2. Le cas de la France : un avenir prometteur
a. Le pôle de compétitivité Medicen : la mise en place d'un réseau créateur de valeur
Comme l'a indiqué M. François Ballet lors de l'audition publique du 26 mai, le pôle de compétitivité Medicen regroupe l'ensemble des grands acteurs de l'innovation dans le domaine de la santé en Île-de-France : les grandes entreprises, qui ont un effet structurant indispensable, les petites et moyennes entreprises, la recherche publique, les hôpitaux, les universités et les collectivités locales, ces dernières jouant toujours un rôle essentiel dans un pôle de compétitivité.
L'objectif est de les faire tous fonctionner en réseau, avec une finalité claire : créer de la valeur économique, ce qui dans le domaine de la santé passe par des médicaments, des outils de diagnostic, de l'imagerie ou du dispositif médical.
Pour animer et développer ce bio cluster , Medicen poursuit deux missions principales : aider les entreprises et soutenir les projets de recherche développement. Il intervient pour mettre les acteurs en présence et soutenir des projets qui ont du mal à trouver un financement, les fonds publics allant plutôt vers l'amont, tandis que le privé vise plutôt l'aval - et c'est un des verrous majeurs à l'innovation.
Pour identifier ses trois domaines stratégiques (l'infectiologie, les maladies neurologiques et psychiatriques, l'oncologie), Medicen a recoupé les sujets de la recherche publique compétitifs au niveau international, les axes de recherche et besoins des entreprises d'Île-de-France.
Son action consiste à faire se rencontrer des gens qui sont proches sans le savoir, d'être à l'écoute des besoins des entreprises et bien connaître l'offre académique, de créer du lien. Elle consiste aussi à soutenir des projets de recherche développement, en organisant la collaboration entre le public et le privé, en aidant à monter les projets, en conseillant, en orientant : Y a-t-il suffisamment d'éléments de preuve de concept ? Existe-t-il un marché et un avantage compétitif ? Les ressources envisagées sont-elles sont suffisantes ? Les partenaires sont-ils appropriés ? La probabilité de succès est-elle raisonnable ? Quels financements rechercher ?
b. Des exemples de projets structurants
(i) Le projet OptimABS : l'intérêt des innovations en médecine
Ce projet haut-savoyard a pour objectif de développer des médicaments contre le cancer de la prostate, du poumon ou du sein, et fait intervenir plusieurs partenaires : le laboratoire Pierre Fabre, le laboratoire AGIM, l'Université de Strasbourg et Lyon Biopôle.
Il est basé sur des innovations biologiques, qui permettent de déterminer de nouvelles cibles thérapeutiques, de modéliser des anticorps médicaments et de produire des nouveaux médicaments candidats.
Il étudie la stabilité et la pureté du produit, les mécanismes anti-cancéreux, la toxicité des molécules injectées. Il recherche des changements biologiques, ce qui représente l'ensemble des activités pré-cliniques.
Il utilise également des innovations biotechnologiques, sur la base d'expertises en imagerie moléculaire pré-clinique, à partir de prélèvements de tumeurs, qui permettent d'analyser la régression tumorale après injection.
Les tests in vitro sont validés grâce à des modèles cellulaires animaux et humains. Les modèles tissulaires sont étudiés avant de faire des tests in vivo, en multipliant les cohortes d'individus, afin de s'assurer de l'efficacité, de l'innocuité, de la tolérance humaine.
(ii) Le projet REGEN-R : l'intérêt de la modélisation et des méthodes de travail décloisonnées
Ce projet étudie les mécanismes de régénération génétique à partir de cellules souches embryonnaires de divers animaux (mouches, poussins, souris et poissons zèbre). Dans la phase embryonnaire, on est en effet tous capables de réparer les tissus de façon parfaite. Cette réparation est importante, dans le cas de rechute, notamment pour les infarctus où les tissus ont été mal réparés.
On constate que les souris ont une capacité totale de régénération les 7 premiers jours de leur vie. Cette capacité se perd ensuite. Il s'agit de savoir pourquoi. Un travail sur le poisson zèbre a permis de régénérer son coeur. Un travail sur les larves, dont on découpe des bouts de nageoire caudale permet d'aboutir à une régénération parfaite en 3 jours. Dans le cas des adultes vieillissants, la nageoire se reconstitue par contre en 12 jours, et il faut comprendre pourquoi. Des études sont également faites sur l'épiderme de ces poissons et sur des cellules pluripotentielles.
Des modèles mathématiques sont utilisés pour obtenir des informations sur la cicatrisation et la régénération, en coopération avec les universités de Lisbonne et de Grenoble, et un laboratoire de Gif sur Yvette. Ce travail fait appel à la 3D.
Ce projet repose sur plusieurs innovations en termes de procédés et de méthodes de travail : il est en effet fondé sur le décloisonnement des disciplines et sur la création d'une culture commune de recherche entre mathématiciens, physiciens et biologistes ; il recherche une coopération internationale qui lui permettra d'arriver plus rapidement à une masse critique.