Projet de loi relatif à la solidarité et au renouvellement urbains
ALTHAPE (Louis)
RAPPORT 381 (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Rapport au format Acrobat ( 41 Ko )
N°2458
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N° 381
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Enregistré à la Présidence de
l'Assemblée nationale
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Annexe au
procès-verbal de la séance
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Document
mis en distribution le
14 juin 2000
RAPPORT
FAIT
AU NOM
DE LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE
(1)
CHARGÉE DE PROPOSER UN
TEXTE SUR LES DISPOSITIONS RESTANT EN DISCUSSION DU PROJET DE LOI
relatif
à la
solidarité
et au
renouvellement
urbains
,
PAR M. Patrick RIMBERT, PAR M. Louis ALTHAPÉ,
Député Sénateur
(
1)
Cette commission est composée de
: M. Jean
François-Poncet,
sénateur, président ;
M.
Jean Proriol,
député, vice-président ;
M. Louis
Althapé,
sénateur,
M. Patrick Rimbert,
député, rapporteurs.
Membres titulaires :
MM. Pierre Jarlier, Patrick Lassourd, Ladislas
Poniatowski, Jacques Bellanger,
Mme Odette Terrade,
sénateurs ;
MM. Daniel Marcovitch, Jean-Jacques Filleul,
Gilles Carrez, Marc-Philippe Daubresse, Mme Janine Jambu, M. Aloyse Warhouver,
députés.
Membres suppléants :
MM. Jacques Bimbenet, Dominique
Braye, Pierre Hérisson, Gérard Larcher, Pierre Lefebvre,
Jean-Pierre Plancade, Charles Revet,
sénateurs
; MM. Yves
Dauge, Alain Cacheux, Pierre Cohen, Serge Poignant, Henry Chabert, Pierre
Cardo,
députés.
Voir les
numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
2131
,
2229
et T.A.
472
.
Sénat : 279
,
304
,
306
,
307
et T.A.
120
(1999-2000).
Urbanisme. |
Mesdames, Messieurs,
La commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les
dispositions restant en discussion du projet de loi relatif à la
solidarité et au renouvellement urbains s'est réunie au
Sénat le mardi 6 juin 2000.
Elle a procédé à la désignation de son bureau qui a
été ainsi constitué :
- M. Jean François-Poncet, sénateur, président,
- M. Jean Proriol, député, vice-président.
La commission a ensuite désigné :
- M. Louis Althapé, sénateur,
- M. Patrick Rimbert, député
comme rapporteurs, respectivement pour le Sénat et l'Assemblée
nationale.
M. Jean François-Poncet, président, a tout d'abord fait observer
qu'il subsistait des désaccords fondamentaux entre les textes
adoptés par les deux assemblées, en particulier sur les
articles 25 relatif à l'obligation, pour les communes, de
construction de logements sociaux et 52 portant sur les modalités de
transfert aux régions des services régionaux de transport de
voyageurs. Il a cependant relevé que plusieurs apports du Sénat
étaient susceptibles de trouver leur place dans le texte
définitif et a souhaité que, dans leurs interventions, les
rapporteurs en précisent le contenu.
M. Patrick Rimbert, rapporteur pour l'Assemblée nationale, a tout
d'abord salué la qualité du travail réalisé par le
Sénat, au terme de débats longs, riches et fructueux. Certains
articles ont été adoptés conformes, d'autres n'ont subi
que des modifications de nature rédactionnelle. Les améliorations
au texte apparaissent nombreuses, notamment liées à des
amendements présentés par le Gouvernement.
Il persiste néanmoins, entre les deux assemblées, des divergences
profondes sur les dispositions relatives à l'urbanisme, à
l'habitat, aux copropriétés dégradées et aux
transports.
Concernant le volet du projet de loi relatif à l'urbanisme, M. Patrick
Rimbert, rapporteur pour l'Assemblée nationale, a félicité
les rapporteurs du Sénat sur les avancées réalisées
par ce dernier sur leur initiative, comme, par exemple, la possibilité
donnée aux communes d'exercer un droit de préemption sur une
partie d'unité foncière.
