Les fonds structurels à mi-parcours de la seconde phase de programmation
Jacques GENTON
Rapport 478 - 1995 / 1996 - délégation du Sénat pour l'Union européenne
Table des matières
-
INTRODUCTION
- I. LA POLITIQUE DE COHESION ECONOMIQUE ET SOCIALE : UNE MISE EN OEUVRE COMPLEXE
- II. L'AUGMENTATION MASSIVE DES MOYENS FINANCIERS : UNE REPONSE ADAPTEE A L'OBJECTIF DE COHESION ECONOMIQUE ET SOCIALE ?
- CONCLUSION
- EXAMEN DU RAPPORT
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
En 1986, l'introduction, dans le traité de Rome, d'un objectif de
cohésion économique et sociale destiné à
accompagner les pays les moins favorisés vers l'ouverture du
marché unique européen s'est traduite par une profonde
réforme des fonds structurels communautaires, rendue nécessaire
par l'adhésion de la Grèce, puis de l'Espagne et du Portugal
à la Communauté.
A partir du 1
er
janvier 1989, il est résulté de
cette volonté politique majeure une augmentation considérable des
moyens financiers disponibles au travers des trois fonds instaurés au
fur et à mesure du développement européen : le Fonds
social européen (FSE), le Fonds européen d'orientation et de
garantie agricole (FEOGA) puis, en 1975, le Fonds européen de
développement régional (FEDER), première expression de
l'objectif de cohésion lié à l'élargissement de la
Communauté.
Cette orientation s'est trouvée confortée, en 1993, par la
ratification du traité de Maastricht : l'objectif initial de
développement économique équilibré au sein de la
Communauté européenne a été relayé, et
amplifié, par l'ambition affichée de la création d'une
Union économique et monétaire. La réussite de celle-ci
supposant le respect par chaque Etat membre de critères de convergence
économique, il était cohérent de prévoir le
rattrapage économique des pays les moins favorisés en soutenant
leurs propres politiques régionales. Une seconde réforme,
négociée lors du sommet d'Edimbourg de décembre 1992, a
prévu, en conséquence, une nouvelle augmentation massive des
fonds structurels, accompagnée d'un aménagement des textes -de
portée moindre qu'en 1988- afin d'en simplifier et d'en valoriser
l'utilisation sur la base de l'expérience acquise au cours de la phase
précédente.
La politique régionale européenne est désormais le
deuxième poste de dépense après la politique agricole
commune : elle porte, pour la période 1994-1999, sur 141,
471 milliards d'écus (valeur 1992). L'avant-projet de budget
communautaire pour 1997 prévoit ainsi 41,8 milliards d'écus
pour la politique agricole (47 %) et 31,4 milliards d'écus au
titre des fonds structurels (35 %).
Cet accroissement considérable des moyens financiers avait
déjà retenu l'attention de la délégation pour les
Communautés européennes lors de l'élaboration de la
seconde réforme de 1993
(1(
*
))
.
Il a semblé utile, à mi-parcours de la période de
référence, de faire le point de l'utilisation de ces fonds afin
d'éclairer les orientations à arrêter pour la poursuite de
la politique européenne régionale jusqu'en 1999, année
d'achèvement de la seconde phase de programmation structurelle, qui sera
marquée par l'entrée dans la troisième phase de l'Union
économique et monétaire, au moment même où se
précisera la perspective de l'élargissement de la
Communauté à de nouveaux adhérents.
I. LA POLITIQUE DE COHESION ECONOMIQUE ET SOCIALE : UNE MISE EN OEUVRE COMPLEXE
A. LA DIVERSITE DES INSTRUMENTS COMMUNAUTAIRES DE L'ACTION STRUCTURELLE
1. Des fonds structurels spécialisés
La majeure partie de l'action régionale de la Communauté est financée par quatre fonds structurels qui peuvent désormais intervenir seuls ou en synergie sur certains programmes communs.
a) Le FEDER, au service du développement local
Créé en 1975, le Fonds européen de
développement régional (FEDER) a pour mission de corriger les
déséquilibres régionaux dans la Communauté et de
contribuer au développement des régions les moins
favorisées auquel il doit consacrer 80 % de ses crédits.
Son intervention concerne trois types d'actions principales :
· les investissements productifs permettant la création ou le
maintien d'emplois durables ;
· les investissements en infrastructures ;
· les mesures de soutien au développement local et aux
activités des petites et moyennes entreprises.
En outre, le FEDER peut contribuer, dans la limite de 1 % de sa dotation
annuelle, au financement communautaire d'études menées à
l'initiative de la Commission et de projet pilotes.
b) Le FEOGA section orientation, affecté au développement agricole et rural
Le Fonds européen d'orientation et de garantie agricole
pour sa section "orientation " concourt, d'une part, à
l'amélioration des structures agricoles et de l'industrie
agro-alimentaire et, d'autre part, au développement des zones rurales
(1(
*
))
.
Il intervient essentiellement par des aides consacrées à
l'installation des jeunes agriculteurs, aux investissements et aux zones
souffrant de handicaps naturels permanents.
Il contribue également aux opérations de reconversion, de
diversification et de réorientation et finance les actions visant le
développement durable du milieu rural, les investissements artisanaux et
touristiques, ainsi que l'amélioration de l'habitat agricole et rural.
Enfin, le FEOGA-orientation peut, dans la limite de 1 % de sa dotation
annuelle, financer la réalisation de projets pilotes concernant
l'adaptation des structures agricoles et la promotion du développement
rural, de projets de démonstration, de mesures d'informations et de
diffusion des connaissances.
c) Le FSE, dévolu à l'emploi
Créé dès la signature du Traité de
Rome, en 1957, le Fonds social européen (FSE) a pour vocation de
compléter les politiques menées par les Etats membres en
matière d'emploi, d'insertion dans le monde du travail et de formation
professionnelle.
La réforme de 1993 a largement redéfini son champ d'intervention,
en termes d'actions, de zones géographiques et de personnes
bénéficiaires, et a assoupli ses règles de fonctionnement.
Le FSE intervient essentiellement pour le financement de programmes de lutte
contre le chômage de longue durée, de formation professionnelle,
notamment en fonction des besoins des PME, d'insertion des jeunes sur le
marché du travail, d'égalité entre hommes et femmes en
matière d'emploi et d'aide à l'intégration des personnes
exposées à l'exclusion du marché du travail.
Au-delà de ces secteurs où il intervient seul, le FSE est tenu
d'apporter son concours à la réalisation d'opérations de
développement régional en complément du FEDER et du
FEOGA-orientation.
Enfin, le FSE peut également contribuer, dans la limite de 1 % de
sa dotation annuelle, au financement d'études menées à
l'initiative de la Commission ou de projets pilotes concernant l'échange
d'expériences ou le transfert de savoir-faire, le marché du
travail au niveau communautaire ou la politique européenne de formation
professionnelle.
d) L'IFOP, réservé au secteur de la pêche
Nouvellement créé en 1993, l'IFOP, instrument
financier d'orientation de la pêche, regroupe et consolide les moyens
affectés jusqu'alors aux secteurs de la pêche et de l'aquaculture,
ainsi qu'à la transformation et la commercialisation de leurs produits.
Entre dans sa mission toute action favorisant la recherche d'un
équilibre durable entre les ressources et leur exploitation, la
compétitivité des structures d'exploitation et le
développement d'entreprises économiquement viables dans ce
secteur, l'approvisionnement et la valorisation des produits de la pêche
et de l'aquaculture.
Au fur et à mesure de l'élaboration de la politique
régionale européenne, les fonds structurels ont été
affectés à des missions d'une grande diversité, allant du
plus général -l'emploi communautaire- au plus particulier -le
secteur de la pêche- au gré des difficultés
rencontrées lors des élargissements successifs de l'Union.
