D. DÉVELOPPER L'INTÉRÊT DES JEUNES POUR LES SCIENCES ET L'INNOVATION

La peur de l'échec, que l'on inculque à tort dans l'esprit de nos enfants dès le plus jeune âge, n'a-t-elle pas sa part de responsabilité dans notre volonté de vouloir tout planifier, tout prévoir, que pas une tête ne dépasse ?

Cette approche négative de l'échec, non comme un évènement à surmonter, mais comme une marque indélébile, n'est-ce pas là une des causes de nos réticences à toute possibilité créative, à toute prise d'initiative ?

1. Remettre en cause la peur de l'échec comme moteur de la motivation à l'apprentissage

Notre pays connaît un vrai problème d'adhésion au risque, au point que l'on n'a pas vraiment le droit à l'erreur . Cette mentalité s'acquiert dès la petite enfance, ce qui explique pourquoi elle est tellement ancrée dans nos esprits. Mais comme nous l'avons vu précédemment, cette mentalité est très différente dans d'autres pays, par exemple aux Etats-Unis, mais également dans les pays émergents.

On peut prendre l'exemple du système de notation à l'école : alors qu'en France, on enlève généralement des points pour chaque faute, dans d'autres pays, on attribue des points quand le résultat est juste. Au final, cela revient au même, mais la philosophie est complètement différente : dans un cas, on punit l'erreur, dans l'autre, on encourage la réussite.

De même, un entrepreneur n'a pas vraiment le droit de se tromper en France. Le créateur des cafés Starbucks a connu sept dépôts de bilan avant de connaître la réussite ; un entrepreneur français pourrait-il se le permettre ?

Le questionnera-t-on ad vitam aeternam sur les raisons de ses échecs, ou regardera-t-on le temps qu'il a mis pour se relever ?

2. L'importance de la confrontation de l'école au monde réel par les projets innovants interdisciplinaires

La société dans son ensemble a évolué, en particulier les technologies, mais notre école n'a pas suivi cette évolution.

Si un individu du XVIIIe siècle revenait parmi nous, c'est très probablement dans une école qu'il serait le moins surpris. Les jeunes générations réalisent parfaitement qu'il existe un décalage énorme entre ce qu'ils apprennent à l'école et ce qu'ils apprennent à l'extérieur - et qui les stimule en général beaucoup plus.

Le rôle de l'école est déterminant. Comme au XIXe siècle, les enfants doivent apprendre à lire, écrire et compter. Mais à l'aube du XXIe, ils doivent savoir aussi créer et naviguer sur un site web et utiliser l'ordinateur au maximum de sa capacité. Or, dans nos écoles primaires, au collège et lycée, le programme s'arrête trop tôt. Ce n'est pas cela qui aidera les jeunes à entrer dans le XXIe siècle !

Il faut inciter les jeunes à se poser des questions, à poser des questions, et leur apporter les éléments qui leur permettent d'y apporter eux-mêmes une réponse.

Une expérience menée aux États-Unis relatée par M. François Taddei montre que des enfants de quatre ans peuvent faire de l'électronique avec de la pâte à modeler. Il faut développer le côté « bricolage » de la fonction d'ingénieur. Les Américains ont ainsi développé un logiciel open source qui permet à chacun de modifier son téléphone, que l'utilisateur peut s'approprier et améliorer. Les nouveaux téléphones sont de formidables instruments scientifiques dont la puissance de calcul est supérieure à celle que la NASA a utilisée pour envoyer une fusée sur la lune, et ils possèdent des capteurs extrêmement performants. Le fait de pouvoir modifier, même légèrement, leurs applications permet de mieux les utiliser.

Qui sait que le plus jeune développeur d'application sur smartphone a onze ans, et les plus jeunes auteurs de publications scientifiques dans des revues internationales entre huit et dix ans ? Les jeunes sont capables d'expérimenter et d'innover, à condition qu'on leur en donne les moyens.

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