C. LE REFUS DE L'AIDE EUROPÉENNE

1. La spécificité de la crise portugaise

Le gouvernement portugais motive son refus de solliciter une aide auprès du Fonds européen de stabilisation financière (FESF) en soulignant la spécificité de la situation portugaise comparée à celles de la Grèce et de l'Irlande. Le Portugal traverse une crise structurelle qui nécessite l'adoption d'une stratégie nationale fondée sur la relance de la croissance et la limitation de la dépense publique. Le système financier local est, lui, considéré comme solide, aucune bulle immobilière n'est apparue.

Le gouvernement, appuyé en cela par la Banque centrale européenne, souligne régulièrement que le Portugal n'est pas confronté à un problème de solvabilité mais à un problème de liquidités. Les autorités lusitaniennes estiment de fait que le Portugal dispose de perspectives de croissance qui lui permettront de rembourser à terme les prêts qui lui sont octroyés.

Si les banques rencontrent actuellement un problème de liquidité, il est principalement lié au fait qu'elles n'ont plus accès aux marchés financiers pour se refinancer en raison des taux très élevés qui y sont pratiqués. On relèvera néanmoins que cette montée de taux ne conduit pas à un recours croissant aux facilités de la Banque centrale européenne, les aides de celles-ci étant en recul depuis août 2010. Les banques portugaises ont par ailleurs satisfait avec succès aux stress tests européen, même si l'exemple irlandais tend à fragiliser la portée d'une telle réussite.

Il convient néanmoins de noter que les volumes des montants empruntés à la BCE demeurent élevés (40 milliards d'euros en septembre et en octobre, 38 en novembre). Par ailleurs, les agences de notations Fitch , Standard and Poor's et Moody's ont placé en fin d'année dernière les banques portugaises sous surveillance négative en raison de leur dépendance à la banque centrale européenne. Ce recours n'apparait pas à terme soutenable. L'augmentation des taux n'est pas, non plus, sans incidence sur la valeur boursière des banques, comme en a témoigné le recul de 5 % des cours de la BES et de la BCP le 7 janvier dernier.

Ce financement des banques portugaises par le biais de la BCE avec un taux de 1 % leur permet notamment de participer à l'achat d'obligations nationales avec un taux supérieur à 6,5 % en ce qui concerne les émissions à long terme. L'adjudication du 12 janvier dernier souligne néanmoins que les acheteurs sont à 80 % d'origine étrangère, écartant de la sorte tout risque marqué de financement consanguin.

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