Projet de loi de finances pour 1999
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; VALLET (André), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 30 - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
-
CHAPITRE PREMIER :
ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES CRÉDITS -
CHAPITRE II :
L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE-
I. LE POIDS DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT
- A. LES DÉPENSES INCOMPRESSIBLES
- B. LES TENDANCES POUR 1999
- II. LES POLITIQUES TRANSVERSALES
-
I. LE POIDS DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT
-
CHAPITRE III :
L'ADMINISTRATION TERRITORIALE -
CHAPITRE IV :
LA POLICE NATIONALE -
CHAPITRE V : LA SECURITÉ ET LA DEFENSE CIVILES
- I. LES CREDITS POUR 1999 : UNE AUGMENTATION FORTE, MAIS LARGEMENT COMPTABLE
- II. LES DEFIS BUDGÉTAIRES DE LA SECURITÉ CIVILE
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 66
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 30
INTÉRIEUR ET DÉCENTRALISATION :
•
SÉCURITÉ
Rapporteur spécial
: M. André VALLET
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
(1998-1999).
Lois de finances. |
CHAPITRE PREMIER :
ÉVOLUTION
GÉNÉRALE DES CRÉDITS
Les
crédits de la sécurité rassemblent quatre des cinq
agrégats qui composent le budget du ministère de
l'intérieur :
- l'agrégat 01 "
administration
générale
" ;
- l'agrégat 02 "
administration territoriale
" ;
- l'agrégat 03 "
sécurité et défense
civiles
" ;
- l'agrégat 04 "
police nationale
".
Ces
crédits s'établissent à 53,2 milliards de francs dans le
projet de loi de finances pour 1999, en progression de 2 % par rapport
à 1998.
Ce taux n'est pas significatif. En effet, le montant des crédits de 1998
comportait une enveloppe de 1,3 milliard de francs consacrée aux
dépenses électorales. En 1999, celles-ci ne
s'élèveront qu'à 574 millions de francs.
Hors dépenses électorales, les crédits de la
sécurité progresseront de 3 % en 1999.
En outre, la loi
de finances rectificative pour 1998 contiendra l'ouverture de 400 millions de
francs supplémentaires. Ces crédits, qui serviront à
financer des dépenses dans le cadre de l'exercice 1999, auraient eu leur
place dans le projet de loi de finances initiale.
Mais leur inclusion n'aurait sans doute pas facilité l'effort
d'affichage du gouvernement dans le sens de la maîtrise de la
dépense publique.
Les
crédits de la sécurité - présentation par titres
I. LE MANQUE DE VISIBILITÉ DES DOCUMENTS BUDGÉTAIRES
A. LE DÉCALAGE ENTRE LE "BLEU" ET LE "PROGRAMME D'EMPLOI DES CRÉDITS" DU MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR
L'examen
des crédits du ministère de l'intérieur dans le cadre du
projet de loi de finances se heurte à un
problème de
fiabilité des montants inscrits dans le " bleu "
budgétaire
.
Les " bleus " sont des documents d'autorisation de dépenses
établis par le ministère de l'économie et des finances.
Ils retracent, chapitre par chapitre, le montant des crédits sur
lesquels le Parlement est appelé à se prononcer.
Au sein des chapitres figure une répartition par article. Celle-ci est
indicative. Dans le cas du budget de la sécurité, cette
précision est fondamentale car, s'agissant de certains des chapitres les
plus cruciaux, la répartition opérée par les services du
ministère de l'économie et des finances, et figurant dans le
"bleu", est arbitraire et ne correspond pas forcément aux intentions du
ministère de l'intérieur.
Le document de référence est le programme d'emploi des
crédits (PEC) du ministère de l'intérieur, établi
en début d'exercice.
Si ce programme respecte les enveloppes des
chapitres votés par le Parlement, il prend également en compte,
d'une part, les reports de crédits et de charges qui ne sont pas
définitivement arrêtés lors de l'élaboration de la
loi de finances et, d'autre part, les mouvements externes tels que les fonds de
concours et les ventes de domaines.
Ce décalage est politiquement regrettable, même s'il est
techniquement explicable, car il conduit le Parlement à se prononcer sur
des enveloppes dont il ne connaît pas exactement le contenu
. De plus,
le caractère erroné de certaines des données contenu dans
le " bleu " peut conduire à des erreurs
d'interprétation de l'action du ministère de l'intérieur.
Trois exemples sont particulièrement démonstratifs :
Les investissements immobiliers
du ministère de
l'intérieur : les crédits d'équipement immobiliers
sont, pour les quatre agrégats, rassemblés dans le chapitre 57-40
"
Equipement immobilier du ministère de
l'intérieur
". Au sein de ce chapitre, l'examen des dotations
par article permet théoriquement de retrouver comment s'opère la
répartition des crédits entre les agrégats.
En réalité, non seulement les montants figurant dans le
fascicule budgétaire ne correspondent pas à la répartition
qui sera opérée par le ministère de l'intérieur en
cours d'exercice, mais les tendances qu'ils indiquent ne sont pas plus
fiables
. Ainsi, alors que le " bleu " laisse entendre que les
crédits immobiliers de la sécurité civile seront
divisés par deux en 1999, les informations recueillies par votre
rapporteur assurent le contraire.
La politique informatique
du ministère : comme le chapitre
consacré à l'équipement immobilier, le chapitre 34-82
"
Dépenses d'informatique et de
télématique
" est transversal et regroupe les
crédits des quatre agrégats. Mais, en matière
d'informatique, la véritable répartition résulte des
travaux du comité d'orientation pour l'informatique et les
transmissions. En outre, les dépenses de maintenance du parc sont
transférées vers les chapitres des moyens de fonctionnement de
chacun des agrégats.
Là encore,
le Parlement se prononce sur une enveloppe globale, sans
savoir quel sera le montant disponible pour chacun des agrégats, ce qui
complique l'examen des crédits agrégat par agrégat et la
récapitulation des crédits disponibles pour chacun d'entre
aux.
Les moyens de fonctionnement globalisés
: pour chacun des
agrégats, le ministère de l'intérieur a choisi de
globaliser les crédits de fonctionnement au sein d'un même
chapitre afin de conférer de la souplesse à la gestion de ces
crédits.
Par conséquent, le Parlement ne peut pas savoir, par exemple, comment le
ministère de l'intérieur répartit les crédits du
chapitre 34-41 entre les différents services de police.
La représentation nationale est donc contrainte d'arbitrer entre la
nécessaire sincérité des documents budgétaires et
l'incontestable rationalisation de la gestion de ses crédits mise en
place parle ministère de l'intérieur. Le Parlement ne dispose
ainsi des données définitives qu'en exécution et non en
prévision.
L'ordonnance organique de 1959 prévoit que le Parlement adopte le budget
par titre et, au sein de chaque titre, par ministère. La pratique,
guidée par un soucis de lisibilité, conduit à l'examen des
crédits par ministère puis, au sein des crédits de chaque
ministère, par titre. Aujourd'hui, même l'examen par
ministère atteint ses limites en raison de l'autonomie de gestion
croissante qui leur est accordée. Cette évolution est à
verser au dossier de la réforme de l'ordonnance de 1959.
B. LA NON EXHAUSTIVITÉ DE LA LOI DE FINANCES POUR 1999
Pour la
deuxième année consécutive, les crédits de la
sécurité pour l'année à venir se
répartissent entre la loi de finances initiale et la loi de finances
rectificative de l'année précédente.
Cette évolution permet d'utiliser de manière constructive le
surplus de recettes pour l'Etat constaté en fin d'année.
Elle constitue cependant une entorse à la règle de
l'annualité budgétaire, et fausse les taux de progression des
crédits affichés par le gouvernement : l'augmentation des
dépenses publiques sera, en 1999, supérieure à ce qu'a
annoncé le gouvernement en présentant la loi de finances.
II. LE BUDGET DE LA SÉCURITÉ POUR 1999 : LES PRIORITÉS DANS LE BON ORDRE ?
A. UN ORDRE DE PRIORITÉS IMPLICITE
L'ordre
de priorités, implicite, qui régit l'élaboration du budget
de la sécurité, est le suivant : les mesures en faveur du
personnel d'abord, les dépenses d'investissement ensuite. Par
conséquent, les moyens de fonctionnement jouent le rôle de
variable d'ajustement.
En période de rareté des ressources budgétaires, ces
arbitrages se ressentent vivement. En 1998,
les moyens de fonctionnement
(hors élection) ont connu une légère baisse. Ils seront
stabilisés en 1999, et s'établiront à 7,3 milliards de
francs.
En 1998, les dépenses de personnel ont augmenté de 674 millions
de francs et les dépenses d'investissement ont baissé de 251
millions de francs. La baisse des dépenses d'investissement avait
été jugée acceptable en raison de l'existence de
crédits reportés. Toutefois, mon prédécesseur Guy
Cabanel considérait que "
la démarche qui consiste
à ajuster les crédits au plus prêt des besoins s'impose
compte tenu des contraintes budgétaires du ministère de
l'intérieur. Cependant, elle comporte le risque de provoquer des
tendances lourdes difficiles à renverser lorsque l'enveloppe des reports
sera épuisée (...). A l'avenir, il faudra veiller au maintien du
niveau des investissements du ministère de l'intérieur
".
Le projet de loi de finances pour 1999 redresse la tendance en
matière d'investissement. Les crédits d'équipement
progresseront en effet de 20 %.
Néanmoins, ce taux de 20 % correspond à une augmentation de
199 millions de francs, à mettre en regard des 1.597 millions
de francs supplémentaires qui seront consacrés aux
dépenses de personnel
, soit une
progression de 3,8 %
contre, il faut le rappeler, un taux de 1,6 % en 1998
.
En somme, le ministère de l'intérieur voit ses priorités
dictées par l'accord salarial dans la fonction publique du 10
février 1998. En effet,
l'augmentation des dépenses de
personnel représentera 89,5 % des 1.785 millions de francs
supplémentaires (hors élections) dont bénéficiera
le ministère de l'intérieur en 1999 par rapport à 1998.
Augmentation en volume des crédits du ministère de
l'intérieur en 1999
(en millions de francs)
Total général |
+ 1.059 |
Total
hors dépenses électorales
, dont :
|
+ 1.785
|
La captation de l'augmentation des crédits consacrés à la sécurité par les dépenses de personnel est regrettable car la France ne souffre pas d'un déficit d'effectifs. Avec 369 policiers ou gendarmes pour 100.000 habitants, elle se situe dans la moyenne des pays européens. A titre de comparaison, la Grande-Bretagne compte 245 policiers pour 100.000 habitants et l'Italie 349. En revanche, les conditions dans lesquelles les forces de l'ordre exercent leur métier sont loin d'être optimales .
B. UN BUDGET DE FONCTIONNEMENT
Le graphique ci-dessous rappelle que les crédits de la sécurité sont principalement des dépenses de personnel :
Les
dépenses de personnel, soit les rémunérations, les
indemnités, les charges sociales et les pensions de retraites,
représentent
83,1 % des crédits de la
sécurité (hors dépenses d'élection), soit 43,7
milliards de francs, dont 13,4 milliards pour les seules charges de pensions.
Les crédits de fonctionnement
se répartissent entre les
chapitres de fonctionnement de chacun des agrégats. Il existe un
chapitre transversal, le chapitre 34-82 des dépenses d'informatique
et de télématique
, dont la dotation en 1999 de 692 millions
de francs, en baisse de 3,3 %. La répartition interne des
crédits de ce chapitre figurant dans le "bleu" n'est vraisemblablement
pas celle que retiendra le ministère.
Les crédits du chapitre 34-82 tendent progressivement à
être réservés au financement des
grands programmes
informatiques du ministère
, tels que le fichier des empreintes
digitales ou le système informatique Schengen (SIS). S'agissant de ce
dernier programme, le ministère de l'intérieur s'inquiète
de l'explosion des contributions demandées aux Etats-membres, en
l'absence de tout contrôle sur l'utilisation des crédits. Selon le
bleu, 40 millions de francs seront consacrés à ce programme
en 1999, en progression de 68 %.
C. LA REPRISE DE L'INVESTISSEMENT
Les
dépenses d'investissement progressent d'environ 20 %.
Cette
embellie fait suite à un exercice 1998 marqué par l'existence de
crédits reportés disponibles et par un " creux " dans
le programme d'investissement de la sécurité civile (la fin du
programme Canadair auquel n'a pas succédé immédiatement le
programme de renouvellement de la flotte d'hélicoptères).
En 1999, l'augmentation des dépenses d'équipement se
répartit essentiellement de la manière suivante :
une augmentation de 13% des crédits
d'équipement
immobilier
(chapitre 57-40), avec une hausse en volume de 71 millions de
francs pour atteindre 619 millions de francs
1(
*
)
.
Le chapitre 57-40 sera renforcé de 100 millions de francs
supplémentaires en loi de finances rectificative pour 1998.
la progression de 18,5% des dépenses
d'équipement
matériel
(chapitre 57-50), soit 320 millions de francs,
essentiellement au bénéfice de la flotte aérienne de la
sécurité civile. Ces crédits bénéficieront
également d'une dotation de 70 millions de francs dans la loi de
finances rectificative pour 1998.
En revanche, l'équipement de la police nationale devrait connaître
un coup d'arrêt en 1999 ;
les dépenses
d'équipement informatique
(chapitre 57-60)
progressent de 34,7 % et s'établissent à 403 millions de
francs. Cette hausse provient du renforcement de l'effort en faveur du
dispositif de transmissions numériques ACROPOL. Ce chapitre sera
également abondé dans la loi de finances rectificative pour 1998,
à hauteur de 90 millions de francs.
CHAPITRE II :
L'ADMINISTRATION
GÉNÉRALE
Cet
agrégat regroupe :
- les moyens de fonctionnement des services de l'administration centrale et des
services centraux délocalisés (hors police et
sécurité civile) ;
- les crédits de fonctionnement consacrés à l'action
sociale et à la formation (hors police), aux cultes, aux contentieux,
aux élections et à la recherche.
Les crédits de l'administration centrale s'établissent
à 16,5 milliards de francs, en baisse de 1,8% par rapport à
1998
. Cette baisse doit toutefois être relativisée. En effet,
l'agrégat
"Administration générale"
comprend une
enveloppe de crédits à l'évolution prévisible mais
dont le montant est sujet à d'amples fluctuations : les dépenses
relatives à l'organisation des différents scrutins.
Hors dépenses électorales, les crédits de
l'administration générale augmentent de 2,7% dans le projet de
loi de finances pour 1999.
L'augmentation du volume des crédits s'applique de manière
différenciée aux différents postes de
dépenses : la réduction des crédits consacrés
à l'investissement et au fonctionnement contraste avec
l'évolution positive des dépenses de personnel.
Les
crédits de l'administration générale dans le PLF pour 1999
I. LE POIDS DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT
Les
crédits des titres III et IV constituent 99,7% des crédits de
l'administration générale.
Même en enlevant les charges de charge de pensions, qui
représentent 81% des crédits de l'administration
générale, la part des dépenses ordinaires reste
très élevée, s'établissant à 98,3%. Pour le
ministère de l'intérieur, tous agrégats confondus, la part
des dépenses ordinaires est de 86,4%.
A. LES DÉPENSES INCOMPRESSIBLES
L'évolution des crédits de l'administration générale est tributaire de deux enveloppes aux caractéristiques opposées :
1. Les charges de pensions
Les
charges de pensions, qui correspondent à la
part patronale des
retraites de l'ensemble des agents du ministère
, représentent
les quatre cinquièmes des crédits de l'administration
générale. Elles confèrent une grande inertie à
l'évolution de la masse des crédits de l'administration
générale.
En 1999, les charges de pensions
, qui figurent aux chapitres 32-92
"
Participation du ministère aux charges du fonds spécial des
ouvriers de l'Etat
" et 32-97 "
Participation aux charges de
pensions
",
progresseront de 3,5%.
Ce taux élevé
résulte du fait que l'accord salarial dans la fonction publique du 10
février 1998 s'applique également aux pensions.
