Activités de la délégation du Sénat pour l'Union européenne
Jacques GENTON
Rapport d'information 488 - 1995 / 1996
Table des matières
- LA PREPARATION DE LA CONFERENCE INTERGOUVERNEMENTALE
-
LES QUESTIONS ECONOMIQUES ET FINANCIERES
- I. COMMUNICATION DE MM. JACQUES OUDIN ET PAUL LORIDANT SUR LA CONFERENCE INTERPARLEMENTAIRE SUR " LA LUTTE CONTRE LA FRAUDE AU BUDGET COMMUNAUTAIRE " ORGANISEE PAR LE PARLEMENT EUROPEEN A BRUXELLES, LES 23 ET 24 AVRIL 1996
- II. AUDITION DE M. FRANCK BOROTRA
- III. EXAMEN DU RAPPORT D'INFORMATION SUR LES FONDS STRUCTURELS A MI-PARCOURS DE LA SECONDE PHASE DE PROGRAMMATION
- LES RELATIONS EXTERIEURES
- L'EXAMEN DES PROPOSITIONS D'ACTES COMMUNAUTAIRES PAR LA DELEGATION
- AUTRES ACTIVITES
- ANNEXE : RECAPITULATIF DES RESOLUTIONS DU SENAT SUR LES PROPOSITIONS D'ACTES COMMUNAUTAIRES (SESSION 1995-1996)
Au cours des mois de mai et juin 1996, la
délégation du Sénat pour l'Union européenne a
poursuivi ses travaux sur la préparation de la Conférence
intergouvernementale.
Elle a également abordé des questions économiques et
financières : fraude au budget communautaire, marché
européen de l'électricité, utilisation des fonds
structurels communautaires.
Elle a examiné certains problèmes concernant
l'élargissement à l'Est et les relations
euro-méditeranéennes.
Enfin, elle a continué son examen systématique des propositions
d'actes communautaires soumises au Sénat en application de l'article
88-4 de la Constitution.
LA PREPARATION DE LA CONFERENCE INTERGOUVERNEMENTALE
La délégation a mené depuis 1994 une réflexion continue sur la préparation de la Conférence intergouvernementale. Depuis le lancement de celle-ci, elle suit régulièrement ses travaux. Cette démarche s'est poursuivie en mai et juin 1996.
I. RENCONTRE AVEC UNE DELEGATION DES MEMBRES FRANÇAIS DU COMITE DES REGIONS
Le mardi 4 juin 1996, la délégation,
réunie conjointement avec la délégation de
l'Assemblée nationale pour l'Union européenne, a rencontré
plusieurs membres français du Comité des régions.
Les délégations ont conjointement entendu un groupe de membres
français du Comité des régions de la Communauté
européenne conduite par M. Philippe Leroy, président de la
délégation française au Comité des régions,
et composée de MM. Maurice Dousset, Michel Lafay, Roland Nungesser et
Jérôme Polvérini.
M. Jacques Genton
a rappelé que la délégation du
Sénat avait consacré un rapport au Comité des
régions lors de sa création. Il a jugé utile de faire le
point alors que ce Comité avait maintenant trois années
d'existence : Quel est son bilan ? Quelles sont ses activités ?
Quelles difficultés rencontre-t-il pour être entendu ? Il a
indiqué que ces questions se posaient également dans le cadre de
la conférence intergouvernementale en cours, qui doit aborder des
thèmes tels que le principe de subsidiarité et le rôle des
parlements nationaux.
M. Robert Pandraud
a déclaré qu'il avait accueilli avec
réserve la création du Comité des régions,
étant pour sa part attaché à l'unité et à
l'indivisibilité de la République, mais qu'il avait
été rassuré par la désignation de ses membres, se
félicitant à cet égard que tous les niveaux de
collectivité et toutes les sensibilités soient
représentés dans cet organisme et que le premier président
du Comité ait été un Français. Après avoir
souhaité que le statut actuel du Comité des régions soit
préservé, il s'est prononcé contre la possibilité
pour celui-ci de saisir la Cour de justice des Communautés. Les recours,
a-t-il estimé, sont déjà trop nombreux et donnent un trop
grand rôle au juge communautaire.
Il a précisé qu'à ses yeux les délégations
des Assemblées et le Comité des régions pouvaient en
revanche utilement collaborer en vue d'un meilleur respect du principe de
subsidiarité. Il a indiqué que, dans la conception
défendue par l'Assemblée nationale, la Conférence des
organes spécialisés dans les affaires communautaires (COSAC)
devrait jouer un rôle consultatif, à l'échelon de l'Union,
pour l'application du principe de subsidiarité, et qu'elle devrait
pouvoir être saisie dans ce but par le Comité des régions.
M. Philippe Leroy
a tout d'abord confirmé la difficulté
rencontrée par les collectivités locales pour trouver leur place
au sein de l'Union européenne. Le Comité des régions
constitue pour elles un moyen d'expression, selon un mode de fonctionnement
original : en effet, le Comité siège en groupes nationaux,
dans une logique géographique et non pas politique.
Ainsi, les collectivités locales ont fait la preuve de leur
capacité à travailler ensemble, en dépit de leur
diversité. L'expérience de ces premières années de
fonctionnement montre que la Commission prête attention aux avis rendus
par le Comité des régions, dont on retrouve l'influence dans les
textes européens.
Les difficultés proviennent du fait que le rôle du Comité
des régions reste imprécis et qu'en outre, il n'est pas toujours
considéré avec beaucoup de bienveillance par les parlementaires
européens ou nationaux. Cette méfiance se traduit notamment par
la faiblesse des moyens matériels accordés à son
fonctionnement quotidien.
M. Philippe Leroy a déploré que le rôle des
collectivités locales soit ainsi controversé alors même
qu'elles constituent un moyen de liaison direct permettant de rapprocher
l'Europe et les citoyens. Il s'agit, à son sens, d'un problème
européen, et non pas d'un débat franco-français et qui se
traduit notamment par le fait que certains Etats-membres - comme la
Finlande ou l'Allemagne - créent des niveaux supplémentaires de
collectivités territoriales pour renforcer ces liaisons.
En conclusion, M. Philippe Leroy a considéré que ces
premières années autorisent un bilan positif, non conflictuel,
où l'alternance à la présidence a été
surmontée, mais qui soulève encore un certain nombre de questions.
M. Michel Lafay
a considéré que l'intérêt du
Comité des régions était de donner l'opportunité de
vérifier les conséquences localisées des interventions
communautaires. Il s'est félicité que l'expérience de
terrain dont disposent les membres du Comité des régions soit
écoutée et entendue par la Commission européenne.
M. Roland Nungesser
a souligné le rôle fondamental du
Comité des régions pour combler ce qu'il est convenu d'appeler le
" déficit démocratique " de l'Europe, tout en rappelant
l'expérience antérieure des jumelages entre collectivités
territoriales qui a permis des rapprochements très positifs.
Il a précisé que le Comité des régions devait
concentrer son action sur les collectivités territoriales, en
évitant de disperser son influence jusqu'à mettre une Europe des
régions en concurrence avec l'Europe des nations. Dans ce sens, il a
estimé souhaitable de modifier la dénomination de
" Comité des régions " pour en faire un
" Comité des collectivités locales ", plus proche de sa
réalité.
M. Jérôme Polvérini
a considéré pour
sa part que le Comité des régions permettait de défendre
les positions françaises en recherchant l'union entre les
collectivités territoriales. Dans cet objectif, il s'est
félicité du rapprochement opéré avec
l'Assemblée nationale et le Sénat et a souhaité que les
membres du Comité des régions soient destinataires des rapports
des délégations parlementaires.
M. Maurice Dousset
a tout d'abord précisé que
l'intitulé de " Comité des régions " avait
été retenu dans le Traité de Maastricht comme un terme
générique, et non dans l'acception juridique française. Il
s'est ensuite interrogé sur le rôle du Comité des
régions, en évoquant les démarches du Parlement
européen, qui a été tenté un temps d'influer sur la
désignation même du président du Comité des
régions. Il a considéré que le Comité avait pour
vocation de faire naître une certaine conception de l'Europe des
collectivités locales en utilisant le poids politique de ses membres -
maires de grandes villes ou responsables de régions importantes - pour
influencer les décisions communautaires et jouer un rôle
modérateur face à certains excès du Parlement
européen.
A l'issue de cette présentation,
M. Jacques Genton
a
souligné que le Sénat, représentant des
collectivités locales, pouvait avoir en effet pour vocation naturelle
d'établir des liens constructifs avec le Comité des
régions et s'est engagé à lui transmettre les documents
parlementaires utiles.
M. Robert Pandraud
, tout en rappelant que sa sensibilité ne
l'inclinait pas vers le développement des attributions du Comité
des régions, a convenu du rôle positif que les
collectivités locales pouvaient avoir dans le rapprochement de l'Europe
et des citoyens, et a indiqué qu'il améliorera bien volontiers la
diffusion au Comité des régions des rapports d'information de la
délégation de l'Assemblée.
Mme Michèle Alliot-Marie,
député, a indiqué
qu'elle avait parfois constaté, lorsqu'elle siégeait au Conseil
des ministres de l'Union, la tendance de certains membres de la Commission
à rechercher l'appui direct des collectivités locales pour
assurer le succès de certaines décisions, en éludant le
niveau des Etats-membres. Elle s'est déclarée très hostile
à toute attitude qui pourrait affaiblir l'Etat dans ses rapports avec la
Commission et a considéré que c'était le plus souvent
l'Etat qui était le protecteur des spécificités locales et
non la Communauté.
Après avoir rappelé que, au cours des trente-cinq années
qu'il avait passées au Parlement européen, il s'était
à de nombreuses reprises interrogé sur le rôle qui devait
revenir à celui-ci, M. Christian de La Malène a
considéré que, pour un organe nouveau comme le Comité des
régions, il convenait tout d'abord de se poser la question : " Un
Comité des régions, pour quoi faire ? ". Il a
regretté que, au moment où la Conférence
intergouvernementale se prépare à transformer les institutions,
l'avis sur " la révision du Traité de l'Union
européenne " adopté par le Comité des régions
ne dessine pas clairement le rôle que celui-ci souhaite jouer dans
l'avenir. Tout en reconnaissant la légitimité politique forte que
conférait au Comité la présence de maires de grandes
villes ou d'élus de collectivités puissantes, il a
souligné le handicap que constituait
l'hétérogénéité de la composition du
Comité qui réunit tout à la fois des représentants
de régions, de départements, de communes et même des
fonctionnaires.
M. Francis Galizzi
, député, a insisté sur certains
dysfonctionnements notoires d'actions conduites au niveau européen en
court-circuitant les Etats membres, notamment lors de l'allocation des fonds
structurels ressortissant aux initiatives communautaires. Il a rappelé
que la participation financière était votée par les Etats
membres et qu'ils devaient de ce fait conserver la maîtrise des
opérations. Il a toutefois considéré que le Comité
des régions pouvait avoir un rôle à jouer dans la gestion
des fonds structurels dont les objectifs ressortent effectivement de l'action
locale.
M. Maurice Ligot
, député, a souligné le paradoxe du
Traité de Maastricht qui a créé un Comité des
régions, affirmant ainsi le rôle des collectivités locales,
mais n'a pas reconnu le rôle des parlements nationaux dans les
institutions européennes. Il a rappelé les conclusions
adoptées par la délégation de l'Assemblée nationale
en faveur de l'intervention des parlementaires nationaux qui, au sein de la
COSAC, devraient pouvoir se prononcer notamment dans la mise en oeuvre du
principe de subsidiarité et dans les secteurs des deuxième et
troisième piliers. Il a souligné que la délégation
de l'Assemblée nationale était favorable à ce que le
Comité des régions puisse saisir la COSAC afin que celle-ci se
prononce pour avis sur le respect, par une proposition d'acte communautaire, du
principe de subsidiarité.
En réponse à ces interventions,
M. Jérôme
Polvérini
a souligné le caractère ambigü du
principe de subsidiarité et, rappelant que le Traité sur l'Union
européenne traite seulement de la subsidiarité entre la
Communauté et les Etats membres, mais non à l'intérieur de
ceux-ci, il a évoqué les différentes lectures qui sont
faites de ce principe au sein du Comité des régions. Il a
considéré difficile d'édicter un statut de la
subsidiarité unique pour l'ensemble des Etats membres et a jugé
que la notion de partenariat était souvent plus opérationnelle.
M. Philippe Leroy
a précisé que, à
l'évidence, il convenait d'éviter toute idée d'une
rivalité entre le Comité des régions et les parlements. Il
a déploré l'utilisation des fonds structurels par les
préfets sans association des collectivités locales, soulignant
que ceci ne pouvait que contribuer à éloigner l'Europe du citoyen.
M. Jacques Genton
a souhaité que le Comité des
régions ne suive pas l'exemple du Comité économique et
social européen dont l'influence a semblé diminuer au fur et
à mesure de l'élargissement de l'Europe, en dépit de la
grande qualité de ses travaux. Estimant que cette première
rencontre avait été fort utile, il a confirmé son souhait
de renforcer la collaboration du Comité des régions avec le
Sénat et l'Assemblée nationale.
En conclusion,
M. Robert Pandraud
s'est également
déclaré favorable à des rencontres périodiques
entre le Comité des régions et les délégations
parlementaires et a rappelé les propositions de la
délégation de l'Assemblée nationale en faveur de la
saisine de la COSAC par le Comité des régions en vue d'assurer le
respect du principe de subsidiarité. Soulignant
l'hétérogénéité des régions en
Europe, il a souhaité que la France ne soit pas tentée par
l'exemple espagnol.
II. AUDITION DE M. MICHEL BARNIER
Le mercredi 12 juin 1996, la délégation a entendu M. Michel Barnier, ministre délégué aux Affaires européennes, sur les travaux de Conférence intergouvernementale. A la demande du ministre, cette réunion n'a pas donné lieu à un compte rendu .
III. AUDITION DE M. MICHEL BARNIER
Le mercredi 26 juin 1996, la délégation a
entendu M. Michel Barnier, ministre délégué aux Affaires
européennes, sur les résultats du Conseil européen de
Florence.
M. Jacques Genton
a tout d'abord observé que ce Conseil laissait
l'impression que peu d'éléments marquants y étaient
intervenus, et que les chefs d'Etat et de Gouvernement ne semblaient pas avoir
défini d'orientation forte en ce qui concerne les travaux de la
Conférence intergouvernementale.
M. Michel Barnier
a fait valoir qu'il existait de nombreuses
inquiétudes avant ce Conseil européen et que le risque
d'échec était important. La présidence italienne a en
effet été obérée par une longue période
électorale. La Conférence intergouvernementale n'a pas
réellement débuté puisque les premiers mois ont surtout
permis de préciser les positions de chacun, ainsi que les points qui
semblent ouverts et ceux qui feront l'objet de discussions serrées.
Enfin, la crise de la vache folle a provoqué un changement de climat et
aurait pu provoquer un échec du Conseil européen. En
définitive, cette réunion a finalement été
substantielle et utile, du fait notamment de l'ingéniosité de la
présidence italienne.
A propos de la Conférence intergouvernementale, M. Michel Barnier a
précisé que le Conseil européen de Florence avait permis
de parvenir à un accord sur trois points importants :
- les chefs d'Etat et de Gouvernement ont donné mandat à leurs
représentants à la Conférence intergouvernementale pour
présenter un document écrit, lors du Conseil européen de
Dublin, contenant des propositions de rédaction du Traité avec
des variantes et des alternatives. La France formulera naturellement ses
propres propositions en vue de la préparation de ce document ;
- les chefs d'Etat et de Gouvernement ont également identifié des
points clés pour les travaux de la Conférence
intergouvernementale. La France, pour sa part, a mis l'accent sur sept d'entre
eux : le fonctionnement du Conseil, la composition de la Commission, le
rôle du Parlement européen et des Parlements nationaux, la
subsidiarité, la politique étrangère et de
sécurité commune, les affaires intérieures et de justice,
la clause sur les coopérations renforcées ;
- enfin, les chefs d'Etat de Gouvernement ont décidé de
s'impliquer personnellement dans le déroulement de la Conférence,
en réunissant dès octobre à Dublin un Conseil
européen spécial.
Le ministre a ensuite insisté sur la visibilité politique des
deuxième et troisième piliers, estimant que la Conférence
intergouvernementale serait davantage jugée sur les progrès dans
ces domaines que sur les mécanismes institutionnels proprement dits. Il
a observé que plusieurs délégations, notamment les petits
pays, avaient exprimé la crainte d'une ratification difficile si le
nouveau traité n'abordait pas les sujets touchant de près les
citoyens. Il a enfin souligné l'opposition des petits pays à
certaines propositions institutionnelles telles que la réduction du
nombre de commissaires ou la pondération des voix.
A propos de l'affaire de la vache folle, M. Michel Barnier a estimé que
les Anglais avaient, dans un premier temps, tenté d'apporter une
solution politique à un problème qui était un
problème de santé publique, avant de chercher un accord avec
leurs partenaires.
Le ministre a précisé que le plan accepté par les chefs
d'Etat et de Gouvernement avait été élaboré par la
Commission européenne et approuvé à l'unanimité par
le comité vétérinaire permanent. Ce plan permettra la mise
en oeuvre de multiples actions, en particulier l'abattage de nombreux animaux
en remontant jusqu'aux bêtes nées en 1989 et 1990,
l'identification des animaux dans chaque troupeau, le repérage des
stocks de farine polluée et leur destruction, la destruction des
carcasses. La levée de l'embargo ne pourra être menée que
par étapes, en commençant par les troupeaux non touchés,
puis les embryons, les bovins nés cette année, les bovins
âgés de moins de trente mois, enfin les bovins âgés
de plus de trente mois. Chaque étape devra faire l'objet d'une
validation préalable par le comité vétérinaire
permanent et le comité pluridisciplinaire récemment mis en place.
Enfin, la solidarité communautaire jouera à l'égard de la
filière bovine. La Commission européenne avait proposé de
débloquer une aide de 650 millions d'écus que le Conseil
européen a porté à 850 millions d'écus. Le Conseil
des ministres de l'agriculture a décidé qu'un quart de cette
somme serait attribué à la France. De plus, une aide nationale du
même montant sera dégagée, qui pourrait en particulier
prendre la forme d'augmentations de primes ou d'allégements fiscaux.
M. Michel Barnier a alors observé que cette crise marquait la limite du
discours sur la subsidiarité. Il a souligné que, dans un
marché unique, on ne pouvait se passer au moins d'une coordination en
matière de contrôles vétérinaires et de santé
publique, et a rappelé que la France disposait d'une politique de
prophylaxie très sérieuse, mais que les Allemands n'avaient pas
une telle politique jusqu'il y a quatre ou cinq ans. Le ministre a en outre
fait valoir que les mécanismes de l'Union avaient joué
correctement dans cette crise et que celle-ci avait montré
l'émergence de l'Europe des citoyens, les Etats membres ayant pris en
compte les réactions de l'opinion publique. Enfin, il a souligné
qu'il était sans doute nécessaire de réfléchir
à une réorientation de la politique agricole commune afin de
faire une place à une agriculture extensive privilégiant la
qualité des produits.
Evoquant ensuite le problème de l'emploi, M. Michel Barnier a
indiqué que les chefs d'Etat et de Gouvernement avaient consacré
beaucoup de temps à cette question, sur la base du pacte de confiance
pour l'emploi présenté par le président de la commission
européenne, M. Jacques Santer. Les six derniers mois ont
été marqués par certains progrès dans ce domaine,
en particulier le déblocage de la directive sur le congé
parental, l'établissement d'une position commune sur la directive
relative au détachement des travailleurs, la première
réunion conjointe des ministres des affaires sociales et des ministres
des finances. Les chefs d'Etat et de Gouvernement ont insisté sur la
nécessité, dans le domaine des fonds structurels, de donner
priorité aux actions qui peuvent exercer un effet de levier sur
l'emploi. A cet égard, il faut prendre conscience qu'à l'avenir,
dans la perspective de l'élargissement, il faudra faire mieux avec moins
d'argent, dans la mesure où il ne sera pas possible d'augmenter
fortement la contribution des Etats membres.
M. Michel Barnier a ensuite évoqué les autres questions
abordées lors du conseil européen. La question de l'importance
des services publics en Europe fait désormais l'objet d'une
unanimité qui n'existait pas auparavant. Les chefs d'Etat et de
Gouvernement ont pris acte des propositions de la Commission européenne
dans le domaine des grands travaux, pour lesquels elle envisage l'inscription
de crédits d'engagements supplémentaires de
1,2 milliard d'écus d'ici 1999. A ce sujet, le
Président de la République a demandé que l'on consomme
d'abord les crédits d'ores et déjà disponibles, à
savoir 1,8 milliard d'écus. En ce qui concerne Europol, les Britanniques
ont levé leurs réserves tout en refusant de participer à
cette convention, qui sera donc mise en oeuvre à quatorze. Enfin, le
Conseil européen a pris acte des travaux des ministres des finances sur
certains aspects de la réalisation de l'Union économique et
monétaire, notamment le problème de la stabilité
budgétaire et celui des rapports entre pays participant à la
monnaie unique et pays n'y participant pas.
Au cours du débat qui a suivi,
M. Jacques Oudin
a
évoqué la Conférence intergouvernementale et s'est
déclaré frappé du fait que les sept points importants
évoqués par le ministre n'avaient pas donné lieu à
de véritables orientations à Florence. Il a exprimé le
souhait que la délégation continue à
réfléchir sur ces questions afin de poursuivre le dialogue avec
le Gouvernement. Il a par ailleurs insisté sur l'importance des grands
travaux, en particulier du réseau de TGV, pour l'aménagement du
territoire européen et s'est interrogé sur les raisons du blocage
des projets prioritaires.
