Projet de loi de finances pour 1999
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; JOYANDET (Alain), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 20 - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- AVANT - PROPOS
-
CHAPITRE PREMIER
L'EXPLOSION DES " CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE "- A. EXAMEN PAR TITRE DES CRÉDITS INSCRITS AU BLEU "VILLE"
- B. EXAMEN DES TRANSFERTS EN PROVENANCE D'AUTRES MINISTÈRES
- C. EXAMEN THÉMATIQUE DES CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE
- D. UN RETOUR EN ARRIÈRE INSTRUCTIF : L'EXÉCUTION DU BUDGET 1997
- E. DES REPORTS DE CRÉDITS D'HIER AUX REPORTS DE CRÉDITS DE DEMAIN ?
- F. LES RÉDUCTIONS DE CRÉDITS DÉCIDÉES PAR LA COMMISSION
-
CHAPITRE DEUX
L'ÉVOLUTION CONTRASTÉE DE L'EFFORT FINANCIER
GLOBAL EN FAVEUR DE LA VILLE - ANNEXE
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 66
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 20
EMPLOI ET SOLIDARITÉ :
III
.
- VILLE
Rapporteur spécial
: M. Alain JOYANDET
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
(1998-1999).
Lois de finances. |
Mesdames, Messieurs,
La politique de la ville constitue peut-être la priorité la plus
spectaculairement revendiquée par le gouvernement dans le projet de loi
de finances pour 1999.
Celui-ci insiste régulièrement, dans sa présentation, sur
trois arguments :
- la nomination d'un ministre délégué à la
ville ;
- un projet de budget de la ville en hausse de plus de 32 %, qui
atteint le "cap symbolique" du milliard de francs ;
- un effort global en faveur de la politique de la ville en hausse de
30 % qui, passant de 23 à 31 milliards de francs, se rapproche
de l'objectif de 35 milliards de francs fixé par le rapport Sueur.
Ces arguments sont frappants dans leur simplicité, mais méritent
d'être soumis à une évaluation un peu approfondie et
appellent trois observations.
On relèvera tout d'abord que la
nomination d'un ministre
délégué à la ville
, qui permet la
présentation des crédits dans un bleu "ville"
individualisé,
ne fait que mettre fin à une parenthèse
d'une année, et renouer avec une pratique antérieure assez
constante
: quelles que soient par ailleurs les qualités
personnelles de son nouveau titulaire, elle ne revêt donc en
elle-même rien d'exceptionnel, et c'est plutôt la volonté
exprimée l'an dernier par le ministre de l'emploi et de la
solidarité d'être directement en charge de la politique de la
ville qui pourrait passer pour une démarche singulière.
La
hausse "sans précédent (+ 32,45 %)
des
crédits du projet de budget ville leur permet d'atteindre
le "cap
symbolique" du milliard de francs
: cette constatation n'appelle pas
de contestation, mais une question, une remarque et l'aveu d'une
perplexité.
La question
porte sur le
rapport de cause à effet entre ces
deux chiffres
: est-ce l'exacte mesure, chapitre budgétaire par
chapitre budgétaire, des besoins de la nouvelle ambition pour la ville
qui aboutit, par une heureuse coïncidence, à ce joli chiffre tout
rond ? Ou n'a-t-on pas gonflé un peu approximativement -pour ne pas
dire artificiellement- les différentes enveloppes afin que leur addition
tombe pile sur cette miraculeuse successions de zéros ?
Une remarque
: il est beaucoup plus facile d'afficher des hausses
spectaculaires sur un budget de 750 millions de francs en 1998 que sur
d'autres budgets, peut-être également prioritaires mais dont les
montants se comptent en dizaines ou en centaines de milliards de francs.
Quoiqu'il en soit, de l'avis de votre commission des finances, il convient,
même pour les "petits budgets", de
faire prévaloir la rigueur
des évaluations sur la recherche des arrondis symboliques
, et cette
obligation est particulièrement ardente dans une période
d'économie budgétaire comme la nôtre.
La perplexité
: c'est celle qui saisit votre rapporteur
spécial à l'examen de l'
explosion de certaines lignes
budgétaires
; la hausse de 32 % des crédits de la
ville est en effet une hausse globale, qui recouvre des évaluations
très contrastées.
Ainsi, par exemple, elle ne concerne pas les
subventions d'investissement
du titre VI, qui
régressent même de 6 %
.
En revanche, les
crédits de fonctionnement
de la
Délégation interministérielle à la ville
progressent de 54 %, et ses crédits de communication de
47 % ; les dépenses d'animation déconcentrées
sont multipliées par 3,5 et les crédits consacrés aux
"Etudes et assistance technique" par 4 ! Une telle progression des
dépenses de fonctionnement est-elle justifiée ? Les
dépenses d'interventions
inscrites au titre IV augmentent de
50 %, et ce alors que le gouvernement annonce son intention en 1999 de
"
ne pas ajouter une quelconque procédure aux dispositifs
existants
" : les instruments classiques de la politique de la ville
pourront-ils absorber sans déperditions une telle crue
budgétaire ?
La question mérite d'autant plus d'être posée que
l'exécution des précédents budgets, et en particulier
celle du budget de 1997, révèle une sous-consommation
régulière des principales lignes de crédits du "bleu"
ville.
Dans ces conditions, et en dépit de la priorité que lui semble
effectivement mériter la politique de la ville,
votre commission des
finances, conformément à la politique générale
qu'elle a définie, vous recommandera de procéder à
certaines économies budgétaires sur l'augmentation des
crédits du ministère délégué à la
ville.
La politique de la ville étant, par nature,
interministérielle, l'effort consenti en sa faveur ne doit pas se
mesurer uniquement à l'aune de la progression des crédits
inscrits au budget ville, mais aussi à celle de
l'effort global de
l'Etat.
Le gouvernement indique que
cet effort passe de 23 à
31 milliards de francs en 1999,
soit une hausse de 30 %, et se
rapproche ainsi de l'objectif des 35 milliards de francs
prôné par le rapport Sueur.
Cet effort ne provient pas seulement de l'Etat français : les
collectivités territoriales y contribuent à hauteur de
3.100 millions de francs, et leur contribution est, à juste titre,
comptabilisée à part. On peut en revanche se demander s'il est
indiqué d'intégrer les versements communautaires dans le "total
Etat" du tableau figurant page 12 dans le "jaune" et reproduit dans le
présent rapport page 25. La question peut aussi être posée
pour les prêts de la Caisse des dépôts et consignations qui,
même s'ils sont consentis à des taux favorables, ne peuvent
être assimilés à des subventions (la véritable
subvention, qui peut être calculée, est celle du
différentiel de taux éventuel par rapport aux prêts du
marché).
Ajoutons pour être complet que, si l'on suivait les recommandations du
rapport Sueur, on ne comptabiliserait pas non plus les crédits de
solidarité urbaine dans l'effort financier de l'Etat.
On ne retiendrait alors, dans le calcul de
l'effort financier de l'Etat
stricto sensu
, que les crédits budgétaires des
ministères et l'évaluation de la dépense fiscale : soit
un montant global de 16.287,65 millions de francs, en hausse d'un peu
plus de 3.038,39 millions de francs par rapport à 1998.
Or, ces trois milliards de francs supplémentaires proviennent en
très grande partie de l'alourdissement du coût des emplois jeunes,
comptabilisé dans une rubrique du "jaune" budgétaire
intitulée "Crédits relevant de divers ministères
concourant à la politique de la ville".
Telles sont, très brièvement résumées les
principales conclusions de votre commission des finances, au terme d'un examen
que détaille le présent rapport.
AVANT - PROPOS
En 1999,
les crédits consacrés à la politique de la ville sont
à nouveau regroupés, après la parenthèse de 1998,
dans un fascicule "bleu" individualisé, distinct des autres fascicules
du ministère de l'Emploi et de la Solidarité.
En hausse de 32,45 %, ils atteignent le cap symbolique de
1 milliard de francs
.
