Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale, TOME III - Les moyens des services et les dispositions spéciales (deuxième partie de la loi de finances) Annexe n° 7 : charges communes
ROCCA SERRA (Louis-Ferdinand), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 89-TOME III Annexe n° 16 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 147 Ko )Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
- AVANT-PROPOS
-
CHAPITRE PREMIER
DETTE PUBLIQUE ET DIVERS -
CHAPITRE DEUX
POUVOIRS PUBLICS -
CHAPITRE TROIS
DÉPENSES COMMUNES DE PERSONNEL -
CHAPITRE QUATRE
INTERVENTIONS POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES ET ACTION INTERNATIONALE -
CHAPITRE CINQ
INTERVENTIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES- I. LES SECOURS AUX VICTIMES DE SINISTRES ET CALAMITÉS
- II. L'ENCOURAGEMENT À LA CONSTRUCTION IMMOBILIÈRE
- III. LES VERSEMENTS À DIVERS RÉGIMES OBLIGATOIRES DE SÉCURITÉ SOCIALE
- IV. LES AIDES EN FAVEUR DES RAPATRIÉS
- V. LA MAJORATION DES RENTES VIAGÈRES
- VI. LE FONDS D'INDEMNISATION DES TRANSFUSÉS ET HÉMOPHILES
- VII. LES TRAVAUX DE SÉCURITÉ DANS LES ÉCOLES
- ARTICLE 67 RATTACHÉ
-
MODIFICATIONS APPORTÉES
PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE - EXAMEN EN COMMISSION
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 25 novembre 1999.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 7
CHARGES COMMUNES
Rapporteur spécial
: M. Louis-Ferdinand de ROCCA SERRA
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
(1999-2000).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
Votre rapporteur spécial est amené à formuler quatre observations sur le budget des charges communes pour 2000.
A. LE BUDGET DES CHARGES COMMUNES, EN DÉPIT DE SA NATURE PARTICULIÈRE, FAIT L'OBJET D'UN EFFORT APPRÉCIABLE DE CLARIFICATION
1. Un caractère paradoxal et hétéroclite
Votre
rapporteur spécial avait souligné , l'année
dernière, le
caractère paradoxal
du budget des charges
communes : premier budget de l'Etat avec 701 milliards de francs de
crédits, dont 99% de dépenses ordinaires, il représente
plus du tiers des dépenses brutes du budget général, mais
est le plus méconnu, quoique le plus varié par les thèmes
abordés.
Il avait également insisté sur son
caractère
hétéroclite
puisqu'il comprend
les crédits
destinés à l'ensemble des services de l'Etat ou à
plusieurs d'entre eux, et qui ne peuvent être inscrits dans le budget
d'un ministère particulier.
2. Un périmètre très instable
Compte tenu de sa nature particulière, ce budget
connaît par ailleurs des variations importantes de structure, d'un
exercice budgétaire à l'autre ou en cours d'exercice.
Les variations de structure d'un exercice à l'autre, sont très
importantes.
Les crédits du budget des charges communes ont ainsi été
accrus de 10,57 milliards de francs au titre des rebudgétisations
tandis que, en sens inverse, 13,53 milliards de francs ont
été transférés vers d'autres budgets,
principalement celui de l'économie, des finances et de l'industrie.
Au total, ce sont donc plus de
24 milliards de francs
de
crédits qui ont ainsi changé d'affectation par rapport à
l'année dernière. L'année 1999 avait d'ailleurs connu des
transferts de crédits beaucoup plus importants encore, 58 milliards de
francs ayant fait l'objet d'une affectation nouvelle, en particulier les
crédits assurant le financement de la " ristourne
dégressive ".
3. Un effort indéniable de clarification
Les
modifications de structure opérées par le projet de loi de
finances pour 2000 tendent toutefois à
clarifier la
présentation du budget des charges communes, qui devient plus
lisible.
Le projet de budget prévoit en effet la
suppression de 44
chapitres
: le budget des charges communes passe ainsi de 81 chapitres
en 1999 à 37 chapitres en 2000.
12 chapitres, qui n'étaient plus utilisés depuis plusieurs
gestions, sont ainsi supprimés : 1 sur le titre III, 4 sur le titre
IV, 2 sur le titre V, et 5 sur le titre VI.
Par ailleurs, 20 chapitres sont supprimés, suite au transfert sur le
budget d'autres ministères de dotations gérées par leurs
services, le budget des charges communes ne conservant que les dotations
communes à l'ensemble des ministères ou intéressant au
moins deux ministères.
Enfin, 12 chapitres sont supprimés grâce à une
globalisation des dotations concernant un même sujet.
B. DES CRÉDITS CORRESPONDANT À DES DÉPENSES DE CONSTATATION
Les crédits apparaissant au sein de ce budget correspondent le plus souvent à des dépenses de constatation, résultant de la prise en compte de circonstances extérieures, d'éléments exogènes dont le Parlement prend acte le cas échéant, qu'il peut parfois déplorer, tout en ne pouvant les modifier ou s'y opposer que très rarement.
1. La nécessaire maîtrise de la charge budgétaire de la dette
Seul
apparaît dans le budget de l'Etat le coût en trésorerie de
la dette de l'Etat,
c'est à dire les charges financières que
celle-ci entraîne pour l'Etat, tandis que le remboursement du capital
s'opère, lui, dans un cadre extrabudgétaire et n'apparaît
donc jamais en tant que tel au sein du budget.
La dette de l'Etat s'établissait à 4.022 milliards de
francs au 31 décembre 1998, soit 47 % du PIB.
En 2000, le budget de l'Etat dégagera un excédent primaire.
Votre rapporteur spécial se félicite de cette orientation, qui
est la seule capable d'enrayer la spirale d'augmentation de la dette - le
fameux effet " boule de neige " - et de stabiliser le ratio
d'endettement public au sens du Traité de Maastricht.
Ainsi, la charge nette de la dette passe de 237,25 milliards de francs
en 1999 à 234,7 milliards de francs, soit une baisse de 1,07 %
(-2,5 milliards de francs).
Toutefois, le gouvernement tire profit d'un " effet-prix "
résultant du niveau historiquement bas des taux d'intérêt,
cause exogène indépendante de son action.
Par ailleurs, la réduction du déficit budgétaire est
insuffisante, comme l'a expliqué notre rapporteur général,
de telle sorte que le France apparaît comme le mauvais
élève de la classe européenne.
2. La plupart des dépenses de garantie évoluent en fonction des aléas de la conjoncture internationale
Au sein de ces dépenses de garantie, le poste le plus important est constitué par les garanties à l'exportation. Or, il est particulièrement frappant de relever que, selon les termes mêmes du gouvernement, les prévisions concernant ce poste de dépenses restent " très aléatoires et dépendantes d'événements imprévisibles ". Par ailleurs, " le mode d'évaluation des provisions est relativement peu affiné ".
3. Les dépenses en atténuation de recettes ont un caractère " particulièrement fluctuant "
Les
dépenses en atténuation de recettes, c'est à dire les
remboursements et dégrèvements d'impôts,
s'élèvent à 330,73 milliards de francs soit près de
la moitié des crédits du budget des charges communes.
Ces dépenses ont également pour particularité de figurer
dans la partie recettes du budget général et de venir en
diminution des recettes brutes pour définir les recettes nettes.
Par ailleurs leur montant est généralement
déterminé en extrapolant les prévisions de l'année
précédente qui sont parfois révisées afin de tenir
compte des aléas de la conjoncture économique.
Leur évolution est donc étroitement liée à des
facteurs exogènes ou à l'effet de mesures législatives
antérieures.
Ainsi, la progression en 1999 des remboursements d'impôts directs
faisait-elle suite à l'adoption de la loi portant mesures urgentes
à caractère fiscal et financier (dite " MUFF ") qui
avait entraîné la mise en place d'un acompte exceptionnel au titre
de l'impôt sur les sociétés en décembre 1997 et
corrélativement s'était traduite par une forte augmentation des
remboursements en 1998, qui n'avait pas été prévue en loi
de finances initiale.
En revanche, le montant des remboursements et dégrèvements
devrait diminuer de 1,5 % en 2000, essentiellement en raison des moindres
remboursements et transferts d'impôt sur les sociétés,
à hauteur de - 1,5 milliard de francs, et de la baisse des
dégrèvements de taxe professionnelle, soit
- 900 millions de francs.
En revanche, les remboursements de crédits de TVA progressent en 2000,
de 7,9 %. Une partie de cette dynamique résulte des dispositions
adoptées dans les précédentes lois de finances concernant
l'application du taux réduit à certaines activités.
C. UN BUDGET TRONQUÉ
1. Le " hors-bilan "
Les
crédits relatifs aux garanties de l'Etat sont inscrits au
chapitre 14-01 du budget des charges communes, pour un montant de
1,24 milliard de francs.
Toutefois, ces crédits ne prennent pas en considération les
" garanties implicites " à la charge de l'Etat,
c'est-à-dire les engagements à plus ou moins long terme auxquels
l'Etat et le secteur public devront faire face, et qui ne sont pas
retracés en tant que tels dans le budget de l'Etat.
L'Etat sera en effet confronté, dans un avenir relativement proche,
à un problème budgétaire majeur : celui du
" hors-bilan ", ou " dette publique invisible ".
Si la structure et l'évolution du bilan de l'Etat peuvent être
appréhendées et contrôlées de façon
objective,
le " hors-bilan "
, quant à lui,
fait
l'objet d'une grande imprécision
, le flou dont il est entouré
empêchant la représentation nationale et les citoyens de
connaître précisément la situation financière exacte
de l'Etat.
Cette situation, dont votre rapporteur spécial ne peut que
s'inquiéter, a également été dénoncée
par l'Assemblée nationale. Le groupe de travail, qu'elle avait
constitué à l'initiative, et sous la présidence, de M.
