LE BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
CHAPITRE PREMIER
L'ÉQUILIBRE DU BUDGET ANNEXE
DE L'AVIATION CIVILE
Le
budget annexe de l'aviation civile (BAAC)
, dont les dépenses
s'étaient accrues de 5,9 % l'an dernier, enregistre
une
progression apparente de 2,9 % de 1998 à 1999.
Cette évolution n'intervient pas à périmètre
constant puisqu'une part des dépenses de sécurité et
sûreté retracée dans le BAAC serait "sortie" du budget
annexe pour figurer au nouveau Fonds d'intervention pour les aéroports
et le transport aérien (FIATA). Les crédits concernés
s'élèvent à 97 millions de francs. A structure
constante, l'augmentation des crédits est, en réalité, de
4 %.
Evolution des dépenses du BAAC entre 1998 et 1999
(en millions de francs)
|
|
|
Variations |
|
|
1998 |
1999 |
En niveau |
En % |
Dépenses de fonctionnement (1) |
6.231,8 |
6.584,4 |
+ 352,6 |
+ 5,7 |
Dépenses en capital |
2.237,7 |
2.129,8 |
- 107,9 |
- 4,8 |
Total |
8.469,5 |
8.714,2 |
+ 244,7 |
+ 2,9 |
(1)
Le terme "dépenses de fonctionnement" est plus approprié que
celui de "dépenses d'exploitation" directement issu de l'ordonnance
organique du 2 janvier 1959.
Le total des dépenses s'élève à
8.714,2 millions de francs.
La variation des dépenses en
capital, qui représentent 24,4 % de l'ensemble des dépenses
contre 26,4 % en 1998, est, cette année, orientée à
la baisse ce qui permet de compenser au total la forte hausse des
dépenses de fonctionnement.
I. LES RESSOURCES
La présentation simplifiée suivante des ressources peut être donnée :
Recettes d'exploitation 1( * ) |
6.389,7 millions de francs |
Subvention reçue du budget général |
215 millions de francs |
Taxe de sécurité et de sûreté |
1.279,5 millions de francs |
Emprunts |
830,0 millions de francs |
Total |
8.714,2 millions de francs |
L'évolution des différentes catégories de ressources par rapport aux prévisions de la loi de finances initiale pour 1998 est retracée dans le tableau ci-dessous.
Evolution des grandes catégories de ressources 1999/1998
(en milliards de francs)
|
|
|
Variations |
|
|
1998 |
1999 |
En niveau |
En % |
Recettes d'exploitation |
6.029,2 |
6.389,7 |
+ 360,5 |
+ 6 |
Subvention reçue du budget général |
215 |
215 |
0 |
0 |
Taxe de sécurité et de sûreté |
1.182,8 |
1.279,5 |
+ 96,7 |
+ 8,2 |
Emprunts |
1.042,5 |
830 |
- 212,5 |
- 20,4 |
Total |
8.469,5 |
8.714,2 |
+ 244,7 |
+ 2,9 |
Sur longue période, l'évolution des différentes ressources du BAAC a été fort contrastée. Cela a conduit à une déformation de la structure de financement du budget annexe que l'année prochaine viendrait quelque peu tempérer pour des raisons exceptionnelles.
Structure
de financement du BAAC
Part dans le total des ressources
(en %)
|
1998 |
1999 |
Ecart en points |
Recettes d'exploitation |
71,2 |
73,3 |
+ 2,1 |
Subvention reçue du budget général |
2,5 |
2,5 |
0 |
Taxe de sécurité et de sûreté |
14 (1) |
14,7 |
+ 0,7 |
Emprunts |
12,3 |
9,5 |
- 2,8 |
Total |
100 |
100 |
0 |
(1) 16,2 % des ressources propres du budget annexe de l'aviation civile.
A. LES RESSOURCES D'EXPLOITATION
1. Les aménagements concernant les redevances aéronautiques :
L'essentiel des ressources du BAAC provient des redevances
aéronautiques dont le produit s'élèverait à
6.133 millions de francs, soit 70,1 % du total des ressources du
budget annexe et 78,8 % du total des seuls recettes d'exploitation.
