B. L'ACTION SUR LES MARCHÉS
Les mécanismes du marché restent les outils les plus efficaces pour fixer les prix, et notamment ceux du pétrole. Pour autant, leur forte volatilité est nuisible car elle rend l'évolution des prix imprévisible et freine ainsi les investissements destinés à augmenter les capacités de production. La présente étude a montré que les prix du pétrole sont fondamentalement volatils dans la mesure où ils sont fortement dépendants des aléas politiques, climatiques et économiques. Toutefois, certaines actions pourraient être envisagées afin de limiter cette volatilité.
1. Améliorer l'information des marchés
La principale source d'information des marchés du pétrole est constituée par les statistiques publiées par l'AIE et qui concernent plus de 130 pays. Un questionnaire annuel est envoyé à l'ensemble des pays tandis que les pays de l'OCDE ont à remplir un questionnaire mensuel. Les informations portent sur la demande, l'offre, le commerce, les stocks, les prix et le raffinage et ce, par zone géographique et par produit.
Pour autant, ces données restent encore imparfaites. D'abord, les statistiques annuelles ne sont disponibles que 16 à 20 mois suivant l'année de référence. En ce qui concerne celles sur la demande, elles sont principalement fournies par les pays de l'OCDE qui sont également les pays importateurs. Toutefois, certains pays émergents comme la Chine deviennent des acteurs majeurs sur le marché du pétrole. Or, leurs statistiques ne semblent pas très fiables.
En ce qui concerne les données sur la production, elles proviennent pour les trois quarts de pays qui ne font pas partie de l'OCDE et ne sont donc pas tenus de fournir à l'AIE les informations demandées.
Quant aux informations sur les réserves, elles sont à regarder avec prudence dans la mesure où la définition de ces dernières ne fait pas l'objet d'un consensus de la part des pays producteurs.
Or, les insuffisances en matière de statistiques contribuent à accroître les fluctuations des prix pétroliers. En outre, elles peuvent fausser les prévisions de l'AIE. L'exemple le plus récent concerne la sous-évaluation de la demande mondiale par cet organisme en 2004 qui a conduit l'OPEP à réduire ses quotas de production, accélérant ainsi les tensions sur le marché.
Il est donc indispensable de renforcer la fiabilité des statistiques et d'accélérer leur publication. Certaines initiatives ont déjà été prises telles que la Joint Oil Data Initiative (JODI) qui est coordonnée par le Forum International de l'Énergie et vise à étendre aux pays n'appartenant pas à l'OCDE la fourniture de statistiques mensuelles sur la production, la demande et les stocks. Il convient de les soutenir ainsi que d'encourager la coopération avec les instituts de statistiques nationaux qui n'ont pas toujours les outils et le personnel nécessaires pour l'établissement des données demandées par l'AIE. En outre, il serait utile de relancer les négociations afin d'arrêter une définition des réserves prouvées admise et utilisée par tous les pays producteurs.