Ces crédits ne font que transiter par le ministère de
l'intérieur. Ils sont transférés en cours de gestion au
budget des charges communes.
2. Les dépenses électorales
Par
définition, le montant des crédits du chapitre 37-61
"
Dépenses relatives aux élections
" est volatile. En 1999,
il s'établira à
574 millions de francs
, contre 1.300
millions de francs l'année dernière.
Ces crédits serviront principalement, pour 529,7 millions de francs,
à financer l'
élection des députés
français au Parlement européens
.
Les fluctuations des dépenses électorales sont telles que les
taux d'évolutions des crédits du ministère de
l'intérieur doivent toujours être calculés "hors
dépenses électorales" pour être
significatifs.
B. LES TENDANCES POUR 1999
1. Dépenses de personnel : un effort pour les régimes indemnitaires
La
politique du ministère de l'intérieur de
repyramidage des
effectifs
s'applique non seulement à la police nationale, mais
également aux personnels affectés à la centrale. Il
s'agit, selon le ministère, de participer à l'
"
approfondissement de la réforme de l'Etat
" par la
"
requalification des emplois
", en les adaptant aux besoins.
En 1999, ce processus se traduira par le repyramidage d'emplois
d'attachés principaux et de secrétaires et adjoints
administratifs. Soixante-treize emplois, dont 40 desservant les cultes
d'Alsace-Moselle et 33 agents administratifs, sont supprimés. En
contrepartie, sept emplois d'ingénieurs informaticiens et un emploi de
chef de service seront créés. Au total, les effectifs
s'établiront à 6.421 emplois.
Dans l'ensemble, et
compte tenu des effets de l'accord salarial du 10
février 1998, les rémunérations progresseront de 3,5%.
L'effort en faveur du régime indemnitaire est encore plus
conséquent. Les crédits du chapitre 31-02 "
Indemnités
et allocations diverses
" progresseront en effet de 7%.
Une enveloppe de
5,3 millions de francs , dont 2,1 millions de francs pour l'administration
centrale et 3,2 pour les personnels des transmissions, est prévue afin
d'entamer un rattrapage par rapport aux régimes existant dans les autres
ministères.
Selon les informations transmises à votre rapporteur, une étude,
menée entre 1995 et 1997 par la direction générale de
l'administration, a révélé que
les primes
versées aux fonctionnaires de l'administration centrale du
Ministère de l'intérieur étaient inférieures en
moyenne de 20% pour les hauts fonctionnaires et de 14% pour les autres
personnels, à celles des agents des autres ministères
. Par
ailleurs, les sommes consacrées par le ministère de
l'intérieur aux primes de ses agents augmentent moins vite que celles
des autres ministères.
Etat comparatif des primes servies en 1997
|
Services Premier Ministre |
|
|
|
Sous-directeur |
|
160.000 |
|
153.900 |
Administrateur civil hors-classe |
117.160 |
129.000 |
154.00 |
111.700 |
Administrateur civil 1ère classe |
111.100 |
114.700 |
132.000 |
100.800 |
Administrateur civil 2ème classe |
92.920 |
98.800 |
115.700 |
95.000 |
Chef de service administratif de préfecture |
|
|
|
|
Directeur de préfecture |
|
|
|
|
Attaché principal 1ère classe d'adm. centrale |
74.740 |
70.200 |
110.000 |
59.200 |
Attaché principal 2ème casse d'adm. centrale |
67.670 |
60.700 |
98.800 |
58.600 |
Attaché principal de préfecture |
|
|
|
|
Attaché de préfecture à partir du 9ème échelon |
|
|
|
|
Attaché de préfecture jusqu'au 8ème échelon inclus |
|
|
|
|
Attaché d'administration centrale |
48.480 |
54.200 |
89.600 |
46.200 |
Secrétaire administratif de cl. except. |
37.610 |
43.450 |
68.000 |
33.500 |
Secrétaire administratif de cl. supérieure |
34.350 |
39.120 |
60.000 |
30.300 |
Secrétaire administratif de cl. normale Adm. centrale |
29.108 |
34.525 |
40.000 |
28.050 |
Secrétaire administratif de préfecture à partir du 6ème échelon |
|
|
|
|
Secrétaire administratif de préfecture jusqu'au 7ème éch. inclus |
|
|
|
|
Adjoint principal de 1ère classe |
31.010 |
34.100 |
40.000 |
24.700 |
Adjoint principal de 2ème classe |
26.870 |
28.050 |
37.000 |
22.800 |
Adjoint administratif |
22.548 |
27.000 |
31.000 |
19.600 |
Agent administratif de 1ère classe |
22.078 |
27.000 |
30.000 |
19.300 |
Agent administratif de 2ème classe |
21.944 |
27.000 |
28.000 |
18.600 |
Agent des services techniques de 1ère cl. |
19.080 |
27.000 |
30.000 |
19.300 |
Agent des services techniques de 2ème cl. |
14.723 |
27.000 |
28.000 |
18.600 |
Chef de garage |
28.725 |
|
37.000 |
|
Conducteur automobile hors catégorie |
25.738 |
|
32.000 |
19.600 |
Conducteur automobile de 1ère classe |
25.156 |
|
29.000 |
19.300 |
Conducteur automobile de 2ème classe |
22.077 |
|
27.000 |
18.609 |
Maître ouvrier principal |
25.607 |
29.050 |
35.000 |
23.750 |
Maître ouvrier |
|
|
|
|
Ouvrier professionnel principal |
|
|
|
|
Ouvrier professionnel 1ère catégorie |
|
|
|
|
Ouvrier professionnel |
20.794 |
27.000 |
30.000 |
19.450 |
Chef d'études |
52.636 |
|
|
|
Chargé d'études de 1ère classe |
28.459 |
|
|
|
Chargé d'études de 2ème classe |
29.546 |
|
|
|
Documentaliste de 1ère classe |
27.379 |
|
|
|
Documentaliste de 2ème classe |
23.917 |
|
|
|
Aide de documentation cl. exceptionnelle |
26.134 |
|
|
|
Aide de documentation cl. supérieure |
25.588 |
|
|
|
Aide de documentation |
24.938 |
|
|
|
Source : ministère de l'intérieur
2. Dépenses de fonctionnement : une baisse pas seulement comptable
Les
dépenses de fonctionnement de l'administration centrale sont
globalisées
au sein du chapitre 34-01 "
Administration centrale et
services communs. Moyens de fonctionnement
". Selon le ministère de
l'intérieur, "
la globalisation des crédits de fonctionnement a
pour objectif de permettre à chaque chef de service de disposer d'un
droit de tirage financier unique sur lequel il peut faire engager les
dépenses de son choix, déterminées en fonction des besoins
propres de son service pour l'année en cours
".
Il a été indiqué à votre rapporteur que les
dotations allouées à chaque service en début de gestion
faisaient l'objet d'un examen à mi-année et, en tant que de
besoin et dans la limite des crédits ouverts, d'une
réévaluation ou d'une diminution.
La ventilation des crédits du chapitre s'opère dans le cadre
du programme d'emploi des crédits
déterminé par le
ministère de l'intérieur en début d'exercice. Il
résulte du tableau ci-dessous que la plupart des montants des dotations
des différents chapitres sont reconduit d'année en année,
sans véritablement avoir de rapport avec l'évolution des
priorités du ministère telles qu'elles ressortent du programme
d'emploi des crédits.
Comparaisons des crédits du chapitre 34-01 dans les
lois
de finances et le programme d'emploi des crédits
L'opacité a priori des évolutions interne de ce
chapitre n'empêche pas de constater que, dans le projet de loi de
finances pour 1999,
les crédits du chapitre 34-01
s'établissent à 268 millions de francs, en baisse de 84,8
millions de francs, soit 24%.
Cette baisse s'explique par un double mouvement :
- la non reconduction du remboursement de la dette à l'égard de
France Télécom, dont le montant s'établissait
l'année dernière à 90 millions de francs ;
- l'incorporation dans le chapitre 34-01 des crédits de l'ancien
chapitre 34-98 "
Etudes générales
" pour 6 millions de
francs.
A structure constante, la baisse des moyens de fonctionnement est donc de 90,8
millions de francs, soit 25,7 millions de francs.
La non reconduction du remboursement de la dette à l'égard de
France Télécom ne signifie pas que l'Etat n'honore pas ses
engagement
. En effet, les crédits correspondant figureront dans la
loi de finances rectificative pour 1998. Elle pose cependant un problème
de sincérité des documents budgétaires.
La sincérité des montants inscrits dans le fascicule
budgétaire est également contestable s'agissant des
crédits du chapitre 37-91 "
Frais de contentieux
".
Ceux-ci
progressent de 10,8% dans le "bleu" pour 1999, s'établissant à
500 millions de francs.
Toutefois, cette dotation est notoirement insuffisante. Les paiements au titre
des frais de contentieux se sont élevés à 639,7 millions
de francs en 1995, 568 millions de francs en 1996 et 506,4 millions de francs
en 1997.
La loi de finances pour 1998 avait prévu 451 millions de francs pour ce
chapitre, tandis que, quelques semaines plus tard, le programme d'emplois des
crédits estimait les besoins à 765 millions de francs, en
croissance du fait des indemnisations des victimes, morales et physiques, des
barrages routiers.
3. Le remboursement de la dette du ministère de l'intérieur
Depuis
le changement de majorité intervenu en 1993, le ministère de
l'intérieur a entamé une
politique d'apuration de son stock de
dette
. Les créances s'élevaient alors, notamment, à
250 millions de francs s'agissant de la dette immobilière, 1 milliard de
franc de dette à France Télécom et 170 millions de francs
à l'égard de l'imprimerie nationale.
Aujourd'hui, la dette provenant des loyers impayés a
été soldée, ainsi que les créances à
l'égard de la RATP et Aéroport de Paris.
Trois postes d'endettement restent importants :
a) La dette à l'égard de France Télécom
Le
ministère de l'intérieur a cesser de payer ses factures de
téléphone en 1982. La dette était déjà de
250 millions de francs en 1986. Entre 1998 et 1993, elle est passée
à 1 milliard de francs.
En 1995,
une convention cadre a été signée par le
ministère et l'opérateur
. Ce texte garantit le
règlement des créances téléphoniques par l'ensemble
des services qui bénéficient de la procédure de
globalisation des crédits. Il comporte des mécanismes de
sanctions très pénalisants, puisque France Télécom
est habilitée à couper les lignes pour lesquelles les
communications seraient impayées. Ces mesures, combinées avec une
politique de limitation des équipements et des consommations, ont permis
de stabiliser le stock.
Parallèlement, une négociation entre l'Etat et l'opérateur
a conduit à renégocier le montant de la dette, à hauteur
de 785,4 millions de francs, soit la dette postérieure au changement de
statut de l'entreprise.
Depuis, deux tranches de remboursement ont été versées :
130 millions de francs dans la loi de finances rectificative pour 1997 et
90 millions de francs dans la loi de finances initiale pour
1998.
b) La dette à l'égard de l'imprimerie nationale
Depuis
1993, le niveau de cette dette a été réduit de 109
à 70 millions de francs. Ce montant correspond à des commandes
d'imprimés fiduciaires passées, d'une part, par les
préfectures
avant la déconcentration et la globalisation
de leurs crédits de fonctionnement en 1992 pour 66,8 millions de francs
et, d'autre part, par la
préfecture de police
pour un montant de
3,76 millions de francs.
Une convention d'apurement de la dette, prenant effet au 1er janvier 1998, a
été conclue en 1997. Cette convention prévoit ainsi
l'étalement du règlement total de la dette sur sept ans. Un
premier versement de 10 millions de francs a été effectué
à la fin de la gestion 1997 grâce à des économies
réalisées en interne.
c) Le carburant des aéronefs de la sécurité civile
Un protocole a été élaboré entre la direction de la sécurité civile et le service des essences des armées pour parvenir à un apurement, échelonné, de cette dette. Au cours de l'année 1997, celle-ci a été réduite de 10 millions de francs.
Le stock de dette du ministère de l'intérieur
(en millions de francs)
|
1/01/97 |
1/01/98 |
30/06/98 |
Carburants
|
21,9
|
11,77
|
11,77
|
Total |
1159,8 |
730,97 |
639,47 |
4. Le soutien médical et psychologique aux policiers
L'année 1998 a été marquée par
un
élan nouveau donné à la politique d'action sociale du
ministère de l'intérieur
, avec notamment 25 millions de
francs de mesures nouvelles consacrés à la politique
médicale du ministère et 10 millions de francs pour la
distribution de repas chauds dans les commissariats. Par ailleurs, le
recrutement de 10 psychologues était décidé.
Ces recrutements ont bien eu lieu, le dernier intervenant le 1er novembre 1998.
Pour 1999, les crédits du chapitre 33-92 "
Prestations et versements
facultatifs
" augmentent de 7,5%, s'établissant à 212 millions
de francs. L'article 20 "
Politiques médicales
"
bénéficie d'une mesure nouvelle de 10 millions de francs, et
l'article 90 "
Fonctionnement et aménagement d'établissements
sociaux
" d'une mesure nouvelle de 5 millions de francs.
II. LES POLITIQUES TRANSVERSALES
Les crédits d'investissement de l'administration représentent 0,3% des crédits de l'agrégat. Toutefois, c'est au niveau central que sont données les impulsions en matière d'investissements concernant l'ensemble des agrégats. Par ailleurs, les crédits d'investissements, notamment en matière d'investissements immobiliers, informatiques et de recherche, sont souvent indissociables des dépenses ordinaires correspondantes.
A. LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE
1. Le ministère de l'intérieur et le budget civil de recherche et développement
Les
crédits du chapitre 57-09 "
Recherche scientifique et technique
"
sont marginaux au sein du budget du ministère de
l'intérieur : 4,5 millions de francs dans la loi de finances pour
1999. Ils progressent cependant de 80% par rapport à 1998.
Cette augmentation témoigne, d'une part, de l'intérêt
accru du ministère pour la recherche et, d'autre part, d'un ajustement
des crédits figurant dans le bleu à la réalité des
besoins et à la réalité de la dépense.
En effet, en 1998, la dotation budgétaire s'établissait à
2,5 millions de francs en crédits de paiement, sans ouverture
d'autorisations de programme. Quelques mois plus tard, le programme d'emploi
des crédits du ministère prévoyait d'accorder à
l'activité de recherche 10,98 millions de francs en autorisations de
programme et 6,22 millions de francs en crédits de paiement.
Les crédits de recherche du chapitre 57-09 ne sont pas
gérés par le ministère de l'intérieur, mais par le
ministère de la recherche. Ils constituent une partie du budget civil de
recherche et de développement (BCRD), dont le montant total
s'établit à 53,9 milliards de francs dans le projet de loi de
finance pour 1999.
Le
ministère de l'intérieur et le budget civil
de recherche et
de développement
L'
état récapitulatif de la recherche et du
développement technologique annexé au projet de loi de finances
pour 1999
, le "jaune" budgétaire", consacre le paragraphe suivant
aux crédits du BCRD accordés au ministère de
l'intérieur :
"Les crédits accordés au ministère de l'intérieur
au titre du BCRD sont essentiellement utilisés pour des travaux sous
contrats réalisés par des laboratoires publics ou privés.
Les thèmes de recherche qui seront poursuivis ou relancés en 1999
par le Centre d'études et de prospectives, nouvellement
créé, portent sur les domaines suivants :
La police nationale
Les projets portent sur l'amélioration des techniques mises à
disposition des enquêteurs et des matériels pour assurer une
meilleure sécurité des fonctionnaires sur le terrain
(détecteur de caches enterrées, réseau de transmission de
données larges bandes, outils logiciel de scellement) ;
L'institut des hautes études de sécurité
intérieure
Le programme de recherche s'articule autour de trois grands axes de
réflexion !
- le fonctionnement des institutions et des acteurs chargés de la
sécurité ;
- les risques et les insécurités qui menacent notre
société ;
- les dispositifs des politiques publiques locales de
sécurité.