L'ampleur de cette progression doit, bien entendu, être remise en
perspective : du fait du caractère interministériel de la
politique de la ville,
les crédits inscrits au "bleu" ville ne
constituent qu'une partie des crédits "spécifiques ville", qui ne
représentent eux-mêmes qu'une fraction de l'effort consenti par
l'Etat à la politique de la ville.
Si l'on y ajoute encore d'autres sources de financement publiques comme celle
des Fonds structurels européens, ou les contributions des
collectivités locales, on atteint ainsi un
total de 31 milliards
de francs
en faveur de la politique de la ville. Les crédits
inscrits au "bleu" ville ne représentent que
3,2 % de cet
ensemble
, et s'ils constituent le coeur de la discussion budgétaire,
il ne saurait être question pour votre rapporteur de ne pas s'attacher
aussi à ces autres strates financières qui l'enveloppent comme
autant de "poupées russes".
CHAPITRE PREMIER
L'EXPLOSION DES
" CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE "
Les
crédits
spécifiques ville
comprennent
les
crédits inscrits dans le "bleu" "Ville"
qui sont
complétés en cours de gestion par des
transferts en provenance
d'autres ministères
.
Le volume de ces crédits est relativement modique, mais leur importance
est certaine car ces crédits permettent d'initier les programmes et
d'accompagner leur mise en oeuvre.
A. EXAMEN PAR TITRE DES CRÉDITS INSCRITS AU BLEU "VILLE"
Ville : Évolution des crédits 1998-1999
(en millions de francs)
DÉPENSES |
PLF 1998 |
PLF 1999 |
1999/1998
|
TITRE III
|
86 |
113,90 |
+ 32,4 % |
TITRE IV
|
436,80 |
656,80 |
+ 50,36 % |
TOTAL DÉPENSES ORDINAIRES |
522,80 |
770,70 |
+ 47,4 % |
TITRE V
|
4
|
16
|
300 %
|
TITRE VI
|
228,23
|
213,23
|
-
6,6 %
|
TOTAL
DÉPENSES EN CAPITAL CP
|
232,23
|
229,23
|
-
1,3 %
|
TOTAL |
755,03 |
1.000 |
+ 32,45 % |
-
au
Titre III "Moyens des services"
figurent le chapitre 37-60 qui retrace les
moyens de fonctionnement de la délégation
interministérielle à la ville, et le chapitre 37-82 relatif aux
dépenses déconcentrées de la politique de la ville ;
-
le Titre IV "Interventions Publiques"
est constitué d'un
chapitre unique, le 46-60, consacré aux "interventions en faveur de la
ville et du développement social urbain" sur lequel sont
financées les dépenses contractuelles, les subventions aux
associations dans le cadre du "partenariat national", le soutien aux
opérations "villes, vie, vacances", une partie des subventions aux
services publics de quartiers, et depuis cette année, une partie des
grands projets urbains ;
-
le Titre V
, avec un chapitre unique (57-71) est consacré aux
dépenses d'études et d'assistance technique ;
-
le Titre VI
retrace, au chapitre 67-10, les
subventions
d'investissement
accordées par l'Etat au fonds social urbain, aux
dépenses contractuelles, et aux grands projets urbains.
La progression des dépenses ordinaires (+ 47 %) renforce encore
leur poids relatif dans l'ensemble du budget : celle-ci passe de 69 à
77 %.
B. EXAMEN DES TRANSFERTS EN PROVENANCE D'AUTRES MINISTÈRES
Les transferts en provenance d'autres ministères sont retracés dans le "jaune".
|
LFI
1997
|
LFI
1998
|
LFI
1999
|
A-1.1 Crédits inscrits au bleu |
899,22 |
927,03 |
1.175,00 |
A-1-2 Autres budgets |
|
|
|
CAS-FARIF (Compte d'affectation spéciale - Fonds d'Aménagement de la Région Île-de-France) |
199,00 |
192,00 |
215,00 |
Transfert FIV (Fonds Interministériel d'Intervention pour la Ville) |
226,00 |
226,00 |
226,00 |
Transfert VVV (Villes - Vie - Vacances") |
20,30 |
20,30 |
20,10 |
Personnel DIV (Délégation Interministérielle à la Ville) |
13,40 |
13,53 |
13,73 |
Transfert MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie) |
10,50 |
10,30 |
10,30 |
Sous-total A-1-2 |
469,20 |
462,13 |
485,13 |
TOTAL CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE |
1.368,42 |
1.389,16 |
1.660,13 |
Contrairement aux crédits inscrits au "bleu ville", les
transferts en provenance d'autres ministères restent, à
l'exception du compte d'affectation spéciale-Fonds d'Aménagement
de la région Ile-de-France, d'une
remarquable stabilité
.
Aussi leur poids relatif dans l'ensemble des crédits spécifiques
Ville diminue t-il passant de 33,3 à 30 %.
Cette stabilité traduit-elle
une certaine réticence des autres
ministères à s'engager plus avant dans la politique de la
ville ?
C. EXAMEN THÉMATIQUE DES CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE
Les crédits spécifiques Ville peuvent être regroupés sous trois grands thèmes.
1. Animation de la politique de la ville
a) Les crédits de la délégation interministérielle à la ville
Créée par décret du 28 octobre 1988,
la
délégation interministérielle à la ville (DIV) est
une structure administrative légère dotée de
85 fonctionnaires
mis à disposition par différents
ministères. Sa mission est à la fois de coordonner les
interventions, d'animer les équipes, d'évaluer les
opérations, et de préparer les travaux des instances de
décision (Conseil national des villes ; Comités
interministériels des villes).
Inscrits au chapitre 37-60 article 10, ses
crédits de
fonctionnement
proprement dits passent en 1999
de 13 à
près de 20 millions de francs, en hausse de 54 %.
Votre rapporteur s'interroge sur le bien fondé de cette forte
progression des crédits de la DIV. Il est vrai que la DIV devrait se
voir confier de nouvelles responsabilités, encore un peu vagues, et que
le Conseil national des villes a été renouvelé en juillet
1998 dans sa composition "
pour devenir l'outil d'un débat politique
ouvert, critique et prospectif
."
Votre rapporteur ne dispose malheureusement pas d'indications plus
précises : ainsi, aucune précision chiffrée ne lui a
été fournie sur l'évolution des effectifs dont on lui a
simplement indiqué qu'ils seraient "
réajustés en
fonction des nouvelles missions attribuées à la DIV et de
l'organisation qui en résultera
".
Le budget de communication
de la DIV (chapitre 37-30,
article 50) passe de 3,4 à 5 millions de francs, en
hausse
de 47 %
, pour permettre le lancement d'une nouvelle lettre de la DIV,
et l'organisation de colloques sur les thèmes généraux de
"l'école et la ville", ou "la prévention de la
délinquance".
Enfin, les dotations consacrées aux
études et à
l'assistance technique
, inscrits au titre V, chapitre 57-71, passent
de
4 à 16 millions de francs en crédits de paiement
,
et de 2 à 18 millions de francs en autorisations de programme,
progression qui paraît bien forte même au regard des exigences de
la préparation de la nouvelle génération des contrats de
ville.
Dans l'ensemble, les
dotations affectées à la
Délégation interministérielle à la ville font plus
que doubler
, et cette forte progression contraste avec l'effort de rigueur
entrepris en 1998 et qui s'était traduit par une diminution de 20 %
des crédits qui lui étaient affectés. Ces brusques
à coups dans la gestion de la DIV d'une année sur l'autre ne
traduisent-ils pas d'ailleurs une certaine hésitation du gouvernement
quant au rôle qu'il envisage de lui attribuer ?
Fonctionnement |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
PLF 1999 |
de la DIV |
AP ou DO |
AP ou DO |
AP ou DO |
Chapitre 37-60 art. 10 |
13,00 |
13,00 |
19,87 |
34-60 art. 10 |
4,00 |
- |
- |
37-60 art. 50 |
- |
3,40 |
5,00 |
37-60 art. 20 |
2,00 |
- |
- |
57-71 art. 10 |
4,17 |
2,00 |
18,00 |
TOTAL |
23,17 |
18,40 |
42,87 |
b) Les dépenses déconcentrées d'animation
Les
dépenses déconcentrées d'animation, inscrites au chapitre
37-82 article 20, sont
multipliées par trois et demi
, et
s'établissent à 14 millions de francs.
