II. LES ACTIONS EN FAVEUR DES PUBLICS EN DIFFICULTÉ
Évolution des crédits
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
2000/1999 |
Contrat retour à l'emploi |
412,5 |
65 |
- 84,2 % |
Programme chômage longue durée |
3.114,5 |
2.861,1 |
- 8,1 % |
FNE cadre |
102 |
81 |
- 20,6 % |
Insertion par l'économie |
746,4 |
910 |
+ 21,9 % |
Contrats
initiative emploi
|
3.498,1
|
2.496,2
|
- 28,6 %
|
Contrats emploi solidarité (CES) |
9.904 |
9.010,6 |
- 9 % |
Emplois consolidés (CEC) |
5.250 |
5.323,7 |
+ 1,4 % |
Emplois ville |
141,2 |
124 |
- 12,2 % |
TOTAL |
29.170,6 |
25.388,7 |
- 13 % |
A. LE CONTRAT INITIATIVE EMPLOI (CIE)
Le CIE
est un instrument de lutte contre le chômage de longue durée par
la réinsertion dans le secteur marchand. Le dispositif a
été recentré en 1997 sur les publics connaissant les plus
graves difficultés d'accès à l'emploi, et la prime a
été réservée et modulée en fonction des
catégories de publics embauchés.
Ses crédits s'établissent à
7 milliards de francs
,
soit une
diminution de 26,2 %
par rapport à 1999. Ils ne cessent
de diminuer depuis le " recentrage " du dispositif : ils
étaient de 9,5 milliards l'année dernière.
Le montant des primes (aide forfaitaire de l'Etat, aide à la formation
et aide au tutorat) diminue de 28,6 %. 155.000 entrées dans le
dispositif sont prévues pour 2000. Le montant des crédits au
titre de l'exonération des charges patronales de sécurité
sociale diminue de 24,7 % : 4,5 milliards de francs.
A leur création, à partir du 1
er
juillet 1995, les CIE
ont remplacé les contrats de retour à l'emploi. Le solde de ces
contrats continue d'être financé au titre des exonérations
pour un montant de crédits de 65 millions de francs en 2000.
B. LES CONTRATS EMPLOI-SOLIDARITÉ ET EMPLOIS-CONSOLIDÉS : CES ET CEC
Les
CES
sont des contrats à durée déterminée
à mi-temps d'une durée de 3 à 12 mois visant à la
réinsertion de demandeurs d'emploi de longue durée ou de
personnes en difficulté, embauchés pour des activités
répondant à des besoins collectifs non satisfaits par des
collectivités locales ou le secteur privé non lucratif. L'Etat
prend en charge une part importante de la rémunération des
bénéficiaires. En outre, les employeurs bénéficient
d'une exonération de l'ensemble de leurs charges patronales, à
l'exception des cotisations d'assurance chômage.
Ces contrats bénéficient de
9 milliards de francs
en 2000,
soit une
réduction de crédits de 9 %.
Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit 360.000 CES, soit 50.000
de moins qu'en 1999. 75 % devraient, selon le gouvernement, être
réservés aux publics prioritaires dans le cadre de la loi de
lutte contre les exclusions.
Créés en 1992,
les CEC
étaient mis en place
à l'issue d'un CES. Ce sont des contrats aidés permettant de
pérenniser dans le secteur non marchand la situation des publics les
plus prioritaires issus des CES. Ils bénéficient d'un taux de
prise en charge dégressif sur cinq ans : 60 % la
première année, 20 % la cinquième, dans la limite de
120 % du SMIC.
La loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions du
29 juillet 1998 a fait évoluer ces dispositifs. Désormais,
les CEC ne sont plus réservés aux seuls publics sortant des
CES : ils sont directement accessibles par les publics éligibles
aux CES.
Les crédits des CEC progressent de 1,4 % :
60.000 contrats sont budgétisés en 2000, soit le double de
1998. Toutefois, le nombre de CEC prévus en 1999 est revu à la
baisse : il était de 60.000, il n'est plus que de 50.000.
Ils représentent 5,32 milliards de francs.
C. LES STAGES POUR CHÔMEURS DE LONGUE DURÉE
Il
s'agit principalement des stages d'insertion et de formation à
l'emploi
12(
*
)
qui peuvent
être à accès individuel ou à entrées
collectives et sont destinés aux chômeurs de longue durée
ou menacés par le chômage de longue durée pour lesquels un
besoin de formation a été diagnostiqué.
Le nombre d'entrées dans ces stages a été réduit de
200.000 à 175.000, et les dépenses baissent de 8,1 % pour
s'établir à 2.861,1 millions de francs. Elles se
répartissent entre 1.443,7 millions de francs de dépenses de
fonctionnement et 1.417,3 millions de francs de dépenses de
rémunération.
Les
aides à l'emploi vues par la mission d'évaluation
et de
contrôle de l'Assemblée nationale
La
mission d'évaluation et de contrôle (MEC) mise en place par la
commission des finances de l'Assemblée nationale a étudié
les aides à l'emploi. Ses conclusions ont été
publiées à l'été 1999
13(
*
)
.
Le rapporteur, M. Gérard Bapt, estime que
" l'architecture
d'ensemble des aides apparaît globalement fixé "
, le
bilan coût/efficacité d'un dispositif devant prendre en
considération non seulement l'approche strictement économique,
mais également les aspects sociaux de la mesure.
Chaque pays a mis en oeuvre une politique de l'emploi adaptée à
ses spécificités nationales, la situation de la France
étant marquée par
" une importante dépense de
préretraites et un montant de plus en plus important d'aides à la
création d'emplois "
. Par ailleurs, la dépense pour
l'emploi a constamment augmenté dans notre pays, passant de 0,90 % du
PIB en 1973 à environ 4 % aujourd'hui. Cette tendance
haussière est à l'origine d'une volonté de
réorienter la politique de l'emploi, de manière à la
rendre plus efficace.
Les dispositifs d'aide à l'emploi sont souvent complexes, mais leur
efficacité passe par leur stabilité, la simplification des aides,
et l'octroi d'une certaine latitude de mise en oeuvre aux services locaux. Le
rapport recommande, dès lors, de
" privilégier les
dispositifs anciens, même au prix d'adaptations plutôt que les
dispositifs nouveaux, sauf à procéder par substitution ".
Le rapport insiste sur la difficulté d'apprécier la
dépense pour l'emploi, en raison, notamment, de la coexistence de deux
définitions - celle de l'OCDE et celle de la DARES du ministère
de l'emploi - et sur l'incertitude des résultats des différentes
évaluations entreprises, du fait de l'existence d'effets d'aubaine.
Pour la MEC,
" la création nette d'emplois peut ne pas
constituer l'unique critère d'évaluation d'une aide à
l'emploi "
, l'amélioration de
" l'employabilité " des personnes les plus touchées par
le chômage pouvant constituer l'objectif de certaines mesures
ciblées. Il s'agit donc de définir strictement les publics
cibles : le rapport justifie ainsi le " recentrage " du CIE ou
du CES sur les publics prioritaires.
Le rapport prend clairement position en faveur de l'abaissement du
coût du travail non qualifié comme créateur d'emplois. En
revanche, il reste délibérément muet sur la politique de
réduction du temps de travail imposée par le Gouvernement aux
entreprises.