A cette juxtaposition d'objectifs dont les frontières sont parfois
difficilement cernables, correspond le fait que les différents fonds
doivent désormais intervenir conjointement sur un même projet,
sous la forme d'aides non remboursables. En application de sa vocation plus
généraliste, le FSE peut être associé à tous
les autres fonds structurels.
2. Des instruments à vocation générale
En plus des fonds structurels, l'action régionale communautaire dispose d'instruments d'intervention à vocation non plus thématique mais géographique (le fonds de cohésion) ou financière (la Banque européenne d'investissement).
a) Le fonds de cohésion
Décidé lors du Conseil d'Edimbourg
(2(
*
))
pour aider les pays dont le PIB par habitant est
inférieur à 90 % de la moyenne communautaire, le Fonds de
cohésion bénéficie à quatre Etats membres : la
Grèce, le Portugal, l'Irlande et l'Espagne qui peuvent y
prétendre pour l'ensemble de leur territoire.
Dotés de 15,5 milliards d'écus (46 milliards de francs) sur sept
ans (1993-1999), ces crédits concrétisent le doublement effectif
des fonds disponibles pendant la période de référence.
L'effet de levier attendu par ce dispositif repose sur le fait qu'à
l'augmentation des fonds structurels doit correspondre un accroissement
proportionnel des interventions publiques ou privées nationales.
L'objectif du Fonds de cohésion est le soutien de projets
individualisés dans le domaine de l'environnement et des réseaux
transeuropéens d'infrastructures de transports. Compte tenu du fait que
le FEDER et le FEOGA-orientation ont vocation à intervenir pour certains
programmes entrant dans le champ d'action du Fonds de cohésion, le
règlement précise qu'un projet financé par ce dernier ne
peut être éligible aux fonds structurels.
b) La BEI
L'importance de la contribution de la Banque européenne
d'investissement (BEI) à l'objectif de cohésion économique
et social a été consacrée par le Traité sur l'Union
européenne. L'article 198E lui impartit la mission de participer au
financement de
" projets envisageant la mise en valeur des
régions moins développées
", en coordonnant ses
actions avec celles des fonds structurels et des autres instruments financiers
de la Communauté.
Ainsi, en 1994, la BEI a effectivement accordé 17,7 milliards
d'écus de prêts à l'intérieur de la
Communauté -dont 12 milliards d'écus alloués aux
régions en retard de développement ou souffrant d'un
déclin industriel- sur un total de 20 milliards d'écus. Ces
financements ont concerné à hauteur de 31 % des projets
ayant bénéficié de subventions des fonds structurels
B. LA RIGIDITE DES PRINCIPES DE L'ACTION STRUCTURELLE
Depuis 1989, et plus encore avec la réforme mise en
oeuvre en juillet 1993, l'action des fonds structurels est fondée sur le
respect de quatre principes :
- le principe de concentration de l'intervention communautaire sur des
objectifs désignés,
- le principe de programmation des opérations,
- le principe de partenariat entre les différents intervenants nationaux
et communautaires,
- le principe d'additionnalité des financements locaux et
européens.
Il résulte de l'application de ces principes une définition
précise des objectifs poursuivis par l'action structurelle et une mise
en oeuvre commune des moyens tout au long de la procédure.
1. Les objectifs poursuivis
Prenant en compte les critiques formulées alors par la
Cour des comptes et le Parlement européen et portant notamment sur
l'absence de cohérence des projets avec les objectifs communautaires et
le manque de programmes globaux d'intervention, la réforme de 1988 a
souhaité encadrer plus précisément les projets
éligibles aux fonds structurels.
L'action communautaire est désormais centrée sur cinq, puis six
(3(
*
))
objectifs prioritaires de développement
ainsi définis :
a) Les objectifs à vocation régionale
Ne sont éligibles à ces objectifs que certaines
zones nommément désignées.
Objectif 1
: promouvoir le développement et l'ajustement
structurel des régions en retard de développement.
Sont considérées comme telles les zones dont le produit
intérieur brut par habitant est inférieur à 75 % de
la moyenne communautaire. S'y ajoutent des zones spécifiquement
désignées pour être assimilées à cette
catégorie en raison de particularismes locaux.
La liste arrêtée en 1988 ayant été ainsi
allongée en 1993, notamment par l'intégration des nouveaux
länder allemands, la population concernée est passée de
21,6 % à 26,6 % pour la période 1994-1999.
LISTE ARRÊTÉE PAR LE CONSEIL DES RÉGIONS
CONCERNÉES
PAR L'OBJECTIF 1
Belgique
: Hainaut
Allemagne
: Brandenburg, Mecklenburg-Vorpommern, Ost-Berlin, Sachsen,
Sachsen-Anhalt, Thüringen
Grèce
: la totalité du pays
Espagne
: Andalucia, Asturias, Cantabria, Castilla y Leon, Castilla-La
Mancha, Centa y Melilla, Comunidad Valenciana, Extremadura, Galicia, Islas
Canarias, Murcia
France
: départements français d'outre-mer (DOM), Corse,
arrondissements d'Avesnes, de Douai et de Valenciennes
(1)
Irlande
: la totalité du pays
Italie
: Abruzzi (1994-1996), Basilicata, Calabria, Campania, Molise,
Puglia, Sardegna, Sicilia
Pays-Bas
: Flevoland
Portugal
: la totalité du pays
Royaume-Uni
: Highlands and Islands Enterprise area, Merseyside,
Northern Ireland.
Autriche
: Burgenland.
(1) Ces arrondissements ont été ajoutés en 1993,
à titre exceptionnel, pour leur continuité avec le Hainaut belge
classé en objectif 1
Objectif 2
: reconvertir les zones en déclin industriel.
Il s'agit de zones dont le taux de chômage et le taux d'emploi industriel
sont supérieurs à la moyenne communautaire et qui connaissent un
déclin structurel de cette catégorie d'emplois. Depuis la
réforme de 1993, la liste en est fixée par la Commission, sur
proposition des Etats membres, selon des critères
pré-définis, qui ont été élargis pour tenir
compte du contexte économique et, notamment, de l'augmentation du
chômage.
A l'inverse des autres objectifs des fonds structurels qui s'étendent
sur une période de six ans, l'objectif 2 a été
instauré pour deux périodes successives de trois ans afin
d'évaluer la situation après cette première étape
et de consulter les Etats membres sur leur volonté de proroger la
situation antérieurement arrêtée.
La révision acquise en mai 1996 n'impliquera pas de modifications
profondes, la nécessité d'une continuité entre les deux
périodes de programmation ayant été reconnue. Elle ne
concernera que, sur des points mineurs, l'Espagne, l'Italie et les Pays-Bas,
entraînant des transferts entre régions sans effets sur le nombre
total des personnes bénéficiaires, soit 16,8 % de la
population de la Communauté.
La Commission a souhaité que les Etats membres puissent présenter
leur programme avant le mois de juillet 1996 afin que la seconde période
de trois ans prenne effet, comme prévu, en janvier 1997.
Selon Mme Monika Wulf-Mathies, Commissaire européen aux affaires
régionales, quatre priorités devraient être retenues pour
les trois prochaines années : la création d'emplois, la promotion
de la recherche et du développement, la protection de l'environnement et
l'égalité des chances entre hommes et femmes.
Pour cette seconde phase, les fonds devraient augmenter par rapport à la
première étape et passer ainsi de 7 à 8,15 milliards
d'écus, soit une enveloppe globale de plus de 15 milliards
d'écus.
Objectif 5b
: promouvoir le développement des zones rurales
vulnérables.
Sont considérées comme zones rurales vulnérables celles
qui présentent un bas niveau de développement
socio-économique, et qui répondent en outre à deux des
trois critères suivants :
- taux élevé d'emplois agricoles,
- bas niveau de revenus agricoles,
- faible densité de population ou tendance au dépeuplement.