M. Christian de La Malène
s'est interrogé sur la
capacité de l'Irlande à faire avancer les travaux de la
Conférence intergouvernementale et à préparer un document
pour le Conseil de Dublin. Soulignant que l'Irlande était un petit pays,
peu intéressé, du fait de sa neutralité, par les questions
de politique étrangère et de défense, et surtout
attaché aux retombées financières de sa participation
à l'Union européenne, il a estimé que les grands Etats, et
particulièrement la France et l'Allemagne, devraient donner une
impulsion significative à la préparation du document qui sera
présenté au conseil européen de Dublin. Il s'est
demandé comment il serait possible de rallier les petits pays à
des réformes institutionnelles indispensables pour le fonctionnement de
l'Union et a souligné que le problème de la ratification se
posait autant aux grands Etats membres qu'aux petits.
A propos de la subsidiarité, M. Christian de La Malène a
observé qu'on avait remplacé les contrôles
vétérinaires aux frontières par des contrôles sur
place, ce qui impliquait une confiance plus grande à l'égard du
pays d'origine des produits. Il s'est demandé s'il fallait revenir au
système antérieur ou mettre en place des contrôles
communautaires sur tout le territoire de l'Union, ce qui ne semble pas
être la solution la plus pratique.
M. Yves Guéna,
revenant sur l'intervention de M. Christian de La
Malène à propos de la présidence irlandaise, a
évoqué la réunion de la
XIV
ème
COSAC à Rome et a indiqué que les
participants avaient décidé de constituer un groupe de travail
pour réformer le fonctionnement de la COSAC. Il a souligné que la
présidence italienne s'était tournée vers les
représentants irlandais qui organiseront la prochaine COSAC, mais que
ceux-ci s'étaient montrés très réservés
à l'égard de la constitution de ce groupe de travail,
évoquant la charge lourde que représente une présidence.
M. Yves Guéna en a conclu qu'il reviendrait aux parlementaires des Etats
intéressés de faire vivre le groupe de travail.
M. Philippe François
s'est réjoui du fait que les chefs
d'Etat et de Gouvernement, comme la presse française récemment,
aient découvert, grâce à la maladie de la vache folle,
qu'on pouvait élever des vaches dans les prés. Il a
évoqué des articles de presse, soulignant très
sérieusement que des expériences concluantes en ce sens avaient
été tentées dans le sud-ouest et seraient donc
prolongées.
M. Xavier de Villepin
a expliqué que, pour le citoyen
français, le Conseil européen de Florence avait été
marqué par l'accord sur l'affaire de la vache folle et l'absence
d'accord sur l'emploi. Il a souligné que les attentes des
Français étaient au-delà de ces problèmes. Evoquant
la croissance ralentie dans l'ensemble des pays européens, le niveau
élevé de l'épargne des ménages qui constitue un
signe d'inquiétude et de défiance, il s'est déclaré
très inquiet des problèmes graves auxquels il faudrait faire face
à l'automne et a cité notamment le chômage, la situation
des finances publiques, les licenciements au sein de l'entreprise Moulinex, la
situation du Crédit Lyonnais. Il a constaté qu'aucun espoir ne se
dégageait de la réunion des chefs d'Etat et de Gouvernement et
s'est demandé s'il n'existait vraiment aucune possibilité
d'entreprendre des initiatives fortes pour améliorer cette situation.
M. Jean-Paul Emorine
est revenu sur le problème de la vache folle
et a plaidé pour la mise en place de certifications des élevages,
qui permettraient de valoriser les élevages de qualité
bénéficiant de conditions d'alimentation satisfaisantes. Il s'est
déclaré partisan du développement de l'agriculture
extensive, mais a souligné que cela impliquait des mesures fortes, en
particulier une augmentation de la prime à l'herbe et une limitation de
la prime à l'animal. Il a précisé que certaines
organisations professionnelles étaient tout à fait favorables au
développement de l'agriculture extensive.
M. Pierre Fauchon
a regretté que le programme de grands travaux
n'arrive pas à démarrer. Il a estimé que tous les pays
européens recherchaient une activité économique accrue et
que les grands travaux au niveau européen présentaient l'avantage
de n'avoir pas d'effet inflationniste et de ne pas perturber les
économies nationales. Il a ajouté que ces travaux
démontreraient le caractère concret de la construction
européenne.
M. Jacques Oudin
a insisté sur la faiblesse de la croissance
européenne par rapport à celle des autres grands ensembles
géo-économiques. Il a estimé qu'il était
indispensable de diminuer les prélèvements et a demandé si
quelques mesures spectaculaires de vérité seraient prises en ce
qui concerne les frais de fonctionnement de la Commission européenne.
En réponse aux orateurs,
M. Michel Barnier
a tout d'abord fait
valoir que, sur la Conférence intergouvernementale, les conclusions du
Conseil européen de Florence étaient plus actives que celles du
Conseil européen de Turin. Il a estimé qu'il n'était pas
choquant que l'on ait passé deux mois à expliquer les positions
des différents Etats membres et a souligné que c'était la
première fois en France que le négociateur lui-même venait
rendre compte au Parlement des négociations en temps réel.
A propos des grands travaux, le ministre a observé que les blocages
étaient nombreux et a cité la difficulté d'établir
certains tracés, l'insuffisance de la contribution européenne, la
difficulté de rassembler les contributions nationales ou
régionales. Il a cependant remarqué que ces travaux
n'étaient pas au point mort et que des sommes importantes avaient
notamment été consacrées aux études pour la
réalisation de la ligne ferroviaire Lyon-Turin.
Evoquant la présidence irlandaise, M. Michel Barnier a
précisé que, naturellement, les autres pays participeraient
à la rédaction du document qui sera présenté au
Conseil européen de Dublin. Il a estimé que les petits pays
pourraient se rallier à des réformes institutionnelles
importantes s'ils constataient la réalité de l'axe
franco-allemand et s'ils avaient le sentiment qu'on s'orientait vers un
approfondissement politique. A cet égard, il a noté un certain
nombre de signaux positifs, en particulier le fait que désormais seule
l'Irlande revendiquait ouvertement sa neutralité et que d'autres pays
avaient évolué sur cette question.
Le ministre a ensuite estimé qu'il était souhaitable de mener une
réflexion approfondie sur la subsidiarité et que l'affaire de la
vache folle conduisait à poser cette question. Il a fait valoir que le
problème n'était pas de savoir qui effectuait les
contrôles, mais d'être sûr que ces contrôles
étaient effectués. A cet égard, il a estimé qu'il
existait sans doute un manque d'Europe.
M. Michel Barnier a ensuite rappelé que la France faisait du
renforcement du rôle des Parlements nationaux dans le domaine du
troisième pilier une condition de la communautarisation de certaines
matières telles que l'asile, les visas, l'immigration, la drogue. Il a
observé que, de son côté, l'Allemagne était
fermement attachée à l'attribution de vrais pouvoirs
supplémentaires au Parlement européen.
Approuvant les propos de M. Xavier de Villepin, le ministre a fait valoir
que le Chef de l'Etat souhaitait profondément qu'on remette l'homme au
coeur de la construction européenne. Il a souligné que les
politiques de baisse des taux d'intérêts engagées en Europe
ne pouvaient pas ne pas porter de fruits à un moment ou à un
autre.
Enfin, M. Michel Barnier s'est déclaré en accord avec M.
Jean-Paul Emorine sur l'idée de valoriser l'authenticité des
produits ou des techniques agricoles.
M. Jacques Genton
est alors revenu sur le problème de la place
des Parlements nationaux et a souligné que la COSAC de Rome avait
démontré que beaucoup de chemin restait à parcourir ; il a
ajouté que les délégations avaient besoin de l'aide du
Gouvernement français pour valoriser l'idée d'une
représentation collective des Parlements.
IV. COMMUNICATION DE M. CHRISTIAN DE LA MALENE SUR L'APPLICATION DU PRINCIPE DE SUBSIDIARITE
Le jeudi 28 juin 1996, la délégation a
entendu une communication de M. Christian de La Malène sur
l'application du principe de subsidiarité.
M. Christian de La Malène
a estimé qu'une réflexion
sur le principe de subsidiarité était nécessaire dans
l'optique de la Conférence intergouvernementale et, à plus long
terme, dans celle de l'élargissement de l'Union. Il a tout d'abord
rappelé la signification du principe de subsidiarité. Celui-ci,
a-t-il relevé, comprend trois aspects : tout d'abord, les
compétences et les pouvoirs de la Communauté doivent être
interprétés strictement ; ensuite, sauf dans les domaines
où elle dispose d'une compétence exclusive, la Communauté
ne peut intervenir que si les Etats membres, seuls ou en coopération, ne
peuvent pas suffisamment réaliser l'objectif poursuivi, et si la
Communauté est mieux placée que les Etats membres pour atteindre
cet objectif ; enfin, la Communauté doit agir par les moyens les moins
lourds et les moins contraignants possibles, compte tenu des objectifs
poursuivis ; lorsqu'elle intervient, la Communauté ne doit pas se
substituer aux Etats, mais compléter leur action.
Il a souligné que le principe de subsidiarité laissait une marge
d'appréciation très importante. Ainsi, il est difficile de dire
ce qu'est la réalisation suffisante d'un objectif, d'autant que les
objectifs de la Communauté sont parfois définis par le
Traité en termes très vagues, par exemple
" l'épanouissement des cultures des Etats membres ", le
" développement d'une éducation de qualité ", ou
encore " un niveau élevé de protection de la santé
humaine ". De même, une marge d'appréciation importante
existe sur la notion de " compétence exclusive ". Plusieurs
interprétations de celle-ci sont possibles : certes, il existe un
" noyau dur " de compétences exclusives que personne ne
conteste, celles pour lesquelles le Traité prévoit que la
Communauté doit agir en se substituant aux Etats membres : il en est
ainsi lorsque la Communauté fixe les captures autorisées pour la
pêche, ou qu'elle conclut des accords commerciaux ; mais, dès lors
que l'on dépasse ce " noyau dur ", apparaît une
controverse juridique sur l'extension exacte des compétences exclusives,
dont par exemple la Commission européenne a une interprétation
assez large.
Ainsi, a-t-il poursuivi, le principe de subsidiarité est une orientation
politique claire, mais sa portée exacte est imprécise : tout
dépend de la manière dont il est appliqué. Il s'agit d'un
principe plus politique que juridique.
Puis, M. Christian de La Malène a abordé l'application du
principe de subsidiarité. Il a tout d'abord rappelé qu'en 1992 la
Communauté s'était posé le problème du
contrôle de ce principe, et que ce débat s'était conclu par
la décision du Conseil européen d'Edimbourg.
Schématiquement, deux tendances s'opposaient : d'un côté,
se trouvaient la Grande-Bretagne et le Danemark, dont les Gouvernements
souhaitaient mettre en avant le principe de subsidiarité pour rassurer
leurs opinions publiques. De l'autre côté, l'on trouvait la
Commission européenne, le Parlement européen, et les Etats
fortement bénéficiaires des interventions de la
communauté, c'est-à-dire les pays méditerranéens et
l'Irlande : cette tendance souhaitait au contraire réduire au minimum la
portée pratique du principe de subsidiarité. La France et les
pays du Benelux étaient dans une position intermédiaire, mais
plus proches de cette deuxième tendance, tandis que l'Allemagne
était à certains égards plus proche de la première.
Ainsi, la balance penchait nettement en faveur d'une conception
" minimaliste " de l'application du principe de
subsidiarité,
et c'est une telle conception qui l'a emporté lors du Conseil
européen d'Edimbourg. La déclaration d'Edimbourg a retenu en
substance deux idées : d'une part, l'inscription du principe de
subsidiarité dans le Traité ne doit pas entraîner de
modification importante des pratiques communautaires, et, en particulier, le
respect de ce principe ne doit pas faire l'objet d'un contrôle
particulier ; d'autre part, il incombe à la Commission de faire preuve
de vigilance dans l'élaboration de ses propositions. Cette conception a
été confirmée par l' " accord
interinstitutionnel " intervenu entre la Commission, le Parlement et
le
Conseil des ministres en 1993. Finalement, les institutions communautaires se
sont donc mises d'accord pour donner au principe de subsidiarité la
valeur d'une déclaration d'intention sans véritable
conséquence pratique sur le fonctionnement de la Communauté.
M. Christian de La Malène a souligné que, depuis lors, le
principe de subsidiarité avait tenu une place réduite dans les
débats communautaires. Le Conseil européen s'est borné,
lors de chacune de ses réunions, à lui consacrer un paragraphe de
ses déclarations. La Commission européenne, quant à elle,
s'était engagée à mieux tenir compte du principe de
subsidiarité et à publier, chaque année, un rapport sur
son application. En réalité, elle a entamé, après
le Conseil européen d'Edimbourg, un travail de simplification et de
codification de la législation communautaire, qui est en pratique un
exercice d'amélioration de la législation. Dans les faits, le
rapport annuel de la Commission sur la subsidiarité est principalement
consacré à l'état d'avancement de ce travail, fort utile
en lui-même, mais qui n'a qu'un lointain rapport avec l'application du
principe de subsidiarité. Enfin, le Parlement européen n'est
intervenu dans le débat sur la subsidiarité que pour protester
contre le retrait de certains projets de la Commission, tel celui sur les zoos.
L'" accord interinstitutionnel " de 1993 prévoyait un
débat annuel sur la subsidiarité ; jusqu'à présent,
il n'a jamais eu lieu.
M. Christian de La Malène a ensuite estimé que le peu d'attention
portée au principe de subsidiarité s'était traduit par la
persistance des tendances antérieures à l'entrée en
vigueur de ce principe. Comme par le passé, a-t-il affirmé, la
Commission continue à présenter des propositions dans des
domaines où une action communautaire ne paraît pas indispensable,
par exemple le programme ARIANE d'encouragement à la lecture, le
programme RAPHAEL de protection du patrimoine, ou le programme KALEIDOSCOPE de
soutien à la création artistique. Les objectifs de ces
programmes, a--t-il poursuivi, sont louables, mais on peut douter que dans de
tels domaines la Communauté soit un meilleur échelon de
décision que les Etats. Comme ces actions communautaires sont
financées par prélèvement sur les budgets des Etats
membres, ce type d'action revient à faire gérer une partie des
moyens disponibles par un échelon plus éloigné des
citoyens, ce qui va à l'opposé du principe de
subsidiarité. Il en est de même du programme communautaire de
sensibilisation pour favoriser la prévention du SIDA, et du programme
communautaire de prévention de la toxicomanie : les objectifs de
ces programmes ne sont pas en cause, mais les crédits seraient
vraisemblablement mieux gérés par des acteurs plus près du
terrain. Il en est également de même du programme
" Pauvreté " qui entend lutter à l'échelon
communautaire contre l'exclusion, alors que l'échelon national ou local
paraît au moins aussi approprié pour mener des actions de ce type.
Par ces différents programmes portant sur la culture, la santé,
l'exclusion, la Commission semble chercher à améliorer l'image de
la Communauté bien plutôt que de viser à
l'efficacité. De même, bien que la Communauté ne soit pas
compétente en matière de tourisme ou de protection civile, la
Commission persiste à proposer des programmes d'action dans ces domaines.
M. Christian de La Malène a cité ensuite le cas des services
publics : alors que les Etats membres paraissent le meilleur échelon
pour définir les missions de service public, les directives
adoptées ou en discussion sur les télécommunications, la
Poste, l'électricité, reviennent à faire définir
par la Communauté les missions du " service universel ".
Même l'aspect tatillon de la législation communautaire, a-t-il
poursuivi, n'est pas réellement remis en cause : des règlements
ont été pris ou vont l'être sur l'étiquetage des
chaussures, le rendement des réfrigérateurs, la béquille
des motos, le limitateur de vitesse des tracteurs agricoles. Cette tendance
à réglementer les moindres détails n'est pas le
problème le plus grave, mais cela traduit le maintien de comportements
que le principe de subsidiarité était destiné à
remettre en cause.
Puis il a souligné que les propositions d'interventions très
variées de la Commission européenne par des programmes d'action
avaient été dans l'ensemble bien accueillies par les autres
institutions communautaires. Les seules réserves du Parlement
européen portent, en règle générale, sur le fait
que ces programmes ne vont pas assez loin ; quant au Conseil, son attitude est
généralement d'approuver les programmes, mais de réduire
les dotations. Dans un seul cas, le Conseil a refusé un de ces
programmes d'action : il s'agit du programme " Pauvreté ",
bloqué par l'Allemagne qui considérait que ce type d'action
était de la compétence de ses Länder. Néanmoins, la
Commission a pu commencer à mettre en oeuvre ce programme, car le
Parlement européen, qui a le dernier mot sur les dépenses non
obligatoires, avait dégagé des crédits à cet effet.
Ainsi, a-t-il conclu, comme il n'existe pas de contre-pouvoirs au sein des
institutions européennes, le respect du principe de subsidiarité
n'est pas garanti, et la conséquence concrète de cette situation
est qu'il n'est pas mieux assuré qu'avant son inscription dans le
Traité.
M. Christian de La Malène a jugé que cette situation était
préoccupante. Lorsque les Etats s'associent pour constituer une
fédération, une confédération, ou une forme
intermédiaire de groupement, ils mettent en commun des
compétences portant sur des domaines fondamentaux : relations
extérieures, défense, monnaie, et ils laissent aux Etats membres
une grande autonomie dans les domaines où s'expriment les
identités de ceux-ci. Or, les Européens n'ont pas jusqu'à
présent réussi à mettre en commun les compétences
portant sur les domaines fondamentaux, tandis que les interventions
européennes se sont largement développées dans les autres
domaines, suscitant un malaise au sein des opinions publiques. L'Union
européenne apparaît ainsi comme une pyramide inversée,
où les Etats conservent les compétences qu'ils auraient
normalement le plus intérêt à mettre en commun, et ont
perdu des compétences qu'il n'était pas nécessaire de
transférer à la Communauté. Au contraire, la construction
européenne devrait être conçue de manière à
préserver les identités nationales : son objectif n'est pas de
créer un " homo europeanus " par disparition de la
diversité des cultures européennes.
Estimant au total qu'une meilleure application du principe de
subsidiarité pouvait apparaître comme un début de
remède à cette déviation de la construction
européenne, il a plaidé en faveur de la proposition faite par le
Gouvernement dans le cadre de la Conférence intergouvernementale de
créer un " haut conseil parlementaire de la
subsidiarité " à caractère consultatif, qui
permettrait aux Parlements nationaux de contribuer collectivement à
veiller à un meilleur respect du principe de subsidiarité.
Terminant son propos, M. Christian de La Malène a relevé que
certains avaient estimé que l'affaire de l'épizootie
d'encéphalite spongiforme bovine devait conduire à une certaine
remise en cause du principe de subsidiarité. Après avoir
rappelé les dispositions du Traité concernant la libre
circulation des marchandises et la politique agricole commune, il a
souligné que la Communauté disposait en réalité des
pouvoirs nécessaires pour faire face à ce problème et que
ces pouvoirs n'avaient jamais été contestés au nom de la
subsidiarité. Si la Communauté a réagi avec retard, c'est
parce qu'elle avait, semble-t-il, tendance à privilégier le
principe de libre circulation sur d'autres considérations.
Précisant qu'il ne s'agissait pas pour lui de mettre en cause la
responsabilité de tel ou tel dans cette crise, il a estimé qu'en
tout état de cause celle-ci n'avait aucun rapport avec le principe de
subsidiarité, le problème posé par la gestion de l'ESB ne
résidant pas dans une insuffisance des pouvoirs de la Communauté,
mais dans l'usage qui avait été fait de ceux-ci.
M. Jacques Genton
a estimé que certaines des propositions de la
Commission relevaient d'un fédéralisme anticipé. Il a
rappelé que, pour Robert Schuman, la construction européenne ne
devait pas chercher à harmoniser ce qui fait la vie quotidienne des
citoyens.
M. Pierre Fauchon
s'est félicité que la communication ait
mentionné les différents aspects du problème posé
par le principe de subsidiarité. L'accent mis sur celui-ci est parfois
l'habillage de convictions anti-européennes qui n'osent pas s'affirmer.
Or le problème de la subsidiarité comporte plusieurs
dimensions : il doit certes conduire l'Union européenne à
éviter un interventionnisme excessif, mais il doit également la
conduire à développer ses compétences dans des domaines
essentiels, tels que la défense, les relations extérieures, la
monnaie, pour lesquels les Etats ne sont plus à la hauteur des
problèmes.
Puis M. Pierre Fauchon a estimé que la question de l'application du
principe de subsidiarité devait être abordée en tenant
compte des exigences de chaque domaine d'action. Dans le domaine de la
consommation, les réglementations communautaires sont certes nombreuses,
mais il s'agit là d'une nécessité pour le bon
fonctionnement du marché unique. Par ailleurs, l'application des
décisions européennes sur le terrain suppose des moyens
d'exécution et de contrôle : les refuser à la
Communauté au nom de la subsidiarité empêcherait l'action
communautaire d'être efficace. De même, il serait nécessaire
de créer un corps communautaire de douaniers, chaque Etat membre ayant
tendance à n'exercer les contrôles que sur les marchandises
destinées à son proche marché : ainsi, les
contrôles dans le port de Rotterdam sur les marchandises destinées
à être réexpédiées sont-ils parfois
superficiels, sans que les autres Etats membres puissent y remédier. De
même encore, la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue, dans
les conditions actuelles, n'est pas d'une efficacité suffisante.
