meilleure
association des parlements nationaux.
Le ministre insiste sur le fait que la réforme des institutions est
indispensable pour réussir l'élargissement. La stratégie
française va donc consister à essayer de faire adopter des
amendements au projet irlandais, afin de le rapprocher du projet
franco-allemand. Soulignant qu'il ne pourra y avoir de vraie réforme
institutionnelle sans une forte solidarité franco-allemande, que la
récente conférence de presse commune tenue par
M. Hervé de Charette et M. Klaus Kinkel a
illustrée avec force, il a précisé que lui-même
travaillait en étroite coordination avec son homologue allemand,
M. Werner Hoyer.
M. Michel Barnier souligne ensuite que, s'agissant du troisième
pilier, le projet irlandais propose une marche forcée vers la libre
circulation des personnes entre les Quinze, au 1
er
janvier
2001, solution inacceptable pour la France si, concomitamment, n'est pas
prévu un accroissement réel des conditions de
sécurité pour les citoyens. Or les mesures d'accompagnement
proposées dans le document de la présidence irlandaise sont
inférieures à celles qui sont définies par l'accord de
Schengen, puisque, par exemple, ne sont évoquées ni la mise en
oeuvre d'un système d'information analogue au Système
d'information Schengen, qui contient déjà quatre millions de
données sur les personnes recherchées ou les automobiles
volées, ni de dispositions sur l'aménagement des aéroports.
Il convient donc de compléter les propositions irlandaises pour ne pas
rester en deçà des exigences posées par l'accord de
Schengen et même aller plus loin que ces exigences. La France propose en
particulier de définir un socle commun d'harmonisation pour la
qualification des infractions et la détermination des peines, pour
lutter contre la criminalité internationale, le terrorisme et le trafic
de drogue, et conçoit d'ailleurs cette nécessaire harmonisation
vers le haut comme ne devant pas empêcher les Etats membres de faire
davantage s'ils le souhaitent. La France rencontre cependant sur ce sujet la
résistance de certains de nos partenaires, dans le contexte de la
présidence néerlandaise. Pour le ministre, le Conseil devra,
d'autre part, évaluer la réalité de la mise en oeuvre de
ces dispositions avant de procéder à toute ouverture des
frontières intérieures. Il sera également
nécessaire d'améliorer la coopération policière
grâce à un développement par étapes d'Europol.
Dans la lettre du Président Chirac et du Chancelier Kohl, la France et
l'Allemagne présentent, à cet égard, un langage commun et
développent, s'agissant des procédures, une approche pragmatique,
écartant le débat théologique entre les tenants de la
communautarisation et ceux qui la refusent totalement, en partant du constat
qu'il est impossible aux Etats de faire face isolément à des
fléaux européens, continentaux, voire internationaux. Il faut
d'abord inscrire dans le Traité les objectifs que les Quinze veulent
atteindre ensemble, ainsi qu'un calendrier précis, puis définir,
sans a priori, les instruments les plus efficaces, l'initiative partagée
entre le Conseil et la Commission et le recours à la majorité
qualifiée constituant des pistes sérieuses, sans oublier le
développement, en la matière, du rôle des parlements
nationaux.
Dans le domaine de la politique étrangère et de
sécurité commune, le projet irlandais comporte, aux yeux du
Ministre, des faiblesses évidentes : tout d'abord, il ne
prévoit pas de renforcer le rôle, névralgique pour la
France, du Conseil européen, qui doit donner l'impulsion en la
matière ; ensuite, il confère à " Monsieur ou
Madame PESC " une position plus administrative que
politique ;
enfin, il n'aborde guère les problèmes de défense, en
dehors de l'intégration, certes importante, des missions dites de
" Petersberg " (missions humanitaires et d'évacuation,
missions de maintien ou de rétablissement de la paix).
La lettre commune franco-allemande affirme, au contraire, le rôle
fondamental du Conseil européen, la nature politique de " Monsieur
ou Madame PESC " et la nécessité du rapprochement de
l'Union de l'Europe occidentale (UEO) et de l'Union européenne,
même si ce rapprochement peut comporter des étapes.
Rappelant que la France, en coopération avec l'Allemagne, s'efforce
d'améliorer le projet irlandais sur tous ces sujets, M. Michel
Barnier souligne ensuite que le fond de la réforme l'emporte sur le
calendrier et que, si la France est décidée à conclure au
Conseil d'Amsterdam pour éviter des télescopages avec d'autres
échéances, elle veut conclure sur une vraie réforme et ne
le ferait pas à n'importe quel prix, sur un " filet d'eau
tiède " ou un " plus petit dénominateur commun ".
Après avoir rappelé les propositions de la lettre
franco-allemande en matière de coopérations renforcées et
de subsidiarité, le ministre note certains progrès sur les
demandes plus spécifiquement françaises, en particulier les
services publics, les DOM, grâce notamment au soutien sans faille de
l'Espagne et du Portugal, et les PTOM, et enfin la fixation dans le
Traité du siège des institutions européennes, notamment du
Parlement européen.
Tirant les enseignements du premier mois de présidence
néerlandaise, le ministre constate que celle-ci a engagé un
travail sérieux, qu'elle n'écarte pas les sujets difficiles comme
les questions institutionnelles, mais que certains points lui posent
problème, comme la taille de la Commission, la repondération des
voix et le socle commun d'harmonisation du troisième pilier. Les
contacts se multiplient pour que la coopération avec la
présidence néerlandaise soit la plus fructueuse possible.
Il souligne d'autre part le caractère stratégique de la
solidarité franco-allemande pour la réussite de la CIG,
même s'il faut encore travailler sur certains points.
Il note par ailleurs le raidissement des Etats les moins peuplés sur le
nombre des commissaires, qui pourrait bien devenir le point le plus difficile
des négociations. La repondération des voix liée à
l'extension de la majorité qualifiée ne semble pas susciter non
plus beaucoup d'enthousiasme, étant précisé qu'une double
majorité, fondée sur le nombre des Etats et un critère
démographique, proposée par certains Etats membres, ne va pas
dans le sens de nos intérêts.
S'agissant du rôle des parlements nationaux et de la Conférence
des organes spécialisés dans les affaires communautaires (COSAC)
rénovée, l'avis unanime de la COSAC de Dublin a fait
évoluer les esprits, même si l'accord semble plus difficile
à obtenir sur l'intervention des parlements nationaux en matière
de subsidiarité que pour le troisième pilier.
Accroître l'objectif de sécurité dans le troisième
pilier constituerait, pour M. Michel Barnier, un résultat majeur de
la CIG, mais il y a lieu de prendre en considération la forte
résistance prévisible de certains Etats.
La politique étrangère et de sécurité commune n'est
malheureusement plus considérée comme un sujet majeur par
beaucoup de nos partenaires. C'est un sujet essentiel : il ne s'agit pas
de définir une politique étrangère commune et encore moins
unique, mais, après la leçon de la Bosnie, chacun a pris
conscience de la nécessité d'élaborer les outils
permettant de mener des actions stratégiques communes sur certains
sujets intéressant les Quinze.
Le ministre conclut en soulignant que la ligne de fracture ne se situe plus
entre fédéralistes et intergouvernementaux, ni même entre
" petits " et " grands " Etats, mais
entre ceux qui
partagent l'ambition d'aboutir à une vraie réforme
préalable à l'élargissement et ceux qui se contentent du
statu quo. Pour la France, l'Union européenne doit cesser d'être
seulement un marché et accomplir des avancées politiques en
matière de sécurité extérieure et
intérieure, pour le plus grand profit de ses citoyens.
M. Robert Pandraud
observe d'abord que les élections au
Royaume-Uni, prévues au plus tard en mai prochain, auront pour
conséquence de retarder les choix du futur Gouvernement britannique,
quel qu'il soit, ce qui pourra avoir pour effet de reporter la conclusion des
négociations au second semestre de 1997, sous présidence
luxembourgeoise. Tout en soulignant la nécessité d'une solide
entente entre la France et l'Allemagne, il s'interroge sur l'effet que pourrait
provoquer, chez nos autres partenaires, la multiplication des
déclarations franco-allemandes.
M. Michel Barnier
déclare d'abord que rien ne donnait
à penser que les Pays-Bas, qui font partie des six pays fondateurs du
marché commun, allaient privilégier la défense de leurs
positions nationales, au détriment de la recherche d'une position
commune équilibrée. Il estime que les deux partis qui se
disputent actuellement le pouvoir au Royaume-Uni se préparent à
prendre rapidement position dans la phase finale de la CIG et il précise
que le parti travailliste est régulièrement informé du
déroulement des négociations.
Le ministre reconnaît ensuite que le fait de privilégier le
dialogue franco-allemand comporte le risque d'irriter nos autres partenaires,
mais il rappelle que, depuis le Traité de l'Elysée, le couple
franco-allemand est le moteur de l'Europe. Il note le double sentiment
d'attente et d'agacement de la part des partenaires de la France et de
l'Allemagne. Il conclut en soulignant la nécessité de cette
coopération franco-allemande, tout en observant qu'elle n'a pas un
caractère exclusif.
M. Robert Pandraud
précise qu'il ne méconnaît
pas la nécessité de cette coopération franco-allemande,
mais qu'il s'interroge seulement sur la méthode utilisée.
M. Jacques Genton, président
, se félicite que le
ministre vienne présenter chaque mois aux parlementaires l'état
d'avancement des travaux de la CIG. Il indique que la dernière audition
du Ministre s'est déroulée au lendemain du Conseil
européen de Dublin, ce qui n'a pas permis de mener une réflexion
approfondie sur le projet de la présidence irlandaise et la lettre
franco-allemande du 9 décembre 1996.
M. Jacques Genton se réjouit de l'inscription dans le projet de la
présidence irlandaise du délai de quatre semaines qui sera
accordé aux parlements nationaux pour se prononcer sur les textes
communautaires, disposition qui résulte d'une demande unanime des
parlements des quinze Etats membres. Il regrette cependant la formulation du
projet de la présidence irlandaise, qui vise les " propositions
législatives de la Commission au sens de l'article 151 " du
Traité instituant la Communauté européenne. Or, le droit
communautaire ne prévoit pas de hiérarchie des normes et
l'article 151 du Traité concerne uniquement le COREPER et le
Secrétariat général du Conseil. Il demande au ministre de
confirmer qu'il s'agit bien, dans le projet de la présidence irlandaise,
de viser l'ensemble des propositions normatives.
Puis il note que la lettre franco-allemande du 9 décembre 1996
mentionne le renforcement de la COSAC, mais aussi la création d'une
commission commune composée à parité de membres du
Parlement européen et des parlements nationaux, instance qui n'avait
jamais été évoquée, ni au cours de la CIG, ni lors
des travaux de la COSAC.
M. Robert Pandraud
déclare que cette proposition est
même en contradiction avec les positions précédemment
exprimées par la France.
Rappelant l'expérience malheureuse de la Conférence des
Parlements de la Communauté, ou Assises, tenue à Rome en 1990,
M. Jacques Genton
juge qu'une telle instance ne pouvait que tomber
sous l'emprise du Parlement européen, et donc exacerber, de façon
totalement inopportune, les éventuelles divergences entre celui-ci et
les parlements nationaux.
M. Michel Barnier
confirme que la présidence irlandaise a
reconnu son erreur dans la citation de l'article 151 et considère que le
délai de quatre semaines qui sera accordé aux parlements
nationaux concerne bien toutes les activités normatives de l'Union. Il
précise que l'idée d'une instance consultative composée de
représentants du Parlement européen et des parlements nationaux
avait été avancée en Allemagne, ce qui explique qu'elle
soit mentionnée dans la lettre franco-allemande du
9 décembre dernier. La France, pour sa part, s'en tient à
une COSAC rénovée, intervenant sur le troisième pilier et
la subsidiarité.
M. Patrick Hoguet, député
, se réjouit de
l'évolution des négociations sur le troisième pilier, qui
s'inscrivent dans la ligne de ce qu'a souhaité la
Délégation de l'Assemblée nationale pour l'Union
européenne, notamment sur le lien à établir entre la
sécurité et la liberté, soucis permanents de nos
concitoyens. S'agissant des coopérations renforcées, il
s'inquiète de la position du Gouvernement britannique qui, sans les
écarter en principe, les soumettrait à des décisions
prises à l'unanimité, ce qui introduirait un facteur de blocage
et risquerait de vider cette procédure de toute substance. Il demande
ensuite, sur le problème de l'extension de la majorité
qualifiée et de la pondération des voix au sein du Conseil, si
l'on a procédé à des simulations et selon quels
critères : PIB, population, contributions au budget
communautaire... Le problème risque, selon lui, de devenir très
difficile si l'on aboutit à une différenciation entre l'Allemagne
et la France, au détriment de celle-ci, ce qui n'est sans doute pas le
souhait de celle-là. Enfin, concernant une matière relevant de la
citoyenneté, M. Patrick Hoguet rappelle que la mission
d'information de l'Assemblée nationale sur l'encéphalopathie
spongiforme bovine a mis en évidence certains dysfonctionnements au
niveau européen. Il émet donc l'idée que la CIG
définisse, dans le Traité CE - au delà de l'actuel
article 43 -, une base juridique qui puisse permettre de traiter des
questions agricoles à la fois sur le plan économique
(organisation des marchés) et sur le plan sanitaire et de la protection
des consommateurs.
Dans sa réponse,
M. Michel Barnier
se félicite tout
d'abord de la qualité des travaux de la Délégation de
l'Assemblée nationale sur le troisième pilier, travaux qui,
souligne-t-il, ont étayé les propositions françaises
présentées dans le cadre de la CIG.
S'agissant de la position britannique visant à subordonner à
l'unanimité d'éventuelles coopérations renforcées,
le ministre fait part de l'opposition du Gouvernement français à
l'introduction d'une telle condition. Après avoir précisé
que, dans son esprit, une coopération renforcée ne doit pas
être contraire au traité, ni incompatible avec le marché
intérieur, et que le Gouvernement français envisage, à cet
égard, que la Commission soit chargée de veiller à la
validité des coopérations renforcées au regard du
Traité pour le pilier communautaire, le ministre souligne les
caractéristiques que doivent présenter ces
coopérations : celles-ci ne sauraient, en aucun cas, être
subordonnées à l'unanimité des Etats membres, de
manière à ce qu'aucun Etat ne puisse interdire une
coopération renforcée ; si, par définition, aucun
Etat membre ne doit être obligé de participer à une telle
coopération, en revanche, tous les Etats doivent pouvoir, s'ils le
désirent, rejoindre une coopération renforcée
engagée sans eux.
Abordant la question de la nouvelle pondération des voix au sein du
Conseil, le ministre indique que seul un système simple pourrait
être susceptible de recueillir l'approbation de l'ensemble des Etats
membres. Il rappelle la volonté française d'aboutir à une
meilleure prise en compte du poids démographique des Etats, tout en
soulignant qu'il faudra, in fine, conserver une certaine
sur-représentation des Etats les moins peuplés pour obtenir leur
accord. Il fait, par ailleurs, observer que le système des groupes de
pays permettrait de maintenir les parités et les équilibres
nécessaires, entre la France et l'Allemagne, par exemple. Il fait
remarquer que cette démarche correspond au souci manifesté par
l'Allemagne de ne pas aboutir à un système qui lui
conférerait une quelconque prééminence au sein du Conseil.
Abordant les questions de la santé et de la sécurité
alimentaire, le ministre observe qu'il ne paraît pas souhaitable de
modifier le titre II du Traité, mais indique qu'une
réflexion interministérielle est engagée sur
l'opportunité d'introduire des dispositions spécifiques dans le
traité sur ces questions.
M. Jean-Pierre Chevènement, député
, souhaite
savoir si le référendum sur la monnaie unique, annoncé au
Royaume-Uni tant par le parti travailliste que par le parti conservateur, aura
lieu avant avril 1998. Il s'interroge, par ailleurs, sur le programme de
rencontres organisées par le ministre au sein du milieu scolaire et
universitaire, dans le cadre du " Dialogue national pour
l'Europe ",
faisant valoir que de telles initiatives peuvent présenter quelques
risques de dérive ou d'endoctrinement, contraires au principe de
laïcité, à défaut de retenir une démarche
pluraliste.
En réponse à ces interrogations, le ministre indique n'avoir
aucune information sur un éventuel référendum sur la
monnaie unique en Grande-Bretagne, précisant qu'une telle
décision relève des autorités britanniques.
Après avoir réaffirmé son attachement au principe de la
laïcité, fondement de la République, il souligne avec
vigueur la nécessité d'introduire en France un débat
pluraliste sur les questions européennes et ce, en dehors des
périodes de crise, de référendum ou de consultation
électorale. Il fait, par ailleurs, valoir que, compte tenu du souci de
pluralisme qui préside à son organisation, le " Dialogue
national sur l'Europe ", engagé depuis quatorze semaines, ne
traduit en aucun cas une volonté de propagande de la part du
Gouvernement.
Après avoir repris à son compte les observations du
Président Robert Pandraud quant au risque, vis-à-vis de nos
partenaires européens, d'une action franco-allemande trop insistante,
M. Michel Caldaguès
s'interroge sur l'opportunité de
la proposition franco-allemande relative aux effectifs de la Commission,
faisant valoir que cette proposition, présentée par deux grands
Etats membres de l'Union, était effectivement de nature à
inquiéter les Etats moins peuplés.
Il estime, enfin, que les résultats, quels qu'ils soient, des futures
élections législatives britanniques ne modifieraient sans doute
pas sensiblement l'attitude du Royaume-Uni à l'égard de la
construction européenne.
S'agissant de ces élections,
M. Michel Barnier
précise que le Gouvernement français est attentif à leurs
résultats. Il rappelle, à cet égard, que les propositions
élaborées dans le cadre de la CIG doivent être
adoptées à l'unanimité des Etats membres.
Abordant la question du dialogue franco-allemand, il admet qu'une conjonction
d'éléments, qu'il s'agisse de la réforme de l'alliance
atlantique ou de la construction d'une identité européenne de
défense, contribuait au renforcement de ce dialogue et à la
multiplication des initiatives, tout en précisant que ce dialogue
était indispensable pour permettre à la France de jouer son
rôle en Europe.
Poursuivant sa réflexion sur les réformes institutionnelles, il
souligne avec vigueur que la perspective de l'élargissement constituait
une formidable occasion, voire une occasion unique, de réformer en
profondeur les institutions de l'Union. Il rappelle, à cet égard,
qu'au sein de la CIG, le nombre d'Etats membres favorables à
l'élargissement est plus important que le nombre de ceux qui sont
vraiment favorables à une réforme des institutions.
Estimant qu'aucune réforme institutionnelle ne sera envisageable une
fois l'Union élargie à vingt-cinq Etats membres, il fait part de
la volonté du Gouvernement français de mettre " sur la
table ", à l'occasion de la CIG, l'ensemble des sujets difficiles,
et notamment celui de l'effectif de la Commission européenne.
A cet égard, il juge indispensable que la Commission revienne à
son rôle originel, c'est-à-dire qu'elle soit une structure
collégiale indépendante des Etats et qu'elle veille à
exprimer le seul intérêt de l'Union européenne. Il affirme,
par ailleurs, solennellement la volonté française d'une
Commission forte, c'est-à-dire responsable devant le Conseil, aux
effectifs réduits, afin de clarifier la répartition des
compétences entre commissaires, et dotée d'un président
disposant d'une réelle autorité et donc chargé de nommer,
voire, éventuellement, de révoquer, les membres de la Commission.
Il souligne que seule une Commission forte permet d'éviter les risques
de dilution de l'Europe une fois l'élargissement réalisé.
A M. Michel Caldaguès, qui estime que le ministre décrit
là un véritable " gouvernement ", M. Michel Barnier
répond que l'on ne peut pas se plaindre de ce que fait la Commission,
tant qu'elle n'est pas responsable. Cette irresponsabilité la rend peu
crédible aux yeux de l'opinion publique. Il faut, selon lui, que la
Commission soit responsable et que les commissaires aient des
compétences clairement définies, ainsi qu'une véritable
autorité sur leur administration.
M. Christian de la Malène
, soulignant que le ministre a
affirmé, à la fois, la qualité et la vacuité du
projet élaboré par la présidence irlandaise, estime que ce
document, qui aborde les sujets les plus divers, de l'emploi à
l'homosexualité, ne constitue pas une bonne base de réflexion
pour améliorer l'efficacité des institutions de l'Union
européenne. Selon lui, il est contradictoire de reconnaître que
les institutions européennes manquent d'efficacité et de
prôner l'élargissement de l'Union européenne, le pari du
" tout ou rien " évoqué par le ministre risquant
d'aboutir à une réforme minimale. La solution consiste
peut-être dans la mise en oeuvre de coopérations
renforcées, éludées par le projet de la présidence
irlandaise, et évoquées, surtout pour le troisième pilier,
par la lettre franco-allemande. Il faut toutefois, selon lui, que ces
coopérations s'appliquent à l'ensemble des activités de
l'Union.
M. Michel Barnier
affirme que les efforts déployés pour
réformer les institutions de l'Union européenne s'inscrivent dans
la perspective de son élargissement. Selon lui, le statu quo pourra
être maintenu, tant bien que mal, avec quinze Etats membres, mais pas
avec vingt-cinq. Pour la France, les coopérations renforcées
doivent s'appliquer aux trois piliers, certes selon des modalités
différenciées. Pour le ministre, il faut éviter qu'une
Europe à vingt-cinq avance au pas du pays le moins pressé et,
d'ailleurs, les coopérations renforcées existent
déjà, dans le Traité, l'Union économique et
monétaire en est un exemple, à côté du
Traité, comme le montre le protocole social, qui concerne quatorze Etats
membres, et en dehors du Traité, ainsi l'espace Schengen qui a
été établi en dehors de l'Union européenne. La
question que pose la France à ses partenaires est de savoir s'ils
veulent prendre le risque de voir les coopérations renforcées
-nécessaires et inéluctables quels que soient les
résultats de la CIG - se développer en dehors du
Traité. Le ministre affirme que, dans ces conditions, la France
n'était pas prête à faire des concessions pour obtenir
l'inscription des coopérations renforcées dans le futur
Traité. En effet, des coopérations renforcées verront
forcément le jour, le cas échéant, en dehors de l'Union
européenne. Le ministre insiste sur le fait qu'il ne faut pas
" diaboliser " le projet élaboré par la
présidence irlandaise : c'est une bonne base de travail dont les lacunes
traduisent le caractère limité des ambitions de beaucoup d'Etats
membres.
Abordant la question du rôle collectif des parlements nationaux,
M. Maurice Ligot, député
, insiste pour que le
Gouvernement privilégie une démarche pragmatique, qui s'appuie
sur les conclusions adoptées à Dublin par la
XV
ème
COSAC, à l'unanimité de ses participants.
Selon lui, ces conclusions, pour perfectibles qu'elles soient dans leur
formulation, reprennent effectivement l'essentiel des propositions
défendues par l'Assemblée nationale, le Sénat et le
Gouvernement. Il estime qu'abandonner cette base de négociation claire,
appuyée sur le consensus des parlements nationaux, pour se disperser
dans l'étude de propositions improvisées, telle la proposition de
comité mixte réunissant le Parlement européen et les
parlements nationaux, ne pourra que rendre plus difficile la tâche
d'explication et de conviction des négociateurs français.