La liste en est établie en liaison avec celle des régions
ressortissant à l'objectif 2, la superposition des objectifs 2 et 5b
étant interdite. Arrêtée le 26 janvier 1994, elle
témoigne d'une augmentation importante des régions
éligibles : sont classés dans cet objectif
28,5 millions d'habitants -8,2 % de la population européenne-
contre 16,6 millions lors de la période précédente,
soit une augmentation de 72 %.
Globalement, le pourcentage de populations couvertes par les trois objectifs
régionaux pour la période 1994-1999 est le suivant :
Pays |
Objectifs |
Total
|
||
|
1 |
2 |
5b |
|
Belgique |
12,8 |
14,0 |
4,2 |
31,0 |
Danemark |
- |
8,8 |
6,4 |
15,2 |
Allemagne |
20,7 |
8,8 |
9,6 |
39,1 |
Grèce |
100 |
- |
- |
100 |
Espagne |
59,7 |
20,3 |
4,4 |
84,4 |
France |
4,4 |
25,9 |
17,2 |
47,5 |
Irlande |
100 |
- |
- |
100 |
Italie |
36,7 |
10,8 |
7,8 |
55,3 |
Luxembourg |
- |
34,2 |
7,3 |
41,5 |
Pays-Bas |
1,5 |
17,3 |
5,1 |
23,9 |
Portugal |
100 |
- |
- |
100 |
Royaume-Uni |
5;9 |
31,0 |
4,9 |
41,8 |
Ensemble de l'UE
(12)
|
26,6 |
16,8 |
8,2 |
51,6 |
Objectif 6
: Les zones à très faible
densité de population.
Objectif ajouté aux précédents à l'issue de
l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Union
européenne, celui-ci n'a vocation à couvrir que les zones
arctiques semi-désertiques où l'on compte au plus
8 habitants au km
2
.
b) Les objectifs à vocation nationale
Ces objectifs " horizontaux " sont
applicables
à l'ensemble du territoires des Etats membres, hormis les régions
en retard de développement qui bénéficient d'action
semblables dans le cadre de l'objectif 1.
Objectif 3
: Lutter contre l'exclusion du marché du travail et
faciliter l'insertion professionnelle des jeunes.
Dans toute la Communauté, sont concernés les travailleurs dont la
situation professionnelle est menacée par les mutations de l'industrie
et des systèmes de production. Les actions à mener se rapportent
à la lutte contre le chômage de longue durée, l'insertion
professionnelle des jeunes et l'intégration des personnes
menacées d'exclusion du marché du travail. Ces deux aspects,
scindés en objectifs distincts en 1988 ont été
regroupés dans le même objectif 3 par la réforme de 1993.
Objectif 4
: Faciliter l'adaptation des travailleurs aux mutations
industrielles et à l'évolution des systèmes de production.
Il s'agit d'un nouvel objectif créé lors de la réforme de
1993 qui ajoute une dimension préventive à la lutte contre le
chômage, notamment par le développement des emplois
qualifiés.
Objectif 5a
: Accompagner l'évolution des structures de
production.
Dans toute la Communauté, cet objectif vise les exploitants agricoles,
les pêcheurs et les acteurs économiques concernés par la
transformation ou la commercialisation des produits de ces secteurs
confrontés à l'évolution des structures de production.
Tout en conservant son but initial d'adaptation des structures agricoles,
l'objectif 5a intègre, depuis 1993, l'aide à la modernisation et
à la restructuration de la pêche.
Objectifs |
Fonds contributeurs |
Régions concernés |
Développement et ajustement structurel des régions en retard de développement |
FEDER
FSE FEOGA-orientation |
Liste arrêtée par le
Conseil et comprenant :
|
Reconversion des régions gravement affectées par le déclin industriel |
FEDER
|
Liste arrêtée pour
trois ans par la Commission,
sur proposition des Etats membres, des régions, régions
frontalières ou parties de région, y compris les bassins
d'emplois et les communautés urbaines comportant :
|
Lutte contre le chômage de longue durée et l'exclusion du marché du travail |
FSE |
Ensemble du territoire |
Adaptation des travailleurs aux mutations industrielles et à l'évolution des systèmes de production |
FSE |
Ensemble du territoire |
Promotion du développement
rural
|
FEOGA-orientation
|
Ensemble du territoire |
5b : développement et ajustement structurel des zones rurales |
FEOGA-orientation
|
Liste arrêtée par la
Commission, sur proposition
des Etats membres, des zones rurales non incluses dans les régions
couvertes par l'objectif 1, présentant un faible niveau de
développement socio-économique (mesurée sur la base du PIB
par habitant) et remplissant deux au moins des critères suivants :
|
Développement des régions semi-désertiques |
FEDER
|
Régions arctiques
dont la densité de population
n'excède pas 8 habitants au km
2
|
2. Une procédure partenariale
a) Partenariat et programmation
Abandonnant une logique de projets, la réforme de 1988
a privilégié une logique de programmes pour favoriser une
approche globale de la politique structurelle. Les programmes pluriannuels de
programmation résultent d'un processus de décision partenariale,
en étapes successives, jusqu'à la prise en charge finale des
projets.
La règle
Dans l'esprit de la démarche structurelle européenne, qui
consiste à accompagner le développement local, les
procédures de mise en oeuvre des fonds reposent sur l'élaboration
de programmes de développement arrêtés en commun par les
différents partenaires concernés : les Etats membres, les
collectivités locales et la Commission européenne.
Au-delà, ce partenariat pourrait être élargi à
d'autres acteurs, notamment aux responsables économiques et sociaux,
ainsi que le souhaite la Commission, mais avec des résultats très
variables selon les Etats membres, en fonction de leurs propres
spécificités.
-
L'initiative nationale
L'initiative nationale trouve sa traduction en termes d'objectifs et de
financement :
- soit dans des plans de développement, présentés par
l'Etat et négociés avec la Commission pour aboutir à des
cadres communautaires d'appui (CCA), servant à leur tour de base aux
programmes ;
- soit dans des documents uniques de programmation (DOCUP)
(4(
*
))
, conçus pour accélérer et
simplifier les procédures de programmation : ils comprennent
dès l'origine les priorités de l'intervention communautaire et
les mesures concrètes programmées et sont donc
immédiatement opérationnels, dès acceptation par la
Commission.
Sur l'ensemble des objectifs, les Etats membres ont massivement opté
pour la procédure simplifiée de DOCUP : à fin 1995,
près de 170 DOCUP ont ainsi été adoptés,
contre 14 CCA, le recours au CCA étant plus particulièrement
justifié pour les Etats membres dont le territoire est
entièrement ou très largement intégré dans
l'objectif 1.
-
L'initiative communautaire
Novation de la réforme de 1993, la Commission européenne
elle-même peut élaborer des orientations débouchant sur des
programmes d'initiative communautaire proposés par les Etats. En
principe, les projets ainsi décidés sont ceux ayant une incidence
communautaire particulière qui transcendent les intérêts
des Etats membres et qui viennent compléter l'action de chacun des
objectifs.
La contribution totale des initiatives communautaires s'élève
à 13,45 milliards d'écus pour la période 1994-1999
(prix 1994), contre 3,8 milliards d'écus (prix 1989) pour les 14
initiatives communautaires arrêtées sur la période
1989-1993.
La Commission a publié, en juillet 1993, un " Livre vert sur les
initiatives communautaires ", présentant ses principales
orientations quant à leur contenu. Celles-ci ont été
définitivement arrêtées en juin 1994, en tenant compte
des diverses réactions qu'avait suscité le document initial.