Il a néanmoins noté que plusieurs points de désaccord
existaient entre les deux assemblées. Il a craint que l'extension des
pouvoirs de la commission de conciliation et les procédures d'avis
conforme prévues par le Sénat pour les schémas de
cohérence territoriale ne mettent en cause la loi n°99-586 du
12 juillet 1999 relative au renforcement et à la simplification de
la coopération intercommunale, pourtant récemment adoptée
et a souhaité que le volet urbanisme permette au contraire
l'établissement d'un dialogue entre les territoires. Il a
également regretté les modifications apportées à la
loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 relative à la
protection et au développement de la montagne et a fait valoir que
l'adoption conforme d'un amendement de M. François Brottes par
l'Assemblée nationale avait donné lieu à un large
consensus et constituait une réelle avancée. Il a
déclaré comprendre la volonté des élus de
promouvoir le développement de leurs territoires et a souligné
qu'elle devait aller de pair avec un souci d'équilibre des sites de
montagne, dans une perspective de développement durable. C'est pourquoi
il a estimé qu'il existait une opposition de fond entre les deux
assemblées sur les dispositions relatives aux zones de montagne. Il a
également observé que les atteintes à la loi
n° 86-2 du 3 janvier 1986 relative à
l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral,
constituaient un point de divergence et a souhaité que
l'équilibre actuel de ladite loi soit maintenu.
M. Patrick Rimbert, rapporteur pour l'Assemblée nationale, s'est, par
ailleurs, réjoui de certains apports du Sénat au volet relatif
à l'urbanisme du projet de loi. Il a ainsi cité l'instauration
d'un diagnostic préalable à l'élaboration du schéma
de cohérence territoriale, les dispositions relatives à la
concertation lors de l'élaboration des documents d'urbanisme ainsi que
celles portant sur les zones d'aménagement concerté.
Il a déclaré que sur l'ensemble de ces points, il proposerait
à l'Assemblée nationale d'entériner ces avancées,
sous réserve d'éventuelles modifications rédactionnelles.
S'agissant du développement de la mixité sociale,
l'article 25 oppose clairement l'Assemblée nationale et le
Sénat. Au-delà des polémiques stériles
suscitées par l'habitat social -les grands ensembles relèvent en
effet d'un urbanisme désormais révolu, caractéristique des
années cinquante et soixante-, la nécessité d'encourager
un tel habitat locatif est apparue manifeste à la majorité de
l'Assemblée nationale. Il a cependant regretté la suppression des
pénalités qui avaient été incluses en
première lecture par l'Assemblée nationale. A cet égard,
il a considéré que le Sénat avait choisi une logique
inverse de celle qu'il avait adoptée en matière d'urbanisme.
L'Assemblée nationale devrait donc en revenir, sur ce point, au texte
qu'elle a voté en première lecture.
Il a souligné le travail fructueux du Sénat dans le domaine
relatif à la copropriété, qui permettra de proposer
à l'Assemblée nationale de reprendre nombre des formulations
qu'il a introduites.
Abordant la partie relative aux transports, il a noté la divergence
importante entre les deux assemblées, s'agissant du contenu de
l'article 52 relatif aux modalités de transfert aux régions
des compétences de l'Etat en matière de transport ferroviaire
régional de voyageurs. Il s'est, en revanche, plu à souligner que
le Sénat avait permis qu'en Ile-de-France, les habitants puissent mieux
exprimer leurs souhaits à propos de la politique des déplacements.
M. Louis Althapé, rapporteur pour le Sénat, a tout d'abord
souligné que la Haute Assemblée avait examiné ce texte
dans un esprit constructif, considérant qu'il intéressait la vie
quotidienne de tous les Français.
S'agissant de la première partie du projet de loi, consacrée
à l'urbanisme, il a rappelé que le Sénat avait notamment
renforcé les mécanismes de conciliation par l'extension de la
compétence de la commission départementale de conciliation aux
refus de permis de construire émanant de l'Etat et en permettant
à cette commission de présenter des suggestions sur l'application
du code de l'urbanisme en zone de montagne, là où les conditions
de mise en oeuvre de ce texte sont particulièrement complexes.
