B. TECHNIQUES DE L'OBSERVATION SPATIALE

Les techniques de l'observation spatiale sont extrêmement diverses et cette diversité ne coïncide pas avec la diversité des secteurs d'application. Le même savoir-faire technologique peut être employé au service d'objectifs très divers allant du militaire au commercial ou au service public. Il en résulte a contrario que la base industrielle sur laquelle repose une capacité d'observation spatiale possède une unité sous-jacente à la diversité des objectifs qu'on peut lui assigner. L'étroite parenté des satellites civils SPOT et militaires Hélios illustre cet élément d'unité.

La nature du rayonnement observé fournit une première base de classification. Ce peut être dans le domaine visible et le proche infrarouge un rayonnement d'albédo, de la lumière solaire rediffusée vers l'espace par la surface des continents et des océans. Ce domaine, qui relève de l'optique classique, couvre tout le champ des applications de la météorologie à l'observation militaire en passant par l'imagerie civile à haute définition.

Dans l'infrarouge lointain, on observe le rayonnement thermique propre de la Terre qui renseigne sur la température du sol, sur le profil de température de l'atmosphère, mais aussi sur certains phénomènes générateurs de températures élevées : éruptions volcaniques, feux de forêts, départs de missiles.

Le satellite peut « éclairer » la Terre dans le domaine radioélectrique et être lui-même la source du rayonnement qu'elle lui renvoie. C'est ainsi que fonctionnent les radars à synthèse d'ouverture et les altimètres.

On s'affranchit alors de l'écran que les nuages opposent au rayonnement visible et le satellite acquiert une capacité « tous temps » précieuse pour les applications militaires. Enfin, on peut collecter les rayonnements radioélectriques produits par l'activité humaine ; les satellites d'écoute et d'interception se placent ainsi en intermédiaires entre l'observation spatiale et les télécommunications.

Il est malaisé de mettre cette diversité de techniques, dont chacune peut être au service d'objectifs très divers, en relation avec une vue politique d'ensemble. Pour organiser cette vision générale, le mieux est de s'appuyer sur la nature des services et sur leur relation avec les besoins de la société.

Cependant, les aspects techniques appellent quelques réflexions spécifiques :

- l'observation spatiale de la Terre est une technique informationnelle. L'essentiel réside dans le fait que le satellite acquiert et transmet de l'information ; son efficacité est donc gouvernée par son appartenance à un système dont le segment terrien est capable d'acquérir, de traiter, de stocker et de distribuer d'énormes quantités d'informations. La conception et le développement de ce segment terrien forment donc partie intégrante d'une politique spatiale cohérente.

La conception technique du segment terrien repose sur l'usage de deux techniques : l'informatique et les télécommunications dont l'évolution extrêmement rapide domine l'évolution de la société contemporaine. Par ailleurs, la structure institutionnelle du segment terrien et le contrôle des flux d'information qu'elle organise comportent des enjeux aussi importants que ceux qui s'attachent à la maîtrise du segment spatial. Il est essentiel, dans la conception d'une politique, de traiter le segment spatial et le segment terrien comme un tout.

Quant aux technologies utilisées par le segment spatial, elles évoluent d'une façon qui permet des progrès marqués dans trois aspects :

- la miniaturisation du véhicule spatial qui permet à des mini-satellites dans le domaine optique d'accéder à des résolutions métriques, voire décimétriques, avec des conséquences importantes sur le coût des projets, et le cas échéant sur leur rentabilité commerciale,

- les progrès dans la résolution spectrale qui permettent d'accroître la capacité de discriminer depuis l'espace avec des conséquences sur les applications civiles et militaires.

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