A. LES BESOINS EN RÉHABILITATION DANS LE PARC PRIVÉ RESTENT TRÈS IMPORTANTS MAIS LES AIDES SONT DISPERSÉES
1. Un important parc de logements à rénover
Malgré une importante amélioration au cours des 15
dernières années, le parc privé de logements existants
nécessite encore des travaux importants à la fois
d'amélioration du parc inconfortable et de remise à niveau de
logements achevés dans les années 50 et 60.
L'enquête logement de 1996 fait ressortir que le nombre de logements
auxquels il manque un des éléments de confort, tel que :
eau, W-C, installations sanitaires et chauffage central s'élève
à 2 315 000. Parmi eux, 388 000 sont jugés très
inconfortables, c'est à dire qu'ils ne disposent d'aucune installation
sanitaire.
Dans le parc de logements sans confort figurent 935.000 résidences
principales, dont la moitié sont occupées par leurs
propriétaires.
La réhabilitation du parc privé ancien est assurée d'une
part, par la prime à l'amélioration de l'habitat (PAH) et la
subvention pour travaux de sortie d'insalubrité (SSI) qui
bénéficient aux propriétaires occupants à
ressources modestes, et d'autre part, par les subventions de l'Agence nationale
pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) qui sont accordées aux
propriétaires bailleurs.
Les dispositifs existants représentent des montants de subventions et
des taux de prise en charge différents, suivant la nature des produits
de financement et des travaux réalisés.
2. Un dispositif d'aides très cloisonné
Les aides à l'amélioration des logements privés
Dispositif |
bénéficiaire |
Condition de ressources |
Opérations |
Taux de subvention |
Plafond |
PAH |
Propriétaires occupants
|
moins de
70% plafonds PAP
|
Amélioration des logements |
20%
|
70.000 F
|
SSI |
propriétaires occupants leur logement depuis au moins 2 ans |
pas plus de 100% plafonds PAP |
logement
insalubre
|
50% |
35.000 F |
ANAH |
bailleurs
privés
|
pas de condition de ressources |
|
25%
|
|
Réduction
d'impôt (art 199 sexies D)
|
propriétaires résidents |
pas de condition de ressources |
agrandissement et
amélioration dans la résidence
principale
|
20%
|
20.000 F
pour une personne seule/40.000 F pour un couple
|
Plusieurs dispositifs s'adressent aux propriétaires occupants de
condition modeste.
La prime à l'amélioration de l'habitat
est une subvention
réservée aux propriétaires occupants dont les ressources
ne dépassent pas 70 % des plafonds de ressources des anciens PAP. Pour
un couple comprenant deux actifs, les revenus mensuels nets ne doivent pas
dépasser 11.241 F à Paris, 8.948 F en Ile-de-France et 8.202 F en
Province.
La subvention pour travaux de sortie d'insalubrité (SSI)
s'adresse aux propriétaires occupant depuis au moins deux ans un
logement insalubre. Les revenus des bénéficiaires ne doivent pas
excéder un plafond de ressources actuellement égal à celui
qui est pris en compte pour l'octroi des anciens prêts aidés par
l'Etat (PAP). Il est possible de cumuler cette aide avec une prime à
l'amélioration de l'habitat (PAH).
En dehors des subventions budgétaires, qui sont destinées aux
propriétaires les plus modestes,
des dispositifs fiscaux
viennent
compléter la politique de soutien à l'amélioration des
logements.
La réduction d'impôt au titre des grosses réparations et
des améliorations afférentes à l'habitation principale
(art 199 sexies D du CGI) et le crédit d'impôt au titre des
dépenses d'entretien de la résidence principale permettent
d'accorder un soutien fiscal aux personnes privées qui procèdent
à des travaux sur leur résidence principale.
D'autres dispositions sont prises pour la réhabilitation des
logements locatifs privés.
Créée en 1971, l'ANAH, établissement public
à caractère administratif dont le conseil d'administration
comprend notamment des représentants de l'Etat et des organisations
représentatives des bailleurs privés et des locataires, a ainsi
pour objectif d'aider l'amélioration de logements loués par des
propriétaires privés.
Les conditions et les modalités d'octroi des aides sont fixées
dans les délibérations du conseil d'administration.
L'ensemble de ces mesures traduit un dispositif relativement
cloisonné, même s'il est efficace pour certaines catégories
de logements particulièrement dégradés. C'est la raison
pour laquelle des appels se sont fait entendre pour qu'un dispositif plus
général d'aide à la réhabilitation des logements
privés soit mis en oeuvre.
En effet, dans la loi de finances pour 1998 a été
décidé l'assujettissement au taux réduit de TVA des
opérations de rénovation et d'amélioration dans le
logement social
(au même titre que les opérations de
construction depuis la loi de finances pour 1997).
Dans le projet de loi de finances pour 1999, une nouvelle mesure est inscrite,
qui en est l'extension normale, à savoir l'assujettissement au taux
réduit de TVA des travaux réalisés par les bailleurs
privés bénéficiant d'une subvention de l'Agence nationale
pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) portant sur des logements
conventionnés à l'aide personnalisée au logement (APL).
Cependant, en raison des dispositions du paragraphe 9 de l'annexe H de la
sixième directive européenne, ces mesures en matière de
TVA sont limitées
"à la livraison, construction,
rénovation et transformation de logements fournis
dans le cadre de la
politique sociale
".
Ainsi, les autres mesures fiscales en faveur de la rénovation des
logements ont dû être prises sous la forme de réduction
d'impôt ou de crédit d'impôt.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat au budget, a donc promis
devant l'Assemblée nationale le 16 octobre dernier, qu'une action
résolue serait menée au plan européen
9(
*
)
afin d'élargir le champ du
taux réduit de TVA à la rénovation de logements.