Pour 1994-1999, sept thèmes ont été retenus pour encadrer
les programmes proposés par les Etats membres et adoptés par la
Commission ; plusieurs d'entre eux traduisent un souhait de
continuité avec la phase précédente :
. la coopération transfrontalière : INTERREG (2,9 milliards
d'écus), la plus importante des initiatives communautaires a pour objet
la préparation des régions frontalières à
l'achèvement du marché unique et les problèmes
spécifiques de développement économique des régions
frontalières intérieures et extérieures de la
Communauté ;
. le développement local en milieu rural : LEADER (1,4 milliard
d'écus) ;
. le soutien aux régions ultra-périphériques : REGIS
(0,6 milliard d'écus) ;
. l'intégration professionnelle des femmes, des jeunes et de groupes
défavorisés : EMPLOI (1,4 milliard d'écus) ;
. l'adaptation aux mutations industrielles : ADAPT, PME, RECHAR, KONVER,
RESIDER, RETEX, etc (3,8 milliards d'écus) ;
. la politique urbaine : URBAN (0,6 milliard d'écus) ;
. la restructuration de la pêche : PESCA (0,25 milliard d'écus)
(5(
*
))
.
L'exception : les actions novatrices
Par exception au principe de programmation en partenariat, la Commission
européenne mène, de sa propre initiative et avec des moyens
financiers spécifiques, certaines actions novatrices destinées
à ébaucher des politiques nouvelles.
Quatre priorités ont été fixées pour 1994-1999 :
. la coopération interrégionale : coopération entre
autorités locales, coopération avec les régions de pays
tiers voisins...
. l'aménagement de l'espace européen : programme
" Europe 2000 " (évolution du territoire européen,
cartographie...), cofinancement de plans d'aménagement ou
d'études de faisabilité...
. le développement économique régional : valorisation
des ressources locales, technologie et télécommunications dans
les régions les moins favorisées, patrimoine culturel.
. le développement des politiques urbaines : financement des actions
intégrées dans les quartiers à problème des villes
européennes.
Les actions novatrices représentent environ 1 % de l'ensemble des
financements structurels, la démarche partenariale équivalant
à 90 % au titre des initiatives nationales et 9 % pour les
initiatives communautaires.
b) Partenariat et additionnalité
L'action communautaire est conçue comme un
complément des actions nationales : en conséquence, le
financement européen n'est possible que s'il s'ajoute à un
financement national, étatique ou local, public ou privé.
L'objectif de ce principe d'additionnalité est de faire en sorte que les
fonds structurels viennent accroître l'effort national en faveur des
régions ou des actions concernées, de telle sorte que le
financement communautaire produise un effet de levier sur les financements
nationaux. L'aide de la Communauté n'a donc pas pour vocation de se
substituer à l'investissement national et de permettre un
désengagement de l'Etat, voire d'abonder son propre budget.
La contribution de l'Union est toujours évaluée en proportion des
dépenses publiques consenties par les Etats membres et les
collectivités locales. Ainsi, la participation communautaire
accordée pour les différents objectifs est soumise aux limites
suivantes :
75 % au plus et 50 % au moins des dépenses publiques pour les
opérations intervenant dans les régions incluses dans l'objectif
1. Lorsque ces régions appartiennent à l'un des quatre Etats
bénéficiaires du Fonds de cohésion, cette participation
peut, à titre exceptionnel, s'élever à 80 % du
coût total et 85 % pour les régions
ultra-périphériques.
50 % au plus et 25 % au moins des dépenses publiques pour les
mesures appliquées dans les autres régions.
A ces principes spécifiquement définis en matière d'action
structurelle, il convient d'ajouter
le principe
, plus
général,
de subsidiarité,
consacré par le
Traité de Maastricht qui implique que les institutions communautaires ne
doivent et ne peuvent agir que si un objectif ne peut être
réalisé de manière satisfaisante à un niveau moins
élevé. Ce principe trouve sa pleine application dans le domaine
de l'action structurelle : il appartient donc aux autorités
compétentes sur le plan national de sélectionner les projets
à financer et d'assurer leur mise en oeuvre.
II. L'AUGMENTATION MASSIVE DES MOYENS FINANCIERS : UNE REPONSE ADAPTEE A L'OBJECTIF DE COHESION ECONOMIQUE ET SOCIALE ?
A. LE VOLUME DES SUBVENTIONS AFFECTE A LA POLITIQUE SECTORIELLE
Le Conseil européen d'Edimbourg a affecté
globalement aux actions structurelles 141,5 milliards d'écus
(6(
*
))
pour la période de 1994-1999, ainsi
répartis :
(Millions d'écus, base 1992)
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Total |
Fonds de cohésion |
1.750 |
2.000 |
2.250 |
2.500 |
2.550 |
2.600 |
13.650 |
Fonds structurels
|
20.135
|
21.480
|
22.740
|
24.026
|
25.690
|
27.400
|
141.471
|
Total actions structurelles |
21.885 |
23.480 |
24.990 |
26.526 |
28.240 |
30.000 |
155.121 |
Les crédits disponibles correspondent à un
doublement du montant cumulé des dépenses structurelles pour la
période 1989-1993, fixé à 60,8 milliards
d'écus (prix 1989), cette dotation consacrant déjà
elle-même un doublement des fonds précédemment
accordés. Entre 1988 et 1999, les aides structurelles annuelles
passeront ainsi de 7,68 milliards d'écus (base 1988) à
27,4 milliards d'écus (base 1992).
Rapportée au budget communautaire, la part des fonds structurels, qui
s'élevait à 12 % en 1984, atteint 30 % en 1994 et
s'élèvera à 35 % en 1999.
1. La répartition financière par Etats membres
Sur l'enveloppe globale -hors fonds de cohésion- de
141,47 milliards d'écus (prix 1992) pour douze pays membres alors,
la répartition s'effectue ainsi (en milliards d'écus)
(7(
*
))
:
Espagne |
30,3 |
Italie |
18,8 |
Allemagne |
18,6 |
Grèce |
14 |
Portugal |
14 |
France |
11,1 |
Royaume-Uni |
9,1 |
Irlande |
5,6 |
Pays-Bas |
1,8 |
Belgique |
1,6 |
Danemark |
0,5 |
Luxembourg |
0,07 |
Compte tenu de la population respective de chacun des Etats
membres, la répartition des fonds structurels par pays et par habitant
(*)
témoigne plus nettement de l'effort financier produit en
faveur des quatre pays éligibles au fonds de cohésion :
Irlande |
1653 écus par habitant |
Portugal |
1555 |
Grèce |
1444 |
Espagne |
833 |
Italie |
358 |
Allemagne |
251 |
France |
216 |
Luxembourg |
200 |
Belgique |
181 |
Grande-Bretagne |
175 |
Pays-Bas |
132 |
Danemark |
111 |
(*) Hors fonds de cohésion. Y compris initiatives communautaires. Objectif 2 pour la seule période 1994-1996. Population au 1.1.1995 - Source : Eurostat |
Pour les quatre Etats membres du fonds de cohésion, les
crédits globalement disponibles doubleront en termes réels entre
1992 et 1999. Ainsi, l'allocation par habitant s'élèvera de 1130
à 1604 écus contre 1028 pour l'ensemble des régions de
l'objectif 1.
Récemment membres, l'Autriche, la Suède et la Finlande
bénéficient également des fonds structurels, soit au titre
des objectifs existants, soit au titre du nouvel objectif 6 destiné
au soutien des régions arctiques à faible densité de
population. Au total, les régions les moins riches des trois nouveaux
adhérents recevront 5,9 milliards d'écus au titre des fonds
structurels sur 1995-1999, qui s'ajouteront à l'enveloppe de
141,47 milliards d'écus déjà décidée
pour l'Europe des douze.
2. La répartition financière par objectif
La seconde phase de programmation reste marquée par une
concentration renforcée des ressources : la priorité continue
d'être accordée aux régions en retard de
développement (objectif 1), qui bénéficient depuis la
réforme de 1993 de près de 70 % de l'ensemble des fonds
disponibles contre 60 % auparavant, et de 73 % si l'on y inclut le fonds de
cohésion.
En outre, pour l'objectif 2, plus de 15 milliards d'écus, soit 11 % de
l'enveloppe totale des fonds structurels pour la période de
référence sont prévus.
