D. UNE CRISE ÉCONOMIQUE DOUBLÉE D'UNE CRISE POLITIQUE
Organisées en septembre 2009, les élections législatives n'ont pas débouché sur la mise en place d'une majorité parlementaire. Si le Premier ministre, José Socrates, en poste depuis 2005, a pu être reconduit, son parti, le Parti socialiste, bien que vainqueur du scrutin, ne dispose pas de la majorité absolue avec 96 sièges sur 230 à l'Assembleia da Republica. Le parti social démocrate (PSD), de centre droit, est la principale formation d'opposition. Elle dispose de 78 sièges au sein de la chambre. La droite populiste, rassemblée au sein du centre démocratique et social (CDS-PP), constitue la troisième force politique du pays après sa percée aux élections. Elle dispose de 21 sièges. Le bloc de gauche dispose de 16 sièges et la coalition communistes-écologistes (CDU) de 15 sièges.
Le Président de la République, Anibal Cavaco Silva, est, quant à lui membre du PSD. Il est candidat à sa propre succession le 23 janvier prochain. Les élections présidentielles sont l'occasion pour le bloc de gauche et le CDS/PP de tenter un rapprochement avec le PS d'un côté et le PSD de l'autre en vue d'une possible intégration au sein d'un gouvernement de coalition. Ces deux formations ne présenteront pas, à cet égard, de candidats. M. Silva devrait être réélu aisément au premier tour.
La difficulté à trouver une majorité pour adopter les mesures d'austérité sont apparues à l'occasion de l'examen en première lecture du projet de loi de finances 2011, le 26 novembre dernier. Le vote du budget n'a été rendu possible que par l'obtention d'un accord entre le PS et le PSD, obtenu par la médiation du Président de la République. Le gouvernement s'est ainsi engagé auprès du PSD à accélérer la restructuration de l'administration et des entreprises publiques. Il a parallèlement révisé ses ambitions à la baisse en ce qui concerne la suppression d'avantages fiscaux ou la révision de la liste des produits bénéficiant d'une TVA réduite. Ces concessions minorent de 0,3 % de PIB les recettes fiscales initialement prévues dans le projet de loi de finances.
Le PSD s'était déjà abstenu le 25 mars dernier afin de faire adopter le plan d'austérité et de croissance. Cette abstention était néanmoins doublée de critiques contre la poursuite de l'investissement public ou les dispositions visant les rémunérations les plus élevées.
Cette coopération tacite entre les deux principaux partis n'est pas pour autant une constante de la vie parlementaire portugaise comme en ont témoigné en février 2010 les débats dans le cadre de la loi de finances régionales. L'ensemble de l'opposition, PSD inclus, a ainsi adopté plusieurs dispositions augmentant les transferts financiers accordés aux régions autonomes des Açores et de Madère. Ces deux régions ont également obtenu l'autorisation de s'endetter de 50 millions d'euros par an jusqu'en 2013. Ces votes sont à rebours des intentions du gouvernement, enclin à une réduction de tous les financements publics et souhaitant diffuser ce message aux investisseurs.
Les déclarations du leader du PSD, Pedro Passos Coelho, demandant la démission du gouvernement socialiste en cas de recours à l'aide conjointe de l'Union européenne et du FMI, souligne à quel point l'accord parlementaire entre les deux principales formations politiques demeure fragile.