Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale, TOME III - Les moyens des services et les dispositions spéciales (deuxième partie de la loi de finances) Annexe n° 5 - Aménagement du territoire et environnement : II. Environnement
ADNOT (Philippe), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 89-TOME III Annexe n° 5 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 179 Ko )Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
-
CHAPITRE I
UN BUDGET EN PROGRESSION DE 8,6 %- I. UN BUDGET EN EXPANSION SPECTACULAIRE
- II. DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT EN AUGMENTATION TRES FORTE
- III. LES PRINCIPALES PRIORITÉS DE LA MINISTRE ET LEUR FINANCEMENT
-
CHAPITRE II
LE BUDGET DE L'ENVIRONNEMENT EN PERSPECTIVE -
CHAPITRE III
LA TENTATION DU « MINISTÈRE DE PLEIN EXERCICE » -
CHAPITRE IV
LES POLITIQUES SECTORIELLES MENÉES PAR LE MINISTÈRE DE L'ENVIRONNEMENT -
CHAPITRE V
LE DÉTOURNEMENT DE LA FISCALITÉ ÉCOLOGIQUE -
ANNEXE
LES MODIFICATIONS DE CRÉDITS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE - EXAMEN EN COMMISSION
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 25 novembre 1999.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 5
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET ENVIRONNEMENT :
II. - ENVIRONNEMENT
Rapporteur spécial
: M. Philippe ADNOT
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
(1999-2000).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
1- Une augmentation spectaculaire des crédits
pour
une logique de pouvoir au détriment d'une logique d'action
Pour 2000, le ministère de l'Environnement connaît une
augmentation spectaculaire de ses crédits de 8,6 %.
Cette évolution pourrait être favorable s'il s'agissait avant tout
de mettre en place de nouvelles actions en faveur de l'environnement. En
réalité, cette augmentation sert à créer une
armature administrative qui se traduit par des dépenses de
fonctionnement en très forte hausse. Le pouvoir du ministère de
l'Environnement s'en trouve renforcé sans que les crédits
supplémentaires soient intégralement affectés à des
actions répondant pleinement aux attentes des citoyens.
2- Le financement de la politique nationale de l'eau par les agences de
l'eau
Le Gouvernement propose de créer un compte d'affectation spéciale
regroupant l'actuel fonds national de développement des adductions d'eau
(FNDAE) et un nouveau fonds national de solidarité pour l'eau (FNE).
Celui-ci serait doté en 2000 de 500 millions de francs
prélevés sur les recettes des agences de l'eau pour financer la
politique nationale de l'eau.
Il semble étrange de créer un tel compte d'affectation
spéciale à double section. En outre, pourquoi la ministre
n'a-t-elle pas attendu l'examen de son projet de loi sur l'eau dont le
dépôt est prévu en 2001 ? Enfin, il est
inquiétant de constater que le prélèvement sur les agences
de l'eau, ainsi institutionnalisé, sera déterminé chaque
année en loi de finances, sans plafond, au gré des besoins de
financement de la direction de l'eau du ministère.
3- La TGAP ou le détournement de la fiscalité
écologique
Le Gouvernement a prévu, en projet de loi de financement de la
sécurité sociale, d'affecter le produit de la taxe
générale sur les activités polluantes (TGAP), au fonds de
financement des allégements de charges patronales de
sécurité sociale créé dans le cadre du
financement de la seconde loi sur les 35 heures.
Cette affectation sonne le glas de la taxation
" écologique " : la TGAP est désormais un
impôt de rendement, destiné à apporter des recettes et non
pas à inciter à des comportements moins polluants. Le choix de
taux bas et d'assiettes larges pour des produits calibrés pour le
financement de la seconde loi sur les 35 heures est bien la preuve que les
motifs environnementaux sont oubliés.
CHAPITRE I
UN BUDGET EN PROGRESSION DE 8,6
%
Les
crédits consacrés par le Ministère de l'Aménagement
du territoire et de l'Environnement à l'environnement
s'élèvent pour 2000 à
4,3 milliards de francs
. Ce
budget représente environ 0,3 % du budget civil de l'Etat. Cette part a
triplé depuis 1993. Ces crédits sont
en progression de 8,6
%
en dépenses ordinaires et crédits de paiement par rapport
à 1999, alors qu'en application du pacte de stabilité
européen, les dépenses globales de l'Etat n'augmentent pas en
moyenne de plus 0,9 %. Les autorisations de programme s'établissent
à 2,7 millions de francs, en hausse de 5,9 % par rapport à l'an
dernier.
Cette évolution traduit la volonté du Gouvernement de faire de
l'environnement l'une de ses priorités.
I. UN BUDGET EN EXPANSION SPECTACULAIRE
A. UNE ÉVOLUTION SPECTACULAIRE DES CRÉDITS DEPUIS 1993
Le
budget de l'Environnement a plus que doublé en huit ans
(+ 166
% entre 1993 et 2000). Celle-ci correspond notamment à la réforme
de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP)
qui a entraîné en 1999 un doublement des crédits du
ministère (+ 108 % et + 14,8 % hors impact TGAP) par intégration
des nouvelles subventions budgétaires versées à l'Agence
de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, ADEME.
Entre 1993 et 1998, il a augmenté de 18 %. Cette augmentation est de 126
% sur les trois dernières années. On observe donc une
accélération de la montée en puissance du ministère
de l'Environnement depuis trois ans.
Schématiquement, si l'on exclut l'impact de la TGAP, on observe que le
budget de l'environnement passe de 1,8 milliard de francs en 1998, à 2,2
milliard en 1999 et à 2,4 en 2000, soit
une augmentation à
périmètre constant d'environ 30 % sur deux ans.
Evolution
des crédits de l'environnement et de leur part dans le budget
général
de l'Etat depuis 1993 (y compris impact de la TGAP)
(en millions de francs)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Crédits LFI |
1 614 |
1 653 |
1 756 |
1 758 |
1 868 |
1 899 |
3 956 |
4 297 |
Evolution |
10,6% |
2,4% |
6,3% |
0,1% |
6,3% |
1,6% |
108,3% |
8,6 % |
Crédits ouverts |
1 510 |
1 688 |
1 681 |
1 759 |
1 775 |
1 881 |
- |
- |
Evolution |
15,5% |
11,8% |
-0,4% |
4,6% |
0,9% |
6,0% |
- |
- |
Crédits à structure constante |
1 563 |
1 653 |
1 757 |
1 758 |
1 869 |
1 886 |
3 957 |
4 298 |
Evolution |
8,6% |
5,8% |
6,3% |
0,1% |
6,3% |
0,9% |
109,8% |
8,6% |
Environnement / budget de l'Etat |
0,13 % |
0,13 % |
0,14 % |
0,14 % |
0,14 % |
0,14 % |
0,28 % |
0,30 % |
Source : Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement
B. LE BUDGET DE L'ENVIRONNEMENT POUR 2000 : LA TROISIÈME PLUS FORTE HAUSSE DE TOUS LES BUDGETS CIVILS DE L'ETAT
Les
évolutions pour 2000 sont très marquées :
une
augmentation de
8,6 %
des crédits demandés par
rapport à la loi de finances initiale pour 1999, qui avait
déjà été fort généreuse. Pour 2000,
le budget de l'Environnement connaît ainsi la troisième plus forte
hausse des fascicules budgétaires après l'audiovisuel et
l'outremer.
Il convient également d'intégrer aux calculs, le nouveau
«
Fonds national de solidarité pour l'eau
» (FNSE)
doté de 500 millions de francs
par prélèvement sur
les recettes des agences de l'eau. La création de ce fonds à
partir de deux fonds de concours existants correspond à une augmentation
des moyens du ministère de l'ordre de 250 millions de francs
supplémentaires.
Quelques modifications de nomenclature et de clarification budgétaires
sont à souligner. Il faut notamment relever une refonte des
agrégats qui modifie la présentation habituelle de ce budget. Par
ailleurs, conformément à la jurisprudence du Conseil
constitutionnel, les rémunérations d'ingénierie publique
dont bénéficient certains personnels présents au
ministère de l'Environnement sont réintégrées
à ce budget pour un montant de 49,8 millions de francs. Des transferts
d'emplois prévus en 2000 correspondent à des
régularisations de mises à disposition en provenance d'autres
ministères. Enfin, des dépenses du titre V destinées
à financer des études ont été
redéployées vers le titre III, plus conforme à la
destination de ces crédits.
II. DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT EN AUGMENTATION TRES FORTE
L'examen
de la répartition des évolutions de crédits par titre fait
apparaître un
très fort déséquilibre
:
les dépenses de fonctionnement explosent (les moyens des services
du titre III augmentent de 22 %),
tandis que les dépenses d'investissement augmentent relativement
peu (+ 2 % pour les investissements des titres V et VI).
Source : Ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie
Il est
instructif de s'attarder sur les crédits de personnel et de
fonctionnement du titre III qui augmentent de 29,4 % en 2000, passant de 799,5
millions de francs à plus d'un milliard de francs l'année
prochaine.
Dans cet ensemble, ce sont les
crédits de personnel
qui
augmentent le plus, de 24,6 %. Cette évolution est principalement
liée :
• à l'augmentation de
210 emplois budgétaires
des
effectifs du ministère dont 70 transferts d'emplois
1(
*
)
et 140 créations d'emplois
2(
*
)
,
• aux mesures relatives à l'amélioration des conditions de
promotion, aux rémunérations et aux transformations
d'emplois ;
• à l'intégration des rémunérations
d'ingénierie publique dans ce budget.
Les
crédits de fonctionnement
courant
augmentent quant
à eux de 36,6 % pour financer des dépenses informatiques et
également de formation (en particulier il est prévu un
« verdissement » des formations dans les corps
d'ingénieurs existants). Il s'agit également des mesures
d'accompagnement des 140 créations d'emplois (fonctionnement courant et
formation) pour un montant de l'ordre de 6,3 millions de francs soit 45.000
francs par emploi créé.
