DEUXIÈME PARTIE - ANALYSE DES DIFFICULTÉS DES EXPLOITATIONS DE LA FILIÈRE ET DES MARCHÉS
I. DES EXPLOITATIONS EN CRISE : UN MÉTIER PLUS DIFFICILE À EXERCER ?
Comme on l'a vu dans la première partie du présent rapport, les éleveurs rencontrent de plus en plus de difficultés dans leur activités quotidiennes. Les causes de cette situation, préjudiciable au devenir de la filière de l'élevage, sont à rechercher dans les barrières à l'installation, dans le coût croissant des bâtiments et dans les conflits de voisinage qui opposent souvent des néoruraux en mal de tranquillité et des agriculteurs pour lesquels l'espace rural n'est pas seulement un « paysage » mais, avant tout, un outil de production.
A. DES DIFFICULTÉS CROISSANTES A L'INSTALLATION
Malgré la multiplicité des dispositifs d'aide en vigueur, les éleveurs sont confrontés à de très réels problèmes d'installation et à « l'effet de ciseaux » qui caractérise l'évolution respective de leurs revenus, en baisse constante, et des investissements nécessaires pour leurs exploitations.
1. L'insuffisance des aides à l'installation
Les aides à l'installation sont insuffisantes, au regard du coût que celle-ci représente, tant en termes fonciers qu'en raison des investissements requis.
Mise en oeuvre depuis 1973, la politique d'aide à l'installation aux jeunes agriculteurs, qui concerne 70 % des installations des nouveaux agriculteurs, est fondamentale pour le devenir de l'agriculture. Cette politique est particulièrement efficace puisque 94 % des agriculteurs en ayant bénéficié au début des années 1980 étaient toujours agriculteurs après dix ans d'activité.
L'Etat subventionne l'installations des jeunes agriculteurs par le biais de deux aides : la dotation jeune agriculteur (DJA) et les prêts destinés à financer l'installation . L'ampleur des charges auxquelles doivent faire face les jeunes agriculteurs nécessite un renforcement des ces aides qui sont insuffisantes. Il leur est, en effet, souvent difficile d'équilibrer financièrement les exploitations durant les premières années d'activité. Ainsi, en pratique, la DJA ne permet pas de couvrir les besoins qui résultent de la construction de bâtiments neufs ou de la reprise de bâtiments anciens, ni même la valeur -fût-elle dépréciée !- d'un cheptel de qualité.
2. La rareté des terres agricoles dans certaines régions
Le manque de terres exploitables constitue également une difficulté croissante pour les éleveurs qui souhaitent s'installer. En effet, l'offre se raréfie en raison de la course à l'agrandissement. Ce phénomène, qui est très sensible dans le secteur des grandes cultures, a pour conséquence de restreindre le marché du foncier. Il s'observe également dans des départements tel que l'Aveyron où le prix des terrains agricoles est poussé à la hausse, alors même que la taille moyenne des exploitations connaît une augmentation constante.
Ce phénomène, de même que la pression opérée par l'extension urbaine et les achats de propriétés rurales par des non-agriculteurs, fait largement obstacle dans certains départements à l'installation des jeunes, notamment de ceux qui ne sont pas issus du milieu agricole.
Le problème que constitue le manque de surfaces disponibles a une incidence directe sur les capacités d'épandage, notamment dans le cas de l'élevage avicole.