Laurent Fabius, sur l'efficacité de la dépense publique et le
contrôle parlementaire, estime, dans son rapport
1(
*
)
, que la dette est
" sous-évaluée "
, l'Etat pratiquant
" une
politique de provisionnement minimal
, alors que le
principe de sincérité budgétaire milite pour
qu'apparaissent, à la lecture du bilan de l'Etat, les causes
d'éventuels déséquilibres futurs ".
Par ailleurs, le rapporteur général de la commission des finances
de l'Assemblée nationale, M. Didier Migaud, estime, dans on rapport sur
le projet de loi de finances pour 2000, que
" le Parlement n'a encore
qu'une vision tronquée de la dette de l'Etat, sans même parler de
celle des autres administrations publiques ".
En effet, le gouvernement apprécie actuellement le
" hors-bilan " d'une manière extrêmement restrictive, ne
s'en tenant qu'à une simple définition juridique.
D'après des informations fournies à votre rapporteur
spécial, le gouvernement ne prend en compte que la notion de dette
garantie par l'Etat inscrite aux sous-comptes 801 (emprunts intérieurs)
et 802 (emprunts extérieurs) de la comptabilité de l'Etat, qui
est publiée chaque année au compte de la dette publique.
Il s'agit des engagements de sociétés françaises,
entreprises nationales, collectivités et établissements publics
bénéficiant de la garantie explicite de l'Etat, ce dernier
s'étant engagé, dans l'hypothèse d'une défaillance
du débiteur, à effectuer lui-même le règlement.
Au 31 décembre 1998, cette dette inscrite " hors-bilan "
s'élevait à 311,54 milliards de francs
, soit
263,23 milliards de francs d'emprunts intérieurs, et
48,31 milliards de francs d'emprunts extérieurs. Le tableau
ci-après présente la dette garantie par l'Etat.
Toutefois, les chiffres précédents ne recouvrent pas toute la
dette garantie implicitement.
En effet, dans une réponse à une question écrite
2(
*
)
, le gouvernement estimait, pour 1997, à
439,19 milliards de francs
la dette financière nette des
entreprises nationales et des groupes publics.
Cette dette est particulièrement concentrée, les trois principaux
débiteurs représentant à eux seuls 77,5 % de
l'encours total. La dette financière de RFF
3(
*
)
s'élève à 148,96 milliards de
francs, celle d'EDF à 130,72 milliards de francs, et celle de la
SNCF à 60,85 milliards de francs. Suivent les Charbonnages de
France pour 31,9 milliards de francs, et la RATP pour 27,7 milliards
de francs.
Cependant, l'ensemble du " hors-bilan " n'est ni
complètement connu ni totalement provisionné.
Les réalités qu'il recouvre, très disparates, sont souvent
difficiles à quantifier précisément.
Au-delà de la question des retraites évoquée ci-dessus,
quelques chiffres sont riches d'enseignements sur l'ampleur des besoins de
financement.
Ainsi, le coût des structures de défaisance représente
2 points de PIB. Il convient de relever que l'accroissement, dans la
nouvelle base INSEE 1995 du montant de la dette publique au sens de Maastricht,
qui est de 60,3 % du PIB en 1998, est dû à
l'intégration des structures de défaisance publiques, dont
EPFR
4(
*
)
et CDR
5(
*
)
, dans le secteur des ODAC
6(
*
)
.
En outre, les garanties de l'Etat pour les prêts au logement
représenteraient 2 à 4 % de PIB.
Enfin, selon la Cour des comptes, les provisions que nécessiterait le
démantèlement des centrales nucléaires peuvent être
chiffrées à 102 milliards de francs. A la fin de 1997, les
provisions inscrites s'élevaient à 40,8 milliards de francs.
La prise en compte du " hors-bilan " a des conséquences
budgétaires considérables, qu'il est difficile de chiffrer avec
précision, mais qui peuvent être évaluées, en
intégrant la dette implicite des régimes de retraite par
répartition, à des centaines, voire des milliers, de milliards de
francs.
Ainsi, l'OCDE a chiffré en 1993 le montant de la " dette publique
invisible " de la France à 216 % du PIB de 1990, contre
157 % pour l'Allemagne, 242 % pour l'Italie, 156 % pour le
Royaume-Uni, et 89 % pour les États-Unis.
2. Les rémunérations d'activité
Le
chapitre 31-94 du budget des charges communes " Mesures
générales intéressant les agents publics " est
doté de 230 millions de francs.
Votre rapporteur spécial tient cependant à rappeler que
l'augmentation des rémunérations de la fonction publique sera
de 11,4 milliards de francs en 2000 (après 20 milliards de francs
en 1999), en raison, notamment, de l'accord salarial dans la fonction publique
du 10 février 1998.
Cette progression est d'autant plus inquiétante qu'elle contribue non
seulement à accroître le poids des dépenses de
fonctionnement mais également à rigidifier les dépenses
publiques ainsi que cela a déjà été
souligné par votre rapporteur général.
Elle a par ailleurs également des effets induits sur les fonctions
publiques territoriale et hospitalière.
3. Le poids des retraites de la fonction publique
Le
chapitre 32-97 du budget des charges communes est doté de
35,75 milliards de francs au titre des pensions, ce qui ne
représente que 18,6 % de l'ensemble des dépenses des
retraites de la fonction publique.
Ainsi que cela a déjà été relevé, c'est en
gestion que ce chapitre regroupe la totalité des crédits de
pension de l'Etat à l'issue d'un arrêté de transfert
intervenant en début d'exercice.
Pour mémoire, la
totalité des charges de pensions de l'Etat pour 2000 est
évaluée à 192,2 milliards de francs, en progression
de 6,8 % par rapport à 1999.
Or l'évolution à l'avenir de cette catégorie de
dépenses risque de se révéler rapidement
problématique comme le souligne le rapport sur les
rémunérations de la fonction publique annexé à la
loi de finances pour 1999.
En effet après avoir analysé leur progression, ce rapport examine
les modalités de financement de ces retraites, compte tenu des
évolutions démographiques à venir. Il relève ainsi
que la charge budgétaire incombant actuellement à l'Etat
représente 70,5 % du montant total de ces dépenses.
Par
ailleurs, compte tenu de l'évolution démographique, le
surcoût pour l'Etat est évalué à plus de
79 milliards de francs dès 2010 et serait sur les bases actuelles
de financement pour plus de 90 % à la charge de l'Etat.
Cette situation est la conséquence directe du départ à la
retraite des classes d'âge particulièrement nombreuses,
nées entre 1945 et 1950. Ainsi, entre 1997 et 2010, le nombre de
départs en retraite passerait de 56.000 à 95.000 par an. De
2010 à 2020, le nombre de fonctionnaires quittant leur poste
fléchirait, passant de 95.000 à 86.000 l'an, puis se
stabiliserait à ce niveau jusqu'en 2040.
Ainsi, le coût des retraites pour l'Etat vas exploser. Le rapport Charpin
a déjà estimé entre 255 et 280 milliards de francs le
besoin de financement des retraites à l'horizon 2040.
Cette explosion ne tient non seulement compte de l'évolution
démographique mais aussi du mode de revalorisation des retraites.
Cette situation n'est pas tenable pour les finances publiques et il serait
temps que le gouvernement prenne conscience de l'ampleur de ce problème.
Nous ne pouvons donc que déplorer l'inertie actuelle du gouvernement sur
cette situation malgré les conclusions alarmantes du rapport Charpin.
Comme le préconise votre rapporteur général,
il importe
donc de prendre rapidement la mesure de ce phénomène : plus
en effet l'action à entreprendre sera réalisée tôt
plus elle sera efficace et moins elle sera douloureuse.
Votre rapporteur spécial déplore que, pourtant
éclairé par les conclusions du rapport Charpin sur les retraites,
le gouvernement ait décidé de ne rien faire.
D. DES ESTIMATIONS DE DÉPENSES INCERTAINES
Ainsi
que cela a été souligné par votre rapporteur
spécial, les dépenses de garantie sont, selon le gouvernement,
" difficilement prévisibles "
, ce qui lui permet de
moduler ces crédits en fonction de ses propres contraintes. En effet,
lorsque des événements " imprévus " surviennent,
les estimations de dépenses sont rarement ajustées en
conséquence.
Cette incertitude dans les estimations de dépenses se retrouve à
propos des dépenses éventuelles et, surtout, des dépenses
accidentelles de l'Etat.
La dotation de ces dernières passe de 450 millions de francs en 1999
à 1.640 millions de francs en 2000, soit une augmentation de plus de 260
%, sans que le gouvernement en donne la moindre justification autre qu'un vague
" ajustement aux besoins ".
Il apparaît par ailleurs que les dotations des années
antérieures n'ont pas été entièrement
consommées, notamment en ce qui concerne les dépenses
accidentelles.
AVANT-PROPOS
Le
budget des charges communes recense les crédits qui, destinés
à l'ensemble des services de l'Etat ou à plusieurs d'entre eux,
ne peuvent être inscrits dans le budget d'un ministère particulier.
Dans le projet de loi de finances pour 2000, ses crédits
s'élèvent au total à
701,12 milliards de
francs
.
Les dépenses ordinaires, qui représentent 99,75 % du total
de ces crédits, augmentent de 3,5 %. Les dépenses en
capital, qui ne représentent que 0,25 % du total, diminuent de
64,4 %.
Le périmètre du budget des charges communes subit
traditionnellement d'importantes modifications. Ainsi, en 1999, les
crédits assurant le financement de la " ristourne
dégressive ", soit 43 milliards de francs, ont-ils
été transportés vers le budget de l'emploi.