M. Michel Barnier
répond qu'il a fait, sur ce point, de la
Déclaration de Dublin la base de son effort de négociation et
souligne l'effet positif de cette déclaration sur le déroulement
de la négociation elle-même. Il fait néanmoins état
des obstacles qui restent à surmonter, ainsi la forte réticence
qui prévaut encore en Allemagne, même si certains leaders
d'opinion se montrent plus réceptifs.
Après que le président Robert Pandraud observe qu'il appartiendra
à la France, comme à ses autres partenaires, de choisir, le
moment venu, ce qu'elle estimera indispensable de voir consacrer pour donner
son consentement au résultat de la négociation,
M. Emmanuel Hamel
fait part de l'exaspération
provoquée par les initiatives répétées du couple
franco-allemand et de l'inquiétude croissante de l'opinion à
mesure qu'elle prend conscience de la signification réelle d'une
politique étrangère et de sécurité commune qui
conduira la France à renoncer à sa diplomatie et à son
influence propres. Il en ira de même, selon lui, devant les propositions
de renforcer les pouvoirs de la Commission au détriment de ceux du
Conseil. Il doute qu'une majorité des Français puisse jamais
l'accepter, si on les consultait par référendum, et exprime sa
vive inquiétude devant ce qui, selon lui, ressemble à un nouvel
avatar de ce tropisme tragique de la Nation française, qui se manifeste
périodiquement, le " renoncement à soi même ".
M. Michel Barnier
estime qu'aucun Français ne pouvait être
réellement surpris du choix du Président de la République
et du Gouvernement de maintenir la plus étroite coopération avec
l'Allemagne, puisque cette priorité, d'ailleurs non exclusive, a
été voulue et exprimée comme telle par M. Jacques
Chirac au cours de la campagne électorale présidentielle. Il
estime enfin que l'objectivité et la lucidité imposent de
reconnaître que les intérêts français sont parfois
mieux entendus par la Commission que par le Conseil, des
événements récents l'ayant démontré, qu'il
s'agisse des essais nucléaires ou de la défense d'une
identité culturelle européenne.
B. DEUXIEME AUDITION DE M. MICHEL BARNIER
Le mercredi 26 février 1997, la
délégation a entendu M. Michel Barnier, ministre
délégué chargé des affaires européennes, sur
les travaux de la Conférence intergouvernementale.
M. Michel Barnier
précise tout d'abord comment se
déroulent les travaux de la Conférence : les représentants
présentent des amendements au texte proposé par la
présidence irlandaise ; sur cette base, la présidence
néerlandaise présentera, dans un mois environ, un nouveau texte,
sur lequel les représentants pourront à nouveau présenter
des amendements. Puis le ministre indique qu'il abordera successivement les
deux grands thèmes abordés par la CIG au cours du dernier mois :
les institutions et le troisième pilier.
Les institutions, déclare-t-il, resteront, jusqu'au terme des
négociations, le sujet le plus difficile, et il est vraisemblable que
l'accord sur ce point n'interviendra qu'au tout dernier moment, même si
les travaux actuels ont le mérite de préparer le terrain.
Certains Etats s'inquiètent en effet de la place qu'ils auront dans les
institutions réformées : ils doivent comprendre que ce que
l'Union gagnera globalement en efficacité sera bien plus important que
ce que certains Etats perdront en termes de représentation directe dans
les institutions.
Tous les " grands " Etats membres, précise-t-il, sont en
effet
déterminés à obtenir une pondération plus juste des
voix au Conseil ; la France, pour sa part, établit un lien entre une
meilleure pondération des voix et une extension du vote à la
majorité qualifiée. Le système de décision
apparaît en effet de moins en moins légitime au fil de
l'accroissement du nombre des Etats membres parce qu'il est de plus en plus
éloigné des réalités de base que sont les poids
démographiques respectifs des différents Etats. L'idée
d'introduire une double majorité (majorité d'Etats et
majorité démographique) étant de moins en moins soutenue,
c'est vers une nouvelle pondération que l'on semble s'orienter.
La Commission européenne doit être plus crédible, plus
responsable, mieux respectée : cela suppose qu'elle soit responsable
devant le Conseil, que son président ait une autorité sur ses
membres et qu'il forme sa Commission, enfin que le nombre de ces membres soit
restreint. A défaut, elle parviendrait de moins en moins à jouer
son rôle : en effet, dans une Commission trop nombreuse, les
responsabilités de chacun seraient imprécises et l'administration
ne serait plus contrôlée par l'échelon politique. La France
souhaite donc une Commission de dix membres. Il est clair, cependant, que la
réforme de la Commission reste un sujet extrêmement
" sensible ", car les " petits " Etats
considèrent
que la Commission sous sa forme actuelle les protège.
Les débats sur le champ du vote à la majorité
qualifiée, poursuit-il, ont permis de constater un accord pour que
certains sujets restent régis par l'unanimité : ainsi les sujets
institutionnels ou quasi-institutionnels et la fiscalité. Sur
l'extension du champ des décisions à la majorité
qualifiée, des divergences subsistent. Par exemple, certains Etats
souhaitent le maintien de l'unanimité pour les soutiens à la
recherche alors même que l'on constate que, dans ce domaine, le principe
de l'unanimité aboutit à un " saupoudrage " peu
efficace des crédits : ces Etats doivent comprendre que la politique de
recherche communautaire n'a pas pour fonction de faire survivre telle ou telle
équipe implantée dans telle ou telle région, mais d'abord
de renforcer la compétitivité de l'industrie européenne.
S'agissant des coopérations renforcées, le ministre indique que
le texte élaboré par la présidence néerlandaise,
proche de l'initiative franco-allemande, est jugé dans l'ensemble
satisfaisant par la France, mais que certains Etats restent réticents.
M. Michel Barnier évoque ensuite l'éventuelle extension à
de nouveaux domaines de la procédure de codécision. Il estime
tout d'abord que, par sa résolution condamnant le projet de loi
Debré, le Parlement européen ne s'est pas rendu service à
lui-même. Puis il observe que, parmi les Etats membres, une
majorité est favorable à l'extension du champ de la
codécision, certains y étant au contraire hostiles. La France
estime que certains aspects des propositions de la présidence sur ce
point sont inacceptables, notamment l'application de la codécision
à la politique agricole commune ; par ailleurs, la France établit
un lien clair entre une éventuelle extension de la codécision et
l'association collective des Parlements nationaux.
Puis le ministre aborde la réforme du " troisième
pilier " (justice et affaires intérieures). La France,
déclare-t-il, considère que la suppression des contrôles
aux frontières intérieures et l'adoption de mesures de
sécurité compensatoires sont indissociables et doivent
s'appliquer simultanément. Elle ne peut donc approuver sur ce point le
texte présenté par la présidence irlandaise qui peut
s'analyser comme une course à la libre circulation et qui ne comporte
pas le lien formel que la France juge indispensable entre la libre circulation
et l'adoption de mesures supplémentaires de sécurité pour
les citoyens. Les amendements français prévoient que le Conseil
doit constater à l'unanimité que les conditions de
sécurité sont réunies pour la suppression des
contrôles aux frontières intérieures. Ces conditions ne
peuvent être moins rigoureuses que celles posées par l'Accord de
Schengen ; bien au contraire, l'acquis de Schengen doit être
considéré comme une condition minimale qu'il convient de
compléter par l'adoption d'un socle d'harmonisation commun pour la
qualification des infractions et des peines pour les crimes les plus graves. La
France exclut donc tout automatisme pour la mise en oeuvre de la libre
circulation ; en même temps, pour que les conditions qu'elle pose
puissent être remplies, elle souhaite que le socle législatif
commun qu'elle juge nécessaire soit adopté à la
majorité qualifiée.
Concluant son propos, M. Michel Barnier exprime sa volonté de poursuivre
et d'amplifier son travail d'information de la représentation nationale.
Ayant précisé que les deux derniers mois de la présidence
néerlandaise seraient vraisemblablement décisifs pour le
succès de la Conférence, il répète que, pour la
France, le fond prime sur le calendrier.
M. Nicolas About
se demande si une extension de la procédure de
codécision ne devrait pas être liée à une
amélioration de la représentativité démographique
du Parlement européen. Puis, il indique que le Conseil de l'Europe
réfléchit à un texte permettant que, lorsqu'un crime est
commis dans un Etat, puis dans un autre Etat, les dispositions concernant la
récidive puissent s'appliquer ; il souhaite savoir si cette
proposition peut être reprise dans le cadre du troisième pilier
réformé.
M. Michel Barnier
répond que, à ses yeux, une telle
règle devrait figurer dans le socle législatif commun à
mettre en place pour le troisième pilier. Puis il estime que la
représentation des différents Etats est plus juste au Parlement
européen que dans la pondération des voix au Conseil,
précisant que la priorité de la Conférence est
plutôt de plafonner l'effectif du Parlement européen à
700 membres. Il rappelle que le Gouvernement réfléchit
à une réforme du mode d'élection des députés
européens, et se propose de consulter les forces politiques
françaises représentées au Parlement européen sur
la création d'une " petite dizaine " de grandes
circonscriptions interrégionales fondées sur des grands
territoires ayant une vocation naturelle commune, le mode de scrutin restant la
représentation proportionnelle. Il rappelle également que la
France demande que le siège des institutions soit fixé par le
traité afin de mettre fin aux polémiques concernant Strasbourg.
M. Christian de La Malène
exprime ses doutes sur
l'amélioration que constituerait un tel système par rapport
à la situation actuelle, puisque les élus européens ne
seraient pas moins coupés des citoyens qu'aujourd'hui. Il regrette que
la question de l'étendue des pouvoirs du Parlement européen n'ait
pas tenu une plus grande place dans les débats de la CIG. Le
problème de la représentativité du Parlement
européen ne peut être éludé, poursuit-il, puisque,
par exemple, un député européen allemand représente
seize fois plus d'habitants qu'un député européen
luxembourgeois. Par ailleurs, le rôle que devrait jouer le Parlement
européen n'est toujours pas clairement défini, ce qui explique
qu'il ait tendance à s'occuper de sujets qui n'entrent pas dans ses
attributions, sans accorder toujours toute l'attention qu'il faudrait aux
sujets qui relèvent de sa compétence. La priorité devrait
donc être de définir par une " loi fondamentale " ce
pour quoi est fait ce Parlement. Le principe de subsidiarité,
correctement interprété, pourrait également être
utile pour mieux préciser les responsabilités de chacun ; on
peut à cet égard se demander si la Conférence
intergouvernementale s'est suffisamment penchée sur les conditions d'une
meilleure application de ce principe, qui figurait initialement en tête
des priorités françaises.
M. Michel Barnier
souligne que le plafonnement de l'effectif du
Parlement européen à 700 membres devrait logiquement
conduire, au fur et à mesure des élargissements, à mieux
répartir les sièges, tout en indiquant qu'un strict
critère démographique renforcerait l'écart de
représentation entre la France et l'Allemagne. Il rappelle que
l'Assemblée de Strasbourg est tenue informée des travaux de la
CIG par l'intermédiaire de deux représentants, avec lesquels des
échanges sont périodiquement organisés. Enfin, il
réaffirme l'engagement de la France à lier toute évolution
des pouvoirs du Parlement européen à une meilleure association
des Parlements nationaux dans le domaine de la subsidiarité et du
troisième pilier, notamment par le biais de la Conférence des
organes spécialisés dans les affaires communautaires (COSAC), qui
devrait être rénovée et renforcée.
M. Pierre Fauchon
estime que la question du rôle du Parlement
européen doit être replacée dans le cadre plus global de
l'évolution du système institutionnel européen. Le
Parlement européen est un des éléments qui
préfigurent un système politique complet dans le cadre d'une
vision lointaine de l'avenir. Dès lors, dans la réalité
d'aujourd'hui, il n'est pas étonnant qu'il donne le sentiment de
s'égarer. L'architecture européenne en piliers, résultant
du Traité de Maastricht, ne permet guère, au demeurant, de
clarifier les compétences et les responsabilités des
différentes institutions. Puis M. Pierre Fauchon demande au ministre son
sentiment sur la présidence néerlandaise. Après avoir
regretté que, dans la perspective d'une extension du vote à la
majorité qualifiée, le système de la double
majorité, qui reflète bien l'idée que le nombre est la
base de la démocratie, ne recueille pas davantage de soutien, il
approuve les propos du ministre sur une plus grande responsabilité de la
Commission européenne et la mise en place d'une présidence plus
forte. Il lui demande, dans cette optique, s'il est favorable à la
nomination des membres de la Commission européenne par le
président de celle-ci. Abordant ensuite le problème des
coopérations renforcées, il s'interroge sur la possibilité
d'établir des listes de sujets pour lesquels cette formule serait
exclue, ou des listes de sujets pour lesquelles elle serait possible. Enfin, il
se prononce en faveur d'un effort d'harmonisation, voire d'unification
législative, pour les matières du troisième pilier, et,
après avoir souligné que le rôle des Parlements nationaux
était particulièrement légitime en ce domaine, il demande
quelle place leur serait reconnue dans ce processus.
En réponse,
M. Michel Barnier
se déclare favorable
à la désignation des membres de la Commission européenne
par le président de celle-ci, selon des règles définies
par le Traité ; ainsi chaque Etat membre pourrait par exemple avoir la
garantie de pouvoir proposer la nomination d'un commissaire, au moins pour un
mandat de la Commission sur deux. Puis il se félicite de l'attitude
active de la présidence néerlandaise, qui n'a pas craint
d'aborder les sujets les plus difficiles, et a adopté une méthode
de densification progressive du texte qui devrait permettre le progrès
des négociations. Il estime ensuite qu'un système de double
majorité (nombre d'Etat et majorité démographique) serait
difficile à appliquer concrètement compte tenu de la grande
divergence de ces deux critères dans l'Union, et présenterait des
risques de déséquilibre. Puis il se déclare
défavorable à l'établissement de listes de sujets,
positives ou négatives, pour la mise en oeuvre des coopérations
renforcées, préférant une clause générale
pour chacun des trois piliers.
Le ministre évoque ensuite le rôle qui devrait revenir aux
parlements nationaux dans l'élaboration d'une législation
communautaire sur les matières relevant du troisième pilier. Ce
rôle, précise-t-il, devrait s'exercer en amont, d'une part
à l'échelon national et d'autre part dans le cadre de la COSAC,
selon des modalités à préciser.
M. Daniel Millaud
regrette que le Gouvernement envisage que les
questions relatives aux territoires d'outre-mer soient réglées
par une simple déclaration, alors que le Sénat s'est
prononcé par une résolution en faveur d'une modification du
traité afin notamment de résoudre les difficultés
concernant la liberté d'établissement. Il souligne que la
Polynésie est, en vertu de son statut, compétente en
matière de liberté d'établissement, mais que l'application
des règles du Traité de Rome ne lui permet pas l'exercice de
cette compétence. Il s'étonne que le Gouvernement s'efforce
d'obtenir l'inscription dans le traité d'une dérogation au profit
des DOM, pour leur permettre de conserver l'octroi de mer, et ne suive pas une
démarche analogue pour les TOM au sujet de la liberté
d'établissement.
M. Michel Barnier
répond que de difficiles négociations se
poursuivent avec la Commission au sujet des TOM. Le Gouvernement, indique-t-il,
souhaite la création d'un fonds spécifique pour les TOM, distinct
de celui réservé aux pays d'Afrique, des Caraïbes et du
Pacifique (ACP), ce qui permettrait d'essayer de réduire l'écart
considérable dans le montant des crédits européens dont
bénéficient respectivement les DOM et les TOM, ceux-ci recevant
proportionnellement dix fois moins de crédits que ceux-là. Par
ailleurs, la France cherche à faire reconnaître la
spécificité des TOM en matière de liberté
d'établissement.
Mme Danièle Pourtaud
demande au ministre des précisions
sur l'état des négociations concernant les services publics,
rappelant que le Gouvernement s'était prononcé en faveur d'une
modification de l'article 90 du Traité ; elle l'interroge
également sur la position du Gouvernement au sujet de la nouvelle
rédaction proposée par la présidence irlandaise pour
l'article 119 du Traité concernant l'égalité entre hommes
et femmes.
M. Michel Barnier
déclare que, sur le second point, l'attitude du
Gouvernement est très ouverte, favorable à une formulation du
principe d'égalité qui n'exclurait pas le maintien de certaines
dispositions positives en faveur des femmes. Puis il indique que la
Conférence va bientôt se pencher à nouveau sur la question
des services publics, qui n'est pas absente du projet de la présidence
irlandaise ; les objectifs de la France dans ce domaine, poursuit-il, sont
maintenus et paraissent pouvoir être pris en compte par la CIG.
M. Jacques Genton
, revenant sur le débat concernant le Parlement
européen, fait état de ses conversations avec le président
de cette Assemblée qui lui indique que le Parlement européen est
lui-même soucieux d'améliorer sa représentativité et
ne refuse donc pas d'aborder cette question. Evoquant ensuite l'intervention,
qu'il a reconnue intempestive, de l'Assemblée de Strasbourg dans le
débat français sur l'immigration clandestine, il souligne que les
précisions que lui a données le président du Parlement
européen sur les conditions dans lesquelles avait eu lieu ce vote
permettent de conclure qu'il faut sans doute en relativiser la portée.
Puis M. Jacques Genton, après avoir souligné la qualité
des travaux du Parlement européen concernant l'épidémie
d'encéphalite spongiforme bovine (ESB), s'inquiète de certaines
des leçons qu'en a tirées cette Assemblée et que la
Commission européenne semble avoir approuvées. Les suggestions
avancées par le Parlement européen, précise-t-il,
conduiraient à un bouleversement de l'équilibre institutionnel en
matière de politique agricole commune.
M. Michel Barnier
précise que le Gouvernement s'opposerait
à une remise en cause des conditions fondamentales de gestion de la
politique agricole commune, notamment sur le plan budgétaire, tout en
étant ouvert à toute amélioration des garanties
apportées dans le domaine de la santé publique.
C. COMMUNICATION DE M. CHRISTIAN DE LA MALENE
Le jeudi 30 janvier 1997, la délégation
a entendu une communication de M. Christian de La Malène sur le
projet de traité présenté par la présidence
irlandaise et sur la lettre franco-allemande du
9 décembre 1996.
Plusieurs membres de la délégation ayant demandé que la
communication de M. Christian de La Malène soit portée
à la connaissance de l'ensemble des parlementaires, M. Jacques
Genton a proposé sa publication comme rapport d'information.
Le rapport de M. Christian de La Malène
"
La Conférence intergouvernementale à mi
parcours
"
a été publié sous le n° 222 (1996-1997).
II. LES QUESTIONS ECONOMIQUES ET FINANCIERES
A. SYSTEME COMMUN DE TVA EN EUROPE
1. Communication de M. Denis Badré
La délégation a entendu, le mardi 18
février 1997, une communication de M. Denis Badré sur le
système commun de TVA en Europe.
M. Denis Badré
rappelle l'historique des propositions de la
Commission européenne en matière de système de TVA. La
proposition d'août 1987, qui n'avait pas reçu en son temps
l'accord du Conseil, comportait, pour l'essentiel, une taxation des biens et
des services dans le pays d'origine, et non plus dans le pays de destination,
assortie d'un mécanisme de compensation des recettes entre les Etats qui
aurait été géré par la Commission.
Afin d'autoriser la suppression des contrôles de marchandises à la
date du 1
er
janvier 1993, le Conseil européen de Rome de
décembre 1990 avait cependant arrêté des orientations qui
devaient permettre de passer, à compter du 1er janvier 1997, à un
nouveau régime définitif de TVA ; jusqu'à cette date,
" un système provisoire de TVA " a été mis en
place.
M. Denis Badré indique que le Parlement français a
été saisi, le 28 février 1996, dans le cadre de
l'article 88-4 de la Constitution, d'une proposition de directive qui vise
à fixer le niveau minimal et le niveau maximal du taux normal de la TVA
à respectivement 15 et 25 % (un " tunnel "), pendant
une
période allant du 1er janvier 1997 au 31 décembre 1998, la
Commission estimant que cette décision est nécessaire pour
consolider le fonctionnement du marché intérieur d'un point de
vue fiscal, " en particulier en vue de la préparation du
régime définitif pour le système commun de TVA ".
Toutefois la délégation, lorsqu'elle a examiné cette
proposition de directive au cours de sa réunion du 16 avril 1996, a
estimé nécessaire de porter un jugement non seulement sur cette
proposition, mais aussi sur le régime définitif.
M. Denis Badré indique que la délégation dispose à
présent, sur ce dossier très difficile, d'une expertise technique
et économique réalisée, à sa demande, par des
spécialistes en fiscalité français et britanniques du
Centre d'Etudes Prospectives et d'Informations Internationales (CEPII). Il
souligne encore que, en juillet 1996, la Commission a rendu public un programme
de travail portant sur un " système commun de TVA " qui
fonctionnerait dans le marché unique sur le modèle des TVA
nationales. Les biens et services circuleraient toutes taxes comprises dans
l'espace communautaire et chaque entreprise serait redevable de la TVA
auprès d'une administration fiscale et d'une seule qui dépendrait
de son choix de localisation de son siège social.
Dans le cadre de ce programme fiscal, la Commission considère qu'une
harmonisation quasi-complète de l'assiette et des taux de TVA est un
préalable et qu'un renforcement des procédures de contrôle
communautaire s'impose. Elle propose également de procéder
à la redistribution des recettes de TVA en utilisant une clé
macro-économique - la consommation. Il s'agit donc là d'une
proposition beaucoup plus ambitieuse que celle de 1987.
M. Denis Badré souligne enfin qu'il a estimé souhaitable de
procéder à l'audition du ministre délégué au
budget avant de rédiger le rapport d'information qu'il soumettra
prochainement à la délégation.
2. Audition de M. Alain Lamassoure
Le même jour, la délégation a entendu
M. Alain Lamassoure, ministre délégué au budget, sur le
système commun de TVA en Europe.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué au budget,
estime tout d'abord que, si la question de la TVA constitue un sujet important
et très complexe, il n'y a aucune urgence à décider en ce
domaine, ajoutant que le Gouvernement français n'a pas encore
arrêté sa position. Le système actuel fonctionne de
manière satisfaisante pour les entreprises, mais il a aussi des
imperfections ; c'est pourquoi il convient de l'améliorer. La question
est sans lien avec l'euro car la mise en oeuvre de la monnaie unique n'implique
pas de passer au régime définitif de TVA. En tout état de
cause, la TVA doit rester un impôt national et n'a pas vocation à
devenir un impôt européen.
En réponse à la première question de M. Denis
Badré, rapporteur, portant sur le bilan du système actuel, M.
Alain Lamassoure souligne que le régime dit " transitoire "
a
succédé à des régimes nationaux différents,
si bien que les conséquences de ce régime sont variables selon
les pays ; si, pour la France, le nouveau régime entraîne des
simplifications pour les entreprises, en revanche il n'en est pas de même
en Allemagne.
Le système actuel repose sur trois éléments :
- la fin des restrictions à l'achat pour les voyageurs, qui sont
imposés à la TVA dans le pays d'origine des biens qu'ils
achètent - sauf pour l'achat de véhicules neufs et pour les
ventes à distance ;
- l'abolition des contrôles aux frontières pour les entreprises,
qui permet à celles-ci de bénéficier de la suppression des
frais liés à l'accomplissement des formalités
douanières, tels que la rémunération des commissionnaires
en douane, les cautionnements douaniers et les charges administratives ;
- le maintien de la taxation dans le pays de destination pour préserver
les recettes de chaque Etat.