Répartition des crédits votés pour 1999
et
demandés pour 2000
par titre et évolution
(en millions de francs)
Nature des dépenses |
Crédits votés 1999 |
Crédits demandés 2000 |
Evolution (en %) |
Dépenses ordinaires - DO - (titres III et IV) |
1.549 |
1.842 |
+ 19 % |
. Titre III - Moyens des services |
1.038 |
1.263 |
+ 22 % |
. Titre IV - Interventions publiques |
511 |
579 |
+ 13 % |
Dépenses en capital - CP - (titres V et VI) |
2.408 |
2.455 |
+ 2 % |
. Titre V - Investissements exécutés par l'Etat |
284 |
287 |
+ 1 % |
. Titre VI - Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
2.124 |
2.169 |
+ 2 % |
Total DO + CP |
3.957 |
4.298 |
+ 9 % |
Autorisations de programme - (titres V et VI) |
2.544 |
2.694 |
+ 6 % |
. Titre V - Investissements exécutés par l'Etat |
344 |
342 |
- 1 % |
. Titre VI - Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
2.199 |
2.352 |
+ 7 % |
Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
III. LES PRINCIPALES PRIORITÉS DE LA MINISTRE ET LEUR FINANCEMENT
On
remarquera que l'aisance de ce budget est telle que les priorités de la
ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement concernent
tous les agrégats de façon très large : ce sont les
moyens du ministère, d'une manière générale, qui
sont revalorisés.
Globalement, les priorités pour 2000 s'inscrivent dans la
continuité de celles arrêtées l'an dernier pour 1999.
. l'agrégat 1 correspond au soutien aux politiques
environnementales (il s'agit essentiellement des dépenses de personnel,
de fonctionnement, de recherche et d'action internationale) ;
. l'agrégat 2 regroupe les crédits relatifs à la
protection de la nature, des sites et des paysages ;
. l'agrégat 3 est relatif à la protection de l'eau et des
milieux aquatiques ;
. l'agrégat 4 correspond aux crédits de la prévention
des pollutions et des risques.
Evolution des crédits par agrégat depuis 1995 et progressions annuelles
(en millions de francs et %)
Agrégat |
1995 |
1996 |
1996/95 |
1997 |
1997/96 |
1998 |
1998/97 |
1999 |
1999/98 |
2000 |
2000/99 |
1 |
737 |
734 |
-0,3% |
718 |
-2,3% |
733 |
2,1% |
837 |
14,2% |
996 |
18,9% |
2 |
492 |
498 |
1,2% |
505 |
1,4% |
536 |
6,3% |
662 |
23,5% |
747 |
12,8% |
3 |
264 |
272 |
3,2% |
263 |
-3,5% |
230 |
-12,5% |
266 |
15,6% |
264 |
-0,8% |
4 |
264 |
254 |
-4,0% |
384 |
51,3% |
387 |
0,8% |
2 193 |
466,7% |
2 291 |
4,5% |
Total |
1 757 |
1 758 |
0,1% |
1 869 |
6,3% |
1 886 |
0,9% |
3 957 |
109,8% |
4 298 |
8,6% |
Source : Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement
A. RENFORCER LES CAPACITÉS D'EXPERTISE ET DE CONTRÔLE DU MINISTÈRE
L'agrégat 1 augmente globalement de 18,9 %. Si l'on considère les seules dépenses de personnel et de fonctionnement, l'augmentation est de 22,6 %. Ces dépenses s'établissent à 995,5 millions de francs.
1. Un renforcement des effectifs du ministère
Cet axe
se traduit essentiellement par des créations d'emplois. En effet,
140
créations de postes
sont proposées pour 2000, à raison
de 50 en administration centrale et 70 en services déconcentrés,
auxquelles s'ajoutent 70 transferts, dont 60 pour l'administration centrale et
10 pour les services déconcentrés.
Le tableau suivant fait apparaître
le tournant de 1998
,
année à partir de laquelle le mouvement de création
d'emplois s'est nettement accéléré et de façon
continue.
Evolution des effectifs du ministère de l'Environnement depuis
1995
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Créations d'emplois |
21 |
0 |
0 |
34 |
139 |
139 |
Transferts d'emplois |
0 |
0 |
27 |
0 |
0 |
70 |
Effectifs totaux 3( * ) |
2.351 |
2.351 |
2.378 |
2.412 |
2.551 |
2.760 |
Augmentation / n-1 |
+ 0,9 % |
- |
+1,1 % |
+ 1,4 % |
+ 5,8 % |
+ 8,2 % |
Source : Ministère de l'Aménagement du
territoire et de l'Environnement
Le tableau suivant fait apparaître la
priorité donnée au
renforcement de l'administration centrale
dont les effectifs vont augmenter
de près de 20 % l'an prochain alors que les directions régionale
de l'environnement (DIREN) connaîtront une progression limitée
à 3 %.
Répartition des effectifs du ministère de l'Environnement et évolution
Source : Ministère de l'Aménagement du
territoire et de l'Environnement
En administration centrale,
ces 50 emplois créés
permettront notamment :
1- de créer un service du
contrôle financier et une cellule
comptable
propres (fonctions qui sont actuellement assurées par le
ministère de l'équipement),
2- de mettre en place une
inspection générale de
l'environnement
à partir de la mission d'inspection
spécialisée de l'environnement,
3- de développer les capacités d'expertise du ministère
avec notamment la création d'une nouvelle direction d'administration
centrale : la
direction des études économiques et de
l'évaluation environnementale
(D4E) qui sera transversale aux autres
directions du ministère. Elle constituera une direction de conseil,
d'expertises et d'aides à la décision en matière
économique et environnementale. Elle sera notamment chargée de
l'évaluation des politiques publiques au regard des critères
touchant l'environnement et le développement durable du territoire.
8 millions de francs sont prévus au budget pour assurer son
démarrage.
Le coût attendu des 50 créations d'emplois est de
13,9 millions de francs en dépenses de personnel et de 2,25
millions de francs en dépenses induites de fonctionnement. Le coût
des 60 transferts d'emplois au bénéfice de l'administration
centrale s'établit à 13,8 millions de francs.
En services déconcentrés
, les
70 créations
d'emplois
et les 10 transferts d'emplois visent essentiellement
à renforcer les effectifs en faveur de l'inspection des installations
classées
6(
*
)
. Pour 2000, s'agissant des
emplois inscrits au budget du ministère de l'Environnement, dans le
cadre d'un plan triennal de renforcement de ces services, les directions
régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (DRIRE)
sont renforcées de 34 postes et les directions des services
vétérinaires (DSV) de 20 postes. En outre, 10 emplois en
provenance du ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie sont transférés pour le contrôle des
installations classées. Enfin, les directions régionales de
l'environnement (DIREN) sont renforcées de 36 postes.
Le coût attendu des 70 créations d'emplois est de
20,5 millions de francs en dépenses de personnel et de 4,05
millions de francs en dépenses induites de fonctionnement. Le coût
des 10 transferts d'emplois au bénéfice de l'administration
centrale est prévu à 1,3 million de francs.
2. Le renforcement des moyens de l'IFEN
Par ailleurs, l'Institut français de l'environnement (IFEN), chargé d'élaborer et de diffuser la documentation et l'information sur l'environnement, voit également ses moyens renforcés. Pour 2000, comme en 1998 et 1999, la progression de ses dotations est particulièrement forte.
Evolution des dotations de l'IFEN en provenance du
ministère de l'Environnement
et de ses emplois (1998-2000)
(en millions de francs et %)
|
1998 |
1999 |
Evolution 1999/98 |
2000 |
Evolution 2000/99 |
Dotation en fonctionnement (DO) |
23,1 |
28,5 |
+ 23 % |
30,8 |
+ 8 % |
Dotation en investissement (CP) |
4,0 |
7,5 |
+ 88 % |
8,3 |
+ 11 % |
Dotation en investissement (AP) |
5,0 |
8,0 |
+ 60 % |
9,5 |
+ 19 % |
Créations d'emplois (unités) |
9 |
9 |
- |
5 |
- |
Effectif total |
34 |
43 |
+ 27 % |
48 |
+ 12 % |
Source : Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement
3. L'augmentation très sensible des dépenses d'action internationale
Sont
également retracés dans l'agrégat 1, les dépenses
pour l'action internationale du ministère. Ces crédits
s'établissent pour 2000 à près de 23 millions de
francs, en
progression de 11 %
par rapport à 1999.
L'action internationale du ministère sera marquée en 2000 par une
série de rendez-vous : présidence de l'Union
européenne au second semestre, sixième conférence des
Etats parties aux conventions " climat " et
" biodiversité ", négociation de la convention sur les
polluants organiques persistants, etc.
4. La recherche est moins favorisée
Les
crédits en faveur de la recherche connaissent une progression
très faible :
. 82,4 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits
de paiement, en stabilité par rapport à 1999 (+ 0,9 %
7(
*
)
) ;
. 14,6 millions de francs en autorisations de programme, soit une
légère augmentation de 4,5 %.
Crédits en faveur de la recherche, 1999 et 2000
(en millions de francs et %)
|
1999 |
2000 |
Evolution |
Dépenses ordinaires (titres III et IV) |
14,45 |
14,6 |
+ 1,3 % |
Personnel du ministère (titre III) |
7,6 |
7,65 |
+ 1,3 % |
Fonctionnement (titre III) |
0,7 |
0,75 |
+ 7,4 % |
Encouragements et interventions (titre IV) |
1,05 |
1,05 |
+ 0 % |
Personnel de l'INERIS 8( * ) |
5,1 |
5,15 |
+ 1,3 % |
Fonds de
la recherche scientifique et technique
|
67,25 |
67,8 |
+ 0,8 % |
Fonds de
la recherche scientifique et technique
|
67,0 |
70,0 |
+ 4,5 % |
TOTAL (dépenses ordinaires et crédits de paiement) |
81,7 |
82,4 |
+ 0,9 % |
Source : Ministère de l'Aménagement du
territoire et de l'Environnement
Outre la revalorisation " standard " des salaires des personnels
(+ 1,3 %), la seule mesure nouvelle porte sur l'augmentation du titre
III (50.000 francs, soit + 7,4 %) pour renforcer le recours à des
experts étrangers pour évaluer les projets de recherche soutenus
par le ministère.