Le projet de loi de finances pour 2000 n'échappe pas à la
règle, puisqu'il engendre des modifications importantes, quoique de
moindre ampleur. 13,53 milliards de francs " sortent " du budget
des charges communes, étant affectés essentiellement à la
section Économie, finances et industrie, tandis que 10,57 milliards
de francs y sont affectés pour la première fois.
Ces transferts de crédits croisés sont présentés
dans le tableau ci-dessous :
Les
dégrèvements et remboursements atteignent 330,73 milliards
de francs
, contre 306,2 milliards de francs en 1999, soit une
progression de 7,86 %.
Par ailleurs,
les recettes d'ordre
encaissées en 2000, du fait
des procédures d'émission de la dette publique
s'élèvent à
17,2 milliards de francs.
Les crédits du budget des charges communes nets des
dégrèvements et remboursements et des recettes d'ordre
s'établissent à 353,19 milliards de francs, soit une
diminution de 1,3 % par rapport à 1999. Ils représentent
20,95 % des dépenses du budget général.
CHAPITRE PREMIER
DETTE PUBLIQUE ET
DIVERS
L'agrégat 01 regroupe la dette publique, les
dépenses
de garanties, et les remboursements et dégrèvements.
Ses crédits s'établissent à
586,09 milliards de francs
en 2000
, soit une
progression de 4,03 %
par rapport à 1999.
Ils représentent
83,6 %
de l'ensemble des crédits du
budget des charges communes.
La dette de l'Etat s'élève au 31 décembre 1998
à 4.022 milliards de francs, soit 47 % du PIB.
Le budget de l'Etat dégagera en 2000 un excédent primaire pour la
première fois depuis 1990, ce qui permettra d'enrayer la spirale
d'augmentation de la dette (effet boule de neige), et de stabiliser en
l'an 2000 le ratio d'endettement public au sens de Maastricht.
A moyen terme, le programme pluriannuel des finances publiques 1999-2002 fixe
pour objectif une réduction progressive de l'endettement public. La
baisse des déficits publics, de 2,3 % du PIB en 1999 à
environ 1 % de PIB en 2000, permettrait ainsi une réduction de 0,6
à 1,6 point du ratio d'endettement public au sens de Maastricht
entre 1999 et 2002 (et de 1,2 à 3,1 points du ratio
d'endettement net des dotations au fonds de réserve pour les retraites).
Évolution de la dette des administrations publiques
En
France, le poids de la dette s'est alourdi sensiblement depuis le début
des années 1980. La dette des administrations publiques s'accroît
sous l'effet d'un processus auto-entretenu : la charge
d'intérêt qu'elle génère conduit à augmenter
le déficit budgétaire. Le financement du déficit par
l'emprunt augmente l'encours de dette, ce qui se traduit par une nouvelle
progression des charges d'intérêt.
La stabilisation de l'endettement, en terme de part de la dette dans le PIB,
suppose que le budget dégage un excédent primaire. Ceci signifie
que les recettes doivent excéder les dépenses hors charges
d'intérêt. L'excédent primaire doit être d'autant
plus élevé que l'encours de la dette est important et que les
taux d'intérêt sont élevés. Formellement, à
encours de dette et taux d'intérêt donnés, il existe un
excédent primaire qui conduit à stabiliser la part de la dette
dans le PIB. Cet excédent primaire, que l'on qualifie de stabilisant,
dépend de la croissance nominale du PIB ; il est d'autant plus
faible que la croissance est forte (avec une croissance nulle, cet
excédent serait strictement égal à la charge
d'intérêt).
Depuis 1997, les administrations publiques réalisent des
excédents primaires. Jusqu'en 1999, ils sont restés toutefois
inférieurs à l'excédent primaire stabilisant le poids de
la dette dans le PIB. Cette situation devrait s'inverser l'an prochain, la
forte progression du PIB permettant une nette contraction du solde primaire
stabilisant. Dans ces conditions, le ratio de la dette au PIB devrait diminuer
sensiblement. Il serait en repli de 0,6 point et s'établirait
à 59,9 points.
La baisse du poids de la dette dans le PIB n'est pas due seulement à
la réduction du déficit budgétaire. En 2000, le mouvement
de désendettement des collectivités locales, observé en
1999, se poursuivrait. Les organismes divers d'administration centrale,
notamment les structures de défaisance, continueraient également
à se désendetter.
I. LA DETTE PUBLIQUE ET SON FINANCEMENT
A. LES CHARGES D'INTÉRÊT DE LA DETTE
Les
crédits consacrés aux charges d'intérêt de la dette
de l'Etat
diminuent de 1,38 milliard de francs, soit - 0,55%
, pour
s'établir à 251,87 milliards de francs.
Ils sont ainsi répartis :
(en milliards de francs) |
|||
|
1999 |
2000 |
Écart |
Dette négociable |
243,559 |
243,155 |
- 0,17 % |
Dette non négociable |
9,381 |
8,403 |
- 10,43 % |
Charges de gestion de la dette et frais de trésorerie |
0,310 |
0,310 |
0 |
Total |
253,250 |
251,868 |
- 0,55 % |
L'ensemble de cette partie de l'agrégat
représente
la charge brute de la dette publique.
L'appréhension de la réalité de la charge de la dette
nécessite de recourir à la notion de charge nette
qui, outre
la charge brute inscrite au budget des charges communes, prend en compte les
recettes en atténuation des charges de la dette, qui figurent aux lignes
806 (" Recettes en atténuation des charges de la dette ") et
411 (" Intérêts versés par divers services de l'Etat
ou organismes gérant des services publics au titre des avances ")
du fascicule " voies et moyens ".
La charge nette de la dette s'élève, en fait, à
234,70 milliards de francs, en diminution de 1,07 %.
La diminution de la charge de la dette est liée au bas niveau des taux
d'intérêt, soit à des raisons exogènes,
indépendantes de la volonté du gouvernement ( " effet prix
").
Par ailleurs, il convient de noter que, pour la première fois depuis
de nombreuses années, la charge de la dette diminue en 2000.
Il rappelle toutefois, que le Parlement ne dispose que d'une vision
tronquée de la dette de l'Etat, et de celle des autres administrations
publiques
7(
*
)
.
B. LES INSTRUMENTS DU FINANCEMENT DE LA DETTE DE L'ÉTAT
Le
Trésor a engagé il y a plus de dix ans une série de
réformes visant à créer les conditions du
développement harmonieux d'un marché des titres d'Etat liquide,
attractif et sûr. L'objectif est depuis l'origine de permettre à
l'Etat d'emprunter dans les meilleures conditions possibles tout en offrant aux
acteurs du marché des titres standardisés et un accès
simple et sécurisé sur le marché primaire comme secondaire.
La composition de la dette de l'Etat a été
rationalisée : aux souches trop nombreuses et peu liquides, aux
caractéristiques financières et fiscales disparates ont
été préférées trois catégories de
titres standardisés - les valeurs du Trésor - qui se distinguent
par leur maturité lors de l'émission :
Les obligations assimilables du Trésor
Les obligations assimilables du Trésor (OAT) sont le support de
l'endettement à long terme de l'Etat. Leur maturité est comprise
entre 7 et 30 ans.
Toutefois, afin de répondre à la
demande ponctuelle des investisseurs, le Trésor s'autorise la
réouverture d'anciennes souches de maturité résiduelle
inférieure à sept ans. Chaque année, le Trésor
crée une ou deux lignes nouvelles à dix ans, qui jouent, sur les
marchés français et étrangers, le rôle d'emprunt de
référence. Les OAT font l'objet d'une émission mensuelle
(le 1
er
jeudi du mois avec règlement le jeudi suivant)
par voie d'adjudication " à la hollandaise " (les demandes
sont servies au prix effectif de soumission lorsque celui-ci est
supérieur au prix limite arrêté par le Trésor. Les
demandes aux prix limite sont réduites à concurrence d'un
pourcentage arrêté. Les demandes en-dessous du prix limite ne sont
pas servies). La plupart des lignes d'OAT sont à taux fixe (le taux est
fixé lors de la création de la ligne), remboursables in fine et
détachent un coupon annuel. Celles-ci représentent
381,588 milliards d'euros, soit 65,50 % de la dette financière
négociable.
Afin de diversifier et de renouveler la gamme des produits offerts aux
investisseurs, le Trésor émet deux nouvelles catégories
d'OAT : les OAT à taux variable (TEC 10 en remplacement des
anciennes références TMB, TRB et TME) et les OAT indexées
sur l'inflation.
-
les OAT TEC 10 :
l'Etat a décidé, en mars
1996, de lancer une OAT indexée sur un nouvel indice de rendement des
emprunts d'Etat à long terme, le " TEC 10 ". Cette
décision procède d'un double constat. D'une part, elle
répond à la demande abondante et diversifiée,
manifestée par les investisseurs ; d'autre part, elle permet de
moderniser les émissions indexées sur le TME, en utilisant un
indice à la fois plus simple et plus représentatif du
marché des taux d'intérêt à long terme. L'indice TEC
10 a été conçu de manière à le rendre
accessible à l'ensemble des investisseurs français et
étrangers. La référence choisie est parfaitement
homogène avec des références largement connues des
investisseurs internationaux, les " Constant Maturity Treasuries " et
les " Constant Maturity Swaps ". Le TEC 10 est un indice
calculé quotidiennement par interpolation linéaire entre les deux
OAT les plus proches de la maturité exacte de dix ans et d'un encours
supérieur à 3 milliards d'euros. Il correspond donc au taux
de rendement d'une OAT fictive de maturité exactement égale
à 10 ans. L'OAT référencée sur ce nouvel
indice est dotée d'un coupon prédéterminé et
trimestriel. Les OAT TEC 10, au nombre de 2, représentent
26,275 milliards d'euros, soit 4,51 % de la dette financière
négociable. Le coupon détachable étant très proche
du coupon de marché (puisque trimestriellement ajusté), l'OAT
TEC 10 est adjugé à un prix proche du pair réduisant
ainsi les pertes et profits sur produits financiers.
