Dispositions restant en discussion du projet de loi relatif à la modernisation et au développement du service public de l'électricité
REVOL (Henri)
RAPPORT 82 (1999-2000) - Commission mixte paritaire
Document mis
en distribution
le 23 novembre 1999
N° 1939
ASSEMBLÉE NATIONALE
N° 82
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Enregistré à la Présidence de
l'Assemblée nationale
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Annexe au
procès-verbal de la séance
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RAPPORT
FAIT
AU NOM DE LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE (1) CHARGÉE DE PROPOSER UN TEXTE SUR LES DISPOSITIONS RESTANT EN DISCUSSION DU PROJET DE LOI , relatif à la modernisation et au développement du service public de l'électricité,
PAR M.
CHRISTIAN BATAILLE,
|
PAR
M. HENRI REVOL,
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(1) Cette commission est composée
de : MM. André Lajoinie,
député,
président
; Jean François-Poncet,
sénateur, vice-président
; Christian Bataille,
député
, Henri Revol,
sénateur
,
rapporteurs
.
Membres titulaires
: MM. Alain Cacheux, Pierre Ducout,
Franck Borotra, Claude Birraux et Jacques Desallangre,
députés
; MM. Philippe François,
Gérard Cornu, Pierre Hérisson, Henri Weber et Pierre Lefebvre,
sénateurs.
Membres suppléants
: Mme Monique Denise,
MM. Daniel Marcovitch, Yvon Montané, Robert Galley, Thierry Lazaro,
Claude Gaillard et François Goulard,
députés
;
MM. Georges Berchet, Jean Besson, Dominique Braye, Jean Huchon, Gérard
Larcher, Gérard Le Cam et Ladislas Poniatowski,
sénateurs
.
Voir les numéros :
Assemblée nationale :
1253, 1371, 1383
et
T.A.
253.
1840
Sénat :
243, 502
(1998-1999)
et T.A
2
(1999-2000).
Energie et carburants.
MESDAMES, MESSIEURS,
La commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les
dispositions restant en discussion du projet de loi relatif à la
modernisation et au développement du service public de
l'électricité s'est réunie à l'Assemblée
nationale le jeudi 18 novembre 1999.
Elle a procédé à la désignation de son bureau qui a
été ainsi constitué :
- M. André Lajoinie, député, président,
- M. Jean François-Poncet, sénateur, vice-président.
La commission a ensuite désigné :
- M. Christian Bataille, député,
- M. Henri Revol, sénateur
comme rapporteurs, respectivement pour l'Assemblée nationale et le
Sénat.
M. André Lajoinie, président, a tout d'abord rappelé
les dispositions de l'article 45 de la constitution et
précisé qu'une commission mixte paritaire ne pouvait parvenir
à un accord que lorsque les positions des deux assemblées
étaient proches. Un accord partiel n'étant pas possible, un seul
point de désaccord peut empêcher la commission mixte de parvenir
à un compromis.
Il a donc estimé qu'il convenait d'éviter que la commission mixte
aboutisse à un accord factice qui risquerait ensuite de ne pas
être approuvé par chacune des deux assemblées.
M. Christian Bataille, rapporteur pour l'Assemblée nationale, a
indiqué que la commission mixte paritaire constituait une étape
importante dans le processus de transposition en droit français de la
directive européenne sur l'électricité adoptée fin
1996. Il a rappelé que le projet de loi transposant cette directive dans
notre droit a été déposé il y a un an environ et a
été adopté en première lecture par
l'Assemblée nationale et par le Sénat, respectivement en
février et en octobre derniers.
Ce calendrier n'a pas empêché le processus de
libéralisation de se mettre en oeuvre puisque près du quart du
marché environ (correspondant aux clients consommant plus de 100 GWh par
an) est d'ores et déjà soumis à la concurrence. Par
ailleurs, d'autres dispositions du projet de loi, comme celles portant sur la
traduction pratique du droit à l'électricité pour tous,
dépendent plus de la volonté d'EDF que de l'adoption du projet de
loi.
