Proposition de résolution sur la communication de la Commission au Conseil et au Parlement européen et sur le document de travail de la Commission
BADRE (Denis)
RAPPORT 222 (98-99) - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- PRÉAMBULE
-
CHAPITRE PREMIER
LE FINANCEMENT DE L'UNION EUROPÉENNE -
CHAPITRE II
LA PROGRAMMATION DES DEPENSES- I. LA PROGRAMMATION DES DIFFERENTES RUBRIQUES
- II. APPRECIATION D'ENSEMBLE
-
CHAPITRE III
UN DÉBAT À PURGER : LA QUESTION DES DÉSÉQUILIBRES BUDGÉTAIRES
N°
222
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 16 février 1999
RAPPORT
FAIT
au nom
de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des
comptes économiques de la Nation (1) sur la proposition de
résolution présentée en application de l'article 73
bis
du Règlement
sur
:
- la
communication de la Commission au Conseil et au Parlement
européen
sur l'établissement de
nouvelles
perspectives financières
pour la période 2000-2006 (E
1049),
- le
document de travail de la Commission
:
accord
interinstitutionnel sur
la
discipline budgétaire
et l'
amélioration
de la
procédure
budgétaire
(E 1128),
Par M.
Denis BADRÉ,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir le numéro
:
Sénat
:
164
(1998-1999).
Union européenne.
PRÉAMBULE
Les
propositions d'acte communautaire E1049 et E1128 portent sur deux piliers de
l'avenir du budget européen et, au-delà, de l'avenir de l'Europe.
La seconde de ces propositions (E1128) constitue un document de travail de la
Commission portant nouvel accord interinstitutionnel sur la discipline
budgétaire et l'amélioration de la procédure
budgétaire.
Il s'agit des propositions de la Commission pour renouveler et réformer
l'accord conclu le 29 octobre 1993 entre le Conseil, le Parlement et la
Commission.
Cet accord interinstitutionnel qui avait enrichi un précédent
accord de 1988 contient toutes les dispositions majeures de l'encadrement de la
procédure budgétaire européenne.
Parmi celles-ci, le coeur de l'accord interinstitutionnel réside dans
les perspectives financières. Elles figurent en annexe de l'accord
interinstitutionnel et leur présentation est détaillée,
trop parcimonieusement du reste, dans le premier des documents cités
plus haut (E1049).
La définition des perspectives financières 2000-2006 est un acte
décisif compte tenu de sa nature même. Il ne s'agit pas moins que
de programmer l'évolution des finances publiques européennes pour
chacune des sept années à venir. Le total de la programmation
concerne pas moins de 4.781,4 milliards de francs.
La portée de cette programmation est, en outre, considérable.
Politiquement d'abord, elle dessine les orientations de l'intervention
financière à venir de l'Union Européenne et manifeste
l'expression solennelle de l'accord des Etats membres sur la façon de
construire l'Europe à travers son budget. Institutionnellement ensuite,
l'on peut estimer que, malgré certaines souplesses, la programmation
financière encadre les budgets communautaires tout au long de la
période qu'elle est appelée à couvrir.
Les perspectives financières en cours de négociation marqueront
donc très fortement l'Europe des sept années à venir.
Dans ces conditions, il est heureux que, contrairement à la situation
observée il y a six ans les propositions d'acte communautaire portant
sur l'accord interinstitutionnel et les perspectives financières aient
été transmises au Parlement dans le cadre de l'article 88-4 de la
Constitution.
Rappel
sur la procédure de transmission des actes
portant perspectives
financières
L'accord
interinstitutionnel sur la discipline budgétaire et
l'amélioration de la procédure budgétaire du 29 octobre
1993 n'avait en effet pas été transmis au Parlement
français au titre de l'article 88-4 de la Constitution.
Le Conseil d'Etat avait en effet estimé que les accords
interinstitutinnels, non prévus par le traité de Rome,
n'appartenaient pas à la catégorie des actes communautaires
stricto sensu
de l'article 88-4 de la Constitution.
Cette position n'aurait pu être considérée comme recevable
que si de tels actes n'avaient qu'une valeur déclaratoire
dépourvue de toute portée juridique. Mais il était plus
qu'hasardeux de raisonner ainsi dès lors que la Cour de justice
s'était plusieurs fois appuyée sur de tels accords pour rendre
des décisions dès l'instant où ces accords peuvent,
" si les obligations qui en découlent sont suffisamment
précises et inconditionnelles, être élevés au rang
d'actes destinés à appliquer le traité et rendre
susceptible d'annulation les dispositions dérivées qui leur sont
contraires "
, selon les conclusions d'un avocat général
dans une affaire où était évoquée une
déclaration commune des trois institutions communautaires.
C'est ainsi qu'on pouvait à bon droit considérer que ces actes
établissaient des normes s'imposant aux institutions communautaires et
correspondant, dans l'esprit des institutions européennes, aux lois de
programme françaises.
Un revirement s'est heureusement produit à l'occasion d'une proposition
de révision des perspectives financières élaborée
par la Commission en 1996. Le Conseil d'Etat a alors estimé que ladite
proposition devait être regardée comme étant une
proposition d'acte communautaire au sens de l'article 88-4 de la Constitution.
A la différence de ce qui s'était passé en 1993, le
Conseil d'Etat, cette fois-ci avait estimé qu'il y avait lieu de saisir
le Parlement français.
Son avis fut le suivant :
" En tant que proposition de décision conjointe du Conseil de
l'Union européenne et du Parlement Européen prise selon la
procédure de l'article 189 B du Traité de l'Union
européenne, la proposition de révision des perspectives
financières doit être regardée comme étant une
proposition d'acte communautaire au sens de l'article 88-4 de la Constitution.
Dès lors que les montants pluriannuels prévus par le
programme-cadre arrêtés selon la procédure de
codécision de l'article 189 B du traité de l'Union
européenne par application des dispositions de l'article 130 I du
même traité doivent, pour être révisés, suivre
la même procédure en application des § 11 et 12 de l'accord
interinstitutionnel du 29 octobre 1993, et être inscrits dans
l'avant-projet de budget que la commission est chargée d'établir
en application de l'article 203 du Traité, lesdites révisions des
perspectives financières dont les montants sont définis, sont de
nature législative : elles peuvent être assimilées en
droit interne à une loi de programme dont les autorisations de programme
sont, en vertu de l'article 33 de l'ordonnance du 2 janvier 1959, en principe
inscrits dans la partie " services votés " du projet de loi de
finances.
L'on trouvera dans l'encadré qui suit quelques rappels historiques sur
les perspectives financières.
Quelques rappels historiques
Les
perspectives financières constituent une vraie programmation à
moyen terme des dépenses européennes.
Le budget des Communautés européennes s'inscrit, depuis 1989,
dans le cadre d'une programmation pluriannuelle des dépenses
décidée à la suite de l'accord institutionnel du
27 mai 1988.
La genèse de cet accord conclu entre le Conseil, le Parlement et la
Commission peut être trouvée dans la crise budgétaire de
1987. Celle-ci avait opposé le Conseil au Parlement et à la
Commission au sujet du plafond de ressources propres de la Communauté.
La programmation financière des dépenses communautaires,
vulgarisée sous la dénomination de " paquet
Delors I ", était censée permettre de trouver une porte
de sortie à l'impasse budgétaire d'alors. Elle constituait un
compromis au terme duquel :
- la montée en charge programmée des dépenses
communautaires devait s'accompagner d'un plafonnement et d'une meilleure
prédictibilité des contributions des Etats-membres ;
- la classification des différentes dépenses par rubrique
permettait de préserver l'évolution nécessaire des
dépenses obligatoires et les perspectives de renforcement des actions
correspondant à des dépenses non obligatoires.
Le Conseil européen d'Edimbourg du mois de décembre 1992
devait adopter de nouvelles perspectives financières à
horizon 1999, le " paquet Delors II ", consacrées
par l'accord interinstitutionnel du 29 octobre 1993.
Le caractère programmatique des perspectives financières
résulte de ce qu'elles regroupent en six grandes rubriques l'ensemble
des interventions budgétaires de l'Union Européenne pour
l'avenir. Cette caractéristique essentielle doit être
préservée contre les tentatives d'amodiation de la Commission.
Chaque rubrique des perspectives financières est assortie d'un montant
de crédits qui constitue le plafond des dépenses
budgétaires ouvrables chaque année dans le cadre du budget
européen.
Ces plafonds ne sont pas totalement intangibles. Ils peuvent être
modifiés dans le cadre de deux procédures distinctes qui
permettent de faire évoluer la programmation à moyen terme des
crédits d'engagements du budget communautaire.
Les procédures permettant l'évolution de la programmation financière
L'adaptation annuelle
des perspectives financières regroupe :
-
Les ajustements techniques
opérés en amont de la
procédure budgétaire afin de tenir compte de la croissance du PNB
et des prix.
Ils supposent, d'une part, de calculer la ligne agricole qui constitue le
plafond de la rubrique 1 "Politique agricole commune". Celle-ci est
indexée sur les prix et 74 % du taux de croissance réelle.
Ils supposent, d'autre part, de réévaluer les plafonds des autres
rubriques en tenant compte de la croissance du PIB de l'année à
venir et de la dérive des prix telle qu'elle est prévue.
Ces ajustements sont effectués par la Commission et communiqués
aux deux branches de l'autorité budgétaire.
-
Les adaptations liées aux conditions d'exécution
consistent à adapter le montant total des crédits de paiement
en fonction du rythme de consommation des crédits d'engagement.
Les attributions de la Commission dans ce domaine varient selon la nature des
dotations concernées. Généralement, ces propositions
doivent recueillir l'agrément du Conseil et du Parlement qui statuent
à la majorité qualifiée pour l'un et, pour l'autre,
à la majorité des membres qui le composent et des trois
cinquièmes des suffrages exprimés.
Cependant, s'agissant des crédits relatifs aux fonds structurels et aux
fonds de cohésion, la Commission est forte de l'engagement consenti par
le Conseil et le Parlement à l'occasion de l'accord interinstitutionnel
du 29 octobre 1993 d'autoriser le transfert sur les années
ultérieures des dotations non utilisées au cours de l'exercice
précédent, même si ce transfert a pour effet d'augmenter
les plafonds correspondants des dépenses.
La révision des perspectives financières
Elle vise à
" faire face à la nécessité
d'engager des actions non prévues à l'origine dans le respect du
plafond des ressources propres ".
L'accord interinstitutionnel précise qu'
" en règle
générale, une telle proposition de révision doit
être adoptée avant le début de la procédure
budgétaire pour l'exercice ou le premier des exercices concernés
par cette révision "
.
Les règles de majorité sont celles indiquées plus haut
à l'occasion de la présentation de la procédure
d'
" adaptations liées aux conditions
d'exécution "
.
Une règle impérative est posée. Comme on l'a vu,
les
révisions doivent respecter le plafond des ressources propres
.
En revanche, et l'hypothèse n'est pas purement théorique compte
tenu du fait que les plafonds des crédits d'engagement sont
inférieurs au plafond des ressources propres, les révisions
financières peuvent conduire à une augmentation des plafonds des
crédits d'engagement supérieure à ce qu'autorisent les
ajustement techniques examinés plus haut.
L'accord interinstitutionnel de 1993 édicte
quelques principes devant
guider l'exercice de révision.
Il fait d'abord
deux recommandations
qui sont les suivantes :
- il s'agit d'abord de rechercher, si au sein d'une même rubrique, il
existe des possibilités de
réaffectation des dépenses
entre les programmes
qu'elle regroupe sur la base en particulier des
sous-exécutions de crédits escomptables ;
- il s'agit, d'autre part, de rechercher les possibilités de compenser
le relèvement du plafond d'une rubrique par la réduction du
plafond d'une autre rubrique.
Il pose ensuite
deux règles
:
•
aucune révision au titre des dépenses
obligatoires ne peut entraîner une réduction du montant disponible
pour les dépenses non obligatoires ;
•
toute révision doit assurer le maintien d'une
relation ordonnée entre engagements et paiements
.
Si le cadrage financier de l'Union Européenne est donc susceptible de
connaître des modifications en cours de période, force est
d'observer qu'au-delà des simples corrections techniques, les
révisions des perspectives financières sont soumises à des
conditions strictes qui en ont rendu l'utilisation rare dans le
passé.
A l'occasion du nouvel accord interinstitutionnel, la Commission recherche donc
à introduire davantage de flexibilité.
Cette recherche passe d'abord par l'introduction de clauses de
flexibilité autorisant des transferts entre rubriques et d'une
année sur l'autre.
Une flexibilité est organisée entre la rubrique 3 et la rubrique
4. Ainsi, l'autorité budgétaire pourrait, au cours de la
procédure budgétaire, voter des crédits en
dépassement du plafond de la rubrique 3 ou 4 des perspectives
financières pour un montant maximal de 100 millions d'euros, sans
révision des perspectives financières, à condition de
laisser sous la rubrique qui n'est pas concernée par le
dépassement une marge supérieure d'au moins 100 millions
d'euros.
Ce dépassement ne pourrait être effectué, pour
les mêmes besoins, au titre de deux exercices consécutifs.
La flexibilité d'un exercice sur l'autre consisterait à permettre
l'inscription
dans le budget de crédits d'engagement en
dépassement des plafonds des perspectives financières pour un
montant maximum de 500 millions d'euros
, pour couvrir des besoins
précisément identifiés et d'importance politique
significative, à condition qu'une inexécution correspondante des
crédits d'engagement soit constatée au titre de l'exercice
précédent et que le solde d'exécution budgétaire et
le solde global de l'exercice précédent soient au moins
équivalents.
Ces clauses qui sont la réponse de la Commission à l'échec
rencontré par elle lors de sa proposition de révision de 1996
apparaissent inopportunes. Elles entrent en contradiction avec l'article 8
de l'accord interinstitutionnel qui, au nom d'une bonne gestion
financière, demande aux institutions européennes de
dégager des marges sous les plafonds des différentes rubriques
pour pouvoir financer des crédits supplémentaires en cas de
besoin.
Tant parce qu'elles affaiblissent la portée de l'accord politique qui
fonde la programmation financière de l'Union européenne que parce
qu'elles ouvrent la voie à un certain laxisme financier, ces clauses
doivent entre dénoncées.
Cette exigence s'impose d'autant plus que le nouvel accord interinstitutionnel
contient, de surcroît, en germe une réorientation des perspectives
financières en cours de programmation.
Cela résulte de la combinaison de deux clauses.
La première, nouvelle, consiste à prévoir que la
Commission présentera aux deux branches de l'autorité
budgétaire, au plus tard le 1er juillet 2004, un rapport sur la mise en
oeuvre de la ligne directrice agricole, accompagné, le cas
échéant, de propositions appropriées pour une
révision de son mode de calcul à partir de 2005.
La seconde, désormais classique, réserve un sort particulier et
privilègié aux actions structurelles. En effet, le Parlement
européen et le Conseil s'engagent à respecter les dotations en
crédits d'engagement prévues dans les perspectives
financières pour les actions structurelles. Ainsi, pour les actions
structurelles, les plafonds des crédits d'engagement continueraient
d'être considérés, moins comme une contrainte que comme des
objectifs de dépenses. Sans doute, le projet d'accord
interinstitutionnel ne reprend-il pas l'obligation pour l'autorité
budgétaire de transférer sur les années ultérieures
les dotations prévues pour les actions structurelles non
utilisées au cours de l'exercice précédent. Mais, il
prévoit une exception pour les dotations non utilisées au cours
de la première année couverte par les perspectives
financières afin de remédier à un éventuel retard
en début de période :
" A l'occasion de l'exercice
d'adaptation réalisé en 2001 et en cas de retard dans l'adoption
des programmes relatifs aux actions structurelles, les deux branches de
l'autorité budgétaire s'engagent à autoriser, sur
proposition de la Commission, le transfert sur les années
ultérieures, en augmentation des plafonds correspondants de
dépenses, des dotations correspondantes non utilisées au cours de
l'exercice 2000 ".