-
les OAT indexées sur l'inflation
obéissent aux deux
principes suivants : le principal, protégé contre
l'inflation, est ajusté sur un indice d'inflation pour tenir compte de
l'évolution des prix. Cet ajustement peut être calculé
chaque jour en fonction d'une référence quotidienne d'inflation,
mais il n'est payé par le Trésor qu'à l'occasion du
remboursement de l'obligation. L'OAT indexée bénéficie en
outre d'une garantie de remboursement au pair : l'indexation ne s'applique
en effet que si l'indice d'inflation à maturité est
supérieur à l'indice d'inflation à la date de jouissance
de la première émission. Dans le cas contraire (en cas de
déflation), le remboursement est égal au nominal initial :
l'obligation est alors remboursée au pair. L'OAT indexée verse un
coupon annuel calculé comme un pourcentage fixe du principal
indexé. Ce pourcentage fixe, appelé également coupon
réel, est déterminé lors de l'émission et reste
fixé pour la durée de vie du titre. Le coupon reçu par le
porteur dépend donc de ce coupon réel, ainsi que du rapport entre
l'indice d'inflation à la date de paiement du coupon et l'indice
d'inflation à la date de jouissance du titre, selon la formule suivante.
Les OAT indexées représentent 7,201 milliards d'euros, soit
1,24 % de l'endettement financier négociable.
Enfin, afin de renouer avec la longue tradition du placement des emprunts
d'Etat auprès des ménages français, le ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie a mis en oeuvre en septembre
1994 une procédure de placement mensuel des
OAT auprès des
particuliers.
En effet, l'institutionnalisation et l'internationalisation
du marché des valeurs du Trésor depuis les réformes de
1985 avaient conduit à réduire fortement la possibilité
pour les ménages de se porter directement acquéreurs.
Chaque année, le Trésor réserve sur son programme
d'émission un volume d'OAT pour les particuliers. Ce montant fait
l'objet d'une prise ferme par les SVT et les principaux réseaux
bancaires qui signent avec l'Etat une convention de placement pour une
durée d'un an. Chaque mois, les particuliers peuvent souscrire, dans les
réseaux bancaires, à la Poste, dans les caisses d'épargne
et dans le réseau du Trésor public, l'OAT de
référence à dix ans ou un autre titre de maturité
proche proposé par le Trésor.
Les bons du Trésor à taux fixe et à
intérêt annuel (BTAN)
Les BTAN représentent l'endettement à moyen terme de l'Etat.
Leur durée à l'émission est de deux ans ou de cinq ans.
Comme pour les OAT, les BTAN font l'objet d'une émission mensuelle (le
3
ème
jeudi du mois avec règlement le jeudi
suivant) par voie d'adjudication " à la hollandaise " selon un
calendrier semestriel prévisionnel (les lignes et les dates sont
annoncées). Tous les BTAN sont en euros, à taux fixe annuel et
remboursables in fine. L'endettement à moyen terme représente
156,369 milliards d'euros, soit 26,8 % de la dette financière
négociable.
Les bons du Trésor à taux fixe (BTF)
Les bons du Trésor à taux fixe et à intérêt
précompté (BTF) sont l'instrument privilégié de
gestion de la trésorerie de l'Etat. Ils ont une maturité
inférieure à un an et comprise entre 8 et
52 semaines.
Contrairement aux OAT et BTAN, le taux
d'intérêt est précompté, c'est-à-dire
réglé par le Trésor dès l'émission. Les BTF
sont émis chaque jeudi et réglés le jeudi suivant selon un
calendrier prévisionnel indicatif (les souches émises et les
dates sont annoncées). Ils représentent 44,633 milliards
d'euros, soit 7,7 % de l'encours total.
D'après les hypothèses conventionnelles du projet de loi de
finances pour 2000, le besoin de financement de l'Etat serait en augmentation
par rapport à 1999, la diminution sensible du déficit
budgétaire prévisionnel (- 23,6 milliards de francs)
étant largement compensée par la hausse des amortissements de
BTAN (+ 100 milliards de francs par rapport à 1999).
Pour le calcul des charges de la dette, les hypothèses conventionnelles
suivantes de couverture de ce besoin de financement ont été
retenues :
- un programme d'émission à moyen et long terme de
625 milliards de francs, se décomposant en 360 milliards de
francs d'OAT et 265 milliards de francs de BTAN, à rapprocher d'un
programme d'émission de 525 milliards de francs en 1999 et
612 milliards de francs en 1998 ;
- des émissions nettes de BTF de 26 milliards de francs, afin
de faire face à la diminution des dépôts des correspondants
résultant de la décentralisation progressive des fonds des CCP
prévue par le contrat de Plan signé entre l'Etat et La Poste.
II. LES DÉPENSES DE GARANTIE
En 2000, les dépenses de garanties baissent au total de 16,34 % et atteignent 1.240 millions de francs 8( * ) .
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Écart |
Financement du logement |
3 |
3 |
0 |
Financement de l'agriculture |
4 |
4 |
0 |
Financement de l'industrie |
50 |
50 |
0 |
Garanties afférentes à l'exportation |
665 |
590 |
-11,28 % |
Garanties diverses |
760,2 |
593 |
-21,99 % |
TOTAL |
1.482,2 |
1.240 |
-16,34 % |
Les garanties afférentes au logement
restent
stables, et représentent 3 millions de francs en 2000.
Les garanties afférentes au financement de l'industrie
s'établissent à 50 millions de francs, comme en 1999. Elles
sont destinées à couvrir les défaillances des
sociétés en cours de restructuration bénéficiaires
de prêts à long terme garantis par l'Etat.
Le poste qui est le plus important en volume, celui des garanties
afférentes à l'exportation,
baisse de 75 millions de francs
pour représenter
590 millions de francs
en 2000. Les
crédits inscrits sont destinés à couvrir le besoin de
financement de quatre procédures de garantie gérées pour
le compte de l'Etat par la COFACE :
1. L'assurance crédit
L'assurance-crédit permet aux exportateurs de se couvrir
contre divers risques : de fabrication, politique, commercial...
Depuis 1995, la COFACE n'a pas eu besoin de financement,
l'assurance-crédit étant à nouveau, après une
décennie de déficit, excédentaire, et cela en l'absence de
sinistres majeurs et en raison de la stabilisation des principaux risques.
Aucun crédit n'est donc inscrit à ce titre dans le projet de loi
de finances pour 2000.
2. L'assurance prospection foire
Cette
assurance couvre les dépenses de recherche de nouveaux marchés.
Les crédits demandés restent, en règle
générale, dépendants de la situation sur les
marchés asiatiques.
Ses crédits s'établissent à 290 millions de francs
pour 2000, en progression de 9,43 %.
3. La garantie de change
Cette
garantie permet de couvrir les exportateurs contre les risques de change.
Elle est, depuis la création de cette procédure,
bénéficiaire. Compte tenu des aléas sur les marchés
des changes, des risques existent cependant de voir cette garantie devenir
déficitaire. Toutefois, aucun crédit n'est inscrit pour 2000.
4. La garantie du risque économique
Cette
garantie couvre les entreprises contre la dérive des prix de revient
dans les marchés d'exportation.
Ses crédits s'élèvent à 300 millions de francs
pour 2000, en baisse de 25 %.
Par ailleurs, la ligne des "garanties diverses" diminue d'environ
22 % et atteint 593 millions de francs.
Il s'agit principalement
de garanties de change accordées aux institutions financières
spécialisées, à l'Agence française de
développement (AFD) ou à la Banque française pour le
commerce extérieur (BFCE). Ces garanties participent de la politique
financière internationale de la France gérée par le
Trésor.
III. LES DÉPENSES EN ATTÉNUATION DE RECETTES
Les
dépenses de remboursements et dégrèvements d'impôts
s'élèvent à
330,73 milliards de francs
, soit
une progression de 8,01 %.
Leurs crédits font l'objet d'une évaluation
élaborée dans les mêmes conditions que les recettes dont
elles sont la contrepartie.
A. LES CONTRIBUTIONS DIRECTES
L'ensemble des dépenses de remboursements et
dégrèvements sur impôts directs
9(
*
)
s'élève à
150,08 milliards de francs en 2000
, en progression de 2,72 %
par rapport aux estimations de la loi de finances initiale, mais en
diminution de 1,46 %
en comparaison de ces estimations
révisées.
Cette évolution est liée :
- à la baisse, à hauteur de 1,5 milliard de francs, des
remboursements et transferts d'impôt sur les sociétés ;
- à la baisse de 900 millions de francs des dégrèvements
de taxe professionnelle ;
- à la hausse de 400 millions de francs des dégrèvements
de taxe d'habitation ;
- à une hausse de 500 millions de francs des remboursements relatifs aux
retenues à la source et prélèvements sur revenus de
capitaux mobiliers ;
- à une baisse de 1,2 milliard de francs des admissions en non valeur
(impositions non recouvrées mais dues) sur des produits revenant aux
collectivités locales.
B. LES REMBOURSEMENTS SUR PRODUITS INDIRECTS
Ils
concernent presque exclusivement (à hauteur de 98,97 % en loi de
finances initiale pour 1999) les remboursements au titre de la TVA.
Leur montant total progresse de 12,84 % par rapport à la loi de
finances initiale et de
8,24 %
par rapport aux estimations
révisées pour 1999, et atteint
180,65 milliards de
francs.
Cette augmentation est largement imputable aux remboursements de crédits
de TVA, qui stagnent en 1999 (soit 163,9 milliards de francs), mais qui
retrouvent une progression tendancielle en 2000 (176,9 milliards de
francs, soit + 7,9 %).