En matière d'élaboration des documents d'urbanisme, le
Sénat a, a-t-il précisé :
- prévu que les schémas de cohérence territoriale et
les plans d'occupation des sols soient établis sur la base d'un projet
d'aménagement et de développement durable au vu d'un diagnostic
préalable des besoins ;
- supprimé l'interdiction d'ouvrir des zones à
l'urbanisation dans les communes dépourvues d'un schéma de
cohérence territoriale à compter du 1
er
janvier
2002, estimant que cette disposition est inapplicable ;
- posé le principe de la responsabilité de l'Etat pour faute
du fait des conseils que ses services délivrent aux collectivités
locales lors de l'élaboration des documents d'urbanisme.
Insistant sur la nécessité de renforcer la
décentralisation et la démocratie locale, M. Louis
Althapé, rapporteur pour le Sénat, a rappelé qu'à
l'initiative de la Commission des Affaires économiques, l'article
L.124-2 du code de l'urbanisme avait été amendé afin que
les cartes communales soient approuvées par le seul conseil municipal,
et que le contrôle exercé par les citoyens sur les documents
d'urbanisme avait été renforcé en prévoyant de
soumettre à enquête publique les directives territoriales
d'aménagement et les chartes des parcs naturels régionaux.
Evoquant la nécessité de résoudre les problèmes
posés par l'application de la loi " montagne " qui doit
permettre de préserver la protection et le développement des
espaces montagnards, le rapporteur a indiqué que le Sénat avait
notamment :
- permis, dans des conditions bien définies, l'adaptation et le
changement de destination des constructions en zone de montagne ;
- facilité dans les zones de piémont
-caractérisées par un habitat traditionnellement
" mité "-, la réalisation de constructions
individuelles nouvelles, sous réserve notamment de l'accord de la
commission départementale des sites ;
- étendu aux grands lacs de montagne la servitude de passage
existant le long du littoral de la mer ;
- prévu que, dans les zones rurales caractérisées par
l'absence de toute pression foncière, il pourrait être
dérogé à la règle de constructibilité
limitée, afin d'autoriser l'implantation de constructions nouvelles
à titre exceptionnel et dans la limite de deux par an et par commune.
En ce qui concerne l'application de la loi " littoral ", il a fait
valoir que la Haute Assemblée avait introduit une disposition tendant
à permettre l'installation d'équipements destinés à
l'accueil du public sur les plages menacées par l'affluence des
visiteurs.
Il a enfin souligné que la nouvelle rédaction de
l'article 88 permettait de résoudre les difficultés
suscitées par l'article L.111-3 du code rural s'agissant de la
délivrance de permis de construire à proximité des
bâtiments agricoles.
A propos des dispositions relatives au logement, le rapporteur du Sénat
a estimé que le point de divergence principal portait sur l'obligation
de construction de logements sociaux. Il a estimé qu'un accord
était difficilement envisageable, eu égard aux
caractéristiques de la position sénatoriale qui :
- fixe l'objectif de réalisation des logements sociaux dans le
périmètre des structures intercommunales de plus de
50.000 habitants lorsqu'elles existent :
- prend en compte, dans la définition des logements sociaux, les
logements en accession sociale à la propriété et les
logements financés par des prêts locatifs intermédiaires
lorsqu'ils sont, soit situés dans les communes où la surcharge
foncière est importante, soit réalisés dans le cadre d'un
programme collectif de construction de logements sociaux ;
- prévoit la signature d'un contrat d'objectifs avec l'Etat et le
versement d'une contribution par les communes concernées, le montant de
cette contribution étant pondéré en fonction du potentiel
fiscal et diminué des engagements financiers pris par la commune en
matière de construction de logements sociaux ;
- institue une obligation annuelle de construction de logements sociaux
tenant compte du flux de construction constaté dans la commune.