Actions programmées du Fonds de la recherche scientifique et technique en 1999 et 2000
(en millions de francs)
Actions de recherche |
1999 |
2000 |
Prévenir la pollution atmosphérique |
8 |
7 |
Gérer les ressources en eau et solution |
9,5 |
10 |
Préserver et gérer la biodiversité et le patrimoine naturel |
6 |
8 |
Maîtriser les risques |
9 |
9 |
Protéger la santé humaine |
10 |
10 |
Améliorer l'environnement urbain |
3 |
3 |
Mobiliser les sciences économiques et sociales |
9 |
10 |
INERIS |
9 |
13 |
Contrats de plan Etat-région |
3,5 |
0 |
TOTAL |
67 |
70 |
Source : Ministère de l'Aménagement du
territoire et de l'Environnement
B. ACCROÎTRE L'EFFORT EN FAVEUR DE LA PRÉVENTION DES RISQUES
La
prévention des pollutions et des risques connaît une augmentation
de 4,5 % de ses crédits (et de 8,5 % en autorisations de programme). Ces
dépenses s'établissent pour 2000 à 2.290,6 millions de
francs. Ce domaine bénéficie de 77 % des mesures nouvelles
inscrites à ce budget. Si l'on considère le seul fonctionnement,
l'augmentation des dépenses est de 22 %.
L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME)
et l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS)
constituent les deux établissements pivots de cette politique. Ils
avaient connu en projet de loi de finances pour 1999 des moyens nouveaux.
Ceux-ci sont confirmés et amplifiés en 2000.
1. Les moyens accordés à l'ADEME
Les
moyens de l'ADEME sont renforcés (+ 133 millions de francs en
autorisations de programme
, soit une hausse de
7,9 %
) pour
intervenir notamment dans les domaines :
. des déchets ménagers (+ 98 millions de francs, + 12,1 %),
. des huiles usagées (+ 23 millions de francs, + 19,4 %),
. de la dépollution des sols (+ 12 millions de francs, + 11,2 %).
S'agissant des
crédits de paiement
, l'augmentation est
limitée à
2,1 %
(+ 35 millions de francs) dont :
. 12 millions de francs (+ 11,2 %) pour les sols pollués,
. 23 millions de francs (+ 19,4 %) pour les huiles usagées.
En outre, l'ADEME reçoit 10 millions de francs supplémentaires de
crédits de
fonctionnement
, soit une augmentation de
6,6 %.
Crédits affectés à l'ADEME par le ministère et évolution
(en millions de francs et %)
|
Crédits de paiement |
Autorisations de programme |
||
|
1999 |
2000 |
1999 |
2000 |
Subvention de fonctionnement |
152 |
162
|
- |
- |
Energie |
293 |
293
|
293
|
293
|
Déchets ménagers et assimilés |
811 |
811
|
811 |
909
|
Dépollution des sols |
107 |
119
|
197 |
119
|
Ramassage des huiles |
118,5 |
141,5
|
118,5 |
141,5
|
Bruit |
84,5 |
84,5
|
84,5 |
84,5
|
Pollution atmosphérique |
159 |
159
|
159 |
159
|
Qualité de l'air |
109,6 |
109,6
|
115,4 |
115,4
|
TOTAL hors fonctionnement |
1.682,6 |
1.717,6
|
1.688,4 |
1.821,4
|
Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
2. Les moyens accordés à l'INERIS
Les
moyens de l'INERIS sont également renforcés tant en intervention
(+ 15,3 millions de francs) qu'en fonctionnement (+ 12 millions de francs) afin
de développer les actions dans le domaine des risques chroniques et
accidentels.
Ses capacités d'investissement (autorisations de programme) sont accrues
de 24,1 % afin de développer ses actions notamment dans le domaine de
l'écotoxicologie.
C. RENFORCER LES ACTIONS DE PÉRÉQUATION ET DE SOLIDARITÉ DANS LE SECTEUR DE L'EAU
L'ensemble des crédits consacrés à la politique de l'eau et des milieux aquatiques augmente de 48,2 % en 2000.
1. Les moyens de la direction de l'eau sont stables
Pourtant, les moyens propres de la direction de l'eau
(agrégat 3) diminuent globalement de 0,4 % et s'établissent
à 264 millions de francs.
On observe une diminution des crédits de paiement de 4,4 % (pour les
autorisations de programme, de 3,9 %) qui n'est pas entièrement
compensée par l'augmentation des dépenses ordinaires, de
7,8 % (en particulier, l'augmentation des dépenses de
fonctionnement est de 8,5 %).
Cette année, la part du budget du ministère consacrée
à l'eau financera exclusivement les dépenses correspondant
à des missions régaliennes : police de l'eau, annonce des
crues, Plans Loire et Risques. C'est le Fonds national de solidarité
pour l'eau (
cf. infra
) qui financera les dépenses relatives aux
réseaux de mesure et à la connaissance.
Présentation de l'évolution du budget
consacré à la politique de l'eau
en lois de finances initiales
(1998-2000)
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
2000 |
Dépenses ordinaires (titres III et IV) |
64,5 |
82,5 |
89,5 |
. police et gestion des eaux - annonce des crues |
48,8 |
59,8 |
70,0 |
. instances consultatives et remboursements à divers établissements publics |
5,8 |
5,8 |
1,8 |
. subventions de fonctionnement au Conseil supérieur de la pêche |
0,0 |
7,0 |
7,0 |
. subventions pour la gestion des eaux et des milieux aquatiques |
9,9 |
9,9 |
10,7 |
Autorisations de programme (titres V et VI) |
191,6 |
204,2 |
196,2 |
. police et gestion des eaux et des milieux aquatiques - réseaux d'annonce des crues et hydrométrie |
94,9 |
102,7 |
95,5 |
. subventions d'investissement pour la protection des lieux habités contre les inondations |
91 |
91 |
91 |
. subventions pour la gestion des eaux et des milieux aquatiques |
5,7 |
10,5 |
9,7 |
Source : Ministère de l'Aménagement du
territoire et de l'Environnement
La majeure partie de ces dotations est consacrée à la mise en
oeuvre des deux plans Gouvernementaux de janvier 1994 :
• le "
Plan Loire-Grandeur-Nature
" : sa
réalisation était évaluée en 1994 à 1,8
milliard de francs dont 700 millions de francs de crédits de l'Etat.
Entre 1994 et 1998, près de 631 millions de francs ont été
engagés dont 600 millions de francs par le budget de l'Environnement.
Les financements mis en place pour 1999 se sont élevés à
56,35 millions de francs pour ce budget ; l'enveloppe prévue pour
2000 s'élève à
72 millions de francs
.
• le
plan décennal de restauration des
rivières
: entre 1994 et 1998, plus de 2.900 opérations
ont été lancées pour un coût total de près de
4 milliards de francs (50 % du programme prévu sur dix ans) dont
1.500 millions de francs de crédits en provenance du budget de
l'Environnement. En 1999, 284,5 millions de francs ont été
prévus (dont 110 millions de francs d'un fonds de concours des agences
de l'eau) ; en 2000, ce montant s'élève à 271
millions de francs dont 90 millions de francs en provenance du futur fonds
national de solidarité pour l'eau, soit
181 millions de francs
sur le budget de l'Environnement.
2. La création du Fonds national de solidarité de l'eau
Il
existe actuellement deux fonds de concours alimentés par les agences de
l'eau qui participent par ce biais au financement d'une partie des actions en
faveur de l'eau de niveau national :
• le premier fonds de concours, «
Plan -
Risques
», a été créé en 1997 ;
il est abondé par les agences de l'eau (
110 millions de
francs
) et affecté à la restauration des rivières
et des zones naturelles d'expansion des crues ;
• le second fonds de concours, «
Police de l'eau et de la
pêche - Réseaux de mesures
», a été
créé en 1999 ; il est abondé par les agences de l'eau
(
140 millions de francs
) et finance les moyens techniques de la police
de l'eau exercée par l'Etat, de la collecte et de l'exploitation des
données sur l'eau gérée par l'Etat et de la police de
l'eau et des milieux aquatiques effectuée par les gardes-pêche du
Conseil supérieur de la pêche.
Cette année, il est prévu de supprimer ces deux fonds de concours
et de les remplacer par un nouveau «
Fonds national de
solidarité pour l'eau
» (FNSE) proposé à
l'article 31 du projet de loi de finances, doté de
500 millions
de francs
en 2000 par prélèvement fiscal sur les recettes des
agences et géré par le ministère de l'Environnement.
Chaque année, le montant du prélèvement sera fixé
en loi de finances.
Répartition du prélèvement par bassin pour 2000 9( * )
(en millions de francs et %)
Agences de l'eau |
Montant du prélèvement |
Pourcentage du total |
Artois Picardie |
38,3 |
7,7 % |
Rhin Meuse |
42,3 |
8,5 % |
Adour Garonne |
46 |
9,2 % |
Loire Bretagne |
79,7 |
15,9 % |
Rhône Méditerranée Corse |
115,2 |
23,0 % |
Seine Normandie |
178,5 |
35,7 % |
Total |
500 |
100 % |
Source : Ministère de l'Aménagement du
territoire et de l'Environnement
Le prélèvement supplémentaire sur les agences
représente :
. 250 millions de francs si l'on considère la disparition des
fonds de concours,
. 200 millions de francs s'il l'on prend en compte de surcroît
les dépenses des agences qui seront reprises par le FNSE (notamment les
actions inter-bassins, les études inter-agences, les réseaux de
mesure).
Les programmes publics d'intérêt national qui dépassent,
selon le ministère, le cadre du bassin versant (préservation des
zones humides, économies d'eau dans les quartiers d'habitat social
dégradés, connaissance de la ressource en eau, assainissement
outre-mer, etc.) seront pris en charge par ce fonds. En outre, il permettra de
mener des actions de péréquation entre bassins, notamment par la
répartition même du financement proposé.
Le FNSE sera géré par le ministre chargé de
l'Environnement, assisté par un comité consultatif dont la
composition sera fixée par décret. Ce rattachement au budget de
l'Environnement permettra d'augmenter de 48 % les moyens d'intervention de
la direction de l'eau.
Les dépenses du FNSE recouvreront donc un champ très large comme
l'indique le tableau suivant
10(
*
)
.
Les actions financées par le FNSE en 2000
(en millions de francs)
INVESTISSEMENT |
292 |
Investissements
|
17.5
|
Subventions d'investissement
|
274.5
|
FONCTIONNEMENT |
208 |
Etudes et fonctionnement
|
103,2
|
Subventions de fonctionnement à divers
établissements publics, etc.
|
93,3
|
Interventions relatives aux actions d'intérêt
commun
aux bassins, etc.
|
11,5
|
TOTAL |
500 |
Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie. Fascicule " Comptes spéciaux du Trésor " annexé au projet de loi de finances pour 2000.