Une partie du dynamisme des remboursements de TVA résulte des
dispositions adoptées dans les précédentes lois de
finances concernant l'application du taux réduit à certaines
activités. En effet, à législation constante, les
remboursements de TVA ne progressent que de 5,4 % en 2000.
Il convient de rappeler que le projet de loi de finances pour 2000 propose
d'abaisser de 20,6 % à 5,5 % le taux de TVA applicable à
certaines opérations à forte intensité de main d'oeuvre.
Le coût budgétaire de cette disposition est évalué
à 20,7 milliards de francs pour 2000, dont 3 milliards de
francs au titre des remboursements et crédits de TVA.
CHAPITRE DEUX
POUVOIRS PUBLICS
Les dépenses de l'agrégat 02 Pouvoirs publics, qui représentent 0,7 % de l'ensemble des crédits inscrits au budget des charges communes , s'élèvent à 4.597,65 millions de francs , en progression de 2,13 % par rapport à 1999 :
Crédits du titre II de 1999 à 2000
(en millions de francs) |
|||
|
1999 |
2000 |
2000/1999 |
Présidence de la République |
57,28 |
59 |
+ 3 % |
Assemblée nationale |
2.849,92 |
2.887,71 |
+ 1,33 % |
Sénat |
1.561,62 |
1.616,10 |
+ 3,49 % |
Conseil constitutionnel |
26,23 |
28,14 |
+ 7,28 % |
Haute Cour de Justice |
- |
- |
- |
Cour de Justice de la République |
6,7 |
6,7 |
0 |
Total |
4.501,75 |
4.597,65 |
+ 2,13 % |
Dans le
projet de loi de finances pour 2000, la nomenclature budgétaire des
chapitres de dépenses relatifs au Président de la
République et à la Présidence de la République a
été simplifiée.
Sont regroupés :
- les dotations relatives au Président de la République sur
le chapitre 20-11 " Président de la République -
Dotation, frais, représentation, déplacements " inscrites
précédemment sur les chapitres 20-11 et 20-13,
- les dotations relatives à la Présidence de la
République sur le chapitre 20-12 " Présidence de la
République - Secrétariat général, Cabinet,
État-major particulier, services administratifs, documentation,
bibliothèque, parc automobile " inscrites
précédemment sur les chapitres 20-12 et 20-14,
S'agissant des majorations de crédits en gestion à partir du
chapitre 37-95 " dépenses accidentelles " du budget des
charges communes vers le chapitre 20-12 " Secrétariat
général. Cabinet. Etat major particulier. Services
administratifs. Frais de mission et de documentation. Bibliothèque
(présidence de la République)", elles répondent aux
demandes de la Présidence de la République.
En ce qui concerne le financement de la Présidence de la
République par le budget des autres ministères (Affaires
étrangères, outre-mer, culture et communication,
équipement et titre III du budget des charges communes), sa
consolidation sur le titre II du budget des charges communes sera
examinée en liaison et avec l'accord des services de la
Présidence de la République lors des discussions
budgétaires menées avec les ministères
intéressés en vue d'une éventuelle mise en oeuvre à
l'occasion du projet de loi de finances pour 2001.
CHAPITRE TROIS
DÉPENSES COMMUNES DE
PERSONNEL
L'essentiel des dépenses de cet agrégat correspond à des dépenses de personnel, en particulier les charges sociales. Elles s'établissent à 89,26 milliards de francs , en hausse de 6,25 % par rapport à 1999, et représentent 12,7 % de l'ensemble des dépenses du budget des charges communes .
I. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
Le
chapitre 31-94 " Mesures générales intéressant les
agents du secteur public " est destiné à financer les
dépenses résultant de hausses de rémunération
intervenant en cours d'année.
Il est doté de 230 millions de francs. Il s'agit d'une inscription de
provisions destinées à couvrir les ajustements
complémentaires de rémunérations publiques pouvant
intervenir en 2000.
II. LES DÉPENSES DE PENSIONS
A. UNE OPÉRATION DE REBUDGÉTISATION POUR UN MONTANT DE 5.026 MILLIONS DE FRANCS
Le chapitre 32-97 (article 20) est abondé de 5.026 millions de francs au titre de l'inscription au budget général de la contribution des établissements publics aux charges de pension précédemment rattachées par voie de fonds de concours.
B. LA CONTRIBUTION DE L'ÉTAT À L'ÉQUILIBRE DÉMOGRAPHIQUE DU RÉGIME DES PENSIONS DES OUVRIERS DE LA DÉFENSE ET DES SERVICES INDUSTRIELS DE L'ÉTAT
Le fonds
spécial des pensions des ouvriers des établissements industriels
de l'Etat est chargé d'assurer le service des pensions
concédées ou révisées au profit des ouvriers des
établissements relevant du ministère de la défense et des
services industriels de l'Etat.
En raison du déséquilibre démographique, la principale
ressource du régime réside dans la subvention accordée par
l'Etat, qui est répartie entre les sections ministérielles et les
budgets annexes au prorata du nombre de retraités.
Pour sa part, le budget des charges communes comprend le montant de la
subvention d'équilibre correspondant à la prise en charge des
pensions des anciens ouvriers des budgets annexes, de la SEITA et de
Météo-France.
Cette subvention d'équilibre s'élève à
98,79 millions de francs en 2000, en diminution de 20,84 % par rapport
à 1999.
C. LES CHARGES DE PENSIONS DES DIFFÉRENTS MINISTÈRES
La
totalité des charges de pensions de l'Etat pour 2000 est
évaluée à 192,2 milliards de francs, en progression
de 6,8 % par rapport à 1999.
C'est en gestion que le chapitre 32-97 du budget des charges communes regroupe
la totalité des crédits de pensions de l'Etat à l'issue
d'un arrêté de transfert intervenant en début d'exercice.
En loi de finances initiale, apparaissent toutefois :
- les pensions militaires : 1,06 milliard de francs (- 21,38 %) ;
- les pensions civiles (sauf PTT) : 9,69 milliards de francs,
dont 5,03 milliards de francs au titre de la rebudgétisation
susmentionnée (+ 19,68 % à structure constante) ;
- les pensions des PTT : 24,92 milliards de francs (+ 3,56 %) ;
- les pensions d'Alsace-Lorraine : 89,6 millions de francs
(+10,62 %) ;
- la contribution au paiement des pensions servies par diverses
collectivités antérieurement au 1
er
janvier
1954 : 50.000 francs, comme en 1999.
Soit un total de 35,75 milliards de francs, en progression de
21,68 %.
III. LES DÉPENSES DE CHARGES SOCIALES
Un
crédit de
53,184 milliards de francs
est inscrit au
chapitre 33-91 "Personnel en activité - prestations et versements
obligatoires", en diminution de 2,26 % par rapport à 1999.
Il convient toutefois de préciser que 1089,1 millions de francs
font l'objet d'un transfert : 13,1 millions de francs vers le budget
de l'intérieur et de la décentralisation, correspondant aux
cotisations patronales au titre du régime d'assurance maladie des
personnels civils titulaires de l'Etat, dans le cadre de
l'expérimentation des dotations globalisées de quatre
préfectures ; et 1.076 millions de francs vers le budget de
l'économie, des finances et de l'industrie, correspondant au même
objet, dans le cadre de la dotation globalisée de la direction
générale des impôts.
•
Le versement de l'Etat à la Caisse nationale
d'allocations familiales (CNAF)
Ce versement couvre la différence entre le montant des prestations
familiales servies par l'Etat à ses agents et le montant des cotisations
qu'il aurait eu à verser à la CNAF s'il avait été
affilié à cet organisme. Ces versements s'élèvent
à
10,22 milliards de francs
en 2000, en progression de
2,81 %.
•
Les cotisations patronales d'assurance-maladie
des
fonctionnaires civils s'élèvent à
23,31 milliards
de francs
, en progression de 2,44 % à structure constante. Les
cotisations sont assises sur le traitement brut des fonctionnaires.
• La cotisation à la charge de l'Etat
au titre des
versements dus par les employeurs (0,1 %) sur les salaires
plafonnés
au fonds national d'aide au logement (FNAL)
s'établit à 266 millions de francs, soit une
augmentation de 2,31 %.
• Le versement de l'Etat au titre de la compensation
démographique des régimes de sécurité sociale
s'élève en 1999 à
19,39 milliards de francs
,
en diminution de 4,93 %. L'Etat contribue en effet à la fois
à la "compensation démographique
généralisée" entre régimes de base obligatoires de
sécurité sociale, et à la "surcompensation"
spécifique entre régimes spéciaux d'assurance-vieillesse.
Les mécanismes de compensation et de surcompensation
Les mécanismes des compensations constituent le garant de la
solidarité financière entre les différents régimes
de retraite. En effet, ils permettent aux régimes dont
l'équilibre démographique est le plus dégradé de
recevoir une participation des régimes dont l'équilibre
démographique est plus favorable.
Ces mécanismes ont pour objectif de pallier l'existence d'un grand
nombre de régimes en mutualisant les éléments
démographiques, en cohérence avec la logique d'un financement en
répartition.
1. Compensation généralisée
Instituée par la loi n° 74-1094 du 24 décembre
1974 (articles L. 134-1 et L. 134-2 du code de la
sécurité sociale), la compensation
généralisée est un mécanisme de
rééquilibrage financier entre les régimes obligatoires
d'assurance maladie et d'assurance vieillesse. On ne détaillera par la
suite que les compensations entre régimes d'assurance vieillesse. On
notera cependant qu'il existe une compensation généralisée
entre régimes d'assurance maladie. Elle s'effectue selon les mêmes
principes que la compensation vieillesse généralisée. Elle
est complétée par un système de compensations
bilatérales entre le régime général et certains
régimes spéciaux de salariés (mines, marins, SNCF, RATP,
militaires, Banque de France). Celles-ci ont pour objet d'opérer un
transfert sur la base des charges et des produits qui seraient ceux de chacun
des régimes spéciaux s'ils étaient alignés sur le
régime général.