En conséquence, près de 80 % des ressources des fonds
structurels seront concentrés, d'ici à 1999 sur les
régions en retard de développement et sur celles en déclin
industriel.
Objectif 1
|
93,8 milliards d'écus
|
Objectif 2
|
7 milliards d'écus
(8(
*
))
|
Objectifs 3 et 4
|
13,93 milliards d'écus
|
Objectif 5a
|
4,6 milliards d'écus
|
Objectif 5b
|
6,13 milliards
d'écus
|
3. La dotation française
a) Les objectifs à vocation régionale
L'objectif 1 :
l'aide aux régions en
retard de développement représente en France une participation
des fonds structurels d'environ 15 milliards de francs
(2,19 milliards d'écus). Cette aide couvre six
régions :
- la Corse
- une partie de la région Pas-de-Calais (pour éviter des
distorsions de concurrence à la suite du classement du Hainaut belge
dans l'objectif 1 lors de la réforme de 1993)
- les quatre départements d'outre-mer.
Ce zonage regroupe environ 2,5 millions de français (4,4 % de
la population contre 3 % précédemment) recevant chacun une
contribution de 5.700 francs (866 écus). L'intervention est
accordée en priorité :
- au développement de l'emploi productif par des aides directes aux
entreprises (30 % environ de l'ensemble des concours des fonds structurels
et 25 à 30 % du FEDER) ;
- à la protection et à l'amélioration de l'environnement,
en particulier pour la valorisation des ressources d'intérêt
touristique (20 % du concours FEDER en Corse et dans les DOM) ;
- à la poursuite de l'implantation des grandes infrastructures de
désenclavement externe (DOM), mais également de desserte
routière interne (à la Réunion et en Martinique) ;
- au renforcement de la formation professionnelle.
L'objectif 2 :
l'aide à la reconversion des zones
industrielles en déclin est répartie sur une cinquantaine de
territoires ou bassins situés dans 19 des 22 régions
métropolitaines, regroupant 14,6 millions d'habitants, -26 %
de la population nationale- soit une extension significative par rapport
à la période précédente (17,5 % de la
population).
Ces régions bénéficient d'environ 12 milliards de
francs (1,765 milliard d'écus) pour la première phase de
trois ans (1994-1996). La contribution communautaire par habitant est de
121 écus (800 F), correspondant à la moyenne
européenne, et est concentrée sur l'investissement productif et
les ressources humaines.
Les principales priorités d'action portent sur la création de
nouveaux emplois et le maintien de l'emploi existant, ainsi que sur la
compétitivité des entreprises.
L'objectif 5b :
l'aide aux zones rurales fragiles ou
dépeuplées est particulièrement importante en France
puisque, premier bénéficiaire de cet objectif, elle absorbe
37 % des crédits disponibles, soit environ 2,24 milliards
d'écus (15 milliards de francs) sur les 6,13 milliards
d'écus affectés à cette politique.
Les zones bénéficiaires sont disséminées sur
18 régions et touchent 17 % de la population française,
soit 9,8 millions d'habitants contre 6 millions durant la phase
précédente. La contribution par habitant s'élève
à 229 écus (1.500 F) contre 215 pour la moyenne
européenne, devant tous les autres pays à l'exception de
l'Espagne et du Royaume-Uni.
Les priorités de développement sont au nombre de cinq :
création d'infrastructures de base nécessaires au
développement économique ; adaptation de l'agriculture,
valorisation de la forêt et de la filière bois, diversification
des activités économiques (PME, artisanat et tourisme) et
création d'emplois ; mise en valeur de l'environnement et des
ressources naturelles ; amélioration du cadre de vie et protection
du patrimoine ; développement des ressources humaines en soutien
aux différentes interventions des programmes.
Globalement, près de la moitié de la population française
bénéficie d'aides communautaires au titre des trois objectifs
régionaux.
b) Les objectifs à vocation nationale
L'objectif 3 :
la lutte contre le chômage
de longue durée et l'exclusion du marché du travail
représente à elle seule 21 % de l'enveloppe des fonds
disponibles pour la France.
L'objectif 4 :
l'adaptation des travailleurs aux mutations
industrielles passe par un effort de formation et par l'aide à la
mobilité professionnelle.
Au titre de ces deux objectifs pour la période 1994-1999, la France
bénéficie de 20 milliards de francs (3,2 milliards
d'écus).
L'objectif 5 a :
au titre de l'adaptation des structures
agricoles et de la modernisation de la pêche, la France recueille
36 % du budget total de cet objectif, soit plus de 12 milliards de
francs (1,7 milliards d'écus).
Les actions visent en priorité le développement de la
filière agro-alimentaire, l'amélioration de la qualité des
produits et l'environnement des exploitations agricoles.
Au total, 50 % de la population française
bénéficie, à un titre ou à un autre, de
crédits d'origine communautaire pour un montant global de
84 milliards de francs (12,7 milliards d'écus).
B. LES INTERROGATIONS SOULEVÉES PAR L'USAGE DES FONDS STRUCTURELS
1. A-t-on surestimé les fonds structurels ?
L'augmentation du volume financier mis au service de la politique structurelle ne se justifie que par l'efficacité des actions entreprises et par l'utilisation effective et pertinente des fonds disponibles. Or, sur ces deux aspects, les premières constatations ne sont pas convaincantes.
a) Peut-on mesurer l'efficacité économique de l'action structurelle communautaire ?
Une appréciation délicate
Mesurer l'efficacité des politiques structurelles reste un exercice
difficile : s'il est aisé de comparer, en début et en fin de
période, des statistiques économiques, il est délicat
d'apprécier la part effective prise par l'action communautaire dans
certaines évolutions positives. Plus encore, comment estimer de
manière objective l'amélioration de l'environnement ou la
formation des populations qui font également partie de l'objectif de
cohésion économique et sociale ?
Le rapport du Parlement européen, en date du 19 octobre 1995, sur
le cinquième rapport annuel de la Commission relatif à la mise en
oeuvre de la réforme des fonds structurels en 1993 fait montre de la
même perplexité en reconnaissant tout à la fois que
"
les fonds structurels devraient contribuer au rapprochement des
régions et que, néanmoins, des différences notables
persistent entre les régions riches et pauvres en dépit
d'importantes aides financières
", puis que si
"
trois
des quatre Etats membres les moins développés de l'Union ont
enregistré, au cours de la période 1988-1993, un taux de
croissance nettement supérieur à la moyenne communautaire (...),
une évaluation fondée exclusivement sur le PIB se
révèle insuffisante
".
En se bornant à une approche objective, on observe les effets les plus
perceptibles de l'intervention communautaire dans les régions de
l'objectif 1 où les sommes engagées sont les plus importantes et,
pour une large part, consacrées à des infrastructures par
définition plus " visibles ".
On peut estimer que l'intervention structurelle suscite un premier effet direct
d'augmentation du revenu régional du fait de l'investissement
réalisé, puis un effet induit résultant de l'utilisation
des ressources supplémentaires ainsi dégagées.
Ce mécanisme comporte par ailleurs des conséquences non
négligeables sur les économies des régions non
bénéficiaires. En contribuant, par le biais des fonds
structurels, au développement des régions
défavorisées, les régions les plus avancées en
recueillent elles-mêmes certains avantages : on estime par exemple que
1/5
è
à 1/3 des sommes ainsi investies leur reviennent
sous forme de vente de savoir-faire ou de fourniture de matériel.
Le dispositif, dans son ensemble, a donné jusqu'ici des résultats
inégaux mais parfois encourageants.
Des résultats contrastés
- En termes de croissance
La croissance du PIB de la Communauté a été de 1,7 %
en moyenne annuelle sur la période 1989-1993. Les résultats
obtenus en Espagne et au Portugal -respectivement 2,4 % et 2,3 %-
sont supérieurs à la moyenne communautaire.