Néanmoins, M. Louis Althapé, rapporteur pour le Sénat, a
estimé que parmi les apports de la Haute Assemblée susceptibles
d'être retenus dans le texte définitif, figuraient les articles 62
et 63 du projet de loi, qui définissent de manière
équilibrée les compétences respectives des offices publics
d'HLM, des sociétés anonymes d'HLM et des sociétés
anonymes coopératives d'HLM, notamment en matière
d'aménagement urbain et d'accession à la propriété.
Puis il a attiré l'attention des députés membres de la
commission mixte paritaire sur les articles 67 et 68, relatifs à la
Caisse de garantie du logement social et sur la définition des
opérations de réhabilitation de l'immobilier de loisir, qui donne
une base légale aux interventions financières des communes
touristiques dans ce domaine.
En ce qui concerne le volet " transports " du projet de loi, le
rapporteur pour le Sénat a jugé que le transfert à toutes
les régions des compétences en matière de service
ferroviaire régional de voyageurs méritait une compensation
financière suffisante, supérieure à la dotation
prévue par le Gouvernement et adoptée par l'Assemblée
nationale. Le ralliement de régions -encore réticentes- à
la régionalisation passe, a-t-il estimé, par un effort
particulier de l'Etat qui conditionnera le succès ou l'échec de
cette réforme.
Il a regretté, en conséquence, que le Gouvernement ait
opposé l'article 40 à plusieurs amendements
présentés par la Commission des Affaires économiques,
alors que ceux-ci auraient dû inciter l'exécutif à
réexaminer sa position et à prendre conscience du
caractère " minimaliste " du projet de loi initial, avant de
rappeler que le Sénat avait aussi adopté plusieurs dispositions
importantes qui conditionnaient son accord à la réforme
proposée par le projet de loi en :
- instituant une compensation financière au profit des
régions ayant subi une perte de recettes du fait de réductions
tarifaires décidées par l'Etat en matière de transport
ferroviaire de voyageurs ;
- prévoyant que toute charge nouvelle liée à une
disposition législative ou réglementaire ou à une
modification des tarifs sociaux donnera lieu à une révision de la
compensation ;
- instituant une exonération de taxe professionnelle des
véhicules ferroviaires destinés au transport régional de
voyageurs dont l'acquisition a été financée par une
région et la compensation financière des transferts de charges
imposés aux régions résultant de transferts de services
ferroviaires relevant antérieurement du niveau national ;
- créant un fonds de développement des transports collectifs
régionaux, départementaux et locaux, alimenté par
50 % des recettes supplémentaires de taxe intérieure sur les
produits pétroliers telles qu'elles résultent des majorations de
taux décidées chaque année par la loi de finances.
M. Pierre Jarlier,
après avoir souligné que les
adaptations prévues par le Sénat aux dispositions applicables
dans les zones de montagne, apparaissaient particulièrement
nécessaires, a fait valoir que
le Sénat avait retenu, en
matière d'urbanisme, une démarche conforme aux principes de la
décentralisation, en confortant les initiatives des
" porteurs " de projets et des élus locaux. Il a
indiqué que cette logique de projet s'inscrivait en cohérence
avec les nouveaux outils institutionnels issus de la loi du 12 juillet 1999,
afin de ne pas mettre en cause le développement de
l'intercommunalité.
Rappelant que le Sénat avait prévu que le schéma de
cohérence territoriale devait comporter un projet d'aménagement
et de développement durable établi au vu d'un diagnostic
préalable des besoins et après l'organisation d'un débat
d'orientation préalable, il a noté que la Haute Assemblée
avait pris en compte le traitement des entrées de villes et la
prévention des risques naturels dans le cadre de ce schéma.
Il
a souligné l'intérêt de plusieurs dispositions
adoptées par le Sénat, notamment l'avis de la commission
départementale de la coopération intercommunale sur la
délimitation du périmètre du schéma de
cohérence territoriale et son avis conforme lorsque l'organe
délibérant d'un établissement public de coopération
intercommunale à fiscalité propre a donné un avis
défavorable.