Dans un souci de simplification, la compensation
généralisée vieillesse ne concerne que les régimes
légaux de base justifiant d'un effectif d'actifs cotisants et de
retraités titulaires de droits propres, âgés de 65 ans
et plus, au moins égal à 20.000. Les " petits "
régimes ne sont donc pas visés ainsi que les régimes
complémentaires (de nature conventionnelle).
Cette compensation s'exerce à deux niveaux :
- une compensation entre régimes de salariés :
calculée sur la base d'un régime unique fictif versant à
chaque retraité de droit direct âgé de 65 ans ou plus,
une prestation commune égale à la pension moyenne des
salariés agricoles (pension moyenne, la moins élevée de
tous les régimes de salariés). Elle tend à pallier non
seulement les déséquilibres mais également les
disparités des capacités contributives : on la qualifie de
compensation " économique ".
- une compensation entre les régimes de salariés et les
régimes de non salariés : elle s'opère sur une base
exclusivement démographique entre un régime fictif
réunissant l'ensemble des régimes salariés et chacun des
régimes de non salariés en se référant à la
prestation moyenne la moins élevée. La charge du transfert ainsi
calculé globalement est ensuite répartie entre tous les
régimes de salariés au prorata des masses salariales.
2. Compensation spécifique
Instituée par l'article 78 de la loi de finances pour 1986 (loi
n° 85-1403 du 30 décembre 1985), la compensation
spécifique, dite " surcompensation " a pour but de mettre en
oeuvre sur des bases élargies les principes mêmes de la
compensation démographique généralisée. En effet,
celle-ci est établie sur des bases minimales (retraités de droit
direct de plus de 65 ans uniquement, à l'exclusion des droits
dérivés). L'exposé des motifs du projet de loi instituant
la compensation généralisée prévoyait qu'un
système correspondant à une compensation plus large pourrait
être mis en place lorsque les régimes seraient harmonisés.
L'objet de la surcompensation est précisément de mettre en
oeuvre, entre les régimes spéciaux -qui présentent une
très grande homogénéité- cette solidarité
plus forte, prévue dès l'origine par le législateur.
Les modalités d'application de la surcompensation définies par
le décret n° 86-100 du 23 janvier 1986 comportent les
éléments suivants :
- élargissement du champ aux retraités de plus de
60 ans et aux droits dérivés,
- calcul de la prestation de référence sur la pension
moyenne servie par les régimes concernés,
- prise en compte des capacités contributives des régimes
en fonction des masses salariales indiciaires.
Elle s'analyse donc comme un " troisième étage " de la
compensation généralisée, dont le premier concerne
l'ensemble des régimes de salariés, et le deuxième le bloc
des régimes de salariés et les différents régimes
de non-salariés.
Cependant, les résultats de la surcompensation ne sont pas pris en
compte dans leur totalité, mais sont affectés d'un coefficient
qui en limite les effets. La mise en oeuvre de ce mécanisme ayant
été effectuée progressivement, le taux a dans un premier
temps été fixé à 22 % puis à 30 %
(en 1992). Il est de 38 % depuis 1993.
Appliquée au taux de 38 %, la surcompensation revient à
effectuer la neutralisation des charges des régimes sur la base de la
prestation moyenne la plus faible parmi les régimes concernés.
Elle s'effectue donc également à cet égard sur des bases
minimales.
3. La mise en oeuvre des opérations de compensations
Les sommes correspondant aux soldes positifs des diverses compensations sont
versées par les régimes débiteurs à un compte
spécial ouvert à la Caisse des dépôts et
consignations. Celui-ci reverse alors aux régimes créanciers les
sommes correspondant aux soldes négatifs (article D. 134-7 du
code de la sécurité sociale, alinéas 1 et 2).
Comme les paramètres définitifs de
l'année " n " pour le calcul des transferts ne sont
disponibles, au mieux, que le second semestre de l'année
" n+1 ", il a été retenu un mécanisme en deux
temps :
- au début de l'année " n ", les montants et les
dates des acomptes provisionnels sont fixés par arrêté
conjoint des ministres chargés des affaires sociales et du budget
(article D. 134-7, alinéas 3, 4 et 5), sur la base de
données prévisionnelles,
- les soldes à régulariser sont déterminés au
cours du second semestre de l'année " n+1 " quand les
informations définitives sont connues.
CHAPITRE QUATRE
INTERVENTIONS POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES ET ACTION INTERNATIONALE
Les crédits de cet agrégat s'élèvent à 4,24 milliards de francs en 2000 , soit une diminution de 52,57 % par rapport à 1999. Il convient toutefois de préciser qu'ils sont affectés par de nombreux transferts de crédits. Cet agrégat regroupe 0,6 % de l'ensemble des crédits du budget des charges communes.
I. LE FONDS DE SOLIDARITÉ VIEILLESSE
Le
budget des charges communes supporte les crédits nécessaires
à la prise en charge par l'Etat des frais de gestion administrative du
fonds de solidarité vieillesse. Celui-ci, créé par la loi
du 22 juillet 1993, prend en charge les avantages d'assurance
vieillesse non contributifs relevant de la solidarité nationale.
Les dépenses administratives du FSV sont constituées
principalement :
- des charges de personnel (75 % environ) ;
- des frais de location, notamment de locaux (14 % environ des
dépenses) ;
- des consommations courantes.
Les crédits pour 2000 s'établissent à 5,43 millions
de francs, en progression de 0,74 %.
II. LES DÉPENSES ÉVENTUELLES ET ACCIDENTELLES
Les
dépenses éventuelles et accidentelles sont prévues par les
articles 10 et 11 de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959.
Les dépenses éventuelles
(chapitre 37-94) abondent en
gestion des chapitres dont les dotations ont un caractère provisionnel.
Ces crédits s'élèvent à
300 millions de
francs
en 2000, soit un montant identique à celui de 1999.
Les dépenses accidentelles
(chapitre 37-95) permettent de faire
face aux calamités, dépenses urgentes ou imprévisibles.
Elles s'élèvent à
1.640 millions de francs en
2000, soit une progression de 264 %.
Toutefois, le gouvernement ne
donne aucune explication à cette très forte progression. Il
n'évoque qu'un
" ajustement aux besoins ".
Il apparaît cependant que les dotations des années
antérieures n'ont pas été entièrement
consommées comme en témoigne le tableau ci-dessous :
Exécution en lois de finances
|
PLF 1997 |
PLF 1998 |
PLF 1999 |
PLF 2000 |
Chapitre 37-94 |
|
|
|
|
Crédits initiaux |
245 |
285 |
300 |
300 |
Exécution |
244,4 |
206,9 |
162,73 1 |
- |
Chapitre 37-95 |
|
|
|
|
Crédits initiaux |
200 |
260 |
450 |
1.640 |
Exécution |
45,4 |
135 |
279,1 1 |
- |
1. Au 30 juin 1999 Source - Direction du budget
III. AIDES DE L'ÉTAT EN FAVEUR DES COLLECTIVITÉS LOCALES
Le
projet de budget pour 2000 regroupe sur le chapitre 41-23 les aides de l'Etat
en faveur des collectivités locales, en particulier la dotation de
l'Etat au profit du fonds national de péréquation.
La loi du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et
le développement du territoire a institué un fonds national de
péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP) doté d'un
produit déterminé chaque année par le comité des
finances locales et d'une dotation de l'Etat qui doit évoluer chaque
année en fonction de l'indice de variation des recettes fiscales nettes
de l'Etat.
En 2000, les crédits s'élèvent à
840,17 millions de francs.
Il convient toutefois de souligner que les crédits de la dotation au
FNPTP proprement dit diminuent de 0,26 %, passant de 827,32 millions
de francs en 1999 à 825,17 millions de francs en 2000.
Critères retenus pour le FNP
L'article 1648.B bis du code général des
impôts
(CGI) prévoit que, après prélèvement de la
quote-part destinée aux communes des départements d'Outre-mer et
après prélèvement ayant pour objet de compenser aux
collectivités locales les pertes de recettes résultant des
exonérations de taxe professionnelle liées aux extensions
d'activités des entreprises implantées dans les zones de
revitalisation rurale (article 1465 A du CGI), les ressources du FNP sont
attribuées aux communes qui remplissent les conditions
d'éligibilité à la part principale et à la
majoration.
1° - Part principale :
Pour être éligibles à la part principale du FNP, les
communes doivent satisfaire cumulativement aux deux conditions suivantes :
- avoir un potentiel fiscal 4 taxes par habitant inférieur de 5 %
à la moyenne de la strate démographique correspondante ;
- présenter un effort fiscal supérieur à la moyenne de la
strate démographique correspondante.
A compter du 1
er
janvier 1998, sont également
éligibles de plein droit les communes de plus de 10.000 habitants qui
répondent cumulativement aux conditions suivantes (article 96 de la loi
de finances pour 1998) :
- avoir un potentiel fiscal 4 taxes par habitant inférieur ou
égal aux 2/3 du potentiel fiscal par habitant de la strate
démographique correspondante ;
- présenter un effort fiscal supérieur à 80 % de la
moyenne de la strate démographique correspondante.
Par dérogation, sont aussi éligibles les communes
répondant à l'une des conditions suivantes :
- avoir un potentiel fiscal 4 taxes par habitant inférieur de 5 %
à la moyenne de la strate démographique correspondante et un taux
de taxe professionnelle égal au taux plafond,
- avoir un potentiel fiscal 4 taxes par habitant inférieur de 5 %
à la moyenne de la strate démographique et un effort fiscal
compris entre l'effort fiscal moyen des communes du même groupe
démographique et 90 % de cet effort fiscal moyen.