Les propositions de la Commission pour plus de flexibilité
apparaissent ainsi singulièrement sélectives, le maintien d'un
statut privilégié accordé aux crédits d'actions
structurelles figeant de fait leur programmation financière.
Si ces projets d'aménagement doivent être dénoncés,
il est en revanche, loisible de se féliciter que le projet d'accord
interinstitutionnel rappelle que les interventions budgétaires de
l'Union sont dépendantes de l'existence d'une base légale. La
Commission a toutefois présenté une proposition permettant
d'inscrire des crédits susceptibles d'être exécutés
sans acte de base. Il s'agirait :
- des crédits relatifs à des projets pilotes de nature
expérimentale visant à tester la faisabilité d'une action
et son utilité. Les crédits d'engagement y afférents ne
pourraient être inscrits au budget que pour deux exercices
budgétaires et leur montant total ne pourrait excéder 32
millions d'euros ;
- des crédits relatifs à des actions destinées à
préparer des propositions en vue de l'adoption de futures actions
communautaires. Les crédits d'engagement y afférents ne
pourraient être inscrits au budget que pour trois exercices
budgétaires au maximum. Le montant total des lignes nouvelles
concernées ne pourrait dépasser 30 millions d'euros par exercice
et le montant total des crédits effectivement engagés au titre
des actions préparatoires ne pourrait excéder 75 millions d'euros.
Cette proposition a fait l'objet d'un accord de principe de la part du Conseil
et du Parlement européen. Le niveau des crédits concernés
demeure assez élevé mais, dans l'ensemble, la proposition de la
Commission peut être considérée comme plus satisfaisante
que la pratique observée jusqu'alors.
Une programmation réalisée sur le fil du rasoir :
La programmation financière 2000-2006 proposée par la Commission
se caractérise par quelques grands traits.
Elle est réalisée dans le cadre d'un maintien du système
actuel des "ressources propres" avec, en particulier, un plafond
inchangé par rapport à la programmation en cours de 1,27 % du PIB
communautaire.
Elle concerne l'Europe des 15 et ne prend qu'indirectement en compte
l'élargissement à de nouveaux Etats membres conformément
aux recommandations du Conseil.
Pour autant, la programmation présentée par la Commission est
profondément marquée par la perspective de
l'élargissement. Les crédits consacrés par les 15 à
la préparation des candidats à l'adhésion à l'Union
Européenne sont isolés au sein de trois des grandes rubriques du
budget, les rubriques agricole, d'actions structurelles et d'aide
extérieure :
21,8 milliards d'euros seraient consacrés à cette
préparation soit 3% de l'ensemble des crédits disponibles.
Surtout, l'exercice de la Commission est sous-tendu par la volonté de
démontrer sur la base d'une estimation de la charge budgétaire
résultant de l'élargissement, que les crédits
nécessaires aux 15 Etats membres laisseraient une marge suffisante pour
financer l'adhésion des nouveaux membres sans dépasser le plafond
inchangé des ressources propres.
Cette démonstration suppose remplies un grand nombre de conditions parmi
lesquelles l'acceptation des réformes proposées par la
Commission. Même si elles sont empreintes d'une grande continuité,
voire d'un certain immobilisme, les perspectives financières ici
examinées ne sont en effet pas établies sur la base d'une
prolongation, sans changements, du cadre des actions communautaires.
Les principales modifications apportées à ce cadre concernent la
politique agricole commune, les " actions structurelles " et, sans que la
Commission le démontre vraiment, les politiques internes.
L'appréciation des nouvelles perspectives financières est donc
indissociable de celle des réformes envisagées tout comme celle
de leur capacité à répondre au défi de
l'élargissement suppose d'accorder quelque crédit à
l'évaluation de l'impact financier de ce dernier. Mais, elle est
également dépendante de la réalisation du scénario
macro-économique qui leur est sous-jacent dont il faut apprécier
l'importance avant d'entrer dans le vif du sujet.
La Commission table sur une croissance en volume de 2,5 % l'an en moyenne,
assortie d'une inflation de 2 % soit une croissance nominale pour les 15 de 4,5
% par an.
Données économiques de base
Milliards d'euros-prix 1999 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
||
PNB Quinze |
7.804,3 |
7.999,4 |
8.199,4 |
8.404,4 |
8.614,5 |
8.829,8 |
9.050,6 |
9.276,9 |
||
PNB nouveaux Etats-membres |
|
|
|
291,9 |
303,6 |
315,7 |
328,4 |
341,5 |
||
PNB TOTAL |
|
|
|
8.696,3 |
8.918,1 |
9.145,6 |
9.378,9 |
9.618,3 |
||
Prévisions de croissance |
2000-2001 |
2002-2006 |
||||||||
PNB Quinze |
2,5 % |
2,5 % |
||||||||
PNB nouveaux Etats-membres |
4,0 % |
4,0 % |
||||||||
PNB Communauté élargie |
|
2,6 % |
||||||||
|
2,0 % |
2,0 % |
Source : Document 1049
Ces perspectives ne sont pas irréalistes. Mais, elles tranchent avec le
tempo de l'évolution économique en Europe au cours de la
présente décennie marquée par une croissance moyenne de
1,5 % l'an entre 1991 et 1996.
Il n'est donc pas sans intérêt d'apprécier les propositions
financières au regard d'une variante économique où le taux
de croissance serait inférieur de un point au taux retenu par la
Commission.
Dans une telle hypothèse, les plafonds des crédits de paiement
exprimés en % du PIB prendraient les valeurs suivantes.
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
1,28 |
1,29 |
1,28 |
1,25 |
1,23 |
1,22 |
1,21 |
La marge disponible sous les ressources propres évoluerait alors comme indiqué ci-après en point de PIB :
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
- 0,01 |
- 0,02 |
+ 0,01 |
+ 0,02 |
+ 0,04 |
+ 0,05 |
+ 0,06 |
Des
réaménagements de crédits devraient alors intervenir en
début de période afin de respecter le plafond des ressources
propres. Si la situation financière des 15 s'améliorerait par la
suite, le financement de l'élargissement deviendrait très tendu.
En effet, celui-ci suppose d'abord l'existence d'une marge confortable sous la
ligne directrice agricole.
Or, une baisse du rythme de croissance du PIB à 1,5 % réduirait
l'augmentation de la ligne directrice agricole indexée rappelons-le sur
74 % de la croissance en volume du PIB.
L'équilibre des dépenses agricoles serait le suivant :
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Ligne directrice agricole |
45.702 |
46.204 |
46.713 |
47.997 |
47.716 |
48.272 |
48.802 |
Dépenses agricoles |
41.813 |
43.952 |
44.825 |
45.407 |
44.773 |
43.991 |
43.298 |
dont PAC réformée |
36.545 |
38.730 |
39.655 |
40.287 |
39.700 |
38.946 |
38.307 |
A Marge |
3.889 |
2.252 |
1.888 |
1.820 |
2.973 |
4.281 |
5.504 |
B Marge des perspectives de la Commission |
4.237 |
2.968 |
2.995 |
3.323 |
4.897 |
6.639 |
8.312 |
Ecart (A-B) |
- 348 |
- 716 |
- 1.107 |
- 1.503 |
- 1.924 |
- 2.358 |
- 2.808 |
Mobilisation de la marge du fait de l'élargissement |
- |
- |
1.600 |
2.030 |
2.450 |
2.930 |
3.400 |
La marge
disponible sous la ligne directrice agricole en serait réduite et les
besoins résultant de l'élargissement tendraient à
assécher le disponible pour les 15.
Les disponibilités financières réservées au
financement de l'élargissement évolueraient quant à elles
comme suit :
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
816 |
1.656 |
3.363 |
4.267 |
5.199 |
contre l'équilibre suivant prévu par la Commission :
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
1.280 |
3.300 |
5.680 |
8.060 |
10.470 |
En cumulé, l'écart serait de 13.490 millions d'euros. Le total des financements disponibles serait alors juste équivalent au total des crédits nécessaires à l'élargissement. Toutes les marges seraient consommées.
*
* *
La
programmation 2000-2006 apparaît ainsi insuffisamment inspirée du
principe de précaution.
C'est d'autant plus regrettable qu'à bien des égards elle
traduit un certain immobilisme des options européennes, repoussant
à plus tard une révision pourtant nécessaire compte tenu
des évolutions du contexte de la construction
européenne.
CHAPITRE PREMIER
LE FINANCEMENT DE L'UNION
EUROPÉENNE
Les
propositions de la Commission s'inscrivent dans le cadre d'un maintien du
" système des ressources propres " adopté à
Luxembourg le 31 octobre 1994.
Cette proposition quelque peu décevante, compte tenu des imperfections
du système de financement de l'Union européenne, peut
apparaître cependant raisonnable en l'état du contexte
institutionnel de la construction européenne et au vu du programme de
dépenses des perspectives financières de la Commission.
Les propositions d'acte communautaire ici étudiées sont peu
disertes sur le volet recettes de la programmation des finances publiques
européennes à horizon 2006. La raison en est que la Commission
propose à ce sujet de s'en tenir au " statu quo ".
Cette position est explicitée sans ambiguïté dans le rapport
de la Commission sur le fonctionnement du système des ressources propres
1(
*
)
: "
les inconvénients du
système actuel..... ne justifie pas en soi, une modification urgente de
la Décision Ressources Propres
" ( ).
Conclusion raisonnable sans doute mais qui ne peut être acceptée
sans observations ni réserves.
I. LE MAINTIEN DU SYSTEME DES RESSOURCES PROPRES
La continuité proposée par la Commission a deux implications : la nature des " ressources propres " du budget communautaire resterait inchangée et le plafond des " prélèvements communautaires " resterait fixé à 1,27 % du PNB de l'Union européenne.
A. LES CONTRIBUTIONS VERSÉES AU BUDGET EUROPÉEN RESTERAIENT DÉTERMINÉES PAR DES RÈGLES INCHANGÉES
Le tableau ci-après récapitule les versements prévisionnels que devrait recevoir le budget communautaire au titre des ressources propres en 1999.
Répartition des ressources propres par
catégories
dans le projet de budget de la Communauté pour
1999
(en Meuros)
Origine de la recette |
Projet de budget 1999 |
En % |
Prélèvements agricoles |
949,0 |
1,1 |
Cotisations sucre et isoglucose |
972,0 |
1,1 |
Droits de douane |
11.983,8 |
13,9 |
Contribution TVA |
30.374,2 |
35,4 |
Contribution PNB |
41.052,8 |
48,4 |
Excédents disponibles |
p.m. |
p.m. |
Total |
85.241,9 |
100,0 |
On
distingue, par coutume, les ressources propres traditionnelles -
prélèvements agricoles, " cotisations-sucre " et droit
de douane - des autres ressources propres.
Parmi les ressources propres traditionnelles :
- les prélèvements agricoles sont soumis aux règles du
GATT, la dernière négociation de l'Uruguay Round ayant
substitué aux prélèvements variables un système de
droits fixes appelés " équivalents tarifaires " ;
- les " cotisations-sucre " s'appliquent à la production, soit
à titre normal, soit, en cas d'excédents à titre de
" cotisations supplémentaires de résorption ", et au
stockage des produits,
- les droits de douane proviennent de l'application du tarif douanier commun
à la valeur des marchandises importées, le tarif douanier
étant issu de décisions réellement communautaires.
Le déclin de la part du financement de l'Union Européenne
provenant de ces catégories de ressources a été continu au
cours des dernières années.
Composition des ressources propres de l'Union
européenne
(en pourcentage du total, chiffres consolidés ; les
données pour 1998 et 1999
sont des projections)
|
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Ressources propres traditionnelles |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TVA 1 |
60,0 |
60,7 |
69,9 |
59,5 |
61,9 |
54,0 |
51,9 |
57,8 |
51,3 |
45,5 |
39,7 |
35,4 |
PNB |
10,9 |
10,6 |
0,7 |
14,1 |
14,5 |
25,7 |
27,5 |
20,9 |
29,6 |
35,7 |
43,6 |
48,4 |
1. Y
compris la correction en faveur du Royaume-Uni
Mais le tableau ci-dessus démontre surtout qu'
un
rééquilibrage
s'est produit entre les deux ressources
principales du budget communautaire, la contribution-TVA et la
contribution-PNB,
du fait principalement de l'application de la
" décision ressources propres " de 1994.
Une première étape avait été franchie en 1988.
Alors, l'assiette-TVA des Etats membres, qui sert à calculer leur
contribution avait été plafonnée à 55 % de leur
PIB. En 1994, cet écrêtement fut ramené à 50 % du
PIB, immédiatement pour le Portugal, la Grèce, l'Espagne et
l'Irlande, progressivement pour les autres Etats. En outre, le taux maximal
d'appel de la ressource-TVA fut abaissé passant, là aussi
progressivement, de 1,4 % à 1 % en 1999.
Ces réformes ont provoqué une baisse accusée du poids
relatif de la " ressource-TVA " dont les modalités de calcul
sont rappelées dans l'encadré ci-après.
Le calcul de la "contribution-TVA"
Le
calcul de la "contribution-TVA" des Etats-membres suppose d'abord la
définition d'une assiette commune dont les modalités ont
été arrêtées dans la 6
ème
directive TVA du 17 mai 1977. Il s'agit pour l'essentiel de rapporter les
recettes nettes de TVA dans chaque Etat à un taux moyen
pondéré de TVA qui résulte d'une pondération des
différents taux appliqués par chaque Etat en fonction de la
structure de l'assiette fiscale (la consommation pour l'essentiel) dans chaque
Etat. Un certain nombre de compensations sont alors effectuées pour
tenir compte des particularités nationales en matière
d'exonération de TVA. Puis, l'assiette de TVA fait l'objet d'un
écrêtement à hauteur, désormais, de 50 % des
PIB nationaux.
L'assiette se voit alors appliquer un taux d'appel.
Le taux maximal d'appel est en 1999 de 1 % -v. supra. Le taux uniforme
d'appel tient compte de la compensation britannique et le taux d'appel effectif
est le quotient entre le versement effectif et l'assiette uniforme
écrêtée.
Il s'en est suivi une montée en charge de la ressource PNB.
Les réformes apportées au " système des
ressources-propres " ont permis de se rapprocher sensiblement de
l'objectif d'équité contributive.
Dans le système antérieur marqué par la
prédominance de la contribution-TVA , les Etats les moins riches,
dans lesquels la part de l'assiette-TVA dans le PIB était
comparativement importante, contribuaient au titre de la TVA relativement plus
que ce qu'aurait été leur contribution si elle avait
été assise sur le PIB, référence plus significative
de la richesse nationale.
En outre, une relation plus étroite entre la conjoncture
économique et le dynamisme des ressources européennes a
été instauré.
En effet, la variation de la " ressource-TVA " est susceptible
d'être influencée à croissance donnée par deux
variables : si le taux d'épargne s'accroît dans les
Etats-membres alors la ressource-TVA s'accroît moins que le PIB ; il
en va de même si les exportations prennent une part croissante dans la
formation du PIB.
