C. LES RECOMMANDATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL

Dans ce contexte, après avoir recensé les différents enjeux et analysé le schéma financier du déménagement du MNS à Nice, votre rapporteur spécial considère qu'il était légitime de donner cette nouvelle chance au musée . En effet, l'opération était supportable pour l'État d'un point de vue financier, la ville de Nice était motivée par l'accueil de cet établissement et l'intérêt des collections le justifiait.

En outre, le schéma retenu contient des éléments encourageants, même s'il laisse subsister des interrogations.

Toutefois, le MNS, dont il faut souhaiter le succès, n'est pas encore tiré d'affaire. Si cette nouvelle expérience devait encore conduire à un échec, il faudrait probablement en tirer des conséquences lucides à l'issue de la période de dix ans qui s'ouvre.

Dans l'attente des premiers bilans complets, qui ne pourront être tirés que d'ici deux ans, les recommandations de votre rapporteur spécial concernent principalement le rôle de la tutelle, étant entendu que l'avenir du musée dépendra largement du développement futur du quartier dans lequel il se situe.

1. Des objectifs financiers à préciser rapidement par l'État

L'État devra, en premier lieu, assigner des objectifs à son établissement public qui, à ce stade, n'en dispose pas réellement.

En effet, le contrat de performance de 2010, dont le caractère tardif a été souligné supra , a été ajusté en 2012 mais ne comprend pas de véritables objectifs pour la période suivant l'ouverture du musée dans son implantation niçoise.

Il n'est, bien sûr, pas aisé de repartir d'une page blanche, ce que le MNS fait dans une certaine mesure. Néanmoins, la tutelle ne saurait laisser perdurer cette situation pendant une trop longue période.

Il conviendra donc, dans les prochains, mois, que l'État et le MNS concluent un nouveau contrat d'objectifs et de performance . Celui-ci devra comporter, en particulier des objectifs en termes de fréquentation et de recettes propres . Il s'agit d'une partie délicate mais pour laquelle une feuille de route s'avère indispensable - tant le succès ne pourra pas seulement se décréter a posteriori , à partir d'objectifs autoconstatés.

À cet égard, votre rapporteur spécial juge nécessaire que la nouvelle implantation se traduise par un bond en termes de fréquentation afin que l'opération ait un sens pour l'ensemble des acteurs concernés. Un chiffre proche, ou supérieur, à 100 000 entrées en année pleine pourrait sans doute marquer une ambition sans pour autant prétendre égaler le musée olympique de Lausanne. Bien entendu, cet objectif devra aussi décliner des cibles auprès de certains publics choisis (scolaires, par exemple). Quant au coût du musée pour l'État, il conviendrait qu'une fois absorbée la redevance à verser à la ville de Nice, il devienne, sous l'effet de recettes propres accrues, inférieur à celui de la « vitrine » parisienne.

Recommandation n° 1 : conclusion d'un nouveau contrat d'objectifs et de performance entre l'État et le musée national du sport.

Recommandation n° 2 : fixation, dans ce cadre, d'une feuille de route financière devant mener le coût du musée pour l'État à un niveau inférieur à celui de l'ancien site parisien , après l'extinction de la redevance décennale à verser à la ville de Nice.

2. Des objectifs culturels propres à assurer le rayonnement du musée

S'agissant d'un musée, les objectifs du ministère ne sauraient être que financiers.

Il importe tout particulièrement qu'au vu des possibilités qu'offrent ses nouveaux locaux au MNS, la tutelle soit attentive au développement d'une politique culturelle ambitieuse .

Il s'agira notamment de viser le nombre d'objets qui devront être exposés au cours d'une année auprès du public, l'ouverture recherchée auprès du monde académique et de la recherche, etc. Selon les éléments dont dispose votre rapporteur spécial, le nombre d'objets exposés pourrait ainsi s'établir à environ 2 000 par an, très nettement plus que dans l'ancienne « vitrine » parisienne.

Une telle politique devrait d'ailleurs impliquer l'organisation régulière d'évènements, comme des expositions provisoires, susceptibles d'améliorer la notoriété du musée ainsi que le nombre de venues des visiteurs locaux.

En dehors de Nice, le musée pourrait se faire connaître davantage, notamment par une politique plus affirmée de prêts d'objets à d'autres institutions - qui ont aussi le mérite de faire vivre davantage les collections. Le public de ces musées plus classiques, parfois situés loin de la Côte d'Azur, aurait ainsi l'occasion de découvrir l'existence et l'intérêt potentiel du musée national du sport. Là encore, l'État devrait encourager ce type de démarche.

Une fois définis et déclinés l'ensemble de ces objectifs, la tutelle devra, après avoir pourvu en fin d'année au poste de directeur général, adresser rapidement au responsable choisi une nouvelle lettre de mission , qui lui assignera plus précisément les objectifs qui lui incombent 9 ( * ) .

Recommandation n° 3 : fixation d' objectifs ambitieux relatifs au nombre d'objets exposés , qui impliqueront l'organisation régulière d'évènements susceptibles d'améliorer la notoriété du musée.

Recommandation n° 4 : développement d'une politique affirmée de prêts auprès d'autres musées plus classiques.

Recommandation n° 5 : envoi par la tutelle étatique d'une nouvelle lettre de mission à la directrice générale du musée, adaptée à la période suivant le déménagement du MNS à Nice.

3. Veiller à la qualité des rapports avec toutes les parties prenantes de l'Allianz Riviera

Enfin, le développement du quartier de l'Allianz Riviera est un sujet local, qui relève de la responsabilité de la ville de Nice et qui dépasse la question du musée national du sport. Simplement, votre rapporteur spécial a noté avec intérêt la volonté affirmée de l'équipe municipale de faire émerger autour de de ce grand stade une importante zone d'activité, qui devrait, dans quelques années, être mieux desservie par les transports en commun - notamment le tramway.

Cette question de l'accessibilité est évidemment clé pour un équipement tel que le stade et, en son sein, le musée national du sport. L'État, propriétaire du musée, gagnerait donc à poursuivre un dialogue avec la municipalité autour de ce sujet .

Par ailleurs, c'est à la ville, propriétaire de l'Allianz Riviera, qu'il reviendra au premier chef d'assurer le lien entre les différentes parties impliquées dans l'utilisation ou la gestion du stade. Les différents usages ne devront pas être concurrents les uns des autres. Il conviendra, au contraire, d'assurer un dialogue régulier entre les parties afin, si possible, de dégager une dynamique commune et une convergence d'intérêts.

Recommandation n° 6 : dialogue avec la ville de Nice sur l' amélioration de la desserte de l'Allianz Riviera , où est situé le musée, par les transports en commun .

Recommandation n° 7 : dialogue avec la ville de Nice en vue de l'établissement d'une coordination entre les différentes parties prenantes de l'Allianz Riviera (municipalité, gestionnaire, club résident, musée...) pour dégager des intérêts convergents.


* 9 Voir à l'annexe 4 la lettre de mission envoyée à l'actuelle directrice générale en mars 2012.

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