Votre rapporteur estime en effet essentiel qu'une réflexion s'engage
sur les moyens accordés à la rénovation des logements
privés, dans la mesure où l'économie du logement est
globalement passée d'une phase de construction à une phase de
réhabilitation. Une réflexion sur l'application plus large du
taux réduit de TVA au secteur du logement serait bienvenue, d'autant
qu'elle a été évoquée par la Commission
européenne elle-même à
l'occasion du sommet sur
l'emploi de Luxembourg (20 et 21 novembre 1997).
3. Des moyens financiers en relative augmentation mais qui ne correspondent pas encore à l'ampleur des besoins
a) Les crédits destinés aux propriétaires occupants
Les crédits de la PAH ont sensiblement crû depuis 1990, ce qui témoigne d'un effort croissant en faveur de la réhabilitation des logements.
Crédits de la prime à l'amélioration de l'habitat (en millions de francs)
|
Dotations initiales (LFI) |
|
Crédits disponibles |
|
Dépenses effectives |
|
|||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
|||
1990
|
469,0
|
469,0
|
469,0
|
0
|
505,5
|
428,8
|
|||
1992 |
450,0 |
441,0 |
540,0 |
0 |
559,0 |
488,7 |
|||
1993 |
400,0 |
435,5 |
614,5 |
127,5 |
646,8 |
509,4 |
|||
1994 |
600,0 |
490,0 |
661,4 |
27,4 |
728,9 |
617,5 |
|||
1995 |
601,0 |
601,0 |
526,0 |
0 |
591,4 |
647 ,7 |
|||
1996 |
605,0 |
605,0 |
805,0 |
0 |
767.0 |
596,39 |
|||
1997
|
600.0
|
710.0
|
825.0
|
123.7
|
718.9
|
nd |
(1)
situation au 31/08/1998
Il faut par ailleurs se féliciter que le projet de budget pour 1999
confirme les augmentations de crédits d'équipement qui avaient
été décidées pour 1998, notamment pour
la prime
à l'amélioration de l'habitat
(PAH) qui sera maintenue
à 800 millions de francs.
Le nombre de logements réhabilités chaque année approche
les 70.000 unités. Compte tenu du nombre de logements à
réhabiliter (935.000 résidences principales sont estimées
sans confort), cet effort doit toutefois être poursuivi.
Logements ayant bénéficié de la PAH ou de la SSI depuis 1992
chapitre 65.48/80 |
Nombre de logements |
dont OPAH |
1992 |
52 276 |
18 167 |
1993 |
60 802 |
20 921 |
1994 |
68 771 |
24 486 |
1995
|
55 909
|
23 268
|
b) Les crédits destinés aux bailleurs privés
Les interventions de l'ANAH sont également primordiales pour la mise en location de logements à réhabiliter, qui sont souvent vacants.
Les interventions de l'ANAH
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
subventions engagées dans l'ensemble du parc (en MF) |
2 724 |
2 731 |
2 595 |
2 338 |
subventions engagées dans le parc ancien (construit avant 1948) (en MF) |
2 461 |
2 440 |
2 311 |
2 030 |
nombre de
logements subventionnés
|
143 600
|
126 500
|
111 800
|
107 600
|
nombre de
logements subventionnés dans le parc ancien (avant 1948)
|
116 000
|
102 500
|
88 400
|
83 400
|
2.338 millions de francs de subventions ont été
engagées en 1997 grâce à la dotation initialement
fixée à 2.015 millions de francs et à la mobilisation de
200 millions de francs au titre du programme supplémentaire de
réhabilitation et de 123 millions de francs au titre de la
réutilisation de subventions attribuées les années
précédentes et auxquelles leurs bénéficiaires ont
renoncé. Ces engagements ont généré un montant de
travaux subventionnables de 8.752 millions de francs (hors honoraires) et ont
permis de subventionner 107.600 logements.
Les interventions de l'ANAH se sont recentrées sur les
opérations de réhabilitation importantes. En moyenne les travaux
sont légèrement supérieurs à 100.000 F par logement
subventionné contre 67.000 F avant la réforme des conditions
d'attributions décidées en 1994.
La remise sur le marché de logements vacants constitue une part
importante de l'activité de l'ANAH qui a ainsi aidé à
remettre sur le marché, avec tous les éléments de confort
nécessaires, 35 000 logements vacants en 1997. Un tiers des logements
subventionnés par l'ANAH en 1997 étaient vacants, contre un peu
plus de 20 % en 1993
Les opérations programmées d'amélioration de l'habitat
(OPAH), auxquelles l'article L.303-1 du code de la construction et de
l'habitation (art.21 de la loi n° 91-662 du 13 juillet 1991 d'orientation
pour la ville) donne un fondement et un contenu législatif, constituent
une procédure contractuelle privilégiée pour favoriser la
réhabilitation du parc immobilier et améliorer en particulier
l'offre de logements locatifs privés. Ces opérations
menées avec les collectivités locales contribuent fortement
à la remise sur le marché de logements vacants.
En 1997, le nombre d'OPAH nouvelles (197) est en légère
augmentation (+5%). Celui des OPAH en vigueur (644) reste pratiquement stable.
Les 644 OPAH en cours ont mobilisé 36 % des crédits de l'Agence
pour 26.800 logements subventionnés et 3,4 milliards de francs de
travaux.
Enfin, à la suite du Comité interministériel pour les
villes (CIV) du 30 juin 1998, il a été indiqué que des
solutions au traitement global des copropriétés
dégradées seraient recherchées. La prime à
l'amélioration de l'habitat (PAH) devrait être adaptée afin
de prendre en compte le traitement complexe de ces situations.