Le Sénat a retenu, a-t-il ajouté, une logique similaire en ce qui
concerne les plans locaux d'urbanisme, en prenant en compte l'exigence de
qualité architecturale ainsi que, en l'absence de schéma de
cohérence territoriale, le traitement des entrées de villes et la
prévention des risques naturels.
Relevant que l'interdiction d'ouvrir des zones à l'urbanisation dans les
communes dépourvues d'un schéma de cohérence territoriale,
à compter du 1
er
janvier 2002, ne pouvait être
maintenue et que la dérogation prévue par l'Assemblée
nationale pour les communes situées à plus de quinze
kilomètres de la périphérie d'une agglomération et
du rivage de la mer apparaissait très arbitraire, il
a
rappelé que le Sénat avait adopté des dispositions
alternatives qui prévoyaient la consultation, à leur demande, des
maires des communes et des représentants des établissements
publics de coopération intercommunale voisins préalablement
à l'élaboration du schéma.
Concernant les dispositions adoptées par le Sénat sur le volet
consacré à la protection de l'acquéreur immobilier et
à la modernisation du régime des copropriétés,
M. Pierre Jarlier
a rappelé qu'elles avaient donné
lieu à un débat approfondi, et qu'un large consensus avait pu
être dégagé, la quasi totalité des amendements
adoptés ayant recueilli un avis favorable du Gouvernement, ce qui
justifiait de conserver les apports essentiels du Sénat dans le texte
définitif.
Sur les dispositions relatives à la protection de l'acquéreur
immobilier, il a souligné que le Sénat s'était
attaché à aménager un équilibre entre les garanties
accordées à chacune des parties à la transaction
immobilière, en prévoyant de faire bénéficier tout
acquéreur non professionnel d'un immeuble dans l'ancien d'un
délai de réflexion de sept jours à compter de la
conclusion de la promesse, délai au cours duquel celui-ci pourrait se
rétracter sans être pénalisé, et en ouvrant
corrélativement la possibilité d'effectuer un versement,
contrepartie de l'immobilisation du bien du vendeur juridiquement engagé
par la promesse, dès la conclusion de celle-ci lorsque ce versement
serait effectué entre les mains d'un professionnel intermédiaire
à la transaction disposant d'une garantie financière. Il a en
outre précisé que le remboursement des fonds versés
devrait intervenir sous quinzaine en cas d'exercice par l'acquéreur de
sa faculté de rétractation.
Il
a également rappelé que le Sénat avait
supprimé l'obligation de procéder à un bornage
préalablement à toute vente de terrain à bâtir en
zone diffuse
,
pour éviter de bloquer un grand nombre de
transactions, préférant exiger que l'acquéreur soit
informé de l'origine des données inscrites dans la promesse de
vente, données cadastrales ou données résultant d'un
bornage. L'obligation d'effectuer un bornage, a-t-il précisé, est
cependant maintenue pour les ventes de terrains dans le cadre d'un lotissement,
d'une ZAC ou d'une AFU.
M. Pierre Jarlier a enfin indiqué que le Sénat avait prévu
que le carnet d'entretien de l'immeuble tenu à jour par le syndic serait
consultable par l'acquéreur d'un lot de copropriété.
Sur les dispositions du projet de loi consacrées à la
modernisation du régime juridique des copropriétés, il a
rappelé que le Sénat, afin d'éviter un
renchérissement du coût de gestion des copropriétés,
et avec le souci d'assurer une bonne lisibilité des documents comptables
par les copropriétaires, avait précisé que le plan
comptable prévu par le projet de loi devait être fondé sur
une nomenclature simplifiée.
Il a également observé que le Sénat, à l'initiative
de M. Jean-Pierre Plancade, avait adopté un amendement tendant à
exiger qu'au-delà d'un montant défini par l'assemblée
générale des copropriétaires, les
marchés et
contrats fassent l'objet d'une procédure d'appel d'offres. Il a
estimé qu'il serait nécessaire de substituer à la notion
d'appel d'offres, faisant référence au code des marchés
publics, celle de mise en concurrence.