De même, au regard des critères fixés par le Traité,
les excellents résultats obtenus par l'Irlande -notamment un taux de
croissance annuel de 4 % sur la période 1991-1994- en font un des
Etats membres les mieux placés pour adhérer à l'Union
économique et monétaire, bien que le taux de chômage y
demeure important.
En revanche, la Grèce et même l'Italie n'ont pas rattrapé
leur retard par rapport à la moyenne communautaire.
- En termes d'emploi
L'appréciation de l'effet des fonds structurels sur le niveau d'emploi
est plus encore approximative puisque, au cours de la période de
référence, la situation de l'emploi s'est dégradée
dans la majeure partie des Etats membres à l'exception du Portugal.
- En termes de convergence des critères économiques
La Commission européenne a appliqué pour la première fois,
en juin 1996, les dispositions du Fonds de cohésion prévoyant que
ce financement spécifique pourrait être suspendu si les pays
bénéficiaires ne respectaient pas les objectifs fixés par
le Conseil en matière de réduction des déficits excessifs.
Parmi les quatre Etats éligibles, seule l'Irlande ne présentait
pas, en 1995, de déficit excessif ; le Conseil avait fixé
aux trois autres Etats des objectifs de réduction à respecter
pour l'année écoulée : ceux-ci ont été
atteints, voire dépassés, autorisant de ce fait la poursuite des
versements.
|
Déficit en 1995 |
Objectifs dans le programme national de convergence |
Espagne |
5,8 % |
5,9 % |
Grèce |
9,2 % |
10,7 % |
Portugal |
5,4 % |
5,8 % |
- L'estimation de la Commission pour la période
à venir
Dans son sixième rapport annuel sur les fonds structurels pour 1994, en
date du 14 décembre 1995, - le premier portant sur la nouvelle
période de programmation -, la Commission s'efforce de répondre
à l'exigence renforcée d'appréciation, de suivi et
d'évaluation des interventions communautaires imposée par
l'article 31 du règlement (CEE) n° 4253/88.
Jusqu'alors aucun
bilan complet de la mise en oeuvre des fonds structurels n'avait
été effectué
, les rapports annuels consistant
uniquement en un état d'exécution budgétaire et une
description des activités des fonds par objectif et par Etat membre.
Le rapport annuel pour 1994 présente une appréciation ex ante des
interventions au titre des différents objectifs afin d'en
déterminer l'impact économique et d'isoler les effets
spécifiques relevant des contributions communautaires. Il
considère ainsi que "
l'effort de la Communauté à
travers les politiques structurelles sera considéré comme un
succès lorsque, entre autres, les régions concernées
auront un taux de croissance supérieur à celui de la moyenne
communautaire et si leur structure économique s'oriente vers des
secteurs plus innovants et compétitifs
".
Pour la période 1994-1999, la Commission estime que les Etats couverts
par l'objectif 1 - à l'exclusion de l'Italie - devraient connaître
une croissance supérieure à la moyenne communautaire, notamment
l'Irlande, le Portugal et l'Espagne. Elle apprécie en outre la part
assurée par le financement communautaire dans le différentiel
à 25 % pour la Grèce, 17,2 % pour le Portugal et 16,7 % pour
l'Espagne. L'avenir confirmera -ou non- ces perspectives positives.
b) A-t-on surabondé les fonds structurels ?
L'observation d'une sous-utilisation importante des
crédits des fonds structurels par les Etats membres pose la question du
juste " calibrage " des subventions et de la pertinence de
leur
répartition entre les différents objectifs.
La sous-consommation des crédits par les Etats membres
Le rapport annuel de la Cour des Comptes relatif à l'exercice 1994
(9(
*
))
fait état d'un taux de paiement assez
faible puisque limité à 74,65 % pour les fonds structurels,
dont 41,23 % pour les initiatives communautaires et 52,54 % pour le
fonds de cohésion.
En termes d'engagement, les résultats sont tout aussi médiocres,
notamment pour les crédits des initiatives communautaires qui n'ont
été engagés qu'à hauteur de 12,92 %.
En outre, la répartition mensuelle des engagements et des paiements
effectués par la Commission montre une dégradation continue de
régularité et une concentration accentuée en fin
d'exercice budgétaire : 67 % des montants engagés et
53 % des montants payés l'ont été au cours du dernier
trimestre 1994 contre respectivement 54 % et 48 % pour l'exercice
précédent.
Globalement, les crédits inutilisés à fin 1994
s'élevaient à 1,7 milliard d'écus en crédits
d'engagement et 4,2 milliards d'écus en crédits de paiement. Ces
fonds ont été rebudgétisés pour chacune des deux
années 1996 et 1997.
Dans ce contexte, il convient de rappeler la résolution du Parlement
européen, adoptée le 17 avril 1996, relative à l'octroi de
la décharge pour 1994, dans laquelle la Commission est instamment
invitée à
" réajuster sa pratique en
matière d'application des fonds structurels de manière à
permettre une exécution plus cohérente et plus efficace de la
politique structurelle de l'Union européenne
".
Cette situation va perdurer puisque, d'après la Commission, 46 %
seulement des mandatements prévus en 1995 auraient été
effectués. Plus généralement se pose le problème de
l'absorption des crédits d'ici la fin de la période de
référence. La charge du passé aurait ainsi augmenté
de 15 milliards d'écus en 1993 à 23 milliards
d'écus en 1995.
Diverses explications sont apportées pour justifier ces retards,
notamment par la Cour des Comptes qui constate que "
les structures
nationales n'ont pas toujours été adaptées aux
nécessités de la gestion d'un nombre croissant de programmes. Aux
retards dans la clôture et le démarrage des activités
s'ajoute la difficulté pour les services des Etats membres de suivre les
actions sur le terrain, toute leur activité étant en fait
absorbée par l'exécution des procédures et la tenue de
documentation.
"
Pour sa part, la Commission
(10(
*
))
ne
considère préoccupant que le faible niveau d'engagement des
initiatives communautaires qu'elle explique par la répartition tardive
des crédits par Etat membre échelonnés entre juillet et
décembre 1994, laissant un temps très court pour la
préparation des programmes et leur mise au point définitive dans
le cadre du partenariat.
EXÉCUTION BUDGÉTAIRE DES ACTIONS ET DES FONDS STRUCTURELS AU COURS DE L'EXERCICE 1994
|
Crédits (budget définitif) |
Exécution |
Taux d'exécution |
ENGAGEMENTS
|
3.301,5 |
3.300,4 |
99,97 % |
IFOP |
379,9 |
379,8 |
99,97 % |
FEDER |
9.769,4 |
9.727,7 |
99,57 % |
FSE |
5.841,2 |
5.564,3 |
95,26 % |
Initiatives communautaires |
1.949,1 |
251,9 |
12,92 % |
Mesures transitoires |
305,9 |
244,4 |
79,90 % |
Sous-total fonds structurels |
21.547 |
19.468,5 |
90,35 % |
Fonds de cohésion |
1.853,1 |
1.853,1 |
100 % |
Autres actions |
267,7 |
264,7 |
98,85 % |
TOTAL |
23.667,9 |
21.586,2 |
91,20 % |
PAIEMENTS |
|
|
|
Féoga-Orientation |
2.778,9 |
2.498,9 |
89,93 % |
IFOP |
537 |
395 |
73,56 % |
FEDER |
8.087,4 |
6.410,8 |
79,27 % |
FSE |
5.454,1 |
4.144,8 |
76 % |
Initiatives communautaires |
2.059,4 |
849,2 |
41,23 % |
Mesures transitoires |
487 |
319,7 |
65,65 % |
Règlement (CEE) n° 3575/90 (1) |
416 |
176,8 |
42,51 % |
Sous-total fonds structurels |
19.819,8 |
14.795,3 |
74,65 % |
Fonds de cohésion |
1.743,4 |
916 |
52,54 % |
Autres actions |
411,7 |
254,6 |
61,86 % |
TOTAL |
21.974,8 |
15.966 |
72,38 % |
(1) Règlement modifiant le règlement n°
357/79 du Conseil, du 5 février 1979, concernant les enquêtes
statistiques sur les superficies viticoles.