Ces programmes sont menés en étroite collaboration avec les
instituts de sécurité français et étranger ;
La sécurité civile
Les projets portent sur :
- la réglementation de sécurité incendie au niveau
européen ;
- la mise au point d'équipements d'alerte aux populations et
à l'amélioration des secours apportés ;
- la gestion des plans de secours ;
les libertés publiques et les affaires juridiques
Les thèmes de recherche concernent des sujets qui font partie des
priorités gouvernementales (circulation transfrontière, police
des étrangers) et des recherches sur le droit et les pratiques
administratives comparés, notamment en droit communautaire."
Par ailleurs, le ministère de l'intérieur subventionne
l'
institut des hautes études de sécurité
intérieure
sur les crédits du chapitre 37-50 "
Instituts
d'études. Dépenses diverses
", à hauteur de 10,3
millions de francs (en baisse de 5,5%. Le loyer de l'Institut
s'élève à 3,5 millions de francs par an. L'Institut
bénéficie en partie des crédits du chapitre 57-09.
L'année 1998 a été marquée par la création
de deux nouvelles structures, le centre d'études et de prévision
et la délégation aux affaires internationales.
2. Le centre d'études et de prévision
Les
textes, décret et arrêté, qui officialiseront la
création du centre d'études et de prévision (CEP) sont
encore en cours d'élaboration. Toutefois, au cours de l'année
1998, le conseil d'orientation du centre, composé de
personnalités du monde intellectuel et de la recherche, a
été réuni trois fois par le ministre.
Le CEP est composé d'une équipe réduite rattachée
directement au ministre. Sa mission est de "
favoriser une meilleure
articulation des fonctions très diverses du ministère et
d'éclairer le ministre sur les évolutions susceptibles d'affecter
le champ de compétences de son département ainsi que
l'environnement dans lequel elles s'exercent
."
Quatre chargés de mission travaillent actuellement pour le centre et
deux recrutements sont en cours. Un budget de 500.000 francs a
été accordé en 1998.
Les premiers travaux du CEP ont été consacrés à la
réforme de l'Etat et à l'organisation et l'administration des
territoires urbains. Outre ses propres notes, le CEP a commandé des
premières études pour un coût de 80.000 francs, pris
en charge par les crédits de l'ancien chapitre 34-98 "
Etudes
générales
", aujourd'hui fondu dans le chapitre 34-01 des
moyens de fonctionnement de l'administration générale.
3. La délégation aux affaires internationales
La
lettre de mission du délégué aux affaires internationales,
datée du 12 décembre 1997, définit les missions de la
délégation (DAI) :
- la définition et la proposition des grandes orientations
stratégiques de l'action internationale du ministère ;
- la coordination de cette action, notamment pour la préparation des
négociations.
Depuis janvier 1998, la DAI a contribué à la définition
des orientations s'agissant de l'élargissement de l'Union
européenne aux pays de l'est européen ou du mode de
fonctionnement des accords de Schengen.
Les autres thèmes que la DAI traitera dans les prochains mois
comprennent notamment l'implantation du ministère à
l'étranger, la politique de coopération, le traitement
international des questions de drogue ou encore les relations avec les pays
méditerranéens.
Pour mener à bien son activité, la DAI dispose du réseau
des attachés de police dans les ambassades. A Paris, elle est
composée d'un délégué, de quatre chargés de
mission et de deux agents administratifs.
Les crédits affectés à son fonctionnement se sont
établis en 1998 à 484.099 francs.
B. LA POLITIQUE IMMOBILIÈRE DU MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR
Les
investissements immobiliers sont particulièrement
privilégiés par le ministère de l'intérieur, qui
estime qu' "
une large aisance en crédits de paiement a
caractérisé la période 1995-98
."
En effet, le tableau ci-dessous montre que, malgré une baisse de 22% de
la dotation en loi de finances pour 1998 par rapport à 1997, les
crédits disponibles en 1998 ont été supérieurs
à ceux de 1997 en raison du montant important de crédits
reportés.
Les crédits d'équipement immobilier du ministère de l'intérieur (CP)
(en millions de francs)
|
LFI |
Dotation |
Consom. |
Reports |
1997 |
705,8 |
1005,7 |
584,4 |
421,3 |
1998 |
548,2 |
1100,1 |
1055,1* |
45* |
1999 |
619 |
- |
- |
- |
*Prévisions
Cette abondance a permis de réaliser les études relative à
la réalisation de nombreux besoins, dont la réalisation
simultanée entraînerait un besoin en crédits de paiement de
l'ordre de 1,5 milliards de francs.
En 1999, compte tenu de la consommation des reports en 1998, la dotation en loi
de finances progresse à nouveau, de 13%.
Votre rapporteur salue la politique du ministère de l'intérieur
qui consiste à ne pas hésiter à réduire les
dotations là ou c'est possible, afin de dégager des marges de
manoeuvre ailleurs.
1. Les crédits prévus pour 1999
Les
crédits d'équipement immobiliers du ministère de
l'intérieur figurent au chapitre 57-40 "
Equipement immobilier du
ministère de l'intérieur
". Trois article de ce chapitre
concernent l'administration générale :
- l'article 20 "
Administration centrale : sites centraux et
délocalisés
" : il est doté de 14 millions de
francs en crédits de paiement, en hausse de 44%, et de 22 millions de
francs en autorisations de programme, en hausse de 10% ;
- l'article 70 "
Cultes d'Alsace et de Lorraine
" : ses crédits
sont stables en crédits de paiement, à hauteur de 1 million de
francs.
- l'article 81 "
Investissements immobiliers sociaux
" : ils diminuent de
37,5%, à 5 millions de francs en crédits de paiement, et
augmentent de 33% en autorisations de programme.
Le ministère de l'intérieur considère que
"
l'administration centrale disposera en 1999 d'un parc immobilier
répondant à l'essentiel de ses besoins
".
De manière générale, l'importance des crédits
reportés sur l'ensemble du chapitre 57-40, qui avait permis de justifier
en 1998 une baisse en volume des crédits consacrés à
l'équipement immobilier, n'est pas satisfaisante mais pas anormale,
compte tenu du caractère compliqué de certains dossiers
immobiliers.
2. La politique de maîtrise des dépenses immobilières par renégociation des loyers et réexamen des implantations existantes
Le
ministère de l'intérieur est engagé dans une
démarche de limitation de ses dépenses immobilières, qui
sont gérées par la centrale s'agissant des investissements et qui
sont déconcentrées s'agissant des loyers.
Depuis 1993, le transfert de services installés dans des locaux
loués vers, soit des locaux inoccupés appartenant au
ministère, soit des locaux achetés, est encouragé. Par
ailleurs, il est procédé à une renégociation
systématique des loyers.
La politique de renégociation des loyers et réexamen systématique des implantations existantes
Le
ministère de l'intérieur a adressé à votre
rapporteur la note suivante, présentant les modalités de la mise
en oeuvre de cette politique :
" Depuis 1994,
le ministère de l'intérieur a
procédé à plusieurs renégociations de baux qui se
sont traduites par des baisses sensibles de loyers.
Cela a
été le cas pour les deux immeubles principaux où sont
implantés les services de l'administration centrale:
- celui de la rue Nélaton, qui a été
renégocié à l'occasion de son renouvellement le
1er juin 1994, d'où une économie de 2,2 millions de
francs sensible dès la première année et l'engagement du
propriétaire de réaliser d'importants travaux de
rénovation (58 millions de francs) ;
- celui de Nanterre, renégocié à compter du
1er janvier 1995, d'où une économie de plus de 5 millions de
francs consentie par le propriétaire en contrepartie de l'engagement du
ministère de l'intérieur de rester dans les lieux jusqu'au
14 février 1999, échéance du bail.
Ensuite, il faut signaler que la situation de l'immeuble Chaptal a
été définitivement régularisée pour la
période comprise entre le 1er janvier 1989, échéance
du dernier bail, et le 14 septembre 1994, date de sa reprise en gestion
par l'INESC Par la fixation d'une indemnité globale de
5.428.300 francs très inférieure aux estimations initiales
(proches de 12 millions de francs).
Enfin, il faut signaler l'échec de la renégociation du bail de
l'immeuble "sur rue" du 26 rue Cambacérès, venu à
échéance le 14 octobre 1995. Les termes de la
négociation discutés directement par la DPAFI avec le
propriétaire aboutissaient à un loyer de 8,6 millions de
francs en régime de droit au bail, ce qui représentait une
réduction de plus de 2 millions de francs par rapport au loyer
proposé par ce denier : 10,150 millions de francs en
régime TVA. Or, ces termes ont été rejetés par le
service des domaines qui a fixé la valeur locative de l'immeuble sur rue
à 7 millions de francs en régime de droit au bail. Une
procédure judiciaire s'en est suivie qui a conclu au versement d'une
indemnité d'occupation fixée sur la base de la valeur des
domaines, charges locatives en sus.
Cette situation a perduré jusqu'au 30 avril 1998, date
initialement fixée pour la libération de l'immeuble par les
services du ministère de l'intérieur et qui correspondait
à l'échéance du bail de l'immeuble "sur cour"
sous-loué à la Sofrémi. Pour la période comprise
entre le 1er mai 1998 et le 31 décembre 1998, une nouvelle
négociation a permis l'élaboration d'un protocole
prévoyant le versement d'une indemnité globale de
10 millions de francs, TVA et charges locatives en sus, couvrant à
la fois le loyer et les travaux de remise en état de la totalité
de l'immeuble consécutifs au départ des services du
ministère de l'intérieur. Ce protocole est en cours de signature.
Le deuxième axe de la politique de limitation des dépenses de
loyers s'est concrétisé, à travers l'analyse
systématique des implantations existantes, par l'utilisation stricte des
surfaces disponibles dans le patrimoine existant.
Cette orientation s'est notamment traduite par l'abandon à la mi-avril
1995 de la location de l'immeuble du 211 rue de l'Université,
occupé jusqu'alors par le fichier national des permis de conduire
transféré à cette date dans l'immeuble de Lognes,
propriété du ministère de l'intérieur. Cet abandon
a permis de réaliser une économie de loyer de plus de
1,3 million de francs par an.
Les difficultés liées à l'échec de la
renégociation du bail de l'immeuble du 26 rue
Cambacérès ont conduit à rechercher une solution de
relogement des services implantés sur ce site. Dès 1997, le
bureau des affaires immobilières de l'administration centrale de la
DPAFI a entamé des négociations avec un groupe d'assurances pour
l'acquisition d'un immeuble de bureaux situé dans le
8ème arrondissement, correspondant aux besoins de surfaces
générés par l'abandon du site du 26 rue
Cambacérès. Il s'agit d'un immeuble de plus de 6.500 m²
permettant le relogement, outre du 26 rue Cambacérès, de
celui du 8 rue Cambacérès, autre immeuble en location.
L'économie de loyers attendue de cette opération est
évaluée à plus de 10 millions de francs, qui sera
effective dès 1999. En effet, le déménagement complet des
services sera achevé le 31 décembre 1998.
Pour les services territoriaux, les locations payées sur les budgets
globalisés sont marginales. En police nationale, 36 % des immeubles
occupés par les services font l'objet d'une location à titre
onéreux, mais ils ne représentent que 15,5 % de la surface
occupée. Périodiquement, des instructions sont données aux
préfets pour qu'ils négocient, avec le soutien du service des
domaines, la baisse des baux arrivant à
échéance."
C. LA POLITIQUE INFORMATIQUE DU MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR
1. La cadre général de la politique informatique
La
politique du ministère de l'intérieur en matière
d'informatique est définie par un
comité d'orientation pour
l'informatique et les transmissions,
qui réunit l'ensemble des
directions pour étudier la mise en oeuvre des crédits et
définir les orientations générales.
La politique ainsi définie s'applique, selon le ministère,
"
transversalement, à l'ensemble de ses services et activités,
indépendamment du découpage fonctionnel, auquel renvoie le
concept budgétaire d' "agrégats"
"
Les principes qui guident l'action du ministère ont été
rassemblés dans le
schéma directeur
pour la période
1994-98 autour de quatre axes stratégiques: appuyer la politique de
déconcentration, ouvrir certains grands fichiers à des
partenaires extérieurs, favoriser les échanges de données
et rechercher les gains de productivité.
La préparation du nouveau schéma directeur informatique est en
cours. Dix groupes de travail ont été constitués, dans les
domaines suivants :
Développement de projets, suivi et évaluation de leur mise en
oeuvre ; administration et sécurité des réseaux et
systèmes ; évolution des systèmes informatiques des
préfectures ; planification des investissements (coordination et
hiérarchisation des priorités) ; réseau
général de transports et télécommunications ;
amélioration des relations administration usagers ; nouvelles
technologies de l'information ; sensibilisation et formation des utilisateurs ;
convergence et intégration des différents systèmes
d'information.
2. La répartition des crédits entre fonctionnement et investissement
Les
crédits informatiques du ministère se répartissent entre
le chapitre 34-82 "
Dépenses d'informatique et de
télématique
" et le chapitre 57-60 "
Informatique,
télématique et transmissions. Dépenses
d'équipement
". La répartition de ces crédits entre les
différents agrégats est effectuée dans le cadre du
programme d'emploi des crédits établi en début d'exercice.
Les données figurant dans le "bleu" doivent donc être
manipulées avec précaution.
Les crédits inscrits au chapitre 34-82 permettent le financement des
dépenses relatives au
développement et à la
maintenance
des applications nationales, à l'équipement
matériel des services et à l'acquisition et au fonctionnement des
infrastructures collectives informatiques, telles que le réseau
général de transport ou les centres informatiques. Ils diminuent
de 3,3% dans le projet de loi de finances pour 1999, s'établissant
à 692 millions de francs.
Les opérations figurant au chapitre 57-60 concernent essentiellement les
transmissions
radio de la police nationale, et spécialement le
programme ACROPOL. Ils progressent de 34% dans le projet de loi de finances
pour 1999 et s'établissent à 403 millions de francs.
Si les grands programmes sont suivis de manière centralisée, les
dépenses de maintenance et de renouvellement de faible coût sont
prises en charge, depuis deux ans, par les différents
services.
3. Les priorités pour l'administration centrale en 1999
Le
programme d'emploi des crédits devrait se traduire par un doublement des
crédits d'équipement informatique, pour un montant
supérieur à 25 millions de francs en crédits de paiement.
Ces crédits permettront notamment l'
interconnexion des
différents services et la mise en place progressive de réseaux
locaux
comme le réseau général de transports ou la
messagerie locale Galaxie. Ces outils facilitent la circulation et le partage
de l'information entre les différents services.
CHAPITRE III :
L'ADMINISTRATION
TERRITORIALE
L'agrégat "
Administration territoriale
" regroupe
l'ensemble des moyens de fonctionnement et d'investissement consacrés
aux préfectures, sous préfectures, secrétariats
généraux pour l'action régionale (SGAR),
états-majors de zone de sécurité civile (EMZ) et
secrétariats généraux de zone de défense (SGZD).
Les crédits de l'administration territoriale progressent de 2,6% dans
le projet de loi de finances pour 1999. Ils s'établissent à 6,3
milliards de francs.
Les trois principaux postes de dépenses connaissent des
évolutions contrastées.
D'une part, les
rémunérations progressent tandis que le fonctionnement diminue.
D'autre part, la spectaculaire progression des dépenses
d'investissement, en hausse de 40%, est sans effet sur le taux de progression
des crédits de l'agrégat, les dépenses en capital ne
représentent que 2,5 % du total des crédits.
Les crédits de l'administration territoriale dans le PLF 1999
(en millions de francs)
|
LFI 1998 (DO+CP) |
PLF 1999 (DO+CP) |
Evolution en % |
Personnels |
4.134,68 |
4.273,00 |
3,35 % |
effectifs budgétaires |
28.015 |
27.767 |
- 0,89 % |
Fonctionnement |
1.912,74 |
1.888,92 |
-1,25 % |
fonctionnement des préfectures |
1.674,10 |
1.672,00 |
- 0,13 % |
informatique |
238,64 |
215,48 |
- 9,70 % |
Equipement |
115 |
162 |
40,87 % |
immobilier |
115,00 |
162 |
40,87 |
transmissions |
0 |
0 |
- |
Total |
6.331 |
6.323,92 |
- 0,11 % |
I. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
A. L'EVOLUTION DES CRÉDITS
Les
crédits de
rémunérations
principales, figurant au
chapitre 31-11, augmentent de 2,6% et s'établissent à 3,52
milliards de francs. Les
indemnités
du chapitre 31-12 progressent
de 2,17%, à 522 millions de francs.