M. Pierre Jarlier
a rappelé que la Haute Assemblée avait
assoupli les conditions de majorité exigées pour l'adoption de
certaines décisions ayant un caractère d'urgence et avait
prévu que pour les votes à la majorité des présents
et représentés, les abstentions ne seraient plus
assimilées à des votes contre, cette dernière mesure
devant inciter les copropriétaires à s'impliquer davantage dans
la gestion de leur copropriété.
Pour les copropriétés mises sous administration provisoire,
a-t-il indiqué, le Sénat s'est attaché à
éviter la divulgation de données relatives à la vie
privée
des copropriétaires et à faire en sorte que
la scission d'une copropriété en difficulté ne soit
décidée par le juge que dans des cas ultimes et après
avoir préalablement recueilli préalablement l'avis des
copropriétaires.
Abordant, enfin, le volet du projet de loi relatif aux édifices
menaçant ruine, M. Pierre Jarlier a indiqué que le Sénat
avait adopté plusieurs modifications, la plupart avec l'avis favorable
du Gouvernement, destinées, pour l'essentiel, à mieux
préciser les procédures applicables et le rôle du maire
dans la procédure de constatation, de réalisation et
d'achèvement des travaux. En outre, a-t-il ajouté, le renvoi
à un viager ou à un bail emphytéotique, a
été supprimé, ces dispositifs ne donnant pas de garanties
suffisantes sur la réalisation des travaux.
M. Jacques Bimbenet a déclaré que la Commission des Affaires
sociales s'était saisie pour avis de ce projet de loi pour examiner ses
dispositions concernant le logement social, c'est-à-dire
l'article 25, les articles 60 à 71 relatifs aux organismes HLM
ainsi que les articles 72 à 80 relatifs aux procédures
permettant de lutter contre l'insalubrité.
Evoquant l'article 25, il a rappelé que les propositions adoptées
par le Sénat étaient identiques à celles de la Commission
des Affaires économiques et qu'elles avaient pour objet de rendre plus
effectif l'objectif de mixité sociale en calculant l'objectif des
20 % au niveau intercommunal et en tenant compte de l'accession sociale
à la propriété.
Il a estimé que cette démarche était susceptible
d'éveiller l'intérêt des députés
attachés au développement de l'intercommunalité.
Evoquant les autres articles, il a déclaré que la Commission des
Affaires sociales s'était attachée à proposer des
modifications rédactionnelles, des précisions ou des corrections
d'erreurs matérielles. Il a observé que la plupart des
amendements adoptés sur les articles 72 à 80 relatifs à la
lutte contre l'insalubrité avaient d'ailleurs reçu un avis
favorable du Gouvernement et que plusieurs avaient été
votés à l'unanimité.
M. Jacques Bimbenet a également remarqué que le Sénat
était parvenu à améliorer sensiblement la rédaction
de l'article 61 A relatif à la participation des salariés aux
organes de direction des organismes HLM en retenant le principe d'une
indemnité forfaitaire pour compenser une éventuelle baisse de
rémunération.
Il a souhaité que ces propositions permettent un rapprochement des
points de vue des deux assemblées, si possible au cours de cette
commission mixte paritaire et en tout cas lors des nouvelles lectures.
M. Ladislas Poniatowski s'est félicité de la volonté de
consensus exprimée par le rapporteur de l'Assemblée nationale
à propos de certaines des améliorations apportées par le
Sénat et a souhaité que, notamment, il puisse être tenu
compte des articles 61 à 70 du projet de loi tels qu'adoptés
par le Sénat, s'agissant des compétences respectives des offices
publics d'aménagement et de construction (OPAC) des
sociétés anonymes d'HLM et des sociétés anonymes
coopératives d'HLM, pour leur permettre d'être de
véritables partenaires des collectivités locales en
matière de logement social.
A propos de l'article 25, il a souligné à la fois son
engagement en faveur de l'accroissement du logement social, tant sur le plan
qualitatif que quantitatif et son souci de respecter le libre choix des
élus et l'autonomie des collectivités territoriales en tenant
compte des spécificités locales et des disponibilités
foncières.