La réforme de 1994 s'est donc traduite par un rapprochement des
contributions des Etats de leurs capacités contributives.
Les deux tableaux suivants le démontrent qui, l'un récapitule la
part relative de chaque Etat dans le financement du budget communautaire et,
l'autre, fournit des indicateurs de prospérité relative.
Part
relative de chaque Etat membre dans le financement
du budget
communautaire
(En %)
|
1995 (1) |
1996 (2) |
1997 (3) |
1998 (3) |
1999 (4) |
Belgique |
4,0 |
3,9 |
3,9 |
3,7 |
3,9 |
Danemark |
1,9 |
1,9 |
2,0 |
2,0 |
2,0 |
Allemagne |
31,4 |
29,2 |
28,2 |
27,3 |
26,4 |
Grèce |
1,5 |
1,6 |
1,5 |
1,6 |
1,5 |
Espagne |
5,4 |
6,4 |
7,1 |
6,5 |
6,9 |
France |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,0 |
17,2 |
Irlande |
1,0 |
1,0 |
0,9 |
1,0 |
1,0 |
Italie |
9,5 |
12,6 |
11,5 |
12,8 |
13,0 |
Luxembourg |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
Pays-Bas |
6,4 |
6,2 |
6,4 |
5,9 |
6,0 |
Autriche |
2,6 |
2,6 |
2,8 |
2,5 |
2,7 |
Portugal |
1,3 |
1,4 |
1,4 |
1,3 |
1,4 |
Finlande |
1,3 |
1,4 |
1,4 |
1,3 |
1,4 |
Suède |
2,4 |
2,8 |
3,0 |
2,8 |
2,9 |
Royaume-Uni |
13,6 |
11,6 |
11,8 |
14,0 |
13,5 |
(1)
Rapport Cour des comptes des CE
(2) Compte de gestion et bilan financier de la Commission pour 1997
(3) Budget 1998
(4) Projet de budget pour 1999
Indicateurs de prospérité relative
Part des Etats membres dans le PNB de l'Union européenne à 15
(en pourcentage du total, données pour 1997, y compris la correction
en faveur du Royaume-Uni)
|
B |
DK |
D |
GR |
E |
F |
IRL |
I |
L |
NL |
A |
P |
FIN |
S |
UK |
Part du PNB de l'UE |
3,1 |
1,9 |
26,0 |
1,5 |
6,6 |
17,2 |
0,8 |
14,2 |
0,2 |
4,5 |
2,6 |
1,2 |
1,4 |
2,7 |
16,1 |
Capacité contributive et prospérité
relative
Produit national brut aux prix du marché par habitant en
écus et en SPA
(jusqu'en 1990 : D et EUR-15 sans l'Allemagne de l'Est ;
à partir de 1991 : D et EUR-15 avec les nouveaux
Länder)
|
Ecus |
SPA 1 |
||||||||
|
1984 |
1990 |
1991 |
1995 |
1997 |
1984 |
1990 |
1991 |
1995 |
1997 |
B |
101,0 |
104,0 |
106,0 |
121,5 |
112,8 |
106,8 |
105,3 |
109,2 |
115,7 |
115,3 |
DK |
131,1 |
127,8 |
124,3 |
140,2 |
137,4 |
106,7 |
100,6 |
102,4 |
110,8 |
112,5 |
D |
129,9 |
127,3 |
114,6 |
130,9 |
118,6 |
119,0 |
117,8 |
107,3 |
110,4 |
109,4 |
GR |
53,5 |
44,0 |
46,6 |
49,2 |
53,3 |
62,8 |
59,3 |
62,3 |
66,5 |
69,0 |
E |
52,3 |
66,7 |
71,4 |
63,4 |
62,6 |
69,0 |
74,2 |
79,4 |
76,8 |
77,7 |
F |
115,7 |
111,4 |
110,3 |
116,4 |
109,9 |
111,7 |
109,7 |
113,0 |
106,7 |
104,3 |
IRL |
61,9 |
61,3 |
62,4 |
69,1 |
79,9 |
59,6 |
64,3 |
68,7 |
80,5 |
82,4 |
I |
92,7 |
101,1 |
105,3 |
83,2 |
92,2 |
101,9 |
101,9 |
105,5 |
103,7 |
102,6 |
L |
171,4 |
184,0 |
192,3 |
201,8 |
186,4 |
173,5 |
185,2 |
196,6 |
181,6 |
176,2 |
NL |
112,0 |
100,7 |
101,2 |
113,7 |
108,1 |
102,7 |
101,3 |
102,3 |
106,8 |
106,0 |
A |
109,3 |
109,2 |
111,8 |
127,6 |
118,8 |
106,1 |
105,8 |
108,8 |
111,1 |
112,6 |
P |
26,2 |
35,8 |
41,5 |
46,8 |
46,7 |
49,4 |
58,9 |
64,5 |
70,0 |
69,6 |
FIN |
130,1 |
139,5 |
123,3 |
105,9 |
104,9 |
99,1 |
99,9 |
91,1 |
93,6 |
96,4 |
S |
144,5 |
137,8 |
142,4 |
111,7 |
114,2 |
111,8 |
104,5 |
102,4 |
97,3 |
93,7 |
UK |
98,6 |
89,1 |
91,2 |
83,8 |
101,8 |
99,6 |
99,5 |
96,3 |
96,4 |
100,3 |
EUR-15 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
1. SPA :
Standards de pouvoir d'achats
Le rapprochement de ces données est synthétisé dans le
tableau ci-après :
Quote-parts des Etats membres dans le financement de l'Union
européenne
et dans le PNB de l'Union européenne à
15
(en pourcentage du total, données pour 1997, y compris la correction
en faveur du Royaume-Uni)
|
B |
DK |
D |
GR |
E |
F |
IRL |
I |
L |
NL |
A |
P |
FIN |
S |
UK |
Part du PNB de l'UE |
3,1 |
1,9 |
26,0 |
1,5 |
6,6 |
17,2 |
0,8 |
14,2 |
0,2 |
4,5 |
2,6 |
1,2 |
1,4 |
2,7 |
16,1 |
Part dans le financement du budget de l'UE |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Dont ressources propres traditionnelles |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Dont contributions TVA et PNB |
3,1 |
2,0 |
29,1 |
1,7 |
7,8 |
19,0 |
0,8 |
12,4 |
0,2 |
5,1 |
3,0 |
1,5 |
1,5 |
3,2 |
9,6 |
Il en ressort clairement qu'à l'exception notable du Royaume-Uni et plus marginale de l'Italie, il existe une relation étroite entre le niveau relatif de prospérité et celui du financement du budget communautaire à la charge de chacun.
B. LE MAINTIEN D'UN PLAFOND DE RESSOURCES PROPRES ET DE SON NIVEAU FIXÉ À 1,27 % DU PIB
La décision " ressources propres " de 1994 a rappelé que l'utilisation des fonds communautaires devait s'inscrire dans le cadre d'un plafond évolutif assigné aux ressources propres (v. tableau ci-dessous).
Plafond des ressources propres
(en crédits de paiement)
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
1,21 |
1,22 |
1,24 |
1,26 |
1,27 |
Les
propositions de la Commission visent à maintenir inchangé tout au
long de la période de programmation le plafond de 1,27 %du PIB
assigné aux ressources propres.
Cette solution est jugée compatible avec le financement des
crédits programmés dans le cadre de l'Europe des 15 et celui des
dépenses résultant de l'élargissement, la situation de
départ étant caractérisée par un taux d'appel de
l'ordre de 1,10 %, laissant une marge de 0,17 % du PIB.
II. OBSERVATIONS ET RÉSERVES
Le
maintien du système actuel des ressources propres, et en particulier,
celui du plafond assigné à ces ressources est raisonnable compte
tenu des réalités institutionnelles de l'Europe et du contenu du
programme de dépenses de l'Union.
Il s'agit d'une contrainte financière salutaire qui présente
quelques garanties pour les Etats membres.
Pour être tout à fait clair, elle est de nature à
prévenir un ressaut de contribution au cas, pas tout à fait
improbable -v. chapitre II- où les dépenses de l'Union
dériveraient. Il faudrait alors ajuster les dépenses, faute de
pouvoir recourir à des financements supplémentaires.
Ce n'est pas à dire que ce plafond doive être
considéré comme " sacro-saint ". Des nouveaux
transferts de compétences vers l'Union européenne supposeraient
bien sûr de le réexaminer tout comme d'ailleurs ils impliqueraient
de réviser les crédits budgétaires nationaux
consacrés aux compétences ainsi transférées.
Est-ce à dire que le système des ressources propres est
satisfaisant ? La réponse ne peut être positive à la
fois du point de vue technique et du point de vue politique.
A. LA NÉCESSAIRE RECHERCHE D'AMÉLIORATIONS TECHNIQUES
Sur
le plan technique
, on sait que les contributions TVA et PNB sont fort
dépendantes de la qualité des systèmes statistiques et
administratifs nationaux.
La définition de l'assiette-TVA européenne dépend en effet
de la qualité des systèmes nationaux de perception des
impôts.
Les Etats rigoureux en la matière se voyaient imposer des contributions
comparativement plus importantes que celles que devaient supporter les Etats
plus laxistes. Le plafonnement de l'assiette a eu pour effet d'atténuer
cette distorsion. En revanche, il laisse aux Etats laxistes le
bénéfice d'une sous-estimation de leur assiette-TVA. En
conséquence,
la contribution-TVA qui représente encore plus du
tiers des moyens du budget européen reste probablement à
l'origine de transferts de charge dissimulés entre Etats, transferts
d'autant moins admissibles que le budget européen repose,
précisément, pour une grande partie sur des mécanismes
de solidarité entre Etats.
S'agissant de la ressource PNB, la précision des données
statistiques doit être de la même manière parfaite faute de
quoi les transferts de charge dénoncés en matière de
" contribution-TVA " risquent de se produire à l'identique
pour les " contributions-PNB " des Etats membres.
B. UNE PLUS GRANDE ÉQUITÉ DOIT ÊTRE RECHERCHÉE
Sur
un plan plus politique, il y a lieu, dans un premier temps, de regretter
certaines atteintes au principe d'équité contributive qu'il
convient de corriger.
Ces atteintes proviennent d'abord du maintien au sein des ressources propres
d'une fraction significative réservée à la
contribution-TVA.
Différence entre la contribution TVA réelle
et la contribution PNB théorique
(1)
(en millions d'euros)
B |
DK |
D |
GR |
E |
F |
IRL |
I |
L |
NL |
A |
P |
FIN |
S |
UK |
- 266 |
- 71 |
708 |
20 |
98 |
159 |
8 |
- 1.236 |
7 |
42 |
93 |
79 |
- 45 |
72 |
332 |
Source : " Le financement de l'Union
européenne ". Rapport de la commission européenne -
7 octobre 1998.
Il apparaît que quatre pays " profitent " du " statu
quo " et que leurs " contributions-TVA " sont inférieures
à ce que seraient leurs contributions si elles étaient
entièrement assises sur leur PNB :
- l'Italie pour 1.236 millions d'euros ;
- la Belgique pour 266 millions d'euros ;
- le Danemark pour 71 millions d'euros ;
- et la Finlande pour 45 millions d'euros.
Le maintien du " statu quo " pénalise tout
particulièrement l'Allemagne (708 millions d'euros), le Royaume-Uni
(332 millions d'euros) et la France (159 millions d'euros).
Mais, ces atteintes proviennent surtout de la " correction " dont
bénéficie le Royaume-Uni depuis le Conseil européen de
Fontainebleau de juin 1984.
Le mécanisme de la correction britannique
Il
consiste à calculer l'écart de taux entre la part du Royaume-Uni
dans les versements TVA et PNB et sa part dans le total des dépenses
réparties. L'on applique alors cette différence au total des
dépenses et l'on multiplie le résultat par 0,66 % puisque
l'Union ne prend en charge que les 2/3 du déséquilibre
britannique.
Cette somme vient en déduction de la contribution-TVA du Royaume-Uni.
Elle est compensée par les autres Etats membres au prorata de leur part
dans la quatrième ressource, la contribution PNB.
L'Allemagne bénéficie d'un traitement de faveur puisque sa part
de la compensation est réduite d'1/3.
Le tableau ci-après rend compte des montants de la correction
britannique qui s'est élevée en 1998 à 3,2 milliards
d'écus soit près du quart de la contribution versée par le
Royaume-Uni cette année là.
Montants de la correction britannique
|
|
|
Solde moins correction |
Autres
|
Correction budgétaire |
|||||
|
(1) |
(2) |
(3) = (1) - (2) |
(4) |
(5) = (2) + 4 |
|||||
|
Mécus |
% PNB |
Mécus |
% PNB |
Mécus |
% PNB |
Mécus |
% PNB |
Mécus |
% PNB |
1985 |
2.847,0 |
0,50 |
1.879,0 |
0,33 |
968,0 |
0,17 |
- 897,6 |
- 0,16 |
981,4 |
0,16 |
1986 |
2.748,0 |
0,46 |
1.813,7 |
0,30 |
934,3 |
0,16 |
57,4 |
0,01 |
1.871,1 |
0,33 |
1987 |
3.310,1 |
0,50 |
2.194,7 |
0,33 |
1.115,4 |
0,17 |
- 381,0 |
- 0,06 |
1.813,7 |
0,30 |
1988 |
3.943,0 |
0,57 |
2.150,6 |
0,31 |
1.792,4 |
0,26 |
44,0 |
0,01 |
2.194,6 |
0,32 |
1989 |
4.272,3 |
0,57 |
2.516,6 |
0,34 |
1.755,7 |
0,24 |
- 324,8 |
- 0,04 |
2.191,8 |
0,29 |
1990 |
3.833,8 |
0,51 |
2.452,4 |
0,32 |
1.381,4 |
0,18 |
41,3 |
0,01 |
2.493,7 |
0,33 |
1991 |
4.331,1 |
0,54 |
2.787,0 |
0,34 |
1.544,1 |
0,19 |
773,5 |
0,10 |
3.560,5 |
0,44 |
1992 |
4.164,7 |
0,52 |
2.659,7 |
0,33 |
1.505,1 |
0,19 |
- 86,4 |
- 0,01 |
2.573,3 |
0,32 |
1993 |
4.706,6 |
0,59 |
2.940,3 |
0,37 |
1.766,3 |
0,22 |
219,7 |
0,03 |
3.160,0 |
0,39 |
1994 |
3.575,8 |
0,42 |
2.276,5 |
0,27 |
1.299,3 |
0,15 |
36,8 |
0,00 |
2.313,3 |
0,27 |
1995 |
4.686,3 |
0,55 |
3.079,1 |
0,36 |
1.607,2 |
0,19 |
-1.611,0 |
-0,19 |
1.468,1 |
0,17 |
1996 |
4.570,6 |
0,50 |
2.856,5 |
0,31 |
1.714,1 |
0,19 |
88,8 |
0,01 |
2.945,3 |
0,32 |
1997 |
3.442,7 |
0,30 |
1.977,5 |
0,17 |
1.465,2 |
0,13 |
481,3 |
0,04 |
2.458,8 |
0,22 |
1998 |
6.945,0 |
0,56 |
3.931,2 |
0,32 |
3.013,8 |
0,24 |
- 700,6 |
- 0,06 |
3.230,6 |
0,26 |
1) Parmi les autres facteurs, il faut compter l'ajustement du calcul définitif de l'année n - 4 et les effets de taux de change
Le
" chèque " britannique explique l'écart
considérable entre le poids relatif du PIB du Royaume-Uni (16,1 %
en 1997) et celui de sa contribution au budget de l'Union (11,8 % en 1997).