La contrepartie de la disparition des formalités aux frontières
dans le cadre du marché unique est la déclaration
d'échange de biens (DEB) : chaque trimestre, les entreprises
doivent communiquer un état récapitulatif de leurs livraisons
intracommunautaires par client et fournir une déclaration statistique
détaillée de leurs mouvements de marchandises avec les autres
pays européens. Cette déclaration unique, collectée par le
service des Douanes, sert à l'établissement des statistiques du
commerce intra-européen et permet la coopération entre les
administrations fiscales nationales dans le cadre d'une base de données
européenne de recoupement des déclarations.
M. Alain Lamassoure estime que le système est perfectible, car on
constate des anomalies dans les rentrées de TVA, notamment en 1996 ;
c'est la raison pour laquelle le Gouvernement est décidé à
faire porter le contrôle fiscal en priorité sur la TVA
intracommunautaire. Car le régime transitoire modifie sensiblement la
manière d'exercer les contrôles. Avant le 1er janvier 1993, les
entreprises devaient fournir des preuves simples et directes pour justifier
leurs déclarations fiscales en matière d'importation ou
d'exportation. En effet, à l'occasion du contrôle des
déductions de TVA, le reçu de la recette des Douanes devait
être présenté au vérificateur pour établir
que l'entreprise avait correctement acquitté le montant de la TVA due
sur les importations ; inversement, l'entreprise devait produire le document
administratif unique (DAU) visé par le bureau de douane pour prouver la
réalité de la sortie d'une marchandise du territoire national et
justifier l'exonération de TVA liée à cette transaction.
Le DAU n'existant plus, les contrôles sont devenus plus difficiles,
puisque, lorsque les vérificateurs veulent démontrer l'existence
d'acquisitions intracommunautaires non déclarées (par exemple
contester la réalité d'une prétendue livraison), ils
doivent en faire eux-mêmes la preuve. Comme les biens s'échangent
hors taxes dans le régime actuel, il n'y a donc plus d'incitation
à déclarer les acquisitions, puisqu'aucune taxe n'est
versée au vendeur. Il n'y a pas non plus d'intervention administrative
à un quelconque moment de la transaction, conformément au
principe de libre circulation.
Le ministre indique que trois grands mécanismes potentiels de fraudes
ont ainsi été répertoriés.
Dans un premier cas, les entreprises peuvent effectuer des acquisitions
intracommunautaires sans les déclarer, ce qui a des conséquences
financières pour le Trésor lorsque ces entreprises ont mis en
place un circuit de commercialisation occulte alimenté par ces
acquisitions non déclarées, ou si elles font des
déductions abusives de la TVA sur les marchandises acquises hors taxes
auprès d'un fournisseur communautaire.
Dans un second cas, les entreprises peuvent déclarer des livraisons
intracommunautaires fictives, ce qui induit un préjudice financier
réel en matière de TVA interne.
Enfin, dans un troisième cas, les entreprises peuvent constituer des
circuits frauduleux plus sophistiqués comme l'acquisition directe
à l'étranger et la réintroduction sur le territoire
national sans déclaration (par exemple, les automobiles), ou le
remboursement indu de TVA (par exemple, les " carrousels "
dont
l'originalité réside dans la possibilité de mise en place
d'un circuit d'échange de " papier " totalement
déconnecté d'un quelconque flux réel de marchandises).
M. Alain Lamassoure indique que, dans le but d'améliorer le
régime transitoire, le Gouvernement a l'intention de faire des
propositions portant notamment sur la définition de
l'établissement stable, la taxation du transport international de
personnes, la fixation du régime des opérations commerciales en
chaîne, l'harmonisation de la représentation fiscale,
l'harmonisation des cas d'exclusion du droit à déduction, la
réduction du nombre des cas d'exonération et la
détermination d'un certain nombre de régimes particuliers comme
la livraison après montage, celui des organismes publics, les ventes par
correspondance, le régime des petites entreprises. Il évoque
également la nécessité de réécrire la
6ème directive afin de tirer les conséquences de certains grands
arrêts rendus récemment par la Cour européenne de justice
et de donner un contenu juridique plus précis à la notion
d'activités économiques.
Abordant la deuxième question posée par le rapporteur, M. Alain
Lamassoure estime que deux conditions doivent être levées pour que
le système définitif proposé par la Commission
européenne puisse être mis en oeuvre sans risques excessifs pour
le budget de l'Etat.
La première condition consiste dans le rapprochement substantiel des
taux, faute de quoi on peut craindre des risques importants de
détournement de trafic commercial ; or, depuis 1987, et même
depuis 1991, l'écart des taux, loin de se restreindre, s'est accru. La
seconde condition porte sur le bon fonctionnement du système de
compensation entre les Etats membres ; or cela nécessiterait un
recensement de la totalité des transactions intracommunautaires - qui
obligerait les entreprises à de nombreuses formalités
administratives - sauf à s'en remettre à une forfaitisation
des recettes de TVA, c'est-à-dire à une négociation
politique sur leur montant, qui pourrait se révéler dangereuse
dans la mesure où la TVA assure la moitié des recettes fiscales
de la France. M. Alain Lamassoure souligne qu'il n'entre pas dans les vues
du Gouvernement d'accepter un système commun de TVA qui serait
perçue au niveau européen.
En réponse à une question de
M. Daniel Millaud
sur la
fiscalité dans la zone du franc pacifique, M. Alain Lamassoure indique
que la question du régime des régions
ultra-périphériques de l'Europe - comme les territoires
français d'Outre-mer - est actuellement en cours de
négociation dans le cadre de la Conférence intergouvernementale.
Dans l'hypothèse où ce statut serait entériné par
le nouveau traité, les autorités compétentes de ces
régions verraient encore confortée la possibilité, dont
elles disposent d'ores et déjà, de déterminer
elles-mêmes leurs régimes de fiscalité propre.
M. Alain Richard
déclare qu'il partage largement le sentiment du
ministre au regard du potentiel de fraude contenu dans le système de TVA
intracommunautaire. Faisant état de son expérience
antérieure comme rapporteur général du budget à
l'Assemblée nationale, il insiste sur les difficultés que
rencontrent les services fiscaux à évaluer le montant de la
fraude et rappelle que l'on constate un certain flou dans la corrélation
entre le niveau de la consommation et le montant des rentrées fiscales.
Il fait valoir la nécessité et les difficultés de la
coopération entre les administrations fiscales des pays partenaires,
déterminante pour la mise en place d'un système définitif
faisant l'objet d'une compensation des recettes entre Etats sur une base
statistique. Il attire enfin l'attention du ministre sur les entreprises
à faible durée d'existence et s'interroge sur la fiabilité
des statistiques d'échanges commerciaux, support des reversements.
M. Alain Lamassoure
confirme que, de son point de vue, des
progrès importants restent à faire à l'intérieur de
l'Union européenne, et en France même, pour lutter contre la
fraude à la TVA. On a ainsi constaté en France, en 1996 une assez
forte disparité, à législation constante entre
l'évolution des " emplois taxables " et celle des recettes
nettes de TVA. Les explications conjoncturelles (notamment les effets de la
grève de décembre 1995 et le rattrapage sur janvier 1996, les
remboursements aux collectivités locales, la jurisprudence de la Cour de
justice, notamment sur les produits financiers en matière de
crédits interentreprises) ne permettent pas d'expliquer la
totalité des aberrations constatées dans les rentrées de
recettes. C'est pourquoi le Gouvernement a décidé de renforcer
les contrôles sur cette recette et c'est aussi la raison pour laquelle il
émet des réserves sur un système de compensation
fonctionnant avec des statistiques qui sont elles-mêmes sujettes à
caution.
Répondant à une question de
M. Yann Gaillard
sur le
rapport remis par M. de La Martinière, M. Alain
Lamassoure réaffirme que la France met comme principale condition pour
le passage au régime définitif un degré de
fiabilité suffisant des administrations fiscales nationales. Mais le
régime transitoire, dans son fonctionnement actuel, n'est pas, lui non
plus totalement satisfaisant, puisqu'il conduit à accorder plus de
confiance aux entreprises françaises qu'aux administrations fiscales des
autres Etats membres.
Rappelant que, dans le cadre des débats sur l'euro et des débats
sur la Conférence intergouvernementale (CIG), l'on a
évoqué l'idée de recourir à des
" coopérations renforcées " dans le domaine de la
fiscalité afin de lever l'obstacle que constitue la règle de
l'unanimité en ce domaine,
M. Jacques Genton, président
,
demande au ministre si une telle formule lui paraît praticable et utile.
En réponse,
M. Alain Lamassoure
indique tout d'abord que,
à l'invitation du commissaire Mario Monti, un groupe à haut
niveau, dans lequel il représentera la France, se réunira
prochainement pour examiner la question de l'évolution de la
fiscalité dans l'Union européenne et dans le cadre de la mise en
place de l'euro. Il ajoute qu'il a peine à discerner l'avantage que
pourrait apporter le recours à des coopérations renforcées
en cette matière. En effet, il importe moins de procéder à
une harmonisation de la TVA et des droits d'accises en Europe que d'adopter un
code de bonne conduite pour éviter le dumping fiscal de la part de
certains Etats. Il est en effet anormal que certains de nos partenaires
cherchent à attirer les investissements, les talents et l'épargne
par la création de zones de basse pression fiscale ; de même qu'il
est paradoxal que la Commission intervienne avec des règles très
rigoureuses pour les aides - par exemple en matière d'aides nationales
pour l'aménagement du territoire -, mais qu'elle n'agisse pas avec la
même rigueur sur la compétition fiscale des Etats. Mais un code de
bonne conduite ne peut remédier à ce problème que s'il
s'applique à l'ensemble des Etats membres, ce que le recours à
des coopérations renforcées ne permettrait pas.
B. AUDITION DE M. YVES-THIBAULT DE SILGUY
Le jeudi 27 février, Les
délégations des deux Assemblées, au cours d'une
réunion commune, ont entendu, M. Yves-Thibault de Silguy, commissaire
européen.
M. Yves-Thibault de Silguy
se réjouit tout d'abord de cette
nouvelle occasion de s'adresser aux deux délégations. D'abord
parce que le dossier dont il a la charge à Bruxelles - l'Union
économique et monétaire (UEM) - a considérablement
évolué depuis les précédentes rencontres. Mais
aussi parce que, sur un sujet d'une telle importance, les débats
réguliers avec les représentations nationales sont indispensables
et fort utiles.
Le Commissaire européen déclare, en guise d'introduction, que
l'euro verra le jour le 1
er
janvier 1999 et qu'un nombre
significatif d'Etats membres y participeront. La volonté politique des
chefs d'Etat et de gouvernement est inébranlable, les travaux
préparatoires nécessaires sont quasiment achevés, la
mobilisation des milieux économiques et financiers est intense, la
convergence progresse à un rythme suffisant, la croissance est de retour
en Europe : tous ces éléments le conduisent à penser,
sans optimisme excessif, que le calendrier et les conditions du traité
seront respectés, et que la décision sur la liste des pays
participants sera prise au printemps 1998.
M. Yves-Thibault de Silguy souhaite faire porter le débat sur deux
points qui justifient, à son sens, les efforts déployés
par les gouvernements pour respecter le calendrier et les conditions de passage
à l'euro, à savoir l'emploi et la souveraineté.
La lutte contre le chômage, d'abord, est aujourd'hui la priorité
de toute politique économique. Il est donc légitime et même
indispensable d'apprécier l'Union économique et monétaire
à cette aune. L'euro n'est pas la panacée ou une solution
miracle, mais il sera un instrument utile au service des politiques de l'emploi.
En effet, des conditions doivent être remplies pour passer à
l'euro, au nombre desquelles figure l'assainissement budgétaire. Or, la
maîtrise des dépenses de l'Etat est, selon le Commissaire
européen, avec ou sans euro, indispensable pour la création
d'emplois à l'avenir, pour deux raisons, l'une, budgétaire, et
l'autre, financière.
En premier lieu, l'assainissement des finances publiques permet de restaurer
une marge de manoeuvre budgétaire au niveau national, qui peut
être mise à profit pour conduire les politiques en faveur de
l'emploi.
Notant que, selon Oscar Wilde, " l'expérience est le nom que
nous donnons à nos erreurs ", il souligne que la France et les
autres Etats européens sont particulièrement
" expérimentés " en matière de gestion des
dépenses publiques.
En 1970, il y avait six points d'écart, entre la France et les
Etats-Unis, quant au poids des prélèvements obligatoires par
rapport au produit intérieur brut, et le taux de chômage
était légèrement plus faible en France
qu'outre-Atlantique. Cet écart de poids a, depuis lors, quasiment
triplé, pour atteindre seize points, et nous avons, en proportion, deux
fois plus de chômeurs qu'aux Etats-Unis. Même si la relation entre
prélèvements obligatoires et chômage n'est pas strictement
mécanique, il est incontestable qu'un niveau élevé
d'imposition a un effet négatif sur l'économie. Constatation
d'autant plus inquiétante que cet alourdissement de la pression fiscale
n'a pas suffi à compenser la progression des dépenses, et donc
n'a pas endigué le gonflement de la dette publique.
La dette publique française, qui était inférieure à
500 milliards de francs en 1980, dépasse actuellement
3 000 milliards de francs ; en conséquence, le service de
la dette est aujourd'hui le premier poste de dépense de l'Etat, mis
à part des traitements des fonctionnaires. En outre, le financement des
déficits publics accapare à lui seul la moitié de
l'épargne des ménages européens, sommes qui pourraient
être plus utilement consacrées à financer des
investissements productifs.
M. Yves-Thibault de Silguy reconnaît que la compression des
dépenses publiques n'est pas une tâche aisée, car il y a
une inertie naturelle à la baisse des dépenses de l'Etat. Les
parlementaires savent mieux que quiconque qu'il est difficile de décider
des secteurs où réaliser des économies :
réduire les dépenses d'investissement peut s'avérer
contre-productif à long terme, car la compétitivité de
l'économie suppose d'avoir des services publics de qualité et des
infrastructures performantes ; par ailleurs, les dépenses de
fonctionnement ne sont pas indéfiniment compressibles. Il reste que,
selon le Commissaire européen, l'assainissement des finances de l'Etat
permet, grâce à la baisse des taux d'intérêt qu'il
autorise, d'enclencher un cercle vertueux qui allège la charge de la
dette, libère l'épargne et donc stimule l'activité. C'est
la voie dans laquelle s'est engagée la France. Elle commence d'ailleurs
à en engranger les fruits : les taux à trois mois ont
baissé de plus de quatre cents points de base en quinze mois. Cela
représente, pour les acteurs économiques, une économie en
charge d'intérêt supérieure à 100 milliards de
francs par an.
Utile pour relancer l'économie, ce mouvement d'assainissement des
finances publiques est également indispensable pour restaurer et
recréer progressivement des marges de manoeuvre budgétaire, que
l'autorité politique peut utiliser au service de la conduite des
politiques de l'emploi. Les seuls intérêts payés par la
France sur sa dette publique absorbent désormais quasiment
l'équivalent du produit total de l'impôt sur le revenu. Avec des
comptes équilibrés, la France pourrait supprimer les charges
sociales pesant sur les bas salaires, mesure qui aurait un impact
considérable sur l'emploi : le coût horaire d'un ouvrier de
l'industrie deviendrait en France trois fois inférieur à celui de
l'Allemagne, et de 40 % inférieur à celui de l'Italie ou des
Etats-Unis.
Une autre raison, de nature financière, justifie, pour le Commissaire
européen, la création de l'euro eu égard à
l'emploi : il faut faire en sorte que l'économie européenne
puisse bénéficier de taux d'intérêt bas. Tel est, en
définitive, l'objectif recherché avec la mise en oeuvre de
l'Union économique et monétaire. A cette fin, dès sa
création, l'euro doit être crédible, et donc attractif pour
l'épargne, si l'on veut que les taux d'intérêt se situent
à un niveau peu élevé. A quoi servirait, en effet, -
déclare-t-il - de créer une nouvelle monnaie, si ce n'est
pas une bonne monnaie ?
M. Yves-Thibault de Silguy estime donc qu'il faut assortir la
création de l'euro de toutes les garanties nécessaires pour
atteindre cet objectif de crédibilité, ce qui suppose tout
d'abord que les économies qui partageront la même monnaie
partagent également une même qualité de gestion.
Telle est la raison d'être des critères de convergence, que le
Président de la République a, à juste titre,
définis comme de simples critères de bon sens et de bonne
gestion : " il n'est pas de l'intérêt de la fourmi
d'épouser la cigale ". Faire entrer au sein de l'Union
monétaire des pays n'ayant pas encore accompli des efforts suffisants en
matière de convergence économique reviendrait ainsi à
sanctionner ceux qui ont eu un comportement vertueux, en leur imposant un
niveau de taux d'intérêt plus élevé que celui auquel
ils pourraient prétendre. Pour le Commissaire européen, la France
serait certainement au nombre des perdants.
C'est la raison pour laquelle, quand il s'agira d'arrêter la liste des
pays passant à l'euro au 1
er
janvier 1999, la Commission
appréciera, dans sa recommandation au Conseil, au début de
l'année 1998, la capacité des Etats membres à
respecter un " degré élevé de convergence
durable ". Chaque mot compte, souligne-t-il : respecter la
plupart
des valeurs de référence pour la seule année 1997 ne
suffira pas, mais il faudra aussi être en mesure de garantir le
caractère durable de l'assainissement, ce qui écarte a priori les
Etats dont les performances pour l'année 1997 seraient dues
à des mesures dont l'effet est ponctuel. Il s'agit là, à
ses yeux, d'une garantie pour la France. En effet, grâce aux efforts
d'assainissement des finances publiques en cours, la France
bénéficie aujourd'hui de taux d'intérêt qui figurent
parmi les plus bas au monde, et qui sont même souvent inférieurs
à ceux d'outre-Rhin.
Pour M. Yves-Thibault de Silguy, le passage à l'euro impose aussi
la poursuite d'une saine gestion budgétaire après le
1
er
janvier 1999. Aussi, les Etats qui participeront à
l'Union monétaire au 1
er
janvier 1999 seront-ils
liés entre eux par une sorte d'engagement collectif de saine
gestion : il s'agit du " pacte de stabilité et de
croissance ", qui, insiste-t-il, n'ajoute aucune disposition
contraignante
au Traité de Maastricht. Ce pacte fixe comme objectif la
neutralité des finances publiques et prévoit des
procédures afin de prévenir et de corriger d'éventuels
dérapages budgétaires. Ce pacte est, en quelque sorte, le
" règlement intérieur de la maison euro ", qui
permettra d'assurer la stabilité de la monnaie européenne et donc
sa crédibilité, condition sine qua non pour obtenir des taux
d'intérêt bas, qui favoriseront l'investissement, la croissance et
donc l'emploi.
En effet, avec des taux d'intérêt peu élevés, les
entreprises françaises auront un seuil de rentabilité de leurs
investissements plus bas et un coût d'accès au crédit moins
élevé. L'euro permettra également d'améliorer leur
rentabilité en réduisant certains coûts, et donc de
libérer des fonds supplémentaires pour l'investissements et
l'emploi. La création de l'euro supprimera, en effet, les coûts de
conversion et de couverture contre le risque de change au sein de l'UEM et les
frais de tenue des comptabilités en multidevises. Selon les estimations
de la Commission, la seule suppression des coûts de conversion
entraînera, pour l'Europe, une économie de l'ordre de
200 milliards de francs par an. Ce n'est pas un hasard si de grands
groupes multinationaux ont récemment publiquement envisagé de
redéployer leurs investissements et leurs centres de production, afin de
les localiser dans la zone euro ; de grands groupes asiatiques pourraient
être amenés à faire de même. Relocaliser les
investissements en Europe est précisément le but recherché
par l'UEM.
M. Yves-Thibault de Silguy estime que la création de l'euro
permettra donc de stimuler l'activité et d'obtenir un à deux
points de croissance supplémentaires, qui manquent pour créer
à nouveau massivement des emplois. Certes, une partie significative du
chômage en Europe n'est pas due à des raisons conjoncturelles,
mais nécessite des réponses adaptées en fonction de la
situation de chacun des Etats membres. Mais des études montrent que le
chômage diminue sensiblement dans l'Union quand la croissance
dépasse 2,6 %. Sachant que cette dernière devrait
s'établir à 2,3 % en 1997, contre 1,6 %
en 1996, inverser la courbe du chômage n'est donc pas
impossible : il suffirait d'un taux de croissance de 3 % par an
pendant cinq ans pour faire tomber le taux de chômage en Europe de plus
de 12 % à 9 %. Pour y parvenir, il n'y a pas d'alternative
à une relance de l'investissement et de la consommation grâce
à des taux d'intérêt bas.
Outre l'emploi, il existe une seconde raison à la mise en place de
l'euro : la nécessité de retrouver une marge de manoeuvre
sur la scène monétaire mondiale. Pour le Commissaire
européen, c'est là que doit se situer le débat actuel sur
la souveraineté.
L'Europe est la première puissance économique et commerciale au
monde, mais elle joue un rôle extrêmement modeste sur la
scène monétaire mondiale. Un quart de siècle après
la mort des accords de Bretton Woods, le dollar est toujours la
devise-clé du système monétaire international. Il est
utilisé dans 80 % des transactions sur les marchés des
changes, et dans la moitié des transactions commerciales
internationales. Pourtant, les exportations américaines ne
représentent que 18 % des exportations mondiales.
La croissance des échanges mondiaux crée donc structurellement un
besoin d'encaisse en dollars, qui permet aux Etats-Unis de faire financer leurs
déficits par l'étranger. Comme les effets internes des
oscillations du dollar sont assez limités, les autorités
monétaires américaines prêtent, selon le Commissaire
européen, une attention parfois insuffisante aux variations de sa valeur
externe : ainsi que l'avait déclaré l'ancien
Secrétaire d'Etat au Trésor, M. Connolly : " le
dollar est notre monnaie, mais c'est votre problème ".
De fait, note le Commissaire européen, les fluctuations du dollar
entraînent des effets pervers : quand il est trop bas, nous perdons
des parts de marchés ; quand il est trop haut, la facture
énergétique s'en ressent et nous subissons de fortes tensions
inflationnistes.
Les " dévaluations compétitives " de la lire italienne
et de la livre sterling du printemps 1995 ont coûté, en deux ans,
à l'Europe, deux points de croissance et 1,5 million d'emplois.
M. Yves-Thibault de Silguy estime qu'elles ont pour origine la crise du
peso mexicain, par dollar interposé. Il faut donc pouvoir se
protéger des chocs externes.
Pour le Commissaire européen, l'Union monétaire rendra la France
et les Etats membres moins dépendants des fluctuations monétaires
sur les marchés financiers pour deux raisons :
- d'une part, nos entreprises seront placées à l'abri du
risque de change, pour la majeure partie de leurs exportations, dont 60 %
sont effectuées sur le marché communautaire, où elles
vendront leurs produits dans la même monnaie, l'euro ;
- d'autre part, les variations du cours de l'euro auront
mécaniquement moins d'impact sur le taux d'inflation que n'en ont
aujourd'hui les variations des monnaies nationales. En effet, le degré
d'ouverture de la zone euro, c'est-à-dire la part des importations
rapportée au produit intérieur brut, diminuera avec l'UEM, de
30 % à 10 %. La marge de manoeuvre de la Banque centrale
européenne sera donc aussi importante que celle de la Réserve
fédérale américaine (Fed) aujourd'hui, car la zone euro
aura le même degré d'ouverture que les Etats-Unis. Le risque
d'inflation importée, même en cas de dépréciation de
l'euro, sera beaucoup plus faible qu'il ne l'est aujourd'hui en Europe.