Ces augmentations résultent de
quatre facteurs
:
- l'application de l'accord salarial dans la fonction publique du 10
février 1998, qui entraîne une charge supplémentaire de
110,22 millions de francs ;
- l'application de la loi du 11 octobre 1985, en vertu de laquelle l'Etat prend
en charge les dépenses de personnel des agents des départements
et régions mis à sa disposition, pour 5,3 millions de francs
supplémentaires ;
- les réductions et transformations d'emploi, qui engendrent une
économie de 13,32 millions de francs ;
- la revalorisation des crédits indemnitaires, à hauteur de 1,24
million de francs supplémentaire.
B. LA POURSUITE DE LA REFORME DES RÉGIMES INDEMNITAIRES
Une
réforme du
régime indemnitaire des agents de la filière
administrative du cadre national des préfectures
a été
lancée le 1er janvier 1997. Elle constituait un premier pas vers
l'harmonisation des régimes indemnitaires des agents travaillant sous
l'autorité des préfets.
Une seconde étape commence à présent, avec la
réforme du régime indemnitaire des agents des services techniques
du matériel. En effet, aujourd'hui, leurs primes proviennent d'un
prélèvement opéré sur les crédits d'heures
supplémentaires des agents de la filière administrative.
Parallèlement, le
régime indemnitaire des préfets
eux-mêmes évoluera à partir du 1er janvier 1999. Cette
réforme recherche deux objectifs. En premier lieu, il s'agit de mettre
fin à une anomalie relevée dès 1992 par la Cour des
comptes, qui constatait que le préfets se situaient au sommet de la
hiérarchie administrative déconcentrée alors que leurs
rémunérations et leur régime indemnitaire les situaient au
bas de l'échelle des rémunérations. Selon les informations
transmises à votre rapporteur par le ministère de
l'intérieur, cet écart n'a fait que s'accentuer depuis.
Le régime indemnitaire mensuel du corps préfectoral :
- 2.000 F pour un sous-préfet de deuxième classe ;
- 2.700 F pour un sous-préfet en fin de carrière ;
- 3.000 F pour un préfet de département ;
- 3.750 F pour un préfet de région.
Les avantages que les membres du corps préfectoral retirent des moyens
mis à leur disposition pour la représentation de l'Etat qu'ils
utilisent à titre personnel (logements et voitures de fonction,
personnel ancillaire) sont fiscalisés à hauteur de 17.000francs
pour un directeur de cabinet et 55.000 francs pour un préfet de
région.
Aujourd'hui, il apparaît qu'un sous-préfet en début de
carrière est moins bien rémunéré qu'un directeur de
préfecture. En milieu de carrière, la rémunération
de ce sous-préfet est équivalente à celle d'un commissaire
de police débutant.
Ces constations ont abouti à la volonté de créer un
régime indemnitaire à la mesure des missions du corps
préfectoral, véritable "
colonne vertébrale de la
République
". Ce régime sera modulé en fonction de
l'importance du poste détenu et assorti d'une revalorisation indiciaire.
Cette réforme sera financé par un prélèvement sur
les crédits du chapitre 37-10 des moyens de fonctionnement des
préfectures.
L'individualisation des crédits indemnitaires des préfets aura
pour conséquence de mettre fin au flou potentiel sur l'utilisation des
crédits de représentation mis à la dispositions des
préfets. Une circulaire relative à l'utilisation de ces
crédits est actuellement en cours d'élaboration.
C. L'EVOLUTION DES EFFECTIFS
Les
effectifs budgétaires du cadre national de l'administration des
préfectures s'établissent à 27.179 dans le projet de loi
de finances pour 1999. Les effectifs du corps préfectoral sont de 588,
dont 129 préfets et 459 sous-préfets.
S'agissant du cadre national des préfectures,
la priorité
reste à la requalification des emplois
. Ainsi, 49 emplois d'agents
de 2ème classe seront transformés en 5 emplois de directeurs et
44 emplois d'attachés de 2ème classe. En outre, 200 emplois
gelés seront supprimés et, en contrepartie,
200 dégels ont été obtenus, contribuant ainsi
à la résorption de l'emploi précaire et au recrutement de
contractuels d'assistance technique.
S'agissant du corps préfectoral, il existe un décalage persistant
entre les effectifs reéls et les effectifs budgétaires, qui sont
inférieurs. Ceci s'explique par l'existance de 19 préfets et de
22 sous-préfets hors cadre.
L'année 1998 avait été marquée par la suppression
de 10 postes de sous-préfets, permettant ainsi de gager une partie des
mesures catégorielles intervenues en 1998 au profit de la direction
générale de l'administration. Aucune nouvelle suppression n'est
envisagée en 1999 et, au vu des effectifs actuelles une telle mesure ne
serait pas jugée "
opportune
" par le ministère de
l'intérieur.
II. LA RECHERCHE D'UNE ADEQUATION ENTRE LES MOYENS ET LES MISSIONS DE PRÉFECTURES
Une
mission confiée au préfet Frémont examine actuellement,
pour chacune des préfectures, la qualité de l'adéquation
entre les moyens et les missions.
Cette mission intervient dans un contexte de stabilisation, voire de tassement
des moyens de fonctionnement, et d'enrichissement des missions des
préfectures.
A. L'EVOLUTION DES MISSIONS DES PRÉFECTURES
Le
ministre de l'intérieur a fixé
trois missions prioritaires
aux services des préfectures :
- la sécurité, sous tous ses aspects ;
- le contrôle de légalité ;
- le pilotage interministériel des politiques publiques.
A ces trois axes s'ajoutent une volonté d'améliorer l'accueil du
public et la création de nouvelles missions, telles que la
délivrance de la pastille verte ou la gestion de régularisation
des étrangers.
Pour permettre aux agents d'exercer au mieux ces missions, il est prévu
de
développer des actions de formation et des outils
méthodologiques.
A cet effet, une étude a été
confiée à un consultant pour faire des propositions d'ordre
organisationnel pour ce qui concerne la délivrance des titres en
préfecture, à partir de cinq sites pilotes. Les conclusions de
cette étude ont été envoyées aux préfets et
doivent donner lieu à une concertation locale, pour trouver des points
d'amélioration du service aux usagers, adaptés au contexte local.
Par ailleurs, des outils informatiques sont en cours de réalisation pour
aider au contrôle de légalité et pour mettre à
disposition des documents de doctrine ou de jurisprudence actualisés,
ainsi que des éléments de suivi de l'avancement des politiques
publiques.
B. LA STAGNATION DES MOYENS DE FONCTIONNEMENT DES PRÉFECTURES
Les
crédits du chapitre 37-10 "
Administration préfectorale.
Dépenses diverses
" reculent légèrement, de 0,1%, dans
le projet de loi de finances pour 1999. Il s'élèvent à
1,672 milliard de francs
.
Le ministère de l'intérieur estime que "
les crédits de
fonctionnement des préfectures ont permis ont permis au cours des trois
années 1996,1997 et 1998 de maintenir la capacité d'action des
préfectures
".
Néanmoins, la stagnation du montant des crédits entre 1998 et
1999 contraste avec l'évolution entre 1997 et 1998. En effet, si les
crédits figurant dans le projet de loi de finances pour 1998
étaient inférieurs de 3,44% à ceux de la loi de finances
de l'année précédente, le programme d'emploi des
crédits pour 1998 du ministère note que les moyens de
fonctionnement des préfectures étaient, en réalité,
"
en hausse de 2,15% par rapport aux moyens réellement disponibles
compte tenu de la régulation budgétaire intervenue en gestion
1997
". La gestion 1998 n'a pas été marquée par les
mêmes mesures de régulation.
Les préfectures bénéficient depuis le 1er janvier 1986
d'une
dotation globale entièrement déconcentrée
.
Par conséquent, aucune ventilation globale n'est effectuée par
l'administration centrale en début d'année entre les
différents postes de dépenses des préfectures.
Les bilans de gestion qui sont adressés au ministère à
la fin de chaque exercice ont permis de faire apparaître des tendances
communes aux années récentes.
Ainsi, il est constaté
une baisse des dépenses de fonctionnement courant et des dépenses
d'entretien des véhicules. En revanche, les postes informatiques et
l'entretien du parc immobilier sont privilégiés. Ces tendances se
vérifieraient en 1998. Elles seraient complétées par
l'émergence d'un effort en vue de l'adaptation des préfectures
aux nouvelles technologies de communication.
Si les crédits de fonctionnement des préfectures sont
globalisées, il existe cependant en leur sein un
fonds de
modernisation des préfectures
, qui a été doté
de 16,7 millions de francs en 1997 et de 15,3 millions de francs en 1998. Il a
servi à financer des dépenses liées à
l'augmentation des surfaces de certaines préfectures, la prise en compte
de charges ponctuelles et un effort particulier en faveur du câblage
informatique d'une vingtaine de préfectures.
Pour 1998, le programme d'emploi des crédits du ministère de
l'intérieur assignait les objectifs suivants au fonds de modernisation
des préfectures :
- faire face à d'éventuelles dépenses rendues
nécessaires par des modifications de la législation ;
- aider les préfectures qui, de manière structurelle ou
conjoncturelle, doivent supporter les charges résultant de
restructurations immobilières ;
- soutenir des démarches innovantes, notamment dans la mise en place du
projet d'infocentre NDL
2(
*
)
.
III. LES INVESTISSEMENTS IMMOBILIERS DES PRÉFECTURES ET SOUS PRÉFECTURES
A. LES PRIORITÉS
La
politique immobilière de l'administration territoriale s'articule autour
de trois axes, qui ont été rappelés dans une note à
votre rapporteur , reproduite ci-après :
Les priorités de la politique immobilière de l'administration
territoriale
les programmes régionaux d'équipement (PRE)
Les crédits affectés aux PRE sont des crédits dont la
gestion est déconcentrée aux préfets de région qui
les répartissent en commission administrative régionale entre les
départements. Ils représentent 20 % de la dotation inscrite
an loi de finances initiale (soit 50 millions de francs en 1998).
Ces crédits sont utilisés pour financer des opérations
relatives à la maintenance lourde et à l'entretien du patrimoine,
à la sécurité des personnes par la mise aux normes de
sécurité incendie des bâtiments ainsi qu'à la
protection des fonctionnaires, des locaux et des titres contre les risques
d'agression.
Les actions de désimbrication
Avant l'entrée en vigueur des lois de décentralisation, la
plupart des préfectures partageaient leurs bâtiments avec les
conseils généraux. La désimbrication consiste à
établir une séparation géographique et fonctionnelle entre
les services de l'Etat et ceux des départements. Elle est engagée
à la suite de décisions prises par les assemblées
départementales ou par l'Etat. Elle constitue la concrétisation
en termes immobiliers du processus de décentralisation.
En 1998, la politique de désimbrication s'est traduite comme suit :
- construction de nouveaux locaux : poursuite des opérations de
Montaubain -mise en place de l'AP travaux-, et de Toulouse, lancement du projet
de Besançon ;
- acquisition de locaux libérés par les conseils
généraux et dont l'usage par des tiers ne pourrait être
envisagé pour des raisons de sécurité : solde des
opérations de Rouen et de Carcassonne ;
- restructurations lourdes : Lille (acquisition d'un ancien hôpital
militaire, Avignon).
Les actions de modernisation immobilière
Trois axes sont définis dans ce domaine pour l'action administrative,
qui ont donné lieu aux opérations suivantes :
- sécurité et accueil du public : Bourg-en-Bresse,
Guéret, Bobigny, Rennes ;
- entretien et remise à niveau du patrimoine : Mont-de-Marsan,
Strasbourg, Caen ;
- extensions et restructurations : Poitiers, Pithiviers, Mulhouse, Privas.
Au cours de l'année 1998, il a fallu également traiter des
situations d'urgence : incendie du château des ducs de Savoie à
Chambéry, désamiantage de locaux (Valence, Bobigny), risques
d'effondrement d'éléments de bâtiments (Vervins, Dijon,
Perpignan).
B. L'EVOLUTION DES CRÉDITS
Le
patrimoine immobilier de l'administration territoriale représente
environ 1,75 millions de mètres carrés, répartis sur 600
implantations. Les dépenses relatives à ce patrimoine, qui
comprend des bâtiments parfois très anciens, relève
à la fois des crédits de fonctionnement du chapitre 37-10 et des
dépenses d'équipement du chapitre 57-40.
S'agissant des
crédits de fonctionnement
, l'analyse des bilans de
gestion des préfectures a fait apparaître que 19% d'entre eux
avaient été consacrés à l'entretien du patrimoine
immobilier en 1996.
S'agissant des
dépenses d'équipement
, la dotation moyenne,
entre 1995 et 1998, s'établit en loi de finances initiale à 201
millions de francs en autorisations de programme et à 199,65 millions de
francs en crédits de paiement. Au vu de ces moyennes,
les
crédits inscrits dans le projet de loi de finances pour 1999
apparaissent favorables en autorisations de programme (240 millions de francs)
mais en retrait pour les crédits de paiement
, dont le montant est
limité à 162 millions de francs.
La répartition des crédits du chapitre 57-40 entre les
différents agrégats ne sera pas forcément suivie par le
programme d'emploi des crédits pour 1999. Toutefois, les informations
recueillies par votre rapporteur auprès du ministère de
l'intérieur laissent entendre que ces crédits ne sont pas
à la hauteur des besoins, comme l'atteste cette formule, relative au
montant important des autorisations de programme, employée dans un
document du ministère : "
cette enveloppe atteste des besoins
nécessaires pour maintenir et rénover l'immobilier des
préfectures et sous-préfectures
".
En tout état de cause, les dotations pour 1999 ne serviront à
financer que des opérations dont le lancement a déjà
été décidé, et non des projets entièrement
nouveaux.
C. LES RÉALISATIONS DES ANNÉES RECENTES ET A VENIR
Depuis
quelques années,
le ministère de l'intérieur a
décidé un rééquilibrage de l'emploi des
crédits d'équipement immobilier en faveur de la rénovation
de l'existant, et notamment des sous-préfectures
, trop longtemps
délaissées et encore aujourd'hui dans un état peu conforme
à la qualité requise pour des bâtiments ayant vocation
à accueillir le public.
Depuis 1993, seuls trois projets de réalisation de préfectures
nouvelles ont été envisagés.
L'un a été
réalisé, à Montauban. Un autre, à Angers, n'a pas
été jugé prioritaire par le ministre et a
été abandonné l'année dernière, en raison de
l'ampleur de son coût au regard du faible montant des crédits de
la loi de finances pour 1998, 115 millions de francs, la plus faible dotation
depuis 1986. Le dernier projet, Bastia, est en cours de réexamen.