M. Philippe François
a indiqué que des douaniers
français participaient aux contrôles dans le port de Rotterdam, et
a estimé que la coopération entre Etats membres en matière
de lutte contre le terrorisme avait fait la preuve de son efficacité.
M. Pierre Fauchon
s'est déclaré persuadé qu'il n'y
aurait de réelle efficacité dans ce domaine que par la mise en
place d'un système unifié. Il a ensuite précisé
qu'il partageait les doutes émis par M. Christian de
La Malène sur certains programmes d'action communautaire concernant
la culture, tout en soulignant que, par exemple, le programme Erasmus visant
à stimuler les échanges d'étudiants entre
universités européennes était d'un intérêt
indéniable. De même, a-t-il poursuivi, la Communauté n'est
sans doute pas très bien placée en ce qui concerne la
sensibilisation au risque du SIDA ; mais elle peut, en revanche, se
montrer utile dans le domaine de la recherche sur le traitement de cette
maladie. L'intérêt principal du principe de subsidiarité
devrait être de réorienter l'action de la Communauté vers
les grands domaines et les types d'intervention où elle se montre la
plus utile et la plus efficace.
M. Jacques Genton
a rappelé que la délégation avait
eu l'occasion d'appuyer le développement du programme Erasmus lors des
débats budgétaires.
M. Christian de La Malène
a indiqué que sa
communication constituait une étape dans la préparation d'un
rapport qui serait présenté à l'automne à la
délégation.
LES QUESTIONS ECONOMIQUES ET FINANCIERES
En mai et juin 1996, la délégation a abordé plusieurs problèmes d'ordre économique et financier : la lutte contre la fraude au budget communautaire, la mise en place du marché intérieur de l'électricité, la politique de cohésion menée par le biais des fonds structurels.
I. COMMUNICATION DE MM. JACQUES OUDIN ET PAUL LORIDANT SUR LA CONFERENCE INTERPARLEMENTAIRE SUR " LA LUTTE CONTRE LA FRAUDE AU BUDGET COMMUNAUTAIRE " ORGANISEE PAR LE PARLEMENT EUROPEEN A BRUXELLES, LES 23 ET 24 AVRIL 1996
Le mardi 28 mai 1996, MM. Jacques Oudin et Paul Loridant
ont présenté une communication au sujet de la conférence
interparlementaire sur " la lutte contre la fraude au budget
communautaire " organisée par le Parlement européen,
à Bruxelles, les 23 et 24 avril 1996.
M. Jacques Oudin
a indiqué que la conférence avait
réuni une centaine de participants, dont 32 parlementaires nationaux et
51 parlementaires européens. Le président en exercice du
Conseil, le président de la Commission européenne, le commissaire
chargé de la lutte contre la fraude et le président de la Cour
des Comptes européenne participaient également à cette
conférence.
Après avoir rappelé le contenu de l'article 209 A du
traité qui fait obligation aux Etats membres de prendre les mêmes
mesures pour combattre la fraude portant atteinte aux intérêts
financiers de la Communauté que celles qu'ils prennent pour combattre la
fraude portant atteinte à leurs propres intérêts
financiers, M. Jacques Oudin a souligné que le président du
Parlement européen, M. Klaus Hänsch, avait proposé les
mesures suivantes :
- vote à la majorité au Conseil dans le cadre de l'application de
l'article 209 A avec procédure de codécision pour le Parlement
européen ;
- création d'un statut juridique pour l'unité de lutte contre la
fraude de la Commission (UCLAF) afin de lui permettre " d'entrer en
contact avec les ministères publics nationaux et de participer
officiellement aux enquêtes pénales " ;
- création auprès des institutions européennes d'un
ministère public général qui serait chargé du
contrôle et de la coordination des procédures de caractère
pénal liées aux recettes et aux dépenses de la
Communauté ;
- mise en place sous l'égide de la Communauté d'un programme
commun de formation et d'échanges pour les fonctionnaires des douanes,
les agents de la répression des fraudes, les juges et les avocats ;
- possibilité pour la Commission de cesser le versement de subventions
s'il y a présomption de détournement de fonds ;
- création d'un service spécifique de la Commission chargé
du recouvrement et de la récupération des sommes
détournées ou subtilisées, ainsi que du contrôle des
procédures prévues à cet effet dans les Etats membres.
Le Président italien du Conseil en exercice, M. Caleffi, a, de son
côté, rappelé l'existence des deux documents qui permettent
désormais une meilleure lutte contre la fraude communautaire :
- le règlement 2988/95 sur la protection des intérêts
financiers de la Communauté ;
- la convention de juillet 1995, relative à la définition des
comportements frauduleux et à des sanctions pénales effectives,
proportionnées et dissuasives, qui est en cours de ratification par les
Parlements nationaux.
M. Jacques Oudin a indiqué que le Conseil examine actuellement une
proposition de règlement et deux projets de protocoles visant à
compléter la Convention. Le Sénat a été saisi dans
le cadre de l'article 88-4 de la proposition de règlement sous le
numéro E-586. Une première lecture de ce document a eu lieu le 10
mai dernier par le groupe de travail du Conseil ; dans la mesure où les
négociations ont permis d'écarter de la proposition de
règlement la plupart des dispositions qui auraient été
préjudiciables aux droits des Etats, M. Jacques Oudin a
suggéré que la délégation adopte des conclusions et
non une proposition de résolution.
M. Jacques Oudin a insisté sur le fait que la ratification de la
convention relative à la protection pénale des
intérêts financiers de la Communauté,
élaborée dans le cadre du troisième pilier de l'Union
européenne, était un pas utile ; elle n'exclut pas cependant
l'existence de conventions bilatérales d'assistance judiciaire plus
précises permettant la mise en place de réseaux de magistrats et
de procureurs spécialisés dans la grande délinquance
financière et les fraudes aux fonds publics nationaux ou
européens. Enfin, la coordination européenne ne doit pas
signifier la centralisation de la lutte anti-fraude. De son point de vue, il
faut d'abord renforcer les administrations nationales de contrôle,
développer les sanctions communautaires quand elles existent, encourager
la Commission à exercer ces sanctions auprès des Etats qui
tolèrent la fraude, et renforcer la coopération
intergouvernementale, en particulier dans le cadre du troisième pilier
de l'Union européenne, en dotant le secrétariat du Conseil des
moyens nécessaires.
M. Paul Loridant
a constaté que les parlementaires
français étaient peu nombreux à cette conférence
alors que les parlementaires anglais et allemands avaient été
très présents. Il a souligné que l'objet de la
conférence était la fraude au budget communautaire, mais que
d'autres fraudes, comme les fraudes à la TVA intra-communautaire ou au
transit international routier, étaient au moins aussi importantes. Il a
enfin indiqué qu'il souscrivait totalement aux conclusions de M. Jacques
Oudin.
II. AUDITION DE M. FRANCK BOROTRA
Le jeudi 13 juin 1996, la délégation a
entendu M. Franck Borotra, ministre de l'industrie, de la Poste et des
Télécommunications, sur les négociations communautaires
relatives au marché intérieur de l'électricité.
M. Jacques Genton
a tout d'abord rappelé qu'un Conseil
extraordinaire des ministres de l'énergie se déroulerait le 20
juin et pourrait parvenir à une position commune sur la proposition de
directive relative au marché intérieur de
l'électricité. Il a souligné que la
délégation suivait attentivement depuis plusieurs années
les initiatives prises par la Commission européenne en matière de
services publics et a souhaité que le ministre, compte tenu des
inquiétudes provoquées par le projet de directive, évoque
l'état des négociations et la nature du compromis qui pourrait se
dégager.
M. Franck Borotra
a indiqué que trois raisons militaient en
faveur de l'adoption rapide d'une directive :
- d'une part, le monopole d'importation et d'exportation
d'électricité existant en France fait l'objet d'une plainte
devant la Cour de justice des Communautés européennes qui rendra
un arrêt avant la fin de l'année. Compte tenu de la jurisprudence
antérieure de la Cour, il est très vraisemblable que la France
sera condamnée, ce qui risque de conduire à une contestation du
monopole du transport et de la distribution d'électricité ;
- d'autre part, alors que jusque là la volonté de
libéraliser conduisait à n'envisager que le système de
l'Accès des Tiers au Réseau (ATR), le Conseil des ministres a
reconnu, en juin 1995, la possibilité d'une coexistence de deux
systèmes aux logiques différentes, celui de l'ATR et celui de
l'acheteur unique qui permet de déterminer la part du marché
laissée à la concurrence. Il serait dommage de ne pas profiter de
cette avancée décisive, qui a permis de faire progresser
l'idée du service public, pour faire aboutir les négociations ;
- enfin, EDF, qui est aujourd'hui une entreprise très performante, devra
faire face à une évolution limitée de la consommation
d'électricité en France dans les années à venir et
doit donc s'implanter sur d'autres marchés, notamment européens.
D'ores et déjà, les exportations représentent 15 à
17 % de la production d'EDF. La mise en oeuvre de la directive facilitera
les exportations d'EDF vers les autres pays de l'Union européenne.
Le ministre a ensuite précisé que la France défendrait de
manière intangible trois principes :
- la coexistence des deux systèmes évoqués
précédemment. Les Etats les plus libéraux souhaitent ne
faire du système de l'acheteur unique qu'une étape
intermédiaire avant une libéralisation plus poussée ;
la France, quant à elle, est prête à envisager un bilan de
la directive après plusieurs années de fonctionnement, mais sans
engagement préalable de nouvelle libéralisation ;
- la reconnaissance explicite des missions de service public
(péréquation, continuité et qualité du service)
qu'il appartient à l'Etat -et non au Conseil- de définir ;
- la programmation à long terme, dans la mesure où la France a
massivement investi dans la construction du parc électronucléaire
et doit maintenant préparer le démantèlement et la
reconstruction de ce parc. Evoquant le secteur du raffinage qui a
été ruiné par la vente au coût marginal des
marchés libres, le ministre a ajouté que la France ne saurait
accepter la présence de producteurs d'électricité volatils
qui viendraient casser les prix sur le marché en vendant au coût
marginal, remettant ainsi en cause l'outil industriel principal.
Puis, M. Franck Borotra a fait valoir que le système de l'acheteur
unique permettrait à la France de conserver un système
intégré, qu'EDF resterait une entreprise publique à
100 %, que son statut ne serait pas modifié et que le statut du
personnel serait maintenu en l'état. Il a observé que la
directive conduirait à la coexistence d'un service public placé
sous la responsabilité totale d'EDF (comprenant les 29 millions de
consommateurs domestiques) et d'un secteur de consommateurs éligibles
qui devrait atteindre au plus 30 % du marché et concerner 2.000
à 3.000 consommateurs industriels.
Le ministre a précisé qu'EDF bénéficierait d'une
certaine liberté de politique tarifaire pour faire face à
l'ouverture partielle du marché, mais que l'évolution des tarifs
industriels ne se ferait pas au détriment des consommateurs domestiques.
Il a ajouté que la France souhaitait qu'un délai suffisamment
long soit prévu avant la révision de la directive.
Au cours du débat,
M. Jacques Oudin
a tout d'abord estimé
que la reconstruction du parc électronucléaire français
après son démantèlement était pour la France un
impératif et que ce parc constituait la force de notre pays. Il a fait
valoir que l'ouverture à la concurrence conduirait à
privilégier le court terme sur le long terme et a souhaité que le
Gouvernement fasse preuve de vigilance en ce domaine. Evoquant ensuite le
problème des tarifs, il a souligné qu'EDF serait très
probablement en mesure de faire face à la concurrence pour
l'approvisionnement des futurs consommateurs éligibles. Il s'est
cependant inquiété de la multiplication des obligations
imposées à EDF, par exemple le financement du canal
Rhin-Rhône ou la protection de l'environnement, et a souhaité
qu'on veille à préserver la capacité d'autofinancement de
cette entreprise. A propos des exportations, M. Jacques Oudin a fait valoir
qu'EDF n'avait pas mesuré l'importance des considérations
environnementales, ce qui explique le blocage des exportations vers l'Espagne
et l'Italie. Il a souligné l'importance des recherches visant à
permettre le transport de l'électricité dans des conditions
satisfaisantes pour l'environnement et a rappelé qu'on avait
trouvé des solutions pour l'exportation d'électricité vers
le Royaume-Uni. Enfin, M. Jacques Oudin a demandé au ministre si une
modification de l'article 90-3 du Traité de Rome avait été
demandée par le Gouvernement dans le cadre de la Conférence
intergouvernementale.
En réponse,
M. Franck Borotra
a indiqué qu'il était
naturellement favorable au renouvellement du parc nucléaire
français, mais qu'il ne souhaitait pas anticiper les décisions
qui seront prises. Il a observé que l'ouverture d'enquêtes
publiques pour la construction de laboratoires souterrains destinés au
stockage des déchets radioactifs démontrait la volonté du
Gouvernement de poursuivre sa politique en la matière. A propos des
consommateurs éligibles, le ministre a souligné que le
critère de leur détermination serait le niveau global de
consommation annuelle des entreprises. Il a également
déclaré qu'on ne pouvait pas tout demander à EDF et a
précisé que le renouvellement du contrat de plan de cette
entreprise serait l'occasion d'évoquer la situation fiscale d'EDF, la
rémunération de l'actionnaire, les procédures
d'investissements extérieurs, ainsi que les moyens de favoriser la
compétitivité de l'entreprise à l'exportation.
Evoquant la Conférence intergouvernementale, M. Franck Borotra s'est
déclaré partisan d'une modification de l'article 90-2 et de
l'article 90-3 du Traité de Rome. Il a estimé que la Commission
européenne utilisait de manière excessive l'article 90-3 et
négligeait au contraire l'article 90-2, qui permet de prendre en compte
les missions de service public. Le ministre a ensuite observé qu'il
existait d'autres possibilités pour inscrire les services publics dans
le Traité et a évoqué la possibilité d'inscrire
cette notion parmi les droits des citoyens ou dans le préambule du
Traité, tout en se déclarant réservé sur cette
dernière hypothèse, compte tenu du caractère
général de ce préambule.
M. André Rouvière
a rappelé que le Sénat et
l'Assemblée nationale s'étaient prononcés par voie de
résolutions sur la proposition de directive mais que celle-ci avait
beaucoup évolué depuis lors. Il a souligné la
nécessité d'organiser un débat parlementaire avant de
prendre des décisions aussi importantes. Il a également
demandé au ministre si les consommateurs éligibles seraient
uniquement des industriels et s'est demandé comment on pouvait
éviter que la baisse des tarifs à l'égard des gros
consommateurs ne conduise à une hausse pour les consommateurs
domestiques. Il a ensuite interrogé le ministre sur la manière
dont serait fixé le péage pour l'accès au réseau et
a exprimé la crainte que les lignes alimentant les zones rurales soient
sacrifiées au profit des lignes les plus rentables. Rappelant l'avance
de la France en matière de fiabilité et d'esthétique de
ses installations de transport d'électricité, il s'est
demandé si le nouveau système permettrait de maintenir ces
avantages.
En réponse,
M. Franck Borotra
a souligné qu'il serait
matériellement impossible d'organiser un débat avant le 20 juin,
mais que le Parlement serait appelé à se prononcer sur la
directive lors de l'examen de la loi de transposition. Il a fait valoir que les
consommateurs éligibles ne seraient pas tous des industriels, mais que
ces derniers en constitueraient l'immense majorité et qu'en tout
état de cause les régies non nationalisées seraient
exclues de l'éligibilité parce qu'elles exercent une mission de
service public. Il a souhaité qu'il existe une grande transparence des
coûts dans le fonctionnement du système, tant pour les Etats ayant
fait le choix de l'ATR que pour ceux ayant fait le choix de l'acheteur unique.
A propos du coût du transport de l'électricité, le ministre
a indiqué que c'est l'acheteur unique qui déterminerait le
péage et que c'est le coût global qui serait pris en compte, y
compris le coût en terme d'environnement. Il a rappelé que le
coût du transport d'électricité vers les gros consommateurs
était plus faible que le coût du transport vers les consommateurs
domestiques et que les gros consommateurs acceptaient bien souvent
l'interruptibilité de la fourniture.
M. Philippe François
a évoqué le faible coût
de revient de l'électricité produit à partir du gaz et a
interrogé le ministre sur la concurrence que risque d'exercer cette
forme d'énergie face à l'énergie nucléaire. Il a
également demandé quel serait l'avenir des syndicats
d'électrification.
M. Franck Borotra
a tout d'abord rappelé sa conception du service
public. il a estimé que ce dernier était un élément
fondateur du pacte républicain, mais qu'il n'impliquait pas
nécessairement le monopole. Il s'est déclaré
réservé sur le concept de " service public à la
française ", soulignant son caractère très
théorique. Le ministre a ensuite précisé qu'il revenait
à l'Etat de définir des missions de service public susceptibles
d'évoluer dans le temps. A cet égard, il a plaidé en
faveur des activités financières de la Poste, en rappelant que
celle-ci jouait un rôle essentiel d'aménagement du territoire et
qu'elle avait également un rôle social, étant la seule
à accueillir les personnes se trouvant dans une situation
précaire, en particulier les titulaires du revenu minimum d'insertion
(RMI).
Enfin, M. Franck Borotra a insisté sur la nécessité de ne
pas confondre les missions et l'organisation du service public, observant que
le service public de l'eau était totalement privé. Il a
souhaité que les services publics soient en mesure de s'adapter pour
éviter de devenir vulnérables. Revenant sur le marché
intérieur de l'électricité, il s'est déclaré
opposé à une libéralisation complète, dans la
mesure où celle-ci conduirait à privilégier les
investissements les moins coûteux et les plus rapidement rentables,
c'est-à-dire la construction de centrales à gaz. Il a
rappelé que la Grande-Bretagne, qui avait fait ce choix, envisageait
aujourd'hui de taxer le gaz pour freiner cette évolution. Concluant son
propos, le ministre a indiqué que les syndicats d'électrification
présentaient un grand intérêt pour les collectivités
territoriales et qu'ils continueraient à exercer leurs missions.
III. EXAMEN DU RAPPORT D'INFORMATION SUR LES FONDS STRUCTURELS A MI-PARCOURS DE LA SECONDE PHASE DE PROGRAMMATION
Le jeudi 27 juin 1996, la délégation a
examiné le projet de rapport d'information de M. Jacques Genton sur les
fonds structurels à mi-parcours de la seconde phase de programmation.
Le président
Jacques Genton
a souligné la forte
augmentation des fonds structurels consacrée à deux reprises, en
1989 puis 1993, portant désormais les sommes globalement
affectées à la politique régionale de l'Union à 161
milliards d'écus.
Après avoir rappelé le dispositif technique d'attribution de ces
crédits, il s'est interrogé sur l'efficacité de cette
politique pour la réalisation de l'objectif de cohésion
économique et sociale entre les pays membres.
Il a indiqué les difficultés rencontrées pour
apprécier de manière objective les effets des contributions
communautaires au développement local : d'une part, la comparaison
d'indices économiques est insuffisante car elle ne permet pas d'isoler
la part prise, dans les évolutions, par l'action structurelle ; d'autre
part, certains éléments subjectifs sont d'appréciation
délicate, telle l'amélioration de l'environnement ou de la
formation des populations.
Il a toutefois évoqué quelques résultats, qui restent
mitigés, sur la croissance, sur l'emploi et sur la réduction des
déficits excessifs, en observant que ces résultats
n'étaient pas totalement à la hauteur de l'effort financier
produit par l'Union européenne.
Il a ensuite souligné la sous-consommation, de plus en plus importante,
des crédits disponibles au titre des fonds structurels : globalement, en
1994, 4,2 milliards d'écus en crédits de paiement n'ont pas
été consommés. Outre certaines explications techniques -
retards de programmation, inadaptation de structures nationales... -, cette
sous-utilisation pourrait être aussi imputable à la politique de
rigueur budgétaire suivie par les Etats membres et qui les conduit
à limiter les subventions nationales qui conditionnent le
déblocage des fonds européens.
Le président Jacques Genton a enfin évoqué la
nécessité d'améliorer la gestion des fonds structurels
pour en simplifier le dispositif, dont la complexité favorise
irrégularités et risque de fraudes, et pour clarifier la
répartition des rôles entre la Commission et les Etats membres.
En guise de conclusion, il a indiqué qu'à l'achèvement de
la seconde phase de programmation, en 1999, une révision de la politique
régionale sera inévitable.
Des choix s'imposeront entre les pays à assister et les objectifs
à poursuivre, non seulement en raison du niveau très
élevé de la contribution des Etats membres au financement de
l'action structurelle européenne, mais plus encore du fait de
l'élargissement de l'Union aux pays d'Europe centrale et orientale
à faible niveau de développement économique.
A l'issue de cette présentation,
M. James Bordas
a indiqué
que la sous-consommation des crédits structurels devrait conduire
à s'interroger sur une nouvelle politique régionale mieux
adaptée. Il s'est par ailleurs étonné que les nombreux cas
d'irrégularité dans l'utilisation des fonds
dénoncés par la Cour des comptes ne donnent pas toujours lieu
à rectification.
A
M. Philippe François
qui s'interrogeait sur la
possibilité pour les collectivités locales de négocier
directement les programmes de développement local avec la Commission,
M. Jacques Genton
a répondu que ces programmes
étaient élaborés conjointement entre la Commission et les
Etats membres, mais que les collectivités territoriales
concernées étaient à l'évidence associées
à l'élaboration des projets.