D. RENFORCER LE RÉSEAU DE PROTECTION DES ZONES NATURELLES SENSIBLES
Les
crédits destinés à la protection de la nature
(agrégat 2) augmentent de 13 % en 2000, passant de 661,5 à
747,4 millions de francs. Si l'on observe les seuls crédits de
fonctionnement, l'augmentation est de 24 %.
La forte progression de cet agrégat ne s'est pas démentie sur ces
dernières années puisque l'augmentation était de 8,3 % en
1998 et de 19,7 % en 1999. Un effort tout particulier porte sur la
poursuite de la constitution du réseau de Natura 2000.
Le
fonds de gestion des milieux naturels
11(
*
)
(FGMN),
qui assure le financement de la politique de préservation
des milieux naturels et de la diversité biologique, a été
doté pour la première fois en 1999 de 191,5 millions de
francs. Ses crédits atteignent
242 millions de francs
en 2000,
soit une augmentation de plus de 26 %.
Sur les 52 millions de francs de moyens nouveaux dont il disposera en 2000,
27 millions de francs seront consacrés à la poursuite de la
mise en oeuvre du réseau Natura 2000
12(
*
)
,
3 millions de francs à la mise en oeuvre du schéma des
services collectifs des espaces naturels et ruraux,
et 8,35 millions de francs aux nouveaux parcs régionaux et
à ceux dont la charte sera renouvelée.
Le développement du
réseau d'espaces naturels
protégés
(parcs nationaux, réserves naturelles, etc.),
réseau de sites placés sous la responsabilité de l'Etat et
gérés en partie par des établissements publics,
bénéficie d'un budget de
436,5 millions de francs
dont
23,76 millions de francs de moyens nouveaux.
Sur ce total, les parcs nationaux
13(
*
)
disposeront de 10,21 millions de francs supplémentaires (avec la
création de 19 emplois dont 13 pour le futur parc marin de Corse), les
réserves naturelles
14(
*
)
de 8,6 millions
de francs.
CHAPITRE II
LE BUDGET DE L'ENVIRONNEMENT EN
PERSPECTIVE
I. LE BUDGET DE L'ENVIRONNEMENT DANS L'ENSEMBLE DES CRÉDITS CONSACRÉS À L'ENVIRONNEMENT
Le budget de l'Environnement n'est qu'une source parmi d'autres de financement de la politique de l'environnement en France.
A. LES COLLECTIVITÉS LOCALES ET L'ENVIRONNEMENT
1. Les collectivités locales, acteurs majeurs de la protection de l'environnement
Les
dépenses de protection de l'environnement réalisées par
les collectivités locales ont représenté en moyenne 57 %
du total des dépenses d'environnement en France sur les trois
dernières années et ces dépenses sont en augmentation
constante.
Les collectivités locales apparaissent ainsi comme les acteurs
majeurs de la protection de l'environnement.
Dépenses de protection de l'environnement des collectivités locales (1996-1998)
(en millions de francs)
Domaines d'intervention |
1996 |
1997 |
1998 |
Eau, assainissement et épuration |
43.975 |
46.908 |
48.493 |
Déchets |
26.345 |
27.157 |
28.347 |
Nettoyage des rues |
5.470 |
5.697 |
5.885 |
Bruit |
579 |
553 |
631 |
Protection du patrimoine écologique |
2.034 |
2.114 |
1.934 |
Mobilisation de la ressource en eau |
56.827 |
58.320 |
59.216 |
Amélioration du cadre de vie |
8.780 |
9.100 |
9.465 |
TOTAL |
144.010 |
149.849 |
153.871 |
Source : Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement
2. L'environnement dans les contrats de plan Etat-régions
On
remarque que les contrats de plan Etats-régions mobilisent des sommes
croissantes en faveur de l'environnement.
Pour l'actuel contrat de plan Etat-régions (1994-1998 avec
étalement sur une année supplémentaire), 1.336 millions de
francs ont été mobilisés par le ministère
15(
*
)
. A ces crédits se sont ajoutés ceux en
provenance des établissements publics placés sous la tutelle du
ministère.
Pour le prochain contrat de plan (2000-2006), l'enveloppe prévue est de
2.618 millions de francs
. Les actions proposées à la
contractualisation s'articuleront autour de six axes :
• connaître et faciliter l'accès à la connaissance de
l'environnement ;
• définir et mettre en oeuvre une gestion partenariale de
l'espace ;
• prévenir et maîtriser les risques, les nuisances et les
pollutions ;
• maîtriser l'énergie ;
• s'attacher à une gestion durable de l'eau ;
• veiller à l'éco-conditionnalité des programmes
d'action.
B. LES AUTRES ACTEURS DE LA POLITIQUE DE L'ENVIRONNEMENT EN FRANCE
1. Le budget général de l'Etat
De
très nombreux ministères participent aux dépenses en
faveur de l'environnement comme l'indique le tableau ci-dessous.
Ce tableau traduit également une prise en compte accrue des questions
environnementales dans les politiques publiques et témoigne du
caractère transversal, interministériel de la politique de
l'environnement. Il est intéressant de réaliser que le
ministère de l'environnement ne représente qu'un tiers du total
des dépenses consacrés à l'environnement.
Récapitulation des crédits du budget
général de l'Etat consacrés à
l'environnement,
par département ministériel en 1999 et
2000
(en millions de francs et en %)
|
1999 |
2000 |
||
|
Montant |
Pourcentage du budget |
Montant |
Pourcentage du budget |
Affaires étrangères et coopération |
255 |
1,18 % |
240 |
1,14 % |
Agriculture et pêche |
2.664 |
9,45 % |
3.198 |
11,40 % |
Aménagement du territoire et environnement |
3.957 |
68,73 % |
4.298 |
69,01 % |
Culture et communication |
61 |
0,39 % |
69 |
0,43 % |
Economie, finances et industrie |
91 |
0,12 % |
95 |
0,10 % |
Education nationale, recherche et technologie |
3.250 |
0,80 % |
3.280 |
0,90 % |
Emploi et solidarité |
247 |
0,10 % |
262 |
0,10 % |
Equipement, transports et logement |
983 |
0,70 % |
925 |
0,66 % |
Intérieur et décentralisation |
235 |
0,27 % |
215 |
0,27 % |
Jeunesse et sports |
33 |
1,09 % |
31 |
0,99 % |
Outre-mer |
60 |
1,06 % |
66 |
1,04 % |
Défense |
49 |
0,03 % |
50 |
0,03 % |
TOTAL |
11.875 |
1,03 % |
12.729 |
1,08 % |
Source : Etat récapitulatif de l'effort financier consenti en 1999 et prévu en 2000 au titre de l'environnement, annexe au projet de loi de finances pour 2000
2. Les établissements publics sous tutelle
Aux dépenses inscrites au budget général, il convient d'ajouter les dépenses des établissements publics financées sur leurs ressources propres. On remarque d'emblée que l'effort le plus important est réalisé par les agences de l'eau (plus de 90 % du total).
Récapitulation des crédits en faveur de l'environnement dépensés par les établissements publics sous tutelle du ministère de l'Environnement
(en millions de francs et %)
|
Réalisations 1998 |
Réalisations 1999 |
Evolution |
Agences de l'eau |
12.780 |
13.070 |
+ 2,3 % |
ADEME |
1.446 |
84 |
- 94 % 16( * ) |
ANDRA 17( * ) |
247 |
247 |
0 % |
Conseil supérieur de la pêche |
276 |
310 |
+ 12 % |
Conservatoire du littoral |
4 |
5 |
+ 10 % |
IFEN |
6 |
5 |
- 10,5 % |
INERIS |
131 |
139 |
+ 6,1 % |
ONC 18( * ) |
674 |
531 |
- 21,2 % |
Parcs nationaux |
15 |
16 |
+ 9,5 % |
TOTAL |
15.579 |
14.407 |
- 7,5 % |
Source : Etat récapitulatif de l'effort financier consenti en 1999 et prévu en 2000 au titre de l'environnement, annexe au projet de loi de finances pour 2000
II. L'EXÉCUTION ET LA GESTION DES CRÉDITS POUR 1998 ET 1999
A. VUE D'ENSEMBLE
1. Les dotations effectivement disponibles sont largement supérieures à celles prévues en loi de finances initiale
Le
budget du ministère de l'Environnement est traditionnellement fortement
affecté par diverses mesures intervenant en cours d'exercice. cela s'est
également vérifié en 1998.
S'agissant des autorisations de programme, les dotations effectivement
utilisables en 1998 excèdent sensiblement celles ouvertes en loi de
finances initiale (+ 25 %).
S'agissant des crédits de paiement, les ressources disponibles
in
fine
sont également plus importantes que celles prévues en
loi de finances initiale (amélioration de l'ordre de 28 % hors
dépenses de personnel
19(
*
)
).
Evolution des autorisations de programme et des crédits de paiement en 1998
(en millions de francs)
|
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Loi de finances initiale |
800 |
1.899 |
Reports |
104 |
225 |
Fonds de concours |
110 |
138 |
Loi de finances rectificative |
16 |
30 |
Annulations |
34 20( * ) |
5 |
Dotations effectivement disponibles |
996 |
2.297 |
Source : Rapport du contrôleur financier
2. La consommation des crédits de paiement est faible
Si le
taux de consommation des autorisations de programme ne demande pas de
commentaire particulier, celui des crédits de paiement peut être
jugé globalement faible, notamment sur les titres V et VI (69,6 %
sur le titre V et 63,7 % sur le titre VI
21(
*
)
).
On remarque d'ailleurs qu'il est en chute sensible par rapport à
l'année précédente : globalement le taux de
consommation des crédits de paiement est de 77,3 % en 1998 alors qu'il
était de 85 % en 1997 et de 88 % en 1996.
Votre rapporteur spécial n'estime pas qu'une faible consommation des
crédits soit en soi scandaleuse, notamment si elle permet des
économies de crédits. Mais d'une manière
générale, elle traduit une mauvaise prévision des besoins
réels de financement.