Les tableaux ci-dessous retracent les opérations livrées et
engagées en 1997 et 1998, ainsi que les projets envisagés pour
1999 :
Liste des opérations de construction et de rénovation des préfectures et sous-préfectures Année 1997
Villes |
Lieu |
Opération |
Montant (en MF) |
Opérations livrées |
|||
Orléans |
SGAR |
Construction d'une annexe |
16,65 |
Saint-Barthélémy |
SP |
Reconstruction suite à ouragan |
2,26 |
Opérations engagées |
|||
Le Raincy |
SP |
Extension de la sous-préfecture |
28,5 |
Nogent-sur-Marne |
SP |
Extension de la sous-préfecture |
13,57 |
Mulhouse |
SP |
Extension de la sous-préfecture |
13,7 |
Toulouse |
PR |
Extension de la préfecture |
57,45 |
Année 1998
Villes |
Lieu |
Opération |
Montant (en MF) |
Opérations livrées |
|||
Morlaix |
SP |
Extension |
3,5 |
Opérations engagées |
|||
Bourg-en-Bresse |
PR |
Rénovation des services de l'accueil et des cartes grises |
1,31 |
Privas |
PR |
Désimbrication, restructuration et extension de la préfecture |
11 |
Besançon |
PR |
Restauration des pièces de réception. Démolition et désamiantage. Acquisition terrain/résidence du secrétaire général |
23 |
Angers |
PR |
Extension préfecture |
12,4 |
Saumur |
SP |
Extension de la sous-préfecture |
2,16 |
Lille |
PR |
Regroupement des services de la préfecture dans l'ancien hôpital Scrive |
27 |
Chambéry |
PR |
Reconstruction des zones sinistrées après incendie |
4,7 |
Corté |
SP |
Restructuration de la sous-préfecture |
2,36 |
Sarcelles |
SP |
Construction d'une nouvelle sous-préfecture. Transfert de Montmorency |
51,2 |
Avignon |
PR |
Transfert des services dans l'ancienne caserne Chabran |
49 |
Année 1999
Villes |
Lieu |
Opération |
Montant (en MF) |
Opérations prévues |
|||
Rennes |
PR |
Restructuration hall d'accueil. Travaux |
9,2 |
Le Havre |
SP |
Extension sous-préfecture |
1,5 |
Brive |
SP |
Extension sous-préfecture |
1 |
Dunkerque |
SP |
Extension. Travaux/études/désamiantage |
15 |
Grenoble |
PR |
Hall d'accueil/complément d'études et travaux |
5,43 |
Cambrai |
SP |
Restructuration/acquisition/travaux |
7,7 |
Poitiers |
PR |
Extension/restructuration/travaux |
|
Torcy |
SP |
Construction sous-préfecture. Etudes/concours |
5,44 |
CHAPITRE IV :
LA POLICE NATIONALE
Les crédits de l'agrégat " Police nationale " regroupent les moyens de fonctionnement des directions, services et offices centraux de la police nationale, des directions départementales des services de police, de l'institut des hautes études de la sécurité intérieure et de l'école nationale supérieure de police, et des secrétariats généraux pour l'administration de la police.
Les crédits de la police nationale
(en millions de francs)
Les
crédits de la police nationale augmenteront de 2,9 % en 1999 et
s'établiront à 29,1 millions de francs.
Si on doit se
féliciter du fait que les crédits consacrés à
l'investissement connaîtront une progression de 14,5 %, contre
2,5 % pour les dépenses ordinaires,
deux remarques
s'imposent
néanmoins:
- l'augmentation de 828 millions de francs en volume des crédits de la
police nationale se décompose en 706 millions supplémentaires
consacrés aux dépenses ordinaires et 122 pour les dépenses
en capital ;
- au sein des dépenses ordinaires, les dépenses de personnel
progressent de 2,6 %, soit 618 millions de francs, et les dépenses
de fonctionnement de 2,3 %, soit 88 millions de francs.
En conséquence,
les dépenses de personnel, dont l'augmentation
résulte de l'accord salarial dans la fonction publique du 10
février 1998, absorberont les trois quarts des crédits
supplémentaires en 1999.
Le montant des crédits supplémentaires consacrés à
l'amélioration du fonctionnement et de l'équipement des services
de police sera limité à 210 millions de francs
dans le
projet de loi de finances pour 1999. Toutefois, il convient de rappeler que le
gouvernement a prévu une ouverture de crédits de 400 millions de
francs dans la loi de finances rectificative pour 1998, dont 290 au
bénéfice de la police nationale.
Les crédits et les orientations du Home Office, le ministère de l'intérieur britannique
Le Home
Office rassemble dans un même ministère les crédits de la
police, de l'administration pénitentiaire et de la lutte contre
l'incendie. Pour l'année budgétaire 1998-99, ses crédits
s'établissent à environ
69 milliards de francs
3(
*
)
, dont 40 pour la police
.
Le gouvernement britannique a assigné les
objectifs
suivants au
Home Office :
- lutter contre la délinquance des mineurs et les comportements
"anti-sociaux" ;
- transposer en droit interne la convention européenne des droits de
l'Homme ;
- mettre en place des procédures plus strictes, rapides et justes en
matière d'asile ;
- améliorer le fonctionnement des prisons de manière à
réduire le taux de récidive ;
- élaborer des objectifs quantitatifs de manière à
améliorer de 2% par an l'efficacité des dépenses et
à s'assurer que les crédits sont principalement consacrés
à la lutte contre la délinquance ;
- promouvoir l'égalité raciale.
Avant la fin de la législature
, le ministère devra avoir
réduit de moitié les délais entre l'arrestation et le
jugement des jeunes délinquants, mis en oeuvre des politiques sociales
susceptibles de réduire le taux de criminalité et
amélioré le traitement des victimes et des témoins par
l'administration de la justice.
Selon les documents budgétaires britanniques, "
le gouvernement a
confié une mission unique au Home Office : participer à la
construction d'une société sûre, juste et tolérante,
dans laquelle les droits et les devoirs des individus, des familles et des
communautés sont équilibrés, et dans laquelle la
protection et la sécurité publiques sont assurées. Les
dépenses du Home Office s'inscriront dans le cadre plus large des
objectifs du gouvernement en matière de protection sociale, de lutte
contre l'exclusion, de lutte contre la drogue, de politique familiale, de
promotion de l'égalité entre les races, de droits de la personne,
de réforme électorale, d'éducation et de
santé
."
I. LES ORIENTATIONS DE LA LOI DE FINANCES POUR 1999
A. LE PERSONNEL
1. La poursuite du repyramidage des effectifs
La
réforme des corps et des carrières
engagée en 1996
avait pour objectif de rééquilibrer la structure des effectifs de
la police nationale de manière à accroître la
présence policière sur le terrain. Ainsi, la
réorganisation des personnesl en trois corps devait se traduire par
l'augmentation des effectifs du corps de maîtrise et d'application, au
détriment des corps de commandement et d'encadrement et de conception et
de direction.
L'évolution des effectifs budgétaires entre 1998 et 1999 est
préoccupante, puisque ceux-ci sont en baisse. Cette diminution est
compensée par le recrutement d'adjoints de sécurité, mais
ces derniers ne doivent pas être considérés comme des
policiers à part entière.
Les effectifs budgétaires de la police nationale
|
LFI 1998 |
PLF 99 |
Evolution % |
Effectifs budgétaires |
127 902 |
127 731 |
- 0,13 |
Effectifs, y compris les adjoints de sécurité et les policiers auxiliaires |
144 447 |
147 731 |
+ 2,27 |
Toutefois,
le repyramidage entre les corps se poursuit,
lentement
. Le ministère de l'intérieur concède que la
diminution du corps de conception et de direction, dont l'effectif total est
d'environ 2.000 personnes, a été peu significative au cours des
trois dernières années, avec seulement 28 postes supprimés
depuis 1996. 24 suppressions supplémentaires interviendront en 1999 et
la baisse devrait, selon le ministère, s'accélérer
à partir de l'an 2000.
S'agissant du corps de commandement et de direction, les effectifs
budgétaires sont passés de 18.209 en 1996 à 16.900 en
1998. La prévision au 1er janvier 1999 est de 16.476.
Les suppression d'emplois des deux précédents corps ont permis de
créer, en 1998, 200 emplois de brigadier-major et de 464 emplois de
gardiens de la paix. En 1999, la suppression totale de 448 emplois dans les
corps supérieurs débouchera sur 175 nouveaux emplois de
brigadier-major et 273 gardiens de la paix.
Compte tenu de la suppression progressive du service national, le nombre des
policiers auxiliaires diminue d'année en année. En 1999, il
passera de 4.175 à 4.150.
2. L'évolution démographique de la police nationale reste défavorable
Si la
gestion du "stock" existant est convenable, votre rapporteur partage les
inquiétude de notre collègue Jean-Patrick Courtois, rapporteur
pour avis des crédits de la police nationale au nom de la commission des
lois, s'agissant de l'insuffisante gestion prévisionnelle des effectifs.
Comme le souligne notre collègue dans son rapport, "
d'ici 2003 sont
ainsi attendus 28.000 départs (...), soit plus du quart de l'effectif de
chaque corps
". Il est, par conséquent, nécessaire de
prévoir les recrutements en conséquence, afin de ne pas
pénaliser la densité de la présence policière sur
notre territoire. D'autant plus que, comme le relevait mon
prédécesseur Guy Cabanel dans son rapport sur les crédits
pour 1998, si "
les recrutements dans la police nationale compensent tous les
départs en retraite, les nouveaux policiers suivent une formation d'un
an avant d'être affectés sur la voie publique. Ce décalage
conduit à priver chaque année la police nationale d'un grand
nombre de fonctionnaires actifs
".
L'évolution démographique défavorable de la police est un
facteur supplémentaire à prendre en compte dans le cadre de la
réflexion générale sur la présence policière
sur le territoire, préoccupation constante du ministère depuis la
loi d'orientation et de programmation pour la sécurité de 1995.
Néanmoins votre rapporteur considère que les candidats qui se
présenteront aux concours de recrutement ouverts pour compenser les
départs à la retraite seront vraisemblablement d'un très
bon niveau. En effet, l'expérience acquise, auprès de
véritables policiers, par les adjoints de sécurité
recrutés depuis 1997 les destine particulièrement aux concours de
la police nationale. Depuis la création des adjoints, 57 ont d'ailleurs
déjà réussi un concours de la police nationale.
3. Les dépenses de personnel absorbent les marges de manoeuvre financières
L'augmentation de 2,6 % des dépenses de
personnel
se répartit entre une progression de 1,9 % des
rémunérations, dont le montant s'établit à 17,4
milliards de francs et une hausse de 3,6 % des indemnités, qui
s'élèvent à 5,3 milliards de francs.
Outre les effets des
accords salariaux dans la fonction publique
, les
crédits prévus pour 1999 comprennent une
enveloppe
catégorielle
de 19,7 millions de francs qui permettra
d'augmenter le nombre de bénéficiaires de l'échelon
exceptionnel des gardiens de la paix (5,6 MF), d'améliorer la prime de
commandement versée aux officiers (4 MF), de créer une
indemnité d'encadrement des adjoints de sécurité au profit
du corps de maîtrise et d'application (8 MF) et d'étendre la
qualification d'officier de police judiciaire à 1000 agents du corps de
maîtrise et d'application
4(
*
)
.
Enfin, il convient de signaler la montée en charge des
rémunérations des
adjoints de sécurité
,
prises en charge à hauteur de 20 % par le ministère de
l'intérieur. Le recrutement de 7600 nouveaux adjoints en 1999, qui
portera leur nombre à 15850, se traduit par une augmentation de
135 % des crédits du chapitre 31-96 qui leur est consacré,
portant les crédits de cette enveloppe à 275,7 millions de francs.
Au total, les crédits de la police nationale augmenteront en 1999 de
828 millions de francs par rapport à 1998. Les dépenses de
personnel progresseront, elles, de 617 millions de francs. Par
conséquent, elles absorberont les trois quarts, 74,5%, des
crédits supplémentaires disponibles en 1999.
B. L'ÉQUIPEMENT
Les
dépenses d'investissement sont les principales
bénéficiaires de l'augmentation des crédits de la
sécurité en 1999,
par rapport à 1998 : elles
progressent de 14,5% et s'établissent à 971 millions de francs.
Toutefois, il convient de rappeler que les dépenses d'équipement
ne représentent que 3,3% des crédits de la
sécurité, et que l'augmentation de 14,5% correspond à une
augmentation en volume de 122 millions de francs.
L'augmentation n'est pas également répartie entre les trois
postes de dépenses, l'immobilier, l'investissement lourd et les
transmissions. En outre, les taux d'évolution des crédits
recouvrent des réalités différentes.
Ainsi, s'il est
avéré que l'équipement lourd est le parent pauvre de ce
budget, l'augmentation limitée à 4% des dépenses
immobilières masque une politique habile de gestion du patrimoine,
tandis que la forte progression des dépenses consacrées aux
transmissions ne parvient pas à résoudre les difficultés
de ce secteur.
1. Une politique immobilière astucieuse
a) L'équipement immobilier
Le
"bleu" budgétaire, qu'il importe de manier avec précaution,
affiche une progression de 14% s'agissant des dépenses
d'équipement immobilier de la police nationale. Cette progression fait
suite à une baisse de 6,4% en 1998.
L'alternance de dotations en hausse et en baisse peut s'expliquer par le
caractère parfois chaotique de la réalisation de certaine
opérations, qui peut être source de reports de crédits ne
justifiant pas une dotation en progression dans la loi de finances suivantes.
Les réalisations ont été importantes en matière
immobilière depuis 1995
, et environ 250.000
mètres-carrés de surfaces bâties ont été
acquises ou réhabilitées. Une cinquantaine de bâtiments,
commissariats, hôtels de police ou écoles de polices, ont ainsi pu
être construits ou rénovés.
Pourtant, les besoins restent réels. Une dotation deux fois
supérieure à celle prévue pour 1999 serait
nécessaire pour traiter en même temps l'ensemble des installations
dont l'état légitimerait une intervention.
Face à la contrainte budgétaire, le ministère tente de
trouver des solutions innovantes
. Ainsi, les hôtels de police de
Lille, Lyon et Strasbourg seront financés selon un système de
location acquisitive, ce qui devrait permettre d'accélérer la
mise en service ces équipements. Pourtant, il semblerait que le
ministère de l'économie et des finances ne soit pas favorable au
recours aux options d'achats.
Par ailleurs, l'outil constitué par les programme zonaux de maintenance
immobilière (PZMI) est encouragé. Ces programmes consistent en la
délégation aux secrétaires généraux pour
l'administration de la police d'enveloppes leur permettant de prendre en charge
les travaux dont le montant est inférieur à 300.000 francs. Ce
système a été étendu à l'outre-mer en 1997,
et sera élargit en 1999, en fonction des besoins locaux.
Pour les années à venir, le ministère de
l'intérieur entend mener une
réflexion relative à
l'architecture et à la fonctionnalité des immeubles publics de la
police nationale, ainsi que sur leur positionnement dans la
ville.
b) Le logement des fonctionnaires de la police nationale
Deux
chapitres du budget du ministère de l'intérieur concernent le
logement des fonctionnaires :
- l'article 13 du chapitre 57-40 de l'équipement immobilier, dont la
dotation passe de 12 à 11 millions de francs en 1999 ;
- le chapitre 65-51 "
Contribution aux dépenses de construction de
logements destinés aux fonctionnaires
", en baisse de 22,4%.
Malgré ces taux de progression négatifs,
la politique du
ministère en faveur du logement de ses fonctionnaires est un
succès
. C'est même le seul domaine dans lequel l'objectif
fixé par la LOPS, 4.000 logements en cinq ans, a été non
seulement atteint, mais dépassé.
L'un des instruments principaux de ces succès n'est pas
budgétaire.
Il résulte d'une opération lancée
en 1994 par le ministère avec le concours de l'union nationale des
propriétaires immobiliers (UNPI), l'agence nationale pour
l'amélioration de l'habitat (ANAH) et le crédit foncier de
France. Il tend à inciter les bailleurs privés à louer
leur logement à des fonctionnaires du ministère de
l'intérieur affectés en Ile-de-France. En contrepartie de loyers
inférieurs de 20 à 25% à ceux du marché, le
ministère garantit le paiement des loyers.
A ce jour, 1.415 baux ont été signés et le
ministère reçoit environ 200 offres de logement par mois, ce qui
témoigne de la confiance placée dans le ministère par les
bailleurs. Seuls trois défauts de paiement ont été
constatés. Il est envisagé d'étendre ce dispositif
à la région lyonnaise.
Le succès de ce dispositif neutre pour les finances publiques, qui
rappelle qu'une bonne mesure n'est pas forcément une mesure
dépensière, permet d'expliquer la baisse des crédits du
chapitre 65-51. Ces crédits, par lesquels
le ministère
participe à la construction de logements sociaux qu'il réserve
à ses fonctionnaires
, a permis de livrer 436 logements en 1996 et
422 en 1997. Pour 1998, la prévision est de 630 logements. Pour la
première fois, ce dispositif a été appliqué hors de
l'Ile-de-France en 1998 et 33 appartements ont été
réservés à Lyon.