On peut également supposer que les coupes budgétaires
générales dictées par l'exigence d'économies
limitent les subventions nationales qui conditionnent le déblocage des
fonds européens en vertu du principe d'additionnalité. Dans ce
contexte la tendance à la sous-consommation des crédits ne
devrait pas s'inverser dans la perspective de l'Union économique et
monétaire et de ses contraintes de rigueur économique.
La sous-consommation française
La négociation de la seconde phase des aides structurelles pour
l'objectif 2 (aides aux régions confrontées au déclin
économique) a été l'occasion pour la Commission de
critiquer, à plusieurs reprises, la manière dont la France
utilisait les fonds qui lui étaient affectés.
Il a en particulier été reproché à la France la
sous-consommation des crédits auxquels elle pouvait prétendre au
titre des
objectifs 1, 2 et 5b
; le retard est
particulièrement important au titre de l'objectif 2, dont la
première phase s'achève cette année.
Ainsi, à fin 1995, 1,5 milliard de francs de crédits
d'engagement et 2,5 milliards de francs de crédits de paiement du
FEDER sont restés inemployés, faute de projets suffisamment
élaborés. Ces retards seraient imputables à des
difficultés techniques liées aux délais excessifs pris
lors de la phase de programmation : en effet, celle-ci ne s'est
achevée qu'à mi-1994 pour l'objectif 1 et fin 1994 pour
l'objectif 2. De même, on a constaté des délais
anormalement longs pour la prise de décisions par les autorités
administratives compétentes, notamment en Corse, seule région
métropolitaine intégralement couverte par l'objectif 1.
Dans certaines régions, les crédits pour 1995 ne sont pas encore
engagés, ce qui ne manque pas de poser aux collectivités locales
des difficultés lorsqu'elles ne disposent pas d'autres moyens de
financement. En effet, la dégradation des finances publiques nationales
a conduit l'Etat à réduire massivement ses subventions aux
investissements des collectivités locales.
Pour d'autres motifs, on observe également une sous-utilisation des
fonds accordés au titre de
l'objectif 4
(adaptation des
mutations industrielles) pour cause de pénurie de projets : il n'a
été effectivement dépensé que 20 % des
crédits disponibles, soit 26 millions d'écus sur les
110 prévus.
Pour cette raison, la Commission européenne a accepté que les
crédits non consommés sur la période 1990-1994 puissent
être reportés jusqu'en 1999 : la France disposera donc chaque
année d'un milliard de francs du FSE au titre de l'objectif 4, sans
que l'on sache si elle sera en mesure d'affecter à ces actions une somme
aussi importante.
Cette sous-consommation viendrait du fait que le DOCUP français
objectif 4 n'aurait été adopté que tardivement par la
Commission, en décembre 1994, et que le caractère novateur de cet
objectif poserait des difficultés de mise en oeuvre -observées
d'ailleurs dans d'autres Etats membres-. On peut également avancer que
l'information des collectivités locales n'a pas été
suffisante pour motiver la présentation de dossiers, sachant que le
DOCUP français objectif 4 prévoit un financement des projets
par tiers FSE - fonds privés - fonds publics.
En tout état de cause, cette situation renforce les critiques
avancées sur l'utilisation des crédits européens par la
France.
Elle pose également le problème du sort à réserver
aux crédits qui, le cas échéant, se trouveraient
inemployés au terme de la période de
référence : doit-on envisager de les redéployer sur
d'autres objectifs ou de les restituer à la Commission ? Ne peut-on
réviser les montants afin de dégager des économies
permettant de réduire la contribution des Etats membres ?
2. Peut-on améliorer la gestion des fonds structurels ?
a) La répartition des rôles entre la Commission et les Etats membres
En dépit du principe de partenariat, il a
été observé que la Commission européenne avait
parfois tendance à sortir de son rôle de pur gestionnaire des
fonds structurels. En effet, en vertu du principe de subsidiarité le
partage des tâches devrait reposer sur le fait que si la
responsabilité de la gestion correcte des fonds appartient à la
Communauté européenne, la responsabilité de la
programmation doit relever des Etats membres.
Or, certaines décisions de la Commission ne respectent pas cette
répartition des rôles, ce que n'a pas manqué de souligner
le Parlement européen, notamment en octobre 1995, lorsque la Commission
a annoncé l'usage qu'elle entendait opérer de la réserve
qu'elle avait précédemment constituée, portant sur
20 % du budget affectés aux initiatives communautaires (soit
1,665 milliards d'écus).
Elle se proposait de répartir cette enveloppe entre les Etats membres,
d'une part, et entre les différentes initiatives communautaires, d'autre
part, en l'espèce l'aide aux industries lourdes en difficulté, la
création d'emplois et la prévention des inondations et de la
sécheresse.
La répartition de cette réserve entre les différents Etats
a fait l'objet de vives critiques du Parlement européen, celui-ci
considérant que la Commission utilisait les initiatives communautaires
comme "
un instrument de redistribution indirecte des ressources
financières entre les Etats
" sans tenir compte des besoins
réels au niveau de l'Union européenne.
Au-delà de cet exemple de confusion des genres, il importe de clarifier
les rôles respectifs des différents intervenants pour optimiser
l'affectation des fonds structurels.
b) Le nécessaire suivi des opérations financées
La complexité des procédures, parfois mal
maîtrisées par les partenaires concernés, conduit
inévitablement à la constitution d'irrégularités,
voire de fraudes, dans l'utilisation des fonds structurels. Ainsi que le
souligne le Parlement européen, "
l'absence de capacité
technique au sein des administrations, régionales ou locales, ou les
problèmes institutionnels liés aux relations entre les
différents niveaux administratifs sont souvent à l'origine d'une
programmation défectueuse et, partant, d'une mise en oeuvre inefficace
des fonds structurels tout comme, dans certains cas, d'une absorption
insuffisante des aides
".
Ainsi, le rapport de la Cour des Comptes pour 1994 dénonce le manque de
fiabilité des déclarations de dépense permettant le
paiement par la Commission, ainsi que la définition confuse de la notion
de " dépense éligible ".
Parmi les exemples d'erreurs dans les certificats de dépense, on trouve
notamment :
- des dépenses effectuées hors de la période
d'éligibilité,
- des dépenses déclarées supérieures aux
dépenses réelles,
- l'inclusion de la subvention communautaire dans la déclaration de
dépense globale,
- la comptabilisation de la même dépense au titre de deux
interventions différentes.
Il a été également constaté des
irrégularités dans les procédures d'appels d'offres et
d'attribution des marchés, des manquements au respect du principe
d'additionnalité, dont le contrôle reste difficile en raison de la
non-disponibilité des données permettant ces
vérifications, et de délais anormalement longs de transmission
des subventions à leurs bénéficiaires finals, ce qui
laisse à penser que les versements du FEDER, largement effectués
sous forme d'avances, ont temporairement pour effet d'alimenter les
trésoreries nationales.
Le strict respect des règles communautaires suppose un suivi des
programmes engagés qui relève, en vertu du principe de
subsidiarité, de la responsabilité des Etats membres. Cette
activité de contrôle a été précisée
par l'adoption, le 11 juillet 1994, du règlement (CE) n° 1681/94 de
la Commission relatif aux irrégularités et au recouvrement des
sommes indûment versées dans le cadre des politiques sectorielles,
qui instaure une obligation d'information systématique entre les Etats
membres et la Commission sur les cas d'irrégularité
décelés.
