II. LES APPORTS DE LA SCIENCE AFIN D'AMÉLIORER L'EFFICACITÉ DES POLITIQUES DE PRÉVENTION
Le paragraphe précédent a montré que les politiques de prévention devaient éviter de nombreux écueils pour avoir un impact positif sur les comportements des individus.
Néanmoins, compte tenu de l'intérêt croissant des décideurs publics pour les politiques de prévention, de nombreuses recherches ont été engagées en sciences humaines et en économie afin de mieux comprendre les déterminants et la formation des comportements ainsi que leurs interactions avec un environnement donné.
De nouvelles disciplines sont ainsi nées à l'instar de l'économie comportementale qui observe et analyse les caractéristiques du comportement d'humains réels pour ensuite élaborer des modèles à partir de certains invariants.
Les résultats acquis jusqu'à présent constituent autant de voies d'amélioration des politiques de prévention.
A défaut de pouvoir toutes les énumérer, votre rapporteur propose d'illustrer ses propos à partir de trois exemples : l'importance de la prévention précoce, le rôle de l'activité physique et les clés du succès de la prévention primaire.
A. L'UTILITÉ D'UNE PRÉVENTION PRÉCOCE
1. L'influence des expositions foetales sur le développement ultérieur de l'obésité
Votre rapporteur a déjà expliqué qu'un petit poids de naissance (moins de 2,5 kg), mais également un gros poids de naissance (plus de 4 kg) étaient associés à un risque ultérieur d'obésité et/ou de diabète de type 2.
D'autres études montrent la vulnérabilité particulière du foetus à son environnement et insistent sur les conséquences à long terme de cette exposition, indépendamment du poids de naissance.
Ainsi, l'exposition du foetus à la nicotine non seulement freine la croissance intra-utérine, mais des expériences sur des rats soumis à la nicotine pendant la gestation et la lactation ont également révélé des altérations métaboliques postnatales associées à l'obésité, le diabète de type 2 et l'hypertension.
De même, une prise de poids importante pendant la grossesse (plus de 24 kg) augmente le poids de naissance de l'enfant indépendamment d'éventuels facteurs génétiques.
Une autre étude finlandaise a montré que la prévalence d'adiposité abdominale à l'âge de 16 ans était la plus élevée chez les individus qui avaient été exposés à un surpoids maternel antérieur à la grossesse et à un diabète gestationnel . Même chez les enfants dont la mère avait un résultat normal au test de tolérance au glucose, le surpoids maternel antérieur à la grossesse était associé à un risque supérieur d'adiposité abdominale. Chez les enfants dont la mère se caractérisait par un poids normal, les risques d'adiposité abdominale n'étaient pas augmentés lors de leur exposition au diabète gestationnel de la mère.
L'ensemble de ces études insistent sur le fait que le développement de l'obésité chez le jeune adulte est influencé par des expositions prénatales, indépendamment de son mode de vie.
Certes, les expositions foetales ne constituent pas les seuls déterminants du développement de la prévalence de l'obésité depuis trois décennies. Néanmoins, cette découverte scientifique a des implications importantes.
D'une part, elle constitue une piste pour expliquer le développement rapide de l'obésité depuis trois décennies qui serait lié (notamment) au fait que de plus en plus de femmes obèses donnent naissance à des enfants qui, ayant été exposés à l'obésité de leur mère pendant la gestation, ont un risque accru de devenir obèses.
D'autre part, elle incite à développer une prévention très précoce en direction de la mère (obèse ou non) afin de l'aider à ne pas prendre trop de poids pendant la grossesse ou à arrêter de fumer. Selon le professeur Ricour, la grossesse est une période particulièrement adaptée pour une prévention efficace compte tenu de la sensibilité particulière de la future mère au bien-être à venir et au bon développement de son enfant.
En outre, le développement de la prévention dès la grossesse permet de repérer très tôt les éventuelles situations à risque et d'instaurer une vigilance accrue pendant la première année.