Mme Janine Jambu a déclaré partager les orientations
exprimées par le rapporteur pour l'Assemblée nationale. Elle a
ensuite abordé les points du projet de loi, tel qu'adopté par le
Sénat, avec lesquels les députés du groupe communiste sont
en désaccord.
S'agissant de l'urbanisme, elle a regretté que le Sénat ait
abandonné l'appellation de plans locaux d'urbanisme. Elle a
souhaité que les articles du texte relatifs aux modalités de
concertation, soient rétablis dans la rédaction adoptée
par l'Assemblée nationale sous réserve d'améliorations
visant à favoriser l'expression démocratique, laquelle garantit
la cohérence des solidarités intercommunales.
Elle s'est déclarée opposée à toutes les
restrictions introduites par le Sénat au droit des particuliers et des
associations d'ester en justice en matière de documents d'urbanisme.
Abordant la partie du projet de loi relative aux transports, elle a noté
que le Sénat avait adopté conformes les articles sur lesquels des
amendements du Groupe communiste avaient été adoptés
à l'Assemblée nationale.
Concernant le domaine du logement et particulièrement l'article 25 du
projet de loi, elle a relevé que le Sénat avait élargi la
notion de logements sociaux aux logements en accession sociale à la
propriété et à l'immobilier soumis aux dispositions de la
loi du 1
er
septembre 1948.
Ainsi, le logement social devient un logement " à vocation
sociale ". En outre, le niveau d'application du seuil plancher de
logements sociaux est renvoyé de la commune au niveau intercommunal, ce
qui affaiblit encore les compétences de la première. Enfin, en
atténuant la pénalité financière encourue par les
communes qui ne rempliront pas leurs obligations et en privant le
représentant de l'Etat de son pouvoir d'intervention en cas de carence,
le Sénat a achevé de dénaturer le contenu et la
portée de cet article essentiel.
Puis s'opposant aux modifications apportées par le Sénat à
plusieurs articles particulièrement importants du titre IV du projet
-remplacement de la notion de " service public " par celle de
"service d'intérêt général " (article 61),
pérennisation du patrimoine social des filiales
spécialisées (SCIC) de la Caisse des dépôts et
consignations (article 61), garantie des activités des organismes HLM au
titre de l'accession sociale à la propriété au sein de la
Caisse de garantie du logement social (articles 67 et 68), notamment, elle a
considéré que les divergences entre les deux assemblées ne
pourront être surmontées.
M. Daniel Marcovitch a manifesté sa volonté d'aboutir
à une adoption définitive du projet de loi dans les meilleurs
délais.
Il a souhaité que, malgré les désaccords profonds entre
les deux assemblées sur certains points (notamment ceux relatifs
à la mixité sociale), les majorités respectives
recherchent ensemble un point d'équilibre qui permette une mise en
oeuvre des dispositions du texte avant les prochaines élections
municipales.
M. Gilles Carrez a salué la qualité du travail mené
par le Sénat et a noté l'esprit d'ouverture manifesté par
M. Patrick Rimbert, dont il a souhaité qu'il anime également
la nouvelle lecture du projet de loi à l'Assemblée nationale. Il
a ensuite déclaré que trois points méritaient d'être
soulignés. En premier lieu, il a noté que les sénateurs
avaient réintroduit dans le dispositif relatif aux plans d'occupation
des sols, des dispositions normatives obligatoires, concernant notamment
l'affectation des sols et les règles de constructibilité
grâce au coefficient d'occupation des sols. Il a estimé que ces
ajouts étaient fondamentaux, le droit de l'urbanisme étant
caractérisé par une multiplication des contentieux, une
jurisprudence évolutive et une réelle insécurité
juridique. Il s'est donc réjoui que la délivrance des permis de
construire s'appuie sur un socle juridique.