La France n'a que très récemment décidé d'effectuer
des contrôles sur l'usage des fonds accordés par l'Union
européenne en matière de politique structurelle. Ceux-ci,
assurés par des comités du suivi et par les secrétaires
généraux aux affaires régionales (SGAR) sous la
responsabilité des préfets de régions, ont montré
que la gestion des fonds structurels n'était pas parfaitement
satisfaisante. La Commission européenne a ainsi considéré
que la France aurait indûment bénéficié de
800 millions de francs de crédits qu'il lui faudrait rembourser.
La Cour des Comptes note que "
l'existence d'un nombre important de
projets dont la régularité n'est pas clairement établie
(...) souligne l'ampleur des progrès encore à réaliser
pour assurer rigoureusement la légalité et la
régularité de la gestion des fonds structurels, six ans
après la mise en oeuvre de la réforme (...)
La mise en oeuvre de la réforme de 1994 est marquée par les
mêmes types de problèmes que ceux engendrés par la
réforme de 1988. La Commission et les Etats membres se sont
trouvés face aux mêmes contraintes de temps de préparation
des actions, aux mêmes difficultés de programmation et
d'évaluation ex ante des programmes envisagés (...)
Dans ces conditions, le processus d'amélioration tend à
être lent et reste en-deçà des exigences qu'imposent
l'accroissement et la diversification des interventions ".
Enfin, jusqu'à présent, il n'existe pas de sanctions efficaces
à l'encontre des Etats membres qui ne sont pas en mesure d'apporter les
justifications du financement par l'Union européenne auquel ils
prétendent. De même, le système de
récupération des montants indûment versés doit
être amélioré pour atteindre un niveau convenable
d'efficacité.
CONCLUSION
La poursuite et l'achèvement de la seconde phase de
programmation des actions structurelles jusqu'en 1999 aboutira
inévitablement à la révision de la politique
régionale de l'Union.
La Commission devrait présenter, à la fin de cette année,
un rapport sur la cohésion économique et sociale dressant un
bilan de quinze années de politique régionale. Ce document, ainsi
que les orientations de la Conférence intergouvernementale,
constitueront le point de départ de la réflexion sur l'avenir de
l'action structurelle de l'Union européenne.
Celle-ci devra intégrer le contexte des finances publiques des Etats
membres, qui rend inconcevable d'augmenter encore les dotations actuelles, a
fortiori dans la perspective de la construction de l'Union économique et
monétaire. Il conviendra donc d'opérer des choix, soit
géographiques entre les zones à assister, soit thématiques
entre les objectifs à poursuivre - et plus probablement effectuer ces
deux types de restrictions.
Il lui faudra également envisager une simplification du dispositif
actuel, qui reste d'une complexité porteuse
d'irrégularités, en recherchant un juste équilibre entre
la souplesse souhaitée des procédures et la
nécessité d'un contrôle plus rigoureux de l'usage des fonds
communautaires.
Enfin, la perspective, d'un élargissement de l'Union aux pays de
l'Europe centrale et orientale entraînera un réajustement des
critères d'éligibilité à l'aide structurelle. Des
choix inévitables s'imposeront qui remettront en cause des situations
acquises. La délégation a déjà eu l'occasion
d'évoquer ce point lors de l'examen du rapport de M. Denis
BADRÉ sur les conséquences économiques et
budgétaires de l'élargissement à l'Est.
En tout état de cause, la poursuite de l'objectif de cohésion
économique et sociale ne trouvera sa traduction concrète qu'au
prix d'un effort encore accentué de solidarité.
EXAMEN DU RAPPORT
M. Jacques Genton a présenté son rapport lors de
la réunion de la Délégation, tenue le 27 juin 1996.
A l'issue de cette présentation, M. James Bordas a indiqué que la
sous-consommation des crédits structurels devrait conduire à
s'interroger sur une nouvelle politique régionale mieux adaptée.
Il s'est par ailleurs étonné que les nombreux cas
d'irrégularité dans l'utilisation des fonds
dénoncés par la Cour des comptes ne donne pas toujours lieu
à rectification.
A M. Philippe François qui s'interrogeait sur la possibilité pour
les collectivités locales de négocier directement les programmes
de développement local avec la Commission, le Président Jacques
Genton a répondu que ces programmes étaient
élaborés conjointement entre la Commission et les Etats membres,
mais que les collectivités territoriales concernées
étaient à l'évidence associées à
l'élaboration des projets.
M. Pierre Fauchon a fait part de son expérience dans son propre canton,
classé en objectif 5 b, en soulignant le caractère excessivement
tatillon de la gestion des programmes par l'administration française. Il
a expliqué qu'une partie de la sous-consommation des crédits
disponibles était probablement due à la tutelle très
directive du secrétariat général aux affaires
régionales (SGAR) sur ces dossiers. Il a également
dénoncé la lenteur avec laquelle les fonds européens
parvenaient à leur destinataire final après approbation des
dossiers. Soulignant que le " saupoudrage " des crédits
empêchait toute véritable dynamique communautaire et faisait
perdre de vue les objectifs définis à l'échelon
communautaire, il a considéré que l'Europe devrait plutôt
concentrer son effort financier sur la mise en oeuvre de grands programmes de
travaux et a souhaité un contrôle plus efficace de la
Communauté sur ces fonds.
M. Claude Estier s'est déclaré favorable à l'organisation
d'un débat sur le problème de la sous-consommation des fonds
européens. Evoquant le blocage d'autres dossiers, tel le programme MEDA
destiné au développement de la zone
méditerranéenne, il s'est interrogé sur le devenir des
fonds qui n'étaient pas utilisés.
M. Christian de La Malène a tout d'abord souhaité relativiser la
sous-utilisation des crédits en rapportant son montant (4,2 milliards
d'écus) à l'enveloppe globale prévue pour les seuls fonds
structurels sur la période 1994-1999 (141 milliards d'écus). Il a
ensuite considéré que le niveau actuel des dotations était
trop élevé pour que l'on puisse raisonnablement envisager de
poursuivre la politique régionale de l'Union sur ces bases
financières à l'issue de la phase de programmation, notamment
dans la perspective d'un élargissement. Il s'est également
déclaré favorable à un déplacement de l'effort
européen vers la conduite de grands travaux inter-Etats, plus efficace
qu'un émiettement des subventions sur l'ensemble des Etats qui a surtout
pour but de satisfaire tous les membres de la Communauté, et
particulièrement les petits pays.
La délégation a alors approuvé le présent rapport.
(1) Cf. Rapport de M. Jacques GENTON, Sénat
n° 325 (1992-1993) " La réforme relative aux missions et
à la coordination des fonds structurels ".
(1) Pour la période 1994-1999, les mesures d'accompagnement de la
réforme de la PAC relatives aux actions agri-environnementales, au
boisement et à la pré-retraite dépendent désormais
du FEOGA-garantie et non plus du FEOGA-orientation.
(2) Le règlement instituant le Fonds de cohésion a
été adopté le 16 mai 1994 (n° 1164/94).
(3) A la suite de l'adhésion de l'Autriche, de la Finlande et de la
Suède à la Communauté européenne.
(4) Modification résultant du règlement du Conseil
n° 2082/93 du 20 juillet 1993.
(5) Le solde, soit 1,6 milliards d'écus a été mis en
réserve. Cf. Infra p.31.
(6) Auxquels il convient d'ajouter 5,9 milliards d'écus
résultant de l'adhésion à l'Union de trois nouveaux Etats
membres après 1992.
(7) Ces données s'entendent hors programmes d'initiatives communautaires
et pour la période 1994-1996 pour l'objectif 2.
(8) Pour la seule période 1994-1996, l'objectif était
prévu comme devant être zoné à nouveau à
mi-parcours de la période. Sur l'ensemble de la période de
référence, l'objectif 2 bénéficie de 15,1 milliards
d'écus.
(9) JOCE 14 novembre 1995.
(1) 6ème rapport annuel sur les fonds structurels 1994.