Au cours de son audition, la nouvelle déléguée
interministérielle à la ville, Mme Claude Brévan, a
précisé à votre rapporteur que ces crédits sont
destinés à la formation des acteurs de la politique de la ville,
de façon à leur permettre d'avoir une vision d'ensemble de leur
façon de travailler.
c) Le partenariat national
Les
crédits consacrés aux initiatives locales dans le cadre du
partenariat national (chapitre 46-60 article 30), restent stables, à
8,3 millions de francs, dans le projet de loi de finances pour 1999. Ces
crédits servent à passer avec les grandes structures associatives
des conventions de partenariat permettant de les faire participer à la
réalisation des objectifs de la politique de la ville.
A cet égard, il est bien difficile de savoir dans quelle proportion ces
crédits abondent simplement les moyens généraux de
fonctionnement de ces associations.
2. Actions de la politique de la ville
a) Le Fonds Interministériel d'Intervention pour la Ville (FIV)
Le fonds
interministériel d'intervention pour la politique de la ville a
été mis en place en 1995 pour donner plus de souplesse à
la gestion des instruments contractuels de la politique de la ville en
améliorant la fongibilité des crédits
déconcentrés.
Il a pour fonction de mettre à la disposition des préfets une
enveloppe fongible, selon un calendrier et une circulaire d'utilisation
uniques, sans autre spécialisation que celle de financer l'ensemble des
actions du développement social urbain.
Les instruments traditionnels de la politique contractuelle que permet de
financer le FIV sont à présent familiers. Il s'agit :
-
des contrats de ville
, qui sont le principal instrument de la
politique de la ville. Très brièvement, un contrat de ville est
un programme élaboré conjointement par une ou plusieurs
collectivités locales et l'Etat. Il a pour objet la lutte contre les
processus d'exclusion, et la réinsertion dans la ville des quartiers en
voie de marginalisation. 214 contrats de ville sont actuellement en
vigueur et concernent 767 communes ;
-
des Programmes d'Aménagement Concerté du Territoire
(PACT) urbain.
Ce sont des conventions élaborées pour une
période de 5 ans qui visent à accompagner le processus de
conversion d'activité par des actions de restructuration urbaine. Ils
s'appliquent à des bassins d'emploi gravement marqués par des
activités industrielles en déclin, et de lourds handicaps
sociaux. Ils sont placés sous l'autorité conjointe de la DIV et
de la DATAR. On en compte aujourd'hui 26 ;
- des "
conventions de sortie"
d'une durée limitée
à deux ou trois ans, destinées à ne pas priver brutalement
d'aide les sites qui ont relevé de la géographie prioritaire du
Xe plan, mais n'ont pu être éligibles ni aux contrats de ville ni
aux PACT-urbains du XIe plan ;
- des
Contrats d'Action pour la Prévention
(CAPS)
au
nombre
de 312, spécialisés dans la prévention de la
délinquance.
Le FIV est alimenté :
- par
deux lignes budgétaires
inscrites au
bleu
"Ville",
et intitulées "Contrats de ville, PACT urbains et autres
actions déconcentrées", qui regroupent deux types de financement
de nature différente : des crédits d'intervention (chapitre 46-60
article 10) et des subventions d'investissement (chapitre 67-10 ligne 20).
- par des
transferts en gestion d'autres ministères
.
(en millions de francs)
Ressources |
1998 |
1999 |
1 - Transferts en gestion |
|
|
Ministère de la Culture |
60,00 |
60,00 |
Ministère de l'Environnement |
2,00 |
2,00 |
Ministère de la Jeunesse et des Sports |
33,00 |
33,00 |
Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'environnement (DATAR) |
14,00 |
14,00 |
Ministère de la Justice |
2,00 |
2,00 |
Ministère de l'Emploi et de la Solidarité |
115,00 |
115,00 |
Sous-total transferts en gestion |
226,00 |
226,00 |
2 - Budget Ville |
|
|
Chapitre 46-60.10 |
373,52 |
530,00 |
Chapitre 67-10.20 |
63,00 |
63,30 |
Sous-total budget ville |
436,52 |
539,30 |
TOTAL |
662,52 |
819,3 |
Très clairement, la progression des ressources du FIV en 1999 (+ 23,6 %) s'explique exclusivement par l'accroissement des crédits d'intervention du chapitre 46-60, les transferts provenant des autres ministères restant stables en ce domaine comme dans d'autres.
b) Le Fonds Social Urbain (FSU)
Le Fonds
Social Urbain a été créé en 1984 afin de permettre
à l'Etat, après la décentralisation, de conserver les
moyens d'intervenir de façon sélective lorsque sa
responsabilité est engagée en matière de
développement social des villes et plus particulièrement des
banlieues.
Il permet aujourd'hui d'engager des opérations d'investissement en
complément de celles inscrites au titre des procédures
contractuelles.
Les crédits du FSU inscrits au chapitre 67-10 article 10 sont
entièrement déconcentrés, et représentent
près de 90 % de l'ensemble des crédits du FSU. Toutefois,
pour répondre aux spécificités du financement de l'appel
à projets de transports (qui croise des crédits FSU et des
crédits provenant de la Direction des Transports Terrestres), un nouveau
chapitre 67-10 article 40 a été créé.
L'évolution des crédits du FSU est la suivante :
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
||
|
CP |
AP |
CP |
AP |
- FSU opérations déconcentrées art. 67-10.10 |
110 |
170 |
97 |
150 |
- FSU : opérations non déconcentrées art. 67-10.40 |
10 |
30 |
12,93 |
30 |
Total |
120 |
200 |
109,93 |
180 |
Elle traduit une baisse globale de 8,4 % des moyens du FSU en crédits de paiements, et de 10 % en autorisations de programme.
c) Le fonds d'aménagement de la région Ile-de-France
Les
transferts en cours d'année en provenance du Fonds d'Aménagement
de la Région Ile-de-France, le FARIF, évalués pour 1999
à 215 millions de francs, sont en revanche
en hausse de
12 %.
Ce compte spécial, alimenté par le produit de la taxe sur les
bureaux, contribue, à côté de ses interventions en faveur
du logement social ou des transports, aux opérations de
développement social urbain.
Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit, dans son
article 26, un
réajustement du dispositif du FARIF que le
Sénat, suivant sa commission des finances, a rejeté en
première lecture.
L'objectif de l'article 26 est d'accroître les recettes du FARIF en
élargissant l'assiette de la taxe qui l'alimente, de façon
à compenser la perte de ressources pour l'Etat des transferts croissants
du FARIF au profit de la région Ile-de-France.
Ces transferts du FARIF ont été institués par la loi
d'orientation de 1995. Ils doivent compenser à due concurrence la
suppression progressive de la dotation globale de fonctionnement de la
région Ile-de-France.
Ils représentent une
part croissante des crédits du
FARIF
: de 8,2 % en 1995, ils sont passés à
29,2 % en 1998, et cette progression devrait se poursuivre à
l'avenir. En outre, à partir de 1999, la région recouvrera une
entière liberté dans l'utilisation de ces crédits.
Pour
tenter de préserver les ressources que l'Etat tire du FARIF
et utilise au financement de ses projets d'infrastructures en Ile-de-France, le
gouvernement envisage, dans le projet de loi de finances, d'accroître les
recettes du FARIF en
élargissant l'assiette de la taxe qui
l'alimente
: naguère assise sur les "bureaux", elle serait
étendue aux
locaux commerciaux et aux locaux de stockage.
La commission des finances du Sénat a refusé
l'élargissement de l'assiette de la taxe, qui constituerait une
erreur économique
, et serait en
contradiction avec les
objectifs de la politique de la ville
, qui ne doit pas chercher à
décourager l'implantation des commerces en Ile-de-France par
l'imposition de charges nouvelles. En outre, au vu des estimations pourtant
optimistes du gouvernement, cette révision ne suffirait pas à
compenser intégralement les pertes de recettes de l'Etat. Aussi, la
commission préconise-t-elle plutôt de rechercher une solution dans
un rééquilibrage entre l'Etat et la région du financement
des infrastructures de transport
1(
*
)
.
d) Les grands projets urbains
Les
grands projets urbains (GPU) constituent une démarche et un programme
spécifiques au sein de la politique de la ville, et
bénéficient d'un niveau important de subventions de l'Etat.