En deuxième lieu, concernant l'article 25 du projet de loi, il a
observé que tous les maires étaient favorables à la
mixité sociale, mais avec une approche qui est celle du Sénat
qu'il a déclaré partager. Il a notamment souhaité une
démarche intercommunale et a déploré la contradiction
existant entre d'une part, le développement de l'intercommunalité
dans le cadre de la loi relative au renforcement et à la simplification
de la coopération intercommunale et, d'autre part, l'inscription de la
politique en faveur de la mixité sociale dans un cadre communal. Il a
également regretté que l'esprit qui avait présidé
à l'adoption de la loi n° 91-662 du 13 juillet 1991
d'orientation pour la ville ait été abandonné au profit
d'une logique trop coercitive. Dans le cadre de cette loi, les communes ont
effectivement souscrit des engagements de programmation triennaux, qu'elles ont
respectés et qui apparaissent plus respectueux de la
décentralisation. Il a jugé inacceptables et inconstitutionnelles
les modalités de sanction retenues.
Enfin, dans la même optique, il a critiqué le retour
opéré sur la décentralisation. Observant qu'il existait un
consensus pour évoluer progressivement vers l'intercommunalité,
il a souhaité que l'Assemblée nationale reprenne les dispositions
adoptées par le Sénat et relatives à la commission
départementale de conciliation et à la commission
départementale de la coopération intercommunale, afin de
favoriser le débat au niveau local.
M. Pierre Cardo a également salué la qualité et
l'intérêt de la réflexion du Sénat.
Des dispositions relatives à la valorisation du sous-sol ont
été introduites de manière judicieuse. On peut
néanmoins regretter que le texte proposé reprenne les solutions
retenues dans le cadre du projet de loi sur l'archéologie
préventive, qui a pour faiblesse de faire reposer les coûts
induits sur ceux qui en sont les victimes -communes ou particuliers- et non sur
l'Etat, pourtant responsable des servitudes d'intérêt
général.
En matière d'occupation des sols, on ne peut que partager le souci du
Sénat de renforcer la normativité des plans. Celle-ci doit
permettre de fonder plus solidement les refus opposés par le maire aux
demandes de permis de construire.
La nécessité d'atteindre une proportion de 20 % de logements
sociaux en vingt ans, apparaît une perspective largement accessible.
L'article 25 risque néanmoins de susciter un
phénomène de déplacement des habitants des communes
relativement surdotées en logements sociaux vers leurs voisines plus
résidentielles. Afin d'éviter de telles migrations, il
conviendrait donc de se doter de moyens juridiques de nature à susciter
de véritables parcours résidentiels sur le territoire même
de chaque commune.
M. Patrick Lassourd, après s'être félicité de la
qualité du climat dans lequel se déroulait la commission mixte
paritaire a fait valoir que le Sénat, à l'article 25 du
projet de loi, avait pris en compte l'accession à la
propriété pour sa partie " très sociale " afin
d'offrir à tous le choix d'un parcours résidentiel
diversifié. Il a souligné, à propos du calcul de la
contribution versée par les communes, qu'il fallait également
tenir compte des efforts consentis par celles-ci en matière d'accession
sociale à la propriété.
Il a enfin fait valoir que le texte adopté par le Sénat aux
articles 62 et 63 du projet de loi conférait un cadre légal
global et cohérent aux compétences des bailleurs sociaux afin de
renforcer les outils permettant de parvenir à une réelle
mixité sociale en matière de logement.
M. Jean François-Poncet, président, après avoir pris acte
des accords possibles entre les deux assemblées sur beaucoup de
dispositions techniques, a suggéré que les rapporteurs se
concertent sur celles-ci préalablement à la nouvelle lecture
à l'Assemblée nationale, afin que le Sénat puisse ensuite
adopter conformes un certain nombre d'entre elles.
M. Patrick Rimbert, rapporteur pour l'Assemblée nationale, a
souhaité que des contacts informels préliminaires entre
rapporteurs des deux assemblées permettent de rapprocher les points de
vue, avant la phase de l'examen du projet de loi en nouvelle lecture.
Puis, M. Jean François-Poncet, président, prenant acte des
désaccords majeurs qui subsistaient entre les deux assemblées, a
constaté l'échec de la commission mixte paritaire.