L'Europe aura donc la faculté d'utiliser ses instruments de politique
monétaire sans être tenue de conserver en permanence l'oeil
rivé sur Wall Street.
Par ailleurs, l'euro deviendra progressivement une grande devise internationale
de transaction, stable, assise sur des économies bien
gérées et disposant d'un vaste marché financier
particulièrement liquide. Il attirera l'épargne internationale,
notamment les investisseurs asiatiques qui éviteront un " lancinant
tête à tête avec les bons du trésor
américain ". De même, nos partenaires commerciaux
- notamment d'Europe centrale et orientale, d'Afrique et du pourtour
méditerranéen - l'utiliseront certainement comme monnaie de
facturation internationale.
L'euro va donc permettre à l'Europe de redonner de la voix :
première puissance économique et commerciale, elle va en effet
retrouver un rôle monétaire, et ce rééquilibrage
permettra la reprise du dialogue macro-économique et monétaire
mondial pour promouvoir plus de stabilité monétaire
internationale. M. Yves-Thibault de Silguy indique qu'il sait que le
Président Clinton a chargé certains membres de son entourage de
commencer à étudier cette possibilité.
Concluant son exposé, M. Yves-Thibault de Silguy réaffirme
qu'il faut faire l'euro pour l'emploi, mais aussi pour retrouver la
maîtrise de notre destin, c'est-à-dire pour rendre au politique et
aux citoyens la capacité de décider et de faire des choix,
plutôt que de suivre les grandes tendances financières
internationales.
S'agissant du calendrier de l'UEM, le Commissaire européen apporte les
précisions suivantes :
- d'une part, la décision des chefs d'Etat ou de gouvernement sur
la liste des pays qui passeront à l'euro au
1
er
janvier 1999 sera prise " aussitôt que
possible en 1998 " ; la Commission et l'Institut monétaire
européen devront chacun présenter un rapport et la Commission des
recommandations, qui seront établis à partir des chiffres
définitifs de 1997, connus fin février 1998 au plus tard, et
ne seront donc pas disponibles avant mi-mars ; six semaines seraient
ensuite nécessaires pour un déroulement satisfaisant des
procédures parlementaires nationales et européennes, conduisant
à une décision vers la fin avril au plus tôt ; cette
question de calendrier sera examinée à la réunion
informelle des Ministres des finances et des Gouverneurs des banques centrales,
qui se tiendra à Noordwijk, aux Pays-Bas, du 4 au 6 avril
prochain ;
- d'autre part, il reste moins de cinq cents jours ouvrables avant la
naissance de l'euro, délai suffisant mais pas excessif pour assurer une
préparation satisfaisante ; il semble que les entreprises
françaises aient pris un peu de retard par rapport à leurs
concurrentes européennes ; or, il ne fait pas de doute que les
premiers prêts seront ceux qui tireront le plus grand profit du passage
à l'euro.
M. Robert Pandraud, président
, souligne les difficultés
politiques que va entraîner ce calendrier pour la France, puisque la
décision sur le passage à l'euro serait prise dans les semaines
suivant la réélection de l'Assemblée nationale et que cet
acte majeur de la nouvelle législature allait vraisemblablement
alimenter la campagne électorale.
Il fait part à M. Yves-Thibault de Silguy de la
nécessité d'expliquer, en langage clair, comment le citoyen va
réaliser ses transactions et ce que l'euro va lui apporter
concrètement. On l'a déjà tellement bercé
d'illusions, depuis qu'on lui vante les mérites de la politique
économique européenne, que les discours et les promesses n'ont,
pour lui, plus guère de crédibilité : M. Jacques
Delors avait promis beaucoup de créations d'emplois avant
Maastricht ; il est parti, mais les citoyens attendent toujours les
créations d'emplois.
M. Jacques Genton, président
, après avoir souligné
l'intérêt du Parlement français tout entier pour ces
questions fondamentales et l'utilité des travaux des deux
délégations pour les instances européennes, souhaite qu'au
Sénat, le débat sur ce sujet, prévu pour la fin de
l'année dernière, puis ajourné, puisse se dérouler
dans quelques semaines en séance publique.
Il s'interroge, d'autre part, sur l'efficacité des coopérations
renforcées, évoquées par la Commission européenne,
pour atteindre l'objectif de rapprochement des fiscalités, dans la
mesure où les Etats membres qui trouvent intérêt aux
différences fiscales ne voudront pas y participer, et a demandé
si ce mécanisme pouvait être réellement praticable en
matière fiscale.
En réponse,
M. Yves-Thibault de Silguy
rappelle qu'il
n'existe pas de préalable fiscal à l'UEM, mais qu'il appartient
bien aux négociateurs de la Conférence intergouvernementale
d'améliorer l'efficacité des institutions. Il indique que la
Commission souhaitait un accroissement du champ des décisions prises
à la majorité qualifiée pour surmonter les blocages
résultant, inévitablement, de l'exigence de l'unanimité,
blocages qui risquent de devenir plus dommageables dans une Communauté
élargie. Il prend acte des propositions franco-allemandes sur les
coopérations renforcées et constate que, dans le premier pilier,
la liste des questions dans lesquelles la délibération unanime
est nécessaire ne sont pas si nombreuses et que, parmi elles, figurent
les questions fiscales et sociales. Si personne ne souhaite une telle
extension, il faut, alors, renoncer à l'idée même de
coopération renforcée dans le premier pilier.
Il indique que l'UEM incitera, par elle-même, à certaines
harmonisations fiscales et sociales : avec des prix exprimés en
euros dans tout les Etats participants, les différences, par exemple en
matière de taux de TVA, seront en effet immédiatement
perceptibles pour les consommateurs et les producteurs, qui en tireront les
conséquences. Il observe ensuite qu'on ne pourrait lutter contre la
" flibuste fiscale " sans rapprocher les fiscalités.
Mme Nicole Catala, député
, ayant observé que,
pour la Délégation, les coopérations renforcées
devaient permettre une Europe à " géométrie variable ", et
n'avaient pas pour objet de contourner l'exigence de l'unanimité,
M. Yves-Thibault de Silguy souligne que si " géométrie
variable " il doit y avoir, c'est bien, dans son esprit, afin de
surmonter
le blocage qu'un seul Etat peut exercer en cas de décision à
l'unanimité, mais, dans ce cas, il faut tôt ou tard
répondre à la question des domaines dans lesquels ces
coopérations renforcées pourront s'exercer.
Ayant observé que le rôle moteur joué par la
coopération franco-allemande dans la construction européenne
laissait aujourd'hui place à l'expression de sensibles divergences sur
la monnaie unique,
M. François Guillaume,
député
, s'interroge sur les moyens de les réduire.
Selon lui, la première difficulté se rapporte à
l'interprétation faite, à Paris et à Bonn, des
critères de convergence, qui admet, ici, une certaine flexibilité
d'application, mais impose, là-bas, un respect rigide. Une
deuxième difficulté concerne la liste des participants
originaires à la monnaie unique. Si la France est favorable à la
présence de l'Italie, pays fondateur de l'Union européenne,
l'Allemagne a exprimé des réticences, et pas seulement dans des
cercles restreints, mais de plus en plus largement dans l'opinion, ce
scepticisme ne semblant pouvoir être contenu que par la volonté du
Chancelier Kohl. Une troisième difficulté porte sur la fixation
du niveau souhaitable de l'euro par rapport aux autres monnaies, lesquelles
d'ailleurs fluctuent largement, ce qui rend l'exercice particulièrement
malaisé. S'agissant de la parité avec le dollar,
M. François Guillaume observe que les recommandations du dernier
G 7 avait tendu à stabiliser la parité du dollar,
après une forte remontée récente. Il critique cette
recommandation, estimant que la bonne parité du dollar pourrait
s'établir à 6 francs ou 6,50 francs, alors même
que les taux de chômage diffèrent grandement d'une zone à
l'autre. Il estime que la dernière difficulté résultait de
la conception même de la Banque centrale européenne, laquelle doit
être tout à fait indépendante pour l'Allemagne, la France
exprimant des réserves devant une politique trop strictement
monétariste qui méconnaîtrait les impératifs de
développement et de croissance.
M. Yves-Thibault de Silguy
doute de l'existence de divergences
entre les décideurs politiques, même si quelques
déclarations d'un responsable de la Bundesbank ou d'un prix Nobel
d'économie sont avantageusement relayées par la presse. Il
souligne qu'au Conseil des ministres, au Conseil européen ou dans les
conversations qu'il a eues avec les responsables politiques des deux pays, il
n'a ressenti aucune divergence sur les quatre questions évoquées
par M. François Guillaume.
Quant aux critères de convergence, ils n'ont pas été
modifiés par rapport à la définition qu'en donne le
Traité : ni durcis, ce qui conduirait à exclure abusivement
certains pays de l'UEM ; ni assouplis, ce qui signifierait un
relâchement des efforts de consolidation budgétaire, avec des
conséquences fâcheuses en termes de taux d'intérêt et
d'emploi. Leur respect ne vise qu'à garantir un " degré
élevé de convergence durable ", non seulement le budget
réalisé de 1997, mais aussi le budget voté de 1998, devant
ainsi être pris en compte pour le passage à l'euro.
S'agissant du nombre des participants originaires à la monnaie unique,
il souligne que les critères sont économiques et non
géographiques. L'Italie, l'Espagne et le Portugal, soumis aux
mêmes critères, seront traités de la même
façon que les autres pays. Il a regretté une certaine propension
de l'Europe du Nord à négliger les efforts faits par les pays du
Sud, dans un consensus national remarquable, et dont certains résultats,
comme ceux du Portugal, sont " à faire pâlir " les pays
du Nord.
S'agissant du niveau de l'euro par rapport aux autres monnaies, le Commissaire
européen observe qu'il est impossible de fixer a priori sa valeur par
rapport à celle du dollar, les suites de la déclaration du
G 7 en apportant à nouveau la démonstration. Il rappelle
que, l'équivalent de la richesse annuelle de la France
s'échangeant chaque jour sur les marchés financiers, la marge de
manoeuvre dont dispose un pays pour fixer et maintenir la valeur de sa monnaie
est extrêmement faible. Selon lui, la valeur d'une monnaie est le reflet
de la santé économique, les préoccupations de
stabilité monétaire étant prioritaires non seulement en
France, mais aussi sur le plan international. Après avoir rappelé
qu'à la réunion du G 7 tenue à Halifax en
juillet 1995, le souhait avait été exprimé d'un
renforcement de la coordination macro-économique et monétaire sur
le plan international, il a insisté à nouveau sur le fait que la
création de la monnaie unique ramènera le degré
d'ouverture de la zone euro à ce qu'il est actuellement pour les
Etats-Unis, permettant ainsi à l'Europe d'être moins sensible
à la valeur externe de sa monnaie (
benign neglect
), et
dégagera la Banque centrale européenne de certaines pressions
liées à l'inflation importée.
Abordant la question de la Banque centrale européenne,
M. Yves-Thibault de Silguy nie l'existence de divergences entre la
France et l'Allemagne sur sa nécessaire indépendance. Cette
indépendance, comme celle du Système européen de banques
centrales, est indispensable à la crédibilité de la
politique monétaire. Il souligne néanmoins que la Banque centrale
européenne, de par sa nature même, ne pourra se réduire
à n'être qu'une copie de la Bundesbank.
M. Christian de la Malène
estime qu'il s'agit bien là
du débat essentiel relatif à l'euro, et déclare qu'il
n'est nullement convaincu par le langage tenu par le Commissaire
européen lorsqu'il assure que la Banque centrale européenne
rendra son rôle au politique dans la gestion de la monnaie
européenne. Ce discours est, en effet, totalement contredit par
l'Allemagne, pour laquelle la mission de la Banque centrale se résume au
maintien de la stabilité des prix et à la lutte contre
l'inflation. Le gouvernement français affirme qu'il faudra mettre
l'accent sur la croissance ; l'Allemagne considère, au contraire,
que l'euro n'a rien à voir avec le fait d'encourager ou non la
croissance économique, et nous avons même eu beaucoup de
difficultés à lui faire accepter que ce mot fût
accolé à celui de stabilité dans l'intitulé du
pacte en négociation. Ce décalage de conception entre les deux
pays pose un réel problème et le gouvernement français,
pas plus que le Commissaire européen, n'a pour l'instant apporté
de réponse claire à cette question majeure : qui tranchera
sur les finalités de l'euro ?
M. Yves-Thibault de Silguy
rappelle que la Banque centrale
européenne sera dirigée par un directoire composé d'un
représentant de chacune des banques centrales des Etats membres
partageant l'euro. Il est certain qu'une coordination devra s'établir
entre le Président de la Banque centrale européenne et les chefs
d'Etat ou de gouvernement, qui devront arrêter, chaque année, les
" grandes orientations de politique économique ". Le Conseil
européen devra jouer son rôle politique, mais également le
Conseil " Ecofin " qui devra exprimer de réelles
orientations
politiques et non se contenter de simples échanges de vues.
M. Patrick Hoguet, député
, fait observer que l'une
des conséquences inévitables de la mise en oeuvre de l'euro sera
la nécessité de réduire les différences entre les
politiques intérieures, notamment dans le domaine des finances publiques
et de la fiscalité. Il se demande de quelle façon il serait
possible d'impliquer les Parlements nationaux dans le fonctionnement de l'UEM.
Il serait souhaitable qu'ils soient collectivement associés, de
façon consultative, à ces travaux et que le Président de
la Banque centrale européenne soit entendu par eux. Enfin, il souhaite
savoir quel degré de contrainte pèsera sur les Etats ne
participant pas à l'euro dès sa création et comment ceux
qui y participeront seront protégés contre les
dévaluations compétitives.
M. Robert Pandraud, président
, s'interroge sur le risque de voir
les monnaies des pays ne participant pas à l'euro subir un
phénomène de désaffection et donc une forte chute. Il
doute par ailleurs que le Président de la Banque centrale
européenne puisse se rendre devant l'ensemble des Parlements nationaux.
M. Yves-Thibault de Silguy
estime que l'on peut parfaitement
envisager une présentation, par le Président de la Banque
centrale européenne, de la politique monétaire devant les
Parlement nationaux, ce qui ferait partie de son devoir et de son rôle.
Il ajoute que les Parlements nationaux pourraient être prochainement
consultés sur de nombreux textes : projet remanié de pacte
de stabilité et de croissance, statut juridique de l'euro,
réserves obligatoires et répartition du capital de la Banque
centrale européenne, statistiques, textes qui lui paraissaient
susceptibles de relever, en France, de l'article 88-4 de la Constitution. Il a
indiqué que, sans modifier le Traité, afin de ne pas
" rouvrir la boîte de Pandore ", des opportunités
existaient, dans l'année économique européenne à
venir, pour une information et une consultation des Parlements nationaux.
La question des contraintes qui seront imposées aux pays ne participant
pas dès l'origine à l'euro est essentielle ; il conviendra,
à cet égard, que tant la Commission que l'Institut
monétaire européen préparent très soigneusement les
différentes étapes de la monnaie unique, durant la période
qui s'ouvre ce printemps et qui va jusqu'au printemps 1998. Tout effet
d'annonce devra être évité. La liste des pays prêts
à entrer dans la voie de la monnaie unique devra être mûrie
et des " formules de passage " devront être établies
pour ceux qui rejoindront l'euro ultérieurement : calendrier
prévisionnel, renforcement progressif de la convergence,
modalités de réduction du déficit et de l'endettement,...
Le Commissaire européen souligne que les pays pour lesquels une
entrée immédiate dans l'euro ne sera pas possible
réalisent beaucoup d'efforts pour assainir leur situation
économique et que les marchés sont susceptibles de réagir
à ces efforts en en anticipant les conséquences positives.
Le Commissaire européen estime donc que les Etats membres n'appartenant
pas à la zone euro ne devraient vraisemblablement pas connaître de
phénomène de fuite devant leur monnaie. Il rappelle, en premier
lieu, que la monnaie de ces pays devra respecter des marges de fluctuation
vis-à-vis de l'euro - assez larges au départ - et que
des accords de réduction de ces marges pourront être conclus en
fonction des programmes de convergence. Il fait remarquer, en second lieu, que
la Banque centrale européenne disposera de réserves deux à
trois fois supérieures à celles de la Bundesbank, ce qui devrait
faciliter d'éventuelles interventions sur les marchés financiers
pour défendre les monnaies des Etats membres qui seraient
attaquées. Il souligne, en dernier lieu, que les Etats membres
concernés, désireux de rentrer dans la zone euro, n'auront de
cesse de satisfaire aux critères de convergence et donc
d'éliminer progressivement les causes éventuelles de
défiance à l'égard de leur monnaie.
La seule véritable difficulté, quant à la gestion des
monnaies des Etats membres n'appartenant pas à la zone euro,
réside, selon lui, dans la gestion
" politico-médiatique " de la période qui les
sépare de l'entrée dans la zone euro. Il convient, rappelle-t-il,
d'éviter de mettre les Gouvernements devant le fait accompli et
d'élaborer des solutions susceptibles de faire l'objet d'un consensus,
à la fois au sein des Etats membres concernés et au sein de
l'opinion publique européenne.
Après avoir rappelé que le Royaume-Uni était appelé
à renouveler la Chambre des communes, au plus tard le
1
er
mai prochain,
M. Xavier de Villepin
demande au Commissaire européen son sentiment quant à
l'évolution de la position du parti travailliste vis-à-vis de
l'euro. Il rappelle, à cet égard, que, si le parti conservateur
n'est pas favorable à la monnaie unique, le parti travailliste, en
revanche, semble plus prudent et que sa position risquait d'évoluer en
fonction des pressions exercées par la City.
Abordant la question des efforts déployés par les pays du sud de
l'Europe pour respecter les critères de convergence, il fait observer
que l'Italie, en dépit de réels efforts, n'était pas
parvenue à résorber une dette publique qui s'élève
désormais à 1 300 milliards de dollars, et
représente ainsi la troisième dette au monde après les
Etats-Unis et le Japon. Autant dire qu'avec une dette de près de
125 % du PIB, l'Italie est très loin de respecter le critère
relatif à la dette publique, qui ne doit pas dépasser 60 %
du PIB.
Compte tenu de cette difficulté, M. Xavier de Villepin s'interroge,
d'une part, sur les critères utilisés par Eurostat pour inclure
la dette des chemins de fer italiens dans la dette publique italienne et
souhaite savoir si cette décision aura des répercussions, en
France, sur la prise en compte éventuelle de la dette de la SNCF au sein
de la dette publique. Faisant observer qu'une fois l'Italie entrée dans
la zone euro, sa dette serait libellée en euro, il s'est
inquiété des conséquences d'une telle situation sur la
crédibilité de la monnaie unique.
S'agissant de la position du Royaume-Uni
, M. Yves-Thibault
de Silguy
souligne l'intensité des débats politiques
relatifs à l'entrée dans la monnaie unique. Il précise que
ces débats se focalisent sur une question essentielle : la perte de
la souveraineté britannique.
Il indique comment le Gouvernement actuel présente sa stratégie
vis-à-vis de l'euro, dans une situation où les trois quarts des
conservateurs ne sont pas favorables à la monnaie unique. Le
Gouvernement britannique considère que, soit l'euro ne pourra pas voir
le jour le 1
er
janvier 1999, parce que les Etats membres ne
respecteront pas les critères, soit l'euro verra le jour en raison d'une
interprétation souple de ces critères, ce qui fragilisera la zone
euro et conduira,
de facto
, le Royaume-Uni à refuser d'en
faire partie.
Toutefois, il fait état des facteurs susceptibles d'influencer la
position du Gouvernement britannique au pouvoir lors de la mise en place de
l'euro. Rappelant que la City représente désormais 20 % du
PIB anglais, il souligne que la position adoptée par la City
vis-à-vis de l'euro risque de peser largement sur l'attitude du
Gouvernement. Certes, actuellement, aucun indice ne permet de préjuger
de la position de la City, mais celle-ci s'investit largement, du point de vue
technique, dans le projet euro, au point qu'une bonne part de l'apport
technique sur les conditions et les conséquences de l'introduction de
l'euro, notamment en matière de sécurité juridique des
contrats, est venue de Grande-Bretagne. Le Commissaire européen fait
remarquer que deux questions suscitaient un intérêt majeur de la
part de la City et pouvaient convaincre le marché financier anglais du
caractère inéluctable de l'euro. Il fait observer, en effet, que
la City semblait s'intéresser au système Target, autrement dit,
aux modalités de refinancement en euro des banques par la future banque
centrale européenne. Il est généralement admis que seules
les banques établies dans des Etats membres de la zone euro pourront
bénéficier de refinancement en euro, et que celles ne relevant
pas de la zone euro devront verser une contribution financière pour
bénéficier de ce système. Il précise que la City ne
voit pas d'un très bon oeil une telle contrainte. Il estime, par
ailleurs, que la City refuserait de rester à l'écart du mouvement
de concentration bancaire que devrait vraisemblablement engendrer l'euro.
L'ensemble de ces facteurs expliquent, selon lui, la volonté de
M. Tony Blair, leader du parti travailliste, de laisser ouvert le
débat de l'euro, afin, le cas échéant, de mettre en avant
les intérêts de la City pour faire accepter, par son opinion
publique, l'entrée dans la zone euro.
Quelle que soit la position du Gouvernement britannique au pouvoir en avril
1998, il précise que celui-ci n'échappera pas à un
référendum sur la monnaie unique. Il indique que les opinions
sont actuellement extrêmement divergentes quant au résultat d'un
tel référendum, certains estimant qu'il ne pouvait
déboucher que sur un refus clair et net de l'euro, tandis que d'autres
faisaient état du caractère incertain du résultat.
Soulignant l'ironie du calendrier, le Commissaire européen fait observer
, en dernier lieu, qu'il reviendra au Royaume-Uni de présider le Conseil
qui décidera de la liste des Etats membres remplissant les conditions
nécessaires pour l'adoption de la monnaie unique.
M. Robert Pandraud, président
, fait observer que si les citoyens
du Royaume-Uni et, sans doute, du Danemark, peuvent se prononcer sur le passage
à la monnaie unique par la voie d'un référendum, en
revanche, en France, la seule procédure envisageable serait l'article
88-4 de la Constitution, ce qui, toute révérence gardée
à l'égard de cette procédure, nous situe bien
en-deçà dans l'échelle démocratique, compte tenu du
caractère purement consultatif de l'intervention du Parlement. Il a
estimé, quant à lui, que le Traité de Maastricht ayant
été ratifié par voie référendaire, un
référendum sur l'application de ce Traité n'aurait aucun
sens. Une déclaration de politique générale portant sur la
politique européenne de la France, sur laquelle le Premier ministre
engagerait la responsabilité du Gouvernement, lui apparaîtrait, en
revanche, une procédure appropriée et très opportune.
