M. Matthieu BACH, vice-président de l'association Promotion et défense des étudiants
Je voulais remercier la commission de la culture, de l'éducation et de la communication pour l'organisation de ce séminaire. Pourquoi faire les classements ? Les étudiants les regardent, c'est certain pour trois aspects : la formation, l'insertion professionnelle et - ce qui a été oublié depuis le début - la qualité de la vie sur nos campus.
Pour la formation, on le voit et on le note, que de plus en plus d'étudiants vont sur le site de l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur pour regarder la note de la formation pour laquelle ils postulent. Ils peuvent choisir de plus en plus en fonction de cela.
Pour l'insertion professionnelle, l'interlocuteur précédent a précisé que ce n'était pas encore très efficace dans l'ensemble de nos établissements d'enseignement supérieur et que ce serait sans doute une clé importante à mettre en place pour l'avenir.
Enfin, la qualité de vie sur nos campus : un étudiant va s'engager sur trois ans, cinq ans, peut-être huit ans avec le doctorat, sur un campus. De plus en plus d'établissements développent - à l'étranger - une offre de formation couplée avec un logement, une bourse, un job... En France, ce n'est pas du tout la culture. C'est un aspect d'attractivité certain, qui va augmenter dans les années à venir et les étudiants en France recherchent cette information, cette qualité de vie sur nos campus. Il manque encore cela.
Peut-être que dans un classement multidimensionnel à venir, si l'aspect vie étudiante, vie quotidienne pouvait être pris en compte, ce serait un pas en avant pour notre enseignement supérieur de demain.
M. Jean-Pierre NIOCHE, expert en stratégie et évaluation de l'enseignement supérieur
L'universitaire que je suis s'est enthousiasmé aux propos de M. Monteil s'agissant de réfléchir sur les valeurs et les conséquences à en tirer sur les classements. Le problème est qu'il me semble que réfléchir est certainement nécessaire mais il faudrait aussi voir les actions qui sont en marche. À la question posée par M. Monteil : que faire face à Shanghai ? La réponse a été : « il faut être gros ». L'opération a été d'abord lancée par M. Goulard, avec les Pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) en 2004, puis à partir de l'arrivée du nouveau gouvernement, par une série d'incitations qui ont été le plan Campus et maintenant le plan Grand Emprunt. On voit se construire à coup d'incitations financières ou de promesses du ministère des monstres ingouvernables, des PRES, des futures universités qui vont faire 80 000, 100 000, 120 000, 160 000 étudiants. Je parle de choses qui sont en marche. M. Monteil a l'air d'avoir des doutes, mais si on prend le rapport de M. Larrouturou sur l'université à Paris, les deux PRES qui suscitent son enthousiasme c'est un PRES qui a changé plusieurs fois de nom mais qui est composé des universités Paris III, Paris V, Paris VII et quelques autres établissements, qui va faire plus de 130 000 étudiants. Un deuxième PRES intitulé HESAM, avec Paris I, le CNAM et plusieurs écoles, qui va totaliser 140 000 étudiants. J'ai lu dans la presse récemment qu'un homme politique du Nord-Pas-de-Calais s'est prononcé pour la fusion des six universités de la région, ce qui va donner une magnifique université de 160 000 étudiants. Revenons au classement de Shanghai : il faut dépasser les 250 e pour trouver des universités dépassant 1 000 étudiants. Les 20 premières font une moyenne de 25 000 étudiants. On est en pleine folie entre cette machine infernale poussant à la taille et des propositions de réfléchir sur les classements.