Il convient d'éliminer une " correction " qui choque
l'équité contributive.
Après avoir brièvement évoqué le paradoxe d'une
situation où la communautarisation des droits de douane est
associée au maintien d'administrations douanières nationales
qu'on peut supputer n'être pas entièrement incitative,
l'on
peut alors conclure à l'équité global du système de
financement de l'Union européenne à l'exception notable du sort
privilégié du Royaume-Uni et sous réserve d'une
sincérité des référents et, en particulier, des
données relatives au PIB.
Le tableau ci-après rend compte à titre d'illustration des
transferts de charge résultant de la situation privilégiée
du Royaume-Uni pour quatre Etats membres
Coût de la correction en faveur du Royaume-Uni pour
l'Allemagne,
les Pays-Bas, l'Autriche et la Suède
(pourcentage du PNB, données courantes 1995-1997, APB 1999)
|
Allemagne |
Pays-Bas |
Autriche |
Suède |
1995 |
0,02 |
0,03 |
0,03 |
0,03 |
1996 |
0,03 |
0,05 |
0,05 |
0,05 |
1997 |
0,03 |
0,05 |
0,05 |
0,05 |
1999 |
0,04 |
0,07 |
0,07 |
0,07 |
Mais, la France est le premier financeur de la " correction " britannique comme le démontre le tableau ci-après.
Total de la répartition de la correction
Etats membres |
Exercice 1999 |
Belgique |
162.900.400 |
Danemark |
108.119.604 |
Allemagne |
800.069.267 |
Grèce |
77.493.563 |
Espagne |
362.072.873 |
France |
924.947.320 |
Irlande |
44.053.494 |
Italie |
759.510.938 |
Luxembourg |
11.592.005 |
Pays-Bas |
246.647.079 |
Autriche |
137.109.759 |
Portugal |
68.524.417 |
Finlande |
78.484.803 |
Suède |
149.689.786 |
Royaume-Uni |
- 3.931.215.308 |
Total |
0 |
C. UN MEILLEUR CONTRÔLE DÉMOCRATIQUE S'IMPOSE
Cependant, autre aspect des problèmes politiques
posés par le système des ressources propres, l'idée
européenne doit reposer aussi sur des mécanismes
démocratiques. Sous cet angle, les modalités de financement du
budget européen ne sont pas satisfaisantes
. Le consentement à
l'impôt européen est, pour le moins, dilué du fait des
réalités institutionnelles qui connotent le système :
- l'impopularité du prélèvement n'est pas
assumée par les décideurs effectifs, ce qui est
déresponsabilisant ;
- le prélèvement n'est pas réellement débattu.
Au fond, le financement de l'Europe reste assis sur un système de
contributions des Etats, l'idée de ressourcesropres ne parvenant pas
à franchir un stade autre que purement lexical.
Chacune de ces caractéristiques pose problème et doit être
débattue. Il faut, en particulier, poser trois questions :
- quel degré de consentement démocratique au
prélèvement européen exiger ?
- quelle organisation mettre en place pour que ce consentement soit
effectif ?
- quel arbitrage prononcer entre un système de contributions
étatiques et un système de prélèvement
européen ?
Il est important et urgent d'apporter des réponses à ces
questions.
En l'état, la seule garantie démocratique qui entoure le
système passe par un débat national intervenant suffisamment en
amont des négociations budgétaires pour que le Parlement puisse
déterminer les orientions qu'il souhaite voir défendues par
l'exécutif.
Un tel débat ne peut évidemment être
considéré comme l'équivalent du consentement à
l'impôt qui historiquement a fondé la démocratie et qui
continue d'en être une composante essentielle.
Mais au moins aurait-t-il le mérite de clarifier les enjeux du budget
européen au niveau national et de déboucher sur une expression
démocratique.
Au regard de ce souci, il faut se réjouir des discussions
désormais organisées systématiquement à l'occasion
de l'examen de l'article du projet de loi de finances qui évalue le
prélèvement sur recettes au profit du budget communautaire.
Ce débat n'a cependant pas de contenu décisoire compte tenu de
l'obligation d'honorer les traités. Sa vocation est donc d'offrir un
lieu de discussion, d'information et de contrôle. Il conviendrait de lui
assurer une plus grande portée.
A cet égard, l'on doit également souligner tout
l'intérêt des débats portant sur les avant-projets de
budget présentés par la Commission.
C'est cette considération qui conduit à souhaiter
l'amélioration de l'examen par le Parlement desdits avant-projets. Leur
discussion au Parlement devrait être systématisée. Surtout,
le débat devrait tenir compte des réalités
institutionnelles qui voient l'exécutif en charge des
négociations avec nos partenaires. C'est dire que la discussion ne
devrait pas seulement partir de la proposition d'acte communautaire transmise
dans le cadre de l'article 88-4 de la Constitution.
Elle devrait s'établir également à partir des positions de
négociations élaborées par l'exécutif. A cette fin,
celui-ci devrait présenter un rapport précisant son
appréciation propre de l'avant-projet de budget et les conclusions qu'il
en tire dans la perspective des négociations budgétaires.
Ce rapport devrait par ailleurs -v. chapitre II- être l'occasion de
présenter un bilan le plus complet possible de l'exécution du
budget communautaire au cours de l'année
précédente.
CHAPITRE II
LA PROGRAMMATION DES
DEPENSES
Une
analyse fine de la programmation des dépenses telle qu'elle est
proposée par la Commission ne doit pas conduire à occulter
l'impression d'ensemble d'une grande continuité, certains diraient d'un
" statu quo ", par rapport à la programmation actuelle.
Au-delà des passions suscitées par chacun des dossiers ouverts,
c'est bien la permanence qui l'emporte.
Le partage du budget suscite toutes les convoitises mais le budget reste
à peu de choses près le même.
Autre élément de continuité, la dynamique d'expansion se
poursuit sur un rythme rapide contrairement à l'affichage de la
Commission.
De ces deux points de vue, les perspectives financières 2000-2006
démontrent, prises globalement, la force de l'inertie.
Ce constat appelle à s'interroger sur la justification du choix de la
continuité et sur les risques d'une telle option dans le contexte
mouvant qu'est celui de la construction européenne.
L'Europe suscite des convoitises ce que démontre malheureusement assez
l'ambiance détestable qui entoure les négociations relatives aux
futures perspectives financières. Mais, heureusement, l'Europe suscite
aussi beaucoup d'engouements et d'attentes.
L'attente c'est d'abord celle des candidats à l'adhésion, des
aspirants à l'Union Européenne. C'est un choix politique fort de
ne pas la décevoir. C'est aussi une responsabilité politique
exigeante que de reconnaître que ce choix sera coûteux.
L'habillage des perspectives financières proposées tend à
atténuer cette reconnaissance. Ce n'est pourtant pas le moindre de ses
paradoxes que de la dévoiler, mais subrepticement.
L'attente c'est aussi celle des citoyens d'Europe qui dans chacun des Etats
réclament que la dimension européenne s'affirme davantage dans le
sens d'une Europe puissante prenant son destin en mains et capable de s'imposer
dans le contexte d'une mondialisation qui ne serait plus subie. Une telle
Europe doit aller à l'essentiel et s'imposer l'efficacité et
l'efficience. Elle doit démonter sa capacité d'entraînement
et retrouver le respect de ses principes fondamentaux.
L'un d'entre eux, la subsidiarité, doit être constamment
rappelé. Derrière ce " quasi-néologisme "
européen se cache en effet un grand principe à deux faces. L'une
est négative : l'Europe ne doit pas se mêler de ce qui
relève des Etats. L'autre est positive : l'Europe doit s'affirmer
quand la dimension européenne vaut plus que la dimension
étatique.
Ce n'est que débarrassée du rêve de supplanter les Etats
que l'Europe deviendra vraiment elle-même.
C'est avec cette exigence en tête que doit être conduite
l'appréciation des propositions budgétaires de la
Commission.
I. LA PROGRAMMATION DES DIFFERENTES RUBRIQUES
Les développements qui suivent passent en revue la programmation de 4781,4 milliards de francs de crédits d'engagement rubrique par rubrique en mentionnant les traits essentiels des réformes proposés par la Commission.
A. LES CRÉDITS AGRICOLES (RUBRIQUE 1)
1. Un cadrage financier confortable en apparence
2000 : 42.650 millions d'euros
2006 : 43.298 millions d'euros
Les
crédits agricoles absorberaient
341,4 milliards d'euros entre
2000
et 2006
, soit 46,9 % des crédits pour engagements.
Toutefois, la rubrique 1 qui, dans la programmation actuelle, regroupe les
seuls crédits de la politique agricole commune (PAC), serait
réformée. Aux crédits nécessaires à la PAC
viendraient en effet s'ajouter les crédits ouverts pour préparer
les futurs Etats membres à leur adhésion et les crédits
autrefois logés dans d'autres rubriques relatifs au développement
rural dans les régions autres que d'objectif 1, aux mesures
structurelles dans le secteur de la pêche et aux mesures
vétérinaires et phytosanitaires. L'instrument de
pré-adhésion agricole serait doté de 520 millions
d'euros par an tandis que la prise en charge par le FEOGA-garantie de mesures
nouvelles se traduirait par un surcoût un peu supérieur à
2 milliards d'euros par an.
La prise en compte de ces charges nouvelles ramène la progression en
volume de la ligne directrice agricole à 1,2 % par an contre une
progression apparente de 1,9 % l'an
.
Le tableau ci-après rend compte de la programmation des dépenses
agricoles exprimées cette fois en termes nominaux en mentionnant le
cadrage proposé pour les crédits de paiement.
Estimation de l'évolution des dépenses
agricoles
(prix courants)
Millions d'euros |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Ligne
directrice
|
45.205 |
46.940 |
48.750 |
50.630 |
52.600 |
54.650 |
56.790 |
59.020 |
Dépenses
agricoles
|
40.400 |
42.650 |
45.710 |
47.515 |
49.040 |
49.250 |
49.270 |
49.360 |
Communauté à Quinze |
40.400 |
42.120 |
45.170 |
46.965 |
48.480 |
48.680 |
48.680 |
48.760 |
PAC réformée (mesures de marché) |
37.800 |
37.275 |
40.280 |
42.035 |
43.510 |
43.670 |
43.620 |
43.670 |
Mesures d'accompagnement de développement rural et mesures horizontales dans le domaine de la pêche |
|
|
|
|
|
|
|
|
Mesures vétérinaires et phytosanitaires |
|
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
Aide préadhésion (**) |
|
530 |
540 |
550 |
560 |
570 |
590 |
600 |
Marge |
4.805 |
4.290 |
3.040 |
3.115 |
3.560 |
5.400 |
7.520 |
9.660 |
Dépenses estimées pour l'adhésion |
|
|
|
1.700 |
2.200 |
2.700 |
3.300 |
3.900 |
Source : proposition E 1049
Le
glissement de la ligne directrice agricole
, indexée sur
74 % de la croissance en valeur du PIB
2(
*
)
conduirait à une progression uniforme de l'ordre de 3,9 % l'an, un
peu supérieure à la croissance annuelle de la ligne directrice
agricole observée entre 1996 et 1999. On rappelle que la ligne
directrice agricole constitue le plafond des dépenses agricoles et que
pour juger des dépenses agricoles l'attention doit être
centrée sur l'évolution des crédits de paiement
proposés par la Commission.
De ce point de vue, l'on doit noter que
la
progression des
dépenses agricoles
en valeur serait, elle, plus
modérée avec une croissance annuelle moyenne de 2,7 %
à partir du niveau atteint en 1999.
Cette progression globale s'accompagnerait d'une croissance des crédits
nécessaires aux seuls besoins de la PAC, dont on suppose acquise la
réforme, de 2,1 % par an.
Le dynamisme de l'ensemble de dépenses agricoles serait plus grand du
fait de l'introduction de charges nouvelles dans la rubrique 1 dans le domaine
du développement rural, des mesures vétérinaires et
phytosanitaires et de l'aide pré-adhésion.
Au total, la marge disponible sous la ligne directrice agricole après un
mouvement de réduction en début de période dû
à la montée en charge de la réforme de la PAC augmenterait
à partir de 2003 pour se situer en fin de période à
9,7 milliards d'euros. Ce dernier chiffre doit être rapproché
de celui de la marge prévue pour 1999 (4,8 milliards d'euros) -il
en représente à peu près le double-, et de celui des
dépenses agricoles que nécessiterait
l'élargissement : 3,9 milliards d'euros en 1999.
Ainsi, selon la Commission le mécanisme de la ligne directrice
agricole permettrait tout à la fois une croissance des dépenses
de la PAC de 2,1 % l'an, soit une stabilisation en volume, et un
financement sans difficulté des dépenses agricoles
résultant de l'adhésion.
2. D'importantes inconnues
Cette
estimation est cependant tributaire de l'adoption de la réforme de la
PAC et de la réalisation effective des hypothèses relatives aux
principales variables d'évolution des dépenses de la PAC
.
La réforme de la PAC proposée par la Commission tourne autour
d'un approfondissement de la baisse des prix d'intervention compensé par
une augmentation des aides directes versées aux producteurs.
Le prix d'intervention des céréales serait réduit de
20 % en une étape (1
er
juillet 2000) tandis que les
aides directes seraient accrues de la moitié de la baisse des prix. Les
prix d'intervention de la viande bovine seraient abaissés en trois
étapes de 30 %, ce qui serait compensé par une augmentation
des primes et par l'octroi d'aides complémentaires gérées
par les Etats dans le cadre toutefois de règles communes. S'agissant du
secteur laitier, la Commission propose le maintien des quotas, la baisse
progressive des prix de soutien compensée par un relèvement des
aides directes rendant, selon elle, possible une augmentation elle-même
progressive du volume des quotas.
La réforme de la PAC s'accompagne également de la promotion
d'éléments de modulations avec en particulier la
dégressivité des aides versées au-delà d'un montant
total par agriculteur de 100.000 écus. La Commission propose de
réduire de 20 % les aides excédant 100.000 écus
jusqu'à 200.000 écus et de 25 % les aides qui
excèdent ce dernier montant.
L'économie de la réforme proposée déboucherait sur
une modification de la structure des dépenses du FEOGA.