La majorité de gauche de l'Assemblée nationale a adopté en
début d'année un texte qui était le fruit d'un
équilibre délicat. Cet équilibre vise à conjuguer
le strict respect des dispositions contenues dans la directive
européenne (en prévoyant en particulier un rythme d'ouverture du
marché n'allant pas au-delà des exigences de Bruxelles) et les
exigences liées à la préservation du service public. Or,
certaines dispositions adoptées par le Sénat sont trop
éloignées de la rédaction proposée par
l'Assemblée nationale. Mises bout à bout, elles aboutissent
à un texte différent dans sa nature et sa tonalité.
Le meilleur service qui puisse être rendu au secteur de
l'électricité est de le doter d'une législation qui soit
à la fois durable et acceptée.
Selon M. Christian Bataille, un texte de compromis ne peut satisfaire ces
exigences. Sans remettre en question l'efficacité des commissions mixtes
paritaires, il a jugé que seule une nouvelle lecture se rapprochant le
plus possible du texte déjà adopté par l'Assemblée
nationale, assemblée parlementaire représentative de
l'équilibre des forces politiques du pays, peut garantir à la loi
une réelle longévité. Il est clair que ce texte n'aura pas
la durée de vie plus que cinquantenaire de la loi de 1946 mais on peut
raisonnablement espérer légiférer sur ce point pour les
dix ou quinze prochaines années, et ce d'autant plus que seule la
version de l'Assemblée nationale garantit une acceptation de la loi
" sur le terrain ".
Il a conclu en rendant hommage à l'important travail du Sénat
qui, pour des raisons essentiellement politiques, a abouti à un
résultat ne permettant pas, selon lui, d'entrevoir un accord en
commission mixte paritaire. Il appartiendra en conséquence au
débat en nouvelle lecture de conforter la cohérence de ce texte
et de consolider ses bases politiques.
Après avoir relevé la franchise des propos du rapporteur pour
l'Assemblée nationale, M. Jean François-Poncet,
vice-président, a exprimé ses regrets, au nom de la
majorité sénatoriale, devant la position adoptée par les
députés. Il a souligné que le Sénat avait
travaillé dans un esprit constructif, en vue d'un accord entre les deux
assemblées et en étroite liaison avec le Gouvernement et
l'opérateur national. Tout en se déclarant ouvert à la
possibilité de modifier le texte du Sénat, il a pris acte des
propos du rapporteur, qui ne faisaient, a-t-il estimé, que confirmer les
annonces de la presse, laquelle semblait informée plus
complètement et plus rapidement que les membres de la commission
paritaire sur l'issue des travaux de cette dernière.
M. Jean François-Poncet, vice-président, a jugé que le
retard dans l'adoption définitive de la loi qui résulterait d'un
échec de la commission mixte paritaire aurait des conséquences
très préjudiciables pour Electricité de France. Il a
relevé que s'il s'éloignait par trop de la directive, le texte
adopté par le Parlement devrait, en outre, être
inévitablement revu pour être mis en conformité avec
celle-ci.
M. Henri Revol, rapporteur pour le Sénat, a fait valoir que la Haute
Assemblée avait étudié avec pragmatisme le texte
adopté par les députés en première lecture.
Considérant que la loi de nationalisation de l'électricité
de 1946 avait permis la constitution d'un opérateur national fort, il a
indiqué que le Sénat avait souhaité préserver cet
acquis et doter l'entreprise nationale d'atouts supplémentaires. Il a
fait état des vives préoccupations émanant de l'industrie
française, pour laquelle le coût de l'électricité
est déterminant en termes de compétitivité - et donc
d'emploi - face à la concurrence européenne et mondiale.
