C. LE TRANSPORT INTRA-THÉÂTRE
En milieu stabilisé, le ministère de la défense recourt volontiers à des vecteurs civils pour assurer transport intra-théâtre de fret et de personnels.
L'externalisation est ainsi très largement mise en oeuvre par la force Serval à laquelle elle procure une capacité additionnelle significative. Les élongations du théâtre malien d'une part, et l'insuffisance sinon l'absence de vecteurs militaires pour répondre aux besoins des forces armées françaises d'autre part, ont très rapidement imposé le recours à l'externalisation.
L'externalisation dans la fonction transport recouvre plusieurs types de transport :
- l'acheminement de fret par voie aérienne entre Bamako et Gao ;
- le transport de personnels par voie aérienne entre Bamako et Gao lors des relèves ;
- la location de vecteurs civils (porte-engins ou porte-conteneurs) avec chauffeurs pour le transport terrestre de matériels militaires sur l'axe Gao - Bamako - Abidjan et sur le trajet entre la gare ferroviaire de Bamako et le camp « Damien Boiteux » ;
- le transport de fret par voie ferrée ;
- le transport de fret par voie fluviale.
Compte tenu des conditions de sécurité, cette externalisation n'est possible que sur la boucle arrière, jusqu'à Gao.
D. LE MAINTIEN EN CONDITION OPÉRATIONNELLE
L'organisation du maintien en condition opérationnelle (MCO) du matériel des armées permet de gérer cette fonction de manière identique en temps de paix ou en OPEX. Le principe général est la continuité entre les processus du soutien en métropole et ceux du soutien en OPEX. Sauf rares cas particuliers, il n'y a pas d'organisation du MCO spécifique à telle ou telle opération.
Le MCO est conduit par trois services de soutien propres à chaque milieu (terrestre, naval et aéronautique) :
- la structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT) ;
- le service de soutien de la flotte (SSF) ;
- la structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la défense (SIMMAD).
Ces services s'appuient sur trois types de maîtrises d'oeuvre (MOE) :
- la MOE de soutien opérationnel (NSO) militaire : personnel des forces (commandement des forces terrestres, équipage des bâtiments, mécaniciens des escadrons et des flottilles) ;
- la MOE de soutien industriel (NSI) militaire étatique, qui fait intervenir, selon le milieu, le service de la maintenance industrielle terrestre (SMITer), les ateliers navals ou le service industriel de l'aéronautique (SIAé) ;
- la MOE (NSI) industrielle privée.
Lors de son audition le 5 juin 2013 par la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, l'amiral Édouard Guillaud, alors chef d'état-major des armées, affirmait ainsi : « On arrive à distinguer les domaines dans lesquels des choses peuvent être faites, et certaines pistes envisagées au départ se sont révélées peu praticables, comme l'externalisation. Autant celle-ci, en matière de maintenance par exemple, est possible en métropole pour les civils, autant c'est inenvisageable en OPEX, sauf à déléguer à des entreprises spécialisées anglo-saxonnes ! Je préfère être maître chez moi, et je vois ici plus d'ennuis potentiels que de gains. »
En opération, le MCO est en effet réalisé prioritairement par des moyens militaires entraînés (NSO et NSI). Cependant, sur certains matériels, du personnel civil de la MOE industrielle peut être envoyé sur le théâtre d'opération pour effectuer des opérations de maintenance dans une zone sécurisée. Le MCO en OPEX peut également être assuré par simple remplacement à partir d'un volant prépositionné.
Le MCO en OPEX, illustration pour le milieu terrestre La plupart du temps, les véhicules soutenus en métropole par un industriel, le sont en OPEX par des militaires avec des rechanges, de l'outillage et des formations fournis par l'industriel. Les matériels d'armement ou de transmissions peu volumineux et transportables par de nombreux vecteurs, bénéficient quant à eux d'échanges à partir d'un volant de matériels présent sur le théâtre puis sont réparés en métropole chez l'industriel. En revanche, en ce qui concerne les enceintes métallo-textiles, l'industriel est amené à agir directement sur le théâtre (montage, démontage et réparations) mais uniquement en zone sécurisée ; Lors des opérations sous commandement de l'OTAN, certains industriels sont sollicités par l'Organisation pour agir sur le théâtre comme cela a été le cas pour Thales. Ces sociétés s'appuient alors sur ce déploiement pour assurer une assistance logistique au profit des réparateurs militaires projetés (exemple : transport de rechanges pour les brouilleurs). Exemple des enceintes métallo-textiles : Le soutien des enceintes métallo-textiles (montage, démontage et réparations d'abris) et de toutes les servitudes associées (pare soleil, climatisation, chauffage, tableaux électriques, etc..) est assuré par la société Losberger RDS, quel que soit le lieu d'implantation. Le contrat de maintenance comprend trois zones d'intervention : - zone métropole (coût forfaitaire) - zone AFRIQUE DOM TOM (coût forfaitaire x 1,4) - zone OPEX (coût forfaitaire x 1,8) Ces opérations très techniques et réalisées en zone sécurisée ne posent pas de problème particulier. Source : ministère de la défense |
Le MCO des unités navales, qu'elles soient déployées en OPEX ou pas, s'appuie sur des contrats passés, en gré-à-gré (principalement avec DCNS) ou mis en concurrence (Piriou, STX, DCNS, ENDEL, CEGELEC, etc.), dont les modalités détaillées prévoient aussi le recours aux moyens militaires de soutien ou aux équipages. Ce MCO peut, en fonction des contrats, exclure des zones géographiques d'intervention de l'industriel. La plupart des contrats, sauf ceux en disponibilité complète, prévoit que si la réparation doit être réalisée hors métropole, elle entraine un surcoût à financer (transport des industriels, envoi des rechanges, mises à disposition d'outillage spécifique, etc.).