M. Yves-Thibault de Silguy
précise que seuls deux Etats membres
ont obtenu, lors de la négociation du Traité de Maastricht, des
clauses d'exemption leur permettant de se prononcer sur leur participation
à l'euro : le Royaume-Uni et le Danemark.
Abordant la question de l'entrée de l'Italie dans la zone euro,
M. Yves-Thibault de Silguy fait part de sa totale opposition quant
à un quelconque pré-examen des conditions de participation
à la zone euro de cet Etat membre, faisant valoir qu'actuellement, toute
analyse de la situation d'un pays au regard des critères de convergence,
ne pouvait qu'exiger une lecture stricte de ces critères,
décourageant ainsi les Etats membres ne les respectant pas encore, une
lecture souple du Traité ne pouvant que nuire à la
crédibilité de l'euro.
Considérant ce débat comme prématuré et totalement
inutile, il rappelle que la décision quant au choix des participants
à la zone euro ne serait prise qu'au début de
l'année 1998, en fonction du degré de convergence des Etats
membres au regard des cinq critères établis par le Traité
de Maastricht, et en prenant en compte le caractère durable de cette
convergence, notamment compte tenu des budgets votés pour l'année
1998.
Il insiste toutefois sur les efforts considérables
réalisés par l'Italie pour respecter les critères, faisant
valoir que le Gouvernement de M. Romano Prodi n'avait pas
hésité à instaurer " une taxe Europe " pour
réduire le déficit budgétaire italien.
Mme Nicole Catala, député,
fait remarquer que la France
subissait également une " taxe ", et non des moindres, pour
respecter les critères, à savoir son taux de chômage.
M. Yves-Thibault de Silguy
s'insurge contre une telle affirmation,
faisant valoir qu'aucun déficit public n'était créateur
d'emplois et que la construction européenne n'était pas synonyme
de chômage. Keynes est mort, répond-il à M. Michel
Caldaguès qui évoque l'auteur de la " Théorie
générale ", et il ne sert plus à rien, dans un monde
ouvert, de jouer sur les déficits publics pour influencer la conjoncture.
Abordant la question des modalités de calcul des déficits
publics, le Commissaire européen précise les conséquences
de la prise en compte ou non des dettes des organismes gérant les
chemins de fer. Après avoir rappelé qu'Eurostat est un organisme
totalement indépendant de la Commission, il précise les
critères utilisés par cet office pour apprécier si une
mesure telle que le versement à l'Etat par France Télécom
de 37 milliards de francs destinés à assurer le financement
des retraites de ses fonctionnaires, peut être considérée
comme un allégement, ou non, des déficits publics. Une reprise de
la dette n'est généralement pas considérée comme
affectant le déficit courant d'un Etat membre.
Il fait donc observer que la reprise de la dette de la SNCF par l'Etat
français ne devrait avoir aucune conséquence sur
l'appréciation du déficit courant français au regard des
critères du Traité de Maastricht. Toutefois, le niveau
d'endettement français étant largement inférieur au niveau
atteint, par exemple, par l'Italie, le respect du critère relatif
à la dette publique ne devrait pas soulever de difficulté en
France.
M. Robert Pandraud, président
, ayant souligné que la
gestion de la dette était tout aussi importante que son montant et
déploré les dysfonctionnements constatés en France
à cet égard,
M. Yves Van Haecke
,
député,
souhaite revenir, compte tenu des
inquiétudes que suscite aujourd'hui cette question, sur les relations
futures entre le dollar et l'euro. Rappelant que les économies
européennes s'efforçaient aujourd'hui de faire remonter le cours
du dollar, il fait observer que l'attraction exercée par l'euro sur les
placements internationaux conduira, à l'inverse de nos efforts actuels,
à une baisse du dollar. S'agissant par ailleurs, du nombre de
participants initiaux à la monnaie unique, M. Yves Van Haecke
juge peu souhaitable de trop restreindre le champ géographique de
celle-ci, au risque de la réduire à une " super zone
Mark ", et se prononce en faveur d'une participation des pays du sud,
tels
que l'Italie et l'Espagne, qui fera de l'euro une véritable monnaie
européenne.
M. Yves-Thibault de Silguy
souligne la difficulté de la
question des relations avec le dollar, sur laquelle la Commission
européenne travaille actuellement, et insiste sur l'impossibilité
de dicter leur conduite aux marchés financiers, compte tenu de l'ampleur
des mouvements de capitaux.
M. François Guillaume
rappelle que les " accords du
Plaza ", en 1985, puis, deux ans après, les " accords du
Louvre " avaient permis des variations sensibles du dollar.
M. Yves-Thibault de Silguy
, après avoir rappelé
l'absence de répartition équilibrée entre les flux
commerciaux et le montant des transactions réalisées sur une
monnaie, met en exergue l'absence d' " existence monétaire "
de l'Union européenne, un peu similaire à la situation qui
prévaut en matière de politique étrangère,
où l'Union ne joue aucun rôle, alors qu'elle est le principal
bailleur de fonds dans certaines régions, ainsi en Bosnie et en
Palestine. Le Commissaire européen estime ensuite que la mise en place
de l'euro permettra à notre commerce extérieur d'échapper
aux fluctuations du dollar, et ce, d'autant plus largement que la France
réalise 60 % de ses échanges avec ses partenaires
européens. Faisant valoir que les pays d'Afrique, des Caraïbes et
du Pacifique (ACP) et les pays d'Europe centrale et orientale pourraient
libeller progressivement leurs transactions en euro, cette solution
étant également envisagée pour des échanges
pétroliers et par de grandes entreprises, M. Yves-Thibault de
Silguy juge ainsi que la majeure partie du commerce extérieur
européen pourrait se faire en euro, réduisant ainsi par
là-même le rôle du dollar. Il estime, au demeurant,
impossible de fixer dès aujourd'hui les valeurs respectives de ces deux
monnaies, compte tenu des incertitudes pesant sur les trois facteurs
déterminants à cet égard que sont la politique
budgétaire, la politique monétaire et l'évolution
salariale. Le Commissaire européen considère enfin que la mise en
place de l'euro conduira sans doute à une attitude de neutralité
bienveillante ("
benign neglect
") à l'égard de
ses fluctuations, ainsi qu'à une reprise du dialogue multilatéral
qui s'avérera de plus en plus nécessaire.
M. Robert Pandraud, président
, souhaite savoir comment sera,
à l'avenir, assurée la représentation de l'Union
européenne dans les organismes monétaires internationaux. Il
s'interroge également sur le sort des réserves en or et en
devises, détenues aujourd'hui par la Banque de France.
M. Yves-Thibault de Silguy
précise tout d'abord que la
question de la représentation de la zone euro dans les enceintes
monétaires internationales n'est, à ce jour, pas encore
tranchée, mais ne concernera, en tout état de cause, que quelques
organismes. S'agissant des enceintes telles que le G7, dans lesquelles sont
présents les banquiers centraux, M. Yves-Thibault de Silguy
relève qu'on ne savait pas encore qui adjoindre au Président de
la Banque centrale européenne : le Président du futur
" Conseil de stabilité et de croissance ", un membre de la
Commission ou le Président du Conseil en exercice, ce dernier choix
n'apparaissant pas forcément le plus heureux, la présidence de
l'Union pouvant fort bien revenir à un Etat membre ne participant pas
à la monnaie unique. Le Commissaire estime indispensable d'assurer sur
ce point une " unité de voix du politique face au
monétaire ".
S'agissant, par ailleurs, des réserves de la Banque de France, le
Commissaire européen, après avoir précisé que cette
question relevait sans doute plus certainement de la compétence de son
gouverneur, rappelle qu'en vertu des dispositions du Traité, la Banque
centrale européenne sera dotée d'un capital de 50 milliards
d'écus fournis par les Etats membres, selon une clé de
répartition qui sera déterminée par le Conseil, avec
possibilité d'avoirs supplémentaires. Distinguant l'utilisation
des réserves pour l'accomplissement d'engagements internationaux, qui
est, selon lui, indépendante de l'euro et relève donc de la
compétence de chaque banque centrale nationale, de celle faite dans le
cadre de la conduite des politiques monétaires, M. Yves-Thibault de
Silguy précise que, dans ce dernier cas, les réserves seraient
gérées par les banques centrales nationales agissant par
délégation de la Banque centrale européenne. Le
Commissaire, ayant qualifié ce mode de gestion de
" décentralisée ", le Président Robert Pandraud
estime que, dans le cas d'espèce, il s'agirait davantage d'une
déconcentration.
M. Patrick Delnatte, député
, s'interroge sur la
volonté de tous les Etats membres d'aller vers la convergence de leurs
politiques économiques et budgétaires, comme le montre l'exemple
britannique. Il souhaite savoir quelles mesures compensatoires peuvent
être envisagées dans l'hypothèse de dévaluations
compétitives, dont il souligne le risque.
En réponse,
M. Yves-Thibault de Silguy
fait valoir qu'il est
difficile d'anticiper les catastrophes, mais que celles-ci lui paraissaient
fort peu probables, car tous les Etats européens, sauf le Royaume-Uni,
désirent entrer dans l'euro ou, en tout cas, s'agissant du Danemark,
adhèrent à la nécessité d'une convergence des
politiques économiques. Quant à la politique économique
britannique, personne ne peut nier qu'elle est raisonnable et convergente. A
propos d'éventuelles compensations, il met en lumière leur
extrême difficulté. Ainsi, sa proposition d'introduire une
conditionalité macro-économique dans l'attribution des fonds
structurels n'a-t-elle pas été retenue. Il s'interroge, plus
généralement, sur la réalité de l'impact
prêté à ces dévaluations compétitives,
soulignant que les difficultés, réelles, rencontrées par
certains secteurs résultaient sans doute davantage de fragilités
structurelles face à la mondialisation. Il rappelle également que
les pays du sud, en particulier l'Italie, avaient accompli de tels efforts de
convergence que le problème pourrait bientôt disparaître. Il
ajoute aussi que l'Italie payait aujourd'hui très chèrement la
nécessité d'un rééquilibrage de ses comptes,
obérés par les conséquences d'un certain laxisme
antérieur.
A
M. Christian de la Malène
, qui a observé que l'Europe
coûte cher à l'Italie,
M. Yves-Thibault de Silguy
répond que l'Europe conduit seulement ce pays à devenir vertueux,
M. Xavier de Villepin
faisant valoir qu'il fallait prendre garde aux
conséquences politiques de cette situation.
Mme Nicole Catala, député
, demande au Commissaire
européen comment seraient organisés les rapports entre les pays
participant à la monnaie unique et ceux qui appartiennent à
l'Union européenne, mais ne font pas partie du système
monétaire européen, ainsi la Grèce. Elle rappelle
également que le Président de la République avait
laissé entrevoir aux pays d'Europe centrale et orientale la
possibilité d'adhérer très prochainement à l'Union
européenne, alors que la monnaie unique n'entrerait en vigueur
qu'en 2002, d'où un décalage susceptible de susciter des
difficultés.
Elle fait valoir l'ambivalence des rapports entre monnaie et économie,
soulignant que la fonction d'instrument de politique économique de la
monnaie se limitait, dans le Traité de Maastricht, à la
stabilité des prix, et elle s'interroge sur le hiatus entre cette vision
des choses et la politique américaine qui a su concilier, avec un grand
succès, déficit budgétaire important et utilisation du
dollar comme instrument de politique commerciale. Elle souhaite savoir si la
position de la France, qui milite en faveur de la participation de pays du sud
de l'Europe, était analysée comme traduisant la volonté de
faire de l'euro un instrument de combativité commerciale .
Elle exprime un grand scepticisme à l'égard de l'optimisme
affiché par le Commissaire européen en ce qui concerne le
rôle croissant de l'euro dans les transactions internationales, observant
la place du dollar dans les échanges agroalimentaires.
M. Robert Pandraud, président
, fait valoir que les
économistes se sont presque toujours trompés lors des cinquante
dernières années et il en tire la conclusion qu'il est à
peu près impossible d'avoir des certitudes. Il souligne que le
redressement de la balance commerciale française avec l'Italie entre
1994 et 1995, et en fin d'année 1995, en dépit des
évolutions monétaires, s'inscrit en contradiction avec les
théories économiques.
En réponse,
M. Yves-Thibault de Silguy
note que
l'état de la balance commerciale avec l'Italie montre que la France a
une économie compétitive, et il rappelle que le passage à
la monnaie unique interviendrait le 1
er
janvier 1999 et non en
2002, qui est simplement l'année de la mise en circulation des billets
et des pièces en euros. S'agissant des relations entre les Etats membres
participant à l'euro dès l'origine (pays "
in
")
et les autres (pays " pre -
in
"), il note que tous
ces
derniers ont vocation à entrer dans la zone euro, et qu'ils avaient
intérêt, en conséquence, à remplir les
critères de convergence. Il reconnaît que les pays d'Europe
centrale et orientale ne peuvent pas entrer immédiatement dans la zone
euro, et que cela pose un problème d'une grande complexité,
compte tenu en particulier de leurs structures de financement très
différentes des nôtres.
En se déclarant conscient que la fixation des parités
d'entrée dans l'euro suscitera des risques de spéculation, il
considère qu'il est nécessaire d'amorcer un processus consensuel,
afin de ne pas créer de surprise.
Quant au rôle assigné à la politique monétaire par
le Traité de Maastricht, il admet qu'il reflète plutôt la
conception allemande selon laquelle cette politique a pour objet
d'éviter l'inflation et non de contribuer à une politique
commerciale. Pour autant, il estime que cette conception n'était pas
différente de celle des Etats-Unis, surtout depuis une trentaine
d'années. Dans ce contexte, l'euro pourra, en prenant un essor
comparable au deutschemark et en s'y substituant, constituer progressivement
une alternative crédible au dollar, celui-ci perdant son monopole,
grâce auquel les Etats-Unis pouvaient jusqu'à présent
financer leurs déficits.
M. Xavier Deniau, député
, s'enquiert des
modalités du contrôle auquel sera soumise la Banque centrale
européenne.
M. Yves-Thibault de Silguy
répond que son statut sera
analogue à celui des banques centrales nationales ; nommés
par le pouvoir politique, ses dirigeants conduiront la politique
monétaire de manière indépendante, sans recevoir
d'instruction de celui-ci.
Cela étant, il précise que les responsables de la Banque centrale
européenne devront rendre compte de leur politique monétaire au
Conseil européen et au Parlement européen, l'absence
d'instruction du pouvoir politique constituant, comme l'illustre l'exemple
allemand, le gage d'une politique monétaire apte à
maîtriser l'inflation.
M. Pierre Fauchon
, après avoir constaté que les
déclarations du Commissaire européen permettent
d'apprécier positivement le déroulement d'un processus historique
pour l'Europe, se déclare toutefois inquiet du divorce entre l'opinion
et les responsables politiques. Se référant aux analyses de la
presse, qui se fait l'écho du pessimisme de l'opinion, il estime que
celle-ci, à tort ou à raison, imputait les sacrifices qui lui
sont demandés et la montée du chômage à la
création de l'euro. Ainsi que l'atteste l'évolution de l'opinion
publique allemande, devenue de moins en moins monolithique sur ce
problème, il existe un grave péril que l'Europe ne soit ressentie
comme étant seulement une construction de nature technique.
Abordant ensuite le livre blanc " croissance, compétitivité,
emploi ", présenté par la Commission européenne en
1993, il regrette que l'idée de grands travaux européens ait
été abandonnée, alors que, selon lui, il serait
parfaitement possible de la concrétiser sans obérer les finances
de la Communauté, en raison du crédit dont elle jouit sur les
marchés financiers.
M. Yves-Thibault de Silguy
fait valoir que les craintes de
l'opinion face à l'euro étaient une spécificité
française, car il ne les avait pas rencontrées dans les autres
Etats membres, telle l'Irlande, où le taux de chômage atteint
pourtant 16 %. Il estime que le problème s'explique, en France, par
un insuffisant effort de communication, faisant ainsi observer qu'il est
davantage invité par la BBC britannique que par les médias
français. C'est pourquoi il juge caricaturaux les liens établis
entre le taux de chômage et la création de l'euro.
M. Robert Pandraud, président
, estime qu'il appartient
également à la Commission européenne d'accomplir un effort
de communication afin de mieux expliquer ses travaux à l'opinion
publique. Il souligne enfin la fâcheuse coïncidence du calendrier de
l'UEM avec les échéances électorales françaises.
M. Yves-Thibault de Silguy
, abordant la question de la date de la
décision relative à la liste des Etats membres qui participeront
à l'euro dès le 1
er
janvier 1999, rappelle que le
Traité la fixait le 30 juin 1998 au plus tard, mais qu'il
était nécessaire, pour des raisons techniques tenant à la
nécessaire préparation des banques centrales nationales et de la
Banque centrale européenne, de l'avancer au plus tôt, sans qu'il
soit techniquement envisageable de remonter avant la fin du mois d'avril. En
tout état de cause, le Conseil informel réunissant les Ministres
des finances et les Gouverneurs des banques centrales, qui se tiendra les 4, 5
et 6 avril prochain à Noordwijk, devra établir un calendrier
très précis, pour ne pas laisser les marchés financiers
dans l'incertitude.
C. MARCHE INTERIEUR DU GAZ NATUREL (PROPOSITION E 211)
Le mercredi 5 février 1997, la
délégation a entendu M. Franck Borotra, ministre de l'industrie,
de la Poste et des télécommunications, sur l'état des
négociations concernant la proposition de directive relative au
marché intérieur du gaz naturel (E 211) ; elle a
examiné une proposition de résolution de M. Jacques Oudin
sur cette proposition d'acte communautaire.
M. Franck Borotra
souligne tout d'abord que cette négociation est
plus difficile qu'il y paraît au premier abord, compte tenu de la grande
diversité des situations des Etats membres dans ce domaine. Deux pays de
l'Union européenne, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne, sont des
producteurs excédentaires ; d'autres Etats, dont la France, utilisent le
gaz naturel, mais dépendent presque totalement de l'extérieur
pour leur approvisionnement ; enfin, certains pays constituent des
marchés émergents dans le secteur du gaz. Par ailleurs, le
marché du gaz naturel est caractérisé par l'existence
d'oligopoles, de gros consommateurs négociant avec de gros producteurs.
Il s'agit d'un secteur dans lequel la concurrence ne peut assurer à elle
seule le bon fonctionnement du marché.
Le ministre estime ensuite que l'adoption d'une directive communautaire est
souhaitable pour de multiples raisons. En premier lieu, l'interconnexion des
réseaux tend à se généraliser et il ne paraît
guère souhaitable que la France reste à l'écart de ce
mouvement. Dans les années à venir, l'existence de ressources
excédentaires permettra une diminution sensible du prix du gaz dont la
France doit pouvoir profiter. En second lieu, les gros consommateurs
industriels devraient pouvoir accéder au gaz dans les meilleures
conditions possibles, afin de renforcer leur compétitivité. En
troisième lieu, la menace que la France soit condamnée par la
Cour de justice des Communautés européennes pour le maintien de
ses monopoles existe toujours. Enfin, une telle directive permettra de
faciliter la croissance de Gaz de France qui a vocation à être un
opérateur mondial.
M. Franck Borotra observe ensuite que, dans les négociations actuelles,
on retrouvait les mêmes clivages entre Etats que sur l'ensemble des
problèmes industriels. Certains Etats souhaitent en effet une
concurrence généralisée dans tous les secteurs, d'autres
plaident pour une évolution maîtrisée, tandis qu'un
troisième groupe se montre plus fluctuant.
Le ministre présente les principes qui fondent la position
française sur ce dossier :
- il est exclu d'accepter une déréglementation
généralisée ;
- le texte de la directive devra permettre le maintien des obligations de
service public, dont la définition doit relever des Etats membres,
conformément au principe de subsidiarité. Dans le secteur du gaz,
ces obligations concernent tout particulièrement la contribution au
bilan énergétique à travers l'approvisionnement à
long terme, la sûreté et les conditions de distribution ;
- la directive devra permettre le maintien d'une programmation à long
terme et donc la conclusion de contrats dits "
take or
pay
" ;
- une certaine ouverture à la concurrence est envisageable, à
condition qu'on n'inscrive dans la directive aucun mécanisme automatique
d'ouverture progressive pour l'avenir ; en outre, l'ouverture à la
concurrence ne saurait se faire par la fixation d'un taux unique, compte tenu
des différences très grandes entre les structures des
différents marchés ;
- les Etats membres devront pouvoir choisir les clients éligibles, la
France ne souhaitant pas voir remise en cause l'organisation de son
système de distribution ;
- enfin, il conviendra de veiller à ce que les conditions
imposées aux entreprises gazières en matière de
transparence ne les placent pas en situation difficile dans leurs
négociations avec les producteurs.
M. Franck Borotra souligne que de nombreux points ne font pas l'objet d'un
accord au sein du Conseil. Il observe en particulier que le degré
d'ouverture du marché, le mécanisme d'ouverture ainsi que la
définition des clients éligibles devaient encore faire l'objet de
négociations approfondies et rappelle que la France souhaite que les
clients éligibles soient exclusivement des consommateurs finaux pouvant
apporter la preuve de l'existence de contrats fiables, ce qui implique un
contrôle des importations de gaz sur le territoire français.
Le ministre estime que le degré d'ouverture du marché doit
dépendre de critères qualitatifs et non faire l'objet d'un taux
unique pour l'ensemble des pays. Il fait valoir ainsi qu'un seuil d'ouverture
fixé par référence à une consommation de 25
millions de m
3
par an correspondrait à 90 % de
la consommation finlandaise et à 18 % de la consommation
française.
M. Franck Borotra souligne enfin que la place des contrats à long terme
dans l'approvisionnement et les conditions dans lesquelles les Etats peuvent
arrêter les obligations de service public ne faisaient pas non plus pour
l'instant l'objet d'un accord entre les Etats membres.
Au cours du débat qui suit,
M. Jacques Oudin
exprime tout d'abord
sa satisfaction à propos de la directive sur le marché
intérieur de l'électricité. Il rappelle que, dans ce
domaine, la France a une particularité très importante à
défendre, à savoir l'avenir de son parc
électro-nucléaire. Il observe que, dans le secteur du gaz
naturel, le principal enjeu pour la France est la sécurité de ses
approvisionnements et demande au ministre si cette sécurité est
assurée à long terme, compte tenu des troubles existant dans
certains pays fournisseurs. Il interroge ensuite le ministre sur la situation
de la construction navale française dans le domaine du transport du gaz
naturel liquéfié.
M. Franck Borotra
indique que la fiabilité des sources
d'approvisionnement est déterminante et qu'il est nécessaire de
diversifier ces sources. Il observe que la France a intérêt
à développer la présence d'opérateurs
français dans ce domaine et se félicite des discussions existant
entre Elf et Gaz de France. Il souligne ensuite que la construction navale de
méthaniers en France est dans une situation très difficile et que
le Gouvernement ne peut malheureusement pas aider ce secteur autant qu'il le
souhaiterait du fait des dispositions communautaires en matière d'aides
d'Etat.
M. James Bordas
s'interroge sur les capacités de stockage du gaz
existant en France.
M. Franck Borotra
lui répond que ces capacités
représentent environ 10 % de la consommation annuelle et qu'il
s'agt naturellement d'un élément important pour le bon
fonctionnement du marché.