Le rapporteur pour le Sénat a également observé que si les
sénateurs avaient présenté 440 amendements au projet de
loi, dont 256 avaient été adoptés, le Gouvernement avait
émis un avis favorable sur 178 des amendements déposés au
Sénat, chiffre qui témoigne de la volonté de compromis de
la Haute Assemblée. S'inscrivant en faux contre les propos du rapporteur
de l'Assemblée nationale, il a tout d'abord considéré que
la transposition de la directive devait s'effectuer au plus vite, la France
étant le dernier Etat d'Europe à transposer ce texte,
théoriquement applicable depuis le 19 février 1999. Il a ensuite
rappelé que les sites consommant plus de 100 Gigawattheures par an
étaient, d'ores et déjà, éligibles. Il a
estimé que tout retard handicaperait la stratégie internationale
d'Electricité de France, nombre d'Etats membres ayant fait part de leur
intention de mettre en oeuvre les mesures de rétorsion permises par la
clause de réciprocité de la directive alors qu'EDF est
engagé dans plusieurs négociations stratégiques sur leurs
marchés.
M. Henri Revol, rapporteur pour le Sénat, a enfin exprimé sa
grande déception face à l'attitude des députés,
relevant que le Sénat s'était, quant à lui, gardé
de tout " ultra libéralisme ", souhaitant, dans
l'intérêt national, procéder à une discussion
ouverte avec l'Assemblée nationale, dans la perspective d'un accord. Il
a observé qu'un rapprochement des positions des deux assemblées
était possible, trois grands points de désaccord seulement
subsistant, de l'aveu même du ministre. Sur chacun de ces points, le
rapporteur du Sénat s'est déclaré ouvert à la
discussion.
M. Claude Birraux a tout d'abord fait remarquer qu'il ne servait à
rien de se lamenter sur le manque de considération dont souffrait le
Parlement alors que les parlementaires eux-mêmes se
référaient à la presse pour prendre connaissance des
résultats d'une commission mixte paritaire à laquelle ils
s'apprêtaient à participer ; il a estimé que la faute
n'était donc pas à rejeter sur la presse mais sur les
parlementaires eux-mêmes.
Concernant l'urgence de l'adoption du texte soumis à la commission, il a
noté que la France était le dernier pays européen à
s'engager dans la transposition de la directive européenne et que la fin
de la première lecture à l'Assemblée nationale avait
coïncidé avec la date butoir fixée par la directive pour sa
transposition. Il a déploré qu'une fois de plus, la France donne
le mauvais exemple au sein de l'Union européenne et s'est
déclaré surpris de constater que selon M. Christian
Bataille, il n'y avait pas urgence. Il a estimé qu'une telle
appréciation aurait pour conséquence de mettre EDF en
difficulté, alors que cette entreprise a réussi à devenir
un acteur majeur, comme en témoigne sa récente prise de
participation dans un producteur d'électricité allemand. Il a
jugé que tout retard dans le processus législatif créerait
un climat de suspicion dommageable à EDF.
Puis, M. Claude Birraux a estimé qu'il n'était pas correct
de louer le travail fourni par le Sénat pour ensuite le rejeter en bloc.
Il a souligné que les sénateurs avaient évité
d'adopter une position très divergente de celle de l'Assemblée
nationale, notamment en ne prévoyant pas une filialisation du
gestionnaire du réseau de transport de l'électricité. Il a
ensuite déploré qu'après la parodie de commission
d'enquête sur Superphénix qui n'avait pas mesuré l'impact
de l'arrêt de cette installation sur les entreprises françaises,
on puisse constater de nouveau une volonté de rupture du consensus
traditionnel portant sur notre politique énergétique et qui a
garanti le succès des entreprises françaises dans ce domaine. Il
s'est donc déclaré déçu et a estimé que
cette attitude augurait mal des projets de lois qui devront prochainement
intervenir dans les domaines du gaz et de la sûreté
nucléaire. Il a enfin exprimé sa crainte que le Premier ministre
ne sacrifie la politique énergétique française sur l'autel
de ses ambitions présidentielles.