B. LES REMARQUES DE LA COUR DES COMPTES
Le
rapport de la Cour des comptes sur l'exécution des lois de finances pour
1998 souligne en particulier :
qu'un chapitre, abondé en loi de finances rectificative pour 1997, a
fait l'objet de reports très importants sur l'année
suivante
22(
*
)
: ces crédits n'avaient
donc pas vocation à être dépensés en 1997 ;
que deux chapitres ont bénéficié en loi de finances
rectificative pour 1998 de dotations alors qu'au cours du même exercice
ils avaient supporté des annulations de crédits
23(
*
)
: les crédits concernés
étaient-ils surabondants ou insuffisants ?
Une telle gestion des crédits, contradictoire et largement opaque,
laisse à désirer.
CHAPITRE III
LA TENTATION DU
« MINISTÈRE DE PLEIN EXERCICE »
I. L'AUGMENTATION DES CRÉDITS AU RYTHME OBSERVÉ N'EST PAS SOUHAITABLE
Les
crédits du ministère augmentent pour 2000 de 8,6 %, soit la
troisième plus forte hausse de tous les fascicules budgétaires.
Faut-il se réjouir de cette augmentation spectaculaire des
dépenses de l'Etat consacrées à l'environnement ?
Il ne le semble pas, pour plusieurs raisons :
L'effort de
maîtrise des dépenses de l'Etat
est
encore insuffisant.
Or, il apparaît que le budget de l'Environnement est
exonéré de toute participation à la nécessaire
maîtrise des dépenses de l'Etat, en particulier des
dépenses de personnel qui sont les plus rigides. Il convient de
s'interroger sur les raisons qui expliquent une telle situation au sein des
fascicules budgétaires.
La
capacité d'absorption
de ces crédits nouveaux par le
ministère est douteuse.
Face à l'évolution très forte des crédits
demandés pour 2000, votre rapporteur spécial s'interroge sur la
capacité du ministère à faire face à de telles
augmentations de ses moyens. En effet, le budget de l'Environnement se
caractérise régulièrement par la faiblesse de son taux de
consommation des crédits. Cette situation, qui ne semble pas
résulter d'une volonté de rigueur budgétaire, est
plutôt le signe que l'augmentation des crédits votés
dépassent la capacité de consommation du ministère.
L'évolution des crédits sur les dernières années
est donc manifestement trop forte et trop rapide.
II. UNE LOGIQUE DE POUVOIR AU DÉTRIMENT D'UNE LOGIQUE D'ACTION
A. UNE MAUVAISE ORIENTATION
Dans le
cadre du plan pluriannuel de modernisation du ministère (1999-2002),
l'accroissement de ses moyens de fonctionnement est justifié de la
façon suivante : «
L'augmentation continue du nouvel
agrégat 1 sur la période (1997-2000) s'explique par la
montée en puissance des questions environnementales au plan
international et dans l'opinion publique. (...) Le ministère de
l'aménagement du territoire et de l'environnement s'affirme comme un
ministère de plein exercice
. »
Votre rapporteur spécial ne partage pas une telle vision. Qu'attend
l'opinion publique ? Que nécessite «
la montée
en puissance des questions environnementales
» ? Non pas
tant la mise en place d'une administration spécialisée de
l'environnement, que des actions, des interventions du ministère en
matière d'amélioration de l'environnement.
Il est à déplorer que l'augmentation de ce budget soit
utilisée dans une logique de pouvoir, de mise en place d'une
structure administrative capable à terme de concurrencer les autres
ministères
, plutôt que dans une logique d'action pour
l'environnement.
Avec cette politique de renforcement des structures administratives, ce sont
les erreurs du passé qui sont à nouveau faites :
. d'une part, l'explosion des dépenses de personnel et de
fonctionnement, ce qui entraîne une
rigidification des dépenses
de l'Etat
;
. d'autre part, le développement de l'administration centrale par
rapport aux services déconcentrés, ce qui va
à
l'encontre de la modernisation de l'Etat
.
B. LES ORIENTATIONS À PRIVILÉGIER
Votre
rapporteur spécial ne conteste toutefois pas que des besoins en
personnels puissent apparaître, en particulier dans les services
déconcentrés. Toutefois, il souhaiterait qu'il y soit
répondu par des transferts de personnels ou des redéploiements de
crédits et non pas par des créations d'emplois et des mesures
budgétaires nouvelles.
Il convient de souligner que les négociations lancées en 1999
avec les ministères chargés de l'agriculture et de
l'équipement pour aboutir à des chartes précisant le
rôle de leurs propres services déconcentrés dans la mise en
oeuvre des politiques du ministère de l'Environnement vont dans le bon
sens et doivent être encouragées afin que tous les
ministères intègrent la dimension environnementale de leurs
actions.
Votre rapporteur spécial estime que la politique de l'environnement
doit demeurer :
. d'une part,
décentralisée
, or c'est le mouvement
inverse que l'on observe avec par exemple la centralisation des moyens de la
politique de l'eau au sein du nouveau FNSE ;
. d'autre part,
déconcentrée
, ici encore on remarque
une évolution contraire comme le prouve la priorité donnée
à l'administration centrale dans les augmentations de personnel ;
. enfin,
interministérielle
, or le ministère de
l'Environnement tend à perdre sa dimension transversale
légère pour devenir un ministère dépensier
" comme les autres ".
CHAPITRE IV
LES POLITIQUES SECTORIELLES
MENÉES PAR LE MINISTÈRE DE L'ENVIRONNEMENT
I. LA POLITIQUE DE L'EAU FINANCÉE PAR LES AGENCES
S'agissant du projet de la ministre de l'Environnement de créer un compte spécial du Trésor dont l'une des sections serait destinée à financer des actions régaliennes de l'Etat par un prélèvement sur les recettes des agences de l'eau 24( * ) , votre rapporteur spécial est très réservé.
A. QUELQUES MOTIFS DE SATISFACTION
1. Un " moindre mal"
Il
convient de garder à l'esprit que cette solution constitue pour les
agences de l'eau « un moindre mal » par rapport aux projets
initiaux de la ministre visant à intégrer les redevances des
agences de l'eau dans la TGAP sur le modèle de ce qui a
été fait pour l'ADEME. Le ministère de l'Environnement y
aurait certes trouvé son compte avec une augmentation de son budget de
l'ordre de 10 milliards de francs mais cela aurait signifié la fin du
système des agences de l'eau.
Votre rapporteur spécial se félicite de l'abandon de ce projet
initial qui aurait tout simplement signifié la
" nationalisation " des agences de l'eau.
2. L'eau paye pour l'eau
Le
dispositif qui nous est proposé permet notamment de conserver le
principe fondamental de " l'eau paye pour l'eau " : les
ressources issues de l'eau retournent au financement de l'eau (où les
besoins sont énormes).
Votre rapporteur spécial se félicite que la ministre se soit
rangée en cette matière au principe d'une
affectation de la
ressource
à la dépense correspondante.
3. Un contrôle parlementaire renforcé
La
création d'un prélèvement de solidarité pour l'eau
affecté à un compte d'affectation spéciale en lieu et
place de fonds de concours doit être saluée car elle permettra un
meilleur contrôle du Parlement qui pourra désormais approuver
chaque année les dépenses et les recettes du compte d'affectation
spéciale (alors qu'il n'a connaissance des fonds de concours que par un
" jaune " budgétaire).
En outre, elle permet de mettre fin à la procédure des fonds de
concours qui en l'occurrence n'était pas exactement conforme aux
dispositions de l'ordonnance organique de 1959.
Enfin, elle permettra d'instaurer un comité de gestion officiel et
d'assurer la pérennité du financement des actions
concernées.
B. DE NOMBREUSES INTERROGATIONS
1. Pourquoi insérer ce dispositif dans un compte d'affectation spéciale existant ?
Votre
rapporteur spécial trouve étrange le choix d'un compte
d'affectation spéciale commun au fonds national de développement
des adductions d'eau (FNDAE) et au fonds national de l'eau (FNE).
Il estime en effet que ces deux fonds n'ont pas la même vocation :
l'un est fondé sur une solidarité urbain - rural, l'autre vise
à développer la péréquation entre bassins et les
actions nationales relatives à l'eau.
En outre, il lui semble dangereux pour la pérennité du FNDAE de
lui adjoindre ce nouveau FNE.
2. Pourquoi n'avoir pas attendu 2001 ?
Conformément aux communications de la ministre en
Conseil des
ministres des 20 mai 1998 et 27 octobre 1999, une réforme en profondeur
des redevances des agences de l'eau sera proposée dans un projet de loi
présenté au Parlement en 2001 pour une application à
partir de 2002, année de démarrage du VIII
e
programme.
Votre rapporteur spécial s'interroge donc sur la pertinence de
créer le Fonds national de solidarité pour l'eau dès cette
année alors que toutes les autres réformes touchant aux agences
de l'eau ont été reportées à 2001. Aucune urgence
ne contraint le Gouvernement à agir dès cette année et
comme le propose notre collègue Yves Tavernier dans son
rapport
25(
*
)
, il aurait été tout
à fait possible de faire monter en puissance les deux fonds de concours
existants et de prévoir ensuite l'instauration du FNE dans le projet de
loi prévu.
Cela aurait été d'autant plus légitime que l'on demande
cette année aux agences de l'eau, qui sont au beau milieu de leur
VII
e
programme, d'abonder le FNSE alors qu'elles n'avaient pas
prévu cette contribution supplémentaire de 250 millions de
francs. L'exposé des motifs du présent article indique toutefois
que les recettes attendues "
sont compatibles avec les conditions
d'achèvement financier du VII
e
programme d'intervention
des
agences (période 1997-2001)
". Il ne serait donc pas
nécessaire de réformer les programmes en cours.
3. Un droit de tirage illimité pour le Gouvernement ?
Le
prélèvement sur les recettes des agences de l'eau est fixé
à 500 millions de francs pour 2000. Les années suivantes son
montant sera fixé par la loi de finances. La ministre s'est toutefois
engagée à ne pas le faire dépasser 8 % des recettes
des agences avant 2006. Cette ponction d'année en année ne semble
pas cohérente avec la programmation quinquennale dont font l'objet les
recettes et les dépenses des agences.
Il faut en outre remarquer que
ce dispositif officialise et alourdit le
prélèvement
opéré par le ministère de
l'environnement sur les recettes des agences de l'eau. C'est une sorte de droit
de tirage que le Gouvernement se prévoit sur des organismes en bonne
santé financière.
