ANNEXE N° 7
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DISCOURS DE M. JACQUES CHIRAC,
PRÉSIDENT DE
LA RÉPUBLIQUE
DEVANT LE CONSEIL RÉGIONAL DE
BRETAGNE
(RENNES - VENDREDI 4 DÉCEMBRE
1998)
(EXTRAIT)
Ma
troisième conviction, c'est qu'il faut rendre tout son sens au service
public en réaffirmant des principes essentiels : la
responsabilité, la continuité et le principe d'adaptation.
Il s'agit d'abord de retrouver un vrai civisme de responsabilité.
Présente dans toutes les sphères de la vie nationale, la
responsabilité est au coeur de l'activité des entreprises : on
s'engage sur des objectifs, on est jugé sur des résultats ; la
sanction de l'échec est le plus souvent prompte et objective.
Les Français s'étonnent que cette démarche soit si souvent
absente de l'action publique. Il faut clarifier les responsabilités de
chacun et restaurer l'esprit de service public. Déjà l'article 15
de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen affirmait le droit
de la société à "demander compte à tout agent
public de son administration". Ce droit est plus que jamais d'actualité.
Il n'est pas acceptable, dans une démocratie moderne, que les services
publics aient le triste monopole de grèves qui paralysent en quelques
heures toute l'activité d'une agglomération, quand elles
n'affectent pas la France tout entière. C'est le symptôme des
défaillances de notre dialogue social. C'est aussi, bien souvent, l'aveu
d'une démission de l'Etat. La grève est un droit, mais il est
essentiel que les entreprises de service public s'accordent avec leur personnel
sur des procédures efficaces de prévention des grèves et
sur l'organisation concertée d'un service minimum. A défaut
d'entente, des règles communes à tous les services publics
devraient pouvoir s'appliquer.
Enfin, il faut rendre toute sa portée au principe d'adaptation. Les
besoins de nos compatriotes évoluent ; les services publics ne peuvent
rester figés. Comme dans le secteur tertiaire - je pense notamment aux
banques -, il faut faire évoluer les horaires d'ouverture en fonction de
la disponibilité des usagers. Il faut intégrer la
préoccupation de la sécurité dans l'action de tous les
services. Il faut également réfléchir aux missions
nouvelles qui pourraient leur être confiées pour répondre
aux problèmes particuliers des quartiers en difficulté et des
zones rurales en voie de désertification.
Pour que l'Etat soit utilement présent là ou l'on a besoin de
lui, il faut savoir mettre fin aux procédures et aux activités
devenues manifestement inutiles. Il est vital que les services publics
retrouvent ainsi une respiration qui ne se fait plus naturellement aujourd'hui.
Les Français subissent des prélèvements obligatoires parmi
les plus élevés du monde, des prélèvements beaucoup
trop lourds. Ils ont droit à des services publics accueillants et
performants.
Votre région a donné un bon exemple de ce qu'il faut faire avec
l'opération "cybercommunes", qui rendra les nouveaux outils de
communication multimédias progressivement accessibles au plus grand
nombre.
Cette rénovation des principes du service public est l'une des
conditions de la réconciliation des Français avec la chose
publique. On ne peut en faire l'économie.