M. Franck Borotra a vivement regretté que la commission mixte
paritaire, institution strictement parlementaire, soit réduite à
entériner des arbitrages politiques décidés par le Premier
ministre. L'affirmation selon laquelle l'Assemblée nationale est seule
représentative des forces vives de la Nation n'est pas admissible. Ces
deux éléments contribuent à un abaissement
général du Parlement que tous ses membres déplorent.
L'urgence actuellement constatée est due aux retards du Gouvernement,
qui a laissé passer l'échéance de la transposition ;
les difficultés se trouvent aggravées par le durcissement du
texte en première lecture devant l'Assemblée nationale. Aux
améliorations proposées par les députés de
l'opposition, un refus de discuter a été opposé. Les choix
opérés par la majorité résultent d'un arbitrage
politique répondant aux intérêts du parti communiste,
composante minoritaire de la majorité plurielle, au détriment de
ceux d'EDF et du secteur électrique dans son ensemble. Après le
cadeau aux Verts qu'a constitué l'arrêt de Superphénix, il
s'agit maintenant d'un cadeau fait aux communistes.
Le texte voté par l'Assemblée nationale était dès
l'origine contesté, y compris par la Commission européenne, sur
le problème des coûts échoués liés aux
retraites ou au surgénérateur Superphenix.
L'échec de la commission mixte paritaire serait susceptible
d'entraîner plusieurs conséquences graves. Au plan communautaire,
le retard dans la transposition de la directive expose la France à un
recours en manquement introduit par la Commission devant la Cour de justice des
Communautés européennes et au risque de voir notre pays
condamné sur ce fondement.
Ce retard pénalise EDF, dans la mesure où il risque de freiner sa
politique d'acquisitions à l'étranger et de nourrir les critiques
de nos partenaires commerciaux sur la réalité de l'ouverture du
marché français. Or, cette ouverture peut légitimement
être attendue en application du principe de réciprocité
ainsi que cela était d'ailleurs convenu entre la France et l'Allemagne.
La presse s'est d'ailleurs fait l'écho de menaces de représailles
sur le marché espagnol. En outre, l'autorité de régulation
de l'électricité italienne a indiqué vouloir
réduire le montant des importations d'électricité en
provenance d'Etats ayant insuffisamment libéralisé leur
marché. Ce retard risque enfin de poser un problème pour le
calendrier de la transposition de la directive sur le gaz.
Globalement, les conséquences sur l'image de la France en Europe et sur
EDF risquent d'être très dommageables.
Les débats au Sénat ont conduit à une
réécriture plus conforme à l'esprit de la directive du
texte rabougri, fermé, ratiociné et frileux voté par
l'Assemblée nationale. La position tranchée du rapporteur
apparaît donc inspirée par de strictes considérations
politiciennes. La remise en cause des intérêts d'EDF et de ceux de
la France qui en résulte, engagera la responsabilité du
Gouvernement et de sa majorité.
M. André Lajoinie, président, a répondu qu'il
était curieux de dénoncer le rôle de la presse pour,
ensuite, mieux s'appuyer sur elle dans son argumentation. Il a souligné
que les divergences existant entre les membres de la commission mixte paritaire
étaient, avant tout, de nature politique. Les parlementaires sont des
responsables politiques et le peuple ne pourrait adhérer à un
Parlement qui ne serait pas politique.
En réponse, M. Franck Borotra a regretté que l'arbitrage sur
ce texte ait été pris dans une enceinte autre que celle de la
commission mixte paritaire. Il a reconnu l'attachement indéfectible
depuis cinquante ans du parti communiste à la loi de 1946, texte qui,
selon lui, a désormais sa place dans un musée
d'archéologie. Il a en revanche dénoncé l'attitude d'un
Gouvernement qui n'a pas recherché un consensus au sein du Parlement,
mais a voulu satisfaire une seule des composantes de sa majorité
" plurielle " alors qu'un consensus était possible. Ce choix
politicien ne peut que porter préjudice aux intérêts d'EDF.