Il s'agit d'une
nouvelle atteinte à l'autonomie de gestion des
organismes de bassin
: d'année en année, ces atteintes
se renforcent et se multiplient. Si les agences ont échappé
à la nationalisation avec l'abandon du projet d'intégration de
leurs redevances dans la TGAP, elles subissent actuellement une
" nationalisation rampante " par la recentralisation progressive
de la politique de l'eau.
4. Les actions financées par le FNSE relèvent-elles de l'Etat ou des agences de l'eau ?
Le
prélèvement opéré sur les agences de l'eau vise
à financer des actions existantes (certaines d'entre elles
étaient financées par le budget de l'Etat, d'autres relevaient
des agences de l'eau) ainsi que de nouvelles actions.
L'ensemble de ces actions est présenté comme étant des
actions d'envergure nationale. Si tel était le cas, ne devraient-elles
pas en principe être financées par le budget de l'Etat ?
En outre, pour certaines des missions prévues pour ce fonds, la logique
d'un regroupement au niveau national n'apparaît pas évidente et il
semble au contraire que ces dépenses auraient très bien pu
continuer à être financées directement par les budgets des
agences de l'eau.
II. UN AN APRÈS LA TGAP : OÙ EN EST L'ADEME ?
A. LES CONSÉQUENCES DE LA TGAP
L'instauration de la TGAP au 1
er
janvier dernier a
considérablement modifié le financement de l'ADEME. Auparavant
celle-ci était financée en partie sur crédits
budgétaires (environ 30 %) et en partie sur des taxes affectées
(environ 70 %). La création de la TGAP qui a regroupé ces taxes
au profit du budget de l'Etat a donc entraîné une
budgétisation intégrale des recettes de l'ADEME.
Cette évolution comporte certains risques que n'avait pas manqué
de souligner votre commission des finances l'an dernier.
• La suppression des taxes affectées, avec l'augmentation de taux
des taxes sans répercussion sur les subventions budgétaires de
l'ADEME peut s'analyser comme un « détournement » de
l'ordre de 400 millions de francs.
Evolution du produit des anciennes taxes affectées à l'ADEME
(en millions de francs)
Assiette |
1998 |
1999 |
Evol. 98/99 |
2000 26( * ) |
Evol. 99/2000 |
Déchets ménagers et assimilés |
920 |
1.294 |
+ 41 % |
1.479 |
+ 14 % |
Déchets industriels spéciaux |
99 |
128 |
+ 29 % |
158 |
+ 23 % |
Bruit |
56 |
66 |
+ 18 % |
83 |
+ 26 % |
Pollution atmosphérique |
171 |
198 |
+ 16 % |
190 |
- 4 % |
Huiles |
96 |
129 |
+ 34 % |
129 |
- |
TOTAL |
1.342 |
1.815 |
+ 35 % |
2.039 |
+ 12 % |
Source : ADEME
En 1999, alors que le produit de la TGAP s'est élevé à
1,82 milliard de francs, la subvention " compensatrice " du
budget de l'Etat s'est établie à 1,77 milliard de francs.
En 2000, la subvention à l'ADEME est portée à environ
1,7 milliard de francs alors que le produit de la TGAP correspondant aux
anciennes taxes perçues par l'ADEME s'établit à 2,1
milliards de francs.
• A un niveau infra-annuel, l'ADEME est désormais susceptible de
voir ses crédits faire l'objet de mesures de régulation
budgétaire en cours d'année. Votre rapporteur spécial
reconnaît qu'il n'en a pas été ainsi dès cette
année.
• A un niveau supra-annuel, les interrogations concernent également
la pérennité des subventions budgétaires qui seront
allouées à l'ADEME. A cet égard, un contrat d'objectifs
devrait être signé entre l'ADEME et l'Etat mais sa
négociation tarde à être engagée.
La suppression des taxes affectées a toutefois certains avantages comme
par exemple la
fongibilité des recettes de l'ADEME
qui n'est plus
contrainte dans sa gestion financière par des compartiments
étanches. Cette situation nouvelle a notamment permis d'opérer
cette année des redéploiements internes de crédits,
notamment au profit du secteur des déchets. En outre, elle a permis de
déterminer une tutelle technique claire : le ministère de
l'Environnement.
Un décret est attendu : il devrait modifier les structures de
l'ADEME et donner ainsi compétence au Conseil d'administration pour
instituer des commissions nationales des aides dans chacun des grandes secteurs
d'intervention de l'agence. Ces commissions remplaceront les comités de
gestion des anciennes taxes. Elles seront chargées d'examiner les
orientations stratégiques, les programmes d'action et les
modalités d'intervention de l'ADEME et permettront d'associer pleinement
à la marche de l'agence l'ensemble des acteurs concernés
(ministères, professionnels, collectivités locales, secteur
associatif).
La mise en place de ces comités de gestion avait été
promise dans le cadre de la suppression des anciennes taxes affectées,
votre rapporteur spécial estime que la publication du décret est
tardive, ce qui est d'autant plus critiquable que l'ADEME a pris au premier
semestre des décisions lourdes de conséquences, sans aucun
contrôle de la commission nationale concernée.
B. LA RÉFORME DU MÉCANISME DES AIDES DANS LE SECTEUR DES DÉCHETS MÉNAGERS
En 1998
et 1999, plusieurs décisions sont venues modifier les conditions
économiques de l'élimination des déchets
ménagers :
1- le 12 janvier 1998, l'augmentation des taux d'aides de l'ADEME ;
2- au 1
er
janvier 1998, l'augmentation du soutien des
sociétés agréées aux collectivités
locales ;
3- au 1
er
janvier 1999, la réduction du taux de TVA
appliqué au service public d'élimination des déchets
ménagers à 5,5 % lorsque la collectivité met en oeuvre la
collecte sélective et le tri ;
4- le 12 mai 1999, la diminution des taux d'aide de l'ADEME avec effet
rétroactif au 1
er
janvier 1999.
Cette dernière modification, à la baisse, des taux d'aides de
l'ADEME se justifie par l'afflux des demandes de soutien financier à des
opérations de collecte sélective, de traitement, de recyclage et
d'élimination des déchets (3,2 milliards de francs en 1999 contre
1,9 milliard de francs en 1998).
Taux d'aide de l'ADEME
(en %)
Equipements |
Conditions d'aides antérieures |
Conditions d'aides actuelles |
Stations de transfert |
50 |
20 |
Déchetteries |
50 |
20 |
Collecte séparative |
50 |
30 |
Tri |
50 |
20 |
Compostage individuel |
50 |
30 |
Collecte et traitement des déchets verts |
50 |
20 |
Collecte et traitement des autres déchets organiques |
50 |
30 |
Incinération avec valorisation énergétique |
10 |
5 |
Aide complémentaire à la valorisation énergétique |
15, 25 et 35 |
10, 15 et 20 |
Plates-formes de maturation des mâchefers |
30 et 50 |
20 |
Source : Ministère de l'Aménagement du
territoire et de l'Environnement
La révision du mécanisme des aides de l'ADEME doit certes
s'inscrire dans l'ensemble de mesures présenté ci-dessus,
globalement favorable aux collectivités locales. Il faut en outre noter
que certains projets ont bénéficié d'un taux global d'aide
au financement tout à fait déraisonnable, de l'ordre de 80 %, ce
qui a contribué à pousser à la hausse le coût moyen
des projets.
Toutefois, il convient de remarquer :
• que deux
décisions contradictoires
ont été
prises concernant l'évolution des taux de l'ADEME en 1998
27(
*
)
et en 1999. Elles témoignent à
l'évidence d'un
défaut de prévision
et sont en
partie le reflet de l'absence de président de l'ADEME, faute de
nomination, pendant une année, jusqu'au début de 1998 ;
• que l'ADEME ne souffre pas actuellement d'insuffisance de
crédits, notamment en crédits de paiement ; c'est sur
les
autorisations de programme
qu'une insuffisance, vraisemblablement en 2002,
était prévue en février 1999 sur la base du rythme de
consommation observé. C'est en raison de cette non-soutenabilité
à moyen terme que le mécanisme a été
révisé ;
• que cette diminution des taux d'aide a été concomitante
à
l'augmentation du produit de la taxe sur les déchets
ménagers
incluse dans la TGAP et versée au budget
général de l'Etat (400 millions de francs supplémentaires
qui n'ont pas été versés à l'ADEME en raison de la
réforme de la TGAP), ce qui n'a pas été bien
interprété par les collectivités locales.
Votre rapporteur spécial déplore que l'Etat (les
ministères de tutelle technique et budgétaire) et l'ADEME n'aient
pas su mieux gérer cette politique « à durée
déterminée » et qu'ils aient par des décisions
tardives ou contradictoires parfois contribué à accroître
les difficultés existantes et futures.
III. LES NOUVEAUX DÉFIS DE L'ENVIRONNEMENT SONT-ILS BIEN TRAITÉS PAR LE MINISTÈRE ?
A. QUE FAIT LE MINISTÈRE FACE À L'APPROPRIATION PRIVÉE DU PATRIMOINE ENVIRONNEMENTAL COMMUN DE L'HUMANITÉ ?
Le
dépôt de brevets protégeant des organismes vivants
(végétaux et animaux) et en particulier leur information
génétique constitue de plus en plus un préalable
indispensable à l'investissement en recherche et développement
pour les firmes spécialisées dans les biotechnologies. Cette
appropriation privée de ce qui constitue bien le patrimoine commun de
l'humanité est problématique.
Ces dérives mercantilistes doivent être prises au sérieux
par le ministère. Une veille intensive et efficace doit être mise
en place et déboucher sur des propositions concrètes d'actions.
B. L'INDISPENSABLE RECHERCHE
Par
ailleurs, votre rapporteur spécial souhaite rappeler l'importance qu'il
attache à la recherche en matière environnementale pour
réduire dans le futur les pollutions. Il estime que c'est dans
l'utilisation de matériaux et la mise en oeuvre de processus de
production moins polluants que réside la solution à la majeure
partie des problèmes environnementaux que nous connaissons aujourd'hui.
C'est pourquoi il estime que les crédits supplémentaires dont
disposera l'année prochaine le ministère de l'Environnement
auraient pu être mieux employés en venant soutenir la recherche.
