2. Le constat d'une « hyper concurrence »
L' amplification des enjeux commerciaux dans le football européen a provoqué une intensification de la « course au chiffre d'affaires » et, par conséquent, une dramatisation de la concurrence sportive est intervenue.
En effet, les systèmes de rétribution des clubs reposent sur une prime accordée à la performance sportive dans les différents championnats nationaux. De plus, le succès dans ces compétitions conduit à remporter les gains supplémentaires d'une participation aux compétitions européennes, en particulier à la Ligue des Champions. L'organisation du football européen diffère ainsi profondément de celle de la plupart des sports collectifs américains où la place de la performance sportive est, théoriquement, moindre.
L'analyse économique attribue aux mécanismes de distribution des revenus sur la base des performances les propriétés d'un système d'incitations économiques à l'investissement. Dans le système européen, il existe une forte incitation à investir afin d'atteindre les positions les plus rémunératrices. Dans un contexte où la rétribution perçue par un club est plus indépendante de ses performances, comme aux Etats-Unis, une telle incitation existe moins. Au contraire, dans un tel cas, les investissements sont censément réduits au minimum afin de maximiser les profits.
Ainsi, lorsqu'on considère les modalités d'organisation du sport professionnel, deux modèles différents sont envisageables : un modèle de maximisation des performances sportives , qui est celui pratiqué en Europe ; un modèle de maximisation des profits à l'américaine.
Le cadre européen conduit ainsi à un développement très dynamique des investissements en capital humain dont rend compte la croissance spectaculaire des coûts salariaux observée en première partie du présent rapport.
Cette inflation des coûts s'est accompagnée, on l'a relevé, d'une détérioration des équilibres financiers globaux du secteur , alors même que le chiffre d'affaires total du football s'est considérablement accru.
Pour votre rapporteur , ces résultats témoignent de phénomènes d'hyper-concurrence . Il faut entendre par là un processus de concurrence appauvrissante . Tout se passe comme si l'addition des stratégies individuelles débouchait sur une détérioration de l'équilibre financier agrégé. Ce processus, qui appelle une formalisation théorique, exposée ultérieurement, revêt une dimension concrète qu'on peut présenter trivialement ainsi : il existe plus d'appelés que d'élus.
Autrement dit, l'addition des perspectives de recettes excède le total des ressources potentielles. Comme les clubs engagent leurs dépenses sur la base de leurs anticipations de recettes, les charges globales tendent à excéder structurellement les produits disponibles. Des pertes structurelles s'ensuivent.
On soulignera qu' un tel processus n'est pas soutenable et appelle l'intervention d'une régulation efficace pour rationaliser les comportements des acteurs. On en conclura que la régulation est indispensable au système , la question devant concentrer l'attention étant celle de ses modalités.