2. Le rôle social de l'enseignement supérieur

Le rôle moteur de l'enseignement supérieur pour l'économie s'accompagne d'une forte attractivité de ce niveau d'éducation, entraînant une demande accrue .

a) De fortes incitations individuelles à étudier

Selon la théorie du capital humain , la décision de poursuivre des études est le résultat d'un comportement d'optimisation économique : un individu étudiera une année supplémentaire jusqu'au moment où le gain financier escompté de cette année d'études deviendra égal à son coût.

D'après les études réalisées par l'OCDE 12 ( * ) , les avantages de rémunération associés à un niveau de formation supérieur n'ont pas diminué sous l'effet de l'accroissement du nombre d'étudiants. L'avantage salarial moyen que procure ce niveau par rapport à un niveau de formation égal au deuxième cycle est supérieur à 25 % dans tous les pays de l'OCDE en 2005 . Il varie de 26 % au Danemark à 115 % en Hongrie. En France, ce gain est estimé à 44 % et, aux États-Unis, à 75 %.

Les taux d'emploi sont par ailleurs nettement plus élevés chez les titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur, l'écart avec les diplômés du secondaire s'établissant à 9 points de pourcentage en moyenne dans l'OCDE (2005). En France, le pourcentage d'actifs occupés dans la population âgée de 25 à 64 ans est de :

- 58 % pour les individus dont le niveau de formation est inférieur au 2 ème cycle du secondaire ;

- 75 % pour les titulaires d'un diplôme du 2 ème cycle du secondaire ;

- 82 % pour les titulaires d'un diplôme de l'enseignement tertiaire.

Ces taux sont très semblables aux taux moyens observables dans l'OCDE (respectivement 56 %, 75 %, et 84 %).

Les taux de chômage sont également corrélés au niveau de formation. En France, le pourcentage de chômeurs dans la population active âgée de 25 à 64 ans est de :

- 12,4 % pour les individus dont le niveau de formation est inférieur au 2 ème cycle du secondaire (ce chiffre est de 11 % en moyenne dans l'OCDE) ;

- 7,3 % pour les titulaires d'un diplôme du 2 ème cycle du secondaire (6 % dans l'ODCE) ;

- 6 % pour les titulaires d'un diplôme de l'enseignement tertiaire (4 % dans l'OCDE).

Une façon synthétique de présenter ces gains consiste à calculer le taux de rendement interne de l'investissement dans l'éducation 13 ( * ) . Le taux de rendement interne d'une année supplémentaire d'études au-delà du second degré est estimé sur la base de l'augmentation des revenus professionnels après impôts sous l'effet de l'élévation du niveau de formation, déduction faite des coûts privés que ces études ont occasionnés (dépenses personnelles et manque à gagner). En 2001, ce taux est en moyenne de 8,5 % dans 21 pays de l'OCDE. Il varie de 5 % (Italie) à près de 14 % (Irlande).

Ce taux de rendement dépend principalement de l'avantage que procure une année d'études supplémentaire sur le marché du travail, à savoir :

- un salaire après impôts plus élevé ;

- une plus grande probabilité d'être employé tout au long de sa vie.

Dans une moindre mesure, le taux de rendement est affecté par les coûts de l'enseignement supérieur, à savoir :

- un coût direct (frais d'inscription) ;

- un coût d'opportunité (renonciation à un salaire immédiat).

TAUX DE RENDEMENT INTERNE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR (2001)

Source : Boarini et Strauss (2007)

Il existe trois groupes de pays :

- des rendements relativement faibles sont observés en Autriche, Belgique, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Suède ;

- des niveaux modérés sont observés au Canada, au Danemark, en Finlande, en France (9 %), en Pologne et aux États-Unis ;

- enfin, l'enseignement a un taux de rendement supérieur à 10 % en Australie, Irlande, au Luxembourg, au Portugal, en Suisse et au Royaume-Uni.

Dans certains pays, il existe un écart significatif des taux de rendement en fonction des sexes.

Il faut compléter cette approche microéconomique par la mention des avantages non pécuniaires retirés de l'enseignement supérieur , notamment en termes de prestige social ou de santé. Des études 14 ( * ) ont recensé les bénéfices divers d'un niveau d'éducation supérieur, tels qu'une amélioration de la santé individuelle et familiale, un rendement plus élevé des actifs financiers, de meilleures conditions de travail, un cadre de vie plus agréable ...

Dans la mesure où toutes sortes d'avantages sont attendus de l'enseignement supérieur, celui-ci tend à être considéré comme un droit auquel une partie toujours plus grande de la population aspire.

De fait, en 2003, en moyenne dans les pays de l'OCDE, plus de la moitié des élèves (57 %) espéraient obtenir un diplôme tertiaire 15 ( * ) .

* 12 Regards sur l'éducation, OCDE (2007)

* 13 Romina Boarini, Hubert Strauss (2007), «The private internal rates of return to tertiary education : new estimates for 21 OEDC countries», OECD Economics Department Working Papers, N° 591.

* 14 Notamment : McMahon, W.W (2004), «The social and external benefits of education» in G. Johnes and J. Johnes (es), International handbook on the economics of education, cité dans «Tertiary education for the knowledge society», OECD thematic review of tertiary education (2008).

* 15 Indicateur rendant compte des réponses des élèves de 15 ans à une question soumise lors du cycle PISA 2003 de l'OCDE sur le niveau de formation qu'ils comptent atteindre.

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