Or la recherche fait figure de parent pauvre de cet opulent budget : 82,4
millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement,
en stabilité par rapport à 1999, et 14,6 millions de francs en
autorisations de programme, soit une légère augmentation de 1,3
%
28(
*
)
.
CHAPITRE V
LE DÉTOURNEMENT DE LA
FISCALITÉ ÉCOLOGIQUE
I. LA MONTÉE EN PUISSANCE DE LA TGAP EN 2000 ET 2001
La taxe
générale sur les activités polluantes (TGAP) a
été créée par la loi de finances pour 1999 par le
regroupement de cinq taxes précédemment affectées à
l'ADEME.
Comme l'indique le tableau ci-dessous, le Gouvernement envisage pour
2000
29(
*
)
:
• d'une part d'étendre la TGAP à d'autres assiettes
polluantes (lessives et adoucissants, produits phytosanitaires, granulats),
• et d'autre part d'en transférer le produit à un nouvel
établissement public : le fonds de financement de la réforme
des cotisations patronales de sécurité sociale qui serait
créé au sein du projet de loi de financement de la
sécurité sociale.
Présentation des modifications de la TGAP proposées pour 2000
(en millions de francs)
Compartiment |
Modifications 2000 |
Produit 1999 |
Produit 2000 |
COMPARTIMENTS EXISTANTS |
|||
Déchets |
sans modification |
1.422 |
1.500 |
Nuisances sonores |
sans modification |
66 |
100 |
Pollution atmosphérique |
Augmentation des taux |
198 |
300 |
Huiles usagées |
Augmentation des taux |
129 |
200 |
COMPARTIMENTS NOUVEAUX |
|||
Lessives et adoucissants |
Nouvelle taxe |
- |
500 |
Produits phytosanitaires |
Nouvelle taxe |
- |
300 |
Granulats |
Nouvelle taxe |
- |
200 |
Installations classées |
Incorporation de taxes existantes et augmentation des taux |
- |
100 |
TOTAL |
- |
1.815 |
3.200 |
Source : Ministère de l'économie, des
finances
et de l'industrie et Ministère de l'Aménagement du territoire et
de l'Environnement
Pour 2001, la TGAP devrait conserver cette nouvelle affectation, mais voir son
assiette considérablement élargie avec l'intégration de la
taxation des consommations intermédiaires des entreprises qui devrait
rapporter quelques 9 milliards de francs de recettes supplémentaires.
La montée en puissance de la TGAP (1999-2001)
(en millions de francs)
Evaluations initiales pour 1999 |
1.935 |
Evaluations révisées pour 1999 |
1.800 |
Evaluations pour 2000 (évolution / 1999) |
3.200 (+ 78 %) |
- dont effet de l'évolution spontanée |
200 |
- dont aménagement des droits |
1.200 |
Evaluations pour 2001 (évolution / 2000) |
12.500 (+ 290 %) |
II. LE DÉTOURNEMENT DE LA FISCALITÉ ÉCOLOGIQUE : LA TGAP VA DEVENIR UN IMPÔT DE RENDEMENT
Votre
rapporteur spécial considère que la fiscalité
écologique peut-être utile pour encourager la modification des
comportements polluants. Mais il estime que ce que propose le Gouvernement n'a
rien à voir avec une fiscalité environnementale.
Sous couvert de taxation dite écologique, ce qui est proposé est
en vérité un
impôt de rendement
, destiné
à produire des recettes pour le financement de la seconde loi sur les 35
heures. En effet, qu'a-t-il été choisi pour la TGAP de
l'année prochaine ? Des taux bas et des assiettes larges : en
somme, des taxes qui ne dissuaderont aucun comportement polluant et qui par
leur large acceptabilité rapporteront les recettes publiques attendues.
La logique de financement a très nettement pris le pas sur les
préoccupations écologiques comme en témoignent les
arbitrages Gouvernementaux sur cette taxe. A titre d'exemple, il est d'ores et
déjà prévu que l'éco-taxe (la taxe sur les
consommations intermédiaires d'énergie des entreprises) devra
rapporter environ 9 milliards de francs, financement des 35 heures oblige.
Seules ses modalités précises (taux, assiette,
exonérations, etc.) sont soumises à la concertation entre les
entreprises futures assujetties. Il s'agit donc bien ici d'un impôt de
répartition.
Votre rapporteur spécial juge inadmissible ce détournement de la
fiscalité écologique. Il est au contraire attaché à
une fiscalité environnementale, dissuasive des comportements les plus
polluants, qui ne mette pas en péril la compétitivité de
nos entreprises et qui, le cas échéant, permette de financer par
ses produits des actions complémentaires en faveur de l'environnement.
III. UNE TAXATION SUPPLÉMENTAIRE
L'instauration de la TGAP a été
présentée comme l'exacte contrepartie de l'allégement des
charges sociales pour les entreprises.
C'est oublier :
1) d'une part, que ces allégements de charges sont eux-mêmes
la contrepartie d'un alourdissement des coûts de production des
entreprises par la politique de réduction du temps de travail, c'est
à dire les " 35 heures " ;
2) d'autre part, que le transfert du produit de la TGAP existante au fonds
de financement des allégements de charges sociales crée un manque
à gagner fiscal pour le budget général de l'Etat de
l'ordre de 2 milliards de francs qui a du être compensé par de
moindres dépenses ou plus vraisemblablement par des recettes accrues.
ANNEXE
LES MODIFICATIONS DE CRÉDITS
APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
I.
CRÉDITS DE DROIT COMMUN
L'Assemblée nationale, sur proposition du Gouvernement, a majoré
les autorisations de programme inscrites au
titre VI
sur le chapitre
67-30 article 20 " Agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie - Déchets ménagers et assimilés ",
à titre non reconductible, à hauteur de
100 millions de
francs
. Cette majoration est destinée à aider les
collectivités territoriales à réaliser les
équipements nécessaires pour le traitement des déchets
ménagers avant l'échéance de limitation des mises en
décharge fixée à 2002.
II. CRÉDITS NON RECONDUCTIBLES
Les majorations de crédits non reconductibles relatives au budget de
l'environnement concernent le
titre IV
pour un montant de
1,736
millions de francs
et le
titre VI
pour un montant de 3,226
millions de francs (en crédits de paiement et en autorisations de
programme).
Les chapitres concernés sont les suivants :
• le chapitre 44-10 article 36 " Protection de la nature et de
l'environnement - Gestion des eaux et des milieux aquatiques :
crédits non déconcentrés " pour un montant de 0,005
million de francs ;
• le chapitre 44-10 article 40 " Protection de la nature et de
l'environnement - Protection de la nature, sites et paysages :
crédits déconcentrés " pour un montant de 0,739
million de francs ;
• le chapitre 44-10 article 50 " Protection de la nature et de
l'environnement - Actions de partenariat : crédits
déconcentrés " pour un montant de 0,295 million de
francs ;
• le chapitre 44-10 article 60 " Protection de la nature et de
l'environnement - Fonds de gestion des milieux naturels : crédits
déconcentrés " pour un montant de 0,337 million de
francs ;
• le chapitre 44-10 article 80 " Protection de la nature et de
l'environnement - Prévention des pollutions et des risques :
crédits déconcentrés " pour un montant de 0,36
million de francs.
• le chapitre 67-20 article 30 " Protection de la nature et de
l'environnement. Subventions d'investissement - Gestion des eaux et des milieux
aquatiques " pour un montant de 0,06 million de francs en crédits
de paiement et en autorisations de programme ;
• le chapitre 67-20 article 60 " Protection de la nature et de
l'environnement. Subventions d'investissement - Protection de la nature, sites
et paysages " pour un montant de 1,166 million de francs en crédits
de paiement et en autorisations de programme ;
• le chapitre 67-41 article 10 " Subventions d'investissement
à divers établissements publics - Conservatoire de l'espace
littoral et des rivages lacustres " pour un montant de 2 millions de
francs en crédits de paiement et en autorisations de programme.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mercredi 17 novembre 1999, sous la
présidence de M. Bernard Angels, vice-président, la
commission a procédé, sur le
rapport
de
M. Philippe
Adnot
,
rapporteur spécial
, à l'
examen
des
crédits
de
l'aménagement du territoire et de
l'environnement : II. - environnement
, pour
2000
.
M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, a tout d'abord observé que
le périmètre de ce budget avait beaucoup évolué sur
les deux dernières années, notamment avec les subventions
budgétaires accordées à l'Agence pour l'environnement et
la maîtrise de l'énergie (ADEME). Il a ajouté qu'il
convenait de considérer également la création d'une
section d'un nouveau compte spécial du Trésor pour financer la
politique de l'eau, dotée de 500 millions de francs.
Il a indiqué qu'en 2000 le budget de l'environnement connaîtrait
la troisième plus forte hausse de tous les budgets civils, soit
8,6 % d'augmentation par rapport à 1999, pour un montant global de
l'ordre de 4,3 milliards de francs. Il s'est étonné que le
ministère de l'environnement soit exonéré de la sorte de
tout effort de maîtrise des dépenses de l'Etat. En outre, il a
douté de la capacité du ministère à faire face
à une telle augmentation de ses moyens.
Il a ensuite souligné l'évolution très
déséquilibrée de ce budget entre des dépenses de
fonctionnement, qui augmentent de 22 %, et des dépenses
d'investissement, en stagnation relative.
M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, a indiqué que
l'augmentation des crédits de fonctionnement était principalement
due à l'augmentation des emplois budgétaires, et en particulier
à la création de 140 emplois. Il a remarqué que le
renforcement global des effectifs, de 210
emplois, bénéficiait essentiellement à
l'administration centrale avec une augmentation de plus de 19 % de son
personnel pour 2000, alors que l'augmentation pour les directions
régionales de l'environnement (DIREN) n'était que de 3 %.
Il a ensuite présenté les quatre priorités du
ministère de l'environnement pour 2000 et leur financement : le
renforcement des capacités d'expertise et de contrôle du
ministère, la prévention des risques, les actions de
solidarité et de péréquation dans le secteur de l'eau et
le renforcement du réseau de protection des zones naturelles sensibles.
