4. Un métier toujours pas assez valorisé et soumis à une pression croissante
a) Une rémunération peu attractive
D'abord, les chercheurs entrent tard dans la vie active et doivent souvent, après leur thèse, vivre dans la précarité pendant plusieurs années avant d'obtenir une titularisation.
En outre, la rémunération des chercheurs reste peu attractive.
Il est donc peu étonnant que les meilleurs éléments se détournent de la recherche publique française. A cet égard, il n'est pas anodin que certains postes proposés par l'INSERM et le CNRS, deux organismes dont le prestige n'est plus à démontrer, soient restés vacants en 2010 parce que les candidats qui avaient été sélectionnés les ont finalement refusés, faute d'attrait.
Dans un rapport d'avril 2007, la Commission européenne a comparé les rémunérations des chercheurs du secteur public et du secteur privé.
Salaires moyens annuels des chercheurs des 25 pays
de
l'Union européenne et des pays associés
tenant compte de la
parité du pouvoir d'achat
et de la répartition des chercheurs
par ancienneté
Pays |
Salaires |
Autriche Suisse Israël Pays-Bas Luxembourg Belgique Allemagne Royaume-Uni Chypre Irlande France Suède Danemark Norvège Malte Espagne Slovénie République tchèque Finlande Italie Islande Portugal Grèce Lituanie Hongrie Croatie Turquie Pologne Lettonie Estonie Slovaquie Roumanie Bulgarie |
60.530 59.902 59.580 56.721 56.268 55.998 53.358 52.776 50.549 49.654 47.550 47.143 43.669 41.813 40.342 38.873 37.970 36.950 36.646 34.120 33.801 33.334 30.835 29.660 27.692 27.063 26.250 21.591 21.580 21.053 18.282 13.489 9.770 |
Source : Commission européenne 2007
Il apparaît que les salaires des chercheurs français, en tenant compte de la parité du pouvoir d'achat, sont bien inférieurs à ceux de leurs homologues autrichiens, allemands, israéliens, suisses, néerlandais, luxembourgeois ou anglais.
En outre, les carrières sont lentes et les possibilités de promotion limitées.
Plus généralement, la prise en compte des différentes activités est insuffisante. Ainsi, les directeurs des instituts fédératifs ne font l'objet d'aucun « allégement » et sont évalués sur leurs seules activités de recherche, alors que de facto ils consacrent un temps considérable à la gestion de cette structure.
De même, il existe peu de possibilités d'évolution et de modulation au cours de la carrière, alors même que tous les chercheurs ne peuvent maintenir l'excellence scientifique pendant l'intégralité de leur vie active.
b) Un métier soumis à une pression croissante
Les contraintes du métier de chercheur ne doivent pas être sous-évaluées : les journées sont souvent longues, tributaires d'expériences qui doivent être surveillées. Ce métier exige en outre une grande flexibilité d'esprit puisque les chercheurs sont soumis, en plus de leur recherche, à des obligations d'enseignement, voire, lorsqu'ils sont également praticiens hospitaliers, à la nécessité d'accueillir et soigner des patients.
A cette surcharge de travail chronique liée à ces activités s'ajoute une perte de temps croissante à rédiger des dossiers dans le cadre d'appels à projet ou d'évaluation, à gérer de multiples lignes budgétaires compte tenu de la fragmentation des financements ou encore à siéger dans des comités d'évaluation.
Aucune profession n'est soumise à une telle évaluation permanente qui, pour beaucoup de chercheurs, est assimilée à une véritable défiance à leur égard.
En outre, avec un taux de sélection des projets de 20 % à l'ANR, la concurrence est très forte entre les équipes et la pression psychologique pesant sur les chercheurs afin de rester créatifs et compétitifs ne doit pas être sous-estimée.