Mme Danièle Pourtaud,
après avoir exprimé son
attachement aux obligations de service public, souhaite obtenir des
précisions sur la définition des clients éligibles dans la
future directive.
M. Franck Borotra
rappelle tout d'abord que, lors des
négociations sur les télécommunications, les postes et
l'électricité, la France avait pu obtenir la prise en compte des
missions de service public. Il estime que les clients éligibles
devraient être des consommateurs finaux, en particulier des industriels
soumis à la concurrence, pour lesquels le gaz est un
élément important de compétitivité. Il souligne que
l'existence d'une bulle gazière donnerait aux industriels d'autres pays
un avantage important et que la France ne devrait pas rester à
l'écart de cette évolution.
M. Jacques Oudin
interroge ensuite le ministre sur la position
internationale de Gaz de France.
Le ministre lui répond que Gaz de France est un opérateur
international moyen, disposant de nombreux atouts pour devenir un
opérateur mondial. Il fait valoir qu'il est désormais
nécessaire d'être présent dans la production pour
être un opérateur de niveau mondial. Après avoir
évoqué la situation de marchés susceptibles d'offrir un
potentiel de développement pour l'entreprise, le ministre indique que le
contrat d'objectifs en cours de négociation entre l'Etat et Gaz de
France devrait permettre de faciliter le développement de
l'opérateur au niveau mondial, grâce à des dispositions
adéquates en matière d'investissement, de répercussion des
gains de production et de tarifs.
M. Jacques Oudin
présente ensuite une proposition de
résolution sur la proposition de directive relative au marché
intérieur du gaz naturel.
Il observe tout d'abord qu'il lui a paru important que le Sénat soit
pleinement informé des négociations en cours sur les
règles communes pour le marché intérieur du gaz naturel et
puisse se prononcer sur les principes auxquels il tient.
Il indique ensuite que la proposition de résolution demande au
Gouvernement de prendre en compte quatre principes très importants pour
l'avenir :
- en premier lieu, le maintien de l'ensemble des missions de service public qui
existent aujourd'hui dans le secteur du gaz en France, et tout
particulièrement de la continuité de fourniture et de la
sécurité des approvisionnements ;
- en second lieu, la possibilité d'une planification à long terme
des investissements, qui implique que les Etats membres qui le souhaitent
puissent continuer à souscrire des contrats d'approvisionnement à
long terme dits "
take or pay
" ;
- en troisième lieu, la nécessité de veiller à ce
que les principes de transparence et de séparation comptable ne placent
pas les entreprises gazières en position d'infériorité
dans leurs négociations avec les producteurs ;
- enfin, la nécessité de laisser une large place à
l'application du principe de subsidiarité, compte tenu de la
diversité des situations des Etats membres dans le secteur du gaz
naturel. Les pays qui le souhaitent devraient en particulier pouvoir exclure
les distributeurs de la définition des clients éligibles, si cela
devait risquer de porter atteinte à l'exercice des missions de service
public.
Concluant son propos, M. Jacques Oudin fait valoir qu'une certaine
ouverture du marché du gaz naturel peut avoir des effets
bénéfiques, en permettant aux industriels d'avoir accès au
gaz naturel dans les meilleures conditions, mais que cette ouverture partielle
n'est possible que dans le respect des principes affirmés dans la
proposition de résolution.
M. Franck Borotra
indique tout d'abord qu'il se garde bien de donner
explicitement un avis sur la proposition de résolution, le Parlement
étant seul maître dans l'exercice de cette procédure. Il
insiste sur trois préoccupations : la nécessité de
maintenir un contrôle des importations de gaz naturel, le refus de tout
mécanisme automatique d'ouverture progressive à la concurrence,
enfin l'attachement de la France au maintien de son organisation de la
distribution du gaz.
M. Alain Richard
, revenant sur les propos du ministre relatifs à
la nécessité de faire de Gaz de France un opérateur
mondial, observe qu'une telle évolution impliquera la conclusion
d'alliances internationales et la modification de la structure du capital de
l'entreprise. Il fait valoir que Gaz de France serait à la fois un
opérateur mondial en concurrence et le gestionnaire d'un réseau
public monopolistique. Il en déduit qu'à terme la structure
juridique et capitalistique de Gaz de France serait nécessairement
remise en cause.
M. Franck Borotra
lui répond que cette question se posera
vraisemblablement dans les années à venir, mais qu'il est
nécessaire d'avoir des ambitions fortes pour l'entreprise. Il estime que
Gaz de France devrait conserver un capital majoritairement public.
Après le départ du ministre, la délégation
débat de la proposition de résolution de M. Jacques Oudin.
Après un large débat, au cours duquel interviennent
M. Jacques Oudin, Mme Danièle Pourtaud, M. Alain
Richard et M. Yann Gaillard,
la délégation décide
de compléter la proposition de résolution de M. Jacques
Oudin, afin que celle-ci demande l'exclusion de tout mécanisme
automatique d'ouverture progressive à la concurrence et affirme
l'attachement du Sénat à l'organisation du système de
distribution français.
La délégation approuve ensuite, à l'unanimité,
le dépôt par M. Jacques Oudin de sa proposition de
résolution.
PROPOSITION DE RÉSOLUTION
Le Sénat,
Vu la proposition d'acte communautaire E 211,
Considérant que le Conseil de l'Union européenne et le Parlement
européen ont adopté une directive relative au marché
intérieur de l'électricité conforme aux
préoccupations françaises de maintien d'un service public de haut
niveau et d'une planification à long terme des investissements ;
Considérant que ces préoccupations doivent également
être prises en compte dans les négociations sur le marché
intérieur du gaz naturel ;
demande au Gouvernement :
- de n'accepter l'adoption de la proposition de directive que si elle permet
explicitement la préservation des missions de service public qui
existent aujourd'hui dans le secteur du gaz ;
- de veiller à ce que les Etats membres qui le souhaitent puissent
continuer à maîtriser la sécurité de leur
approvisionnement en contrôlant leurs importations et en souscrivant des
contrats d'approvisionnement dits " take-on-pay ", de façon
à garantir la programmation à long terme ;
- de n'accepter la transparence et la séparation comptable que pour
autant qu'elles ne portent pas atteinte à la capacité de
négociation des entreprises gazières européennes ;
- de veiller à ce que, compte tenu de la diversité des
situations de chacun des marchés des Etats membres dans le domaine du
gaz naturel, la directive laisse une large place au principe de
subsidiarité, en particulier pour la définition des clients
éligibles qui pourront s'approvisionner directement auprès d'un
producteur ;
- de s'assurer que le texte adopté permette le maintien de
l'organisation française de la distribution ;
- de n'accepter aucun mécanisme automatique d'ouverture progressive du
marché.
Cette proposition de résolution a été
publiée sous le n° 211 (1996-1997).
Elle a été renvoyée à la commission des Affaires
économiques et du Plan.
III. EXAMEN DES PROPOSITIONS D'ACTES COMMUNAUTAIRES
SOMMAIRE DETAILLE DES PROPOSITIONS D'ACTES COMMUNAUTAIRES EXAMINEES
Pages
1.
Relations extérieures 62
E 748 62
E 749 (Com (96) 533 final) 64
E 751 68
E 752 (Com (96) 537 final) 69
E 766 (Com (96) 711 final) 70
E 776 (Com (96) 676 final) 71
E 778 (Com (96) 634 final) 75
E 779 76
2.
Politique commerciale extérieure 77
a)
Accords de commerce
77
E 758 (Com (96) 611 final) 77
E 759 (Com (96) 613 final) 79
E 761 (Com (96) 633 final) 81
E 763 (Com (96) 632 final) 81
E 769 (Com (96) 712 final) 82
E 771 (Com (96) 2360 final) 83
E 784 (Sec (96) 2361 final) 82
E 775 (Com (96) 686 final) 84
b)
Décisions unilatérales
85
E 756 (Com (96) 563 85
E 760 (Com (96) 618 final) 86
E 762 (Com (96) 552 final) 87
E 770 (Com (96) 714 final) 90
E 772 (Com (96) 703 final) 91
E 773 (Com (96) 705 final) 93
E 780 (Com (96) 709 final) 94
3.
Fiscalité 95
E 750 95
E 764 96
E 765 97
E 768 (Com (96) 687 final) 99
E 790 (Com (97) 42 final) 100
4.
Politique sociale 102
E 755 (Com (96) 620 final) 102
5.
Marché intérieur 103
E 757 (Com (96) 580 final) 103
E 777 (Com (96) 719 final) 108
6. Energie 109
E 211 (Com (91) 548 final) 109
1. Relations extérieures
Proposition E 748
(Procédure écrite du 24 janvier 1997)
Ce texte est un
projet d'accord
entre la
Communauté européenne et la
Confédération
suisse
sur certains aspects relatifs aux marchés publics.
Etabli à la suite de l'Accord relatif aux Marchés Publics (AMP)
conclu à Marrakech, cet accord vise à élargir la
portée des engagements réciproques souscrits par les parties dans
le cadre de l'AMP et donc à libéraliser l'accès mutuel aux
marchés publics.
Cette libéralisation permettrait un accès mutuel aux
marchés de
fournitures
, de
travaux
et de
services
passés par :
- les opérateurs de télécommunications,
- les opérateurs ferroviaires,
- les entités publiques et privées exerçant leurs
activités dans le domaine de l'électricité,
- certaines entités privées assurant un service public dans les
secteurs de l'eau potable, de l'électricité, des transports
urbains, des aéroports et des ports fluviaux et maritimes.
Le projet d'accord définit les procédures de passation des
marchés et de contestation des marchés ; ceux-ci doivent
être passés dans le respect des principes de non discrimination,
de transparence et d'équité. Toutefois, ces procédures ne
s'appliquent qu'aux marchés dont la valeur estimée hors TVA est
inférieure ou égale à :
- un montant variant, suivant les entités ayant passé le
marché, entre 400 000 et 600 000 écus pour les
fournitures et les services ;
- un montant de 5.000.000 d'écus pour les travaux.
Par ailleurs, le projet d'accord prévoit un échange
d'informations sur les réglementations et l'institution, par chaque
partie, d'une autorité indépendante chargée de la
surveillance de la bonne application de l'accord. Celle-ci aurait, à
terme, également compétence pour engager des actions
administratives ou judiciaires en cas de violation de l'accord.
Parallèlement, un Comité mixte serait instauré qui serait
responsable de la bonne application de l'accord ainsi que du règlement
des différends.
Ce texte, qui n'est en fait qu'un projet d'accord dont certaines dispositions
sont encore provisoires, ne constitue pas encore une proposition de
décision visant à autoriser sa conclusion. Il ne semble pas
soulever, en première analyse, de difficulté.
La délégation a décidé de ne pas intervenir sur
la proposition E 748.
Proposition E 749
(Com (96) 533 final
(Procédure écrite du 24 janvier 1997,
réunion de la délégation du 30 janvier 1997)
Ce texte concerne la conclusion
d'un accord de
coopération
ainsi que d'un
accord dans le domaine des transports
entre la Communauté européenne et
l'ancienne
république yougoslave de Macédoine
.
Les accords ont été authentifiés et officialisés
par un échange de lettres le 19 juin 1996.
Ils sont semblables à ceux signés, en 1993, avec la
Slovénie.
1. L'accord de coopération
Il vise à promouvoir une coopération complète entre les
parties en vue de contribuer au développement économique de
l'ancienne république yougoslave de Macédoine (ARYM), notamment
par l'instauration d'une économie de marché et par le
renforcement de ses relations avec la Communauté.
Le développement de cette coopération sera cependant
subordonné à la volonté de l'ancienne république
yougoslave de Macédoine :
- d'établir des relations de bon voisinage et de promouvoir le commerce
et la coopération économique avec les autres pays de la
région ;
- et de veiller au respect des droits de l'homme et des principes
démocratiques.
Cette coopération interviendra notamment dans les domaines industriel,
agricole, du tourisme et de l'environnement. Par ailleurs, l'accord
prévoit un régime d'échanges préférentiels,
fondé sur le régime d'importation autonome appliqué aux
Etats issus de l'ancienne Yougoslavie.
Ce texte envisage en outre la possibilité de renforcer, en temps utile
et lorsque les conditions seront réunies, les relations contractuelles
entre les parties, compte tenu de l'aspiration de l'ARYM à approfondir
ses relations avec l'Union européenne.
Trois protocoles font partie intégrante de l'accord de
coopération. Le premier définit des arrangements additionnels
pour le commerce de certains produits sidérurgiques et le second porte
sur les règles d'origine.
Le troisième protocole,
relatif à la coopération
financière
, prévoit le financement des projets
présentant un intérêt commun pour la Communauté
européenne et l'ARYM, en particulier en matière d'infrastructures
de transport. Ce financement comprendrait le versement de :
- 150 millions d'écus sous forme de prêts de la Banque
européenne d'investissement en quatre tranches annuelles, dont la
première, de 50 millions d'écus, serait versée
dès 1997 ; l'engagement des tranches suivantes (respectivement 60,
30 et 10 millions d'écus) dépendrait de la capacité
d'absorption de ces prêts par l'ARYM, de l'état d'avancement du
processus de réforme économique et de la compatibilité de
ces financements avec les contraintes imposées par le Fonds de garantie
budgétaire pour les actions extérieures de l'Union ;
- 20 millions d'écus prélevés sur le budget
général de la Communauté sous la forme de bonification
d'intérêts pour les prêts de la BEI concernant des projets
d'infrastructure présentant un intérêt communautaire.
Toutefois,
la signature de ce protocole est subordonnée au
règlement complet de la dette de l'ancienne république yougoslave
de Macédoine
envers la Communauté européenne. Or, ce
protocole faisant partie intégrante de l'accord de coopération,
c'est donc
la signature de l'accord dans son ensemble qui est
conditionnée par ce remboursement
.
2. L'accord dans le domaine des transports
Il vise à promouvoir la coopération entre les parties dans le
domaine des transports, en particulier en matière de trafic de transit,
et à assurer un développement coordonné des transports
entre les territoires des parties. Son champ d'application englobe les
transports routiers et ferroviaires ainsi que le transport combiné.
Toutefois, l'ARYM a, dans une déclaration annexée à
l'accord, exprimé son souhait d'engager, dès que possible, des
négociations sur une coopération future dans le domaine des
transports aériens.
L'accord énumère les principaux axes routiers et ferroviaires et
les projets d'un intérêt particulier pour les parties, auxquels la
Communauté pourra apporter une contribution financière. Il
comporte, en outre, un système d'écopoints pour le trafic de
transit à travers l'Autriche afin d'éviter toute discrimination
entre les poids lourds de l'Union et ceux de l'ARYM.
Ces accords ne semblent pas soulever de difficulté particulière
et ont l'agrément des différents Etats membres. Toutefois, lors
d'une des dernières réunions de groupe du Conseil, la France et
plusieurs autres Etats ont proposé de dissocier le protocole financier
de l'accord de coopération. Cette dernière solution permettrait
en effet une entrée en vigueur rapide de l'accord de coopération.
Celle-ci est actuellement subordonnée à la signature du protocole
financier et donc au remboursement de la dette de l'ARYM envers la
Communauté européenne.
La Grèce s'est cependant opposée à cette proposition,
contraire aux directives de négociations de l'accord.
La délégation ne peut qu'être favorable à
l'entrée en vigueur, le plus rapidement possible, de ces accords qui
devraient contribuer au renforcement de la stabilité politique de cette
région et à l'établissement de rapports économiques
et commerciaux harmonieux.
*
* *
Dans le cadre de la procédure écrite d'examen
des propositions d'actes communautaires, M. Christian de La Malène a
demandé que la proposition E 749 soit examinée lors d'une
réunion de la délégation.
M. Christian de La Malène
a rappelé que la proposition
E 749 concenait la conclusion d'un accord de coopération et d'un
accord dans le domaine des transports entre la Communauté
européenne et l'ancienne république yougoslave de
Macédoine (ARYM). Il a indiqué que l'objet de son intervention
était de réagir contre l'acceptation implicite dans ce texte par
la Communauté européenne du statu quo concernant la
dénomination de la " Macédoine ". Il a jugé
souhaitable que les Européens adoptent une attitude favorisant une
solution à cette controverse qui n'a que trop duré : la
" Macédoine ", comme tout autre Etat, a droit à un nom.
M. Jacques Genton
a indiqué que le contentieux entre la
Grèce et la " Macédoine " n'avait pas disparu. Depuis
octobre 1995, a-t-il poursuivi, la Grèce a levé son blocus en
échange de deux concessions : la " Macédoine " a
supprimé l'article de sa Constitution qui lui donnait une
responsabilité sur " les citoyens des pays voisins d'origine
macédonienne " ; elle a retiré de son drapeau le
" Soleil de Vergina " à seize branches qui était
l'emblème d'Alexandre Le Grand. Mais sur le nom de la
" Macédoine ", les négociations n'ont toujours pas
abouti. Cet Etat a été admis aux Nations Unies sous le nom
d'" Ancienne République Yougoslave de Macédoine " (ARYM
en français, FYROM en anglais). La Grèce a accepté que la
Communauté signe un accord avec la " Macédoine ", mais
à la condition que celle-ci soit dénommée
" ARYM " et non pas " Macédoine ".
L'appellation
ARYM est seule reconnue par la Communauté européenne, même
si la France, quand elle négocie directement avec la
" Macédoine ", accepte d'utiliser la dénomination
" République de Macédoine ".
Concluant son propos, M. Jacques Genton a estimé qu'une solution passait
nécessairement par un accord entre la Grèce et la
" Macédoine ".
M. Pierre Fauchon
a souligné la difficulté de trouver une
solution à des problèmes aussi passionnels.
M. Michel Caldaguès
a estimé que la
" Macédoine " avait fait de son côté d'importants
efforts.
La délégation a alors décidé de ne pas
intervenir sur la proposition E 749.
Proposition E 751
(Procédure écrite du 24 janvier 1997)
Cette proposition tend à l'approbation d'un
accord
entre la Communauté européenne et les
Etats-Unis mexicains
en matière de
coopération
relative au
contrôle des précurseurs
et des
substances chimiques
utilisés fréquemment pour la fabrication illicite de
drogues
ou de
substances psychotropes
.
Ce texte fait suite à la décision du Conseil du 25 septembre
1995 autorisant la Commission à négocier des accords avec les
Etats membres de l'organisation des Etats américains. Plusieurs accords
de ce type ont d'ailleurs déjà été signés,
fin 1995, entre la Communauté européenne et la Bolivie, la
Colombie, l'Equateur, le Pérou et le Vénézuela.
Cet accord est destiné à empêcher le détournement de
substances chimiques utilisées pour la fabrication illicite de
stupéfiants, qui se produit fréquemment dans le commerce
international entre pays exportateurs de produits chimiques et ceux
concernés par la fabrication illicite de drogues sur leur territoire.
Afin de renforcer la coopération administrative en vue d'éviter
de tels détournements, tout en préservant les
intérêts légitimes du commerce et de l'industrie, les
parties doivent, en vertu de cet accord, se porter mutuellement assistance.
Cette assistance se traduira par une surveillance du commerce et une assistance
administrative mutuelle. Celle-ci comprendra un échange d'informations
sur demande ou de façon spontanée, la mise en oeuvre de mesures
conservatoires, la fourniture d'éléments de preuve.
En outre, des modalités de confidentialité et d'utilisation des
informations sont fixées, afin de garantir une bonne protection des
données personnelles échangées.
Les parties devront, par ailleurs, coopérer sur le plan technique et
scientifique afin notamment d'identifier les nouvelles méthodes de
détournement des substances concernées.
Cet accord ne soulève aucune difficulté particulière.
La délégation a décidé de ne pas intervenir sur
la proposition E 751.
Proposition E 752
Com (96) 537 final
(Procédure écrite du 24 janvier 1997)
Ce texte est une proposition de décision du Conseil
tendant à approuver
le protocole sur les questions
vétérinaires
complémentaire à
l'accord sous
forme d'échange de lettres entre la Communauté européenne
et la principauté d'Andorre
signé le 28 juin 1990.
En vertu de ce protocole, paraphé le 18 juin 1996, la
principauté d'Andorre s'engage à appliquer la
réglementation communautaire en matière vétérinaire
notamment lors des échanges d'animaux vivants et de produits animaux
avec la Communauté européenne.
La liste des dispositions communautaires vétérinaires applicables
à la principauté sera établie par le Comité mixte
institué par l'accord entre la Communauté européenne et la
principauté d'Andorre.
A cette fin, un sous-groupe vétérinaire sera créé
au sein de ce comité, chargé d'examiner périodiquement
l'évolution de la législation applicable à Andorre et
éventuellement de formuler des recommandations au Comité mixte.
La délégation a décidé de ne pas intervenir sur
la proposition E 752.
Proposition E 766
Com (96) 711 final
(Procédure écrite du 7 février 1997)
Cette proposition tend à
retirer temporairement le
bénéfice des préférences tarifaires
généralisées
dans le secteur industriel consenties
à
l'Union de Myanmar
(Birmanie).
Cette proposition fait suite au dépôt le 7 juin 1995 d'une plainte
auprès de la Commission, par la Confédération
internationale des syndicats libres et la Confédération
européenne des syndicats, en raison du travail forcé
pratiqué dans ce pays.
Cette demande est fondée sur le règlement n° 3281 du
19 décembre 1994 portant application d'un schéma
pluriannuel de préférences tarifaires
généralisées pour la période 1995-1998 à
certains produits industriels originaires des pays en développement.
Ce règlement stipule en effet que, à tout moment, le
régime préférentiel peut être temporairement
retiré en cas de pratique de toute forme d'esclavage.
Une enquête a donc été menée par les services de la
Commission, dont les résultats ont été soumis au
Comité des préférences généralisées
le 4 décembre 1996. Ils établissent que les
autorités du Myanmar recourent, de façon systématique et
généralisée, au travail forcé. La Commission estime
donc qu'il convient de retirer les avantages du régime de
préférences généralisées aussi longtemps que
le travail forcé subsistera dans cet Etat.
La proposition de réglement du Conseil qui nous est soumise aujourd'hui
devrait d'ailleurs être suivie prochainement d'une proposition similaire
concernant les produits agricoles.
Compte tenu de ces éléments et du caractère consensuel
de la proposition, la délégation a décidé de ne pas
intervenir sur la proposition E 766.
Proposition E 776
Com (96) 676 final
(Procédure écrite et réunion de la
délégation du 6 mars 1997)
Cette proposition est un
projet de règlement
financier
visant à permettre
la mise en oeuvre du protocole
financier de la 4ème convention ACP-CE
modifiée par l'accord
signé à Maurice le 4 novembre 1995.
Ce projet reprend les dispositions d'application de l'accord interne,
signé le 20 décembre 1995, relatif au 8ème Fonds
européen de développement (FED) qui définit le mode de
financement et la gestion des aides de la Communauté. Il
détermine :
- les modalités de versement des contributions au FED par les Etats
membres ;
- les principes généraux des transactions financières ;
- les règles de gestion des crédits du FED assurée par la
Commission ;
- la procédure applicable à l'exécution des
opérations du FED ;
- les organes d'exécution ;
- les procédures de reddition et de vérification des comptes.
Par ailleurs, en annexe, figure la répartition du montant dont est
doté le 8ème FED, soit 13.132 millions d'écus couvrant la
période 1996-2000. Ce montant, destiné à couvrir les
diverses subventions versées (appui à l'ajustement structurel,
stabilisation des recettes d'exportation, aide d'urgence, aide aux
réfugiés...) serait réparti à raison de 12.967
millions d'écus destinés aux Etats ACP, et de 165 millions
d'écus aux PTOM.
