2. Une dette publique qui risque de se stabiliser à près de 100 points de PIB
Indépendamment des conséquences éventuelles de la crise, la croissance potentielle de l'économie française devrait se trouver légèrement réduite d'ici quelques années. En supposant qu'elle soit de 1,75 % à partir de 2015, et que les dépenses publiques s'accroissent de près de 1,5 % par an en volume (contre 2 % en tendance observée et 1 % en 2009-2912 selon le Gouvernement), la dette se stabiliserait autour de 90 points de PIB.
Ce scénario s'appuie sur l'hypothèse que l'impact sur la charge de la dette d'une éventuelle élévation des taux d'intérêts serait compensée par une réduction à due concurrence des autres dépenses.
Si les administrations publiques se conformaient uniquement à un objectif de solde primaire, un taux d'intérêt supérieur de 2 points (soit 6 % au lieu de 4 %) pourrait porter la dette publique à près de 200 points de PIB, comme l'indique le graphique ci-après.
Les scénarios avec « effet boule de neige » sont souvent présentés dans un dessein didactique, afin de mettre en garde contre une politique qui consisterait à laisser la dérive de la charge de la dette s'entretenir d'elle-même. Ils présentent cependant l'inconvénient de supposer que les administrations publiques laissent leurs déficits globaux atteindre un niveau durablement très élevé, ici de l'ordre de 10 points de PIB, ce qui ne paraît guère réaliste.
Le scénario sans effet boule de neige montre cependant que le risque d'une dette publique qui se maintiendrait à un niveau proche de 100 points de PIB après 2012 est crédible. La crise actuelle aurait donc un impact durable sur les finances publiques.
Globalement au niveau mondial, les taux d'intérêt ne peuvent se maintenir durablement au dessus du taux de croissance . Tôt ou tard des mécanismes de rééquilibrage se mettront en oeuvre.
Mais ceux-ci ne jouent pas dans le cas de pays comme la France, qui peut se trouver confrontée à des niveaux de taux d'intérêt calibrés pour des économies en croissance plus forte que la sienne. L'économie française risque alors d'être entrainée dans un cercle vicieux de croissance faible dans la mesure où, pour faire face aux taux d'intérêt relativement élevés que lui imposeront les marchés, elle devra augmenter ses prélèvements obligatoires ou prélever sur les investissements de long terme nécessaires à la croissance, à sa compétitivité et donc au maintien de son niveau de vie.