M. Pierre Fauchon
a fait part de son expérience dans son propre
canton, classé en objectif 5 b, en soulignant le caractère
excessivement tatillon de la gestion des programmes par l'administration
française. Il a expliqué qu'une partie de la sous-consommation
des crédits disponibles était probablement due à la
tutelle très directive du secrétariat général aux
affaires régionales (SGAR) sur ces dossiers. Il a également
dénoncé la lenteur avec laquelle les fonds européens
parvenaient à leur destinataire final après approbation des
dossiers. Soulignant que le " saupoudrage " des crédits
empêchait toute véritable dynamique communautaire et faisait
perdre de vue les objectifs définis à l'échelon
communautaire, il a considéré que l'Europe devrait plutôt
concentrer son effort financier sur la mise en oeuvre de grands programmes de
travaux et a souhaité un contrôle plus efficace de la
Communauté sur ces fonds.
M. Claude Estier
s'est déclaré favorable à
l'organisation d'un débat sur le problème de la sous-consommation
des fonds européens. Evoquant le blocage d'autres dossiers, tel le
programme MEDA destiné au développement de la zone
méditerranéenne, il s'est interrogé sur le devenir des
fonds qui n'étaient pas utilisés.
M. Christian de La Malène
a tout d'abord souhaité
relativiser la sous-utilisation des crédits en rapportant son montant
(4,2 milliards d'écus) à l'enveloppe globale prévue pour
les seuls fonds structurels sur la période 1994-1999 (141 milliards
d'écus). Il a ensuite considéré que le niveau actuel des
dotations était trop élevé pour que l'on puisse
raisonnablement envisager de poursuivre la politique régionale de
l'Union sur ces bases financières à l'issue de la phase de
programmation, notamment dans la perspective d'un élargissement. Il
s'est également déclaré favorable à un
déplacement de l'effort européen vers la conduite de grands
travaux inter-Etats, plus efficace qu'un émiettement des subventions sur
l'ensemble des Etats qui a surtout pour but de satisfaire tous les membres de
la Communauté, et particulièrement les petits pays.
La délégation a alors approuvé le rapport d'information.
Le rapport de M. Jacques Genton :
"
Les fonds structurels européens : premiers enseignements
de la seconde phase de programmation
"
a été publié sous le n° 478 (1995-1996).
LES RELATIONS EXTERIEURES
La délégation a enfin abordé certains aspects de deux domaines particulièrement importants au sein des relations extérieures de l'Union : l'élargissement à l'Est et les relations euro-méditerranéennes.
I. COMMUNICATION DE MM. DENIS BADRE ET CHRISTIAN DE LA MALENE SUR LE SEMINAIRE SUR " LE ROLE DES PARLEMENTS DANS LE PROCESSUS D'INTEGRATION DANS L'UNION EUROPEENNE "
Le mercredi 29 mai 1996, MM. Denis Badré et
Christian de la Malène ont fait une communication sur le
séminaire sur " le rôle des Parlements dans le processus
d'intégration dans l'Union européenne ", organisé par
le Parlement roumain, à Bucarest, les 6 et 7 mai 1996.
M. Denis Badré
a tout d'abord indiqué que ce
séminaire avait été organisé par la commission pour
l'intégration européenne du Parlement roumain et qu'il avait pour
objectif un échange d'expériences en matière
d'intégration européenne. Le Parlement roumain avait
invité un Etat membre fondateur de la Communauté (la France), un
Etat ayant adhéré plus tardivement (le Danemark), un Etat ayant
adhéré très récemment (la Finlande).
M. Denis Badré a souligné que quatre thèmes étaient
proposés à la réflexion des parlementaires, concernant
notamment le rôle des Parlements dans la préparation en vue de
l'adhésion à l'Union européenne, les arrangements
politiques et institutionnels relatifs à l'adhésion,
l'harmonisation de la législation nationale avec la législation
communautaire, les critères d'adhésion à l'Union
européenne. En pratique, les débats ont porté, d'une part,
sur le rôle que peuvent jouer les Parlements nationaux dans la
construction communautaire et, d'autre part, sur les perspectives
d'élargissement de l'Union européenne aux pays d'Europe centrale
et orientale.
Evoquant la tonalité générale des débats, M. Denis
Badré a souligné la grande qualité des interventions des
parlementaires roumains, qui ont manifestement à coeur de
démontrer leur volonté de conduire rapidement les réformes
nécessaires à l'adhésion de l'Union européenne de
la Roumanie. Il a regretté le comportement de la
délégation finlandaise qui est intervenue, dans des termes peu
courtois, pour interroger les parlementaires roumains sur la législation
roumaine relative aux droits des homosexuels et aux droits des femmes.
A propos du rôle des Parlements, M. Denis Badré a indiqué
que les différentes délégations avaient pu expliquer le
fonctionnement du contrôle parlementaire de la politique communautaire
dans leur pays. Il a souligné que les délégations
finlandaise et danoise avaient estimé que les Parlements nationaux
avaient essentiellement un rôle à jouer dans le contrôle de
leurs gouvernements respectifs. Il a également fait valoir que la
délégation française, par la voix de M. Christian de
La Malène, avait défendu la nécessité d'une
implication forte des Parlements nationaux dans les matières relevant
des deuxième et troisième piliers. Il a enfin fait valoir que le
représentant du Parlement danois s'était montré sensible
à la nécessité de donner un véritable contenu au
principe de subsidiarité.
M. Denis Badré a ensuite souligné que ce séminaire avait
permis d'évoquer la perspective de l'élargissement de l'Union
européenne aux pays d'Europe centrale et orientale. Les parlementaires
roumains ainsi que des secrétaires d'Etat chargés de
l'intégration européenne ont retracé l'évolution
suivie par la Roumanie depuis l'effondrement du bloc communiste, et les efforts
accomplis par ce pays afin d'intégrer l'Union européenne. Les
Roumains sont très attachés à ce que les
négociations d'adhésion commencent en même temps pour
l'ensemble des pays candidats car ils redoutent d'être pris de vitesse
dès le départ, en particulier par la Hongrie.
Par ailleurs, dans leurs interventions, les parlementaires roumains ont souvent
évoqué en même temps l'adhésion à l'Union
européenne et l'adhésion aux organisations euro-atlantiques ; cet
amalgame justifiera un effort d'explication important de la part des Etats
membres de l'Union européenne.
M. Denis Badré a ensuite expliqué que la Roumanie comptait sur
son territoire de nombreuses minorités, et en particulier une
minorité hongroise très importante dans certaines régions,
et que ce séminaire avait permis de constater l'hostilité des
représentants de cette minorité à la politique
menée par le Gouvernement. Il a observé que le
représentant de la minorité hongroise s'était
déclaré opposé à l'adhésion à l'Union
européenne et a indiqué que M. Christian de La
Malène lui avait alors fait observer que l'appartenance d'un Etat
à l'Union européenne permettait souvent aux minorités
nationales de cet Etat de voir leurs droits mieux respectés.
Concluant son propos, M. Denis Badré a estimé que ce
séminaire avait permis à la délégation
française d'avoir des contacts utiles avec les parlementaires roumains
et que ces parlementaires, souvent francophones, attendaient beaucoup de la
France.
M. Christian de La Malène
a approuvé les propos de M.
Denis Badré et a estimé que ce séminaire avait
été très utile. Il a exprimé la crainte que les
Roumains ne soient pas en mesure d'adhérer à l'Union
européenne aussi tôt qu'ils l'espèrent. Il a
également fait valoir qu'il n'avait pas entendu de profession de foi
communiste de la part des députés et sénateurs participant
au séminaire malgré le soutien que beaucoup d'entre eux apportent
au Gouvernement de M. Iliescu.
II. PRESENTATION D'UNE ETUDE SUR " LES RELATIONS EURO-MEDITERRANEENNES DANS LA PERSPECTIVE DU LIBRE ECHANGE REGIONAL "
M. Jean Pisani-Ferry, Directeur du Centre
d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII), et
Mme Agnès Chevallier, économiste senior au CEPII, ont
présenté une étude sur les relations
euro-méditerranéennes dans la perspective du libre-échange
régional.
Mme Agnès Chevallier
a tout d'abord rappelé que, avant la
démarche de partenariat euro-méditerranéen
élaboré lors de la Conférence de Barcelone de novembre
1995, les pays du sud bénéficiaient d'accords de
coopération reposant sur une aide financière et sur l'application
d'un système de préférence commerciale. Ces instruments
n'avaient toutefois pas été suffisants pour susciter de
réelles performances économiques puisque l'on constatait, d'une
part, que le revenu moyen par habitant était resté stable depuis
les années 1970 -de l'ordre de 30 % de celui enregistré dans
l'Union européenne- et que, d'autre part, aucune percée des
produits méditerranéens n'avait été
réalisée sur le marché européen. En outre, les
avantages tirés de la préférence commerciale dont
bénéficiaient les pays méditerranéens
s'étaient trouvé peu à peu érodés avec
l'ouverture du marché européen à d'autres pays.
Au début des années quatre-vingt dix, certains
éléments extérieurs ont conduit l'Europe à repenser
ses relations de voisinage avec la zone méditerranéennne,
notamment l'avancée du processus de paix au Proche-Orient et la
réintégration dans l'Europe des pays de l'Europe centrale et
orientale. Lors de la Conférence de Barcelone, l'Union européenne
a donc proposé un nouveau schéma de développement
régional ayant pour objectif la création d'une zone de libre
échange qui se traduira, dans la pratique, par l'ouverture des
marchés du sud aux produits européens, la réciproque
étant déjà acquise par les accords de coopération
précédemment conclus. Avec cette réciprocité de
l'ouverture, qui change la nature des relations
euro-méditerranéennes, le partenariat prend une certaine
réalité.
Mme Agnès Chevallier a souligné que si cette démarche,
proposée par l'Union européenne, avait été
accueillie favorablement, elle avait également suscité des
réactions plus hostiles devant le risque de déséquilibre
des économies locales qu'elle comporte.
En réalité, la réussite de ce projet repose sur la
capacité d'adaptation économique et sociale des pays
méditerranéens, sachant que le processus d'ouverture des
marchés sera lent, très progressif, et précisément
défini dans le cadre des accords d'association conclus ou à
conclure avec chacun des pays méditerranéens.
Le partenariat euro-méditerranéen a donc pour objectif de
susciter des réformes, notamment fiscales, compte tenu de la place
importante qu'occupent jusqu'à présent les droits de douane
à l'importation dans l'ensemble des ressources fiscales des pays
concernés. Il se propose également, en accompagnement de l'aide
financière massive envisagée dans le cadre du programme MEDA
(mesures financières et techniques en faveur des territoires et des pays
tiers méditerranéens), de stimuler les investissements, publics
et privés, et de favoriser les échanges entre pays
méditerranéens eux-mêmes. La démarche du partenariat
est exigeante pour chacune des parties ; elle l'est pour les pays
méditerranéens qui devront ouvrir leurs marchés ;
elle l'est aussi pour l'Europe qui, en engageant ses voisins à aller
plus loin dans l'ouverture et la libéralisation, prend à cet
égard de nouvelles responsabilités.
Enfin, Mme Agnès Chevallier a souligné que si l'ouverture
d'une zone de libre échange n'était pas envisagée par
l'Union européenne comme devant inclure les produits agricoles, cette
exclusion sera difficile à maintenir, sachant que, pour l'heure, seul le
secteur agro-alimentaire pourrait être positif dans les échanges
euro-méditerranéens.
A l'issue de cette présentation,
M. Christian de
La Malène
s'est interrrogé sur le bien-fondé de
la démarche libre échangiste et sur l'avantage que les
économies méditerranéennnes pourraient en attendre en plus
de ceux produits par les précédents accords de
coopération.
M. Jean Pisani-Ferry
a alors fait observer que le partenariat
euro-méditerranéen répondait également à des
préoccupations de sécurité et de contrôle de
l'immigration vers l'Union européenne qui ne pouvaient être
satisfaites que par la réussite du processus de développement des
pays méditerranéens ; il a ajouté qu'il n'existait
pas, à son sens, d'alternative à l'insertion dans
l'économie internationale pour permettre le développement de la
zone méditerranéenne.
L'EXAMEN DES PROPOSITIONS D'ACTES COMMUNAUTAIRES PAR LA DELEGATION
I. RELATIONS EXTÉRIEURES
A. RELATIONS AVEC LA COMMUNAUTÉ DES ETATS INDÉPENDANTS (CEI)
Proposition E 618
Com (95) 730 final
(Procédure écrite du 10 mai 1996)
Ce texte concerne le programme TACIS d'assistance aux pays
membres de la CEI et à la Mongolie dans l'effort d'assainissement et de
redressement de leur économie.
Le règlement relatif à ce programme a pris fin le
31 décembre 1995. Le Conseil a rencontré des
difficultés pour parvenir à un accord sur le nouveau
règlement qui doit couvrir la période 1996-1999. Un compromis a
finalement été trouvé lors du Conseil " Affaires
générales " du 29 janvier 1996, mais le nouveau
règlement n'est pas encore entré en vigueur car il a
été transmis, pour consultation, au Parlement européen.
La proposition E 618 vise uniquement à proroger le règlement
initial jusqu'à l'entrée en vigueur du nouveau règlement,
de façon à ce que l'assistance fournie par la Communauté
aux pays membres de la CEI et à la Mongolie ne soit pas
momentanément interrompue.
La portée de ce texte est donc limitée. Il convient, par
ailleurs, de rappeler que la délégation, lors de sa
réunion du 31 janvier 1996, a décidé de ne pas
intervenir sur le nouveau projet de règlement TACIS au motif que les
modifications apportées par le Conseil au projet initial de la
Commission allaient dans le sens souhaité par le Sénat.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 618.
Propositions E 619, E 620 et E 621
Com (96) 135 final à Com (96) 137 final
(Procédure écrite du 10 mai 1996)
Les propositions E 619, E 620 et E 621
concernent la conclusion, par les Communautés européennes, de
trois accords de partenariat et de coopération avec respectivement la
Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
Ces accords, signés le 22 avril dernier, visent à
régir les relations politiques, économiques et commerciales entre
les parties et établissent la base d'une coopération
financière, scientifique, technologique et culturelle entre elles. Ils
sont prévus pour une période de 10 ans et remplacent
l'accord concernant le commerce et la coopération commerciale et
économique conclu en 1989 entre la Communauté et l'URSS.
Ils prévoient l'instauration d'un dialogue politique régulier
entre les parties ayant pour objectif, en particulier, de renforcer les liens
entre les pays signataires, d'améliorer la sécurité et la
stabilité dans la région et de favoriser le développement
futur des Etats indépendants de Transcaucasie.
Ces accords contiennent par ailleurs des dispositions relatives aux
échanges de marchandises, les parties s'accordant le traitement de la
nation la plus favorisée. Ils comportent également des
dispositions concernant l'établissement et l'activité des
sociétés, les prestations transfrontalières de services,
les paiements courants et les capitaux, la concurrence, la protection de la
propriété intellectuelle, industrielle et commerciale, la
coopération économique, législative, culturelle,
financière, ainsi que la coopération dans le domaine de la
prévention des activités illégales et de la
prévention et du contrôle de l'immigration clandestine. La
coopération douanière fait l'objet d'un protocole distinct
annexé à chacun des accords. Ces domaines de coopération
pourront faire l'objet d'une assistance de la part de la Communauté,
fournie par l'intermédiaire du programme d'assistance technique TACIS.
Ces textes souscrivent enfin à l'exigence du respect des droits de
l'homme et des principes de la démocratie, domaines pour lesquels la
Communauté offre son assistance. La coopération vise à ce
titre l'élaboration et la mise en oeuvre d'une législation
adéquate, le fonctionnement du pouvoir judiciaire, le rôle de
l'Etat dans le domaine de la justice et l'organisation du système
électoral.
En cas de violation des droits de l'homme, des principes démocratiques
ou des principes de l'économie de marché par l'une des parties,
l'autre partie dispose du droit de suspendre l'accord de façon
unilatérale.
Il est institué un conseil de coopération qui se réunira
au niveau ministériel une fois pas an. Un comité de
coopération l'assistera dans la mise en oeuvre de l'accord. Enfin, une
commission parlementaire de coopération permettra la rencontre et le
dialogue entre les membres du Parlement européen et respectivement ceux
des parlements de Géorgie, d'Arménie et d'Azerbaïdjan.
Dans la mesure où il s'agit d'accords mixtes, leur entrée en
vigueur est subordonnée à leur ratification par les Etats
membres. Le Sénat sera donc amené à se prononcer sur ces
textes.
La conclusion de ces accords devrait permettre le développement de
relations politiques et commerciales entre les parties. Ils devraient, par
ailleurs, favoriser le processus de réforme des institutions et celui de
transition vers une économie de marché engagés par la
Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur les propositions E 619, E 620 et E 621.
Propositions E 623 et E 624
Com (96) 132 final et Com (96) 133 final
(Procédure écrite du 28 mai 1996)
Ces textes concernent les accords de partenariat et de
coopération signés en 1994 par les Communautés
européennes et leurs Etats membres avec respectivement la
République de Moldavie et l'Ukraine, qui visent à régir
les relations politiques, économiques et commerciales entre les parties
et à établir la base d'une coopération financière,
scientifique, technologique et culturelle entre elles.
Les propositions E 623 et E 624 ont uniquement pour objet la
conclusion d'un protocole à chacun de ces accords afin d'ajouter
à la liste des parties contractantes l'Autriche, la Finlande et la
Suède.
Il s'agit donc d'une modification purement formelle qui fait suite au dernier
élargissement de l'Union européenne.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur les propositions E 623 et E 624.
Propositions E 644
Sec (96) 845 final
(Procédure écrite du 28 juin 1996)
Ce texte concerne la conclusion d'un accord sur le commerce
de
certains produits sidérurgiques entre la Communauté
européenne du charbon et de l'acier et le Kazakhstan.
Il fait suite à l'accord de partenariat et de coopération,
signé par les parties le 23 janvier 1995, qui prévoit
l'application d'un accord distinct pour les produits CECA.
Cet accord fixe le cadre juridique dans lequel s'effectuera le commerce de
certains produits CECA importés par le Kazakhstan dans la
Communauté. Il a pour objectif de promouvoir un développement
ordonné et équitable du commerce de ces produits entre les
parties et fixe, pour ce faire, les limites quantitatives dans lesquelles les
produits sidérurgiques kazakhs pourront être importés dans
la Communauté pendant le deuxième semestre 1996. Il remplace, par
conséquent, le système antérieur des contingents
communautaires autonomes. Afin de veiller au respect des dispositions de cet
accord, un dispositif de contrôle du commerce de ces produits est
institué et une coopération administrative entre les parties est
organisée.
Cet accord devrait créer des conditions favorables à la poursuite
des réformes économiques au Kazakhstan et faciliter la mise en
place de la zone de libre-échange visée dans l'accord de
partenariat et de coopération.
Des accords similaires ont déjà été conclus par la
CECA avec la Russie et l'Ukraine pour les années 1995 et 1996. Tous les
Etats membres semblent favorables à la conclusion de ce texte.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 644.
B. POLITIQUE COMMERCIALE
Proposition E 626
Com (96) 145 final
(Procédure écrite du 28 mai 1996)
A l'occasion du règlement, conformément à
la procédure du GATT, d'un différend opposant l'Union
européenne au Japon sur les importations de cassettes audio japonaises
dans la Communauté, il a été considéré que
la législation communautaire relative à la défense contre
les importations qui font l'objet d'un dumping n'était pas conforme aux
règles internationales.
Le point soulevé concerne la comparaison entre le prix d'un produit sur
le marché domestique du pays exportateur et celui pratiqué
à partir de ce pays vers la Communauté, qui sert de base à
la détermination de la marge de dumping.
De façon à rendre ces prix comparables, des ajustements sont
pratiqués au titre des différences de frais de vente
engagés pour la commercialisation du produit. Les dispositions
communautaires limitent les ajustements susceptibles d'être
pratiqués à ceux énumérés dans une liste
limitative. C'est cette liste qui est considérée comme trop
restrictive au motif que des ajustements devraient pouvoir être
opérés pour tous types de coûts, dès lors que
ceux-ci affectent le niveau des prix pratiqués.
La proposition E 626 vise donc à modifier les dispositions
communautaires sur ce point, de façon à ce qu'un ajustement
puisse être opéré pour toute sorte de coûts,
dès lors que son effet sur la comparabilité des prix est
établi par l'exportateur du produit.
Ce texte de caractère technique ne paraît pas soulever de
difficulté.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 626.
Proposition E 631
Com (96) 164 final
(Procédure écrite du 28 mai 1996)
Ce texte fait suite aux concessions commerciales
accordées aux Etats-Unis et au Canada par l'Union européenne en
raison de son élargissement à l'Autriche, la Finlande et la
Suède.
Il convient de rappeler que ces concessions visaient, conformément
à l'article 24 paragraphe 6 du GATT, à compenser la
protection supplémentaire qui découle de cet
élargissement, vis-à-vis de certains pays participant au GATT. Le
contenu de ces concessions avait fait l'objet, à la fin de
l'année dernière, d'un examen par la délégation
dans le cadre de l'article 88-4 de la Constitution. La délégation
avait considéré que le compromis auquel les parties
étaient parvenues était globalement acceptable et que les
principales préoccupations de la France étaient prises en compte.
En conséquence, elle avait décidé de ne pas intervenir
à ce sujet.
La proposition E 631 vise simplement à traduire dans la nomenclature
douanière communautaire les concessions consenties par l'Union aux
Etats-Unis et au Canada. Il est prévu que les mesures destinées
à tirer les conséquences des accords intervenus avec ces pays
seront prises par la Commission européenne, selon la procédure du
comité de gestion, procédure bien acceptée par les Etats
membres en ce qu'elle préserve leur pouvoir de décision.
Ce texte, de portée limitée, ne semble pas soulever de
difficulté.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 631.