L'ensemble des
13 sites Grands projets urbains
concerne des
territoires plus ou moins vastes comprenant des quartiers à forte
proportion de logements sociaux ou de copropriétés
dégradées.
La détermination des périmètres des GPU a le plus souvent
dépassé les strictes limites des quartiers pour retenir des
entités urbaines, sociales, économiques pertinentes au regard
d'une logique territoriale de développement.
Ces territoires sont inclus dans des contrats de ville, et, dans la plupart
d'entre eux, ont également été instaurées des zones
franches urbaines ou des zones de redynamisation urbaine.
Les subventions consacrées aux GPU figurent, depuis 1997, au chapitre
67-10, article 30.
En 1999, une partie des crédits se trouve répartie sur un
chapitre nouveau du titre IV (le chapitre 46-60, article 70),
doté de 45 millions de francs. L'expérience a en effet
montré que certaines collectivités territoriales
particulièrement démunies éprouvent des difficultés
à faire face aux dépenses de fonctionnement induites par les
nouveaux équipements urbains. La nouvelle ligne de crédits a
précisément pour objet d'aider ces communes à subvenir aux
charges de cette nature.
Votre rapporteur ne conteste pas l'utilité d'une aide ponctuelle de
fonctionnement
aux collectivités qui ont
bénéficié d'un grand projet urbain. Il s'
interroge
toutefois sur l'ampleur de cette aide
(qui représente dans le projet
pour 1999 plus de la moitié des crédits des GPU),
et sur la
durée de cette prise en charge
qui n'a sans doute pas, du moins
peut-on le souhaiter, vocation à une pérennisation.
(En millions de francs)
|
1998 |
1999 |
||
|
DO + CP |
AP |
DO + CP |
AP |
Chapitre 46-60, article 70 |
- |
- |
45 |
- |
Chapitre 67-10, article 30 |
44 |
90 |
40 |
95,230 |
Total DO + CP |
44 |
- |
85 |
- |
e) Les opérations "ville, vie, vacances"
Les
opérations "ville, vie, vacances" ont pour finalité de
prévenir la délinquance et les comportements inciviques pendant
les congés scolaires, et de revitaliser les quartiers en crise. Ce
dispositif couvre aujourd'hui la presque totalité du territoire et a
fait l'objet d'un élargissement à l'ensemble des périodes
de vacances, même s'il continue de privilégier la période
estivale.
Les opérations sont financées à hauteur de
50 millions de francs (en hausse de 11 %) par les crédits
inscrits au bleu "ville", auxquels s'ajoutent des transferts en gestion
provenant des ministères des affaires étrangères, de
l'équipement et du logement, de la culture, de la justice, et de la
coopération, pour un montant de 20,10 millions de francs.
3. Egalité devant le Service public
L'aide
aux services publics de quartier est éclatée depuis
l'année dernière entre deux chapitres :
- le traditionnel chapitre 37-82, article 10 "projets de services
publics de quartier", qui s'établit à 73,5 millions de
francs, en hausse de 15,7 % ;
- un nouveau chapitre, 46-60, article 60 "subventions aux services
publics de quartier", pour un montant de 23,5 millions de francs, en
hausse de 135 %.
Cette scission a été opérée pour remédier
à l'impossibilité de financer, avec des crédits du
titre III, des opérations en faveur de services publics relevant
d'entités autres que l'Etat. La possibilité de recourir
dorénavant aussi à des subventions du titre IV permettra
d'assouplir les interventions financières et d'en faire également
bénéficier d'autres gestionnaires de services publics :
collectivités territoriales ou établissements publics.
La forte progression des crédits d'aide aux services publics inscrits au
titre IV montre
le succès d'une formule qui avait
été recommandée, dès 1995, par la commission des
finances du Sénat
.
D. UN RETOUR EN ARRIÈRE INSTRUCTIF : L'EXÉCUTION DU BUDGET 1997
La
très forte progression des crédits de la "ville" en 1999 invite
à s'interroger sur les conditions dans lesquelles une telle "manne"
budgétaire pourra être effectivement dépensée.
A cet égard, et en l'absence de données complètes sur
l'exercice 1998, un examen de l'exécution du budget 1997 fournit des
indications éclairantes.
Le tableau ci-après en résume les principaux
paramètres.
Chapitres |
LFI |
LFR |
Transferts et répartitions |
Annulations |
Reports |
Crédits ouverts |
Dépenses
|
Crédits sans emploi |
Taux de consommation en % |
|
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
6=1+2+34+5 |
7 |
8=6-7 |
9=7/6 |
34-60 |
4 |
|
|
- 0,6 |
0,3 |
3,7 |
3,2 |
0,5 |
85 % |
37-60 |
19 |
|
0,2 |
- 2,8 |
1,5 |
17,9 |
15,4 |
2,5 |
86 % |
37-82 |
81 |
|
|
- 12,2 |
6 |
74,9 |
69,2 |
5,7 |
92 % |
Total Titre III |
104 |
|
0,2 |
- 15,6 |
7,8 |
96,5 |
87,8 |
8,7 |
91 % |
46-60 |
433,1 |
1 |
277,1 |
- 15 |
88,8 |
783,8 |
753,2 |
30,6 |
96 % |
Total DO |
537,1 |
1 |
277,5 |
- 30,6 |
96,6 |
881,3 |
841 |
39,3 |
96 % |
57-71 |
3,7 |
|
|
- 0,9 |
4,1 |
6,9 |
2,6 |
4,3 |
38 % |
67-10 |
315,5 |
|
17 |
- 1 |
350,8 |
680,3 |
351,1 |
329,2 |
52 % |
Total CP |
317,2 |
|
17 |
- 1,9 |
354,9 |
687,2 |
353,7 |
333,5 |
51 % |
Total DO+CP |
854,3 |
1 |
294,3 |
- 32,5 |
451,5 |
1.568,4 |
1.194,7 |
373,8 |
76 % |
L'examen
de ce tableau appelle quelques remarques de votre rapporteur spécial.
La
loi de finances pour 1997
(colonne 1) avait ouvert
854,3 millions de francs au budget de la ville, auxquels une loi de
finances rectificative (colonne 2) avait ajouté une dotation
complémentaire de un million de francs destinée à
subventionner le Parc de Sevran.
Les
transferts en gestion
(colonne 3) ont apporté
294,3 millions de francs supplémentaires, presque
entièrement concentrés sur le titre IV. Ceux-ci
s'expliquent, comme on l'a vu plus haut, par l'abondement
interministériel du FIV et des instruments de la politique de la ville.
Ils n'appellent donc pas ici de commentaire particulier.
En revanche, les
reports de crédits
(colonne 5) qui
s'élèvent à 451,5 millions de francs,
témoignent d'une sous-consommation des crédits de 1996.
A celle-ci répond la
sous-consommation des crédits de
1997
, mesurée au
taux de consommation des crédits
(colonne 9) :
- au
titre IV
, la bonne consommation des crédits
(96 %)
permet de ramener les reports de crédits de 89
à une trentaine de millions de francs ;
- au titre III, la
médiocre consommation des crédits
est davantage le fait des services en charge de la ville
(86 %) et
donc principalement de la DIV, que des "dépenses concentrées
d'animation" ;
- la
consommation des crédits d'études et d'assistance
technique est particulièrement médiocre :
38 % ;
- celle des
dépenses d'investissement
est tout juste
au-dessus de 50 %.
La délégation interministérielle à la ville
explique que la faible consommation des crédits d'investissement est due
à la présence de nombreuses
autorisations de programme
inutilisées depuis plusieurs années
, et par conséquent
reportées d'exercice en exercice, sans que les services sachent
exactement si ces autorisations correspondent à des projets
abandonnés ou à des opérations en cours. Elle annonce
l'intention louable de procéder à un recyclage des autorisations
de programme
ouvertes depuis le début des contrats de ville, afin de
dégager une marge de manoeuvre supplémentaire.