Les produits des redevances aéronautiques s'accroîtraient de
4 % globalement.
Mais, une distinction doit être opérée entre la redevance
de route et la redevance pour services terminaux de la circulation
aérienne (RSTCA).
Pour la redevance de route
qui
représente 81,5 % des recettes tirées des redevances
aéronautiques, la progression de la recette serait de 4,7 % par
rapport aux prévisions du projet de loi de finances initiale. Par
rapport aux estimations de recettes révisées pour 1998 qui ont
été majorées pour tenir compte d'un essor du trafic plus
important que prévu, la croissance des recettes serait de 2,9 %.
Cette évolution tient compte d'une diminution du taux moyen de la
redevance de route de 1,4 % et d'une prévision de hausse du trafic
en 1999 qu'on peut juger assez optimiste.
Pour la RSTCA
, la croissance des recettes serait beaucoup plus
modérée, comprise entre 0,6 et 1 % en fonction de la base
retenue pour 1998. En effet, le taux de la RSTCA serait sensiblement
réduit, diminuant de 4,9 % par rapport au taux en vigueur au
début 1998. Cette réduction provient d'une évolution, sur
laquelle on revient plus bas, au terme de laquelle l'assiette servant au calcul
des taux de la RSTCA a dû être rétrécie afin d'en
exclure les coûts du service de sécurité incendie sauvetage
(SSIS) et de la gendarmerie des transports aériens (GTA).
2. L'alourdissement de la fiscalité spécifique affectée
Le
produit de la taxation affectée au budget annexe de l'aviation civile
s'est quant à lui beaucoup accru au cours de ces dernières
années.
La taxe de sécurité et de sûreté dont le produit
s'élevait à 652,5 millions de francs en 1995 et
représentait 10,6 % des recettes d'exploitation "rapporterait"
1.279,5 millions de francs en 1999, soit 16,5 % des recettes
d'exploitation du BAAC.
Pour appréhender l'augmentation du produit de la taxe, il faut en outre
prendre en compte la fraction de son produit qui serait affectée au
Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien
(FIATA) -voir infra-. La quotité affectée à ce fonds
s'élèverait en 1999 à 97 millions de francs, si bien
que la charge de la taxe progresserait en fait de 16,4 % par rapport
à l'an dernier. Son produit atteindrait 1.376,5 millions de
francs
2(
*
)
hors part de la
péréquation des lignes aériennes, soit plus de deux fois
le montant qui était le sien en 1995.
Ces évolutions doivent être mises en rapport avec la variation des
charges du BAAC qui, entre 1995 et 1999, ont progressé de 20,8 %.
La montée en charge de la fiscalité affectée au BAAC est
aussi celle de la fiscalité pesant sur les compagnies aériennes
puisque la taxe de sécurité et sûreté constitue,
comme la taxe de péréquation du transport aérien, un
impôt spécifique.
Elle s'accompagne d'une décrue du soutien budgétaire
accordé au transport aérien.
Le montant de la subvention versée au BAAC à partir du budget
général s'est réduit au cours des années
récentes. Avec 215 millions de francs prévus en 1999, son
niveau nominal resterait inchangé comme depuis 1997.
Il faut d'ailleurs préciser que cette contribution est
régulièrement amputée en gestion au gré des
arrêtés d'annulations de crédits. Ainsi, même si en
1998 elle devrait être épargnée, elle fut réduite en
1997 et ramenée de 215 à 183 millions de francs.
Le désengagement de l'Etat -voir infra- prend d'ailleurs d'autres
visages très préoccupants. La navigation aérienne doit
ainsi supporter la charge des exonérations accordées aux vols
militaires, ce qui déséquilibre le BAAC. Les services de l'Etat
en charge des missions essentielles de sûreté se retirent des
aéroports, laissant aux exploitants la charge mais aussi la
responsabilité de les suppléer.