En phase de préparation avant déploiement en OPEX, le choix des bâtiments se porte sur ceux ayant un potentiel compatible avec la mission, potentiel que l'on s'efforce d'optimiser avant leur départ en s'assurant en particulier que leurs capacités sont conformes aux standards, grâce aux redondances d'équipements prévues, quitte à compléter leur lot de rechanges pour étendre encore leur autonomie (supplément temporaire à l'armement).
Le MCO en OPEX, illustration pour le milieu naval Exécution de la mission L'équipage effectue les interventions préventives (elles sont normalement de son niveau puisque le potentiel avant prochaine visite industrielle est suffisant). L'équipage effectue également les interventions correctives de son niveau. Il est soutenu par le personnel militaire de spécialité d'atelier naval (ATNAV) éventuellement embarqué sur une ou plusieurs unités de la force lorsque le contrat prévoit que les moyens militaires de soutien (MMS) puissent intervenir tout en maintenant la garantie de l'industriel sur la réparation. Lorsqu'une intervention industrielle est nécessaire, elle est réalisée dans un port (point d'appui logistique) en dehors de la zone de crise. On s'appuie alors sur les contrats d'entretien qui comprennent cette possibilité, ou on fait appel aux moyens militaires de soutien (stationnés ou projetés) en fonction des compétences requises et du coût de l'intervention industrielle. De même, la fourniture des rechanges et ingrédients se fait directement sur le site support ou bien par ravitaillement à la mer (pour les interventions réalisées en mer par l'équipage ou les ATNAV). Exemple : travaux réalisés sur le porte-avions CDG au cours de l'opération Harmattan à La Sude en Crète avec projection d'une centaine de techniciens de l'industrie pour une escale technique de l'ordre de la semaine. Prestataires Les prestataires de la maîtrise d'oeuvre sont les mêmes qu'en métropole (société en charge, bord ou Service Logistique de la Marine (SLM)), les sous-traitants peuvent être différents en fonction du lieu géographique et de l'organisation industrielle du prestataire du MCO. Surcoûts Les surcoûts sont liés à l'éventuelle surconsommation de potentiel des bâtiments (nécessitant la mise en fonction d'un nombre d'équipements plus important compte tenu des stades d'alerte plus élevés qu'en mission de surveillance ou d'action de l'Etat en mer), à la consommation des rechanges associés et aux frais de mission du personnel des moyens militaires de soutien et des industriels projetés lorsque ceux-ci ne sont pas compris dans le contrat d'entretien. Ce coût est directement associé à l'entretien programmé du matériel (EPM) naval. De même le coût de transport des rechanges sur zone est à comptabiliser dans les surcoûts. Ce coût est reporté sur la logistique opérationnelle et le centre multimodal des transports (BOP OPEX). Autonomie des forces En premier lieu, la constitution des équipages avec les différents niveaux de compétences (brevet élémentaire, brevet d'aptitude technique, brevet supérieur et brevet de maîtrise) et les formations associées permet de garantir un premier niveau d'autonomie et d'être en mesure d'identifier l'origine des pannes. De nombreux contrats de MCO incluent désormais la possibilité de faire appel à une hotline mais pas encore à la télétransmission des données recensées dans les différents systèmes de conduite. Les bâtiments détiennent par ailleurs un lot de rechanges pour la maintenance préventive (durée de 6 mois en général) et pour la maintenance corrective jugée critique et réalisable de manière autonome par l'équipage. Enfin, les spécialistes d'atelier naval (ATNAV) présents dans les SLM métropolitains et les ateliers des bases navales outre-mer sont projetables pour assurer un niveau technique d'intervention qui ne nécessiterait pas des moyens d'intervention industriels lourds. Source : ministère de la défense |