De plus, le ministère de l'intérieur entend limiter la pratique
des réservations de logements sociaux, au profit d'une politique
d'
acquisition de patrimoine
. Toutefois, ce volet de la démarche
du ministère n'a pas encore concrétisé, le
ministère de l'intérieur estimant que les dotations successives
de l'article 13 du chapitre 57-40 restent insuffisantes.
2. L'équipement lourd négligé
L'équipement lourd de la police nationale, le parc des
véhicules en particulier, ne constitue pas l'une des priorités du
ministère de l'intérieur en matière budgétaire.
Malgré le renforcement des crédits d'entretien du
parc
automobile
prévu par la loi de finances rectificative pour 1998, il
a été indiqué à votre rapporteur que la dotation
prévue pour 1999, 70 millions de francs, en baisse de 6%, ne permettait
pas de prendre un an de retard supplémentaire sur les besoins de
renouvellement du parc.
Le besoin théorique de renouvellement du parc automobile est
estimé à 592,7 millions de francs.
3. ACROPOL et les transmissions : une impasse budgétaire
Les
données du problème auquel est confrontée la police
nationale en matière de transmissions sont connus : la France se dote
progressivement d'un système de transmission numérique
très performant mais très cher, mais, compte tenu du coût
de ce programme, son développement est lent, et le ministère de
l'intérieur est obligé de maintenir en état de marche le
matériel analogique obsolète qui équipe encore les forces
de police sur la majorité du territoire.
Les avantages du système transmission numérique ACROPOL,
présentés en détail par mon prédécesseur Guy
Cabanel dans son rapport sur les crédits de la sécurité
pour 1998, sont incontestables. Leurs mérites commencent d'ailleurs
à être
reconnus à l'étranger
. Ainsi, la norme
TETRAPOL développée par MATRA s'impose progressivement au niveau
européen, au détriment de sa concurrente TETRA. Plusieurs
contrats ont été conclus, en Roumanie, en Slovaquie et pour
l'équipement d'une base militaire de l'OTAN en Allemagne. La Suisse est
sur le point de l'adopter, ainsi que l'Espagne. TETRAPOL est d'ailleurs
déjà utilisée en Catalogne. Des contacts poussés
sont en cours avec l'Allemagne, l'Italie et la Grande-Bretagne. A cet
égard, l'utilisation d'ACROPOL pendant la coupe du monde de football
semble avoir séduit les observateurs étrangers.
Les principaux obstacles rencontré par ACROPOL, tant au regard de
l'efficacité de la police nationale que de son image de marque à
l'étranger sont son coût et, surtout, ses délais de
déploiements sur le territoire.
En effet, les risques d'un
développement trop lent sont l'absence de garantie pour la
sécurité des fonctionnaires, la possibilité d'une remise
en cause de la norme française par ses concurrents étrangers, et
une possible obsolescence de la première génération de
terminaux avant même que le système n'équipe les forces de
police sur l'ensemble du territoire.
La dotation prévue pour 1999, 318 millions de francs dans le projet de
loi de finances pour 1999 et 90 millions de francs dans la loi de finances
rectificative pour 1998, constitue un progrès par rapport aux
années précédentes.
Pour la première fois, une
dotation budgétaire permet d'inscrire le rythme de réalisation du
programme ACROPOL dans le scénario dit "médian".
Les trois scénarios pour la réalisation d'ACROPOL ont
été réalisé en 1996 par un comité
interministériel qui, constatant que le coût total du programme
serait de 4,5 milliards de francs, ont déterminé des dates
possibles d'achèvement en fonction des dotations budgétaires
accordées (en crédits de paiement) :
- le scénario rapide permet d'achever les travaux en 2005 moyennant une
dotation de 400 à 600 millions de francs par an dès 1997 ;
- le scénario médian s'étale jusqu'en 2009 et suppose une
dotation moyenne de 350 millions de francs ;
- le scénario lent s'achève en 2015, à raison d'une
dotation de 200 à 210 millions de francs par an.
La dotation prévue pour 1999, 408 millions de francs, permet de
rattraper le retard pris ces dernières années. Néanmoins,
les prévisions pour les années suivantes interdisent
d'espérer l'achèvement du programme avant 2005
. L'estimation
de 2007 fournie par le gouvernement semble raisonnable.
Les perspectives budgétaires d'ACROPOL (CP)
(en millions de francs)
PLF 1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
408 |
417,2 |
378,1 |
385,5 |
388,6 |
394,4 |
Le
déploiement d'ACROPOL est donc étalé jusqu'en 2007.
Après avoir été étendu à la
Seine-Saint-Denis en 1998, à l'occasion de la coupe du monde de
football, le système équipera l'ensemble des Hauts-de-Seine, le
Val-de-marne et Paris en 1999. Par ailleurs, l'installation en Corse sera
lancée.
Le problème du développement lent, en dehors des risques
évoqués plus haut, est celui du coût budgétaire de
la maintenance du matériel analogique existant.
En toute logique, le
développement d'ACROPOL devrait s'accompagner d'une diminution des
crédits consacrés à ces équipements
obsolète, dont la moyenne d'âge est d'environ quinze ans. Un tel
mouvement avait été amorcé en 1998, puisque les
crédits de l'article 45 du chapitre 57-60, consacré aux
transmissions de la police nationale hors ACROPOL, ont diminué de 24%.
Or, dans le projet de loi de finances pour 1999, la dotation de l'article 45
remonte, passant de 53 à 55 millions de francs. Ce mouvement paradoxal
peut, certes, s'expliquer en partie par le fait que ces crédits
financent non seulement les transmissions analogiques, mais également
les équipements des salles de commandement, qui servent à la fois
à ACROPOL et aux transmissions existantes. Mais il traduit
également
le coût croissant de l'entretien de matériels
pour lesquels les pièces de rechange n'existent parfois même
plus.
La situation est difficile car :
- il apparaît que le coût global agrégé de la mise en
oeuvre d'ACROPOL serait inférieur si le programme
s'accélérait. En effet, le coût du maintien en vie des
systèmes analogiques baisserait ;
- par ailleurs, il a été expliqué expliqué à
votre rapporteur que, si les crédits d'ACROPOL étaient fortement
majorés, ces crédits ne pourraient pas être
consommés faute de moyens de fonctionnement pour les utiliser.
Par conséquent, le ministère de l'intérieur doit
gérer une situation de gâchis, sans pouvoir l'empêcher.
Enfin, et c'est plus inquiétant, selon certaines informations transmises
à votre rapporteur, il apparaît qu'en certains endroits où
sont concentrés un grand nombre d'immeubles élevés, les
communications cryptées d'ACROPOL sont brouillées et ne peuvent
être captées par les terminaux numériques. Si ce
dysfonctionnement était avéré, la fiabilité de la
norme française en serait affectée.
C. LE FONCTIONNEMENT
Les
crédits de fonctionnement constituent la variable d'ajustement du budget
de la police nationale.
Ils se décomposent essentiellement en deux
enveloppes : les moyens de fonctionnement globalisés du chapitre 34-41
et les dépenses informatiques du chapitre 34-82. Ces deux chapitres sont
parmi ceux dont la répartition interne est, sinon la plus opaque, du
moins la plus éloignée de celle figurant des le documents
budgétaires.
En 1999, les moyens de fonctionnement de la police profiteront de
l'augmentation globale des crédits du ministère de
l'intérieur, mais dans des proportions moindres que les dépenses
de personnel et d'équipement : ils s'établiront à 3,9
milliards de francs, en hausse de 2,3%.
1. Les moyens de fonctionnement globalisés
Les
moyens de fonctionnement de la police nationale, hors informatique, sont
regroupés, et globalisés, au sein du chapitre 34-41 du budget du
ministère de l'intérieur.
La globalisation des crédits de fonctionnement et d'équipement
des services de la police nationale est entrée en vigueur en 1992.
Son champ s'est progressivement élargi. D'abord, par exemple, aux
dépenses téléphoniques, qui ont été
progressivement globalisées entre 1993 et 1997. Puis, en 1997, les
dépenses d'affranchissement postal ont été introduites
dans le budget global des services.
L'objectif de la globalisation est de
répondre plus
précisément et de manière plus fine aux besoins
exprimés par les services de police.
En favorisant une meilleure
adéquation entre les dotations et les demandes, la
déconcentration de la gestion budgétaire est source
d'amélioration du fonctionnement et d'économies.
Toutefois, le ministère de l'intérieur relève que "
la
mise en place d'outils de suivi budgétaire et de contrôle de
gestion est en effet l'indispensable contrepartie des marges de manoeuvre
accrue données aux gestionnaires locaux
", et précise que la
mise en oeuvre d'un contrôle de gestion au niveau des préfets de
département et des secrétaires généraux pour
l'administration de la police "est d'ores et déjà bien
engagée.
Si la globalisation conduit le ministère à devoir mettre en
place des mécanismes de contrôle, il en va de même pour le
Parlement, s'agissant de la manière dont le ministère de
l'intérieur répartit les crédits du chapitre 34-41 entre
les différents articles.
Afin d'ajuster les dotations au plus
près des besoins, la véritable répartition n'est pas celle
résultant du "bleu" mais celle établit en début d'exercice
par le programme d'emploi des crédits, qui prend en compte le montant
des crédits reportés et les mouvements externes, tels que les
fonds de concours.
Le décalage entre les deux séries de chiffres est parfois
important, comme en témoigne le tableau ci-dessous qui compare les
données de la loi de finances pour 1998 à celles du programme
d'emploi des crédits de 1998 :
Comparaison PLF 98-PEC 98
Les
articles qui composent le chapitre 34-41 se décomposent en deux groupes,
des articles réservés à des directions et services et des
articles correspondant à des lignes par nature de dépense, qui ne
sont pas fongibles avec le reste des budgets globalisés des services.
L'un de ces articles a retenu l'attention de votre rapporteur. Il s'agit de
l'article 91 "
Services logistiques
", dont les crédits servent
au financement des programmes nationaux d'équipement des services
(automobile, habillement, armement, etc.)
et sont gérés
directement par la direction de l'administration de la police nationale, qui
contrôle l'exécution des marchés nationaux
d'approvisionnement.
Depuis 1995, les crédits consacrés à cet article ont
chuté de 45%, passant de 849 à 472 millions de francs en 1999. En
outre, la dotation de 1998 a été encore réduite dans le
programme d'emploi des crédits (337 millions de francs, au lieu de 435
millions dans la loi de finances initiale). Il est préoccupant de
constater que les arbitrages au sein du chapitre sont effectués au
détriment des crédits qui affectent de très près
les conditions de travail des policiers.
Pour
1999, le ministère a assigné deux priorités aux
utilisateurs des crédits des différents articles du chapitre
34-41, le
renforcement des moyens dans les 47 départements les plus
sensibles et l'accélération du renouvellement du parc
automobile.
Le gouvernement a annoncé que 100 millions de
francs seraient destinés par la loi de finances rectificative pour 1999
au renouvellement du parc automobile. Ils seront imputés sur le chapitre
34-41.
Au total, les crédits du chapitre 34-41 s'établissent à
3,5 milliards de francs, en hausse de 2,1 %. Au sein de cette
enveloppe, les crédits consacrés aux moyens de fonctionnement des
adjoints de sécurité doublent quasiment, et
s'élèvent à 221,7 millions de francs.
2. La spécialisation progressive des crédits de l'informatique
Les
crédits de fonctionnement informatique du chapitre 34-82 alloués
à la police nationale servent de plus en plus à financer les
grands programmes informatiques du ministère. Les trois principaux
programmes sont :
-
le système d'information Schengen
, le SIS, qui constitue la
contrepartie de la levée des contrôles aux frontières
intérieures. Il vise à la mise en commun de données
policières relatives à des personnes, objets ou véhicules
recherchés par les services des Etats signataires des accords de
Schengen.
La quasi-totalité des frais d'installation et de fonctionnement du SIS
est avancée par le ministère de l'intérieur
français, qui se fait ensuite rembourser sur la base d'une clef de
répartition reposant sur les ressources de TVA des pays. La quote-part
de la France s'élève à 20,95% en 1998.
Les crédits inscrits dans le projet de loi de finances augmentent de
68,7% par rapport à 1998 et s'élèvent à
40 millions de francs. L'évolution de cette contribution est
préoccupante car les contrôles sur l'utilisation des
crédits ne sont pas extrêmement stricts.
-
le système de traitement automatisé de l'information
criminelle (STIC)
: créé par la loi d'orientation et de
programmation pour la sécurité du 21 janvier 1995, le STIC vise
à regrouper dans un même système les fichiers épars
de la police : le "fichier central" de la direction des libertés
publiques, le "fichier général des antécédents" de
la préfecture de police de Paris, les fichiers locaux propres à
chaque service, le "fichier de recherches criminelles" comprenant les
différentes infractions, leurs auteurs et leurs victimes, et le fichier
Canonge des photos et signalements.
Ce fichier est destiné à rationaliser le travail des
enquêteurs. Malgré les réserves exprimées par
certains en raison de l'ampleur du fichier et de
l'hétérogénéité des données qui y
sont rassemblées (par exemple, les condamnés sont fichés,
mais également les acquittés), la commission nationale de
l'informatique et des libertés a autorisé sa mise en service au
mois de novembre 1998, estimant que "
le STIC peut être consulté
à l'occasion de missions de police administrative ou de
sécurité, lorsque la nature de ces missions ou les circonstances
particulières dans lesquelles elles doivent se dérouler
comportent des risques d'atteinte à l'ordre public ou à la
sécurité des personnes
". Le ministère a prévu
de consacrer 12,3 millions de francs au STIC en 1999.
-
le fichier automatisé des empreintes digitales (FAED),
dont la
base s'enrichit d'année en année, facilitant ainsi
l'identification des personnes mises en cause. 16 millions de francs lui seront
consacrés en 1999.
II. LA MISE EN PLACE DES NOUVEAUX INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE DE SECURITÉ
Le
gouvernement a présenté ses orientations en matière de
sécurité lors du colloque tenu à Villepinte à
l'automne 1998, ainsi que les instruments à l'aide desquels il entendait
les mettre en oeuvre.
Parmi ces nouveautés, deux ont une incidence budgétaires : les
adjoints de sécurité qui sont pris en charge par le budget de
l'Etat, et le futur programme "Sécurité 2002", aux contours
encore flous mais dont il est prévu qu'il associe les
collectivités locales.
A. LES ADJOINTS DE SECURITÉ
L'objectif du gouvernement était de recruter
8250
adjoints
en 1998
. Au 1er septembre 1998, 6067 jeunes avaient été
recrutés, dont 5119 affectés et 701 en formation. Les deux tiers
sont affectés dans des zones sensibles. Votre rapporteur n'a pas
été en mesure de se faire communiquer la proportion d'adjointes
de sécurité.
247 jeunes ont quitté le dispositif depuis sa création
,
dont 58 pour inaptitude ou indiscipline et 57 à la suite de la
réussite à un concours de la police nationale.
L'objectif pour 1999 est de 7600 recrutements
supplémentaires et
de 6000 affectations.
Les adjoints effectuent essentiellement
des missions d'accueil et
d'îlotage
. Avec le temps, leurs tâches seront enrichies et
s'orienteront vers l'aide aux victimes, la prévention scolaire et le
traitement des "incivilités".
B. LES CONTRATS LOCAUX DE SECURITÉ
Les
contrats locaux de sécurité s'inscrivent dans une longue
lignée de demi-succès (les conseils communaux de
prévention de la délinquance, les plan départementaux de
sécurité, etc.). Ils innovent en ce qu'ils reposent sur les
initiatives locales. Les contrats ne voient le jour que si les élus
locaux le veulent.
La disposition de la circulaire du 15 décembre 1997 relative aux
contrats locaux de sécurité subordonnant le recrutement des
agents locaux de médiation
, qui sont des emplois-jeunes, à
la signature d'un contrat semble avoir été incitative. En effet,
les 83 premiers contrats ont entraîné le recrutement de 2543
jeunes. Si ce rythme se poursuit, les 15000 agents locaux de médiation
prévus seront embauchés au début de l'année 2000.
