b) Un programme de désendettement fortement lié à la conjoncture des marchés financiers
Face au poids de son endettement colossal et aux doutes de certains analystes sur l'acceptabilité d'une telle dette, France Télécom a engagé une politique de désendettement qui, après approbation par le conseil d'administration, a été présentée aux marchés financiers le 6 septembre 2001, lors de la publication des résultats du 1 er semestre 2001.
Ce programme prévoit de nombreuses cessions d'actifs non stratégiques dont une partie de son patrimoine immobilier, ainsi que la vente d'un bloc d'auto-contrôle (si les conditions de marché le permettent). Il s'étale du 30 juin 2001 au 31 décembre 2003 , et peut être résumé dans le tableau ci-après :
PROGRAMME DE DÉSENDETTEMENT DE FRANCE
TÉLÉCOM
DU 30.06.2001 AU 31.12.2003
(en milliards d'euros)
Ressources |
Emploi |
||
Cession d'actifs (STMicroelctronics, Sprint PCS, Noos, immobilier...) |
13-17 |
Rachat d'actions France Télécom à Vodafone 19 ( * ) (solde de l'acquisition d'Orange) |
5-5 |
Autofinancement disponible après intérêts, impôts, investissements corporels et dividendes |
2-4 |
||
Cession sur le marché d'environ 100 millions d'actions France Télécom (autocontrôle) (condition : prix par action : 70 à 100 €) |
7-10 |
Investissements financiers |
3-4 |
Conversion ou échange d'obligations convertibles en actions France Télécom ou Orange (déjà émises au 30.06.2001) |
5 (1) |
||
Total des Ressources |
27-36 |
Total des Emplois |
8-9 |
Réduction de la dette |
18-28 |
||
Dette nette à fin 2003 |
37-47 |
(1) dont 2 milliards d'euros au 01.01.2004.
Dans ce scénario, la dette financière nette du groupe passerait de 65 milliards d'euros au 30.06.2001 à un niveau compris entre 37 et 47 milliards d'euros au 31.12.2003.
Relevons toutefois, à l'instar de nombreux analystes, que cette prévision est fondée sur une amélioration significative des cours de bourse entre la période actuelle et la fin de la période considérée. En effet, il n'est pas envisagé de céder les actions d'autocontrôle à moins de 70 euros par action. En outre, les seuils sont contractuellement fixés pour la conversion ou l'échange des actions faisant l'objet d'obligations convertibles ou échangeables.
Ces seuils s'établissent comme suit :
- Actions Orange :
. 3 milliards d'euros
. 12,7 euros au 15.02.2003.
. Cours au 28.12.2001 : 10,18 euros.
- Actions France Télécom :
. 2 milliards d'euros
. 80 euros au 01.01.2004
. Cours au 28.12.2001 : 44,9 euros.
Dans le cas d'une stagnation des cours sur toute la période, les actions d'autocontrôle ne seraient pas vendues et les obligations convertibles ou échangeables ne seraient pas converties ; dans ce cas, le désendettement serait limité à un niveau compris entre 6 et 13 milliards d'euros, conduisant au maintien d'un endettement élevé, compris entre 52 et 59 milliards d'euros .
Le ratio dette financière nette/excédent brut d'exploitation serait réduit, selon les hypothèses formulées, de 5,65 à fin 2000, à un chiffre compris entre 2,2 et 2,8 à fin 2003. Dans le cas défavorable d'une stagnation des cours sur toute la période, la fourchette de ce ratio s'établirait entre 3,1 à 3,6.
Même dans la situation la plus défavorable, les intérêts de la dette représenteraient environ 20 % de l'excédent brut d'exploitation. Cette situation a conduit le Président de l'entreprise à affirmer, devant la Commission des Affaires économiques et le Gouvernement, que la dette est un coût mais qu'elle n'est pas un risque, réaffirmant par là son caractère soutenable au vue des résultats opérationnels du groupe.
Néanmoins, lors de la publication des comptes 2001, le 22 mars 2002, M. Michel Bon a annoncé de nouvelles cessions d'actifs pour 8 milliards d'euros (Wind en Italie, Eutelstat, TDF). Ces cessions concernent cette fois-ci des actifs stratégiques mais laissent espérer une réduction de la dette dans une fourchette de 44,8 à 58,3 milliards d'euros fin 2003, ramenée entre 33,2 et 49,7 milliards d'euros fin 2005.
* 19 France Télécom a versé fin mars en numéraire 4,97 milliards d'euros à Vodaphone, et récupéré en échange 49,8 millions de ses propres actions.