2. ... mais une appréciation des qualités des candidats essentiellement sur dossier...
Que
l'appréciation de la qualité scientifique d'un candidat
s'effectue d'abord à travers ses titres et travaux n'a rien de
surprenant, mais, qu'à l'exception d'une procédure en appel, au
cours de laquelle le candidat refusé est reçu,
le CNU
n'auditionne jamais les candidats à un emploi d'enseignement
est
plus étonnant. Certes, le grand nombre des candidats est, dans de
nombreuses sections du CNU, un obstacle dirimant à l'organisation
d'auditions.
Mais, de plus, le travail sur dossiers, avec nomination de rapporteurs, est
dupliqué au niveau des commissions de spécialistes, alors que
l'on pourrait s'attendre à ce qu'il soit allégé par
l'examen préalable au niveau national. Certes, les commissions de
spécialistes auditionnent les candidats après un premier tri,
mais ces auditions sont généralement brèves et peu
éclairantes.
Les universitaires accordent peut-être une importance excessive aux
critères uniquement académiques
, en négligeant
d'autres qui, dans le contexte actuel, paraissent indispensables au
développement des établissements et à leur ouverture sur
la société.
Quels critères pour les recrutements ?
Les
universitaires sondés ont établi deux grandes catégories
de critères qui, dans les faits, influencent le recrutement d'un
enseignant-chercheur :
- les critères importants, parmi lesquels figure en première
place la valeur scientifique du candidat (près de 84 % des
répondants, environ 54 % l'estimant même très importante),
mais aussi la personnalité du candidat (environ 75 % des
répondants) ; en outre, le soutien d'un directeur de thèse
ou de laboratoire influent est considéré comme important, par
environ 65 % des répondants (moins de 17 % l'estiment peu
important) ;
- les critères peu importants, comme l'appartenance syndicale (à
près de 82 %, et plus de 58 % comme pas du tout important), mais aussi
les aléas de la politique budgétaire (près de 40 % la
considèrent comme pas importante) ;
l'appréciation des
universitaires sur les qualités pédagogiques du candidat est
intéressante car elle traduit le paradoxe du métier
d'enseignant-chercheur :
si la valeur scientifique du candidat,
c'est-à-dire ses capacités à la recherche, on l'a vu, est
très importante, les universitaires n'accordent aux qualités
pédagogiques qu'une importance toute relative : 40 % des
répondants les jugent importantes, mais moins de 20 % très
importantes, moins de 23 % moyennement importantes, et 37 % pas importantes (et
près de 16 % pas du tout importantes) ;
il apparaît pour
le moins paradoxal pour des enseignants de n'accorder qu'aussi peu
d'intérêt à l'aspect pédagogique de leur
profession.
Toutefois, les professeurs accordent plus d'importance aux
qualités pédagogiques des candidats que les maîtres de
conférences.