Votre rapporteur spécial encourage évidemment cette
démarche, et invite à sa généralisation. Il estime
que des reports systématiques et fréquents ne sont pas le signe
d'une gestion saine, et qu'ils privent en outre le vote du budget de toute
signification.
E. DES REPORTS DE CRÉDITS D'HIER AUX REPORTS DE CRÉDITS DE DEMAIN ?
La mise en parallèle de la sous-consommation des crédits de l'exercice 1997 et de la progression des dotations en 1999 laisse votre rapporteur perplexe quant à la capacité du nouvel élan pour la ville à absorber la manne budgétaire que lui dispense le projet de loi de finances pour 1999.
|
Taux de consommation 1997 |
Progression FI 1999/LFI 1998 |
37-60 : Moyens de fonctionnement des services |
|
|
37-82 : Dépenses déconcentrées d'animation |
92 % |
29,6 % |
46-60 : Interventions en faveur de la ville - Contrats de ville, PACT urbains |
|
|
57-71 : Etude et assistance technique |
38 % |
300 % |
67-10 : Subventions d'investissement, FSU, contrats de ville, GPU |
|
|
F. LES RÉDUCTIONS DE CRÉDITS DÉCIDÉES PAR LA COMMISSION
Dans ces
conditions, et en dépit de la priorité que lui semble
effectivement mériter la politique de la ville, votre rapporteur n'aura
pas besoin de se faire trop violence pour vous recommander, conformément
à la politique générale de la commission des finances,
certaines économies budgétaires.
Le cap symbolique en pâtira sans doute, mais même après
cette discrète érosion, la politique de la ville devrait
conserver de nouvelles marges de manoeuvre plus que confortables.
La
réduction forfaitaire de 5 %
recommandée par
la commission des finances sur le titre III
touchera l'article 37-60
"Moyens de
fonctionnement des services"
qui augmentent de plus de
43 % dans le projet de budget pour 1999, alors que son taux de
consommation des crédits n'était que de 86 % en 1997 ;
et l'article 37-82 "Dépenses déconcentrées
d'animation"
qui ne progresse "que" de 29,6 %, alors que son taux de
consommation en 1997 (92 %) était presque satisfaisant. En toute
justice, la répartition de cet effort d'économie global devrait
donc peser davantage sur les moyens de fonctionnement des services que sur les
dépenses déconcentrées d'animation.
L'application de la ligne générale de la commission des
finances aurait dû conduire à
la réduction de 1 %
des crédits du titre IV
. Toutefois, comme ces crédits
d'intervention alimentent pour l'essentiel des actions
déconcentrées sur le terrain, et que leur taux de consommation
avait été très satisfaisant en 1997 (96 %), la
commission des finances, sur proposition de son rapporteur spécial et de
M. Jacques Larché, rapporteur pour avis de la commission des
affaires économiques et du plan, a décidé, avec l'accord
du rapporteur général, de
transférer la charge de cette
économie sur les crédits d'études et d'assistance
technique du chapitre 57-71.
La commission avait décidé, d'une façon
générale, de ne pas réduire les crédits des
titres V et VI pour ne pas affecter les capacités d'investissement
de l'Etat. Elle a décidé d'infléchir sa position sur le
budget ville en raison de la nature un peu particulière des
crédits d'études et d'assistance technique (investissements
certes, mais très immatériels), de la
très forte
progression de leurs crédits en 1999 (+ 300 %), et du
très faible taux de consommation des crédits de l'année
précédente (38 %).
CHAPITRE DEUX
L'ÉVOLUTION CONTRASTÉE
DE L'EFFORT FINANCIER
GLOBAL EN FAVEUR DE LA VILLE
L'effort financier en faveur de la ville est résumé dans le tableau suivant, qui figure dans le "jaune" budgétaire pour 1999.
Etat récapitulatif de l'effort financier - Projet de loi de finances pour 1999
(en millions de francs)
|
LFI 1997 AP ou DO |
LFI 1998 AP ou DO |
PLF 1999 AP ou DO |
Evolution
|
A-1 Crédits spécifiques ville |
1.368,42 |
1.389,16 |
1.660,13 |
+ 19,5 |
A-2 Crédits contractualisés relevant de divers ministères |
|
|
|
- 2 |
A-3 Crédits autres ministères inscrits aux programmes d'actions des contrats de ville |
|
|
|
|
A-4 Crédits relevant de divers ministères concourant à la politique de la ville |
|
|
|
+ 39 |
A-5 Solidarité urbaine (loi du 13 mai 1991) |
2.822,20 |
2.991,14 |
3.900,00 |
+ 30,4 |
TOTAL A |
11.499,04 |
13.681,27 |
17.575,05 |
|
B- Dépenses fiscales et compensations |
1.830,10 |
2.559,13 |
2.612,60 |
+ 2 |
TOTAL A + B |
13.329,14 |
16.240,40 |
20.187,65 |
+ 24,3 |
C- Fonds européens concourant à la politique de Développement Social Urbain |
|
|
|
|
D- Intervention de la CDC |
4.050,00 |
4.100,00 |
6.900,00 |
+ 68,3 % |
TOTAL DE L'ETAT |
18.503,14 |
21.386,40 |
28.162,65 |
+ 31,7 |
E- Contribution des collectivités territoriales 1 |
2.344,36 |
2.500,00 |
3.100,00 |
+ 24 % |
TOTAL |
20.847,50 |
23.886,40 |
31.262,65 |
+ 30 % |
La
présentation de ce tableau appelle une
remarque liminaire.
L'état récapitulatif de l'effort budgétaire
consacré à la politique de la ville, le "jaune"
budgétaire, ne fournit que des données en "
dépenses
ordinaires et autorisations de programme
" et ne donne aucune indication
relative aux montants de "
dépenses ordinaires et crédits de
paiement
" qui, seules cependant, représentent
le montant
réel des dépenses que le gouvernement est autorisé
à engager au cours de l'exercice
.
Cette lacune dans la présentation, fréquemment relevée par
la commission des finances, critiquée par la Cour des Comptes, et
déplorée, récemment encore, par le rapport Sueur, ne
permet pas une appréciation véritablement exacte de l'effort
financier global.
Pour donner une idée des décalages susceptibles de se produire,
on relèvera que les crédits inscrits au "bleu" ville
s'élèvent, en dépenses ordinaires + crédits de
paiement, à un milliard de francs en 1999 et, dans l'agrégat
cité par le "jaune", page 13, en dépenses ordinaires +
autorisations de programmes, à 1,175 milliards de francs.
Il convient donc de conserver à l'esprit, dans l'examen des
agrégats financiers inscrits au "jaune", le
gonflement artificiel
des montants qui résulte le plus souvent de cette
présentation.
A. LA CONTRIBUTION DES AUTRES MINISTÈRES
La
contribution des autres ministères à la politique de la ville est
récapitulée à l'intérieur de trois agrégats
distincts, auxquels on doit ajouter, pour être exact, la partie des
crédits "spécifique ville" qui résulte des transferts en
cours d'exercice, déjà évoquée plus haut.
1. Les transferts en provenance d'autres ministères
au sein
de l'agrégat A1 "crédits spécifiques ville", ont
déjà été analysés dans la première
partie de ce rapport. On rappellera ici simplement pour mémoire
qu'à l'exception du FARIF, ils
stagnent
.
2.
L'agrégat A2 ("
crédits contractualisés
relevant de divers ministères
") retrace les crédits
contractualisés au sein des engagements "politique de la ville" de
chaque contrat de plan Etat-Région, les crédits engagés
par la DATAR sur les sites des PACT-urbains, et les crédits inclus dans
les annexes annuelles des contrats de ville.
Ces crédits, qui présentent encore un lien étroit avec les
instruments de la politique de la ville, s'élèvent, en 1999,
à 1.108 millions de francs, en
réduction de 2 %.
3.
