3. Les déterminants précoces de l'obésité
En France, le risque de surpoids de l'enfant a été multiplié par 4 entre 1960 et 2000. En outre, une proportion notable d'enfants est déjà en surpoids à l'âge de 5 ans.
Une cohorte britannique de 134 enfants recrutés dans la population générale et revus annuellement a montré que 91 % et 70 % de l'excès du surpoids à 9 ans était gagné avant 5 ans respectivement chez les filles et les garçons.
La croissance pondérale à 5 ans semble donc associée à un risque ultérieur de surpoids.
Ces résultats incitent à penser que dès la petite enfance, voire dès la grossesse, certains événements survenant à des périodes critiques du développement peuvent avoir un effet à long terme et définitif sur l'organisme.
(1) Le lien entre poids de naissance et obésité
En 1986, un épidémiologiste anglais, David Barker a montré que les enfants nés à moins de 2,5 kg avaient un risque 3 fois plus élevé de développer un diabète de type 2 et d'être obèses 60 ans plus tard. Cette observation a donné naissance à la « théorie de Barker » qui postule que des facteurs environnementaux, notamment nutritionnels, pourraient agir durant les phases précoces de la vie et définir en partie le risque de développer certaines maladies chroniques, dont l'obésité.
(2) Le lien entre croissance précoce et obésité
Il semblerait qu'il y ait également une possibilité de programmation métabolique lié au mode de croissance tôt dans la vie. Ainsi, le « rattrapage » de croissance par l'augmentation de la vélocité de croissance du poids et de la taille à certaines périodes de la petite enfance augmenterait le risque métabolique.
Corrélation entre la croissance précoce et la masse grasse à l'adolescence
Dans le cadre de l'étude Fleurbaix-Laventie, ville santé, deux périodes de croissance ont été détectées qui paraissent particulièrement corrélées à la masse grasse présente à l'adolescence :
- les trois premiers mois de la vie ;
- vers trois ans.
(3) Rebond précoce et obésité
Une chercheuse française, Mme Marie-France Rolland Cachera, s'est particulièrement intéressée à l'évolution de la corpulence des enfants.
En 1982, elle a établi les premières courbes de corpulence des enfants qui figurent désormais dans tous les carnets de santé. Elle a mis en relief le fait que l'évolution de la corpulence des enfants se traduisait par un rebond d'adiposité vers l'âge de 6 ans.
Or, l'étude de la corpulence des adolescents obèses montre un rebond précoce d'adiposité.
Ainsi, respectivement 97 % et 65 % des enfants obèses ont un rebond d'adiposité avant 6 ans et même 2 ans.
La programmation précoce ne vient pas supplanter les autres facteurs de risque liés à l'interaction entre le comportement d'un individu et son patrimoine génétique : elle représente une source supplémentaire de risque environnemental.
Le retard de croissance intra-utérin et une croissance staturo-pondérale rapide pendant les premiers mois de la vie représentent des facteurs de risque dont il faut tenir compte pour mieux appréhender une prise en charge nutritionnelle adaptée à l'enfant.