FEOGA-Garantie : évolution des dépenses agricoles
1989-2005
(en % du total des dépenses du FEOGA)
Intitulé |
1989 |
1993 |
1997 |
2001 |
2005 |
Cultures arables |
25,6 |
30,7 |
43,1 |
44,4 |
41,5 |
Sucre |
8,1 |
6,3 |
4,0 |
4,1 |
3,8 |
Huile d'olive |
6,0 |
7,1 |
5,4 |
5,4 |
5,0 |
Fourrages séchés et légumes secs |
0,9 |
1,5 |
0,9 |
0,9 |
0,8 |
Plantes textiles et vers à soie |
2,5 |
2,5 |
2,2 |
2,0 |
1,8 |
Fruits et légumes |
4,2 |
4,8 |
3,9 |
4,5 |
4,1 |
Produits du secteur viti-vinicole |
4,7 |
4,4 |
2,5 |
1,9 |
1,7 |
Tabac |
4,7 |
3,4 |
2,5 |
2,4 |
2,2 |
Autres produits végétaux |
0,8 |
0,8 |
0,7 |
1,0 |
0,9 |
Total titre 1 |
57,4 |
61,5 |
65,2 |
66,4 |
61,9 |
Lait et produits laitiers |
20,4 |
15,1 |
7,7 |
7,4 |
9,7 |
Viande bovine |
10,0 |
11,5 |
16,3 |
13,3 |
17,0 |
Viande ovine et caprine |
6,0 |
5,2 |
3,5 |
4,5 |
4,2 |
Viande porcine |
1,1 |
0,6 |
1,2 |
0,1 |
0,1 |
OEufs et volailles |
1,0 |
0,8 |
0,2 |
0,0 |
0,0 |
Autres produits animaux |
0,0 |
0,4 |
0,2 |
0,3 |
0,2 |
Pêche |
- 0,1 |
0,1 |
0,1 |
0,2 |
0,2 |
Total titre 2 |
38,4 |
33,7 |
29,2 |
25,7 |
31,4 |
Produits hors annexe II |
2,3 |
2,1 |
1,4 |
0,8 |
0,6 |
MCA, MCM et aides agromonétaires |
1,5 |
0,4 |
|
|
|
Aide alimentaire |
0,5 |
0,5 |
0,0 |
0,8 |
0,6 |
Intérêts à verser aux Etats membres |
0,2 |
0,3 |
0,0 |
|
|
Distribution aux défavorisés |
0,5 |
0,4 |
0,5 |
|
|
Mesures de lutte contre la fraude |
|
0,2 |
0,1 |
0,1 |
0,1 |
Apurement des comptes |
- 0,8 |
- 1,1 |
- 2,1 |
|
|
Développement rural |
|
0,0 |
0,0 |
|
|
Actions de promotion |
|
1,3 |
0,1 |
0,2 |
0,2 |
Autres mesures |
|
0,0 |
0,5 |
|
|
Total titre 3 |
4,2 |
4,1 |
0,5 |
1,9 |
0,6 |
Aide au revenu |
|
0,1 |
0,0 |
|
|
Mesures d'accompagnement |
|
0,6 |
5,1 |
6,5 |
6,0 |
Total FEOGA |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
Source 1989 : comptes de la commission ; 1993 et
1997 : Rapport financier concernant le FEOGA, section
" garantie " -exercice 1997- COM (1998) 552 final ; 2001 et
2005 : Agenda 2000 ; % calculés par la Cour des
comptes.
La part des dépenses consacrées aux productions
végétales, après avoir beaucoup progressé, se
réduirait de 4,5 points entre 2001 et 2005, tandis que celle des
productions animales s'accroîtrait de 5,7 points.
On note la faiblesse persistante des actions de promotion financées par
le FEOGA.
Surtout la réforme accentuerait la réorganisation du soutien
public à l'agriculture européenne en amplifiant la substitution
entre les dépenses d'intervention et les aides directes
. En moyenne
annuelle, sur la période 2004-2006, les aides directes et les
mesures structurelles représenteraient près de 82 % des
dépenses contre environ 9 % de crédits consacrés aux
interventions.
Les enjeux principaux de cette stratégie sont, dans le cadre d'une
Europe à 15, les suivants : la baisse des prix d'intervention
européens permettra-t-elle de rapprocher ces prix des prix du
marché mondial ? l'évolution des aides directes telle
qu'elle est proposée par la Commission est-elle admissible par les
producteurs ?
Sur le premier point, les estimations de la Commission sont bâties sur
des hypothèses de demande de produits agricoles, de parités
dollar-euro et de croissance du PIB plutôt favorables et donc
contestables.
Sur le second point, il est frappant d'observer la quasi-stagnation en valeur
des dépenses agricoles à partir de 2003 synonyme de
réduction en volume. Autrement dit, la stabilité en termes
réels des dépenses agricoles de l'Europe à 15 sur la
période résulterait d'une évolution très
contrastée avec, dans un premier temps, une progression de la
dépense agricole en volume, puis une diminution du volume de la
dépense agricole.
La mesure dans laquelle une semblable évolution est tenable
dépend pour beaucoup de l'évolution socio-économique de
l'agriculture européenne dans les années à venir :
prix de marché, nombre de producteurs...
Face à ces incertitudes la réforme est contestée.
L'opportunité d'un transfert du soutien par les prix vers un soutien par
le contribuable, de l'application de ce transfert à tous les secteurs
quelle que soit leur vocation exportatrice est mise en doute.
La prise en compte par la Commission de la contrainte internationale avant
même le déroulement des négociations de l'Organisation
mondiale du commerce est critiquée.
La promotion sous-jacente d'un modèle d'agriculture productiviste et
exportatrice est mise en cause.
D'un autre côté, l'approfondissement d'un système d'aides
directes quelque peu asymétrique suscite des interrogations au regard de
l'évolution du monde agricole depuis la réforme de 1992
marquée par la concentration. Des modulations sont
évoquées dont les effets sont présentés avec une
certaine imprécision.
Mais, la contestation vient surtout de quelques uns de nos partenaires, les
mêmes qui ont dicté, dans le passé, les principes de la PAC
dans le souci d'améliorer leurs " retours
budgétaires ". Une renationalisation de la politique agricole
commune est demandée. La prise en compte d'une telle exigence
reviendrait à renier les principes fondamentaux de la politique
communautaire la plus éminente : l'unicité du marché
ne serait plus ; la solidarité financière serait
démantelée ; la PAC disparaîtrait.
Une telle remise en cause ne pourrait que déboucher sur une remise en
question de l'ensemble de l'acquis communautaire et des autres interventions
budgétaires de l'Union.
Il faut donc évacuer une telle approche et se centrer sur
l'essentiel, c'est-à-dire sur la définition d'un projet agricole
européen. C'est d'autant plus nécessaire qu'un
élément capital d'incertitude doit être souligné,
qui tient à l'impact de l'élargissement sur la PAC
. A cet
égard, les baisses de prix d'intervention sont évidemment
destinées à réduire l'écart entre ces prix et les
prix agricoles des nouveaux membres. Il s'agit donc d'atténuer le
conflit entre la PAC et l'élargissement. Mais, tout n'est pas
réglé pour autant. Comme souligné dans l'avis de la Cour
des comptes européenne du 29 octobre 1998, l'estimation de la
Commission repose en la matière sur l'hypothèse que les
agriculteurs des nouveaux membres ne bénéficieraient pas des
aides directes. Cette hypothèse, qui n'est pas sans fondement compte
tenu du caractère compensatoire de ces aides, est cependant fragile au
regard du principe d'homogénéité des règles
européennes. La Cour estime que sous l'hypothèse d'un versement
intégral des aides directes aux producteurs des nouveaux membres, les
dépenses budgétaires supplémentaires
s'élèveraient en moyenne à 3,3 milliards
d'écus chaque année.
Les tableaux ci-après illustrent les nombreuses incertitudes qui
s'attachent aux prévisions de la Commission.
Evolution
de la ligne directrice et des dépenses agricoles entre 2000 et 2006
Hypothèse Agenda 2000 Commission
1
(Mio ECU)
|
|
Nouvelles mesures vétérinaires et structurelles |
|
|
|
2000 |
46.940 |
2.045 |
530 |
40.075 |
42.650 |
2001 |
48.750 |
2.090 |
540 |
43.100 |
45.730 |
2002 |
50.940 |
2.130 |
2.250 |
44.855 |
49.235 |
2003 |
52.990 |
2.170 |
2.760 |
46.330 |
51.260 |
2004 |
55.120 |
2.210 |
3.270 |
46.490 |
51.970 |
2005 |
57.350 |
2.250 |
3.890 |
46.440 |
52.580 |
2006 |
59.680 |
2.290 |
4.500 |
46.460 |
53.250 |
(*) Aide
préadhésion, mesures de marché PAC et mesures de
développement rural et d'accompagnement
Source : Agenda 2000, hypothèse réforme, COM (1998) 158
final
1. L'écart entre les chiffres du tableau et celui des perspectives
financières provient outre du fait que le tableau ci-dessus est
exprimé en euros courants de ce que les perspectives financières
ont quelque peu réduit la base de départ de la ligne directrice
agricole.
Hypothèse Agenda 2000 révisée par la Cour
(Mio ECU)
|
Ligne
directrice
|
Nouvelles mesures vétérinaires et structurelles (2) |
|
|
|
2000 |
46.681 |
2.045 |
530 |
40.655 |
43.230 |
2001 |
48.340 |
2.090 |
540 |
44.090 |
46.720 |
2002 |
50.370 |
2.130 |
5.550 |
45.975 |
53.655 |
2003 |
52.240 |
2.170 |
6.110 |
47.430 |
55.710 |
2004 |
54.190 |
2.210 |
6.640 |
47.750 |
56.600 |
2005 |
56.210 |
2.250 |
7.150 |
47.750 |
57.150 |
2006 |
58.310 |
2.290 |
7.670 |
47.770 |
57.730 |
Notes : (1) Hypothèses retenues par la Cour :
- croissance : 2,4 % l'an de 1998 à 2000 inclus,
2 % l'an en 2001 et 2,095 % de 2002 à 2006 pour tenir compte
à partir de cette date de l'adhésion des six nouveaux Etats
membres. Pour ces derniers, seul l'accroissement en volume de leur PNB
estimé à 3,8 % l'an a été pris en
considération en en pondérant le poids par leur participation
à la formation du PNB communautaire.
- déflateur : 2,1 % l'an.
Les estimations de croissance et d'érosion inflationniste sont
conformes aux hypothèses basses de l'OCDE qui vu la conjoncture ont de
fortes probabilités de se réaliser. Pour sa part, le FMI
prévoit également une croissance d'environ 2 % sur la
période.
(2) Conforme aux chiffres de la Commission
(3) Concerne les aides préadhésion, les mesures de
marché PAC et les mesures de développement rural et
d'accompagnement. Les dépenses relatives aux mesures de marché
PAC sont estimées sur la base des données figurant dans les avis
de la Commission sur les demandes d'adhésion des six pays candidats (Com
(93) 303, COM (97) 2001/2002/2006/2009/2010).
(4) La différence avec les chiffres de la Commission provient des
éléments suivants :
- cultures arables : prix des céréales sur le
marché mondial retenu plus faible, entraînant des dépenses
plus élevées au titre des restitutions à l'exportation
et/ou pour la dépréciation des stocks estimées entre 420
et 580 Mio ECU par an,
- lait et produits laitiers : accroissement de la demande moindre
entraînant des coûts d'écoulement de ces produits
estimés entre 40 et 230 Mio ECU par an,
- viande bovine : accroissement de la demande moindre
entraînant des coûts de stockage supplémentaires
estimés entre 120 et 310 Mio ECU par an,
- viande ovine et caprine : baisse du prix interne de ce produit
entraînant le paiement d'aides directes supplémentaires
estimées à 350 Mio ECU par an.
Source : Estimations de la Cour
Elles sont telles que, moyennant des hypothèses de croissance
économique, d'alignement des prix européen et mondial et
d'extension du régime de la PAC aux nouveaux Etats membres moins
favorables que celles retenues par la Commission, l'on peut démontrer
l'insuffisance sur la presque quasi-totalité de la période de la
ligne directrice agricole.
En résulteraient la nécessité de la réviser, et
partant, celle d'accroître les crédits de paiement
consacrés à l'agriculture et donc l'appel à contribution
des Etats-membres.
A moins que les crédits consacrés à soutenir les actions
de développement rural, classés dans la catégorie des
dépenses non obligatoires, soient appelés dans l'esprit de la
Commission à faire office de volet d'ajustement... Eventualité
qu'il faut fermement refuser compte tenu de l'importance de financer le monde
rural.
B. LES CRÉDITS " D'ACTIONS STRUCTURELLES " (RUBRIQUE 2)
2000 : 36 640 millions d'euros
2006 : 32 470 millions d'euros
Les " actions structurelles " seraient dotées d'une enveloppe
des crédits d'engagement de
246,7 milliards d'euros.
Corrigée des biais de structure -le glissement vers la rubrique 1 de
certaines actions en milieu rural ou encore la prise en compte de
" mesures pré-adhésion "-, l'enveloppe réelle
des " actions structurelles " serait de l'ordre de 255 milliards
d'euros.
S'agissant des seuls crédits désormais inscrits sous la rubrique
2 des perspectives financières, ils peuvent être
décomposés comme suit :
Fonds structurels : 218,4 milliards d'euros soit 88,5 % du total
Fonds de cohésion : 21 milliards d'euros soit 8,5 % du
total
Instrument pré-adhésion : 7,28 milliards d'euros
soit 3 % du total
Total : 246,68 milliards d'euros
L'utilisation des moyens disponibles s'inscrirait dans un dispositif
réformé qui permettrait de réduire progressivement le
montant des crédits d'engagement destinés à financer la
politique de cohésion. Les principales caractéristiques du
nouveau dispositif seraient les suivantes.
Tout d'abord, les principes fondamentaux de la réforme de 1988
seraient maintenus :
la subsidiarité, le partenariat,
l'additionnalité et la concentration.
Ensuite, l'existence des cinq fonds le FEDER, le FSE, le FEOGA-orientation,
l'IFOP et le Fonds de cohésion serait elle aussi maintenue.
En revanche,
le nombre des objectifs des actions structurelles serait
réduit passant des sept objectifs actuels
(4 objectifs
régionaux : les objectifs 1, 2, 5b et 6 et 3 objectifs
nationaux : les objectifs 3, 4 et 5 a)
à 3 objectifs
seulement
:
2 objectifs régionaux
: l'objectif 1 visant
à promouvoir le développement et l'ajustement structurel des
régions en retard de développement et l'objectif 2 visant
à soutenir la reconversion économique et sociale des zones en
difficulté structurelle ;
1 objectif national
: l'objectif 3 visant à
soutenir l'adaptation et la modernisation des politiques et systèmes
d'éducation, de formation et d'emploi.
A cette concentration thématique, serait associée une
concentration des interventions qui, touchant aujourd'hui plus de 50 % de
la population européenne, serait centrées à l'avenir sur
une frange de 35 à 40 % de cette population.
Les régions concernées par les interventions au titre de
l'
objectif 1
seraient, comme à présent, les
régions dont le PIB par habitant aura été
inférieur au cours des trois dernières années à
75 % de la moyenne communautaire ainsi que les régions
ultrapériphériques et, nouveauté, les zones
antérieurement concernées par l'objectif 6 paragraphe 1.
Mais, réforme essentielle, les souplesses ménagées par la
réglementation en vigueur pour étendre le champ d'intervention au
titre de l'objectif 1 disparaîtraient.
Les zones visées par l'
objectif 2
seraient celles qui sont
confrontées à des problèmes structurels de reconversion
économique et sociale et dont la population ou la superficie sont
significatives.
La Commission propose de réserver les financements de l'objectif 2
à 18 % de la population européenne et de déterminer
les populations et les zones éligibles dans chaque Etat à partir
d'un système complexe reposant principalement sur des critères
relatifs à la situation de l'emploi mais aussi tenant compte des
priorités nationales et de la situation acquise au terme de la
programmation en cours (filet de sécurité).
Les zones concernées par les financements de l'
objectif 3
seraient celles qui ne sont pas visées par les deux autres objectifs.
Le fonds de cohésion
serait maintenu au profit des Etats dont le
PIB par habitant est inférieur à 90 % de la moyenne
communautaire.
Au sein des fonds structurels
, la Commission conserverait la latitude de
promouvoir des programmes d'initiative communautaire (PIC). Les PIC,
actuellement au nombre de 13 seraient désormais orientés autour
de 3 thèmes : la coopération interrégionale, le
développement rural et celui des ressources humaines.
