2. La formation et la sensibilisation des enseignants : l'action d'IFFO-RME
Comme l'a indiqué Mme Sylvette Pierron lors d'une audition des rapporteurs, IFFO-RME a pour mode d'action de former des personnes qui de par leurs métiers peuvent être amenés à leur tour à véhiculer cette formation/prévention/information. Cette association fait de la prévention dans les établissements scolaires, pour éviter des rumeurs, les paniques. Elle travaille sur l'information en amont, auprès des formateurs.
IFFO-RME ne forme donc pas directement les enfants mais des personnes en contact avec les enfants, des personnes ressources, ce qui permet, en ne formant qu'une personne, de toucher plusieurs dizaines de jeunes. Ces personnes ressources sont susceptibles de redéployer ces formations, et de véhiculer ses messages. Son action est facilitée par l'existence dans chaque académie d'un plan de formation destiné aux professeurs et au personnel, même si la formation à la compréhension des risques et leur mise en perspective n'est généralement pas considérée comme une priorité.
55% à 65% de ses membres travaillent dans l'éducation nationale où ils sont chefs d'établissement, professeurs, infirmières. Les autres sont des professionnels de la prévention des risques (et notamment des pompiers), tous bénévoles sauf pour le bureau national ou il y a 3 salariés. Son budget annuel est de l'ordre de 400 000 euros, provenant de subventions de différents ministères (surtout du ministère de l'environnement), des collectivités territoriales et de grands partenaires comme Radio France.
Sa tâche est donc de contribuer à la prévention des risques par l'éducation, la pédagogie et l'exercice.
Elle produit des outils pédagogiques ludo-éducatifs, en présentant les connaissances souhaitables, mais aussi des questions qui portent sur le positionnement par rapport à un évènement quelconque. Les thèmes abordés sont actuels : le transport de matériaux dangereux, les effets des tremblements de terre, les risques industriels et technologiques. Elle construit actuellement avec La Main à la Pâte un recueil de propos scientifiques, afin de valoriser l'enseignement des sciences et des métiers dans l'éducation. Plusieurs métiers sont concernés : ceux de la prévention et de la prévision, qui utilisent la modélisation et la quantification.
IFFO-RME fait partie d'un groupe de travail interdisciplinaire et inter-ministériel avec des partenariats avec des gestionnaires de crises, des experts scientifiques, afin de créer des supports pédagogiques et d'apporter une formation aux enseignants pour qu'ils puissent mieux en tirer parti.
Ce processus éducatif ne se contente pas de simplement de livrer de l'information, mais l'accompagne, ce qui apporte une valeur ajoutée par rapport à l'information disponible sur Internet.
Le cas d'AZF permet de montrer l'utilité d'une telle formation : dans 90 établissements proches d'AZF, il y avait eu une formation au plan SESAM d'organisation « des secours dans un établissement scolaire face à l'accident majeur ». Ce plan qui permettait de regrouper les élèves et enseignants en panique a été mis en oeuvre lors de l'accident. Les proviseurs et professeurs ont bien réagi, mais les parents à qui on avait demandé de rester chez eux, se sont précipités pour aller chercher leurs enfants.
La prévention permet d'éviter de telles réactions. Elle permet aux citoyens de mieux cerner les risques et de les comprendre et d'avoir des peurs à la hauteur du danger.
IFFO-RME travaille aussi sur les pollutions chroniques, sur le Plan de protection de l'atmosphère (PPA), et, en classes de troisième et seconde, sur la pollution de l'air, le tabac, les gaz de mobylettes, ainsi que les risques liés aux transports.
Elle utilise les jeux de rôle qui obligent les participants à revenir sur leurs positions personnelles concernant tel ou tel domaine, et permettent de mieux intégrer les problématiques. Elle emploie des scénarios préfabriqués, portés localement par le responsable académique et par l'enseignant de son réseau.
A titre d'exemple, un jeu sur la pollution des voitures va conduire dans un premier temps à dire «il faut moins de voitures», mais dans un deuxième temps à s'interroger sur les ressources en pétrole, le type de transport, le type de voyage... IFFO-RME confronte un besoin de société, le quotidien et une réponse technologique. Son objectif est de permettre des nuances, une approche plus mesurée et réfléchie, et l'avènement d'autres thématiques qui peuvent être liées à l'innovation.
Paradoxalement, son action est davantage soutenue par le ministère de l'environnement que par celui de l'éducation nationale.