Proposition E 632
Com (96) 154 final
(Procédure écrite du 14 juin 1996)
Ce texte a pour objet la conclusion, par la Communauté
européenne, de deux protocoles à l'accord général
sur le
commerce des services
qui ont donné lieu à des
négociations dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
L'intégration du secteur des services dans le GATT constitue l'un de ses
développements majeurs. L'accord général sur le commerce
des services annexé à l'accord de Marrakech instituant l'OMC,
tend à appliquer aux services l'approche et les principes du GATT. Il ne
fait, néanmoins, qu'esquisser le mouvement de libéralisation dans
le secteur tertiaire, qui ne prendra effet que par l'intermédiaire
d'engagements précis de la part des Etats.
En matière de services financiers et de mouvement des personnes
physiques fournissant des services, les négociations n'avaient pas
abouti au moment de la conclusion du cycle de l'Uruguay. Elles se sont donc
poursuivies pour s'achever fin juillet 1995 par la conclusion de deux
protocoles annexés à l'accord général sur le
commerce des services, qui font l'objet de la proposition E 632.
Les services financiers :
Les questions relatives aux services financiers (à savoir services
d'assurance et services connexes, services bancaires et autres services
financiers) n'ont pu faire l'objet d'un consensus avant la signature de
l'accord de Marrakech, principalement parce que les Etats-Unis jugeaient que
certains pays d'Asie n'accordaient pas d'ouvertures suffisantes de leurs
marchés. Il fut donc convenu que la négociation se poursuivrait
afin de parvenir à une solution avant le 30 juin 1995.
A cette date et en dépit des résultats substantiels obtenus, les
Etats-Unis ont jugé les propositions d'ouverture de certains
marchés toujours insuffisantes. A l'initiative de l'Union
européenne, il a été décidé de prolonger
d'un mois les négociations, afin de parvenir à un accord, le cas
échéant sans le concours des Etats-Unis. Cet accord auquel
ceux-ci ne participent pas, a pu être conclu le 28 juillet 1995
entrera en vigueur au plus tard le 30 juillet 1996 et s'appliquera
jusqu'au 31 décembre 1997. Sa courte durée devrait permettre
d'éviter de voir la position américaine se figer et devrait
inciter les Etats-Unis à rejoindre les pays signataires à son
expiration de cet accord.
Aux termes de cet accord, une centaine de pays s'engagent, sur la base des
offres qu'ils ont respectivement négociées, à autoriser
les entreprises étrangères à avoir accès à
leur marché pour certains services financiers.
Le changement concret le plus évident sera, dans de nombreux pays,
l'apparition sur le marché de nouvelles banques, sociétés
de placement ou compagnies d'assurance étrangères, la fourniture
depuis l'étranger, par des sociétés
étrangères, de services bancaires, de courtage et d'assurance, et
la prestation de services financiers par des sociétés sous
contrôle étranger. Quant aux pays qui exportent effectivement ou
pourraient exporter des services financiers, les possibilités offertes
à leurs banques, sociétés de placement et compagnies
d'assurance vont être considérablement renforcées
grâce à cet accord.
Les engagements prévoient, selon les cas, des améliorations en ce
qui concerne le nombre de licences délivrées pour l'implantation
d'établissements financiers étrangers, des niveaux garantis de
participation étrangère aux succursales, filiales ou
sociétés affiliées de banques et de compagnies
d'assurance, la suppression ou l'assouplissement des prescriptions en
matière de nationalité ou de résidence pour les membres
des conseils d'administration des établissements financiers, ou encore
la participation de banques sous contrôle étranger à des
systèmes de compensation et de règlement des chèques.
Les listes d'engagement mettent l'accent sur l'ouverture des marchés et
la consolidation des modalités d'admission. Toutefois, l'accord
reconnaît la nécessité d'une réglementation
prudentielle appropriée des activités de tous les fournisseurs de
services bancaires et de services d'assurance.
Les mesures de libéralisation les plus substantielles ont
été consenties par l'Afrique du Sud, le Brésil et le
Vénézuela. Le Japon et la Corée ont également
procédé à des améliorations significatives de leurs
offres initiales.
Ce texte, à la conclusion duquel l'Union européenne a largement
contribué, devrait notamment permettre aux banques et compagnies
d'assurance françaises de développer leurs activités
à l'étranger, même si le niveau actuel de
rentabilité des premières peut constituer un handicap.
Le défaut de participation des Etats-Unis à cet accord est, bien
entendu, regrettable. On peut néanmoins penser que ceux-ci s'y
rallieront lorsque de nouvelles négociations s'engageront en 1997.
Les mouvements de personnes physiques fournissant des services :
Les pays participant au GATT n'ont pu parvenir à un accord sur les
mouvements de personnes physiques fournissant des services lors de la
conclusion du cycle de l'Uruguay.
L'examen des questions relatives au déplacement des travailleurs dans le
cadre de la fourniture de services (informaticiens, auditeurs, etc.) a donc
fait l'objet d'un groupe de négociation qui a conclu ses travaux au mois
de juillet 1995.
Les engagements souscrits par les Etats participant à cet accord sont
assez limités et ne vont guère au-delà de ceux qu'ils
avaient initialement proposés en 1993. Les résultats
limités de ces négociations s'expliquent par l'insuffisance des
offres formulées par certains pays d'Asie et, en particulier, par
l'Inde. Seuls l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la
Suisse, le Canada et l'Union européenne ont accepté
d'améliorer leurs offres de 1993.
Concernant l'Union européenne et s'agissant d'un domaine de
compétences majoritairement nationales (immigration, visas, conditions
d'emploi, règles d'accès à certaines professions
réglementées), il appartenait à chaque Etat membre de
déterminer la nature de ses engagements.
La France, pour sa part, a choisi de consolider certaines dispositions
déjà existantes relatives à l'entrée et au
séjour de prestataires étrangers sur son territoire en vue de la
fourniture de services.
En raison du caractère réduit des engagements souscrits par les
parties, la portée de cet accord semble limitée. Il devrait,
toutefois, faciliter le déplacement des prestataires de service et
améliorer les conditions d'exercice de leurs missions professionnelles
à l'étranger.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 632.
Proposition E 633
Com (96) 176 final
(Procédure écrite du 14 juin 1996)
Ce texte vise à ouvrir et à augmenter des
contingents tarifaires communautaires à droit nul pour certains produits
industriels et de la pêche.
Il se justifie par le fait que la production, dans la Communauté, en
1996, des produits concernés s'annonce insuffisante pour répondre
aux besoins des industries transformatrices des Etats membres. Son objectif est
donc de faire en sorte que ces industries puissent s'approvisionner dans les
meilleures conditions, en produits concernés, auprès de pays
tiers.
Les produits concernés sont les suivants :
- pour les produits industriels : verre sous forme de grenaille,
dichlorobenzène, colophanes de gemme, plaques de silicium, butiral de
polyvinyle, mêches feutres ;
- pour les produits de la pêche : les anguilles.
Ce texte, de portée réduite, ne semble pas soulever de
difficulté.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 633.
Proposition E 635
Com (96) 148 final
(Procédure écrite du 14 juin 1996)
Ce texte tend à la conclusion de deux accords entre la
Communauté européenne et Israël sur les marchés
publics et les marchés des télécommunications.
Ces accords font suite aux engagements pris par les parties, lors de la
négociation de l'accord euro-méditerranéen d'association,
d'ouvrir à leurs entreprises respectives leurs marchés publics.
Les négociations engagées dans ce but se sont terminées le
22 décembre 1995 par l'adoption des deux projets d'accords objets de la
proposition de décision E 635.
·
Marchés publics :
Le projet d'accord sur les marchés publics vise à
compléter les engagements pris par les parties dans le cadre de l'accord
sur les marchés publics de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Les engagements supplémentaires souscrits par les parties seront inclus
dans le champ d'application de l'accord sur les marchés publics et
relèveront du mécanisme de règlement des différends
de l'OMC.
En vertu de ce projet d'accord, Israël devra poursuivre l'ouverture de ses
marchés dans les domaines du transport urbain (à l'exception des
autocars et autobus), des services, de l'équipement médical et
des marchés publics autres que ceux de l'Etat. Par ailleurs, ce texte
fait obligation à Israël de concéder à la
Communauté les mêmes avantages que ceux qu'elle pourrait accorder
à l'avenir à d'autres pays signataires de l'accord sur les
marchés publics de l'OMC, afin de mettre les fournisseurs communautaires
à l'abri de toute discrimination.
De son côté, la Communauté ouvrira les mêmes secteurs
d'activité à Israël sur la base du principe de
réciprocité.
·
Marché des télécommunications :
Le projet d'accord sur les télécommunications est purement
bilatéral. Il vise à ouvrir à chaque partie le
marché des télécommunications de l'autre partie, en lui
accordant le bénéfice du traitement national.
Ce texte définit des procédures minimales de passation des
marchés et de contestation afin d'améliorer la transparence et de
garantir les droits des fournisseurs. Il n'en résultera aucun changement
dans les procédures suivies par les opérateurs européens.
Il en ira différemment, en revanche, pour Bezeq, le principal
opérateur israélien.
Le projet d'accord prévoit que les parties devront démanteler
leurs préférences nationales de prix. Ainsi, Israël ne
pourra pas appliquer aux offrants communautaires la préférence de
prix de 15% qu'elle réserve aux produits israéliens. De son
côté, la Communauté n'appliquera pas aux entreprises
israéliennes les dispositions de la directive sur le secteur des
services d'utilité publique qui autorisent le rejet de toute offre
présentée pour l'attribution d'un marché de fourniture, si
la part des produits non communautaires excède 50% de la valeur totale
des produits composant cette offre.
Ces deux projets d'accords ouvrent des perspectives économiques
intéressantes pour les entreprises de l'Union puisqu'ils
réservent à la Communauté un traitement plus favorable que
celui accordé par Israël à n'importe quel pays tiers.
En particulier, l'ouverture aux entreprises européennes du marché
des transports urbains israéliens devrait leur être profitable
compte tenu de leur compétitivité dans ce secteur
d'activité.
Par ailleurs, si le marché israélien des
télécommunications est actuellement limité, celui-ci
devrait se développer dans les années à venir. De plus, la
pénétration sur le marché israélien pourrait ouvrir
aux opérateurs de la Communauté de nouvelles possibilités
dans les pays limitrophes.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 635.
Proposition E 637
Com (96) 85 final
(Procédure écrite du 14 juin 1996)
Ce texte concerne la conclusion d'un accord sous forme
d'échange de lettres entre la Communauté européenne et
l'Egypte relatif à l'adaptation du régime d'importation, dans la
Communauté, d'oranges en provenance d'Egypte.
A la suite des négociations du cycle de l'Uruguay, la Communauté
a modifié certaines des dispositions applicables à l'importation
d'oranges dans son territoire. En particulier, un droit spécifique
additionnel perçu sur les importations d'oranges a été
introduit pour la période allant de décembre à mai. Ces
modifications ont nui aux exportations traditionnelles d'oranges
égyptiennes vers la Communauté.
La Communauté et l'Egypte ont donc engagé, conformément
aux dispositions de l'accord de coopération conclu entre elles, des
négociations destinées à permettre à l'Egypte de
poursuivre ses exportations d'oranges vers la Communauté.
L'accord auquel les parties sont parvenues prévoit l'introduction d'un
prix d'entrée spécial pour 8.000 tonnes d'oranges
égyptiennes, pour la période de décembre à mai.
Cette quantité correspond aux volumes traditionnellement exportés
vers la Communauté pendant cette période.
Cet accord vise donc simplement à maintenir les concessions
accordées antérieurement par la Communauté à
l'Egypte.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 637.
Proposition E 643
(Procédure écrite adressée le 21 juin 1996,
réunion de la délégation du 26 juin 1996)
Présentation du texte par procédure
écrite :
Ce texte tend à suspendre des droits autonomes du tarif douanier commun
sur certains produits industriels et agricoles.
Les préférences tarifaires mises en place par ce texte sont des
concessions unilatérales de la Communauté, basées sur
l'article 28 du traité de Rome. De telles mesures sont prises lorsqu'il
est constaté, sur le marché communautaire, des difficultés
d'approvisionnement pour certains produits semi-transformés,
nécessaires aux industries utilisatrices de la Communauté.
Ainsi, lorsqu'après enquête dans les Etats-membres, la production
communautaire est estimée insuffisante ou nulle, une suspension
tarifaire autonome, totale ou partielle, peut être mise en place afin de
compléter l'approvisionnement d'origine communautaire.
Les produits visés par ce texte sont presque exclusivement des produits
industriels. Les quelques produits agricoles concernés ne sont pas
sensibles pour la production communautaire.
La proposition E 643 vise :
- à reconduire certaines suspensions des droits de douane existant les
années précédentes ;
- à mettre en place de nouvelles suspensions tarifaires
présentées par les Etats-membres.
Ces préférences tarifaires ont été
arrêtées par la Commission européenne après
consultation des entreprises communautaires et en concertation avec le groupe
" Economie tarifaire " composé des représentants des
Etats-membres. Il est prévu que la durée d'application de ce
texte soit indéterminée, contrairement aux règlements
précédents dont la durée était d'un an. En effet,
comme les préférences tarifaires étaient, dans une large
mesure, reconduites d'année en année, il paraît plus simple
de ne pas limiter la durée de validité de la proposition E 643,
l'ajout ou le retrait de certaines préférences tarifaires pouvant
être effectué, en cas de besoin, par un règlement du
Conseil.
L'entrée en vigueur de ce texte est prévue le 1
er
juillet 1996. Tout retard dans la mise en oeuvre de celui-ci conduirait
à pénaliser les opérateurs. En effet, ceux-ci devraient
alors :
- soit payer les droits de douane sur les marchandises concernées
à hauteur du tarif douanier commun et établir ensuite des
dossiers de demande de remboursement des droits auprès de la Direction
générale des douanes ;
- soit imputer les crédits d'opérations diverses qu'ils ouvrent
auprès des bureaux de douanes à hauteur du tarif douanier commun,
alourdissant par là leurs frais de trésorerie.
Communication, en réunion de délégation, de
M. Jacques Genton :
Je voudrais rapidement évoquer la proposition d'acte communautaire
qui porte le numéro E 643. Ce texte a été
adressé aux membres de la délégation le 21 juin dernier.
Les membres de la délégation avaient jusqu'au vendredi
28 juin 1996 pour signaler s'ils souhaitaient intervenir à son
sujet. Or le Gouvernement vient de m'indiquer que ce texte est inscrit à
l'ordre du jour du Conseil des Ministres de demain, jeudi 27 juin.
Ce texte est celui qui tend à suspendre des droits autonomes du tarif
douanier commun sur certains produits industriels et agricoles.
Jusqu'à présent, aucun membre de la délégation ne
m'a fait connaître son souhait que nous examinions plus au fond ces
textes en réunion de délégation.
Je vous propose donc que nous acceptions que ce texte soit adopté par le
Conseil demain.
La délégation a alors décidé de ne pas
intervenir sur la proposition E 643.
Proposition E 649
Com (96) 221 final
(Procédure écrite adressée le 21 juin 1996,
réunion de la délégation du 26 juin 1996)
Présentation du texte par procédure
écrite :
Conformément aux engagements souscrits lors de la conclusion de l'Accord
sur l'agriculture dans le cadre des négociations du cycle de l'Uruguay,
la Communauté a remplacé, à partir du 1
er
juillet 1995, les prélèvements variables agricoles et les autres
obstacles non tarifaires par des droits de douane fixes.
Cette modification a eu pour conséquence de réduire la
portée des concessions agricoles octroyées par la
Communauté à la Hongrie, la Pologne, la République
tchèque, la République slovaque, la Bulgarie et la Roumanie, dans
le cadre des accords européens d'association conclus avec ces pays. En
particulier, les possibilités d'accès au marché
communautaire à titre préférentiel des produits agricoles
originaires de ces pays ont été réduites.
Des négociations ont donc été engagées entre la
Communauté et ces pays afin d'adapter les concessions agricoles
prévues par les accords européens d'association. Ces
négociations doivent aboutir à la conclusion de protocoles
additionnels aux accords précités, visant :
- d'une part, à maintenir le niveau des préférences
accordées aux pays précités dans le cadre des accords
d'association ;
- d'autre part, à tenir compte des régimes des échanges
qui existaient en matière agricole entre les trois nouveaux Etats
membres et les pays associés.
Dans l'attente de la conclusion de ces protocoles additionnels, le Conseil a
adopté à la fin de l'année 1995 un règlement
établissant des concessions sous forme de contingents tarifaires pour
certains produits agricoles originaires des pays associés. Ce
règlement arrive à échéance le
30 juin 1996, alors même que les protocoles additionnels aux
accords européens d'association ne pourront entrer en vigueur
prochainement.
La proposition E 649 a donc simplement pour objet de prolonger de six mois le
règlement du Conseil précité.
Communication, en réunion de délégation, de
M. Jacques Genton :
Je voudrais rapidement évoquer la proposition d'acte communautaire
qui porte le numéro E 649. Ce texte a été
adressé aux membres de la délégation le 21 juin dernier.
Les membres de la délégation avaient jusqu'au vendredi
28 juin 1996 pour signaler s'ils souhaitaient intervenir à son
sujet. Or le Gouvernement vient de m'indiquer que ce texte est inscrit à
l'ordre du jour du Conseil des Ministres de demain, jeudi 27 juin.
Ce texte est celui qui vise à prolonger un règlement relatif aux
concessions agricoles octroyées par la Communauté aux pays
d'Europe centrale et orientale.
Jusqu'à présent, aucun membre de la délégation ne
m'a fait connaître son souhait que nous examinions plus au fond ce texte
en réunion de délégation.
Je vous propose donc que nous acceptions que ce texte soit adopté par le
Conseil demain.
La délégation a alors décidé de ne pas
intervenir sur la proposition E 649.
C. AIDE À LA RÉHABILITATION
Proposition E 630
(Procédure écrite du 28 mai 1996)
Ce texte concerne l'aide à la réhabilitation et
à la reconstruction en ex-Yougoslavie. Il vise à doter d'une base
juridique une partie des lignes budgétaires consacrées à
cette aide, dont le montant s'élève à 92 millions
d'écus pour 1996. Il s'agit de lignes budgétaires
spécifiques distinctes des programmes d'aide humanitaire (ECHO) et
d'aide aux pays d'Europe centrale et orientale (PHARE).
La proposition de règlement E 630 tend donc à définir la
nature des aides consenties, leurs objectifs et leurs critères
d'attribution, les programmes et actions de coopération susceptibles
d'en bénéficier, ainsi que les procédures
décisionnelles applicables en vue de leur mise en oeuvre.
Les programmes et actions de coopération susceptibles de
bénéficier de ces aides porteront sur les domaines suivants :
- la consolidation de la société civile et le renforcement des
organismes non gouvernementaux, ainsi que des institutions culturelles et des
établissements d'enseignement ;
- la reconstruction des infrastructures et autres équipements
individuels ou collectifs touchés par la guerre ;
- le retour des réfugiés ;
- l'insertion ou la réinsertion dans la vie professionnelle des
réfugiés, des personnes déplacées et des anciens
combattants ;
- la préparation du dispositif de production pour la relance de
l'économie ;
- le développement du secteur privé, notamment des entreprises de
petite taille, et la promotion des investissements ;
- les projets de coopération régionale.
Ces programmes seront sélectionnés en fonction de leur urgence
respective, de leur impact sur le retour de réfugiés et de
personnes déplacées, ainsi que sur leur volonté de faire
participer les parties à des projets communs en vue de leur
réconciliation.
L'octroi et la poursuite de ces aides seront subordonnés au respect,
notamment, des conditions politiques et économiques établies dans
les accords de paix signés à Paris le 14 décembre 1995 et,
en particulier, au respect des droits de l'homme.
Il est prévu que les mesures d'exécution de ce règlement
seront prises par la Commission européenne assistée d'un
comité consultatif composé d'un représentant de chaque
Etat membre. Il convient de rappeler que l'avis d'un comité de ce type
ne lie pas la Commission, cette formule lui permettant de disposer des
compétences les plus larges possibles.
Si cette proposition de règlement E 630 est globalement acceptable, la
procédure décisionnelle retenue ne paraît pas
adaptée. En effet, les mesures à prendre en matière d'aide
à la reconstruction de l'ex-Yougoslavie semblent trop importantes pour
être laissées à la discrétion de la Commission
européenne.
La France, comme la plupart des Etats membres, a demandé à ce que
le comité consultatif soit remplacé par un comité de
gestion au sein duquel les représentants des Etats membres disposent
d'un réel pouvoir de contrôle. Compte tenu de la position
très ferme de la majorité des Etats membres sur ce point, un
comité de gestion sera très probablement institué.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 630.
D. RELATIONS AVEC LES PAYS D'AMÉRIQUE LATINE
Proposition E 636
(Réunion de la délégation du 29 mai 1996)
Présentation du texte par M. Jacques
Genton :
Cette proposition porte sur la conclusion d'un accord-cadre destiné
à préparer, à terme, une association à
caractère politique et économique entre la Communauté
européenne et ses Etats-membres, d'une part, et la République du
Chili, d'autre part.
Le Gouvernement m'a informé que l'adoption de cet accord-cadre est
prévue lors du prochain Conseil " Affaires
générales " du 10 juin, afin qu'il puisse être
signé lors du Conseil européen de Florence des 21 et
22 juin. Il m'a donc demandé que la délégation
examine de toute urgence cet accord de façon à ce que le
Gouvernement puisse, si le Parlement l'accepte, lever la réserve
parlementaire avant la fin du délai d'un mois.
