II. D'IMPORTANTS ATOUTS DANS LE DOMAINE DE L'AÉRONAUTIQUE CIVILE À CONSOLIDER, NOTAMMENT EN MATIÈRE ENVIRONNEMENTALE
A. UN SOUTIEN DE LA DGAC RÉAFFIRMÉ À PARTIR DE 2015 AYANT PERMIS À L'ONERA DE RETROUVER LA PLACE QUI LUI REVIENT DANS LE DOMAINE DE L'AÉRONAUTIQUE CIVILE
Dans son rapport particulier de 2015, la Cour des comptes estimait que si « la qualité des équipes et l'excellence scientifique de l'ONERA [étaient] reconnus par ses interlocuteurs et clients (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales - GIFAS, industriels, DGA) et par les instances de gouvernance scientifiques [...] [son] positionnement semble avoir été remis en cause ces dernières années, en particulier dans le domaine de l'aéronautique civile ».
Cette situation est aujourd'hui révolue. L'appréciation de la Cour des comptes portait sur les années antérieures à 2015, marquées par une baisse régulière des commandes. Après avoir traversé une crise structurelle au début des années 2010, l'ONERA a su engager une transformation profonde à partir de 2015 pour se repositionner sur les enjeux prioritaires de l'aviation civile et reprendre progressivement sa place de référent scientifique dans la filière aéronautique française, notamment au sein du CORAC (Conseil pour la recherche aéronautique civile) qui coordonne les efforts de recherche de tous les acteurs de la filière autour d'une feuille de route technologique commune.
Évolution des commandes dans le domaine de l'aéronautique civile
(en millions d'euros)
Source : commission des finances, d'après l'ONERA
L'augmentation de plus de 107 % des commandes dans le domaine de l'aéronautique civile entre 2014 et 2018 illustre cette transformation . En ce qui concerne la DGAC, l'ONERA indique que son faible niveau en 2017 correspond à un défaut conjoncturel de capacité d'engagement de la DGAC 24 ( * ) .
L'élaboration et la mise en oeuvre de cette nouvelle stratégie ont été accompagnées par la DGAC dès 2015, permettant à l'ONERA de retrouver depuis, et de manière durable, la place qui lui revient, au titre de la recherche amont, dans la politique de soutien à la filière portée par la DGAC.
B. UNE EXPERTISE RECONNUE DANS DIVERS DOMAINES, QUI DEVRA ÊTRE RENFORCÉE EN MATIÈRE DE RÉDUCTION D'EMPREINTE ENVIRONNEMENTALE DU SECTEUR
1. Un positionnement dans le domaine de la sécurité des vols et dans la filière émergente des drones civils
L'ONERA s'est d'abord repositionné à la pointe de la recherche en faveur de la sécurité de l'aviation civile, ainsi que sur les aéronefs autonomes et les drones civils.
En matière de sécurité des vols , la DGAC finance ainsi des projets de recherche visant à faire progresser la connaissance de phénomènes physiques dangereux pour l'aviation (foudre, givre, feu, rupture).
Cette expertise est ensuite directement valorisée auprès de la filière aéronautique nationale, qui en dérive des applications améliorant la sécurité de ses produits.
Par ailleurs, depuis quelques années, l'ONERA s'implique de plus en plus fortement aux côtés des industriels, dans l'étude de systèmes embarqués de nouvelle génération pour le développement d'aéronefs plus autonomes en vue d'une amélioration de la sécurité des vols et de l'efficacité des opérations aériennes.
L'ONERA joue un rôle majeur vis-à-vis de la filière émergente des drones civils. La DGAC s'appuie en effet fortement sur l'expertise de l'ONERA dans les actions du Conseil pour les drones civils qu'elle a mis en place en 2015, que ce soit pour aider au développement de la filière via des formations, des analyses d'architectures de drones et des études de sécurité pour de nouveaux usages.
De manière générale, comme dans le domaine de l'aéronautique militaire, l'ONERA assume un réel rôle d'expertise, de veille et de conseil des administrations . Des travaux visant à appuyer la réaction commune de l'Union européenne au projet américain en cours d'avion supersonique civil sont ainsi menés par l'ONERA. Comme l'a indiqué Patrick Gandil, directeur général de l'aviation civile à ce sujet, l'ONERA est l'un des très rares en Europe et dans le monde à avoir une grande connaissance du supersonique, et à pouvoir « apporter le soutien et la réponse nécessaire dans des délais brefs » à l'administration.
2. La réduction de l'empreinte environnementale du transport aérien : un axe majeur d'effort de l'ONERA
La réduction de l'empreinte environnementale du transport aérien est également un axe d'effort majeur de l'ONERA depuis 2015, qui conditionne la soutenabilité à long terme de la croissance du secteur et mobilise aujourd'hui plus de la moitié des efforts de recherche de la filière et du budget de soutien de la DGAC.
Ces efforts se concentrent notamment sur la conception de nouvelles configurations d'aéronefs en rupture et des nouveaux systèmes propulsifs associés.
Les recherches de l'ONERA sur la réduction de
l'empreinte environnementale
L'ONERA apporte une contribution majeure à ces recherches, non seulement avec ses souffleries qui permettent de réaliser des essais complexes, par exemple sur de nouvelles formules aérodynamiques à motorisation enterrée avec ingestion de couche limite (configurations BLI) ou sur l'intégration aéroacoustique des futurs moteurs à très haut taux de dilution, mais aussi à travers le développement d'outils numériques, complémentaires aux essais en soufflerie, qui permettent d'évaluer les performances de ces nouvelles configurations. L'aide financière de la DGAC a contribué à permettre à l'ONERA, préalablement à ces essais, de moderniser et aménager ses grandes souffleries et d'améliorer les techniques d'essais associées, notamment sur son site de Modane qui abrite la plus grande soufflerie européenne. L'ONERA est aussi partenaire des projets de développement de nouveaux outils numériques de modélisation et de simulation portés par les grands intégrateurs et soutenus par la DGAC. Par ailleurs, l'ONERA se positionne sur l'utilisation de nouvelles énergies pour la propulsion des aéronefs : il participe à des projets de recherche industrielle collaborative au niveau national et européen sur la propulsion électrique distribuée et, aux côtés d'Airbus et Safran, contribue à la préparation d'un plan national dédié à l'avion à propulsion hydrogène. Source : commission des finances, d'après l'ONERA |
Enfin, l'ONERA est un acteur clé du Réseau thématique environnement (RTE) du CORAC : à ce titre, il est impliqué dans diverses études scientifiques visant à améliorer la compréhension des impacts climatiques et atmosphériques de l'aviation, ainsi que dans des études sur la réduction des nuisances sonores générées par l'aviation et leur perception par les riverains des aéroports.
En matière de réduction des émissions de CO 2 , l'ONERA mène ainsi à la fois des études macroscopiques sur les trajectoires de décarbonation à l'horizon 2050 ( task force CO 2 avec le GIFAS et la filière aéronautique) et des études sur les technologies permettant d'y contribuer. Dans ce domaine, l'ONERA est régulièrement sélectionné par la Commission européenne dans des projets Horizon 2020 relatifs aux propulsions propres (projet IMOTHEP gagné en 2019 sur la propulsion hybride, projet ALTERNATE gagné en 2019 sur les carburants alternatifs).
* 24 L'ONERA ayant été d'ailleurs le seul organisme bénéficiant d'une prise de commande de la part de la DGAC cette année-là, avec la convention PHYDIAS de 3 millions d'euros.