L'attribution de ces communes éligibles à titre
dérogatoire est alors réduite de moitié.
Aucune attribution inférieure à 2.000 francs n'est versée.
A titre de garantie, une attribution réduite de moitié, par
rapport à l'année précédente, est
versée :
- quand une commune cesse d'être éligible,
- quand l'attribution qui reviendrait à une commune diminuerait de plus
de moitié par rapport à l'année précédente.
2°- Majoration :
Sont éligibles à cette majoration les communes qui satisfont
cumulativement aux trois conditions suivantes :
- compter moins de 200.000 habitants ;
- être éligible à la part principale du FNP ;
- avoir un potentiel fiscal taxe professionnelle par habitant inférieur
de 20 % à la moyenne de la strate démographique.
L'attribution revenant à chaque commune est calculée en fonction
de l'écart relatif constaté entre le potentiel fiscal taxe
professionnelle de la commune et le potentiel fiscal taxe professionnelle moyen
de la strate démographique de la commune concernée. Le montant de
l'attribution est exprimé en francs par habitant. Aucune attribution
d'un montant inférieur à 2.000 francs n'est versée.
IV. LA PARTICIPATION DE LA FRANCE AU FONDS EUROPÉEN DE DÉVELOPPEMENT
Le Fonds
européen de développement est le principal outil de la politique
communautaire en direction des pays
" Afrique-Caraïbes-Pacifique " (ACP).
Il est alimenté par des versements nationaux avec des clés de
contribution distinctes de celles appliquées pour le budget
général de l'Union européenne et qui sont liées au
rythme d'exécution des projets.
Les crédits prévus pour 2000 s'établissent à
1,45 milliard de francs, en baisse de 10 %.
CHAPITRE CINQ
INTERVENTIONS ÉCONOMIQUES ET
SOCIALES
Les dépenses de cet agrégat s'élèvent à 16,94 milliards de francs en 2000, soit une diminution de 14,46 % par rapport à 1999. Elles représentent 2,4 % de l'ensemble des dépenses du budget des charges communes.
I. LES SECOURS AUX VICTIMES DE SINISTRES ET CALAMITÉS
Comme en 1999, les dotations destinées à apporter des secours aux victimes de sinistres et calamités s'élèvent à 15 millions de francs : 5 millions de francs pour la métropole, et 10 millions de francs pour l'outremer.
II. L'ENCOURAGEMENT À LA CONSTRUCTION IMMOBILIÈRE
Le
chapitre 44-91 comporte les encouragements à la construction
immobilière, dont le poste essentiel est constitué des primes
épargne logement : les crédits s'élèvent
à
7,5 milliards de francs
, soit une diminution de 7,4 % par
rapport à 1999.
La dotation des prêts aidés pour l'accession à la
propriété diminue très fortement, de 78,6 %, et
s'établit à 63 millions de francs.
Enfin, la dotation des prêts spéciaux du Crédit foncier de
France diminue de 28,7 %, et s'établit à
196 millions de
francs
.
III. LES VERSEMENTS À DIVERS RÉGIMES OBLIGATOIRES DE SÉCURITÉ SOCIALE
Ces
versements représentent
6,06 milliards de francs
en 2000, et
concernent :
-
le régime de retraite de la SEITA
qui bénéficie,
même après la privatisation de cette dernière, d'une
subvention de l'Etat qui s'élève à 512 millions de
francs en 2000, en hausse de 3,23 % ;
- la Caisse des retraites de l'Imprimerie nationale
, pour
2,26 millions de francs ;
- le financement des prestations sociales des non salariés
agricoles
, à hauteur de 3,54 milliards de francs ;
- le fonds spécial de retraite
de la caisse autonome nationale de
sécurité sociale
dans les mines
, soit un montant de
1,59 milliard de francs ;
- le financement de l'allocation adultes handicapés du régime
des non salariés agricoles
, pour 422 millions de francs.
IV. LES AIDES EN FAVEUR DES RAPATRIÉS
Sont
principalement inscrites sur le chapitre 46-91 les dépenses relatives
à l'indemnisation et aux retraites des Français rapatriés
d'Outremer, en vertu de la loi du 4 décembre 1985 qui permet aux
rapatriés qui procèdent au rachat de leurs cotisations de
bénéficier d'une aide de l'Etat, soit 164 millions de francs
en 2000.
En outre, sont inscrites diverses dotations comprenant le financement des
prêts de reclassement aux rapatriés, pour 1 million de francs, le
versement de l'Etat à la caisse nationale de retraite des agents des
collectivités locales au titre des parts contributives dues par les
caisses de retraite d'Algérie, du Maroc et de Tunisie, à hauteur
de 230.000 francs, et la participation de l'Etat aux dépenses de la
caisse des retraites ferroviaires d'outremer, soit 50,37 millions de
francs.
V. LA MAJORATION DES RENTES VIAGÈRES
La
majoration des rentes allouées en réparation du préjudice
causé par un véhicule terrestre à moteur
bénéficie de crédits à hauteur de 80 millions
de francs, comme en 1999.
La participation de l'Etat au financement des majorations légales des
rentes viagères destinées à compenser l'érosion
monétaire s'élève, quant à elle, à
2,38 milliards de francs
, soit une progression de 1,48 % par
rapport à 1999.
VI. LE FONDS D'INDEMNISATION DES TRANSFUSÉS ET HÉMOPHILES
Le fonds
d'indemnisation des transfusés et hémophiles (FITH) a
été institué par la loi portant diverses mesures d'ordre
social du 31 janvier 1991. Son objectif est d'assurer aux personnes
contaminées une réparation complète et rapide des
préjudices subis.
Ses ressources proviennent du chapitre 46-98, soit
50 millions de
francs
en 2000, en baisse de 50 % par rapport à 1999.
VII. LES TRAVAUX DE SÉCURITÉ DANS LES ÉCOLES
Le plan
gouvernemental de 1994 sur la sécurité dans les écoles
comporte l'institution :
- d'une prime de 11,2 % du montant emprunté par les
collectivités locales pour les travaux dans les collèges ;
- d'une enveloppe de 2,5 milliards de francs sur cinq ans
affectée à la sécurité dans les
établissements scolaires du premier degré.
La décision a été prise en 1996 d'étaler sur trois
ans le solde du plan initial (1 milliard de francs sur deux ans).
En 2000, il s'agira de la 7
ème
tranche, ce qui
représente
300 millions de francs
en crédits de
paiement, soit une progression de 39,5 %.
Ces crédits sont répartis en gestion sur les budgets de
l'éducation nationale et de l'intérieur.
ARTICLE 67 RATTACHÉ
L'article 67 du projet de loi de finances pour 2000,
rattaché, pour son examen, au budget des charges communes, tend à
préciser les modalités de prise en charge de l'indexation des
OAT
i
, les obligations assimilables du Trésor indexées sur
l'inflation.
L'article 19 de la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses
dispositions d'ordre économique et financier a autorisé l'Etat et
les autres personnes morales à émettre des titres de
créance et des instruments financiers à terme indexés sur
le niveau général des prix, par dérogation à
l'interdiction quasi générale qui frappe, depuis l'ordonnance
n° 58-1374 du 30 décembre 1958 portant loi de finances pour 1959,
l'introduction, dans toute disposition statutaire ou conventionnelle, de
clauses d'indexation fondées sur l'inflation.
Cette interdiction générale des indexations était,
à l'époque, motivée par la volonté d'éviter
les effets inflationnistes des clauses dites " d'échelle
mobile ".
Concrètement, l'article 19 de la loi du 2 juillet 1998
précitée a autorisé l'Etat à émettre des
obligations indexées sur l'inflation.
L'article 70 prévoit que la charge budgétaire correspondant au
coût représentatif de l'indexation des OAT
i
,
constatée à la date de détachement du coupon, est inscrite
chaque année en loi de finances au titre I des dépenses
ordinaires des services civils du budget général, et donc, au
budget des charges communes.
A titre transitoire, la charge budgétaire pour 2000 comprend
également le coût représentatif de l'indexation des titres
dont les coupons ont été détachés en 1999.
Le provisionnement de cette charge dans le projet de budget des charges
communes pour 2000 s'établit à 895,535 millions de francs,
inscrits au chapitre 11-05 (article 50).
MODIFICATIONS APPORTÉES
PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Les
crédits du budget des charges communes ont été
majorés par l'Assemblée nationale de 500.000.000 francs
sur le titre I, de 791.000.000 francs sur le titre III, et de
1.086.768.000 francs sur le titre IV.
Les chapitres concernés sont les suivants :
- 15-01 article 10 Dégrèvements, remises et annulations,
remboursements et restitutions sur contributions directes : 500.000.000 francs,
afin de tirer les conséquences de la réduction du montant maximum
de la taxe d'habitation supportée par les contribuables les plus
modestes de 1.500 à 1.200 francs ;
- 33-91 article 40 Versement de l'Etat au titre de la compensation des
ressources et des charges des régimes de sécurité sociale
: 791.000.000 francs, suite au passage du taux de surcompensation de 38 %
à 34 % à compter de 2000 pour le régime de retraite des
fonctionnaires de l'Etat ;
- 41-23 article 20 Dotation de l'Etat au profit du fonds national de
péréquation : 1.768.000 francs, afin de traduire sur
l'état B l'effet mécanique de l'évolution des recettes
fiscales sur le fonds national de péréquation ;
- 46-90 Versements à divers régimes obligatoires de
sécurité sociale : 1.085.000.000 francs, dont article 20
Régime de retraite de la SEITA : 25.000.000 francs, et article 60
Fonds spécial de retraite de la caisse autonome nationale de
sécurité sociale dans les mines : 1.060.000.000 francs, afin
de tenir compte de l'impact budgétaire sur les acomptes provisionnels
pour 2000 d'un passage du taux de réalisation de la surcompensation de
38 % à 34 % à compter de 2000 pour ces deux régimes de
retraite.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le jeudi 18 novembre 1999, sous la
présidence
de M. Alain Lambert, président, la commission a
procédé, sur le
rapport
de
M. Louis-Ferdinand de
Rocca Serra, rapporteur spécial
, à
l'examen des
crédits des charges communes
pour 2000
.
