B. LA FRANCE ET L'EUROPE
Au sein de l'Europe agricole, la France occupe, on l'a vu, une position bien spécifique eu égard à l'importance de son cheptel et de l'étendue de son territoire.
1. Les caractéristiques du marché européen
La crise de l'élevage bovin
Le marché de la viande bovine a été très secoué par la dernière crise de l'ESB, qui s'est développée en 2001. Dans un premier temps cantonnée à la France, la crise de confiance a gagné des Etats membres comme l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne, à mesure que des cas se déclaraient sur leur territoire.
De fait, l a consommation de l'Union européenne a connu une forte baisse en 2000-2001 (- 30 % au plus fort de la crise). Elle n'a pas retrouvé son niveau antérieur restant, début 2002, inférieure de 6 à 18 % au niveau atteint en 1999.
Cette crise et celle de la fièvre aphteuse ont fortement affecté les échanges de viande bovine entre l'Union européenne et ses principaux partenaires commerciaux. Ainsi, le marché intracommunautaire est passé de 3,18 à 2,3 millions de têtes entre 2000 et 2001. Des clients traditionnels comme les pays du Moyen-Orient ou le Japon ont fermé leurs frontières à la viande bovine et au bétail vivant en provenance des pays européens. Des concurrents comme le Brésil en ont profité pour accroître leurs ventes et prendre à l'Europe des parts de marché importantes.
La baisse des prix de la viande bovine (- 25 %) qui a suivi a entraîné une rétention des animaux sur les exploitations. Des mesures de gestion du marché ont alors été mises en place, permettant de retirer près d'un million de tonnes de viande excédentaire du marché.
Globalement, le marché européen demeure excédentaire : la baisse de la production, continue de 1996 à 2000, la réduction de la consommation et des exportations et l'anéantissement des échanges intra-européens du fait de l'ESB en 2000 constituent les caractéristiques d'un secteur qui connaît une crise structurelle grave et durable .
Il convient toutefois de noter que ces difficultés plongent leurs racines en dehors des crises sanitaires, qui n'ont fait que les révéler. Ainsi, le solde production/consommation de viande bovine de l'UE a été excédentaire de 4 à 15 % sur la période 1992/2000. Sur le long terme, la demande interne et les exportations de l'UE n'ont cessé de décroître, alors que, sur cette période, les importations ont été stables, voire en progression depuis 1998. Ces importations concernent principalement des conserves et des viandes congelées, surtout destinées à l'Allemagne et aux pays du nord de l'Europe.
Avec une collecte de lait de 114,9 millions de tonnes en 2001, la production laitière européenne est la première du monde. Le premier pays producteur européen est l'Allemagne (26,9 millions de tonnes en 2001) suivi de la France (23,2 millions de tonnes), ces deux Etats membres représentant à eux seuls 44 % de la collecte de lait de l'Union européenne. Suivent, plus loin, les Pays-Bas (10,6 millions de tonnes), et l'Italie (10,2 millions de tonnes).
Cette production laitière est largement tirée par le dynamisme de la production fromagère qui progresse de 4 % en 2001, alors que les productions de beurre et, surtout, de poudre de lait, sont en recul.
Soutenue par des restitutions aux exportations, une partie de la production laitière européenne (12 %) est destinée à l'exportation, dont 1/3 sous forme de poudres grasses et 1/4 sous forme de fromages.
Un déficit structurel en viande ovine
L'Union européenne est structurellement déficitaire en viande ovine, malgré la disparité des niveaux de consommation entre les différents Etats. Le cheptel européen est, pour 55 %, possédé par le Royaume-Uni et l'Espagne.
Le secteur de la viande porcine
Après avoir connu un plafond de 1998 à 2000, la production communautaire a connu une pause , et s'établit entre 17 et 18 millions de tonnes. Les cinq principales zones de production qui alimentent les échanges intra-européens sont le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique, la Catalogne, l'Ouest de la France et le Nord Est de l'Allemagne. Outre leur marché domestique, elles approvisionnent principalement les marchés italien, allemand, français et britannique.