Cet accord-cadre porte sur la coopération économique et
commerciale entre les parties. Il confirme la volonté des parties
d'établir à terme une association de caractère politique
et économique fondée sur une coopération renforcée
et sur la libéralisation du commerce. En outre, les parties instituent
un dialogue politique régulier sur des questions bilatérales et
multilatérales d'intérêt commun. Je souligne que la
libéralisation des échanges devra faire ultérieurement
l'objet d'un accord séparé. La proposition E 636 ne
préjuge donc pas de la formule qui sera finalement retenue dans ce
domaine.
L'accord-cadre a pour but d'intensifier les relations entre les parties et
entre leurs institutions respectives. Les parties détermineront, d'un
commun accord, les domaines de la coopération commerciale, sans exclure
aucun secteur.
Un conseil de coopération, institué au niveau ministériel,
sera chargé de superviser la mise en oeuvre de l'accord. Il sera
assisté, dans l'accomplissement de sa mission, par une commission mixte
de coopération composée de représentants du Conseil de
l'Union, de la Commission européenne, et de la République du
Chili.
Un échange de lettres joint à l'accord prévoit
l'application provisoire, dans l'attente de sa ratification par les Parlements
nationaux, des dispositions relatives à la coopération
commerciale et à la création des institutions chargées de
la mise en oeuvre de l'accord.
Après avoir présenté la proposition E 636,
M.
Jacques Genton
a rappelé que la France attache une importance
particulière au renforcement des relations entre l'Union
européenne et le Chili et avait insisté, dès 1994, pour
que celles-ci se développent parallèlement à celles
instituées avec les pays du Mercosur. Il a souligné que cet
accord concernait la coopération économique et commerciale entre
les parties, qu'il s'agissait d'un texte d'orientation et qu'il devait
être ratifié par les Parlements nationaux.
M. Jacques
Genton
a donc proposé que la délégation n'intervienne
pas sur ce texte.
La délégation a alors décidé de ne pas
intervenir sur la proposition d'acte communautaire E 636.
II. POLITIQUE AGRICOLE ET PÊCHE
Proposition E 617
Com (96) 111 final
(Procédure écrite du 10 mai 1996)
Ce texte tend à renouveler le protocole annexé
à l'accord de pêche conclu en 1983 entre la Communauté
européenne et la Guinée, qui est arrivé à
échéance le 31 décembre 1995. Le nouveau protocole,
paraphé le 6 décembre 1995, fixe les conditions dans
lesquelles les navires communautaires pourront exercer des activités de
pêche dans les eaux de la Guinée, pour les années 1996 et
1997.
La flotte française bénéficiera, en particulier, des
possibilités de pêche ouvertes dans les eaux guinéennes,
ainsi que les navires espagnols, portugais et grecs.
En contrepartie, la Communauté versera à la Guinée une
compensation financière évaluée à
2,45 millions d'écus. Ce montant est jugé très
inférieur à la valeur réelle des prises qui seront
effectuées dans les eaux guinéennes.
Par ailleurs, il est prévu que les navires communautaires auront
l'obligation d'embarquer des marins guinéens dans leur équipage.
Enfin, la Communauté participera au financement de programmes
destinés à améliorer les connaissances halieutiques de la
zone guinéenne, ainsi que de programmes de formation de ressortissants
guinéens aux diverses disciplines liées à la pêche.
Ce texte ne soulève pas de difficulté et son adoption rapide
devrait satisfaire les pêcheurs français, pour lesquels il
représente un intérêt réel.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 617.
Proposition E 625
Com (96) 131 final
(Procédure écrite du 28 mai 1996, Réunion de la
délégation du 28 mai 1996)
Présentation du texte par procédure
écrite :
Ce texte vise à renouveler le protocole annexé à l'accord
de pêche conclu en 1987 entre la Communauté européenne et
la République des Seychelles, qui est arrivé à
échéance le 17 janvier 1996. Le nouveau protocole,
paraphé le 18 janvier dernier, fixe les conditions dans lesquelles
les navires communautaires pourront exercer des activités de pêche
dans les eaux des Seychelles, pour la période allant du 18 janvier
1996 au 17 janvier 1999.
Les possibilités de pêche ouvertes dans les eaux des Seychelles
sont réservées aux flottes française et espagnole; les
autres Etats membres ne pourront en bénéficier qu'à la
condition que la France et l'Espagne n'épuisent pas ces
possibilités de pêche.
En contrepartie, la Communauté s'engage à :
- verser aux Seychelles une compensation financière fixée
à 6,9 millions d'écus ;
- participer, pour un montant de 2,7 millions d'écus, au
financement de programmes scientifiques seychellois destinés à
améliorer les connaissances halieutiques de cette partie de
l'océan indien ;
- financer, à hauteur de 300.000 écus, des programmes de
formation de ressortissants seychellois aux diverses disciplines liées
à la pêche.
La participation financière globale de la Communauté
s'élève donc à 9,9 millions d'écus. Ce montant
est jugé très inférieur à la valeur des captures
qui devraient être effectuées dans les eaux des Seychelles.
Ce texte présente un intérêt réel pour les
pêcheurs français et son adoption rapide devrait les satisfaire.
Intervention, en réunion de délégation, de
M. Pierre Lagourgue :
Nous avons été saisis par procédure écrite de la
proposition d'acte communautaire E 625 qui concerne la pêche
communautaire au large des Seychelles. Nous avions jusqu'au mardi 28 mai,
c'est-à-dire aujourd'hui, pour faire connaître nos observations.
J'ai fait savoir au Président de la délégation que
plusieurs aspects de ce texte me semblaient contraires aux
intérêts de la pêche réunionnaise. Il me paraissait
donc souhaitable que la réserve d'examen parlementaire s'applique, pour
que la Délégation puisse intervenir.
Sur ces entrefaites, j'ai appris que le Gouvernement demandait à la
Délégation de se prononcer en urgence car le Conseil des
ministres de l'Union européenne devait examiner ce texte dès sa
réunion du 28 mai. Cette proposition devait être
adoptée en point A, c'est-à-dire sans débat ; dans ce cas,
il faut l'unanimité des Etats membres. Donc, il suffisait d'invoquer la
réserve parlementaire pour que ce texte ne puisse être
adopté.
Ce texte pose pour la Réunion deux principaux problèmes :
- tout d'abord, le nombre des bateaux prévus pour la pêche
à la palangre est très limité pour la France : cinq
bateaux, alors que l'Espagne en a obtenu dix. Il est anormal que la France,
c'est-à-dire localement le département de la Réunion,
dispose de deux fois moins de possibilités de pêche que l'Espagne,
pays fort éloigné des Seychelles, alors que la France est
reconnue comme une puissance locale et participe, par l'intermédiaire de
la Réunion, à la Commission de l'Océan indien. Le nombre
retenu pour les palangriers empêchera tout développement de la
pêche réunionnaise, qui dispose déjà de plus de
palangriers que n'en permet l'accord. La mise en service de nouveaux bateaux,
qui était envisagée à délai rapproché, s'en
trouvera compromise, alors que la pêche est une des activités qui
peuvent concourir au développement de la Réunion,
département qui compte 38 % de chômeurs.
- ensuite, l'accord prévoit l'obligation pour les navires de se
présenter au port de Victoria, aux Seychelles, pour faire constater les
captures. Or, les pêcheurs réunionnais vendent pratiquement toute
leur production à des cargos japonais, et la marchandise est directement
débarquée dans ces cargos en haute mer. Cette règle
pourrait donc entraîner une gêne considérable pour les
pêcheurs réunionnais.
Toutefois, j'ai finalement renoncé à déposer une
proposition de résolution, ayant constaté que, sur la question du
nombre maximum de palangriers pour la France, il était trop tard pour
espérer obtenir une amélioration pour cet accord concernant la
période du 18 janvier 1996 au 17 janvier 1999. Cette situation fait
ressortir les limites du contrôle exercé par le Parlement,
celui-ci n'étant saisi des projets d'accord que lorsque les
négociations sont terminées.
Par ailleurs, des assurances ont été fournies à la
délégation au sujet du transbordement en mer, le ministre
s'étant engagé à entreprendre des démarches dans le
cadre de la commission de suivi de l'accord, et, le cas échéant,
sur le plan bilatéral, pour essayer d'obtenir que les bateaux
réunionnais puissent être dispensés de l'obligation de
faire constater leurs captures.
Dans ces conditions, je n'ai pas souhaité mettre le Gouvernement dans
une situation difficile en l'obligeant à retarder l'adoption d'un texte
qui doit très rapidement entrer en vigueur. Je regrette cependant que
les intérêts spécifiques de la pêche
réunionnaise n'aient pas été davantage pris en compte dans
cet accord.
La délégation a alors décidé de ne pas
intervenir sur la proposition d'acte communautaire E 625.
Proposition E 627
Com (96) 591 final
(Réunion en commun des délégations de
l'Assemblée nationale
et du Sénat du 4 juin 1996)
Présentation du texte par M. Robert
Pandraud :
La proposition d'acte communautaire E 627 concerne la signature de
l'accord aux fins de l'application des dispositions de la Convention des
Nations-Unies sur le droit de la mer relatives à la conservation et
à la gestion des stocks de poissons chevauchants et les stocks de
poissons grands migrateurs.
L'objet de ce texte est de définir les conditions de gestion et de
conservation de certaines espèces halieutiques, (les stocks de poissons
chevauchants et de grands migrateurs), évoluant de part et d'autre de la
limite des 200 milles qui correspond aux zones économiques exclusives
(ZEE) sur lesquelles s'exerce la juridiction des Etats côtiers. Cet
accord apparaît nécessaire à un double titre : ce type de
stocks de poissons a alimenté régulièrement les conflits
entre Etats côtiers et Etats pêcheurs, les oppositions apparues
entre le Canada et l'Union européenne à propos de la pêche
au flétan noir en constituant un exemple récent. Par ailleurs, la
Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer ne réglemente pas de
façon précise la gestion des stocks, se limitant à poser
le principe de coopération qui doit s'instaurer entre les Etats
exploitant ces stocks en haute mer et les Etats côtiers, sans davantage
approfondir les conditions de cette coopération.
Deux préoccupations ont présidé à
l'élaboration de ce projet d'accord :
- assurer une conservation et une gestion des ressources halieutiques de
façon efficace. En cela, cet accord s'inscrit dans la ligne des
recommandations formulées par la Conférence de Rio sur
l'environnement et le développement durable, en 1992 ;
- préserver le principe de la liberté de la haute mer et son
corollaire, le principe de la compétence exclusive de l'Etat battant
pavillon, contre la volonté des Etats côtiers d'accentuer leur
contrôle au-delà de leur zone économique exclusive.
Il convient d'ajouter que, résultat de plusieurs sessions de
négociations, le projet d'accord prévoit un renforcement de la
coopération internationale pour la gestion des stocks de poissons
chevauchants et migrateurs, ainsi que la mise en oeuvre de mesures de
contrôle, afin d'assurer le respect de cette réglementation. Le
texte met tout d'abord l'accent sur la coopération internationale en
matière de gestion des ressources halieutiques visées et
rappelle, à cette fin, les dispositions pertinentes de la Convention sur
le droit de la mer du 10 décembre 1982, au respect desquelles sont
tenus les Etats. Les parties se trouvent notamment obligées de s'assurer
que les mesures de conservation et de gestion prises pour la haute mer et pour
les zones relevant de la juridiction nationale soient compatibles. Dans ce
cadre, la notion " d'unité biologique des stocks " a
été retenue utilement : elle permet de contrer les
prétentions des pays côtiers à limiter
l'applicabilité des dispositions de cet accord exclusivement à la
haute mer et exige une gestion des ressources cohérente tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur de la ZEE sur la base de
droits égaux entre tous les Etats concernés. L'accord
précise également les mécanismes de coopération et
notamment le rôle des organisations régionales de pêche qui
sont ouvertes aux Etats tiers ayant un intérêt réel dans
les zones de pêche concernées, ce qui constitue une garantie
permettant d'éviter la prise de mesures unilatérales sur
l'accès à la ressource et le contrôle des navires en haute
mer. Il pose, par ailleurs, des règles de contrôle visant à
s'assurer du respect de la réglementation. Cette question est devenue
centrale et a constitué le point d'achoppement entre les Etats
côtiers et les Etats pêcheurs. La partie VI de l'accord permet
à une partie de prendre le contrôle d'un navire battant pavillon
d'une autre partie dans les conditions suivantes : l'accord autorise, dans le
cadre régional, l'inspection des navires battant pavillon d'un Etat
membre de l'organisation régionale, par les Etats parties de cette
même organisation. En cas d'infraction simple, l'Etat d'inspection doit
obtenir l'accord formel de l'Etat du pavillon avant de prendre une action
contre le navire. En cas d'infraction grave, l'Etat d'inspection peut prendre
le contrôle du navire en cas de non-réponse de l'Etat du pavillon
dans un délai de trois jours ou lorsque cet Etat n'a pas mené
immédiatement une enquête approfondie à l'issue de laquelle
il fait un rapport sans retard à l'Etat d'inspection. De plus, l'Etat
d'inspection peut avoir recours à l'usage de la force pour assurer
l'inspection et le déroutement.
Ces derniers aspects suscitent des inquiétudes. L'accord comporte certes
des garanties au respect du droit des Etats du pavillon : les infractions
graves donnant une large compétence à l'Etat d'inspection sont
limitativement énumérées, ces inspections n'interviennent
que dans le cadre d'organisations régionales, et des dispositions sont
prévues sur la responsabilité en matière de
dommages ; mais ces garanties apparaissent bien faibles au regard des
inconvénients que comporte ce dispositif : tout d'abord, il porte
atteinte au principe de l'exclusivité de la juridiction de l'Etat du
pavillon, qui ne connaît que de rares dérogations liées
notamment à la répression de la piraterie. Par ailleurs, les
conditions permettant à l'Etat du pavillon de s'opposer à
l'inspection lorsque celle-ci concerne une infraction grave, sont difficiles
à mettre en oeuvre et sujettes à interprétation. Enfin, le
recours à l'usage de la force apparaît particulièrement
discutable : celui-ci doit demeurer exceptionnel en haute mer, et n'est,
à ce jour, prévu que pour la répression du trafic illicite
de stupéfiants et de substances psychotropes.
M. Jacques Genton
a souligné que les travaux du Conseil avaient
permis de progresser vers un équilibre plus satisfaisant, la
Présidence en exercice tentant d'obtenir un compromis autour des points
suivants : la Communauté signerait l'accord afin de ne pas se
trouver isolée dans ce domaine ; cette signature serait
accompagnée d'une déclaration interprétative de la
Commission sur les points soulevant les plus grandes difficultés (usage
de la force, juridiction sur les navires) ; la signature serait
complétée, sur le plan interne à la Communauté, par
l'adoption d'une déclaration sur le partage des compétences entre
la Communauté et les Etats membres.
M. Robert Pandraud
, appuyé par
M. Jacques Genton
, s'est
étonné que le Conseil d'Etat, après un premier avis
positif, ait finalement estimé que ce texte ne relevait pas de l'article
88-4 de la Constitution, au motif qu'il s'agissait de la signature et non de la
ratification de l'accord en cause. Il a souhaité que le Gouvernement
maintienne cette proposition parmi celles soumises aux Assemblées dans
le cadre de l'article 88-4 de la Constitution. Sur le fond, il a estimé
que, compte tenu de l'évolution des négociations, ce texte
n'appelait pas un examen plus approfondi.
Les délégations ont alors décidé de ne pas
intervenir sur la proposition d'acte communautaire E 627.
III. MARCHÉ INTÉRIEUR
Proposition E 606
Com (95) 724 final
(Procédure écrite du 28 juin 1996)
Ce texte, relatif à la responsabilité des
transporteurs aériens, vise à garantir une meilleure
indemnisation aux victimes d'accidents aériens et à leurs ayants
droit.
Le régime de responsabilité des transporteurs aériens est
régi par la convention de Varsovie de 1929 et par ses protocoles
additionnels. Il se caractérise essentiellement par un plafonnement du
montant de l'indemnisation susceptible d'être versée aux victimes
ou à leurs ayants droit, en contrepartie de la présomption de
responsabilité qu'il fait peser sur le transporteur aérien. Les
plafonds d'indemnisation n'ont pas été révisés
depuis 1955 et s'avèrent notoirement insuffisants.
La proposition de règlement E 606 a donc pour objectif
d'améliorer la protection des usagers du transport aérien. Elle
prévoit notamment l'abandon de toute limite légale ou
contractuelle de responsabilité et introduit l'idée que, pour les
dommages à concurrence de 100.000 écus, le transporteur ne puisse
s'exonérer de sa responsabilité, comme c'est le cas actuellement,
en prouvant que lui ou ses préposés ont pris toutes les mesures
nécessaires pour éviter le dommage ou qu'il leur était
impossible de les prendre.
Ce texte prévoit, par ailleurs, le versement aux victimes ou à
leurs ayants-droit, dans les dix jours de l'accident, d'une somme forfaitaire
pouvant aller jusqu'à 50.000 écus.
Enfin, les victimes pourront, outre les possibilités offertes par la
convention de Varsovie, intenter une action en dommages-intérêts
devant les juridictions des Etats membres où elles ont leur domicile.
Les objectifs de ce texte sont louables ; il devrait satisfaire les
usagers des transports aériens ainsi que les associations de victimes
d'accidents.
Toutefois, ce texte soulève plusieurs problèmes :
- on peut d'abord s'interroger sur le bien-fondé de l'adoption d'un
règlement communautaire dans ce secteur d'activité. Un instrument
juridique à portée internationale serait, semble-t-il, plus
adapté, compte tenu de la nature même du transport aérien.
- le champ d'application de ce texte soulève ensuite des
réserves. En effet, il ne s'applique qu'aux transporteurs aériens
communautaires, ce qui risque de créer une distorsion de concurrence
à leur encontre. Ce règlement devrait, en tout état de
cause, s'appliquer aux transporteurs extra-communautaires lorsqu'ils proposent
des services aériens au départ, à destination ou à
l'intérieur de la Communauté.
- enfin, certaines dispositions de ce texte risquent de soulever des
difficultés. Il en est ainsi de l'allocation forfaitaire versée
dans les dix jours de l'accident, l'expérience ayant montré que
ce délai est trop bref pour identifier avec certitude les
véritables ayants droit de la victime. Par ailleurs, la faculté
offerte à la victime de saisir en réparation les juridictions de
son domicile est préoccupante. Il est à craindre, en effet, que
les Etats-Unis suivent sur ce terrain la Communauté, avec le risque,
pour les compagnies aériennes communautaires, d'être
assignées en réparation devant les juridictions
américaines.
Il convient de noter que ce texte est la toute première version
élaborée par la Commission européenne, et qu'il devrait
donc être largement modifié à l'occasion de son examen au
sein des instances communautaires.
Le Gouvernement entend faire porter la discussion sur les problèmes
évoqués ci-dessus et, en particulier, sur la possibilité
d'étendre le champ d'application du règlement aux transporteurs
extra-communautaires offrant des services sur le territoire de la
Communauté.
Par ailleurs, ce texte a le mérite de remédier à l'absence
d'un régime international d'indemnisation satisfaisant. Il
intègre les éléments de l'accord conclu par certaines
compagnies aériennes dans le cadre de l'association internationale des
transporteurs aériens (IATA) qui tend à améliorer
l'indemnisation des victimes. Ce faisant, il contourne le risque que certaines
compagnies aériennes et, en particulier, de charters, refusent de
souscrire à quelque engagement que ce soit pour améliorer
l'indemnisation des victimes.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 606, tout en se réservant la
possibilité de le faire ultérieurement en fonction de
l'évolution des négociations à son sujet.
Proposition E 609
Com (95) 709 final
(Procédure écrite du 10 mai 1996)
Ce texte tend à modifier certaines dispositions de la
directive du 18 décembre 1989 qui fixe les règles relatives
au ratio de solvabilité des établissements de crédit et,
en particulier, celles concernant la pondération de certains risques.
Il prévoit, en effet, de réduire de moitié l'exigence de
fonds propres pour les créances hypothécaires qui
bénéficieront ainsi de la même pondération que les
prêts hypothécaires.
Cette pondération réduite est déjà
autorisée, à titre dérogatoire, par la directive de 1989,
en Allemagne, au Danemark, en Grèce et en Autriche. Il s'agit donc
d'étendre cette mesure, jusqu'au 1
er
janvier 2001,
à l'ensemble des Etats membres, afin d'éviter toute distorsion de
concurrence au sein de la Communauté.
Cette mesure, strictement technique, répond à la demande des
organismes de crédits hypothécaires.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 609.
Proposition E 638
Com (96) 183 final
(Procédure écrite du 28 juin 1996)
Ce texte tend à modifier certaines dispositions des
directives communautaires relatives aux entreprises d'investissement et aux
établissements de crédit. Ces modifications consistent, pour
partie, à actualiser les dispositions de ces directives et, pour le
reste, à en combler les lacunes.
Les principales modifications sont les suivantes :
- Il est tout d'abord prévu d'autoriser les Etats membres à
conclure des accords avec les autorités non bancaires de pays tiers
(autorités de surveillance des institutions financières et des
compagnies d'assurance, ainsi que des marchés financiers) afin de
permettre des échanges d'informations. Le Gouvernement français
est opposé à cette modification, au motif que les
autorités non bancaires de pays tiers peuvent déjà
s'adresser aux tutelles bancaires locales. Le Gouvernement juge suffisante
cette possibilité et estime que tout élargissement des
communications à ces autorités entraînerait de nouvelles
lourdeurs coûteuses.