Les
crédits des autres ministères inscrits aux
programmes d'action des contrats de ville
(agrégat A3) sont
également, avec 993 millions de francs,
en baisse de près
de 7 %.
4.
En revanche,
l'agrégat A4 "crédits relevant de
divers ministères concourant à la politique de la ville",
connaît à nouveau, en 1999, une forte poussée
(+ 39 %).
En deux années de forte progression, le montant
de cet agrégat aura plus que doublé, passant de 4,8 à
9,9 millions de francs. Son poids relatif au sein de l'effort de l'Etat en
faveur de la "ville" en est modifié. Alors qu'il ne représentait,
en 1997, qu'environ 3,5 fois l'enveloppe de "crédits
spécifiques ville", il sera, en 1999, six fois plus important que
ceux-ci.
Cette évolution n'est pas anodine, car cette enveloppe budgétaire
appelle deux remarques :
- une remarque d'ordre méthodologique : comme l'a d'ailleurs
relevé le rapport Sueur, la
prise en compte de certains de ces
financements au titre de la politique de la ville est "fluctuante et
inégalement justifiée
". Il précise que
l'hétérogénéité des concepts prévaut
non seulement d'un ministère à l'autre, mais dans certains cas,
au sein d'un même ministère, d'une année sur l'autre, et en
donne pour illustration la contribution du ministère de
l'éducation nationale pour 1997, qui est évaluée
différemment dans le jaune 1997 et dans le jaune 1998. Le jaune 1999
fournit également des exemples de décalages frappants :
ainsi, la contribution de l'éducation nationale en 1998,
évaluée à 1.842,5 millions de francs dans le jaune
1998, est appréciée à 2.286 millions de francs dans
le jaune 1999 ;
- une remarque de fond : si la définition des crédits
à prendre en compte dans cet agrégat est flottante, n'est-ce-pas
parce qu'ils entretiennent un rapport moins étroit, moins évident
avec la politique de la ville proprement dite ? N'y a-t-il pas une
disproportion inquiétante entre la progression de cette
nébuleuse un peu floue qui enfle de 2,8 milliards de francs, et
l'accroissement de 245 millions de francs des crédits inscrits au
bleu de la "ville" ? Cette disproportion ne traduit-elle pas le risque,
sinon d'une dilution, du moins d'un décentrage de la politique de la
ville par rapport à ses instruments d'actions
spécifiques
?
L'analyse des contributions de chaque ministère apporte d'utiles
précisions.
A4 Crédits relevant de divers ministères concourant à la politique de la ville
|
LFI 1997 AP ou DO |
LFI 1998 AP ou DO |
PLF 1999 AP ou DO |
Equipement-logement-transports |
357,03 |
347,43 |
359,03 |
Culture |
99,13 |
92,13 |
92,13 |
Intérieur |
210,85 |
1.006,00 |
1.206,00 |
Aménagement du territoire-environnement |
141,50 |
133,70 |
134,70 |
Education nationale |
1.835,86 |
2.286,05 |
2.499,45 |
Jeunesse et sports |
6,20 |
6,25 |
6,20 |
DOM-TOM |
66,36 |
70,00 |
70,00 |
Emploi et solidarité |
1.470,37 |
2.224,43 |
4.725,46 |
Justice |
117,26 |
169,21 |
140,63 |
FAS |
408,00 |
495,78 |
495,78 |
Economie-finances-industrie |
14,00 |
150,00 |
50,00 |
Fonction publique |
55,66 |
45,57 |
50,92 |
Défense |
63,70 |
73,40 |
80,60 |
Affaires étrangères-coopération |
2,40 |
2,40 |
2,40 |
Sous-total A-4 |
4.846,32 |
7.102,35 |
9.913,30 |
Source : jaune budgétaire
a) La contribution massive du ministère de l'emploi et de la solidarité.
L'essentiel des 2,8 milliards de francs
supplémentaires
pris en compte dans l'agrégat A4 provient en effet de la
contribution du ministère de l'emploi et de la solidarité, qui
progresse de 2,5 milliards de francs. En deux années, la
contribution de ce ministère à la politique de la ville aura
été multipliée par un peu plus de trois. Elle
représentera en 1999 quatre fois le montant des crédits inscrits
au bleu "ville".
Cette progression s'explique, comme en 1998, par l'augmentation des
dépenses consacrées aux emplois-jeunes, évaluées
à elles seules à 3.300 millions de francs, et dans une bien
moindre mesure, aux missions locales (416 millions de francs) et au
programme TRACE (" trajets d'accès à l'emploi) qui s'adresse
en priorité aux jeunes des quartiers défavorisés
(120 millions de francs).
b) La contribution du ministère de l'Education nationale
La contribution du ministère de l'Education nationale est la deuxième, en ordre d'importance avec près de 2.500 millions de francs. Elle correspond pour l'essentiel aux crédits spécifiques destinés aux zones d'éducation prioritaires, et aux indemnités de sujétions spéciales (2.110 millions de francs), et aux emplois jeunes pou près de 370 millions de francs.
c) La contribution du ministère de l'intérieur
La contribution du ministère de l'intérieur, 1.206 millions de francs mérite également d'être mentionnée. Les crédits consacrés aux emplois jeunes y passent de 230 à 430 millions de francs.
d) Le poids prédominant des emplois jeunes
Une
analyse transversale de ces diverses contributions montre le rôle
prédominant des emplois jeunes dans le renforcement des contributions
des ministères.
Le tableau ci-après en fournit l'illustration.
(en millions de francs)
|
1998
|
1999
|
Emploi et Solidarité |
|
|
Missions locales et PAIO |
359,90 |
416,45 |
Emplois jeune |
675,70 |
3.330,65 |
Programme TRACE |
- |
120,00 |
Intérieur |
|
|
Emplois jeunes |
230,00 |
430,00 |
Défense |
|
|
Gendarmerie |
41,10 |
47,40 |
Justice |
|
|
juridiction (cellule départementales, traitement en temps réel, aide à l'installation informatique des Maisons de Justice et du Droit) |
6,44 |
9,00 |
Médiation pénale |
35,00 |
50,00 |
Conseils départementaux de l'aide juridique |
2,50 |
8,50 |
Classes relais |
13,70 |
16,00 |
Appel d'offre interministériel |
- |
0,50 |
Médiation familiale |
- |
3,50 |
Éducation nationale, Recherche et Technologie |
|
|
Crédits spécifiques Zones d'Education Prioritaires et indemnités de sujétions spéciales |
2.030,75 |
2.109,99 |
Ecoles ouvertes |
14,00 |
20,27 |
Emplois jeunes |
241,30 |
369,19 |
Equipement, Transports et Logement |
|
|
Démolition |
100,00 |
120,00 |
fonction publique, Réforme de l'Etat et Décentralisation |
|
|
Fonds pour la réforme de l'Etat |
4,65 |
10,00 |
Aménagement du Territoire et Environnement |
|
|
Environnement |
- |
1,00 |
Total |
3.755,04 |
7.062,45 |
Augmentation 98/99 |
3.307,41 |
|
Votre
rapporteur reprend à son compte les arguments développés
par son prédécesseur, dans sa comparaison entre les emplois de
ville, créés par le pacte de relance pour la ville, et les
emplois jeunes que leur a substitué la loi du 16 octobre 1997.
Les emplois de ville cherchaient à améliorer
l'employabilité des jeunes les plus en difficulté : ils
étaient réservés aux personnes de moins de 26 ans
originaires de quartiers en difficulté, et dont le niveau de formation
n'était pas supérieur au baccalauréat.
Les emplois jeunes relèvent plutôt d'une logique de
résorption quantitative du chômage. Comme en est convenu le
récent rapport présenté par M. Jean-Claude Boulard au
nom de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale,
tous ceux qui ont procédé à des opérations de
recrutement ont été frappés par la qualité des
candidatures.
Cette offre très qualifiée risque tout naturellement
d'opérer un effet d'éviction sur les jeunes des quartiers en
difficulté qui présentent des difficultés d'insertion. Cet
effet d'éviction peut d'ailleurs résulter du simple jeu de la
mise en concurrence, comme il peut aussi résulter des exigences de
diplôme posées par une administration, comme on l'a vu avec
l'éducation nationale qui exige le niveau bac+2 pour ses 60.000 postes
d'aides éducateurs.