M. Gérard Cornu a déclaré souscrire sans réserves
aux propos tenus par M. Franck Borotra. Soulignant le caractère purement
politique de la position des députés, il a mis en valeur le
travail accompli par le Sénat. Il a estimé que le
déroulement de la commission mixte paritaire représentait un
" mauvais coup " pour les institutions de la République et
pour le bicamérisme. Il a jugé que la modération
caractérisant le texte du Sénat satisfaisait à la fois les
usagers, les collectivités locales, Electricité de France et les
entreprises concernées. Il a estimé qu'un compromis était
nécessaire entre les deux assemblées, au nom de l'engagement
européen de la France, l'intérêt de notre pays devant
prévaloir sur le seul jeu des intérêts partisans.
Regrettant que la majorité plurielle ait préféré
des considérations purement politiciennes à
l'intérêt général, il a jugé que ce
" cadeau de M. Jospin à M . Hue " se faisait au
détriment d'EDF.
Relevant les propos du rapporteur de l'Assemblée nationale sur la
soi-disant exclusivité de représentativité politique de
cette assemblée, M. Gérard Larcher a rappelé que
le Sénat n'était pas, lui non plus, coupé des
" forces vives " et qu'il assure en outre, aux termes de la
Constitution, la représentation des collectivités territoriales
et des Français établis hors de France. Il a exhorté les
députés membres de la commission mixte paritaire à un
meilleur respect des dispositions constitutionnelles relatives aux deux
chambres du Parlement.
Evoquant la commission mixte paritaire réunie en 1996 sur la loi de
réglementation des télécommunications, dont il
était le rapporteur pour le Sénat, M. Gérard Larcher a
souligné que la représentation nationale avait su, à cette
époque, trouver un équilibre politique plus large que celui de la
seule majorité gouvernementale existant alors. Il a d'ailleurs
relevé que le Gouvernement actuel n'avait pas remis en cause ces
dispositions législatives, qui représentaient une étape
majeure de la modernisation du service public des
télécommunications. Revenant au projet de loi sur
l'électricité, il a jugé que les membres de la commission
mixte paritaire risquaient au contraire, en cas d'échec, de manquer une
occasion historique de modernisation du service public de
l'électricité, au nom d'une conception passéiste. Il a
souhaité que les députés et sénateurs
présents démentent le constat d'échec dressé
prématurément par la presse et parviennent à une solution
commune d'adaptation du service public de l'électricité.
M. Pierre Hérisson a salué " l'abnégation "
du rapporteur de l'Assemblée nationale, ce dernier s'ingéniant
subitement, malgré l'intention manifeste d'aboutir du Gouvernement, lors
de la discussion au Sénat, à faire échouer un dialogue
pourtant bien engagé. Estimant que les minorités commandaient
trop souvent le choix des majorités plurielles, il a jugé que les
députés mettaient le secrétaire d'Etat à
l'industrie dans une position délicate pour la deuxième lecture
à l'Assemblée. Reprenant le parallèle avec les
télécommunications, il a rappelé que l'opposition
virulente, à l'époque, de certaines centrales syndicales à
l'ouverture à la concurrence - les mêmes arguments servant
aujourd'hui à fustiger l'ouverture à la concurrence du
marché de l'électricité - n'avaient pas
empêché la libéralisation de profiter aux consommateurs,
à l'opérateur, aux entreprises et à l'économie
nationale. Il a souhaité que la commission mixte paritaire entame
réellement l'examen du texte.
Après s'être réjoui des éloges faits par les
parlementaires de l'opposition au secrétaire d'Etat à
l'industrie, M. Alain Cacheux a observé que la
libéralisation des marchés était loin d'avoir toujours
bénéficié aux consommateurs sous forme d'une baisse des
prix de l'électricité et d'un accroissement des services rendus.
