2. 1997 : du refus... à la volte-face
La dissolution de l'Assemblée nationale et le changement de majorité qui s'en suivit semblaient condamner à jamais cette perspective d'ouverture du capital, si on se référait aux débats parlementaires rappelés précédemment et aux positions prises par les leaders de la nouvelle majorité au cours de la campagne électorale. Rien n'en fut !
Sans vouloir polémiquer, une rapide chronologie de l'année 1997 suffit à faire prendre conscience de l'ampleur -et de la rapidité- du chemin parcouru par les opposants de 1996 au changement de statut et à l'ouverture partielle du capital. Cette chronologie aurait pu s'intituler « chronique d'une volte-face annoncée ».
a) Le refus franc et net : mars à avril 1997
18 mars 1997 : Répondant, lors d'une conférence de presse, à la question d'un journaliste 7 ( * ) sur le statut de France Télécom, Lionel Jospin indique : « c'est la seule entreprise que nous renationaliserons », ignorant que la loi du 26 juillet 1996 avait prévu le maintien d'une détention majoritaire du capital par l'Etat.
29 avril 1997 : Dans le cadre de la préparation des élections législatives, la déclaration commune signée entre partis socialiste et communiste comprend une clause relative à l'arrêt de la privatisation (non encore engagée) de, notamment, France Télécom : « Nous affirmons notre détermination à défendre et à promouvoir (...) les services publics. Ainsi, par exemple, pour France Télécom, Thomson, Air France, nous proposons l'arrêt du processus de privatisation ».
Notons que, pour l'ensemble des entreprises citées ci-dessus, une privatisation partielle ou totale fut engagée entre 1997 et 2001.
7 mai 1997 : Précisant la doctrine commune en matière de privatisations, M. François Hollande déclare aux journaux La Tribune puis Le Monde que le parti socialiste recommande que France Télécom reste « à 100 % public » même si d'autres cessions ne sont pas exclues, « dans des entreprises où l'Etat ne détient plus qu'un pourcentage faible du capital ».
Mais, ce refus franc et massif de toute ouverture du capital fut tempéré, quelques semaines plus tard.
b) Les ambiguïtés : mai 1997
20 mai 1997 : A quelques jours des élections législatives, dans un entretien au journal Le Monde , M. Lionel Jospin réitère son intention de ne pas mener à terme la transformation de France Télécom « La privatisation de France Télécom est engagée, mais elle n'a pas été menée à terme, et mon objectif n'est pas de la terminer » (...) mais propose toutefois de « poser la question » au personnel de l'opérateur public ! Sans indiquer quelles conséquences pourraient être tirées d'une éventuelle réponse favorable au changement de statut. « Un certain nombre de gens me disent que le personnel de France Télécom est maintenant d'accord avec le processus engagé de distribution du capital. On leur posera la question ».
Le premier secrétaire du parti socialiste ajoute : « Si France Télécom ne doit pas être privatisé, il faudra bien qu'on réponde au manque à gagner budgétaire ».
* 7 Source : Les Echos du vendredi 21 mars 1997.