M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, a poursuivi son propos en
indiquant qu'il n'était pas favorable au renforcement des structures
administratives centrales du ministère. En effet, il a indiqué
que cette évolution allait déboucher sur une rigidification des
dépenses de l'Etat et qu'elle allait à contresens de la logique
actuelle de la réforme de l'Etat qui privilégie la
déconcentration. Il lui a semblé que le ministère de
l'environnement était entré dans une logique de concurrence avec
les autres départements ministériels, au lieu de conserver une
dimension interministérielle et transversale.
Il a ensuite fait part de son inquiétude à l'égard du
détournement de la fiscalité écologique. A ce sujet, il a
indiqué que la taxe générale sur les activités
polluantes (TGAP), étendue et affectée au financement des
allégements de charges sociales dans le cadre de la seconde loi sur la
réduction du temps de travail, avait perdu son objectif environnemental
pour devenir une simple taxe de rendement. Il a rappelé que les
assiettes et les taux choisis n'étaient absolument pas incitatifs
à la limitation des pollutions et qu'en particulier un amendement
voté à l'Assemblée nationale lors de l'examen en
première lecture du projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 2000 avait encore réduit la
progressivité du barème de taxation des lessives. Il a en outre
estimé que les conséquences des récentes
intempéries dans le sud-ouest de la France devaient rappeler au
Gouvernement, et à la représentation nationale, que les
ressources qui pourraient aller à des équipements
environnementaux ne devaient pas en être détournées.
Enfin, s'agissant de l'ADEME, M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, a
indiqué que si la suppression des taxes affectées avait eu au
moins l'avantage de donner une plus grande souplesse de gestion à
l'établissement, elle n'en devait pas moins s'analyser comme une perte
d'autonomie pour l'ADEME, et surtout comme un détournement en sa
défaveur.
M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, a conclu son propos en
préconisant le rejet de ce budget pour trois raisons principales :
- d'abord, parce qu'il a estimé que l'évolution des
crédits était globalement trop forte et que le ministère
de l'environnement était exonéré de tout effort de rigueur
budgétaire ;
- ensuite, parce qu'il a considéré que les dépenses
de fonctionnement, et en particulier de personnel, connaissaient une croissance
trop forte, qu'elles contribuaient à la rigidification des
dépenses de l'Etat et allaient dans le sens d'une plus grande
centralisation de l'administration de l'environnement ;
- enfin, parce qu'il s'est dit opposé au détournement de la
fiscalité écologique pour financer la politique de
réduction du temps de travail.
M. Ambroise Dupont, rapporteur pour avis de la commission des affaires
culturelles, a indiqué qu'il présenterait son propre rapport
devant la commission des affaires culturelles dans les semaines prochaines,
après l'audition de la ministre de l'environnement.
M. Henri Torre a indiqué que l'accroissement sensible des moyens
à la disposition du ministère s'expliquait en partie par un
prélèvement de 500 millions de francs sur les recettes des
agences de l'eau, qui s'établissait pour 2000, après
négociation entre le Gouvernement et les agences, à 500 millions
de francs, mais qui par la suite serait déterminé de facto par le
Gouvernement. Il a également souligné, s'agissant de la TGAP,
qu'il partageait la position du rapporteur spécial et a estimé
qu'il y avait un risque que cette taxe soit assimilée à un droit
à polluer.
M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, s'est dit d'autant plus inquiet
que l'affectation de ce prélèvement au secteur de l'eau,
prévue en 2000, pourrait, a-t-il estimé, ne pas être
confirmée les années suivantes.
M. Maurice Blin a estimé que les dépenses d'équipement
devaient relever du ministère de l'équipement et que le
ministère de l'environnement n'avait pas a priori à s'occuper
d'investissement. Par ailleurs, il a souhaité savoir quelles actions le
rapporteur spécial privilégierait au sein des dépenses de
fonctionnement, hors les dépenses de personnel.
En réponse à M. Maurice Blin, M. Philippe Adnot, rapporteur
spécial, a considéré que peu lui importait quel
ministère prenait en charge les projets d'investissement, pourvu que
ceux qui sont utiles soient réalisés. S'agissant des
dépenses de fonctionnement, il a affirmé que la recherche aurait
pu être plus favorisée, car elle constituait la voie principale de
résorption des pollutions et des risques.
M. Joël Bourdin a souhaité connaître l'opinion du rapporteur
spécial sur l'amélioration de la qualité de l'eau.
M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, a indiqué que les agences
de l'eau avaient la responsabilité de cette importante politique et
qu'il fallait donc veiller à ce qu'elles conservent les moyens de leurs
missions. Il a ensuite indiqué qu'il fallait être vigilant
à l'égard de la présentation de la politique du
Gouvernement. En effet, s'agissant de l'ADEME, il s'est dit
étonné que le Gouvernement ait justifié, l'an dernier,
l'augmentation du taux de la taxe sur les déchets de 50 % par
l'accroissement des besoins de l'ADEME, alors que quelques mois plus tard on
diminuait les taux d'aide aux investissements des communes de 50 % pour les
mêmes motifs.
A l'issue de cet examen, la commission a décidé de proposer au
Sénat de
rejeter les crédits de l'environnement
.
Réunie le mercredi 17 novembre 1999, sous la présidence de
M. Bernard Angels, vice-président, la commission a
procédé, sur le
rapport
de
M. Philippe Adnot,
rapporteur spécial,
à l'
examen
des
crédits
de
l'aménagement du territoire et de l'environnement : II. -
environnement,
pour
2000.
Au terme de cet examen, la commission a
décidé de proposer au
Sénat de rejeter les crédits de l'environnement.
1
7 en provenance du ministère de
l'équipement et 63 en provenance du ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie.
2
50 en administration centrale et 70 en services
déconcentrés.
3
Titulaires, contractuels et ouvriers.
4
Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de
l'environnement.
5
Directions des services vétérinaires.
6
L'inspection des installations classées est actuellement
assurée par plusieurs services : les DRIRE, les DSV au sein des
directions départementales de l'agriculture et de la forêt (DDAF)
pour les établissements agricoles et certains établissements
agro-alimentaires, les DDAF et les directions départementales de
l'action sanitaire et sociale (DDASS) pour les décharges d'ordures
ménagères.
7
Alors que l'ensemble du budget augmente, rappelons-le de 8,6 % en
dépenses ordinaires et crédits de paiement et de 5,9 % en
autorisations de programme.
8
Dotation spécifique attribuée à l'INERIS pour
rémunérer les personnels de recherche travaillant en
écotoxicologie, risques industriels et pollution atmosphérique.
9
Cette répartition est fixée pour 2/3 en fonction de
la part de chaque bassin dans le montant total des redevances autorisées
pendant la durée du programme quinquennal d'intervention des agences et
pour 1/3 en fonction de la population recensée dans le bassin.
10
Ce tableau ne fait pas apparaître les actions non
dotées (il s'agit notamment des investissements pour la restauration des
rivières et des zones d'expansion des crues, pour la réduction
des pollutions diffuses ainsi que pour l'équipement pour l'acquisition
de données).
11
Créé par l'article 33 de la loi du 25 juin 1999
d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du
territoire.
12
La première étape de la constitution de ce
réseau, c'est à dire l'établissement de la liste nationale
des sites d'importance communautaire, est en cours d'achèvement. Les
propositions françaises concernent 1.059 sites représentant
26.772 km
2
soit 4,9 % du territoire métropolitain et 4.700
km
2
de zones maritimes. La seconde étape qui consiste en
l'élaboration des documents d'objectifs pour chaque site est
engagée.
13
7 parcs nationaux et 3 projets de parcs supplémentaires
(Corse, Guyane et Iroise).
14
On en compte aujourd'hui 146 et 31 projets.
15
675 millions de francs au cours du plan précédent
(1989-1993).
16
Cette diminution drastique s'explique par la baisse des
ressources propres de l'ADEME qui est désormais financée presque
intégralement par subventions budgétaires (compte tenu de la
création de la TGAP en 1999).
17
Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs
(ANDRA).
18
Office national de la chasse et de la conservation de la faune
sauvage.
19
Car celles-ci se traduisent par des transferts de dépenses
vers les trois ministères gestionnaires.
20
Les annulations d'autorisations de programme en 1998 (34 millions
de francs) sont plus faibles que l'année précédente (150
millions de francs en 1997).
21
Au chapitre 67-20 par exemple, le taux de consommation n'est
que de 53 % et de 27 % à l'article 50 (ADEME, loi sur l'air), 45 %
à l'article 30 (gestion des eaux), etc.
22
Il s'agit du chapitre 57-20 " Protection de la nature
et de l'environnement - Etudes, acquisitions et travaux d'investissement ".
23
Il s'agit des chapitres 44-10 " Protection de la nature
et de l'environnement - subventions " et 67-20 " Protection de la
nature et de l'environnement - subventions d'investissement " ;
p. 280 du rapport précité.
24
Article 31 du projet de loi de finances pour 2000.
25
" La fiscalité au secours de l'eau ", par Yves
Tavernier, rapport d'information n° 1807 de la Commission des finances de
l'Assemblée nationale, XI
e
législature.
26
Non comprises les modifications apportées par le projet de
loi de financement de la sécurité sociale (article 4) sur les
assiettes et les taux de la taxe sur les pollutions atmosphériques et
celle sur les huiles. Ces modifications prévues pour 2000 portent le
produit attendu à 2,1 milliards de francs.
27
En 1998 est mis en oeuvre un nouveau barème, établi
en 1996 mais qui n'avait pas pu être voté par le conseil
d'administration faute de président. Ce barème de janvier 1998 a
été réexaminé dès l'été
suivant car l'augmentation des dossiers s'est faite sentir dès juin
1998, les décisions sont intervenues l'année suivante, en 1999.
28
Alors que l'ensemble du budget augmente, rappelons-le de 8,6 % en
dépenses ordinaires et crédits de paiement et de 5,9 % en
autorisations de programme.
29
Voir aussi l'avis n° 68 de notre collègue Jacques
Oudin, fait au nom de la commission des finances du Sénat sur le projet
de loi de financement de la sécurité sociale pour 2000.
L'extension de la TGAP à de nouvelles assiettes polluantes fait l'objet
de l'article 4 du projet de loi de financement de la sécurité
sociale et son affectation au fonds de financement des allégements de
cotisations sociales est prévu à l'article 2 du même projet
de loi.