- Il est ensuite projeté de réduire la pondération
prévue pour certains actifs afin de l'ajuster aux risques que ceux-ci
représentent réellement.
- Enfin, il est envisagé d'instaurer un traitement prudentiel plus
strict et plus précis des instruments dérivés hors bourse
(swaps, options sur swaps, options sur des obligations assimilables du
trésor, etc.). En particulier, la proposition E 638 prévoit
une meilleure adaptation de la couverture par les fonds propres aux risques de
crédit encourus.
Seule cette dernière modification impose des obligations nouvelles aux
établissements de crédit et aux entreprises d'investissement.
Toutefois, le montant de la couverture exigée ne sera pas
nécessairement supérieur à ce qu'il est actuellement. En
effet, il est prévu que les Etats membres pourront diminuer le montant
de capital requis pour tenir compte de l'existence de conventions de
compensation dont l'effet est de réduire les risques associés aux
instruments dérivés hors bourse.
Par ailleurs, il convient de souligner que les mesures proposées en
matière d'instruments dérivés hors bourse sont très
proches de celles arrêtées par l'enceinte internationale au sein
de laquelle se réunissent les autorités de surveillance du
secteur bancaire.
Ce texte, très technique, ne paraît pas soulever de
difficulté. Le Gouvernement entend, toutefois, éviter un
élargissement du cadre dans lequel les autorités non bancaires de
pays tiers peuvent se voir communiquées des informations.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 638.
IV. FISCALITÉ
Proposition E 622
Com (96) 144 final
(Procédure écrite du 28 mai 1996)
Ce texte tend à autoriser les Pays-Bas à
introduire une mesure dérogatoire à certaines dispositions de la
directive harmonisant les législations des Etats membres relatives aux
taxes sur le chiffre d'affaires. Les Pays-Bas souhaitent, en effet, instaurer
une base minimale d'imposition de la TVA pour la constitution de droits
réels portant sur des bâtiments ou sur une fraction de
bâtiment et le sol y attenant. Chaque fois que l'administration
néerlandaise pourra établir que la base d'imposition est
anormalement basse par rapport au prix du marché, elle appliquera la TVA
sur la valeur normale du marché de ces droits.
Cette mesure, qui vise à lutter contre l'évasion fiscale,
déroge à l'article 11 de la directive précitée
relatif au calcul de la base d'imposition.
Toutefois, l'article 27 de la directive prévoit que le Conseil, sur
proposition de la Commission, peut autoriser tout Etat membre à
introduire des mesures dérogeant aux dispositions de celle-ci afin soit
de simplifier la perception de la taxe, soit d'éviter certaines fraudes
ou évasions fiscales.
La Commission propose donc d'autoriser les Pays-Bas à introduire la
mesure envisagée jusqu'au 31 décembre 1998.
Il convient de souligner le caractère ponctuel de la mesure
envisagée par les Pays-Bas. Par ailleurs, cette dérogation n'aura
d'effet que sur la seule fiscalité néerlandaise.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 622.
Proposition E 642
(Procédure écrite du 28 juin 1996)
Ce texte concerne une demande formulée par l'Allemagne
en vue de déroger à la réglementation communautaire en
matière de TVA afin de simplifier les procédures fiscales
applicables à la construction de deux ponts autoroutiers reliant
l'Allemagne à la République tchèque.
Cette demande vise à écarter l'application du principe de
territorialité prévu par la sixième directive TVA, en
vertu duquel les travaux de construction, de remise en état et de
rénovation des ponts frontaliers exécutés sur le
territoire allemand seraient soumis à la TVA allemande, tandis que ceux
effectués sur le territoire tchèque seraient imposés en
République tchèque. L'application de cette règle serait,
en effet, d'une grande complexité et obligerait, en particulier, les
entrepreneurs à déterminer avec précision le territoire
sur lequel ont été réalisés les travaux.
L'Allemagne demande donc que l'ensemble des travaux soit soumis au seul droit
fiscal allemand ; elle souhaite en outre être autorisée
à renoncer à la perception d'une taxe lors de l'importation sur
son territoire de biens destinés à la construction des ponts.
Les dérogations au principe de territorialité de la TVA
demandées par l'Allemagne sont de portée très
réduite et n'ont d'incidence que sur la seule fiscalité
allemande. On peut, par ailleurs, souligner que l'Allemagne a
déjà été autorisée, à plusieurs
reprises, à procéder à de telles dérogations,
l'exemple le plus récent concernant la construction d'un pont
autoroutier reliant l'Allemagne à la Pologne (proposition d'acte
communautaire E 596) pour lequel la délégation n'a pas
jugé nécessaire d'intervenir.
La délégation a donc décidé de ne pas intervenir
sur la proposition E 642.
V. BUDGET DES COMMUNAUTÉS
Proposition E 586
Com (95) 690 final
(Réunion de la délégation du 28 mai 1996)
Présentation du texte par M. Jacques Oudin :
Cette proposition de règlement vise à établir des
dispositions générales supplémentaires au sens de
l'article 10 du règlement n° 2988/95 du Conseil relatif à la
protection des intérêts financiers des Communautés
européennes. Il tend à autoriser les agents de la Commission
à effectuer des contrôles auprès des autorités
publiques centrales, régionales et locales des Etats membres, ainsi
qu'auprès des opérateurs économiques, afin de constater
les fraudes au budget communautaire.
Le texte actuel de la proposition de règlement, tel qu'il résulte
du compromis établi par la Présidence, est profondément
différent de celui qui a été transmis au Parlement le 20
février 1996. Il doit prochainement être examiné par le
COREPER et semble pouvoir recueillir l'accord de la plupart des
délégations. Par rapport au texte d'origine, cette version
comporte de nombreuses dispositions qui ont été introduites pour
protéger les droits des Etats et restreindre l'intrusion des agents de
la Commission dans le fonctionnement de la justice pénale des Etats.
Ces dispositions stipulent que :
- le règlement n'affecte pas les dispositions du droit pénal
(articles 1 et 2) ;
- le règlement laisse intacte la possibilité et la
responsabilité principale pour les Etats membres d'effectuer
eux-mêmes des contrôles ;
- l'établissement des rapports par les contrôleurs de la
commission est soumis aux exigences de procédure prévues par la
loi nationale de l'Etat membre concerné.
Ces précautions n'ont pas exclu pour autant tout risque de dérive
de la pratique dans le sens de la communautarisation du droit pénal des
Etats membres. Les principales réserves qui pourraient être
formulées sur ce texte portent sur :
- la notion de " niveau de protection équivalent ", qui est
de
portée politique, mais ne constitue pas un critère objectif
pouvant être inséré dans un texte législatif ayant
des effets directs dans le droit national ;
- la demande de la Commission, pour ses contrôleurs, d'avoir accès
aux informations obtenues par les contrôleurs nationaux lors
d'enquêtes judiciaires ;
- l'assimilation des contrôleurs de la Commission -qui peuvent être
également des experts nationaux détachés auprès de
la Commission, ou des agents temporaires, voire même des personnes
extérieures appartenant " à des organismes
extérieurs "- aux contrôleurs nationaux.
J'insiste sur le fait que la Commission pourrait ainsi recourir à des
organismes privés (cabinets d'audit par exemple) pour procéder,
sous sa responsabilité, aux contrôles. Cette disposition
aboutirait à déléguer à des personnes
privées des prérogatives de puissance publique tout en
créant un risque de dispersion des informations recueillies dans le
cadre des contrôles en cas de non-respect du secret professionnel.
Par ailleurs, je vous précise que M. Pierre Joxe, Président
de la Cour des Comptes, entendu par la délégation de
l'Assemblée nationale pour l'Union européenne, le 16 avril
1996, a estimé que ce texte risquerait de porter atteinte au bon
fonctionnement des contrôles nationaux et pourrait, en cas d'adoption,
entraîner des transformations significatives de notre système
juridique.
Aussi, je vous propose que notre délégation adopte des
conclusions attirant l'attention du Gouvernement sur ces aspects.
En réponse à une question de
M. Paul Masson
,
M. Jacques
Oudin
a indiqué que la Communauté pouvait édicter des
sanctions administratives pour réprimer les fraudes, mais qu'elle ne
pouvait intervenir dans le domaine pénal.
Un débat s'est alors engagé sur le niveau où devait
principalement s'exercer le contrôle.
M. Paul Loridant
a suggéré que le texte des conclusions
mentionne la nécessité de respecter le principe de
subsidiarité ; il a ajouté qu'il fallait examiner si le
contrôle est plus efficace lorsqu'il est exercé par les organes
nationaux qui connaissent le terrain ou par un organe communautaire.
M. Jacques Genton
a fait valoir qu'il fallait en l'occurrence concilier
le principe de subsidiarité et la nécessité d'assurer un
contrôle effectif et efficace dans tous les Etats membres.
M. Yves Guéna
a rappelé que M. Pierre Joxe, premier
Président de la Cour des Comptes, avait estimé que
l'amélioration du contrôle communautaire ne devait pas être
réalisée au détriment des mécanismes internes de
contrôle et qu'il serait paradoxal que la Cour des Comptes
française, indépendante vis-à-vis des institutions
nationales, puisse recevoir des instructions émanant des institutions
communautaires. Il a ajouté que l'Etat dans lequel une fraude serait
détectée devrait être invité à agir avec ses
propres moyens de contrôle.
M. Ambroise Dupont
a indiqué qu'il fallait cependant
prévoir la possibilité d'un contrôle communautaire
lorsqu'il y a carence du contrôle national.
Ces observations ayant été introduites dans le projet de
conclusions,
la délégation a alors procédé
à l'adoption des conclusions proposées par M. Jacques Oudin,
sur la proposition E 586
(voir texte ci-après).
CONCLUSIONS ADOPTEES PAR LA DELEGATION
La délégation du Sénat pour l'Union
européenne,
Considérant que la proposition E 586 s'inscrit dans le contexte du
renforcement de la lutte contre la fraude au budget communautaire et qu'elle
tend à autoriser les agents de la Commission à effectuer des
contrôles sur place en vue de constater les irrégularités
portant atteinte aux intérêts financiers des Communautés ;
Considérant que cette proposition fait suite à l'adoption, le
18 décembre dernier, du règlement n° 2988/95 relatif
à la protection des intérêts financiers de la
Communauté ;
Considérant que ce texte, qui définit la notion
d'irrégularité susceptible d'être sanctionnée et qui
prévoit les sanctions administratives applicables, dispose que
" des dispositions générales supplémentaires
relatives aux contrôles et aux vérifications sur place seront
adoptées ultérieurement selon les procédures
prévues à l'article 235 du traité C.E. et à
l'article 203 du traité CECA. " ;
Estime souhaitable l'adoption d'un texte renforçant les
contrôles et souligne que l'harmonisation des sanctions
réalisée par le règlement n° 2988/95 est
indissociable de l'harmonisation des contrôles ;
Considérant que cette proposition règle les pouvoirs et les
obligations des contrôleurs de la Commission, ainsi que les moyens dont
ils disposent pour effectuer sur place les contrôles dans le cadre d'une
enquête anti-fraude ;
Considérant que ces contrôles peuvent être exercés
auprès des autorités publiques centrales, régionales et
locales, ainsi que des opérateurs économiques ; qu'ils ne peuvent
être effectués qu'après information des autorités de
l'Etat membre concerné, dont les agents peuvent s'associer aux
opérations de contrôle.
Considérant que les contrôleurs de la Commission disposent d'un
droit à l'information très étendu, puisqu'ils ont
accès à toutes les informations relatives aux opérations
faisant l'objet du contrôle, y compris celles recueillies par les
contrôleurs nationaux et celles obtenues lors d'enquêtes
judiciaires et que ce droit paraît excessif ;
Estime que les contrôles doivent principalement rester de la
compétence des Etats membres et que les pouvoirs des contrôleurs
de la Commission doivent être encadrés ;
Considérant que la Commission pourrait recourir à des organismes
privés (cabinets d'audit par exemple) pour procéder, sous sa
responsabilité, aux contrôles ; que cette disposition aboutit
à déléguer à des personnes privées des
prérogatives de puissance publique pouvant déboucher sur des
sanctions judiciaires ; que cette possibilité pourrait créer de
plus un risque sérieux de dispersion des informations recueillies dans
le cadre des contrôles, en cas de non-respect du secret professionnel par
les organismes privés concernés ;
Demande au Gouvernement de s'opposer à la possibilité, pour la
Commission, de recourir, à des fins d'assistance technique, à des
organismes extérieurs agissant sous sa responsabilité.
Considérant que les cas d'irrégularités et de gaspillage
communiqués formellement par les Etats membres sont passés de
2.146 en 1992 à 4.758 en 1995 ; mais que dans le même temps
les services de contrôles nationaux ont été réduits
dans leurs missions, que les contrôles douaniers portuaires sont souvent
insuffisants et que les sanctions ne sont généralement pas
appliquées aux Etats fautifs ;
Demande au Gouvernement de vouloir bien proposer au Conseil des ministres de
l'Union européenne :
- d'écarter, dans le respect du principe de subsidiarité, la
perspective de mener un jour la totalité des enquêtes au niveau
européen et de ne privilégier le recours au contrôle
communautaire que dans les cas où le système national de
contrôle est inopérant ;
- de rétablir et de renforcer les services de contrôles existants
dans les Etats-membres ;
- de coordonner, sur le plan intergouvernemental et dans le cadre du
troisième pilier du traité sur l'Union européenne,
l'action de ces services de contrôle nationaux grâce à un
renforcement du secrétariat général du Conseil.
Proposition E 628
Sec (96) 492 final
(Réunion de la délégation du 29 mai 1996)
Présentation par M. Denis Badré d'une
proposition de résolution :
La proposition de révision des perspectives financières
présentée par la Commission européenne, le 29 mars 1996,
au Parlement européen et au Conseil, en application des paragraphes 11
et 12 (
1(
*
)
) de l'accord interinstitutionnel du
29 octobre 1993 sur la discipline budgétaire et
l'amélioration de la procédure budgétaire a
été transmise au Parlement français, au titre de l'article
88-4 de la Constitution, le 9 mai 1996.
Cette proposition appelle deux types de remarques.
I. SUR LA PROCEDURE
Le Conseil Européen d'Edimbourg de décembre 1992 avait
arrêté des perspectives financières qui déterminent,
sur la période 1993-1999, les plafonds annuels de crédits pour
chaque rubrique du budget communautaire ; ces perspectives sont
également plus communément appelées " Paquet Delors
II ".
A. l'Accord interinstitutionnel sur la discipline budgétaire et
l'amélioration de la procédure budgétaire du 29 octobre
1993 n'avait pas été transmis au Parlement français au
titre de l'article 88-4 de la Constitution
Après une année de négociations difficiles entre le
Conseil des ministres de la Communauté, la Commission et le Parlement
européen, en raison notamment des exigences de ce dernier, les
perspectives financières avaient été finalement
consignées dans un acte communautaire qu'on pourrait appeler " acte
innommé ", pour reprendre une expression du Conseil d'Etat ;
cet acte est l'accord interinstitutionnel sur la discipline budgétaire
et l'amélioration de la procédure budgétaire du 29 octobre
1993.
A l'époque, cet accord n'avait pas été transmis au
Parlement au titre de l'article 88-4. Le Conseil d'Etat avait en effet
estimé que les accords interinstitutionnels, non prévus par le
traité de Rome, n'appartenaient pas à la catégorie des
actes communautaires stricto sensu de l'article 88-4 de la constitution.
Le Président Jacques Genton, dans son rapport du 13 avril 1994 sur
l'application de l'article 88-4 de la Constitution, avait souligné que
cet accord n'était pas anodin, puisque, outre la traduction des
perspectives financières arrêtées par le Conseil
européen à Edimbourg, il reconnaissait pour la première
fois, au Parlement européen, le pouvoir d'émettre un avis sur les
dépenses obligatoires (agriculture et administration), alors que
jusqu'alors les discussions entre les Etats membres et le Parlement
européen se limitaient aux dépenses non obligatoires (politiques
liées au fonctionnement du marché intérieur et
dépenses de politique extérieure) pour lesquelles les deux
institutions se partagent la décision.
Le Président Genton soulignait encore qu'on pourrait comprendre que le
Parlement français ne soit pas saisi de ces accords et
déclarations s'ils n'avaient qu'une valeur déclaratoire
dépourvue de toute portée juridique. Mais la Cour de justice
s'est plusieurs fois appuyée sur de tels accords pour rendre des
décisions dès l'instant où ces accords peuvent, " si
les obligations qui en découlent sont suffisamment précises et
inconditionnelles, être élevés au rang d'actes
destinés à appliquer le traité et rendre susceptibles
d'annulation les dispositions dérivées qui leur sont
contraires ", selon les conclusions d'un avocat général dans
une affaire où était évoquée une déclaration
commune des trois institutions communautaires.
Ces actes établissent donc des normes qui s'imposent aux institutions
communautaires.
Elles correspondent, dans l'esprit des institutions
européennes, aux lois organiques françaises.
B. Le Conseil d'Etat a estimé que la proposition de révision
des perspectives financières doit être regardée comme
étant une proposition d'acte communautaire au sens de l'article 88-4 de
la Constitution
A la différence de ce qui s'est passé en 1993, le Conseil d'Etat,
cette fois-ci, a estimé qu'il y avait lieu de saisir le Parlement
français.
Son avis est le suivant :
" En tant que proposition de décision conjointe du Conseil de
l'Union Européenne et du Parlement européen prise selon la
procédure de l'article 189 B du Traité de l'Union
européenne, la proposition de révision des perspectives
financières doit être regardée comme étant une
proposition d'acte communautaire au sens de l'article 88-4 de la Constitution.
" Dès lors que les montants pluriannuels prévus par le
programme-cadre arrêtés selon la procédure de
codécision de l'article 189 B du traité de l'Union
européenne par application des dispositions de l'article 130 I du
même Traité doivent, pour être révisés, suivre
la même procédure en application des § 11 et 12 de l'accord
interinstitutionnel du 29 octobre 1993, et être inscrits dans
l'avant-projet de budget que la Commission est chargée d'établir
en application de l'article 203 du Traité, lesdites révisions des
perspectives financières dont les montants sont définis, sont de
nature législative : elles peuvent être assimilées en droit
interne à une loi de programme dont les autorisations de programme sont,
en vertu de l'article 33 de l'ordonnance du 2 janvier 1959, en principe
inscrits dans la partie " services votés " du projet de loi
de
finances ".
La Délégation ne peut que se réjouir de cette transmission
qui ouvre pour la première fois la possibilité au Sénat
d'envisager un débat public, grâce aux dispositions de l'article
73 bis du règlement, sur les perspectives financières de l'Union
européenne.
II. SUR LE FOND
Pour l'ensemble de la période (1993-1999), l'accord interinstitutionnel
a prévu que les crédits d'engagement progressent de 25,6 %
(de 69,2 à 86,9 milliards d'Ecus).
Les perspectives financières, qui ont été adaptées
en avril 1995 pour tenir compte de l'élargissement à quinze
Etats-membres, ont accru sensiblement les crédits affectés aux
dépenses de cohésion économique et sociale ; ce
renforcement se traduit par une augmentation très forte des dotations
prévisionnelles pour les actions structurelles (+ 45,4 % sur la
période). La progression des crédits pour les politiques externes
est également significative (+ 50,7 %). La ligne directrice agricole
progresse peu sur la période (+ 11,6 %). Les dépenses
administratives progressent de 24,8 %.
Pour assurer le financement de ces dépenses, le Conseil européen
d'Edimbourg a également pris une nouvelle décision sur les
ressources propres. Celle-ci prévoit que le montant total des ressources
attribuées aux Communautés est graduellement relevé,
chaque année, de 0,01 à 0,02 points de PNB de 1995 à
1999. Les plafonds de ressources propres exprimés en pourcentage du PNB
communautaire passent ainsi de 1,20 % en 1994 à 1,27 % en
1999.
La nouvelle décision a été adoptée par le Conseil
le 31 octobre 1994. Mais elle n'est pas encore entrée en vigueur, un
Etat membre - les Pays-Bas - n'ayant pas encore procédé à
sa ratification. Le processus budgétaire reste donc provisoirement
placé sous le régime de la précédente
décision sur les " ressources propres " du 24 juin 1988, qui
limite à 1,2 % du PNB le plafond de ces ressources.
A. La Commission propose de renforcer des politiques communautaires
La présente proposition vise, pour l'essentiel, à permettre le
renforcement des politiques communautaires dans les domaines des réseaux
transeuropéens de transport et de la recherche. Les autres besoins pris
en compte concernent le refinancement des fonds structurels, des actions
extérieures et des dépenses administratives.
De façon plus précise, ces mouvements de dépenses
concernent :
- la reconstitution de la réserve financière de la Commission
pour les initiatives communautaires (100 millions d'Ecus) sur laquelle avait
été financé le programme de soutien au processus de paix
en Irlande (d'un montant total de 300 millions d'Ecus) ;
- le financement d'une aide financière exceptionnelle à la
Géorgie, à l'Arménie et au Tadjikistan (170 millions
d'Ecus), ainsi que d'une aide alimentaire aux pays du Caucase et de l'Asie
centrale (65 millions d'Ecus en 1996, 70 millions d'Ecus en 1997 et 50
millions d'Ecus par an en 1998 et 1999) ;
- le financement du programme immobilier et des besoins en effectifs des
institutions après l'élargissement de l'Union à
l'Autriche, la Finlande et la Suède (relèvement du plafond de la
rubrique de 57 millions d'Ecus en 1998 et de 66 millions en 1999) ;
- le relèvement de la dotation pour les aides d'urgence
(+ 129 millions d'Ecus) ;
- le renforcement des financements pour les réseaux
transeuropéens (+ 1 milliard d'Ecus) ;
- l'affectation d'une dotation supplémentaire (+ 700 millions d'Ecus) au
4ème programme cadre de recherche et développement technologique
RDT (1997 et 1998) ;
- l'affectation d'une dotation supplémentaire (140 millions d'Ecus) pour
des actions complémentaires en faveur des P.M.E. (3ème programme
cadre 1997-2000).
