2. Les exemples d'actions menées à l'étranger
a) En Allemagne
66 % des hommes et 51 % des femmes sont en surcharge pondérale, tandis que 15 % des enfants sont soit en surpoids soit obèses.
Le gouvernement fédéral a donc lancé en juin 2008 le plan national « IN FORM » : une initiative allemande pour une alimentation saine et pour plus d'activité physique ». Ce plan a été élaboré et réalisé conjointement par le ministère fédéral de la santé et le ministère fédéral de l'alimentation, de l'agriculture et de la protection du consommateur.
Il vise à lutter contre la malnutrition, le manque d'activité physique, le surpoids et les maladies qui lui sont liées.
Le plan « IN FORM » se concentre sur 5 champs d'action :
1. « Exemplarité du Bund, des Länder et des communes » : les instances politiques veulent montrer l'exemple en faisant face, de façon plus marquée, à leurs obligations vis-à-vis de la santé de leurs employés ;
2. « Information sur l'alimentation, l'activité physique et la santé » : il s'agit d'améliorer l'information et l'adapter aux groupes cibles ;
3. « Exercice physique au quotidien » : le plan souhaite promouvoir une activité physique et sportive régulière dans toutes les tranches de la population ;
4. « A mélioration de la qualité de l'alimentation hors du domicile » ;
5. « Impulsions pour la recherche » : le plan doit renforcer la recherche fondamentale relative à l'alimentation et l'activité physique. Outre les données scientifiques visant à développer et à proposer des offres à destination d'utilisateurs spécifiques, la recherche doit également contribuer à évaluer et garantir la qualité des mesures existantes dans la prévention primaire.
Le programme « IN FORM » ne se concentre pas uniquement sur le surpoids et l'obésité, mais vise à améliorer la santé des Allemands à travers un mode de vie plus sain.
Entre 2008 et 2010, 5 millions d'euros par an y sont consacrés afin de financer les campagnes d'information et les actions locales. En effet, l'accent est mis sur la multiplication de petits projets au niveau local, permettant d'atteindre les individus dans leur environnement de vie et de promouvoir concrètement l'activité au quotidien et le développement de bonnes pratiques. Toutes les tranches d'âge sont visées même si un effort particulier est réalisé en direction de la population âgée.
Le programme « IN FORM » dispose d'un logo qui peut être utilisé, après accord des ministères, par les projets développés au niveau local.
Par ailleurs, il existe une « assemblée » qui rassemble les représentants des Länder, des associations, des caisses de sécurité sociale etc., et qui est chargée d'échanger sur les expériences menées au niveau local.
Parallèlement à ce programme, des standards de qualité pour les cantines, les Kindergarten et les maisons de retraite ont été développés mais ils ne sont pas contraignants.
IN FORM vise également le monde du travail. Des brochures ont été distribuées à l'attention des employés et des employeurs afin d'encourager une alimentation saine et une moindre sédentarité. En outre, une incitation fiscale a été introduite pour les entreprises engagées dans la promotion de la santé. Celles-ci bénéficient d'une déduction fiscale de 500 euros par an et par salarié lorsqu'elles permettent à ces derniers de participer à des mesures favorables à la santé validées par les caisses d'assurance maladie.
Les caisses d'assurance maladie font également de la prévention auprès de la population et financent des projets qui ont fait l'objet d'une évaluation. En outre, elles encouragent les patients d'âge moyen à suivre des programmes de prévention à travers l'octroi de cadeaux, comme des weekends de thalassothérapie par exemple.
Selon les personnes rencontrées au ministère de la santé allemand, les évaluations réalisées à 3 et 6 ans de ce type de mesures montrent que les personnes ayant suivi ces programmes de prévention font moins appel aux services de santé.
b) Au Royaume-Uni
Le Royaume-Uni est particulièrement touché par l'obésité.
Selon les statistiques du Health Survey for England, entre 1993 et 2008, la prévalence de l'obésité est passée de 13,2 % à 24 % chez les hommes et de 16,4 % à 25 % chez les femmes.
Au total, 66 % des hommes et 57 % des femmes étaient en surcharge pondérale.
En 2008, 17 % des enfants de sexe masculin et 15 % des enfants de sexe féminin étaient obèses. En tenant compte du surpoids, un enfant sur trois était donc en surcharge pondérale.
(1) Le plan d'action « Healthy life, healthy weight»
En juillet 2005, le gouvernement britannique a donc saisi sa cellule de prospective « Foresight » sur le thème suivant : « affronter l'obésité : les choix à venir ». Cette étude menée sur deux ans en collaboration avec la communauté scientifique, a permis de rassembler des preuves scientifiques dans un certain nombre de disciplines non seulement sur les déterminants de l'obésité, mais également sur les éléments à prendre en compte pour mener une campagne de prévention efficace.