Pour contrer cette pente naturelle dont il ne peut contester la
réalité, le gouvernement a fixé, non sans un certain
arbitraire technocratique, à 20 % la proportion des emplois jeunes
qui participeraient de la politique de la ville.
Il importera d'apprécier en exécution les effets de cette
déclaration d'intention.
Cette appréciation risque toutefois de s'avérer
délicate : malgré le début du recul dont on dispose
aujourd'hui, votre rapporteur n'a pu obtenir, à ses questions
essentielles, que la réponse suivante :
"
Aucune donnée précise n'est encore disponible
concernant les jeunes affectés sur les sites de la politique de la
ville, ou bien concernant les résidents des quartiers en contrat de
ville, qui sont les deux critères permettant de suivre
l'évolution de l'objectif de 20
%
des emplois jeunes pour la
politique de la ville fixé lors du Comité interministériel
des villes du 30 juin 1998
".
B. LA DÉPENSE FISCALE ET SOCIALE : STABILITÉ OU MESURE APPROXIMATIVE ?
La
dépense fiscale et sociale mesure le coût pour l'Etat des mesures
d'exonération fiscale et de charges patronales prises au
bénéfice de certaines zones dont on entend favoriser le
développement économique par des mesures de discriminations
positives.
Ces mesures résultent de plusieurs textes, pris depuis le début
des années quatre-vingt-dix :
- la loi d'orientation pour la ville du 13 juillet 1991 avait
innové en créant des exonérations de taxe professionnelle
(non compensées) dans les
zones urbaines sensibles
;
- la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du
territoire du 4 février 1995 a consacré le principe d'une
fiscalité dérogatoire dans les
zones de redynamisation
urbaine,
justifiée par les inégalités de situation
géographique des territoires concernés ;
- la loi relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville
du 14 novembre 1996 a institué, entre autres, les
zones franches
urbaines
qui bénéficient d'un régime de
dérogation très poussé.
A s'en tenir aux indications contenues dans le jaune budgétaire de 1999,
page 18, le coût de la dépense fiscale et sociale pour 1999
ne devrait connaître qu'une
très légère hausse de
2 %
et s'établirait à 2.559 millions de francs.
Dans ce tableau, le coût évaluatif des zones franches urbaines
reste stable. Celui des zones de redynamisation urbaine n'évolue qu'en
raison du relèvement du coût de l'exonération des charges
patronales pour les 50 premiers salariés.
Toutes ces évaluations sont cependant sujettes à
caution
: votre rapporteur en veut pour preuve les fortes
disparités qu'il constate, pour l'exercice 1998, entre les
évaluations qui figurent dans le jaune 1998 et celles qui figurent dans
le jaune 1999 : le coût de la dépense fiscale des zones de
redynamisaton urbaines en 1998 était évalué à
1.685,80 millions de francs dans le jaune 1998 ; il n'est plus que de
1.267,13 millions de francs dans le jaune 1999,soit une différence
de près d'un quart. Pour les zones franches urbaines, en revanche, un
coût global estimé à 790,50 millions de francs dans le
jaune 1998 est relevé de 64 % dans le jaune 1999 à
1.292 millions de francs.
Ces disparités ne sont pas accompagnées d'un mot d'explication
et de justification.
Dépenses fiscales et sociales et compensations
(en millions de francs)
|
" Jaune 1998
|
" Jaune 1999
|
Variation 2/1 |
PLF
1999
|
Variation
|
Zone de redynamisation urbaine |
|
|
|
|
|
Exo d'impôt sur les bénéfices |
850,00 |
530,00 |
- 37,65 % |
530,00 |
0,00 % |
Réduction des droits de mutation sur fonds de commerce |
150,00 |
150,00 |
0,0 % |
150,00 |
0,00 % |
Exo. taxe professionnelle compensées par l'Etat |
510,80 |
525,00 |
2,78 % |
525,60 |
0,11 % |
Exo. de charges patronales 50 premiers salariés |
175,00 |
62,13 |
- 64,50 % |
115,00 |
85,11 % |
Sous-Total |
1.685,80 |
1.367,13 |
- 24,84 % |
1.320,60 |
4,22 % |
Zone franche urbaine |
|
|
|
|
|
Exo. d'impôt sur les bénéfices |
180,00 |
350,00 |
94,44 % |
350,00 |
0,00 % |
Exo. taxe professionnelle |
220,00 |
252,00 |
14,55 % |
252,00 |
0,00 % |
Exo. Taxe foncière pour les propriétés bâties |
40,80 |
50,00 |
22,55 % |
50,00 |
0,00 % |
Exo. Cotisations patronales 50 premiers emplois |
350,00 |
600,00 |
71,43 % |
600,00 |
0,00 % |
Exo. personnelle d'assurance maladie des artisans et commerçants |
|
40,00 |
|
40,00 |
0,00 % |
Sous-Total |
790,80 |
1.292,00 |
63,38 % |
1.292,00 |
0,00% |
Total |
2.476,60 |
2.559,13 |
3,33 % |
2.612,60 |
2,09 % |
C. LA SOLIDARITE URBAINE
1. La dotation de solidarité urbaine : une composante de la dotation globale de fonctionnement.
La
dotation de solidarité urbaine
(DSU) a été
instituée par la loi d'orientation pour la ville de 1991 afin d'aider
les communes confrontées à une insuffisance de ressources
à des charges sociales élevées.
Elle a été ensuite modifiée par la loi du
30 décembre 1993 portant réforme de la dotation globale de
fonctionnement, qui a introduit un
indice d'éligibilité
sur la base d'un certain nombre de critères : potentiel fiscal
logement social, bénéficiaires d'aides personnalisées au
logement, revenu par habitant.
Cet indice synthétique de charges et de ressources permettait de classer
les
communes de plus de 10.000 habitants
en quatre quartiles :
seuls les trois premiers étaient éligibles à la dotation
de solidarité urbaine, suivant un coefficient de pondération
allant de 1,5 à 0,5.
Par ailleurs, la DSU devenait, avec la dotation de solidarité rurale et
la dotation servant à encourager l'intercommunalité, la
troisième
composante de la dotation d'aménagement
.
Rappelons que cette dernière constitue, avec la dotation forfaitaire, la
dotation globale de fonctionnement.
Ce système a été en partie réaménagé
par la loi du 26 mai 1996 portant diverses dispositions relatives aux
concours financiers de l'Etat aux collectivités territoriales et aux
mécanismes de solidarité financière entre
collectivités territoriales :
- le critère " bénéficiaires d'aide au
logement ", jugé plus représentatif des charges sociales
rapportées par les communes, a vu sa pondération
relevée ;
- le coefficient multiplicateur de 0,5 à 1,5 a été
remplacé par un coefficient linéaire variant de 0,5 à
2,5de façon à éviter les effets de seuil ;
- des mécanismes de garanties ont été mis en place pour
les communes devenues inéligibles.
2. Un champ d'application qui déborde de beaucoup la géographie de la politique de la ville
Actuellement
, sur les 905 communes de plus de 10.000
habitants, 679, réparties entre les trois premiers quartiles,
perçoivent la dotation de solidarité urbaine.
Il s'y ajoute
101 communes de 5.000 à 9.999 habitants également attributaires
de dotation de solidarité urbaine.
Bien entendu, comme cela été régulièrement
souligné, y compris dans le rapport Sueur,
la géographie de la
dotation de solidarité urbaine déborde de beaucoup les
frontières de la politique de la ville
. On estime
généralement que
seul un tiers des communes éligibles
à la dotation de solidarité urbaine relève de la
géographie de la politique de la ville.
3. Une majoration exceptionnelle en 1999
La
sortie du pacte de stabilité qui limitait l'évolution du montant
total des concours financiers de l'Etat pour les collectivités locales
à celle des prix, s'accompagne d'une majoration exceptionnelle de la
dotation de solidarité urbaine de 500 millions de francs par an
pendant trois ans, durée du pacte de solidarité et de croissance
qui régit désormais cette même enveloppe.