Surtout, le montant disponible pour financer les PIC serait ramené de 9
à 5 % du total des ressources des fonds structurels.
Enfin, 1 % des dotations des fonds structurels pourrait être
mobilisé pour financer des actions innovatrices et d'assistance
technique.
La répartition des financements entre les différents
objectifs n'est pas entièrement précisée
. Hormis les
capacités de tirage indiquées ci-dessous pour financer les PIC ou
les actions innovatrices et les décisions proposées quant au
montant du fonds de cohésion, il est posé en principe que
les
2/3 des engagements disponibles seraient réservés à
l'objectif 1
. La répartition des financements résiduels
entre les deux autres objectifs n'est pas tranchée.
Toutefois, la Commission a proposé un mécanisme
réduisant la portée de l'exercice de programmation : une
" réserve de performance " de 10 % serait allouée
à mi-parcours par la Commission. Cette innovation doit être
récusée. Elle est en effet susceptible d'exercer des effets
pervers, les Etats se trouvant incités à dépenser leurs
enveloppes à tout prix.
Enfin, un dispositif de " sortie en sifflet " est proposé au
bénéfice des régions et zones qui ne
bénéficieraient plus de l'éligibilité aux fonds
structurels.
Des modifications sont introduites quant à la gestion des
crédits d'actions structurelles
.
Si les règles relatives aux taux d'intervention seraient globalement peu
modifiées, en revanche quelques inflexions méritent d'être
soulignées :
- une volonté de
décentralisation
accrue qui passe en
particulier par la désignation d'une autorité unique de gestion
pour chaque intervention, par la constitution d'un comité de suivi
national et par l'instauration d'une procédure de subvention globale
gérée " in situ " par des intermédiaires
agréés pour financer des initiatives locales ;
- une volonté de cohésion avec une unicité de
programmation au sein d'un même document pour les objectifs 2 et 3, une
période uniforme de programmation, une association en partenariat de
tous les échelons concernés, l'affirmation du principe de
compatibilité des interventions avec les autres politiques
communautaires (politique de l'environnement, de la concurrence, de
l'emploi...) ;
- une volonté de
saine gestion financière
avec en
particulier le dégagement des crédits non utilisés au
terme d'un délai de deux années, l'utilisation des
intérêts acquis aux Etats membres à partir des avances
communautaires au profit des objectifs poursuivis dans le cadre du versement de
ces avances et la promotion d'un mécanisme d'avance de 10 % des
programmes.
C. LES POLITIQUES INTERNES (RUBRIQUE 3)
2000 : 6.390 millions d'euros
2006 : 7.600 millions d'euros
A mesure qu'était étendu le champ de compétences de la
Communauté, les politiques internes se sont accumulées.
Une nouvelle extension devrait se produire lorsque sera définitivement
adopté le Traité d'Amsterdam puisque celui-ci prévoit le
financement communautaires des actions relevant de la justice et des affaires
intérieures et, sauf décision contraire, des actions continuent
à relever du troisième palier de l'Union.
Dans ce contexte de multiplication des politiques internes, la concentration
des moyens budgétaires autour de la politique de recherche s'est
imposée. La montée en charge des crédits relatifs aux
réseaux transeuropéens quelque peu freinée par la
priorité accordée à la recherche ne s'en est pas moins
poursuivie. Il en est résulté un éclatement des
crédits restant disponibles entre le kaléidoscope des autres
politiques internes.
Le tableau ci-après rend compte de ce phénomène.
|
Exécution 1997 |
Budget 1998 |
Projet 1999 |
|||
|
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
Education, form prof. et jeun. |
378 |
354 |
411 |
369 |
305 |
328 |
Initiative emploi |
51 |
32 |
191 |
100 |
197 |
123 |
Marché intérieur |
185 |
172 |
157 |
1477 |
144 |
124 |
Autres actions agricoles |
169 |
150 |
146 |
121 |
142 |
127 |
Environnement |
132 |
129 |
141 |
128 |
137 |
144 |
Autres actions sociales |
166 |
145 |
165 |
151 |
109 |
116 |
Industrie |
84 |
96 |
84 |
77 |
92 |
94 |
Culture, audiovisuel |
107 |
118 |
99 |
108 |
77 |
79 |
Information, comm. |
107 |
110 |
103 |
84 |
72 |
94 |
Energie |
37 |
36 |
33 |
37 |
30 |
31 |
Protection consommateurs |
20 |
17 |
21 |
21 |
22 |
20 |
Justice, affaires intérieures |
12 |
2 |
14 |
16 |
17 |
8 |
Autres |
149 |
144 |
138 |
128 |
128 |
118 |
Total autres politiques |
1.606 |
1.504 |
1.703 |
1.487 |
1.470 |
1.396 |
Dans
ces conditions, la volonté affichée par la Commission de
concentrer les politiques internes sur quelques domaines d'interventions
privilégiées est louable.
Avant de décliner ces priorités, il convient d'observer que les
crédits ouverts au titre des politiques interness'accroîtraient
sensiblement, de l'ordre de 2,9 % l'an en volume entre 2000 et 2006. Cette
rubrique connaîtrait le taux de progression des crédits
d'engagement le plus fort.
Dans ce cadre, la priorité continuerait selon la Commission
d'être accordée à la politique de recherche dont la part
dans le total des crédits des politiques internes, dit la Commission,
serait maintenue. Cette dernière affirmation est sans doute un peu vague
puisque si à Edimbourg il avait été décidé
qu'un volet oscillant entre 50 et 75 % des crédits des politiques
internes devrait être consacré à la recherche, le
4
ème
programme commun de recherche et développement
(PCRD) a concentré en moyenne un peu plus de 60 % des crédits des
politiques internes.
D'ailleurs, une certaine incohérence entre la programmation finalement
arrêtée à l'automne 1998 dans le cadre du
5
ème
PCRD 1999-2002 et les perspectives financières
doit être relevée. En effet, exprimée en pourcentage des
crédits prévus par ces dernières la part de la recherche
serait sensiblement inférieure au niveau atteint lors de
l'exécution du 4
ème
PCRD si l'on se
réfère à la programmation décidée à
l'automne dernier.
Dans ces conditions, tout en demeurant la première consommatrice des
crédits des politiques internes, la politique de la recherche et du
développement pourrait dégager des marges. Celles-ci seraient
principalement utilisés selon la Commission à promouvoir le
financement des réseaux transeuropéens dans le domaine des
transports, de l'énergie et des télécommunications. Le
taux de participation du budget communautaire aux réseaux de transport
serait accru passant de 4 à 10 % dans un contexte où les
investissements se développeraient, la Commission faisant
l'hypothèse d'une croissance en volume de l'ordre de 30 % par rapport
à la période 1995-1999.
La part des crédits de politiques internes consacrés à
ces réseaux, de l'ordre de 10 % dans le budget 1999, s'accroîtrait
selon une formule quelque peu laconique de la Commission.
Les autres priorités que celle-ci entend promouvoir sont :
. l'éducation et la formation ;
. la mise en oeuvre de technologies respectueuses de l'environnement ;
. les actions en faveur des PME.
D. LES ACTIONS EXTÉRIEURES (RUBRIQUE 4)
2000 : 6 870 millions d'euros dont 1 560 pour l'aide
pré-adhésion
2006 : 7 900 millions d'euros dont 1 560 pour l'aide
pré-adhésion
Apparemment limitée à 2,35 % l'an, le volume de progression des
actions extérieures autres que celles relatives à l'aide
pré-adhésion serait proche de 3 % par an. L'accroissement du
plafond des actions extérieures serait de l'ordre de 1 milliard d'euros,
montant qui, la Commission le rappelle, est inférieur de moitié
à celui choisi à Edimbourg.
Les propositions de la Commission sont articulées autour d'une maintien
de la structure des actions extérieures de l'Union à partir des
divers engagements pris au cours des Conseils successifs. En outre, certains
financements supplémentaires seraient nécessaires pour financer
à partir de la rubrique 4 les besoins au titre de l'aide humanitaire
auparavant financés à partir de la réserve pour aides
d'urgence mais aussi la mise en oeuvre de la politique étrangère
et de sécurité commune (PESC) dans la mesure où le
Traité d'Amsterdam prévoit la faculté d'en communautariser
les ressources.
Le volume de l'aide pré-adhésion regroupée sous une
sous-rubrique correspondant au programme PHARE serait maintenu constant quel
que soit le calendrier de l'élargissement.
E. LES DEPENSES ADMINISTRATIVES (RUBRIQUE 5)
2000 : 4 730 millions d'euros
2006 : 5300 millions d'euros
L'augmentation moyenne annuelle du volume des dépenses administratives
s'élèverait à 1,9 % entre 2000 et 2006.
La moitié de l'augmentation des dépenses administratives
proviendrait de l'augmentation des charges de pension dont le glissement en
volume atteindrait 6 %.
Les autres dépenses s'accroîtraient de 1 % par an dans le cadre
d'un maintien du nombre des effectifs au niveau atteint en 1999.
F. LES RESERVES (RUBRIQUE 6)
2000 : 850 millions d'euros
2006 : 350 millions d'euros
Le montant des réserves serait en très nette baisse. Il ne
représenterait qu'un peu plus du quart du montant atteint en 1999 (1,2
milliard d'euros).
La suppression en début de période de la
réserve
monétaire
repose sur le pari d'une insensibilité de la PAC
réformée aux fluctuations de la parité entre le dollar et
l'euro du fait de la réduction à presque rien des dépenses
de restitution.
La
réserve pour aides d'urgences
fréquemment
mobilisée serait partiellement budgétaire sous la rubrique des
actions extérieures.
Quant à la
réserve pour garanties de prêts,
la
réduction des crédits ouverts à elles provient du constat
d'une suffisance des provisions constituées dans le cadre du fonds de
garantie.
II. APPRECIATION D'ENSEMBLE
Malgré l'affichage d'une volonté de maîtrise des crédits et en particulier des crédits d'engagement des dépenses non obligatoires, la programmation proposée par la Commission se traduirait par une croissance rapide des crédits de paiement. Contrastant avec l'apparente maîtrise des engagements au titre des dépenses non obligatoires, c'est bien cette catégorie de dépenses dont les paiements augmenteraient le plus vite. Cette option démontre que le poids du passif d'Edimburg n'a pas été suffisamment pris en compte. C'est regrettable compte tenu des imperfections de l'action communautaire, notamment au regard du principe de subsidiarité et de la nécessité de dégager des marges dans la perspective de l'élargissement.
A. LA POURSUITE DE LA PROGRESSION DU VOLUME DES CREDITS COMMUNAUTAIRES
En
affichage, les perspectives financières proposées par la
Commission s'accompagnent d'une croissance modeste des crédits.
Entre 2000 et 2006, les crédits d'engagement seraient accrus de
3 700 millions d'euros progressant sur un rythme annuel de 0,6 % en
volume. La croissance des crédits de paiement serait quant à elle
un peu plus rapide avec un rythme annuel en volume proche de 1 %.
La vitesse d'augmentation des crédits serait moins rapide que celle du
PIB européen estimée à 2,5 % en moyenne annuelle. Sur la
base de cette estimation, le poids des crédits budgétaires
européens dans le PIB se réduirait, passant pour les
crédits de paiement de 1,24 % du PIB en 2000 à 1,13 % en 2006.
Le tableau ci-après récapitule, par rubriques, la progression en
volume des plafonds de crédits d'engagement proposés par la
Commission.
Croissance en volume des plafonds de crédits 2000-2006
en moyenne annuelle
en %
Dépenses agricoles |
+ 1,9 |
Actions structurelles |
- 1,8 |
Politiques internes |
+ 2,9 |
Actions extérieures |
+ 3,5 |
Administrations |
+ 1,9 |
Réserves |
- 7,9 |
Total |
+ 0,6 |
Les
propositions de la Commission déboucheraient sur
des variations
hétérogènes
au terme desquelles la réduction
des moyens consacrés aux actions structurelles permettrait de financer
la croissance des autres crédits.
Comparée, date à date, la structure des crédits
budgétaires d'engagement se modifierait au profit des crédits
agricoles.
Structure des perspectives financières
(en % du total)
|
1993 |
1998 |
2006 (1) |
Agriculture |
51 |
45,7 (2) |
49,3 (2) |
Actions structurelles |
30,8 |
35,4 |
30,3 |
Politiques internes |
5,7 |
6,3 |
7,3 |
Actions extérieures |
5,7 |
6,5 |
7,6 |
Dépenses administratives |
4,7 |
4,8 |
5,1 |
Réserves |
2,1 |
1,3 |
0,4 |
Total |
100 |
100 |
100 |
(1)
Hors aide pré-adhésion des rubriques 1 et 2. Crédits
d'engagement de la rubrique dans le total en euros constants 1999
(2) En
1998, les crédits de paiement de la PAC se sont élevés
à 43,1 % du total des crédits de cette nature. En 2006, ils
représenteraient 42 % du total du plafond des crédits de
paiement proposé par la Commission
Toutefois, de telles conclusions doivent être relativisées en
raison des problèmes de méthode posés par une telle
approche.
D'abord, la situation des crédits agricoles doit être
appréciée au regard des crédits de paiement et non
à celui du plafond des crédits d'engagement puisqu'il entre dans
les intentions de la Commission de laisser une marge importante de
crédits sous la ligne directrice agricole. En pourcentage du plafond des
crédits de paiement, les dépenses agricoles effectives telles
qu'elles sont prévues s'infléchiraient, passant de 43,1 % en
1998 à 42 % en 2006. Le mouvement de réduction de la part de
la dépense agricole dans le budget communautaire se poursuivrait.
Ensuite, pour appréhender les propositions de la Commission, il est
préférable en effet de comparer les moyens disponibles en moyenne
entre 2000 et 2006 à ceux dégagés entre 1995 et 1999.
Les deux tableaux ci-après qui récapitulent, l'un les
perspectives financières 1993-1999, l'autre les propositions de la
Commission pour les années 2000 à 2006 ne sont pas
immédiatement comparables. L'un est exprimé en écus
courants, l'autre en euros constants. De plus, les comparaisons avec l'exercice
de programmation en cours sont rendues difficiles du fait que la programmation
1993-1999 n'a concerné pendant un peu plus de deux ans que 12 Etats
membres.