Dans le cadre de la procédure écrite d'examen des propositions
d'actes communautaires, M. Daniel MILLAUD a demandé que la proposition
E 776 soit examinée lors d'une réunion de la
délégation.
M. Daniel Millaud
a tout d'abord observé que cette proposition
visait à permettre la mise en oeuvre du protocole financier de la
quatrième convention entre les Etats ACP (Afrique - Caraïbes -
Pacifique) et la Communauté européenne. Il a
déploré qu'une nouvelle fois les Pays et Territoires d'Outre-mer
(PTOM) associés à la Communauté européenne soient
assimilés aux Etats ACP dans le cadre du Fonds européen de
développement.
M. Daniel Millaud a ensuite rappelé que le ministre
délégué chargé des affaires européennes
avait indiqué à la délégation que le Gouvernement
souhaitait la création d'un fonds spécifique pour les PTOM,
distinct du Fonds européen de développement. Il a regretté
que le Gouvernement n'ait formulé aucune réserve à
l'égard de la nouvelle convention entre les Etats ACP et la
Communauté européenne, dans laquelle les PTOM sont à
nouveau assimilés aux Etats ACP.
M. Daniel Millaud a souligné que le Sénat, par
l'intermédiaire d'un rapport de la délégation d'une part,
d'une résolution d'autre part, avait souhaité que les
particularités des PTOM soient davantage prises en considération.
Il s'est interrogé sur la capacité du Parlement français
à influencer les décisions du Gouvernement.
Concluant son propos, M. Daniel Millaud a indiqué que la reconnaissance
des spécificités des PTOM passait par une modification du
Traité de Rome sur ce sujet. Il s'est demandé si, compte tenu de
l'état général des négociations au sein de la
Conférence intergouvernementale, un prolongement de celle-ci ne serait
pas nécessaire.
M. Christian de La Malène
a observé que la création
d'un fonds spécial pour les PTOM impliquait l'accord des autres Etats
membres de l'Union européenne et qu'on ne pouvait que conserver le
régime actuel dans l'attente de cette décision communautaire.
M. Jacques Genton
, président, a souligné que ce
problème pourrait être résolu par une modification du
Traité de Rome, mais également, sur ce point précis, par
une modification de la décision d'association des PTOM à la
Communauté européenne. Il a rappelé que le Gouvernement
souhaitait qu'une telle modification soit engagée d'ici 1999.
M. Daniel Millaud
a observé que cette proposition était
ambiguë dans la mesure où la convention entre la Communauté
européenne et les Etats ACP est valable jusqu'en l'an 2000. Il a
estimé qu'il aurait été possible de ne pas inclure les
PTOM dans le champ d'application de cette quatrième convention lors de
sa négociation, de manière à mettre en oeuvre un
régime spécifique.
La délégation a alors décidé d'attirer par
courrier l'attention du ministre délégué chargé des
affaires européennes sur la nécessité de mettre un terme
à l'assimilation entre les pays ACP et les PTOM.
Elle lui a
adressé à cet effet la lettre ci-après.
Proposition E 778
Com (96) 634 final
(Procédure écrite du 6 mars 1997)
Cette proposition concerne la conclusion de
l'accord
établissant les conditions qui régissent
le transport par
voie navigable de marchandises et de passagers
entre la Communauté
et la Pologne, les Républiques tchèque et slovaque.
Cet accord fait suite à la décision du Conseil du
7 décembre 1992 autorisant la Commission à
négocier un tel accord avec des pays tiers. En effet, il permet
d'établir des règles communes devenues nécessaires compte
tenu, d'une part, de l'augmentation des échanges européens
Est-Ouest et, d'autre part, de l'ouverture du canal Rhin-Main-Danube en 1992.
Ces règles communes devraient permettre de promouvoir le transport par
voie navigable et de renforcer son rôle dans le transport combiné.
Par ailleurs, cet accord renforcerait l'intégration des pays
concernés dans la Communauté. Il établit ainsi un
marché libre des transports par voie navigable entre la
Communauté et les pays tiers concernés. Il prévoit
toutefois un régime transitoire pour l'Allemagne, qui lui permettrait de
maintenir jusqu'à l'an 2000 certains aspects des accords
bilatéraux qu'elle a conclus (partage du fret et tarifs fixes). Pour
tous les autres Etats membres, cet accord se substituerait, dès son
application, aux éventuels accords bilatéraux signés avec
les pays tiers concernés.
Il convient de noter que la Hongrie a participé à l'ensemble des
négociations qui ont conduit à cet accord. Toutefois, la Hongrie,
considérant que le refus d'accepter les certificats de conduite et les
certificats techniques des bateaux du Danube sur le Rhin constituait un
déséquilibre entre les régimes de navigation sur le Danube
et sur le Rhin, a refusé de parapher ce texte.
Cet accord, assez proche des dispositions des accords bilatéraux
existants, semble ne poser aucun problème de fond.
Dans ces conditions, la délégation a décidé de
ne pas intervenir sur cette proposition.
Proposition E 779
(Procédure écrite du 25 février 1997)
Cette proposition vise à abroger et à remplacer
le règlement n° 3284/94 relatif à
la défense
contre les importations qui font l'objet de subventions de la part de pays non
membres de la Communauté
.
Ce règlement a mis en place un régime juridique destiné
à permettre de lutter contre les pratiques déloyales des pays
tiers qui subventionnent leurs exportations. Or, il est apparu, après sa
publication, qu'il contenait d'importantes erreurs, notamment linguistiques.
La nouvelle version proposée, qui ne comporte aucune modification
importante, remplacerait le règlement n° 3284/94, sans
préjudice des procédures " antisubventions "
déjà engagées.
Dans ces conditions, la délégation a décidé de
ne pas intervenir sur ce texte qui ne soulève aucune difficulté.
2. Politique commerciale extérieure
a) Accords de commerce
Proposition E 758
Com (96) 611 final
(Procédure écrite du 7 février 1997)
Ce texte vise à
proroger d'un mois le protocole
annexé à l'accord de pêche
entre la Communauté
européenne et le Gouvernement de la
République du
Sénégal.
Ce protocole fixe les limites dans lesquelles sont délivrées les
licences de pêche dans la zone de pêche du Sénégal,
pour chaque catégorie de navires de la Communauté. Il
établit en outre la compensation financière accordée par
la Communauté au Sénégal en contrepartie de la
délivrance des autorisations de pêche.
Ce protocole expirant le 1
er
octobre 1996, la Commission et le
Sénégal ont entamé des négociations afin de
déterminer le régime applicable à compter de cette date.
Compte tenu de l'augmentation de la compensation financière
demandée par le Sénégal, ces négociations n'ont
cependant pas abouti, et les parties sont convenues le 27 septembre 1996
de proroger ledit protocole pour la période du 2 octobre 1996 au
1
er
novembre 1996.
L'objet de la présente proposition vise en fait à
entériner rétroactivement cette prorogation du protocole, dont le
coût est estimé à 750.000 écus.
Il convient d'observer que l'ensemble des Etats membres était favorable
à cette prorogation qui a permis de nouvelles négociations tout
en autorisant les navires communautaires à continuer de pêcher
pendant un mois dans la zone de pêche sénégalaise,
évitant ainsi une interruption brutale de leur activité. Les
dernières négociations n'ont finalement pas abouti et le
protocole ayant expiré, les activités de pêches
communautaires ont été interrompues dès le
1
er
novembre 1996.
La Communauté européenne est actuellement dans l'attente de
nouvelles propositions du Sénégal.
Ce texte ayant un effet purement rétroactif, la
délégation a décidé de ne pas intervenir sur la
proposition E 758.
Proposition E 759
Com (96) 613 final
(Procédure écrite du 7 février 1997)
Cette proposition tend à l'approbation d'un
accord
intérimaire
entre la
Communauté européenne, la
Communauté européenne de l'énergie atomique
(CEEA) et
la
Communauté européenne du charbon et de l'acier
(CECA)
d'une part et la
république d'Azerbaïdjan
d'autre part.
Elle devrait
permettre l'application provisoire des dispositions
commerciales de l'accord de partenariat et de coopération
signé avec l'Azerbaïdjan le 22 avril 1996 et
paraphé le 20 septembre 1996, dont l'entrée en vigueur
est subordonnée à ratification par chacun des Etats membres et
par l'Azerbaïdjan.
En dehors du rappel de l'exigence du respect des droits de l'homme, des
principes démocratiques et de ceux de l'économie de
marchés, éléments essentiels du partenariat, l'accord
intérimaire ne contient que des dispositions commerciales.
Pour les
échanges de marchandises
, en dehors des produits
textiles régis par un accord séparé, les parties
s'accordent mutuellement le traitement de la nation la plus favorisée.
Elles garantissent la liberté de transit des marchandises et la
suppression de toute restriction quantitative des marchandises
importées, à l'exception des produits couverts par le
traité instituant la CECA. Toutefois, dans l'hypothèse où
le volume des importations porterait préjudice à la production
nationale, des mesures exceptionnelles sont envisagées. Les parties
s'engagent par ailleurs à échanger leurs marchandises au prix du
marché et à effectuer leurs paiements en une monnaie librement
convertible.
L'Azerbaïdjan s'engage en outre à améliorer la protection
des droits de
propriété intellectuelle industrielle et
commerciale
afin de disposer dans les cinq prochaines années d'un
niveau de protection équivalent à celui de la Communauté.
L'assistance mutuelle en matière douanière prévue
entre les parties fait l'objet d'un protocole distinct, annexé à
l'accord.
Conformément à la procédure en vigueur, la proposition
comprend :
- une proposition de décision visant à la conclusion de l'accord
intérimaire par le Conseil au nom de la Communauté
européenne ;
- et un projet de décision qui permettrait à la Commission de
conclure le même accord au nom de la CECA et d'EURATOM.
Ce texte, très classique, ne paraît pas soulever de
difficultés. Par ailleurs la délégation n'avait pas
jugé nécessaire en mai dernier d'intervenir à propos de la
signature de l'accord de partenariat et de coopération avec la
république d'Azerbaïdjan.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur ce nouveau texte, qui vise uniquement à anticiper l'application des
dispositions commerciales de l'accord, dans l'attente de la ratification de ce
dernier.
Propositions E761 et 763
(Com (96) 633 final
(Com (96) 632 final
(Réunion de la délégation du 30 janvier 1997)
Présentation du texte par M. Jacques Genton :
Les propositions de règlement du Conseil E 761 et E 763
visent à
adapter les mesures autonomes
et transitoires des
concessions prévues pour certains
produits agricoles
transformés
par les accords d'échanges
préférentiels conclus respectivement avec
la Pologne, la
Hongrie, la Slovaquie, la république tchèque, la Roumanie et la
Bulgarie et avec la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie.
Ces textes tendent à proroger jusqu'au 30 juin 1997 les concessions
accordées afin de préserver les possibilité d'accès
au marché communautaire à titre préférentiel des
produits agricoles transformés provenant de ces pays. Ces
possibilités d'accès avaient, en effet, été
réduites à la suite tant du dernier élargissement de la
Communauté européenne que de la conclusion des
négociations du cycle de l'Uruguay.
Dans l'attente de l'aboutissement des négociations engagées avec
ces pays pour adapter les concessions agricoles prévues par les accords
européens d'association, la prorogation des mesures autonomes
paraît nécessaire pour maintenir les flux traditionnels de
produits concernés.
La Commission propose des augmentations des contingents tarifaires relatifs
à certains produits pour la Hongrie, la Bulgarie, les républiques
slovaque et tchèque et la Roumanie. Selon les informations fournies par
la Commission au Gouvernement français, ces augmentations, qui sont
d'ailleurs mineures, sont justifiées par la prise en compte de
l'élargissement de l'Europe.
Il semble cependant que l'augmentation des contingents hongrois inclue
l'adaptation des concessions agricoles résultant des négociations
qui viennent d'aboutir entre la Communauté et la Hongrie. Ces
adaptations devraient donner lieu très prochainement à la
signature d'un protocole à
l'accord d'échanges
préférentiels avec ce pays. Le Gouvernement français
compte donc s'opposer à cette dernière augmentation qui ne
correspond en rien à une prorogation des mesures autonomes.
Compte tenu de ces éléments, la délégation a
alors décidé de ne pas intervenir sur les propositions E 761
et E 763.
Proposition E 769
Com (96) 712 final
(Procédure écrite du 25 février 1997)
Ce texte est une proposition de règlement du Conseil
visant à
définir les modalités d'application
des
dispositions de
l'accord intérimaire
sur le commerce et les
mesures d'accompagnement entre la Communauté européenne et la
République de
Slovénie
signé en novembre 1996.
Il précise les conditions de gestion des contingents et des plafonds
tarifaires ainsi que les conditions de mise en oeuvre des mesures de sauvegarde
et de protection prévues par l'accord intérimaire.
On peut souligner que cet accord intérimaire, qui s'applique depuis le
1
er
janvier 1997, ne vise qu'à permettre, dans l'attente
de sa ratification par les Etats membres, l'application anticipée des
dispositions relatives à la libre circulation des marchandises, aux
paiements, aux capitaux et à la concurrence, de l'accord européen
conclu avec la Slovénie le 10 juin 1996. L'accord
intérimaire a d'ailleurs fait l'objet d'un examen en urgence par la
délégation en novembre dernier (E 725).
La proposition E 769 ne visant qu'à permettre la mise en oeuvre
de certaines dispositions dudit accord, la délégation a
décidé de ne pas intervenir sur ce texte.
Propositions E 771 et E 784
Sec (96) 2360 final
Sec (96) 2361 final
(Procédure écrite du 25 février 1997)
Chacune de ces propositions concerne la conclusion de quatre
accords bilatéraux
entre la Communauté européenne
et respectivement
l'Egypte, Malte, le Maroc et la Tunisie
, sur le
commerce des produits textiles.
La proposition E 784
concerne la conclusion formelle de quatre accords,
signés en décembre 1994, afin de tenir compte de
l'adhésion de l'Autriche, de la Finlande et de la Suède à
l'Union européenne. Elle vise à cet effet à modifier les
memorandums d'accord et arrangements existants avec l'Egypte, Malte, le Maroc
et la Tunisie, sur le commerce des produits textiles. Ces accords, qui ne
contiennent que très peu de restrictions quantitatives, concernent des
produits particuliers nécessaires à la production communautaire.
Conformément à une décision du Conseil du 20
février 1995, ces accords sont entrés en application à
titre provisoire le 1
er
janvier 1995, dans l'attente de
l'achèvement des procédures requises pour leur conclusion.
La proposition E 771
vise à permettre la conclusion des accords,
signés entre octobre et décembre 1995, qui modifient et
renouvellent jusqu'au 31 décembre 1997 les memorandums
d'accord et arrangements visés ci-dessus.
Sur décision du Conseil du 22 décembre 1995, ces accords sont
entrés en application à titre provisoire le
1
er
janvier 1996.
Il convient de noter que le décalage, de plus de deux ans, entre la
signature de ces accords et leur transmission est imputable à des
retards dans la traduction de ces textes.
Compte tenu du caractère consensuel de ces textes, la
délégation a décidé de ne pas intervenir sur les
propositions E 771 et E 784.
Proposition E 775
Com (96) 686 final
(Procédure écrite du 6 mars 1997)
Il s'agit d'une
proposition de décision du Conseil
approuvant l'échange de lettres entre la Communauté et les Etats
ACP
relatif à
l'annexe XL à la quatrième convention
CE-ACP.
Cette annexe concerne la déclaration commune relative aux
produits
agricoles
visés à l'article 168 § 2
point a) sous ii) de la convention. Or ce texte, modifié par l'Acte
final de l'Accord modifiant la quatrième convention CE-ACP de
Lomé, signé à Maurice en 1995, doit être
adapté en fonction des résultats des négociations de
l'Uruguay Round.
La proposition E 775, qui tend à réaliser cette adaptation,
ne semble pas soulever de difficulté particulière.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur cette proposition.
b) Décisions unilatérales
Proposition E 756
Com (96) 563
(Procédure écrite du 24 janvier 1997)
Ce texte est une
proposition de règlement
du
Conseil concernant l'
exonération des droits de douane
pour
certains
produits pharmaceutiques.
Cette proposition fait suite aux conclusions, résultant des
négociations du cycle d'Uruguay, qui ont conduit la Commission à
examiner la liste des produits exonérés de droits.
Il ressort de cet examen :
- qu'il conviendrait d'ajouter, à la liste des produits
exonérés de droits, 231 principes actifs portant une
" dénomination commune internationale " (DCI) de
l'Organisation de la santé et 234 produits utilisés pour la
fabrication de produits pharmaceutiques ;
- que 84 noms devraient compléter la liste des préfixes et
suffixes qui désignent des sels et des esters de DCI ;
- que 25 produits DCI dont l'utilisation prédominante n'est pas
pharmaceutique ne devraient plus bénéficier d'exonérations
des droits.
Ces mesures sont censées entrer en vigueur dès le
1
er
janvier 1997 afin de permettre un alignement sur les pays
extra-communautaires, qui devraient appliquer les mêmes dispositions
très prochainement. La perte de recette correspondant aux nouveaux
produits exonérés, partiellement compensée par la
suppression de l'exonération des 25 autres produits, est estimée,
selon la Commission, à un montant inférieur à
2 millions d'écus.
Compte tenu de ces éléments et du fait que ce texte ne
soulève aucune difficulté particulière, la
délégation a décidé de ne pas intervenir sur la
proposition E 756.
Proposition E 760
Com (96) 618 final
(Procédure écrite du 7 février 1997)
Cette proposition vise à permettre l'adoption de
mesures autonomes, pour l'importation de certains produits agricoles
transformés
provenant de
Suisse
pour la période
du
1
er
janvier 1997 au 30 juin 1997.
Il s'agit en fait d'une simple reconduction des préférences
réciproques existant entre la Communauté européenne et la
Suisse depuis l'adoption de la décision du Conseil relative à la
conclusion des accords des négociations multilatérales du cycle
de l'Uruguay. En effet, les modifications nécessaires à la mise
en oeuvre des résultats de ces négociations doivent faire l'objet
de nouveaux protocoles additionnels à l'accord de libre échange
existant avec la Suisse. Or, ces protocoles, et notamment le protocole relatif
aux produits agricoles transformés, n'ont pu être conclus avant le
1
er
janvier 1997.
La présente proposition de règlement vise donc à mettre en
oeuvre les adaptations nécessaires tant que les négociations
relatives au procole concerné n'auront pas abouti. Celui-ci concerne les
produits suivants : le blé tendre, le blé dur, le seigle,
l'orge, le maïs, le riz décortiqué à grains longs, le
lait en poudre, le beurre et le sucre blanc.
Ce texte ne paraissant soulever aucune difficulté
particulière, la délégation a décidé de ne
pas intervenir sur la proposition E 760.
Proposition E 762
Com (96) 552 final
(Réunion de la délégation du 30 janvier 1997)
Présentation du texte par M. Jacques Genton :
Cette proposition répond à une demande des Etats-Unis.
Elle vise à ouvrir un contingent tarifaire de 30.000 tonnes pour
l'orge destiné à la fabrication de certaines bières.
Ce contingent serait ouvert, avec effet rétroactif, pour la
période du 1er juin au 31 décembre 1996, et les droits
de douane correspondant seraient fixés à 50 % du taux
normal.
Pour comprendre ce texte, il est nécessaire de rappeler que les droits
appliqués aux importations communautaires d'orge sont calculés
sur la base de " prix représentatifs " qui correspondent
à un prix forfaitaire établi en fonction du prix du marché
mondial. Ce système existe pour toutes les céréales et
pour le riz.
A la suite des négociations du GATT, les Etats-Unis et la
Communauté sont convenus que ce système des " prix
représentatifs " pourrait être réexaminé si
l'on constatait qu'il entravait sérieusement les courants
d'échanges entre la Communauté et les Etats-Unis.
Les Etats-Unis se sont fondés sur ces dispositions pour demander
l'ouverture d'un contingent tarifaire pour l'orge de brasserie. La Commission
européenne a accepté cette demande.
On peut s'étonner que la Commission ait accepté aussi facilement
cette demande. En effet, aucun examen global de la mise en oeuvre du
système des " prix représentatifs " n'a eu lieu
jusqu'à présent. Il n'est donc nullement établi que ce
système entrave les échanges de céréales entre les
Etats-Unis et la Communauté. Il serait donc souhaitable, avant
d'envisager une quelconque mesure ponctuelle, de procéder à un
examen d'ensemble du contentieux sur les céréales et le riz.
Par ailleurs, on peut s'étonner de l'ouverture d'un contingent
spécial pour l'orge. D'abord parce que la Communauté produit
déjà de l'orge au-delà de ses besoins. Ensuite parce qu'il
existe déjà un régime préférentiel pour
l'importation de l'orge de qualité.
Les renseignements pris auprès des services du ministère de
l'agriculture, m'ont permis de découvrir que l'ouverture de ce
contingent vise, en fait, à pourvoir aux seuls besoins de l'industriel
HANNAUSER-BUSCH, premier brasseur mondial, qui est américain et est
implanté en Grande-Bretagne. Celui-ci, prétend, à l'appui
de sa demande, qu'il produit une bière, unique en son genre, dont la
fabrication est réalisée à partir d'une
variété d'orge que l'on ne trouve qu'aux Etats-Unis.
La proposition de règlement qui nous est soumise aujourd'hui a donc
été élaborée à l'intention d'un seul
industriel, ce qui est pour le moins surprenant.
Dans ces conditions, il me paraît difficile de répondre
favorablement à une telle demande, sous peine de laisser se créer
un précédent dangereux.
Ces différentes réserves me conduisent à vous proposer
l'adoption de conclusions sur la proposition E 762.
Après les interventions en ce sens de MM. Pierre Fauchon, Michel
Caldaguès et Christian de La Malène, la délégation
a adopté les conclusions suivantes :
CONCLUSIONS DE LA DELEGATION SUR LA PROPOSITION D'ACTE COMMUNAUTAIRE E 762 PORTANT OUVERTURE D'UN CONTINGENT TARIFAIRE COMMUNAUTAIRE POUR UNE VARIÉTÉ D'ORGE DE BRASSERIE RELEVANT DU CODE NC 100300
La délégation du Sénat pour l'Union
européenne,
Considérant que la proposition E 762 s'inscrit dans le cadre de
l'application de l'accord concernant le régime communautaire
d'importation de céréales et de riz signé avec les
Etats-Unis ;
Considérant que l'accord en question prévoit un réexamen
du fonctionnement du système des " prix
représentatifs " pour les céréales et le riz à
la demande de l'une ou l'autre partie ;
Considérant que, en vertu de cet accord, la Commission s'est
engagée à examiner les problèmes décelés
dans le cas où le fonctionnement du système des " prix
représentatifs " semblerait être une entrave aux courants
d'échanges entre les Etats-Unis et la Communauté ;
Considérant qu'aucune évaluation d'ensemble de ce système
n'a eu lieu jusqu'à présent ; que, dès lors, il n'a
pu être établi que ce système entravait les courants
d'échanges entre les Etats-Unis et la Communauté ;
Considérant par ailleurs que les importations d'orge de qualité
bénéficient déjà d'abattements des taux de droits
de douane, et que la nécessité d'ouvrir un contingent tarifaire
communautaire à un taux plus avantageux n'est pas
démontrée ;
S'oppose à l'ouverture d'un contingent tarifaire communautaire et
à l'application d'un droit de tarif douanier de 50 % du taux plein
du droit en vigueur pour l'orge de brasserie relevant du code NC 100300.