B. La Commission présente sa proposition comme apparemment
équilibrée et financièrement neutre pour les Etats
La proposition de la Commission s'appuie sur l'idée que les marges de
crédits disponibles sous-plafond, dans les perspectives
financières, peuvent être récupérées au
profit de dépenses non-obligatoires sous d'autres rubriques. Cette
position, qui serait à la rigueur acceptable pour des dépenses
obligatoires, ne peut être retenue pour des dépenses
non-obligatoires ; à l'heure où s'impose la
nécessité de réduire les déficits publics,
la
seule attitude possible consiste à diminuer les contributions nationales
plutôt qu'à réorienter les crédits disponibles sous
plafond vers d'autres dépenses communautaires.
Lors de l'examen de l'article 30 du projet de loi de finances pour 1996 relatif
à l'évaluation de la participation française au budget des
Communautés européennes, j'ai déjà eu l'occasion de
souligner que la forte progression des dépenses non obligatoires
" démontre l'absence d'une volonté de maîtrise de la
dépense européenne par l'adaptation du niveau des dépenses
non obligatoires aux contraintes budgétaires des Etats ".
La Commission propose de dégager 2,7 milliards d'Ecus de
crédits d'engagement correspondant aux dépenses de son projet en
opérant, dans les perspectives financières, une reclassification
des dépenses
agricoles au profit des dépenses des fonds
structurels, des actions extérieures et des dépenses
administratives, sans relèvement du plafond des perspectives
financières, ni augmentation des crédits de paiement.
Cette reclassification des dépenses s'opérerait par :
- un transfert progressif vers la rubrique I (FEOGA-Garantie), à hauteur
de 2, 1 milliards d'Ecus, des crédits en faveur de l'agriculture
actuellement inscrits au titre des actions structurelles (FEOGA-Orientation,
actions de l'objectif 5a) et des politiques internes. Ce transfert sous la
ligne directrice agricole (LDA) serait justifié, selon la Commission,
par la sous-consommation des crédits qui la composent ;
- une réduction d'un montant équivalent des crédits
nécessaires au titre des politiques structurelles et internes et
l'affection de la marge aux besoins nouveaux ;
- des redéploiements internes supplémentaires à hauteur de
0,6 milliards d'Ecus.
La proposition n'est neutre financièrement qu'en apparence.
En effet, du fait de l'annulation des économies possibles dans la ligne
budgétaire agricole, la révision coûterait en
réalité 1,8 milliards d'Ecus aux quinze Etats membres sur la
période 1996-1999.
Pour la France, le coût
supplémentaire de cette proposition serait de l'ordre de 2,1 milliards
de francs
(environ 1,6 milliards d'Ecus de crédits de paiement
supplémentaires jusqu'en 1999).
La France et plusieurs autres Etats membres (Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas,
Suède, Autriche, Espagne), qui réunissent largement la
minorité de blocage, ont manifesté leur hostilité à
cette révision des perspectives financières proposée par
la Commission à un moment où les Etats sont déjà
engagés dans des programmes d'assainissement budgétaire
drastiques. Ces Etats estiment que la rigueur budgétaire qu'ils
s'imposent actuellement devrait logiquement conduire la Commission à
adopter le même comportement en matière de budget européen.
C. Les demandes de la Commission ne sont pas justifiées
Les demandes de crédits supplémentaires formulées par la
Commission ne sont pas justifiées.
1. Le financement du complément du 4ème programme-cadre de
recherche est déjà assuré
Le financement du complément du 4ème programme-cadre de recherche
(700 millions d'Ecus) a été envisagé par le Conseil lors
de l'adoption du programme. En outre le fonctionnement actuel du programme est
sujet à caution et son évaluation est insuffisante pour
légitimer son abondement. Il regroupe déjà à lui
seul les deux tiers des crédits de la rubrique des politiques internes ;
mais il n'a été consommé qu'à 77 % en
crédits de paiement en 1995. Si des marges devaient être
dégagées, elles passeraient nécessairement par une
efficacité accrue dans l'utilisation des crédits
déjà affectés.
2. L'aide aux pays du Caucase et d'Asie centrale ne justifie pas la
révision proposée
Au sein des actions extérieures, l'aide aux pays du Caucase et d'Asie
centrale n'est pas prioritaire. Elle passe après la reconstruction de
l'ex-Yougoslavie, l'aide technique aux pays de l'Europe centrale et orientale
et aux pays tiers méditerranéens, voire après l'aide
à l'Afrique du Sud ou à l'Amérique latine. Dans ces
conditions, un relèvement du plafond de la rubrique, ayant en large
partie pour objet de faire un don à ces pays afin de leur permettre
d'honorer les échéances des prêts garantis ou
octroyés par l'Union, ne constitue pas un motif sérieux de
révision des perspectives financières.
3. La reconstitution de la réserve pour les initiatives
communautaires ne s'impose pas dans l'immédiat
La restitution de crédits à la réserve pour les
initiatives communautaires afin d'abonder le programme de soutien au processus
de paix en Irlande du Nord ne s'impose pas; en effet les initiatives
communautaires connaissent un taux d'exécution trop faible (62 % en
engagements et 45 % en paiements en 1995) pour qu'il soit nécessaire de
reconstituer leur réserve.
4. Les mouvements de crédits entre la réserve pour aide
d'urgence et le relèvement du plafond de la rubrique des actions
extérieures ne sont pas acceptables dans leur principe
L'acceptation de cette proposition conduirait à avaliser l'attitude de
la Commission qui considère la réserve d'urgence comme une
dotation de fonctionnement normale. Ainsi, en juin 1995, la Commission avait
présenté une demande de mobilisation de cette réserve sans
faire état des conditions exceptionnelles qui justifiaient cette
demande, mais au motif que sa propre programmation interne ne lui permettait
plus de faire face aux besoins ; étant donné que, par
définition, ces besoins sont infinis, il importe par conséquent
de contraindre la Commission à une meilleur gestion
prévisionnelle de sa dotation normale. La réserve d'urgence n'a
en effet vocation à être mobilisée qu'en cas d'urgence
absolue.
5. Les dépenses immobilières du Parlement européen ne
justifient pas une révision des perspectives financières
Les dépenses immobilières des institutions, en particulier celles
du Parlement européen, ne sauraient justifier une révision des
perspectives financières dans la mesure où, au cours des deux
derniers exercices, le Parlement européen a
récupéré à son profit une part importante de la
marge disponible sous la rubrique 5 (dépenses administratives).
6. La priorité en faveur des réseaux transeuropéens
peut être assurée dans le cadre budgétaire actuel
La priorité en faveur des réseaux transeuropéens, sur
laquelle la France peut rejoindre la Commission, fait déjà
l'objet d'un engagement budgétaire à hauteur de 1,8 milliards
d'Ecus de 1994 à 1999. Aller au-delà ne peut être
significatif dans la mesure où l'engagement communautaire restera
toujours marginal par rapport au coût global des grands travaux
(estimé à moins de 5 % du total). Il ne faut pas oublier non plus
que la Banque Européenne d'Investissement (BEI) a déjà
accordé 16 milliards d'Ecus pour le financement de grands projets de
transport et d'énergie qui sont destinés à renforcer et
développer les infrastructures des réseaux européens.
L'argumentaire de la Commission (effets directs induits par les investissements
et effets indirects ou structurants) n'est pas non plus convainquant, car il ne
porte pas sur les avantages du financement communautaire par rapport au
financement assuré par les Etats. En outre le taux de consommation
actuel des crédits de la rubrique (50 %) est trop faible pour justifier
le relèvement proposé.
La priorité accordée aux réseaux de transport peut
être financée, en tout état de cause, par une meilleur
définition des politiques internes qui se caractérisent
fréquemment par leur dispersion, leur absence de base légale et
un respect douteux du principe de subsidiarité.
D. Le redéploiement proposé sur la ligne agricole
présente de nombreux risques
Du point de vue de la procédure budgétaire, la révision
des perspectives budgétaires par redéploiement de la ligne
directrice agricole créerait un précédent que le Parlement
européen ne manquerait pas d'utiliser. Il pourrait notamment demander
une enveloppe supplémentaire pour l'ex-Yougoslavie, que le Conseil
aurait politiquement du mal à refuser, une fois qu'il aurait
avalisé le principe d'une telle révision.
En outre la proposition de la Commission interfère avec la question de
la qualification des dépenses puisqu'elle reviendrait à
transférer, sous la ligne directrice agricole (qui en principe ne
comporte que des dépenses obligatoires), des dépenses qui sont
considérées comme des dépenses non-obligatoires (et pour
lesquelles le Parlement européen dispose du dernier mot).
Au regard des conséquences budgétaires de l'encéphalite
bovine spongiforme (EBS), l'existence d'une marge budgétaire sous la
rubrique agricole semble souhaitable.
Le budget européen devra en effet faire face à trois types de
dépenses dans les prochains mois :
- les dépenses d'abattage volontaire et de la non-mise sur le
marché des bovins de trente mois au moins (320 millions d'Ecus par an
pendant cinq ans) ;
- les dépenses du programme sélectif et obligatoire d'abattage
des animaux " suspects " pour lesquels il est très difficile
d'établir un coût prévisionnel compte tenu du
caractère fluctuant de la position adoptée par la Grande-Bretagne
;
- les dépenses d'intervention sur le marché au cas où la
consommation de viande bovine serait durablement réduite (le coût
serait de 200 millions d'Ecus pour une baisse de consommation de 100.000
tonnes).
Devant ces incertitudes, il serait donc prudent de maintenir des marges de
disponibilités financières sous la rubrique agricole.
En définitive, la proposition de la Commission ne me semble pas pouvoir
recueillir l'approbation du Sénat. C'est pourquoi je vous propose
d'adopter une proposition de résolution à ce sujet.
Après que
MM. Jacques Genton
et
Yves Guéna
eurent
félicité M. Denis Badré pour la solidité de
son argumentation et exprimé leur accord avec les dispositions de sa
proposition de résolution,
M. Christian
de La Malène
a insisté sur l'importance de la
prochaine révision des perspectives financières qui interviendra
en 1999 et qui devra tenir compte de l'incidence budgétaire du prochain
élargissement. Il serait, selon lui, de mauvaise politique de
procéder actuellement à une révision des perspectives
financières arrêtées par le Conseil européen alors
qu'il faudra très prochainement entreprendre le réexamen de
celles-ci. Et cela d'autant plus que la crise de la viande bovine pourrait
conduire à une réaffectation de crédits sur la ligne
budgétaire agricole en cas d'utilisation des marges actuellement
disponibles.
La délégation a alors unanimement approuvé le
dépôt, par M. Denis Badré, de sa proposition de
résolution sur la proposition d'acte communautaire E 628
(voir
texte ci-après).
PROPOSITION DE RESOLUTION
Le Sénat,
Vu l'article 88-4 de la Constitution,
Vu la proposition de révision des perspectives financières
présentée par la Commission au Parlement européen et au
Conseil en application des paragraphes 11 et 12 de l'accord interinstitutionnel
du 29 octobre 1993 sur la discipline budgétaire et l'amélioration
de la procédure budgétaire,
Se réjouit de la transmission au Parlement, au titre de l'article
88-4 de la Constitution, des projets d'accords interinstitutionnels portant sur
la révision des perspectives financières et demande au
Gouvernement que toutes les propositions relatives à des accords
interinstitutionnels soient désormais transmises au Parlement
;
Considérant que la rigueur budgétaire que s'imposent actuellement
les Etats membres devrait conduire la Commission à adopter le même
comportement en matière de budget européen et que la
véritable économie conduirait à diminuer la contribution
des Etats membres plutôt qu'à réorienter les crédits
disponibles sous plafond vers d'autres dépenses communautaires ;
Considérant que la Commission propose, sans relèvement du plafond
des perspectives financières ni augmentation des crédits de
paiement, de dégager 2,7 milliards d'Ecus de crédits
d'engagement ;
Considérant que ces crédits, qui correspondent aux
dépenses entraînées par la proposition de la Commission,
seraient dégagés par une reclassification des dépenses au
sein des perspectives financières, reclassification qui aurait pour
effet d'accroître les crédits disponibles pour les fonds
structurels, les actions extérieures et les dépenses
administratives ;
Considérant que les demandes de la Commission ne sont pas
justifiées :
- le financement du complément du 4ème programme cadre de
recherche est déjà assuré ;
- une modification de l'ordre des priorités d'action dans le domaine de
la politique extérieure de l'Union n'apparaît pas actuellement
justifiée ;
- la reconstitution de la réserve pour les initiatives communautaires ne
s'impose pas dans l'immédiat ;
- les mouvements de crédits entre la réserve pour aide d'urgence
et le relèvement du plafond de la rubrique des actions
extérieures ne sont pas acceptables dans leur principe ;
- les dépenses immobilières du Parlement européen
n'impliquent pas de révision des perspectives financières ;
- la priorité en faveur des réseaux transeuropéens peut
être assurée dans le cadre budgétaire actuel ;
Considérant que le redéploiement proposé sur la ligne
agricole présente de nombreux risques, tant du point de vue de la
procédure budgétaire qu'au regard de l'utilisation
prévisible des crédits de la ligne agricole ;
Considérant notamment que le principe d'un redéploiement des
dépenses obligatoires vers les dépenses non obligatoires ne doit
pas être admis ;
Considérant que la proposition entraînerait du fait de
l'annulation des économies possibles dans la ligne budgétaire
agricole un relèvement de 2,1 milliards de francs de la
contribution française au budget communautaire ;
Demande au Gouvernement de s'opposer fermement à la proposition de
révision des perspectives financières présentée par
la Commission.
Cette proposition de résolution a été
publiée sous le n° 395 (1995-1996).
Elle a été renvoyée à la commission des Finances,
du Contrôle budgétaire et des Comptes économiques de la
Nation.
La commission des Finances, du Contrôle budgétaire et des Comptes
économiques de la Nation a adopté le 18 juin 1996 une
résolution relative à la proposition d'acte communautaire
E 628.
Cette résolution a été adoptée par le Sénat
le 26 juin 1996 et a été publiée sous le
n° 165 (1995-1996).
Proposition E 653
(Réunion de la délégation du 26 juin 1996)
Présentation du texte par M. Jacques
Genton :
Je souhaite évoquer avec vous l'avant-projet de budget rectificatif
et supplémentaire pour 1996 sur lequel le Gouvernement nous a
demandé de nous prononcer en urgence.
Je pense que vous avez pu prendre connaissance des informations que je vous ai
adressées à ce sujet aujourd'hui même.
Le courrier par lequel M. Lamassoure m'a fait parvenir ce texte
budgétaire et par lequel il demande que nous intervenions en urgence est
daté du 20 juin, mais il ne m'est parvenu par télécopie
que le 24 juin. J'étais alors à Rome pour la COSAC et je ne l'ai
donc découvert que ce matin.
Le Conseil devant statuer demain sur ce texte, il m'a semblé que le
mieux était de vous adresser aussitôt l'ensemble des informations
dont je disposais afin que vous puissiez faire connaître votre opinion au
cours de notre réunion de ce soir.
Comme vous avez pu le constater, il s'agit d'un avant-projet de budget
rectificatif et supplémentaire pour 1996, c'est-à-dire d'une
" loi de finances rectificative " pour la Communauté.
En premier lieu, ce texte prend acte des économies
dégagées dans le secteur agricole et prévoit le
financement des dépenses pour le secteur bovin résultant de
l'encéphalopathie spongiforme bovine. La Commission européenne
propose d'inscrire dans le budget 1,278 milliards d'écus
destinés à financer les mesures d'éradication de la
maladie, d'intervention sur les marchés ainsi que de compensation des
pertes de revenus subies par les producteurs.
En second lieu, ce projet contient des modifications de moindre importance de
certaines lignes budgétaires. La Commission européenne propose de
déduire de la contribution britannique les dépenses
résultant du protocole social adopté en même temps que le
traité sur l'Union européenne, dans la mesure où la
Grande-Bretagne ne participe pas aux actions entreprises dans le cadre de ce
protocole. La Commission propose également d'abonder les lignes
budgétaires consacrées aux dépenses administratives du
Conseil et du Parlement européen, notamment pour financer les travaux
immobiliers du Parlement européen.
Enfin, cet avant-projet de budget rectificatif et supplémentaire
contient d'importantes modifications en ce qui concerne les recettes.
Il prend en compte l'entrée en vigueur de la décision du
31 octobre 1994 relative aux ressources propres, en opérant un
nouveau calcul des contributions des Etats membres, sans que le plafond global
des dépenses soit modifié. Ce nouveau calcul est pratiquement
neutre pour notre pays.
En outre, l'avant-projet prend en compte l'excédent du budget de 1995,
qui a atteint 9,2 milliards d'écus ; ce montant sera
remboursé aux Etats membres. Nous ne pouvons que nous réjouir de
ce remboursement des excédents, dans le contexte actuel de lutte contre
les déficits publics. Il est souhaitable que le Parlement
européen, qui dispose de pouvoirs importants en matière
budgétaire, ne remette pas en cause ce remboursement.
Telles sont les grandes orientations de cet avant-projet de budget rectificatif
et supplémentaire, qui devrait faire l'objet d'un accord au Conseil
demain. Si vous en êtes d'accord, je vous propose que nous n'intervenions
pas sur ce texte.
La délégation a alors décidé de ne pas
intervenir sur la proposition E 653.
AUTRES ACTIVITES
Le vendredi 7 juin, les membres de la
délégation ont participé, conjointement avec ceux de la
délégation de l'Assemblée nationale, à une
rencontre avec plusieurs juges à la Cour de Justice des
Communautés européennes.
MM. Jacques Genton, Claude Estier et Yves Guéna ont
représenté la délégation à la
Conférence des organes spécialisés dans les affaires
communautaires (COSAC) qui s'est tenue à Rome les 24 et 25 juin
1996.
ANNEXE : RECAPITULATIF DES RESOLUTIONS DU SENAT SUR LES PROPOSITIONS D'ACTES COMMUNAUTAIRES (SESSION 1995-1996)
-
n° 1 (1995-1996)
du 12 octobre 1995 :
Coordination des procédures de passation des marchés publics de
services, de fournitures et de travaux et dans les secteurs de l'eau, de
l'énergie, des transports et des télécommunications
(E
404).
- n° 32 (1995-1996)
du 14 novembre 1995 : Exercice d'activités
de radiodiffusion télévisuelle
(E 419).
- n° 53 (1995-1996)
du 27 décembre 1995 : Interconnexion dans
le secteur des télécommunications, ouverture complète du
marché des télécommunications à la concurrence,
communications mobiles et personnelles
(E 467, E 507, E 508 et E 509).
- n° 113 (1995-1996)
du 25 avril 1996 : Organisation commune des
marchés dans le secteur des fruits et légumes et des produits
transformés à base de fruits et légumes
(E 613).
- n° 114 (1995-1996)
du 30 avril 1996 : Conclusion des
négociations avec certains pays tiers dans le cadre de l'article XXIV-6
du GATT
(E 580).
- n° 129 (1995-1996)
du 21 mai 1996 : Développement des
services postaux communautaires
(E 474).
- n° 133 (1995-1996)
du 29 mai 1996 : Egalité de traitement
entre hommes et femmes dans les régimes professionnels de
sécurité sociale
(E 450).
- n° 134 (1995-1996)
du 29 mai 1996 : Prestation de chômage et
de préretraite des travailleurs se déplaçant à
l'intérieur de la Communauté
(E 582 et E 583).
- n° 162 (1995-1996)
du 25 juin 1996 : Association des pays et
territoires d'outre-mer à la Communauté européenne
(E
594).
- n° 165 (1995-1996)
du 26 juin 1996 : Révision des
perspectives financières de la Communauté
(E 628).
- n° 166 (1995-1996)
du 26 juin 1996 : Situation de déficit
public excessif en France
(E 648).
- n° 173 (1995-1996)
du 2 juillet 1996 : Développement des
chemins de fer communautaires
(E 510).
- n° 174 (1995-1996)
du 9 juillet 1996 : Promotion des organisations
non gouvernementales ayant pour but principal la défense de
l'environnement
(E 569).
- n° 175 (1995-1996)
du 9 juillet 1996 : Promotion de
l'efficacité énergétique - SAVE II -
(E 511).
- n° 176 (1995-1996)
du 12 juillet 1996 : Exercice permanent de la
profession d'avocat dans un Etat membre autre que celui où la
qualification a été acquise
(E 405).
(1) Paragraphe 11 de l'Accord interinstitutionnel du 29
octobre 1993 sur la discipline budgétaire : " Indépendamment
des exercices réguliers d'ajustement technique et d'adaptation aux
conditions d'exécution, les perspectives financières peuvent
être révisées, sur proposition de la Commission, pour faire
face à la nécessité d'engager des actions non
prévues à l'origine, dans le respect du plafond des ressources
propres ".
Paragraphe 12 : " En règle générale, une telle
proposition de révision doit être présentée et
adoptée avant le début de la procédure budgétaire
pour l'exercice ou le premier des exercices concernés par cette
révision. La révision des perspectives financières est
adoptée par décision commune des deux branches de
l'autorité budgétaire statuant conformément aux
règles de majorité visées à l'article 203
paragraphe 9 cinquième alinéa du traité ".