Les
perspectives financières
(Crédits d'engagement)
(En millions d'euros courants)
|
Europe des 12 |
Europe des 15 |
||||||
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Total |
Ligne directrice agricole |
36.657 |
36.465 |
37.944 |
40.828 |
41.805 |
43.263 |
45.188 |
288.150 |
Actions structurelles |
22.192 |
23.176 |
26.329 |
29.131 |
31.477 |
33.461 |
39.025 |
204.791 |
Politiques internes |
4.109 |
4.370 |
5.060 |
5.337 |
5.603 |
6.003 |
6.386 |
33.868 |
Actions extérieures |
4.120 |
4.311 |
4.895 |
5.264 |
5.622 |
6.201 |
6.870 |
37.283 |
Dépenses administratives |
3.421 |
3.634 |
4.022 |
4.191 |
4.352 |
4.541 |
4.723 |
28.884 |
Réserves |
1.522 |
1.530 |
1.146 |
1.152 |
1.158 |
1.176 |
1.192 |
8.876 |
Compensations |
|
|
1.547 |
701 |
212 |
99 |
0 |
2.559 |
Total des crédits d'engagements |
72.021 |
73.486 |
80.943 |
86.604 |
90.229 |
94.744 |
103.384 |
601.411 |
Total des crédits de paiement |
68.611 |
70.352 |
77.229 |
82.223 |
85.807 |
90.581 |
96.663 |
571.466 |
Paiements en % du PNB |
1,20 |
1,20 |
1,20 |
1,20 |
1,22 |
1,23 |
1,25 |
|
Tableau des perspectives financières
Millions d'euros - prix
1999
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Total 2000-2006 |
1. Agriculture (*) |
45.205 |
46.050 |
46.920 |
47.820 |
48.730 |
49.670 |
50.630 |
51.610 |
341.430 |
dont aide pré-adhésion |
|
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
3.640 |
2. Actions structurelles |
39.025 |
36.640 |
37.470 |
36.640 |
35.600 |
34.450 |
33.410 |
32.470 |
246.680 |
Fonds structurels |
32.731 |
32.600 |
33.430 |
32.600 |
31.560 |
30.410 |
29.370 |
28.430 |
218.400 |
Fonds de cohésion |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
21.000 |
Instrument structurel de pré-adhésion |
|
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
7.280 |
Adaptations passées (**) |
3.294 |
|
|
|
|
|
|
|
|
3. Politiques internes |
6.386 |
6.390 |
6.710 |
6.880 |
7.050 |
7.230 |
7.410 |
7.600 |
49.270 |
4. Actions extérieures |
6.870 |
6.870 |
7.070 |
7.250 |
7.430 |
7.610 |
7.790 |
7.900 |
51.920 |
dont aide pré-adhésion |
|
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
10.920 |
5. Administration |
4.723 |
4.730 |
4.820 |
4.910 |
5.010 |
5.100 |
5.200 |
5.300 |
35.070 |
6. Réserves |
1.192 |
850 |
850 |
600 |
350 |
350 |
350 |
350 |
3.700 |
Réserve monétaire |
500 |
500 |
500 |
250 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1.250 |
Réserve pour aides d'urgence |
346 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
1.400 |
Réserve pour garanties |
346 |
150 |
150 |
150 |
150 |
150 |
150 |
150 |
1.050 |
Plafond des crédits pour engagements |
103.401 |
101.530 |
103.840 |
104.100 |
104.170 |
104.410 |
104.790 |
105.230 |
728.070 |
Plafond des crédits pour paiements |
96.380 |
98.800 |
101.650 |
102.930 |
103.520 |
103.810 |
104.170 |
104.560 |
719.440 |
Plafond
des crédits pour paiements
|
1,23 % |
1,24 % |
1,24 % |
1,22 % |
1,20 % |
1,18 % |
1,15 % |
1,13 % |
|
Marge |
0,04 % |
0,03 % |
0,03 % |
0,03 % |
0,03 % |
0,03 % |
0,03 % |
0,03 % |
|
Disponible pour l'adhésion |
|
|
|
0,02 % |
0,04 % |
0,06 % |
0,09 % |
0,11 % |
|
Plafond des ressources propres |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
|
(*)
Le plafond correspond à la ligne directrice agricole.
(**) Y compris le montant relatif au mécanisme financier EEE et la
proposition d'adaptation présentée par la Commission suite aux
conditions d'exécution du budget 1997.
Source : Document 1049
Le tableau ci-dessous donne une image plus fidèle des propositions de la Commission en ce qui concerne les plafonds des crédits d'engagement puisqu'il rend compte du volume annuel moyen de crédits d'engagement au cours de la période en cours et pour la période à venir. On observe alors qu'en moyenne annuelle, le volume de ce type de crédits serait plus élevé de 2,1 % qu'au cours des années écoulées. Une fois prises en compte les économies importantes réalisées sur les rubriques de réserves et de compensations, la progression du disponible s'élèverait même à 3,5 %.
Comparaison des crédits d'engagements moyens par an
(en millions d'euros 1999)
|
1995-1999 |
2000-2006 |
Ecart (en %) |
Dépenses agricoles |
42.929 |
48.255,7 |
+ 12,4 |
Actions structurelles |
32.688,5 |
34.200 |
+ 4,6 |
Politiques internes |
5.286,6 |
7.038,6 |
+ 33,1 |
Actions extérieures |
5.917,1 |
5.857,1 |
- 1 |
Administration |
4.482,7 |
5.010 |
+ 11,8 |
Réserves |
1.197,1 |
528,6 |
- 55,8 |
Compensations |
537,3 |
0 |
- 100 |
TOTAL |
93.038,3, |
95.032,9 |
+ 2,1 |
La
progression des crédits de paiement se traduirait quant à elle
par la réduction progressive de la marge laissée sous les
plafonds d'engagement au cours de la période. Elle passerait de 2.730
millions en 1998 à 670 millions d'euros en 2006.
Cet épuisement de la marge se réaliserait malgré un net
décrochage entre les crédits de paiement agricoles et le plafond
constitué par la ligne directrice agricole si bien que la programmation
de la Commission suppose que les autres rubriques soient progressivement
utilisées à saturation de leur plafond.
Le tableau ci-dessous rend compte de cette
réalité :
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Crédits de
|
41.813 |
43.952 |
44.825 |
45.407 |
44.773 |
43.991 |
43.928 |
Autres crédits de
|
52.570 |
54.730 |
55.110 |
54.790 |
54.140 |
53.940 |
52.950 |
Plafond des
crédis
|
55.480 |
56.920 |
56.280 |
55.440 |
54.740 |
54.160 |
53.620 |
Une telle orientation n'est pas conforme au projet d'accord interinstitutionnel qui stipule : " Par souci de bonne gestion financière, les institutions veillent à laisser, dans la mesure du possible, lors de la procédure budgétaire et de l'adoption du budget, des marges disponibles sous les plafonds des différents rubriques, afin de pouvoir, en cas de besoin, procéder en cours d'exercice à l'inscription de crédits supplémentaires, sans révision préalable des perspectives financières ".
B. LES INCERTITUDES ENTOURANT LA PROGRAMMATION DES DÉPENSES
Les
propositions de la Commission ne permettent pas d'élucider ce que sera
l'évolution effective des crédits de paiement par rubrique
puisque les seules références disponibles concernent les
crédits agricoles et la mention d'un plafond global de crédits de
paiement.
Cependant, ces quelques données et le bilan de la programmation
d'Edimbourg laissent planer des doutes sérieux sur la
sincérité de la programmation des dépenses proposée
par la Commission.
Avant de les exposer, il convient de déplorer le laconisme avec lequel
la Commission a présenté son programme, le niveau
d'agrégation des données interdisant d'accéder à
une connaissance précise de la substance de cette programmation.
Ces vifs regrets s'appliquent tout particulièrement relativement aux
fonds structurels, aux politiques internes et aux actions extérieures,
domaines à l'égard desquels la Commission n'a,
généralement, même pas pris la peine de fournir des
éléments indicatifs.
L'examen des crédits programmés au titre des différentes
rubriques laisse perplexe.
L'on a évoqué plus haut les incertitudes relatives au
scénario agricole sous-tendant les propositions de la Commission. Les
autres rubriques comportent, chacune, des incertitudes également. Mais
c'est l'apurement de la programmation d'Edimbourg qui doit surtout être
pris en considération. Fin 1999, il devrait ainsi rester près de
45 milliards d'euros à liquider du fait des crédits
engagés dans le cadre de la programmation actuelle des actions
structurelles. Cette dette devra être honorée alors même que
la programmation de la Commission traduit une augmentation importante des
crédits d'engagement des actions structurelles en début de
période et que la Commission propose d'accorder une avance sur les
programmes de 10 % de leur montant. Cette combinaison de variables laisse
à penser que les crédits de paiement ouverts au titre des actions
structurelles pourraient être d'un niveau très proche du plafond.
Il est ainsi assez douteux que les exercices budgétaires à venir
permettent de dégager des marges sous les plafonds contrairement aux
orientations clairement affirmées dans l'accord interinstitutionnel.
Il s'en suivrait un net ressaut des dépenses non obligatoires qui
pourrait atteindre près de 10 milliards d'euros par rapport au niveau
atteint dans le budget de 1999. La contribution française en serait
alourdie de l'ordre de 10 milliards de francs. Comme en outre les seules marges
disponibles subsistantes se trouveraient réunies au sein de la rubrique
1, l'on peut craindre des tentatives de les mobiliser , le plafond des
crédits de paiement s'appliquant globalement et non rubrique par
rubrique.
Enfin, dans ce contexte, les doutes relatifs à l'estimation des
dépenses liées à l'adhésion ajoutent à
l'inquiétude. Si les dépenses liées à
l'adhésion ne sont pas intégrées à la programmation
financière centrale, elles font l'objet d'une programmation
spécifique pour l'ensemble des rubriques du budget communautaire,
à l'exception de la rubrique " Actions extérieures "
supposée insensible à l'adhésion de nouveaux membres.
Les dépenses liées à l'adhésion et leur financement
Millions d'euros - prix 1999 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Les dépenses |
|
|
|
|
|
Rubrique 1 (*) |
1 600 |
2030 |
2 450 |
2 930 |
3 400 |
Rubrique 2 |
3 750 |
5 830 |
7 920 |
10 000 |
12 080 |
Rubrique 3 |
730 |
760 |
790 |
820 |
850 |
Rubrique 5 |
370 |
410 |
450 |
450 |
450 |
Total des crédits pour engagements |
6 450 |
9 030 |
11 610 |
14 200 |
16 780 |
(1) Total des crédits pour paiements |
4 140 |
6 710 |
8 890 |
11 440 |
14 220 |
Les sources de financement disponibles |
|
|
|
|
|
Financement des dépenses agricoles par prélèvement sur la marge disponible sous la ligne directrice |
1 600 |
2 030 |
2 450 |
2 930 |
3 400 |
Disponibilités réservées pour l'adhésion dans le cadre financier de la Communauté à Quinze (estimation) |
1 280 |
3 300 |
5 680 |
8 060 |
10 470 |
Augmentation des ressources propres résultant de l'accroissement du PNB de l'Union du fait de l'adhésion (estimation) |
3 440 |
3 510 |
3 580 |
3 660 |
3 740 |
(2) Total des financements disponibles |
6 320 |
8 840 |
11 710 |
14 650 |
17 610 |
Evolution des marges sous le plafond des ressources propres |
|
|
|
|
|
Marge (2) - (1) |
2 180 |
2 130 |
2 820 |
3 210 |
3 390 |
Marge dans le cadre financier à Quinze (0,03 % du PNB) |
2 520 |
2 580 |
2 650 |
2 720 |
2 780 |
Marge totale disponible dans une Communauté élargie (estimation) |
4 700 |
4 710 |
5 470 |
5 930 |
6 170 |
Marge totale en pourcentage du PNB de la Communauté élargie |
0,05 % |
0,05 % |
0,06 % |
0,06 % |
0,06 % |
(*)
dépenses estimées à prix 1999 à titre de
comparaison. Seules les estimations à prix courants sont pertinentes.
Source : Document 1049
Ces estimations sont bâties, semble-t-il, sur l'hypothèse d'un
élargissement à partir de 2002 à six nouveaux Etats
membres, Chypre, la Pologne, la Hongrie, la République Tchèque,
la Slovénie et l'Estonie.
On ne discutera pas la vraisemblance de cette hypothèse qui suppose en
particulier que l'ensemble de ces Etats remplissent les critères de
Copenhague destinés à s'assurer que les nouveaux membres puissent
appliquer l'acquis communautaire. Ayant souligné que les perspectives
d'élargissement sont en outre ouvertes à d'autres états,
l'on doit, à ce stade, tenter d'analyser les estimations
financières du processus en cours telles que les présente la
Commission.
Les dépenses liées à l'adhésion
s'élèveraient en crédits pour engagements à
58.070 millions d'euros et à 45.400 millions d'euros en
crédits pour paiements.
Les surcoûts liés à l'élargissement peuvent
être appréhender à partir des données suivantes.
Les crédits résultant de l'adhésion des nouveaux membres
représenteraient environ 11,1 % des crédits d'engagements et
8,7 % des crédits de paiement de l'Europe à 15.
Le caractère redistributif du budget européen serait
accentué par l'élargissement - Chapitre III - Les crédits
d'engagements destinés aux nouveaux membres représenteraient sur
la période 3,7 % de leur PIB contre seulement 1,18 % du PIB
des 15.
Ce phénomène serait le résultat de l'importance relative
des crédits d'actions structurelles nécessaires dans le cade d'un
élargissement de ces actions aux nouveaux Etats membres.
En effet, la structure
des charges résultant de
l'élargissement serait marquée par la prédominance des
charges d'actions structurelles.
Structure des charges résultant de l'élargissement
(En % du total)
Rubrique 1 |
21,4 |
Rubrique 2 |
68,1 |
Rubrique 3 |
6,8 |
Rubrique 5 |
3,7 |
Les
nouveaux Etats membres mobiliseraient une masse importante de crédits
d'actions structurelles qui, en pourcentage des crédits de cette nature
réservés aux 15 s'élèverait à 23 %.
On vérifie là aussi l'accentuation de caractère
redistributif du budget européen résultant de
l'élargissement puisqu'avec un PIB équivalent à 3,6 %
du PIB des 15, les nouveaux Etats membres bénéficieraient de
crédits d'actions structurelles représentant près du quart
des crédits de l'espèce disponibles pour les 15.
En ce qui concerne l'effet de l'élargissement sur les crédits de
la politique agricole commune, les estimations de la Commission
débouchent sur une réévaluation des besoins de 5 %
par rapport aux crédits d'engagements disponibles pour les 15. La
majoration des dépenses agricoles liée à
l'élargissement serait ainsi modeste. Mais, cette estimation est
tributaire de conventions qui la rendent très incertaine -v. supra-.
Elle repose en particulier sur l'hypothèse selon laquelle les
agriculteurs des nouveaux Etats membres ne bénéficieraient pas
des aides directes.
Enfin, les tensions exercées sur les politiques internes paraissent
insuffisamment prises en compte au regard des besoins de rattrapage
existants.
C. UN MEILLEUR RESPECT DE LA SUBSIDIARITE DOIT ETRE RECHERCHE.
Le
maintien de la structure du budget communautaire laisse planer un doute sur
l'effectivité de la volonté exprimée d'un meilleur ciblage
des dépenses du budget européen.
L'objectif d'une concentration des moyens sur quelques grands objectifs est
pourtant à rechercher en priorité comme gage d'économies
pour les Etats membres, d'efficacité des interventions communautaires et
de réserves de financement pour l'exercice de nouvelles
compétences et pour l'élargissement de l'Union.
Il est en particulier indispensable d'éviter le saupoudrage des
crédits dans le cadre de politiques conduites sans respect du principe
de subsidiarité. Cette exigence s'applique tout particulièrement
dans le domaine des politiques internes, la valeur ajoutée de
l'intervention européenne pour soutenir la recherche n'apparaissant par
exemple pas établie.
De la même manière, les actions structurelles tendent à
dériver vers une politique européenne d'aménagement du
territoire qui n'est pas prévue par les traités. L'objectif qui
est le leur, une plus grande cohésion entre Etats, risque alors
d'être perdu de vue.
Pourtant, la philosophie de la Commission est, en la matière, fort
ambitieuse ; il ne s'agit pas seulement de rendre les écarts
acceptables en permettant à chacun d'assumer ses différences,
mais plutôt de réduire la dispersion des performances
économiques, et d'égaliser les niveaux de développement.
Mais, les interventions structurelles ne servent pas cette ambition.