Proposition E 770
Com (96) 714 final
(Procédure écrite du 25 février 1997)
Ce texte est une proposition de règlement du Conseil
visant à modifier le règlement n° 2658/87 du Conseil en
ce qui concerne les dispositions préliminaires de la nomenclature
tarifaire statistique et le tarif douanier commun.
Cette proposition vise en fait à porter de 200 à
350 écus le plafond en-dessous duquel les voyageurs arrivant d'un
pays tiers peuvent demander l'application du taux forfaitaire de droit de
douane aux marchandises qu'ils importent. Parallèlement, ce taux
forfaitaire serait ramené de 10 à 3,5 %. Ces dispositions
seraient également applicables aux produits contenus dans les envois
adressés de particulier à particulier.
Le régime actuel est en vigueur depuis 1969 et n'est cependant
pratiquement plus appliqué, le taux moyen des droits de douane
étant situé entre 5 et 6 % depuis plusieurs années.
Les conséquences financières de ces mesures sont donc
difficilement appréciables ; la Commission évalue
néanmoins le coût de cette action à environ
3.757.000 écus.
Ces dispositions devraient permettre d'accélérer et de faciliter
les opérations de dédouanement des biens importés par des
voyageurs ou envoyés par des particuliers.
Dans ces conditions, la délégation a décidé de
ne pas intervenir sur ce texte.
Proposition E 772
Com (96) 703 final
(Procédure écrite du 6 mars 1997)
Ce texte est une proposition de règlement du Conseil
modifiant le règlement 3030/93 du Conseil relatif au
régime
commun applicable aux importations de certains produits textiles originaires
des pays tiers
qui font l'objet de restrictions quantitatives et de
surveillance.
Les modifications proposées visent notamment à permettre
que :
- les changements qui pourraient intervenir dans les listes des membres de
l'OMC ou des autorités nationales compétentes pour la
délivrance des documents d'importation soient désormais
publiées séparément au Journal Officiel des
Communautés, série C, et ne nécessitent plus une
modification du règlement 3030/93 ;
- les produits de l'artisanat et du folklore originaires d'Inde et du Vietnam
soient exclus du champ d'application du règlement précité
afin de tenir compte des accords conclus avec ces pays ;
- des extensions de la validité des licences d'exportation (du
31 mars, date d'expiration générale de validité, au
30 juin d'une année civile) soient autorisées dans des
circonstances exceptionnelles ;
- les dispositions de l'accord relatif au commerce de produits textiles et de
l'habillement, pour les membres de l'OMC, et des accords bilatéraux avec
d'autres pays tiers priment sur le règlement 3030/93.
En outre, il est proposé que les possibilités d'importations
supplémentaires consenties, dans certaines circonstances, en vertu de
l'article 8 du règlement 3030/93 soient désormais
explicitement subordonnées à certaines conditions ou
modalités. A titre d'exemple, le montant correspondant au contingent
supplémentaire autorisé pourrait être déduit de la
limite quantitative d'une ou de plusieurs catégories de produits du
même groupe pour l'année contingentaire en cours, ou de la
même catégorie de produits pour l'année suivante.
Ces dernières dispositions sont très controversées au sein
des Etats membres et pourraient conduire à un rejet de la proposition.
La France, quant à elle, est favorable à l'adoption de cette
modification qui permet de clarifier les modalités d'utilisation des
possibilités ouvertes par l'article 8 du règlement 3030/93.
Elle plaide donc pour l'adoption de la proposition dans son ensemble.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 772.
Proposition E 773
Com (96) 705 final
(Procédure écrite du 6 mars 1997)
Cette proposition de règlement du Conseil vise à
modifier deux règlements mettant en application les mesures
préférentielles prévues dans les accords conclus avec le
Maroc, la Tunisie, Malte, l'Algérie, Chypre, Israël, la Syrie, la
Jordanie, l'Egypte, la Cisjordanie et la Bande de Gaza.
Il s'agit des
règlements 1981/94 du 2 août 1994 et 934/95 du
28 avril 1995.
En effet, de nouveaux accords euro-méditerranéens sont en cours
de préparation, de négociation ou de ratification pour certains
(Maroc, Tunisie).
Or, en vertu des deux règlements susvisés, la Commission ne peut,
à l'heure actuelle, procéder, après avis du Comité
du Code des douanes, qu'à de simples adaptations techniques, telles que
des changements de nomenclature.
La proposition E 773 vise donc à permettre à la Commission de
modifier et d'adapter le contenu des règlements susvisés au fur
et à mesure de l'entrée en vigueur des nouveaux accords. Cette
procédure permettrait d'accélérer la mise en place des
règlements d'application en matière tarifaire.
Bien qu'il s'agisse d'un transfert de compétence du Conseil au profit de
la Commission, cette proposition a généralement reçu un
accueil favorable. Elle permettrait en effet de pallier l'alourdissement de la
charge de travail des services de douane des Etats membres dû aux
délais trop courts entre la publication d'une mesure et son application.
Bien que l'Espagne et l'Italie soient opposées à ce texte, la
France l'approuve, mais estime que la Commission devrait s'engager, en
contrepartie, à accorder aux représentants du Comité du
Code des douanes un délai d'examen suffisant pour chaque projet de
mesure.
Compte tenu de ces éléments, la délégation a
décidé de ne pas intervenir sur la proposition E 773.
Proposition E 780
Com (96) 709 final
(Procédure écrite du 6 mars 1997)
Cette proposition de règlement du Conseil concerne la
conclusion d'un
accord
, sous forme d'échanges de lettres entre la
Communauté et Chypre,
portant adaptation du régime
d'importation d'oranges originaires de Chypre et vise à modifier le
règlement 1981/94 du Conseil
.
Cet accord s'inscrit dans le cadre des négociations sur l'agriculture
consécutives au cycle d'Uruguay et répond à une demande de
Chypre. Il vise à appliquer une réduction des droits de douane
concernant les oranges importées de Chypre, dans la limite de
48.000 tonnes, sur la période du
1
er
décembre au 31 mai de chaque année.
Cette quantité correspond à la moyenne des importations
communautaires d'oranges chypriotes au cours de la période 1992-1994, et
la réduction des droits convenue correspond à celle
accordée à d'autres pays méditerranéens.
La Commission estime souhaitable que ces dispositions s'appliquent
rétroactivement au 1
er
décembre 1996. Aussi, cet
accord ne pouvant entrer en vigueur rapidement, propose-t-elle,
simultanément à l'adoption de cet accord par le Conseil, la
modification du règlement 1981/94, fixant les contingents tarifaires
communautaires pour certains pays et notamment pour Chypre. Cette modification
permettrait une mise en oeuvre anticipée des dispositions de l'accord.
Compte tenu du caractère consensuel de ce texte, la
délégation a décidé de ne pas intervenir sur cette
proposition.
3. Fiscalité
Proposition E 750
(Procédure écrite du 24 janvier 1997)
Cette proposition tend à autoriser le Portugal à
reconduire la réduction du taux d'accises sur le fuel lourd à
faible teneur en soufre qu'il pratiquait depuis 1990.
Ce texte répond à une demande du Portugal, fondée sur
l'article 8 § 4 de la directive de 1992 concernant
l'harmonisation des structures des droits d'accises sur les huiles
minérales. En vertu de cet article, le Conseil peut autoriser un Etat
membre à introduire des exemptions ou des réductions d'accises
pour des raisons liées à certaines politiques spécifiques.
Cette mesure, motivée par des préoccupations d'ordre
environnemental, permettra au Portugal de continuer à pratiquer des taux
d'accises différenciés sur le fuel, en fonction de la teneur en
soufre, tout en respectant le taux minima fixé par la Communauté.
Dans la mesure ou la proposition E 750 n'a d'incidence que sur la seule
fiscalité portugaise, la délégation a décidé
de ne pas intervenir sur ce texte.
Proposition E 764
(Procédure écrite du 7 février 1997)
Ce texte concerne une
demande formulée par le
Royaume-Uni
en vue de continuer à
déroger à la
réglementation communautaire en matière de TVA
applicable aux
petites et moyennes entreprises.
Cette demande est fondée sur l'article 27 de la 6ème directive
TVA, qui prévoit la possibilité pour les Etats membres
d'introduire des mesures particulières visant à simplifier la
perception de la taxe ou à éviter certaines fraudes ou
évasions fiscales.
Ces dispositions ont permis au Royaume-Uni de bénéficier, depuis
1987, d'une dérogation à l'article 17, § 1, de la même
directive, qui définit le moment où la taxe déductible
devient exigible, c'est-à-dire au moment de la livraison du bien ou
lorsque la prestation de services est effectuée. Cette dérogation
a été prorogée à plusieurs reprises et, depuis le
1er janvier 1993, les PME dont le chiffre d'affaires annuel est
inférieur à 350.000 livres sterling sont autorisées
à ne comptabiliser la TVA que sur la base des paiements
effectués. Ce régime n'est appliqué que par un nombre
limité d'entreprises parmi celles qui pourraient en
bénéficier.
La proposition E 764 vise à proroger cette dérogation jusqu'au
31 décembre 2000 et à porter le plafond du chiffre
d'affaires annuel des PME concernées à 400.000 livres sterling.
Cette mesure n'aurait d'incidence que sur la seule fiscalité britannique
et ne modifierait en rien le montant des ressources propres communautaires
provenant de la TVA.
La délégation a décidé de ne pas intervenir sur
la proposition E 764.
Proposition E 765
(Procédure écrite du 7 février 1997)
Cette proposition est une demande commune de
l'ensemble
des
Etats membres
visant à
déroger à la
6
ème
directive T.V.A.
en ce qui concerne les
prestations de services de télécommunications.
Tout Etat
membre peut en effet, en vertu de l'article 27 § 1 de la
6
ème
directive T.V.A., être autorisé à
introduire des mesures particulières afin de simplifier la perception de
la taxe ou d'éviter certaines fraudes ou évasions fiscales.
Actuellement, les prestations de services de télécommunications
sont taxées à l'endroit où le prestataire a établi
le siège de son activité économique. Or,
l'évolution technologique dans le secteur des
télécommunications permet désormais aux prestataires
établis dans des pays tiers d'assurer des services de
télécommunications dans la Communauté. De plus en plus de
consommateurs qui, en principe, devraient supporter la charge de la T.V.A. sur
les prestations de télécommunications, font donc appel à
des opérateurs établis dans des pays où ces prestations ne
sont pas soumises à T.V.A. afin d'échapper au paiement de
celle-ci. Cette situation crée des distorsions de concurrence entre les
opérateurs communautaires et ceux des pays tiers et conduit à une
importante perte de recettes fiscales pour chaque Etat membre.
Afin de remédier à cet état de fait, des discussions ont
été entamées afin de modifier la législation
communautaire. Toutefois, dans l'attente de cette réforme, les Etats
membres se sont mobilisés afin que soient mises en place, le plus
rapidement possible, des dérogations temporaires aux règles de
territorialité fixées par la 6
ème
directive
T.V.A.
Celles-ci consisteraient à soumettre à T.V.A. les services de
télécommunications fournis dans l'Union européenne par les
opérateurs des pays tiers. La France et l'Allemagne ont d'ailleurs
anticipé l'entrée en vigueur de ces dérogations qu'elles
appliquent depuis le 1
er
janvier 1997.
La proposition E 765 constitue la transmission par la Commission à
chaque Etat de la demande présentée par l'ensemble des Etats
membres pour déroger à la 6
ème
directive. Si,
dans un délai de deux mois à compter de la transmission de cette
proposition, ni la Commission ni un Etat membre ne demande l'évocation
de l'affaire devant le Conseil, la décision du Conseil entérinant
cette proposition sera réputée acquise.
La Commission, souhaitant que ce dossier soit évoqué devant le
Conseil a, le 29 janvier dernier, présenté sa propre proposition
de dérogation. Celle-ci, qui ne s'oppose en rien à la demande des
Etats membres, serait appliquée jusqu'à fin 1998. Elle a
également proposé une modification de la 6
ème
directive T.V.A. visant à assurer, sur une base définitive, le
prélèvement de la T.V.A. sur tous les services de
télécommunications. Cette modification serait effective à
partir du 1
er
janvier 1999.
Compte tenu du fait qu'elle devrait prochainement être saisie des
propositions de la Commission, la délégation a
décidé de ne pas intervenir sur la proposition E 765.
Proposition E 768
Com (96) 687 final
(Procédure écrite du 25 février 1997)
Ce texte est une proposition de décision du Conseil
visant
à autoriser l'Allemagne et la France à déroger
à la réglementation communautaire en matière de T.V.A
.
Cette dérogation permettrait de simplifier les procédures
fiscales applicables à la construction d'un pont frontalier sur le Rhin
entre Altenheim (France) et Eschau (Allemagne).
Cette demande vise à écarter l'application du principe de
territorialité prévu par la 6
e
directive T.V.A., en
vertu duquel les opérations imposables liées à la
construction ou à l'entretien du pont devraient être soumises
à T.V.A. dans le pays où elles ont eu lieu. L'application de ce
texte serait en effet assez complexe et obligerait les entrepreneurs à
déterminer précisément le territoire sur lequel les
travaux ont été réalisés.
Les autorités allemandes et françaises sont donc convenues que
l'ensemble des travaux serait soumis au seul droit fiscal français.
On peut souligner que d'autres Etats membres ont déjà
été autorisés à procéder à de telles
dérogations et que les autres Etats membres n'ont présenté
aucune objection à la demande franco-allemande.
Dans ces conditions, la délégation a décidé de
ne pas intervenir sur la proposition E 768.
Proposition E 790
Com (97) 42 final
(Examen en urgence du 5 mars 1997)
La proposition E 790 regroupe
quinze propositions de
décision du Conseil
autorisant les Etats membres à appliquer
une
mesure dérogatoire à la 6
e
directive TVA pour
les services de télécommunications.
Ces quinze propositions, établies par la Commission, font suite à
la demande commune de l'ensemble des Etats membres, déjà
examinée par la Délégation par procédure
écrite du 7 février 1997 (E 765). Cette dernière
visait à permettre aux Etats membres de soumettre à TVA,
dès le 1
er
janvier 1997, l'ensemble des services de
télécommunications fournis dans l'Union européenne, y
compris les prestations délivrées par des opérateurs dans
des pays tiers.
En effet, en vertu de la 6
e
directive TVA, les prestations de
services de télécommunications étaient jusqu'à
présent taxées à l'endroit où le prestataire
était établi. Cette règle a conduit à ce qu'un
nombre croissant d'assujettis et de non assujettis communautaires fassent appel
à des opérateurs établis en dehors de la
Communauté, dans le seul but d'éviter le paiement de la TVA.
Cette situation a donc engendré des distorsions de concurrence entre les
opérateurs communautaires et ceux des pays tiers et conduit à une
importante perte de recettes fiscales.
La proposition E 790 transmise par la Commission a été
examinée lors d'une réunion du groupe des questions
financières du Conseil le 20 février 1997. Le groupe a
estimé que la proposition de la Commission ne correspondait pas à
la demande de dérogation initialement adressée par les Etats
membres à la Commission et une nouvelle proposition a été
rédigée. Ce nouveau texte (voir document joint) devrait
être examiné lors du COREPER du 6 mars 1997.
Aux termes de cette nouvelle proposition, la dérogation s'appliquerait
à l'ensemble des services de télécommunications, qu'ils
soient rendus par un opérateur établi dans un pays tiers ou dans
un autre Etat membre de la Communauté que le consommateur. Cette
dérogation serait applicable à compter du
1
er
janvier 1997 et jusqu'au 31 décembre 1999, sous
réserve de l'entrée en vigueur avant cette date d'une directive
modifiant la 6
e
directive TVA en matière de
télécommunications.
Il convient de noter que cette proposition est conforme aux termes de la
modification législative intervenue dans le cadre de la loi de finances
pour 1997 et que la France, tout comme l'Allemagne, a anticipé
l'entrée en vigueur de cette dérogation qu'elle applique depuis
le 1
er
janvier 1997.
Le Gouvernement ayant fait savoir qu'il souhaitait que la
délégation se prononce en urgence sur ce texte, afin qu'il puisse
être soumis au COREPER du 6 mars en perspective du Conseil ECOFIN du 17
mars, le Président de la délégation a lui-même
examiné ce texte, conformément à la procédure
prévue dans de tels cas.
Compte tenu du caractère consensuel de ce texte, le Président de
la délégation a informé le Gouvernement que la nouvelle
proposition pourrait être adoptée sans que le délai d'un
mois après sa transmission au Parlement soit écoulé.
4. Politique sociale
Proposition E 755
Com (96) 620 final
(Procédure écrite du 24 janvier 1997)
Cette proposition tend à l'approbation d'une directive
du Conseil concernant
le rapprochement des législations des Etats
membres relatives aux licenciements collectifs.
Cette proposition est, en fait, un texte de
codification
qui se
substituera à l'ensemble des directives relatives aux licenciements
collectifs qui seront ainsi abrogées.
Les seules modifications, purement formelles, apportées par cette
nouvelle directive, sont celles requises par l'opération de regroupement
des différents textes.
La délégation a décidé de ne pas intervenir sur
la proposition E 755.
5. Marché intérieur
Proposition E 757
Com (96) 580 final
(Procédure écrite du 24 janvier 1997,
réunion de la délégation du 30 janvier 1997))
Ce texte est une proposition de décision du Parlement
européen et du Conseil visant à autoriser l'établissement
d'un programme d'action, dénommé
Action Robert Schuman
pour l'amélioration de la
sensibilisation des professions juridiques
au droit communautaire.
L'Action Robert Schuman est en fait un programme
d'incitation et d'appui aux initiatives engagées dans ce sens au sein
des Etats membres
Il vise à apporter un soutien financier aux institutions chargées
de la formation ou de l'information des juges et des avocats qui souhaitent
s'investir dans le lancement d'activités de sensibilisation au droit
communautaire.
La sélection des projets et l'attribution de ce soutien financier
devraient s'effectuer selon plusieurs critères et notamment :
- leur vocation pratique,
- leur accessibilité
- leur adaptation aux contraintes de la pratique professionnelle
- leur rapport coût/efficacité
Le soutien financier de l'Action Robert Schuman devrait être
attribué pour une durée de un ou deux ans, le
bénéficiaire s'engageant à poursuivre son action, à
l'issue de cette période, pour une durée équivalente.
L'incidence financière de cette action, engagée pour une
durée de trois ans, est évaluée à
5.600.000 écus se décomposant en :
- 3.600.000 écus au titre des subventions qui seront
versées ;
- 2.000.000 d'écus pour la partie " animation et
suivi "
(édition de guides, recueils et réalisation d'un sondage
d'évaluation).
La Commission considère qu'il relève de sa compétence
d'aider les Etats à remédier à des situations de
déficits de formation et d'information affectant la bonne application du
droit communautaire nécessaire au bon fonctionnement du marché
intérieur.
Dans le cadre de la procédure écrite d'examen des propositions
d'actes communautaires, M. Christian de La Malène a demandé que
la proposition E 757 soit examinée lors d'une réunion de la
délégation.
M. Christian de La Malène
a rappelé que ce texte
tendait à autoriser l'établissement d'un programme d'action pour
la sensibilisation des professions juridiques au droit communautaire
(" action Robert Schuman "). Il a estimé que ce type de
programme, aux objectifs vagues et aux moyens réduits, ne
présentait guère de garanties d'efficacité et de
transparence. Il a exprimé la crainte que cette action ne conduise
à verser des subventions à des organismes se distinguant plus par
leur habileté à obtenir des fonds communautaires qu'à
développer une formation de qualité.
M. Jacques Genton
a indiqué qu'un débat avait
également eu lieu sur ce texte au sein de la délégation de
l'Assemblée nationale. Ce débat, a-t-il précisé, a
conduit la délégation de l'Assemblée nationale à
adresser à M. Michel BARNIER un courrier qui, sans contester
l'intérêt du projet, appelle l'attention du Gouvernement sur la
part élevée des dépenses d'animation, lesquelles
représentent plus du tiers du coût total de l'action Robert
Schuman.
M. Pierre Fauchon
a souligné la nécessité
d'améliorer la formation des magistrats au droit communautaire. Compte
tenu de l'insuffisance des moyens dont dispose l'Ecole nationale de la
Magistrature, il a jugé utile que celle-ci puisse recevoir des
subventions dans le cadre de ce programme. Il a toutefois déploré
que ce programme ait été dénommé " action
Robert Schuman", estimant qu'il s'agissait là d'une utilisation quelque
peu déplacée de ce nom prestigieux puisque Robert Schuman
n'était pas lui-même un juriste.
M. Michel Caldaguès
a regretté que les crédits en
cause ne soient pas mobilisés pour un meilleur respect du pluralisme
linguistique dans le domaine du droit. Il a indiqué à cet
égard que le Barreau de Paris rencontrait des difficultés
à obtenir que la Commission européenne corresponde avec lui en
français.
M. Christian de La Malène
a souligné les risques
de saupoudrage inefficace inhérents aux faibles moyens prévus
pour l'action Robert Schuman. Il a estimé que les professionnels du
droit étaient, du moins en France, déjà largement
" sensibilisés " à l'importance du droit communautaire.
La délégation a alors décidé de s'associer aux
réserves émises par la délégation de
l'Assemblée nationale et d'intervenir auprès du ministre des
Affaires européennes afin d'attirer son attention sur l'insuffisance des
garanties d'efficacité de ce programme. Elle lui a adressé
à cet effet une lettre à laquelle le ministre des Affaires
européennes a répondu le 10 mars 1997 (voir lettres
ci-après).
Proposition E 777
Com (96) 719 final
(Procédure écrite du 6 mars 1997)
Ce texte est une
proposition de règlement du Conseil
visant à
intégrer les départements français
d'outre-mer et les îles Canaries dans le territoire statistique de la
Communauté.
Cette proposition fait suite à une décision française,
suivie par l'Espagne en ce qui concerne les îles Canaries,
d'intégrer les DOM dans la balance commerciale.
En effet, à compter du 1
er
janvier 1997, les territoires
couverts par les comptes de la Nation et par la balance des paiements seront
unifiés et regrouperont la France métropolitaine et les DOM.
Cette mesure conduirait les DOM et les îles Canaries à ne plus
être, au niveau communautaire, considérés comme des pays
tiers aux fins de la statistique du commerce extérieur. Toutefois ils
continueraient d'être exclus du territoire fiscal de la Communauté.
La proposition E 777 consiste donc en une simple mesure d'harmonisation
des concepts de comptabilisation des échanges appliqués par les
Etats membres.
La France souhaite que ce texte soit voté en l'état, en ce qui
concerne les DOM.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur ce texte.
6. Energie
Proposition E 211
Com (91) 548 final
Les travaux de la délégation concernant cette
proposition de directive relative au marché intérieur du gaz
naturel ont débouché sur l'adoption d'une proposition de
résolution.
Ces travaux sont retracés aux pages n° 51 à n° 57 du
présent rapport.