M. Louis-Ferdinand de Rocca Serra, rapporteur spécial,
a tout
d'abord indiqué que le budget des charges communes pour 2000
s'élevait à 701,12 milliards de francs. Ses crédits,
nets des dégrèvements et remboursements, qui
s'élèvent à 330,73 milliards de francs, et des
recettes d'ordre, soit 17,2 milliards de francs, s'établissent
à 353,19 milliards de francs, soit une diminution de 1,3 % par
rapport à 1999, à structure constante. Il a indiqué que ce
budget subissait, traditionnellement, d'importants transferts de
crédits, le projet de budget pour 2000 n'échappant pas à
la règle, et a noté que 13,53 milliards de francs
" sortaient " de ce budget, tandis que 10,57 milliards de francs
y étaient inscrits pour la première fois. Il a, par ailleurs,
attiré l'attention sur le fait que l'article 67 du projet de loi de
finances pour 2000, rattaché, pour son examen, au budget des charges
communes tendait à préciser les modalités de prise en
charge de l'indexation des obligations assimilables du Trésor
indexées sur l'inflation. L'article 19 de la loi du
2 juillet 1998 a, en effet, autorisé l'Etat à
émettre des obligations indexées sur l'inflation. L'article 67
dispose, dès lors, que la charge budgétaire correspondant au
coût représentatif de l'indexation de ces obligations est
inscrite, chaque année, en loi de finances. Le provisionnement de cette
charge budgétaire pour 2000 s'établit à
895,535 millions de francs, inscrits au chapitre 11-05 du budget des
charges communes.
M. Louis-Ferdinand de Rocca Serra, rapporteur spécial,
a ensuite
fait part des observations que lui inspirent les dotations allouées au
budget des charges communes pour 2000. Il a d'abord relevé l'effort
appréciable de clarification opéré par le projet de
budget. Estimant que le budget des charges communes présente un
caractère à la fois paradoxal - représentant près
de la moitié des dépenses du budget général, il est
relativement méconnu, alors qu'il aborde des thèmes très
variés - et hétéroclite, puisqu'il comprend les
crédits destinés à l'ensemble des services de l'Etat ou
à plusieurs d'entre eux, qui ne peuvent être inscrits dans le
budget d'un ministère particulier. Il a toutefois souligné que
les modifications de structure réalisées pour 2000 permettent de
clarifier la présentation du budget, la rendant plus lisible, suite
à la suppression de 44 chapitres budgétaires.
Il a ensuite observé que les crédits inscrits sur ce budget
correspondaient essentiellement à des dépenses de constatation,
résultant de la prise en compte de circonstances extérieures. Il
a rappelé que la dette de l'Etat, qui s'établissait à
4.022 milliards de francs au 31 décembre 1998, soit 47 % du
PIB, n'apparaissait pas au budget de l'Etat, qui ne prend en compte que sa
charge budgétaire. Cette dernière revient de 237,2 milliards
de francs en 1999 à 234,7 milliards de francs en 2000, soit une
baisse de 2,5 milliards de francs (-1,07 %). Il a toutefois estimé,
comme l'avait exposé le rapporteur général, que la
réduction du déficit budgétaire était insuffisante,
eu égard à la conjoncture économique actuelle. Il a
également noté que les dépenses de garanties
évoluaient en fonction des aléas de la conjoncture
internationale, et que l'évolution des dépenses en
atténuation de recettes était étroitement liée
à des facteurs exogènes ou à l'effet de mesures
législatives antérieures.
M. Louis-Ferdinand de Rocca Serra, rapporteur spécial,
a
insisté sur le fait que le budget des charges communes ne donnait qu'une
vue partielle des dépenses " transversales ". Ainsi, si
1,24 milliard de francs sont inscrits au titre des garanties de l'Etat,
ces crédits ne prennent pas en considération les garanties
" implicites " qui sont pourtant à la charge de l'Etat,
c'est-à-dire les engagements à plus ou moins long terme auxquels
le secteur public, dans son ensemble, devra faire face, et qui ne sont pas
retracés en tant que tels dans le budget général. Il a
relevé que l'Etat sera pourtant confronté, dans un avenir
relativement proche, à un problème majeur, celui du
" hors-bilan ", également appelé " dette publique
invisible ". Il a regretté que cette notion fasse l'objet d'une
grande imprécision, le Gouvernement s'en tenant à une
définition purement juridique, extrêmement restrictive. Il a
observé que le hors-bilan n'était ni complètement connu,
ni totalement provisionné, qu'il s'agisse du coût des structures
de défaisance, des garanties de l'Etat pour les prêts au logement,
du démantèlement des centrales nucléaires ou des pensions
de la fonction publique.
De même, si le budget des charges communes comporte une dotation de
230 millions de francs au titre des rémunérations
d'activités, ces dernières s'élèvent, dans leur
ensemble, à plus de 400 milliards de francs. Il a estimé que la
situation était similaire pour les retraites de la fonction publique, la
totalité des charges de pensions de l'Etat pour 2000 étant
évaluée à 192,2 milliards de francs, alors que le
budget des charges communes est doté de seulement 35,75 milliards
de francs au titre des pensions, soit 18,6 % de l'ensemble.
Enfin, il a observé que les estimations de certaines dépenses
étaient incertaines. C'est le cas, par exemple, des dépenses
éventuelles et, surtout, des dépenses accidentelles,
prévues par les articles 10 et 11 de l'ordonnance organique de 1959. Il
a rappelé que la dotation inscrite au titre des dépenses
accidentelles passait de 450 millions de francs en 1999, à
1.640 millions de francs en 2000, soit une augmentation de plus de
260 %, sans que le Gouvernement en donne la moindre justification autre
qu'un vague " ajustement aux besoins ".
M. François Trucy
a souhaité savoir la façon dont
les dépenses accidentelles avaient été utilisées
jusqu'à présent, et s'est interrogé sur les crédits
inscrits au budget des charges communes au profit des rapatriés.
M. Denis Badré
, observant que les charges de pensions
progressaient en 2000 de 6,8 %, a voulu connaître les
prévisions d'évolution des pensions de retraite à moyen
terme.
M. Alain Lambert, président,
s'est interrogé sur les
suites qui seraient données par le Gouvernement au rapport
François sur la comptabilité patrimoniale de l'Etat.
En réponse aux différents intervenants,
M. Louis-Ferdinand de
Rocca Serra, rapporteur spécial,
a apporté les
éléments d'information suivants :
- les crédits inscrits au titre des dépenses accidentelles
ont un objet extrêmement varié, qu'il s'agisse de l'indemnisation
des victimes de calamités naturelles, d'opérations de
restructuration du secteur public, du financement de travaux concernant le
Parlement européen, ou encore du plan humanitaire français en
faveur des réfugiés du Kosovo ;
- les aides aux rapatriés, financées par le budget des
charges communes, qui s'élèvent à 215,6 millions de
francs en 2000, peuvent être regroupées en trois domaines :
l'aide à la réinstallation, l'indemnisation et
l'amélioration des retraites, cette dernière
bénéficiant d'un montant de 164 millions de francs en
2000 ;
- l'évolution du montant des pensions de retraite à la
charge de l'Etat est particulièrement inquiétante, cette charge
budgétaire devant s'établir à 218 milliards de francs
en 2005, 270 milliards de francs en 2010 et 325 milliards de francs
en 2015, à législation constante ;
- le rapport François, qui a révélé les
nombreux dysfonctionnements concernant la connaissance de son patrimoine par
l'Etat, devrait, selon la réponse apportée par le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie, lors de son audition par la
commission le 9 novembre dernier, faire l'objet d'une réflexion
permettant d'aboutir à des décisions concrètes, la
commission des finances pouvant toutefois engager une étude sur le sujet
du " hors-bilan ".
A l'issue de cette présentation, le rapporteur spécial a
proposé l'adoption des crédits des charges communes, rappelant
que ce sont, pour l'essentiel, des dépenses de constatation.
Puis la commission
a décidé de proposer au Sénat
d'adopter les crédits du budget des charges communes pour 2000, ainsi
que l'article 67 rattaché.
Réunie le jeudi 18 novembre 1999, sous la présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a
procédé, sur le
rapport
de
M. Louis-Ferdinand de
Rocca Serra, rapporteur spécial
, à
l'examen des
crédits des charges communes
pour 2000
.
A l'issue de cet exposé, la commission
a décidé de
proposer au Sénat d'adopter les crédits du budget des charges
communes pour 2000, ainsi que l'article 67 rattaché.
1
Rapport d'information, 27 janvier 1999,
page
160, 11
ème
législature
2
Journal Officiel du 29 juillet 1999, Questions Sénat, page
2576
3
Réseau ferré de France
4
Établissement public de financement et de restructuration
5
Consortium de réalisation
6
Organismes divers d'administration centrale
7
Il s'agit de la problématique du " hors-bilan ",
appelé également " dette publique invisible "
8
Il ne s'agit que d'une partie des garanties potentiellement
à la charge de l'Etat.
9
Il s'agit à la fois des remboursements d'impôts
d'Etat et de la prise en charge des dégrèvements d'impôts
locaux résultant de mesures législatives, de décisions
individuelles ou d'admissions en non-valeur