Si la cohésion doit favoriser le rapprochement entre les Etats membres,
l'action de la Commission est fortement régionalisée, avec
près de 75 % des moyens réservés aux régions,
si bien qu'elle revient à promouvoir une vraie politique
européenne d'aménagement du territoire. Or, une telle politique
qui, finalement, n'a pas été consacrée par les
traités et se substitue aux responsabilités des Etats, en
contravention avec le principe de subsidiarité, peut apparaître
comme partiellement contradictoire avec l'objectif de cohésion.
Il
en va ainsi lorsqu'elle conduit à ménager l'octroi de
crédits importants à des régions, certes
défavorisées, mais appartenant à des Etats relativement
prospères. Or, c'est évidemment ce qui se produit puisque la
dispersion des PIB des régions européennes est beaucoup plus
importante que celle des PIB des Etats. C'est aussi cette ambiguïté
qui limite la dimension peu redistributive des fonds structurels.
A son tour, cette caractéristique ampute inévitablement les
marges disponibles pour assurer la cohésion entre Etats membres.
A titre d'illustration, il est pour le moins paradoxal que l'Allemagne soit le
deuxième bénéficiaire des fonds structurels.
Le défaut de ciblage convenable des actions structurelles s'accompagne
en outre d'un
saupoudrage des crédits, source de difficultés
d'exécution, mais aussi gage de pertes en ligne puisqu'il apparaît
évident que l'abondance de projets rime avec une décrue de
l'intérêt global de l'ensemble.
On doit sans doute considérer que ces difficultés sont moins
sensibles dans les pays en retard significatif de développement
où des projets structurants s'imposent et où l'effet de levier de
la dépense publique européenne peut être réel du
fait d'un manque de capitaux publics ou privés. Certaines analyses
macroéconomiques laissent d'ailleurs entendre,
pour les seuls pays de
la cohésion
, que l'intervention structurelle européenne a pu,
dans le passé, contribuer positivement à leur croissance pour
à peu près 0,5 point de PIB. On remarquera toutefois que
cette estimation est très inférieure aux montants
transférés dans ces pays, signe que d'autres agents
économiques "profitent" des allocations communautaires, et repose sur
des conventions qui en conditionnent les résultats.
Aucune étude d'ensemble n'ayant été conduite pour les pays
les plus développés, on ne peut que conjecturer sur
l'efficacité de l'intervention communautaire dans ceux-ci. Cet exercice
peu satisfaisant n'est, en tout cas, pas favorisé par les travaux des
comités de suivi censés évaluer les programmes, mais dont
les travaux relèvent pour l'essentiel de l'exercice de style.
Il existe cependant quelques indices utilisables pour porter une
appréciation globale sur la politique de cohésion de la
Communauté.
Le premier d'entre eux est que les écarts entre les PIB par habitant des
régions d'Europe ne se sont pas réduits dans la période
récente.
Cet indice n'est certes pas entièrement significatif
puisqu'on peut aussi bien estimer que la dispersion aurait été
encore plus grande sans les interventions européennes. Mais il
révèle que l'objectif de cohésion retenu par la Commission
n'a pas été atteint.
Enfin, un dernier indice tiré de la comparaison entre le niveau des
fonds communautaires en points de PIB et leur effet sur la croissance du PIB
tel qu'estimé par les études disponibles, paraît
démontrer des pertes de substance.
Celles-ci peuvent être dues
à des erreurs d'analyse, mais on doit sans doute aussi y voir la
manifestation que les agents économiques des pays
bénéficiaires ne sont pas les seuls à profiter du
financement européen. Il reste que l'évaporation ainsi
constatée, évaluée parfois autour de 35 % des
interventions, devrait faire l'objet d'un recensement exhaustif.
Un recentrage des dépenses permettrait enfin d'éviter
d'accumuler des difficultés d'exécution des crédits.
Le montant important des crédits restant à engager et la
croissance des engagements restant à liquider témoignent d'un
calibrage excessif des différentes politiques de l'Union.
Engagements relatifs aux crédits restant à liquider au 31
décembre 1997
Classification par rubriques des perspectives financières
(en millions d'écus)
RUBRIQUES |
2. ACTIONS STRUCTURELLES |
3. POLITIQUES INTERNES |
4. ACTIONS EXTERIEURES |
5. DEPENSES ADMINISTRATIVES |
TOTAL GENERAL |
|||||
EXERCICES 1 |
Montant |
% |
Montant |
% |
Montant |
% |
Montant |
% |
Montant |
% |
Avant 1988 |
201,367 |
0,6 |
23,221 |
0,3 |
79,937 |
0,6 |
|
|
304,525 |
0,6 |
1988 |
129,963 |
0,4 |
10,792 |
0,1 |
42,990 |
0,3 |
|
|
183,745 |
0,3 |
1989 |
86,812 |
0,3 |
28,580 |
0,4 |
92,382 |
0,7 |
|
|
207,774 |
0,4 |
1990 |
54,058 |
0,2 |
24,127 |
0,3 |
72,551 |
0,6 |
|
|
150,736 |
0,3 |
1991 |
208,141 |
0,6 |
71,171 |
1,0 |
144,084 |
1,1 |
|
|
423,396 |
0,8 |
1992 |
522,154 |
1,6 |
130,084 |
1,8 |
341,344 |
2,7 |
|
|
993,582 |
1,9 |
1993 |
2.399,177 |
7,4 |
246,487 |
3,4 |
695,328 |
5,5 |
|
|
3.340,992 |
6,4 |
1994 |
705,924 |
2,2 |
451,019 |
6,2 |
1.025,190 |
8,1 |
|
|
2.182,133 |
4,2 |
1995 |
2.496,335 |
7,7 |
947,335 |
13,0 |
2.280,606 |
18,1 |
0,079 |
8,2 |
5.724,355 |
10,9 |
1996 |
7.079,976 |
21,7 |
1.910,953 |
26,2 |
3.277,919 |
26,0 |
0,034 |
3,6 |
12.268,882 |
23,4 |
1997 |
18.716,179 |
57,4 |
3.453,934 |
47,3 |
4.573,015 |
36,2 |
0,848 |
88,2 |
26.743,977 |
50,9 |
TOTAUX |
32.600,087 |
|
7.297,701 |
|
12.625,346 |
|
0,962 |
|
52.524,096 |
|
1.
Exercices au cours desquels les engagements ont été
contractés.
Source : Compte de gestion et bilan financier afférents aux
opérations du budget de l'exercice 1997. Commission européenne
Cette situation débouche sur des pratiques budgétaires
dangereuses. L'une d'entre elles consiste à inscrire en fin de
période de programmation le solde des crédits d'engagement non
utilisés au titre des actions structurelles en raison du statut du
plafond d'engagement de ces actions considéré comme un objectif
de dépenses. Dénoncée à l'occasion du budget pour
1999, elle laisse sceptique quant à la qualité des engagements
qui peut en résulter.
Une autre d'entre elles consiste à sous-administrer un volume toujours
plus grand de dépenses dont la gestion confiée à des
intermédiaires supposerait un contrôle plus vigilant.
*
* *
En
bref, tout aurait milité pour faire des perspectives financières
2000-2006 l'occasion d'une révision des " services
votés " du budget communautaire.
Cette occasion n'a pas été saisie si bien que le budget sera
susceptible de continuer sur une trajectoire qui aurait dû être, au
vu des ses imperfections et des défis à relever,
corrigée.
CHAPITRE III
UN DÉBAT À PURGER :
LA QUESTION DES DÉSÉQUILIBRES BUDGÉTAIRES
I. DES DÉSÉQUILIBRES COMPTABLES EXISTENT QUE LES PERSPECTIVES ASSOCIÉES À AGENDA 2000 DEVRAIENT MODIFIER
A. L'EXISTENCE DE DÉSÉQUILIBRES COMPTABLES
Le tableau ci-après démontre l'existence de déséquilibres comptables, certains Etats membres versant au budget de l'Union européenne davantage qu'ils n'en perçoivent, l'inverse étant également vrai par construction.
Solde budgétaire par Etat membre en 1996 selon la Cour des comptes européenne
Etat Membre |
Recettes 96 |
Dépenses réparties 96 |
Solde 1996 |
Solde 1995 |
Solde 1994 |
ECU/hbt 1996 |
||
|
(Mécus) |
% |
(Mécus) |
% |
(Mécus) |
(Mécus) |
(Mécus) |
|
Belgique |
2.743,0 |
3,9 |
1.996,8 |
2,7 |
- 746,2 |
- 311,2 |
- 309,3 |
- 73,9 |
Danemark |
1.359,9 |
1,9 |
1.553,3 |
2,1 |
193,4 |
305,7 |
198,9 |
37,2 |
Allemagne |
20.766,9 |
29,2 |
9.872,0 |
13,6 |
- 10.894,4 |
- 13.431,0 |
- 13.637,1 |
- 134,8 |
Grèce |
1.107,1 |
1,6 |
5.039,8 |
6,9 |
3.932,7 |
3.488,9 |
3.851,9 |
378,1 |
Espagne |
4.538,9 |
6,4 |
10.511,1 |
14,4 |
5.972,2 |
7.218,1 |
3.116,6 |
152,7 |
France |
12.410,9 |
17,5 |
11.951,1 |
16,4 |
- 459,8 |
- 1.727,2 |
2.626,4 |
- 8,0 |
Irlande |
710,2 |
1,0 |
2.970,5 |
4,1 |
2.260,3 |
1.886,9 |
1.752,0 |
627,9 |
Italie |
8.935,2 |
12,6 |
7.532,9 |
10,3 |
- 1.402,3 |
- 614,1 |
- 2.540,4 |
- 24,3 |
Luxembourg |
163,2 |
0,2 |
83,9 |
0,1 |
- 79,3 |
- 44,8 |
253,7 |
- 198,3 |
Pays-Bas |
4.435,7 |
6,2 |
1.988,9 |
2,7 |
- 2.446,8 |
- 2.004,7 |
- 1.829,9 |
- 159,9 |
Autriche |
1.872,6 |
2,6 |
1.600,4 |
2,2 |
- 272,2 |
- 905,1 |
0,0 |
- 34,5 |
Portugal |
906,1 |
1,3 |
3.680,4 |
5,1 |
2.774,3 |
2.381,1 |
1.827,0 |
283,1 |
Finlande |
961,3 |
1,4 |
988,4 |
1,4 |
27,1 |
- 164,6 |
0,0 |
5,3 |
Suède |
1.957,4 |
2,8 |
1.204,9 |
1,7 |
- 752,5 |
- 937,3 |
0,0 |
- 86,5 |
Royaume-Uni |
8.227,1 |
11,6 |
5.951,1 |
8,2 |
- 2.276,0 |
- 4.720,2 |
- 1.158,8 |
- 39,2 |
non réparti |
|
|
5.867,7 |
8,1 |
|
|
|
|
Total |
71.095,5 |
100,0 |
72.793,2 |
100,0 |
|
|
|
|
Certains
Etats se trouvent ainsi en situation de contributeurs nets tandis que d'autres
sont des bénéficiaires nets.
Parmi les premiers, sur la base des données relatives à 1996, se
situent l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, l'Autriche, la Belgique, le
Royaume-Uni, la France et l'Italie.
Le second groupe de pays rassemble par ordre décroissant sur la base
d'une référence en écus par habitant, l'Irlande, la
Grèce, le Portugal, l'Espagne (les 4 Etats de la cohésion), le
Danemark et la Finlande.
L'existence et le niveau des soldes nets proviennent, marginalement de facteurs
liés aux recettes comme on l'a vu. Ils résultent en fait pour
l'essentiel de la répartition des dépenses du budget
communautaire qui commande naturellement les versements reçus par chaque
Etat membre. Le talbeau ci-dessous rend compte de ce phénomène.
Répartition des dépenses opérationnelles par Etat membre
Etat Membre |
FEOGA
|
% |
Actions
|
% |
Recherche |
% |
Coopé
|
% |
Autres |
% |
Totaux |
% |
Belgique |
1.152,8 |
2,9 |
327,7 |
1,3 |
159,9 |
5,4 |
20,6 |
0,5 |
335,9 |
14,0 |
1.996,9 |
2,7 |
Danemark |
1.358,4 |
3,5 |
104,6 |
0,4 |
39,3 |
1,3 |
2,6 |
0,1 |
48,3 |
2,0 |
1.553,2 |
2,1 |
Allemagne |
6.050,4 |
15,5 |
3.435,4 |
14,0 |
263,9 |
9,0 |
11,1 |
0,3 |
111,1 |
4,6 |
9.871,9 |
13,6 |
Grèce |
2.801,7 |
7,2 |
2.122,9 |
8,6 |
45,8 |
1,6 |
1,7 |
0,0 |
67,8 |
2,8 |
5.039,9 |
6,9 |
Espagne |
4.054,6 |
10,4 |
6.234,1 |
25,3 |
117,1 |
4,0 |
18,1 |
0,5 |
87,1 |
3,6 |
10511,0 |
14,4 |
France |
9.572,1 |
24,5 |
1.938,8 |
7,9 |
285,5 |
9,7 |
12,8 |
0,3 |
141,9 |
5,9 |
11.951,1 |
16,4 |
Irlande |
1.700,1 |
4,4 |
1.206,4 |
4,9 |
30,3 |
1,0 |
1,2 |
0,0 |
32,5 |
1,4 |
2.970,5 |
4,1 |
Italie |
4.231,1 |
10,8 |
3.016,4 |
12,3 |
161,6 |
5,5 |
24,9 |
0,7 |
99,0 |
4,1 |
7.533,0 |
10,3 |
Luxembourg |
20,0 |
0,1 |
14,6 |
0,1 |
15,5 |
0,5 |
2,6 |
0,1 |
31,1 |
1,3 |
83,8 |
0,1 |
Pays-Bas |
1.536,2 |
3,9 |
268,7 |
1,1 |
109,9 |
3,7 |
4,6 |
0,1 |
69,5 |
2,9 |
1.988,9 |
2,7 |
Autriche |
1.214,2 |
3,1 |
235,9 |
1,0 |
18,6 |
0,6 |
1,9 |
0,1 |
129,8 |
5,4 |
1.600,4 |
2,2 |
Portugal |
646,0 |
1,7 |
2961,5 |
12,0 |
16,6 |
0,6 |
5,1 |
0,0 |
51,2 |
2,1 |
3.680,4 |
5,1 |
Finlande |
649,3 |
1,7 |
135,2 |
0,5 |
18,9 |
0,6 |
0,5 |
0,0 |
184,6 |
7,7 |
988,5 |
1,4 |
Suède |
624,1 |
1,6 |
94,6 |
0,4 |
25,0 |
0,9 |
1,6 |
1,2 |
459,6 |
19,1 |
1.204,9 |
1,7 |
Royaume-Uni |
3.470,1 |
8,9 |
1.961,1 |
8,0 |
343,4 |
11,7 |
45,4 |
1,2 |
131,1 |
5,5 |
5.951,1 |
8,2 |
Divers |
0,0 |
0,0 |
550,5 |
2,3 |
1.287,8 |
43,8 |
3.598,4 |
95,9 |
425,0 |
17,7 |
5.867,7 |
8,1 |
Total |
39.081,1 |
100,0 |
24.614,4 |
100,0 |
2.939,1 |
100,0 |
3.753,10 |
100,0 |
2.405,5 |
100,0 |
72.793,2 |
100 |
% |
53,7 |
|
33,8 |
|
4,0 |
|
5,2 |
|
3,3 |
|
100 |
|
1
Le financement de l'Union
Européenne.
Commission Européenne Direction Générale XIX Bruxelles 7
octobre 1998.
2
Le déflateur du PIB serait de 2 %