2. Entretien avec M. Michel Salem Sermanet, fonctionnaire détaché au ministère des Collectivités locales
M. Michel Salem Sermanet a expliqué qu'il existait un plan de développement au niveau de chacune des neuf agglomérations (local development framework) qui s'imposait aux documents locaux comme le London Plan. Le plan régional comporte des objectifs quantitatifs en termes de construction de logements, par exemple 30 000 par an pour Londres, avec une répartition pour chaque borough. Il existe une procédure de dialogue qui permet à chaque partie de faire la preuve de la pertinence de l'objectif adopté. Le plan fixe un minimum de 50 % de logements sociaux sans déterminer pour autant de zonage précis. Il n'existe pas dans le droit britannique l'équivalent des permis de construire français.
Depuis 2007, une loi permet au maire du Grand Londres de se prononcer sur les opérations de construction de logements les plus importantes qui concernent plusieurs boroughs en contournant, au besoin, le refus des autorités locales. Près de 90 % des logements sociaux bénéficient d'un financement d'État qui peut s'élever à 50 % du coût de l'opération. Le London Plan est relativement contraignant puisqu'il précise que 42 % des constructions nouvelles doivent correspondre à des logements familiaux de trois pièces et plus.
3. Entretien avec M. Ian Irving, Director of Policy de London First
M. Ian Irving a expliqué que London First, créé en 1993, était composé de 300 membres parmi lesquels on comptait des hommes d'affaires, des entreprises et des universités qui représentaient collectivement un quart du PIB de Londres. Cette structure a été imaginée pour permettre la définition d'une stratégie pour Londres afin de rendre la ville la plus attractive possible. London First a joué un rôle important pour promouvoir la création de la Greater London Authority (GLA). Il a indiqué que la ville de Londres restait très dépendante de l'État pour ce qui concernait ses finances, compte tenu du fait qu'elle ne disposait pas d'une véritable fiscalité locale. En effet, les anciennes taxes locales sur la propriété et sur l'habitation ont été remises en cause par le gouvernement de Mme Thatcher qui en a fait remonter le produit directement à l'État. M. Ian Irving a déclaré que le Grand Londres pouvait être considéré comme contributeur net, à hauteur de 10 ou 20 milliards de livres, au bénéfice du reste de la Grande-Bretagne.
Interrogé sur la question du périmètre du Grand Londres, M. Ian Irving a expliqué que le débat qui avait eu lieu en 1965 avait abouti à un choix politique, compte tenu du fait que les communes entourant les limites de Londres étaient conservatrices et ne souhaitaient pas être intégrées dans la nouvelle structure. Les frontières du Grand Londres sont aujourd'hui délimitées par l'autoroute M25 qui constitue une rocade à 20 km du centre de la ville. Il a estimé qu'un autre périmètre plus large aurait pu être imaginé, notamment à l'ouest, et que c'était l'efficacité du réseau ferroviaire qui restait déterminante pour établir le périmètre pertinent.
M. Ian Irving a estimé que le principal point fort du Grand Londres tenait dans la masse critique que représentaient le secteur financier et, plus généralement, le secteur des affaires. Il a observé que la population était très diverse puisque 30 % des habitants n'étaient pas nés en Grande-Bretagne. Il est donc aisé pour les entreprises de trouver des travailleurs qualifiés. Par ailleurs, la création d'un interlocuteur unique pour favoriser les investissements, Think London, a constitué un progrès important. Concernant les faiblesses de l'agglomération, il a évoqué les transports qui étaient vétustes du fait d'un déficit d'investissement au cours des dernières décennies. Il a déploré la saturation de l'aéroport d'Heathrow qui ne comporte que deux pistes. Il a observé qu'il existait aujourd'hui un nouveau projet de ligne transversale baptisée « Crossrail » dont le coût s'élevait à 16 milliards de livres. M. Ian Irving a également regretté que le centre de Londres, défini par la zone 1 des transports, ne bénéficie pas d'une autorité administrative unique, du fait de l'existence de huit boroughs, ce qui était source de complications, notamment pour planifier le développement des transports et la politique du logement.
M. Ian Irving a expliqué qu'un problème récurrent du Grand Londres tenait au taux de chômage qui était plus élevé que dans le reste du pays, du fait du manque de qualification et de motivation d'une partie de la population locale, qui aboutissait à ce que de nombreux emplois étaient occupés par des étrangers, notamment en provenance de l'Union européenne.
Il a estimé qu'un des principaux acquis du Grand Londres était d'avoir permis la planification d'une croissance durable, compte tenu de l'évolution prévisible de l'emploi et de la démographie, et que le succès tenait notamment au fait que le maire partageait l'objectif que Londres devienne une ville globale, attractive pour le milieu des affaires.