Leurs employeurs sont principalement les collectivités locales, les
offices HLM et les sociétés de transports publics.
Les agents locaux de médiation recrutés jusqu'ici exercent
principalement quatre missions
: agent de surveillance des espaces ouverts
au public, agent de sécurisation des déplacements publics,
correspondant de nuit et correspondant sécurité. La circulaire du
15 décembre 1997 confère aux employeurs l'
obligation de former
les agents locaux de médiation
. Afin de permettre aux élus
locaux désemparés de ne pas confier systématiquement la
formation aux polices municipales ou à des sociétés
privées dont les prix ne sont pas toujours maîtrisés, la
mission emplois-jeunes de la direction générale de la police
nationale a créé une structure "
de liaison pour la formation
des emplois-jeunes dans le domaine de la sécurité
".
En octobre 1998,
143 contrats
avaient été signés.
350 à 400 étaient en préparation
Le ministère de l'intérieur suit de près la mise en place
des contrats. Dix chargés de mission de la direction centrale de la
sécurité publique et 5 de l'institut des hautes études de
la sécurité intérieure sillonnent le pays et dispensent
des conseils.
Le succès des contrats dépend beaucoup de la participation des
magistrats, ainsi que de la qualité des relations entre les commissaires
de police et les maires.
C. LES NOUVELLES INSTANCES
Un
conseil de sécurité intérieure
a été
créé par le décret n°97-1052 du 18 novembre 1997. Cet
organe "
définit les orientations générales de la
politique de sécurité intérieure. Il veille à la
coordination de l'action des ministères et de la mise en oeuvre de leurs
moyens en matière de sécurité
".
Le conseil est composé, sous la présidence du Premier ministre,
du ministre de l'intérieur, du ministre de la défense, du garde
des sceaux, du ministre de la justice et du ministre chargé des douanes.
D'autres ministres peuvent être appelé à y siéger,
en fonction des questions inscrites à son ordre du jour.
En outre, dans sa déclaration de politique générale du 19
juin 1997, le Premier ministre avait indiqué qu'il soumettrait au
Parlement un projet de loi relatif à la création d'une instance
chargée de contrôler le respect des règles
déontologiques par les services responsables de la
sécurité publique.
Un projet de loi portant création d'une
commission nationale de
déontologie de la sécurité
a été
voté par l'Assemblée nationale le 4 juin 1998. Ce projet devait
être examiné à l'automne 1998 par notre Assemblée,
mais n'a, semble-t-il, pas trouvé sa place au sein de l'ordre du
jour.
D. LE PLAN "SECURITÉ 2002"
Depuis
1997, le ministre de l'intérieur annonce périodiquement le
lancement du plan "Sécurité 2002". Pourtant, aucun projet
précis n'a été présenté, à tel point
qu'il devient difficile de dire si 2002 constitue la date d'achèvement
ou de commencement du programme. S'agissant de son contenu supposé, le
ministre de l'intérieur l'a présenté ainsi en
réponse à notre collègue Serge Mathieu
5(
*
)
:
"
L'état immobilier des commissariats de police est extrêmement
variable. Des efforts importants ont été consentis ces
dernières années, particulièrement dans les zones urbaines
sensibles. Des projets immobiliers très importants sont également
lancés (Strasbourg, Marseille-Nord, Bordeaux) ou envisagés
(Nantes, Lille). Le cadre budgétaire et l'annualité de la
dépense budgétaire ne permettent naturellement pas de
réaliser ou de programmer la totalité des travaux immobiliers
nécessaires ou souhaitables.
Le ministre de l'intérieur a donc
envisagé que les collectivités locales puissent s'associer,
même modestement, à la définition et au financement de la
construction ou de la rénovation des commissariats
. Tel serait
l'objet du projet Sécurité 2002. Ce projet, avant d'être
arrêté, fera naturellement l'objet d'une concertation approfondie
avec les associations nationales d'élus
".
Votre rapporteur précise qu'il arrive déjà, à titre
informel, que les collectivités locales participent à l'entretien
des commissariats et à l'amélioration des conditions de travail
des policiers nationaux.
III. L'EVOLUTION DE LA PRESENCE POLICIÈRE SUR LE TERRITOIRE
Depuis la loi d'orientation et de programmation pour la
sécurité (LOPS) de 1995, le ministère de
l'intérieur mène une politique tendant à accroître
la présence policière sur le terrain
, particulièrement
dans les zones sensibles. Diverses mesures en témoignent :
- la
réforme des corps et des carrières,
dont l'objectif
est d'accroître le nombre de policiers en tenue en repyramidant les
effectifs ;
- la
réforme des horaires
a permis un gain d'effectifs de 5
à 6 % ;
- le
transfert des tâches indues
, qui n'a pas connu le
succès escompté. La réforme du régime indemnitaire
des commissaires de police a contribué à réduire le nombre
de vacations funéraires. Des négociations seraient
engagées avec l'administration pénitentiaire s'agissant de la
garde des détenus hospitalisés.
En outre, le
nombre de policiers affectés à des tâches
ne concernant pas directement la sécurité publique reste
important.
Au 31 décembre 1997, 1129 gradés et gardiens de la
paix étaient affectés à des tâches administratives
et 1068 à des tâches techniques ;
- la création de
l'indemnité de fidélisation
dans
les zones difficiles ;
La LOPS déterminait également les critères devant
présider à d'éventuelles étatisations ou
désétatisation
. Ces critères sont devenus l'article
L.2214-1 du code général des collectivités territoriales :
"
Le régime de la police d'Etat peut être établi dans une
commune en fonction de ses besoins en matière de sécurité.
Ces besoins s'apprécient au regard de la population permanente et
saisonnière, de la situation de la commune dans un ensemble urbain et
des caractéristiques de la délinquance
". Cette disposition a
été peu appliquée. Deux communes de Corse ont
été étatisées et une
désétatisée.
Les dispositions du
pacte de relance pour la ville
qui
prévoyaient des redéploiements d'effectifs vers les quartiers en
difficulté, n'ont pas connu plus de succès.
A la suite des recommandations formulées par le
rapport
Hyest-Carraz
, le gouvernement a décidé de donner une nouvelle
impulsion aux dispositions de la LOPS et de redéfinir le partage entre
les zones de police et les zones de gendarmerie. Les principes de la
réforme ont été actés par le Conseil de
sécurité intérieure du 27 avril 1998. Le dispositif retenu
par le gouvernement au cours de l'été était le suivant :
- des
transferts de compétence de la police à la
gendarmerie
dans 94 circonscriptions comprenant 182 communes et abritant
1,4 million d'habitants. Le gain en effectif prévu était de 3247
fonctionnaires ;
- des
transferts de compétence de la gendarmerie à la police
nationale
dans 38 communes abritant 355726 habitants. Ces transferts
devaient entraîner un "coût" de 787 fonctionnaires.
En tout, la police nationale devait être en mesure de redéployer
2460 policiers et 2400 gendarmes
étaient disponibles pour
assurer la sécurité dans les zones
désétatisées.
Cette réforme avait tout pour réussir
. En effet, personne
ne conteste la nécessité de renforcer les effectifs de police
dans les zones sensibles. En outre, la gendarmerie bénéficie
d'une très bonne image de marque dans la population.
Cependant, la réforme a été
mal préparée,
et mal expliquée
, tant au populations qu'aux élus locaux. Or,
le sentiment d'insécurité est aussi important que la
réalité de la dangerosité des situations. C'est pourquoi
il était nécessaire que le gouvernement repousse la mise en
oeuvre de son projet, et réexamine les situations au cas par cas. C'est
le sens de la mission confiée au préfet Fougier.
CHAPITRE V : LA SECURITÉ ET LA DEFENSE CIVILES
Cet
agrégat récapitule l'ensemble des moyens que le ministère
de l'intérieur consacre aux missions de défense et de
sécurité civiles pour assurer la continuité de l'action
gouvernementale et de la vie nationale.
Il regroupe également les moyens qui sont mis en oeuvre pour les autres
mesures de défense civile, la protection des personnes, des biens et de
l'environnement et contre les accidents, les sinistres et les catastrophes. Ces
moyens complètent et renforcent, en tant que de besoin, les moyens des
services d'incendie et de secours pris en charge financièrement par les
collectivités territoriales.
I. LES CREDITS POUR 1999 : UNE AUGMENTATION FORTE, MAIS LARGEMENT COMPTABLE
Les
crédits de la sécurité et de la défense civiles
augmentent de 9,6% par rapport à 1998.
Cette augmentation fait suite
à la baisse importante, de 7,7%, subie en 1998.
Toutefois,
ce taux de progression est avant tout comptable
:
- il provient en premier lieu, et pour moitié, de la
régularisation, au sein de la présentation budgétaire, des
effectifs professionnels de la sécurité civile.
Traditionnellement, ces emplois, occupés par des militaires,
n'étaient pas inscrits au "bleu" du ministère de
l'intérieur.
- il est également du, en second lieu, à la reprise de l'effort
d'investissement lourd, après un "creux" en 1998, année de
transition entre l'achèvement du renouvellement des Canadair et le
lancement du remplacement des hélicoptères.
Evolution des crédits de la sécurité et de la défense civiles entre 1998 et 1999
(en millions de francs)
A. LES DEPENSES DE PERSONNEL : LA RÉGULARISATION DES EMPLOIS MILITAIRES
Les
crédits de la sécurité civile augmentent de 106,8 millions
de francs en 1999, dont 42,2 au titre des dépenses de personnel.
Cette augmentation de 15% est liée à la régularisation,
au sein de la présentation budgétaire, des effectifs
professionnels de la sécurité civile.
Traditionnellement, ces
emplois, occupés par des militaires, n'étaient pas inscrits au
"bleu" du ministère de l'intérieur.
Avec la professionnalisation des armées, il est devenu nécessaire
d'inscrire ces 369 emplois dans les dépenses de personnel de la
sécurité civile.
Evolution des dépenses de personnel entre 1998 et 1999
(en millions de francs)
La professionnalisation des armées est responsable de 32,7 des
42 millions de francs d'augmentation des dépenses de personnel :
- la disparition progressive des appelés du service national se traduit
par la suppression de 460 emplois d'appelés ;
- la création parallèle de 367 emplois d'engagés dont 9
officiers, 164 militaires de rang et 184 volontaires ;
- la régularisation de 369 emplois budgétaires, dont 366
militaires et 3 ouvriers.
Ces mouvements permettent d'expliquer la multiplication par 20 des
rémunérations des personnels militaires, la baisse de 60% des
remboursements de soldes et indemnités et la multiplication par 12,5 des
indemnités versées aux personnels militaires.
Le solde de l'augmentation des dépenses de personnel est attribué
à l'accord salarial dans la fonction publique du 10 février 1998,
à une remise à niveau du régime indemnitaire des pilotes
et à des mesures catégorielles d'ajustement en faveur des
personnels ouvriers.
Il convient de signaler que
l'année 1998 a été
marquée par un conflit salarial entre les pilotes de la
sécurité civile et la direction de la sécurité et
de la défense civiles.
Les pilotes demandaient en effet une
augmentation de leurs rémunération, celles-ci se
révélant peu intéressante au regard des offres qui leur
provenaient de l'étranger.
Pour sa part, le ministère de l'intérieur considérait que,
les pilotes étant des militaires en retraite, le cumul de leur pension
et de leur salaire leur assurait un niveau de rémunération
très convenable, compte tenu des contraintes budgétaires et du
niveau de rémunération des autres agents du ministère.
La revalorisation de 2,9 millions de francs des régimes indemnitaires
des pilotes a permis de concilier les deux positions, et d'éviter le
départ vers d'autres pays européens de pilotes
expérimentés dont le savoir faire est nécessaire à
l'efficacité de la lutte contre le feu.
B. L'AUGMENTATION MÉCANIQUE DES DEPENSES D'INVESTISSEMENT
Les
dépenses d'investissement de la sécurité civile avait
chuté de 30% en 1998, qui était une année de
transition.
En effet, le renouvellement de la flotte de Canadair
était achevé, mais le lancement de nouveaux programmes
n'était pas encore décidé.
Par conséquent,
la progression de 20% des dépenses
d'investissement dans la loi de finances pour 1999 ne doit pas être
interprétée comme un renforcement de l'effort
d'équipement, mais comme un retour à la normale.
D'autant
plus que l'augmentation des crédits n'est pas également
répartie entre les postes de dépense : si les investissements en
matériel lourd progressent de 28%, le fascicule budgétaire
affiche une diminution par deux des dépenses d'équipement
immobilier et une baisse de plus d'un tiers des dépenses d'informatique.
1. L'investissement immobilier : une vraie baisse ?
Le
fascicule budgétaire établit qu'en 1999, les crédits
d'équipement immobilier passeront de 18 à 9 millions de francs.
Il a été indiqué à votre rapporteur que ce montant
ne serait pas forcément retenu dans le programme d'emploi des
crédits. La direction de la sécurité et de la
défense civiles ne se déclare pas préoccupée par
l'évolution de cette dotation.
En tout état de cause, l'article 41 du chapitre 57-40 consacré
aux investissements immobiliers de la sécurité civile est
coutumier des fluctuations amples. Ainsi, entre 1997 et 1998, les
crédits étaient passés de 10,5 à18 millions de
francs.
2. L'équipement lourd : retour à la normale
L'effort
en faveur de l'équipement lourd, qui figure au chapitre 57-50
s'établit à 250 millions de francs dans la loi de finances pour
1999, et se répartit comme suit :
- l'article 43 "
Acquisition et modernisation
" n'était pas
doté en 1998. Il l'est en 1999, à hauteur de 81 millions de
francs.
- les crédits de l'article 44 "
Maintenance des aéronefs
"
diminuent de 13%, et s'établissent à 169 millions de francs.
La reprise des achats correspond au lancement du renouvellement de la flotte
d'hélicoptères, qui s'avère aujourd'hui nécessaire
puisque la moyenne d'âge des appareil est d'environ 20 ans, avec des
pointes à 35 ans. Par conséquent, les pannes sont de plus en plus
fréquentes et la maintenance devient de plus en plus onéreuse. En
outre, l'Alouette III n'est pas conforme à la réglementation sur
la mulimotorisation et les niveaux sonores.
Le renouvellement des 32 appareils s'étalera jusqu'en 2004, le premier
étant livré dès 1999 et six autres en l'an 2000. 51
millions de francs y seront consacrés en 1999.
Les 30 autres millions de l'article 43 du chapitre 57-50, ainsi que
10 millions de francs dans la loi de finances rectificative pour 1998,
seront consacrés à la remotorisation de l'un des deux derniers
avions Tracker, sur une flotte de douze appareils, à n'avoir pas subi
cette opération.
La baisse de la dotation consacrée à la maintenance peut
s'expliquer par le renouvellement du marché de la maintenance, qui n'est
plus confié au ministère de la défense mais à la
compagnie AOM, qui garantit un coût inférieur de 33%. Toutefois,
afin notamment de financer la remise à niveau de la flotte de Canadair,
la loi de finances rectificative pour 1998 prévoit une ouverture de
crédits de paiement à hauteur de 60 millions de
francs.
C. LES MOYENS DE FONCTIONNEMENT : UNE AMELIORATION A LA MARGE
Les
moyens de fonctionnement de la sécurité civile sont
essentiellement constitués, d'une part, de dépenses dont le
ministère de l'intérieur ne maîtrise pas
l'évolution, et d'autre part, des moyens de fonctionnement
globalisés.
L'augmentation 3,3% de l'enveloppe disponible en 1999, qui tranche avec la
stagnation des années récentes, ne s'applique pas de la
même manière à ces deux postes :
1. L'augmentation conséquente des dépenses inéluctables
Les
dépenses inéluctables progressent de 7,8% en 1999. Cette
progression est essentiellement le fait de la subvention versée à
la
brigade des sapeurs-pompiers de Paris
, en hausse du fait de la
professionnalisation des armées.