Le gouvernement s'est appuyé sur cette étude et a défini en 2007 un plan d'action stratégique pour lutter contre l'obésité. Le plan « Healthy life, healthy weight » affiche 5 priorités :
1. « Les enfants : une croissance saine et un poids sain » : le programme prévoit d'engager une prévention précoce des problèmes de poids chez l'enfant dans la mesure où en cas d'obésité infantile, le risque que cette obésité perdure à l'âge adulte est de 80 %. Les actions prévues se déclinent de la manière suivante :
- identifier les familles à risque aussi tôt que possible ; encourager l'allaitement et tendre à en faire la norme ;
- donner de meilleures informations aux parents sur la santé de leurs enfants en leur fournissant les résultats du Programme national de mesures des enfants 24 ( * ) ;
- s'assurer que les écoles soient des écoles saines, notamment en faisant des cours de cuisine une matière obligatoire pour les 11/14 ans à partir de 2011 ;
- développer des stratégies de « lunch-boxes » saines, afin que les enfants ne mangeant pas à la cantine puissent s'alimenter correctement ;
- développer des programmes sur mesure pour augmenter la participation des enfants obèses et en surpoids aux activités physiques et sportives ;
- investir 75 millions de livres sterling dans des programmes de marketing basés sur des preuves scientifiques qui informeront, aideront et encourageront les parents à modifier le régime alimentaire et le niveau d'activité de leurs enfants ;
- investir dans les infrastructures pour encourager la pratique du vélo dans les zones géographiques où la prévalence du surpoids infantile est importante.
2. « Promouvoir des choix alimentaires plus sains » : réduire la consommation de produits contenant beaucoup de gras, de sucre ou de sel et augmenter la consommation de fruits et de légumes. Trois types d'actions sont prévus :
- mettre en place un code de bonnes pratiques sur les aliments sains en partenariat avec l'industrie afin de réduire la consommation de graisses saturées, de sucre et de sel notamment (système de « feux tricolores » sur les emballages pour distinguer les produits « sains » des produits à consommer modérément et occasionnellement) ;
- assurer une marge de manoeuvre aux autorités locales dans la définition des plans d'aménagement urbain afin de leur permettre de contrôler la prolifération de points de vente de fast-food, notamment autour des parcs et des écoles ;
- évaluer les moyens de restriction de la publicité d'aliments non sains en direction des enfants.
3. « Mettre de l'activité physique dans notre vie » : l'activité physique doit progressivement être ancrée dans le quotidien des Britanniques. Dans ce but, le gouvernement britannique s'est engagé à :
- investir dans la campagne « walking into health » afin qu'un tiers des Anglais fassent au moins 1 000 pas de plus quotidiennement en 2012 ;
- investir 30 millions de livres dans neuf « healthy towns », villes engagées dans une prévention au niveau de la communauté ;
- travailler avec les villes britanniques incluses dans EPODE ;
- mettre en place un groupe de travail avec l'industrie du jeu dans le but de développer des outils permettant aux parents de limiter le temps que leurs enfants passent devant l'écran ;
- revoir l'approche de l'activité physique, en collaborant avec l'association « Sport England » pour développer de nouveaux programmes de promotion de l'activité physique et en utilisant la préparation de la Grande- Bretagne aux jeux olympiques de 2012 comme outil fédérateur pour augmenter durablement le niveau d'activité physique de la population.
4. « Favoriser une meilleure santé » : le but recherché est d'améliorer la compréhension des individus sur les conséquences à long terme de leurs actions afin d'influencer leur manière de vivre au quotidien. Concrètement, le gouvernement souhaite :
- travailler avec les employeurs pour développer des expérimentations sur la manière dont les entreprises peuvent le mieux promouvoir la bonne santé et intégrer ce volet dans leurs « business models » ;
- lancer des expériences sur l'évaluation du bien-être des salariés, en leur offrant des conseils personnalisés et des programmes modifiant leur mode de vie liés à leur propre évaluation du niveau de leur santé ;
- proposer et évaluer plusieurs types de subventions individuelles afin d'encourager un mode de vie sain à travers notamment une perte de poids, le maintien de cette perte, le fait de manger plus sainement ou d'être plus actif.
5. « D es conseils et une prise en charge personnalisés » : au-delà des mesures préventives, le gouvernement souhaite prendre en charge et traiter les personnes qui ont déjà des problèmes de poids à travers deux types de mesures :
- la création d'un site Internet avec des conseils personnalisés en matière de régime alimentaire et de niveaux d'activité physique.
- le financement de programmes visant à contrôler le poids.
« Healthy life, healthy weight » est un plan ambitieux : son objectif est de ramener en 2020 le taux de prévalence de surcharge pondérale des enfants à celui de 2000.
Dans ce but, 372 millions de livres sont déjà prévus sur une période de trois ans (2008/2011), sans compter les 140 millions de livres accordés à Cycling England afin de développer le réseau de pistes cyclables dans les villes.