Il a remercié M. Franck Borotra d'avoir souligné le
caractère politique du texte voté par l'Assemblée
nationale, qui atteste donc de son adéquation avec les options de la
majorité.
L'invocation de l'urgence pour accélérer la procédure,
présentée par les parlementaires de l'opposition, vise en
réalité, a-t-il estimé, à obtenir une modification
de l'équilibre du texte. Il a toutefois noté que même si le
texte adopté par le Sénat n'était pas aussi
caricaturalement libéral qu'on aurait pu le craindre, il
reflétait toutefois une sensibilité sensiblement
différente de celle de l'Assemblée nationale, traduction d'un
désaccord politique réel que la commission mixte paritaire ne
peut selon lui que constater.
Il a enfin demandé à M. Franck Borotra pourquoi celui-ci avait
négocié une directive dont il estimait aujourd'hui qu'on pourrait
respecter la lettre tout en altérant son esprit.
En réponse, M. Franck Borotra a rappelé l'impasse dans laquelle
se trouvaient les négociations européennes lorsqu'il les a
reprises en 1995 : celles-ci, laissées pendantes en 1990,
étaient totalement bloquées, la France se trouvant isolée
sur ses positions. Cette situation avait contraint à une discussion
pied-à-pied avec nos partenaires pour aboutir à un compromis. Or,
le texte, tel que voté par l'Assemblée nationale en
première lecture, a vidé de son sens ce compromis. Cette loi ne
devrait donc pas être durable, ce qu'a d'ailleurs admis le
secrétaire d'Etat à l'industrie.
M. Jacques Desallangre, reprenant les propos introductifs de
M. André Lajoinie, président, a estimé que les
positions des deux assemblées n'étaient pas suffisamment proches
pour aboutir à un accord. Il a déclaré comprendre
l'amertume du Sénat mais a noté que son texte était
néanmoins profondément différent de celui de
l'Assemblée nationale, notamment sur la définition du service
public de l'électricité, sur la sécurité
d'approvisionnement et sur les conditions de régulation du
marché. Il a jugé qu'un compromis ne serait satisfaisant pour
aucun des membres de la commission mixte paritaire et a souligné que
l'absence d'un tel accord reflèterait l'opposition des choix politiques
de chacune des deux assemblées.
M. Jean François-Poncet, vice-président, a
considéré qu'il s'écoulerait sans doute peu de temps avant
que ne soit avérée l'incompatibilité de certaines
dispositions du texte adopté par les députés avec le droit
communautaire. Relevant à son tour les propos - à son sens
choquants - du rapporteur de l'Assemblée nationale sur le
soi-disant monopole de représentativité de l'Assemblée
nationale, il a cité les appels de la CFDT à une réussite
de la commission mixte paritaire, cette organisation - tout comme le
Sénat, qui n'est nullement coupé des " forces
vives " - ne s'associant aucunement " à ceux qui, pour
des raisons partisanes, veulent mettre en échec la commission mixte
paritaire ", échec qui serait selon elle " le plus sûr
moyen d'hypothéquer le service public et de ruiner les chances de
développement d'EDF en Europe ".
S'associant aux propos du précédent orateur, M. Gérard
Larcher a rappelé le rôle tenu par certaines organisations
syndicales dans l'évolution du secteur des
télécommunications.
M. Pierre Ducout a estimé que le texte voté par
l'Assemblée nationale en première lecture établissait un
équilibre garantissant l'avenir du service public et celui d'EDF et
qu'il ne lui semblait pas envisageable de remettre en cause cet
équilibre. Il a en particulier regretté que le Sénat se
soit écarté de la position adoptée par l'Assemblée
nationale, notamment en réduisant fortement le rôle et la
responsabilité du ministre chargé de l'énergie, ce qui
rompt avec plus de cinquante ans d'une pratique à l'efficacité
prouvée.
M. André Lajoinie, président, a constaté
l'échec de la commission mixte paritaire.