Cette subvention progresse de 9,5%, 30 millions de francs en volume. Le
coût total de la professionnalisation s'élèvera à
142 millions de francs pour les trois années 1999, 2000 et 2001.
Les autres dépenses inéluctables sont les
secours
d'extrême urgence aux victimes de calamités publiques
, dont le
montant inscrit en loi de finances, soit un million de francs, est reconduit
d'année en année car il n'est que provisionnel, et les
pensions aux victimes d'accidents (sapeurs-pompiers et anciens agents de la
défense passive),
qui augmentent de un million de francs pour
s'établir à 63,3 millions de francs.
2. Le fonctionnement globalisé encore contraint
Les
moyens de fonctionnement courant de la sécurité civile
connaissent le plus faible taux de progression de l'agrégat, avec 2,2%.
Ils s'établissent à 195 millions de francs.
Le caractère contraint de cette enveloppe conduit à reconduire
d'année en année les difficultés : non renouvellement des
tenues lourdes des démineurs, renoncement à l'usage du
réseau autoroutier pour les unités militaires de la
sécurité civile et reports de charges en matière de
carburant aérien. En outre, ce chapitre a du supporter en 1998, et
supportera en 1999, la location, pour 10 millions de francs, d'un bombardier
C130 et une partie du coût du programme de déminage lancé
en 1997.
En 1998, les crédits du chapitre 34-31 des moyens de fonctionnement
globalisés étaient répartis de la façon suivante :
3. La baisse artificielle des "autres" moyens de fonctionnement
Les
moyens de fonctionnement qui ne relèvent ni des dépenses
inéluctables, ni du fonctionnement globalisé comprennent
notamment les crédits du chapitre 41-31 des "
subventions pour les
dépenses d'incendie et de secours
".
Structurellement sous-doté en loi de finances, ce chapitre est
constitué des crédits versés par le ministère de
l'intérieur aux services départementaux d'incendie et de secours
pour combler les déficits dus à la campagne estivale de lutte
contre les feux de forêt.
En 1999, la dotation de ce chapitre s'élève à 13 millions
de francs, contre 25,8 millions de francs en loi de finances initiale pour
1998. Selon les informations recueillies par votre rapporteur, 8 à 10
millions de francs de subventions à titre non reconductibles seraient
nécessaires pour équilibrer ce chapitre. Votre rapporteur
réitère les interrogations de son prédécesseur
quant à cette pratique de sous-dotation répétée
d'un chapitre pourtant destiné à financer une dépense
régalienne.
II. LES DEFIS BUDGÉTAIRES DE LA SECURITÉ CIVILE
La direction de la sécurité et de la défense civiles a accompli une grande partie des réformes de structures auxquelles elle était confrontée : la fusion avec les services du haut fonctionnaire de défense, la mise en service de son nouveau centre opérationnel d'aide à la décision et la réforme des services d'incendie et de secours. Reste la professionnalisation des armées. Mais ce défi est à la fois structurel et financier.
A. LA REFORME DES UNITÉS MILITAIRES
La
professionnalisation des armées conduit non seulement
réintégrer les effectifs militaires dans les emplois
budgétaires de la sécurité civile, accaparant ainsi la
moitié des crédits supplémentaires disponibles en 1999,
mais également à une
restructuration profonde des
unités militaires
.
Le ministre de l'intérieur a décidé de réduire
à deux le nombre d'implantation. Les unités de Nogent-le-Rotrou
et Brignolles/Corte sont maintenues, et Rochefort est déjà
fermé.
La disparition plus rapide que prévu des appelés, en raison
notamment de l'exemption de conscription pour les appelés potentiels
disposant d'un contrat de travail, aboutit à une réduction des
effectifs. Aujourd'hui, les unités militaires comptent 1700 hommes. Il
est envisagé d'en professionnaliser 1500, répartis entre Nogent
(700), Brignolles (700) et Asnières, au centre opérationnel
d'aide à la décision (100).
Le coût de la professionnalisation a été réparti
selon la clef suivante par le ministère de l'intérieur : 32,7
millions de francs en 1999, 33,5 millions de francs en 2000 et 33,3 en
2001.
B. LA MISE EN oeUVRE DU PROGRAMME DE DÉMINAGE
Le
programme de modernisation du déminage a été
décidé en 1997 à la suite d'incidents constatés
dans les centres de stockage du nord et de l'est de la France, où les
mines sont concentrées. La collecte avait du être interrompue
faute de capacités de stockage et de destruction. Les chiffres suivants
donnent une idée de l'ampleur du problème : 500 tonnes de
munitions continueront d'être ramassées chaque année
pendant les trois prochains siècles. Une tonne de mines par
kilomètre a été ramassée sur le tracé du TGV
Nord.
L'année 1998 a été marquée par la reprise du
ramassage et de la destruction des munitions.
En effet, grâce aux
économies internes réalisées et aux subventions à
titre non reconductibles accordées par le Parlement, des
capacités d'accueil et des sites de destruction ont pu être
reconstitués.
Les crédits consacrés au déminage
(en millions de francs)
|
1997 |
1998 |
Personnel
|
28
|
29
|
Total |
46 |
52 |
C. LE LANCEMENT EN DEMI-TEINTE DE LA NOUVELLE FLOTTE DE CANADAIR
La fin
de l'année 1997 a été marquée par le tragique
accident de l'un des nouveaux Canadair, abîmé en mer, qui a
coûté la vie à un pilote. Sur le plan budgétaire, ce
drame se traduit par la nécessité de remplacer un avion dont le
coût est de 120 millions de francs.
En 1998, il est apparu que les nouveaux avions souffraient de défauts
techniques, sans doute liés au fait que ces engins appartiennent
à la première génération d'une nouvelle gamme
développée par le constructeur canadien Bombardier. Faisant de la
France le premier pays à opter pour 40 appareils, le gouvernement
Cresson a donc pris un risque industriel.
La direction de la sécurité et de la défense civiles
estime cependant que ces défauts de structure pourront être
résolus, la précédente génération de
Canadair ayant connu les même à ses débuts. Les coûts
nécessaires à la remise à niveau des avions seront pris en
charge par le constructeur, à l'exception des coûts de main
d'oeuvre qui sont à la charge de l'Etat, à raison de 1 million de
francs par avion. La flotte devrait être entièrement
opérationnelle en mai 1999.
Si les difficultés devaient persister, la mise en cause de la
responsabilité du constructeur serait envisagée. Le
ministère de l'intérieur est par ailleurs déjà en
conflit avec le constructeur au sujet de la reprise des anciens
avions.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le
mercredi 18 novembre 1998,
sous la présidence
de M. Alain Lambert, président, puis de Mme Marie-Claude Beaudeau,
vice-présidente
, la commission a procédé, sur le
rapport
de
M. André Vallet, rapporteur
spécial
, à
l'examen
des
crédits
de
l'intérieur
et de la
décentralisation
:
sécurité
pour
1999
.
Le rapporteur spécial a tout d'abord signalé que le taux de
progression de 2 % des crédits de la sécurité
n'était pas significatif en raison du montant des dépenses
liées aux élections, beaucoup plus faible en 1999 qu'en 1998.
Hors dépenses électorales, les crédits de la
sécurité augmenteront de 3 % dans la loi de finances pour
1999 par rapport à la loi de finances initiale pour 1998. Il a
ajouté que le Gouvernement entendait ouvrir des crédits à
hauteur de 400 millions de francs au profit du ministère de
l'intérieur dans la loi de finances rectificative pour 1998.
Avant d'identifier les principales évolutions des crédits,
M. André Vallet
a souligné les difficultés
posées, au regard de la procédure budgétaire
traditionnelle, par la modernisation de la gestion de ses crédits par le
ministère de l'intérieur. Il a mis en avant le décalage
entre les intentions du ministre de l'intérieur, qui sont
retracées dans le programme d'emploi des crédits du
ministère établi en début d'exercice, et les
évolutions des crédits retracées dans le fascicule
budgétaire établi par les services du ministère de
l'économie et des finances. Il a estimé que le Parlement devait
arbitrer entre la nécessaire sincérité des documents
budgétaires et l'incontestable rationalisation de la gestion de ses
crédits par le ministère de l'intérieur.
Le rapporteur spécial a mis en évidence un ordre de
priorité implicite qui préside chaque année à
l'établissement du budget du ministère de l'intérieur, et
selon lequel les mesures en faveur du personnel sont prises en compte en
premier lieu, les dépenses d'investissement venant ensuite, et les
dépenses de fonctionnement jouant le rôle de variable d'ajustement.
Du fait de l'augmentation totale des crédits du ministère,
supérieure à celle de l'année dernière,
M. André Vallet
a indiqué que les dépenses de
fonctionnement seraient stabilisées en 1999. S'agissant des
dépenses d'investissement, il s'est félicité de leur
augmentation de 20 %, après une baisse en 1998. En revanche, il a
regretté que les priorités du ministère de
l'intérieur soient dictées par l'accord salarial dans la fonction
publique du 10 février 1998. Il a souligné que 90 % des
crédits supplémentaires dont bénéficiera le
ministère en 1999 seront absorbés par les dépenses de
personnel.
Le rapporteur spécial a ensuite présenté
l'évolution des crédits au sein de chacun des agrégats
composant le budget de la sécurité. S'agissant des crédits
de l'administration générale, il a relevé un effort en
faveur des régimes indemnitaires des agents, actuellement beaucoup moins
favorables que ceux des agents des autres ministères.
S'agissant des crédits de l'administration territoriale, le rapporteur
spécial a signalé que, si les crédits de fonctionnement
étaient jugés suffisants à tâches constantes, les
missions des préfectures s'étaient sensiblement
étoffées au cours de la période récente.
S'agissant des crédits de la sécurité civile,
M. André Vallet
a expliqué que l'augmentation de
9,6 % des crédits était avant tout comptable et
s'expliquait, d'une part, par l'inscription dans le fascicule budgétaire
de 367 emplois militaires existants mais qui n'étaient pas
recensés auparavant, et par la reprise de l'effort d'équipement
de la flotte aérienne après une année de transition en
1998.
Le rapporteur spécial a déploré que les trois quarts des
crédits supplémentaires attribués à la police
nationale en 1999 iront alimenter les dépenses de personnel. Il a
cependant précisé que l'effort d'investissement et de
fonctionnement serait renforcé par 290 millions de francs de
crédits figurant dans la loi de finances rectificative pour 1998.
M. André Vallet
s'est déclaré
préoccupé par la mise en oeuvre du système de transmission
numérique ACROPOL. Il a en effet relevé que, d'une part, les
dotations budgétaires ne permettaient pas d'achever le projet avant 2007
et, d'autre part, les éventuelles hausses des crédits
accordées à ACROPOL ne pourraient être consommées en
raison du manque de moyens logistiques pour les utiliser.
Présentant ses principales observations sur les crédits de la
sécurité, le rapporteur spécial s'est tout d'abord
félicité de la décision du Gouvernement de repousser
l'entrée en vigueur de son programme de redéploiement des
effectifs policiers. Rappelant que cette opération s'inspirait des
principes fixés par la loi d'orientation et de programmation pour la
sécurité de 1995 et par le pacte de relance pour la ville, il a
néanmoins considéré qu'elle avait été mal
expliquée et mal préparée.
M. André Vallet
a fait part du déroulement
satisfaisant du recrutement des adjoints de sécurité. S'agissant
de la mise en place des contrats locaux de sécurité, il a
constaté que leur succès dépendait surtout de la
qualité des relations entre les différents acteurs, élus
locaux, magistrats et policiers.
Le rapporteur spécial a fait part d'évolutions rassurantes
s'agissant des actions de sécurité et de défense civiles.
Il a expliqué que les défauts rencontrés actuellement par
les nouveaux avions Canadair seraient en principe corrigés en mai de
l'année prochaine, et que les opérations de ramassage et de
destruction de mines, interrompues en 1998, avaient pu reprendre.
Il a ensuite insisté sur la nécessité, pour le
ministère de l'intérieur, de considérer que sa
priorité absolue devait être le service rendu aux usagers. A ce
titre, il a déploré les conditions d'accueil du public dans les
préfectures et, surtout, les sous-préfectures.
Enfin,
M. André Vallet
s'est étonné que, pour
la deuxième année consécutive, les crédits de la
sécurité pour 1999 soient répartis entre la loi de
finances pour l'année à venir et la loi de finances rectificative
pour l'année en cours. Il a regretté cette évolution qui,
si elle permet d'une certaine manière d'utiliser au mieux les
crédits disponibles, n'en constitue pas moins une entorse au principe de
l'annualité budgétaire et autorise le Gouvernement à
afficher un taux de progression des dépenses publiques inférieur
à l'évolution réelle des dépenses.
M. Jean-Patrick Courtois
,
rapporteur pour avis des
crédits de la police nationale au nom de la commission des lois
, a
souscrit aux observations du rapporteur spécial relatives à la
police nationale. Il a souhaité que le système de transmission
numérique ACROPOL soit rendu compatible avec le système RUBIS,
utilisé par la gendarmerie nationale. Le rapporteur pour avis a enfin
déploré l'absence de véritable politique de gestion
prévisionnelle des effectifs, pourtant indispensable pour faire face au
départ en retraite d'un quart des effectifs dans les cinq années
à venir.
M. André Vallet
a rappelé que les moyens
alloués à la gendarmerie pour mettre en place RUBIS
étaient très supérieurs aux crédits disponibles
pour financer ACROPOL. Il a ajouté que les départs en retraite
permettraient aux adjoints de sécurité dese présenter aux
concours de recrutement de la police nationale. Mais, il a insisté sur
le fait que les adjoints ne devaient en aucun cas exercer la totalité
des missions des "vrais" policiers avant d'avoir réussi un concours.
M. Jean-Philippe Lachenaud
a exprimé de fortes
réserves quant à un éventuel rapprochement entre RUBIS et
ACROPOL. Il a fait part de sa surprise s'agissant du décalage entre les
données inscrites dans les documents budgétaires et celles du
programme d'emploi des crédits du ministère. Il a
également estimé que la localisation des forces de police sur le
territoire n'était pas optimale.
M. Roger Besse
a déclaré que le Gouvernement, en
envisageant de supprimer des brigades de gendarmerie en milieu rural, ne tenait
pas compte des besoins spécifiques de ces zones. Il a
considéré que le critère du nombre de crimes et
délits, retenu pour déterminer la présence de forces de
sécurité sur un territoire donné, était trop
réducteur.
Mme Maryse Bergé-Lavigne
s'est interrogée sur la nature
des problèmes rencontrés par les avions Canadair et sur
l'existence éventuelle d'avions concurrents.
En réponse,
M. André Vallet
a rappelé que la
gendarmerie bénéficiait d'une très bonne image dans
l'opinion, et que les populations n'avaient rien à craindre d'un
éventuel transfert de leur circonscription en zone couverte par la
gendarmerie. Il a ajouté que la France avait été le
premier pays à adopter la nouvelle génération d'avions
Canadairs, et que ces appareils connaissaient aujourd'hui des vices de
jeunesse. Il a précisé que la remise en état des appareils
était à la charge du constructeur, les frais de main d'oeuvre
revenant à l'Etat.
La commission a alors décidé
d'adopter
les
crédits
de la
sécurité
figurant au
budget
du ministère de l'
intérieur
.
1
La répartition interne de ce
chapitre
figurant dans le bleu n'a pas été confirmée à votre
rapporteur par le ministère de l'intérieur. Il ne peut donc
être rendu compte des arbitrages entre agrégats.
2
Le serveur "Infocentre", réalisé par la direction de
la comptabilité publique, doit permettre aux préfets et aux
trésoriers payeurs généraux de suivre en temps réel
la consommation des crédits de l'Etat dans le département ou dans
la région. Cet outil doit être déployé en 1999.
3
Taux de change retenu : 10 francs pour 1 livre.
4
Ces mesures sont présentées de manière
détaillée dans le rapport pour avis de notre collègue
Jean-Patrick Courtois.
5
Question n°10731 du 17 septembre 1998. Réponse parue
au JO du 28 octobre 1998.