(2) La campagne de sensibilisation « Change4Life »
Comme il a été rappelé précédemment, le plan de prévention de l'obésité britannique repose sur une expertise scientifique de près de deux ans visant à définir les principes d'action d'une politique de prévention efficace auprès des enfants.
Les conclusions de ce travail de longue haleine peuvent se résumer de la manière suivante.
Priorité a été donnée à la population des 5-11 ans. Néanmoins, les mesures de prévention s'adressent aux parents (censés contrôler les modes de vie de leurs enfants). Elles visent également à modifier durablement l'environnement des enfants par des mesures plus structurelles.
Ensuite, le gouvernement britannique vise prioritairement les enfants à risque, c'est-à-dire les enfants dont l'IMC est déjà supérieur à 25 ainsi que les enfants dont les habitudes alimentaires et le niveau d'activité physique constituent des facteurs de risque.
Deux stratégies ont été développées pour pouvoir les repérer :
- la mise en place du programme national de mesure de l'IMC de tous les enfants âgés de 6 à 11ans. 1 million d'enfants sont concernés. Les résultats sont communiqués par courrier aux parents avec, le cas échéant, la suggestion de s'engager dans un programme de prévention interactif ( voir supra ) ;
- la campagne de marketing social « Change4Life ». Cette campagne financée à hauteur de 75 millions de livres, a pour vocation de sensibiliser les parents sur les dangers de l'obésité et de les inciter, le cas échéant, à promouvoir huit comportements permettant d'atteindre ou de maintenir un poids « sain ».
Les huit comportements pour développer et maintenir un poids sain Réduire les apports en gras, en particulier les graisses saturées ; Réduire les apports en sucres ajoutés ; Contrôler la taille des portions ; Manger au moins 5 portions de fruits et légumes par jour ; Avoir trois repas réguliers par jour ; Faire au moins 60 minutes d'activité d'intensité modérée par jour ; Réduire le temps consacré à des activités sédentaires. Sources : Change4Life ; Department of Health |
Avant le lancement de cette campagne, une étude sur les obstacles liés à la poursuite d'une vie saine a insisté sur trois difficultés :
- la mauvaise perception par les individus de leur poids et du poids de leurs enfants ;
- leur mauvaise perception du lien entre l'obésité et les risques de maladie ;
- le fait que les préoccupations de nutrition et d'activité physique ne sont pas une priorité chez les catégories socio-professionnelles basses (qui sont les plus à risque).
La conception de la campagne d'information a donc tenu compte de ces difficultés et s'est efforcée de les contourner.
Ainsi, un effort de communication sans précédent a été fourni pour expliquer simplement et clairement les dangers pour la santé d'un excès de gras. Outre la diffusion de films publicitaires à la télévision et la création d'un logo, des millions de prospectus ont été distribués dans les centres de santé, les écoles, les garderies, les pharmacies, les cabinets médicaux, les bibliothèques, les centres de loisir, les hôpitaux, les mairies etc... Au bout d'un an, une évaluation de l'impact de cette campagne a montré que 87 % des mères ayant des enfants de moins de 11 ans se souvenaient l'avoir vue et 88 % d'entre elles reconnaissaient le logo de Change4Life.
Par ailleurs, les parents sont invités à remplir un questionnaire « How are the Kids ? » qui permet de déceler les éventuels comportements à risque des enfants. Une fois ce questionnaire retourné, ils reçoivent une évaluation du mode de vie de leurs enfants et des propositions concrètes et individualisées pour modifier les habitudes peu compatibles avec une vie saine.
Un an après le lancement de la campagne, 346 600 questionnaires avaient été retournés et 413 400 familles s'étaient engagées dans le programme Change4Life.
Afin de motiver les familles sur le long terme, un site Internet interactif a été mis en place ainsi qu'un numéro vert pour répondre aux questions des familles.
Enfin, une évaluation de la campagne est prévue chaque année visant à comparer les résultats atteints par rapport aux objectifs fixés et, le cas échéant, à réorienter certaines actions.
En février 2010, une campagne pour les adultes a été lancée avec deux objectifs :
- encourager les adultes en surpoids ou en train de développer une obésité, à perdre du poids ;
- prévenir le développement de maladies liées à certains modes de vie telles que le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et certains cancers.
Par ailleurs, une campagne visant les femmes enceintes et les enfants de moins de deux ans a été lancée en janvier 2010 (Start4Life) afin de promouvoir le bien-être et la santé de l'enfant.
* 24 Ce programme prévoit de mesurer chaque année l'IMC de tous les enfants de 6 à 11 ans, soit un million d'enfants. Les résultats sont envoyés aux parents, avec, le cas échéant, la suggestion de participer à un programme interactif de prévention de l'obésité.