Le montant attendu de la DSU devrait ainsi passer de 2.274,84 millions de
francs en 1998, à
3.200 millions de francs en
1999
.
4. Le Fonds de solidarité entre les communes d'Ile-de-France
Le Fonds
de solidarité entre les communes d'Ile-de-France (FSRFI) a
été institué par la loi du 13 mai 1991.Il a pour
objet la mise en commun d'une fraction des ressources fiscales des communes les
plus aisées au profit des communes les plus défavorisées
d'Île-de-france.
En 1998, 75 communes sont contributives à ce mécanisme de
solidarité pour un montant de plus de 716 millions de francs. Sur
ces 75 communes, 13 ont plus de 10.000 habitants (dont 7 dans le seul
département des Hauts-de-Seine).
Les communes bénéficiaires sont déterminées selon
des modalités très proches de celles de la DSU depuis
l'entrée en vigueur de la loi du 26 mars 1996.
Le montant du FSRIF devrait s'établir à 700 millions de
francs en 1999.
(en millions de francs)
|
1997
|
1998
|
1999
|
Solidarité urbaine
|
|
|
|
DGF - Dotation de solidarité urbaine |
2.165,00 |
2.274,84 |
3.200,00 |
Fonds de solidarité des communes de l'Île-de-France |
657,20 |
716,30 |
700,00 |
Sous-total A-5 |
2.822,20 |
2.991,14 |
3.900,00 |
D. LA CONTRIBUTION DE LA CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS
1. Dispositifs de prêts
Principal financeur des investissements réalisés
dans
les quartiers d'habitat social, la Caisse des dépôts et
consignations s'est engagée à accompagner la politique de
développement social urbain, à travers
trois dispositifs de
prêts.
Les
prêts projets urbains (PPU)
financés sur les
ressources du livret d'épargne populaire et consentis à un taux
privilégié, s'inscrivent
dans la géographie prioritaire
des quartiers
et font l'objet, pour l'essentiel, d'une programmation locale
ou départementale, sous réserve d'opérations nationales
convenues entre la DIV et la Caisse. Les montants annuels affectés
à ces prêts ont fortement progressé passant d'un milliard
de francs entre 1989 et 1992 à 2,7 milliards en 1996 puis à
3,5 milliards en 1997.
Parallèlement, les versements ont progressé de 366 millions
de francs en 1989 à 2.945 millions en 1997.
La nouvelle
convention
signée entre la Caisse et l'Etat en octobre 1998
prévoit une enveloppe supplémentaire de
10 milliards de
francs en faveur des PPU
dont la durée pourra être
portée à 20 ans, et exceptionnellement à 25 ans
pour les opérations les plus lourdes.
Les
prêts " pacte de relance pour la Ville "
ont
été lancés en janvier 1996 afin de soutenir
l'amélioration et l'entretien des logements sociaux dans les zones
urbaines sensibles. Leurs modalités de mise en oeuvre ont fait l'objet
d'une convention, signée le 6 juin 1996, entre l'Union HLM, la DIV,
le ministère du Logement et la Caisse. Une
enveloppe de
5 milliards de francs de prêts
à taux
privilégié (4,3 %) a été dégagée
à ce titre et 1,7 milliards de francs ont été
engagés.
Conformément à la décision du dernier Comité
interministériel pour la ville, des
prêts
reconstruction-démolition
seront également accordés
par la Caisse afin de prendre la suite de financements antérieurs. Ces
prêts dont le
taux de sortie a été fixé à
3,8 %
financeront des opérations de reconstruction de
restructuration ou de démolition, ainsi que les aménagements
urbains qui sont liés à ces programmes. Ils
bénéficieront d'une
enveloppe exceptionnelle de
10 milliards de francs.
2. La nécessité d'une politique ambitieuse de restructuration de l'habitat
La
rénovation de l'habitat est, de l'avis de votre rapporteur
spécial, un des volets essentiels de la politique de la ville, et
mérite que l'on y consacre des moyens importants.
Les opérations lourdes qu'elle nécessite, et en particulier les
opérations de démolition - reconstruction sont, dans bien des cas
absolument nécessaires, et doivent être réalisées en
dépit de leur coût immédiat. Lorsqu'elles sont correctement
réalisées, elles constituent un investissement d'avenir,
l'expérience montrant que l'amélioration du cadre et des
conditions de vie se traduit rapidement par une diminution des problèmes
sociaux, et des dépenses qu'ils entraînent.
Votre rapporteur se félicite donc de l'effort important auquel participe
la Caisse des Dépôt et consignations, qui est évalué
à
6,9 milliards de francs dans le jaune 1999, en hausse de
2,8 milliards de francs.
Il tient cependant à rappeler que, dans le dispositif prévu par
le gouvernement, ces opérations de démolition - reconstruction
sont financées au moyen d'enveloppes de prêts souscrits par les
collectivités locales, et que celles-ci devront donc rembourser.
Autrement dit, la charge du financement de ces opérations lourdes
pèsera sur les collectivités locales, l'effort véritable
de l'Etat et de la Caisse se limitant au coût de la bonification du taux
accordé par rapport aux taux du marché.
Il convient aussi de conserver à l'esprit que les montants
indiqués correspondent aux
enveloppes de crédits ouvertes
par la Caisse des dépôts et qu'il dépendra des
collectivités locales qu'elles soient
effectivement souscrites ou
non.
Il relève
qu'en 1997, seuls 3.350 logements
ont été
touchés par ce type d'opérations,
pour un montant de
67,4 millions de francs
, et s'interroge sur l'ampleur de
l'accélération du programme qui sera nécessaire pour
consommer en trois ans les 10 milliards de prêts ouverts par la
Caisse des Dépôts...
E. LE CONCOURS DES FONDS STRUCTURELS EUROPÉENS
1. Les objectifs de la politique structurelle européenne concourant à la politique de la ville
La
politique de la ville fait l'objet d'une priorité marquée dans
l'application, en France, des fonds structurels, organisés suivant six
objectifs dont trois concernent, à des degrés divers, le
développement social urbain :
L'objectif 1
concerne les zones en retard de développement
(soit, pour la France, trois arrondissements du Département du Nord, la
Corse et les départements d'Outre-Mer) ;
- pour les 3 arrondissements du Nord, le document unique de programmation
(DOCUP) pour la période 1994/1999 fait état d'un axe concernant
la politique de la ville agréé par la commission pour un montant
de 483 millions de francs, soit 80 millions de francs en moyenne
annuelle ;
- le DOCUP relatif à la Corse ne contient pas de mesures
spécifiques à la politique de la ville ;
- la délégation interministérielle à la ville
considère, à partir des tableaux financiers relatifs aux contrats
de ville, qu'une quarantaine de millions de francs par département
viennent contribuer au financement de la politique de la ville ;
L'objectif 2
est orienté vers la reconversion des régions
industrielles en déclin : 90 contrats de ville ont
bénéficié sur la période 1994/1996 d'environ
970 millions de francs au titre du FEDER et de 98,7 millions de
francs au titre du FSE. Ces dotations sont mises en oeuvre sous la
responsabilité des préfets de région.
L'objectif 3
du FSE axé sur la lutte contre le chômage de
longue durée, comporte une action de développement des emplois de
service et de quartier d'un montant de 387 millions de francs pour la
période 1995-1999. La délégation interministérielle
à la ville est directement gestionnaire des crédits FSE
correspondants : rattachés au chapitre 46-60 (article 10) du
budget de la ville, ils devraient passer de 120 millions de francs en
1998,à 150 millions de francs pour 1999.
2. Les programmes d'initiative communautaire
Trois
programmes d'initiative communautaire (PIC) interviennent au titre de la
politique de la ville.
- Adopté en 1994,
URBAN
est orienté sur les
quartiers
en difficulté
et concerne 13 sites en France : 8 programmes ont
été opérés en 1995-1996 pour une enveloppe globale
de 360 millions de francs, et 5 programmes supplémentaires ont
été opérés en 1997 pour une enveloppe de
161 millions de francs.
-
REGIS
, destiné aux
départements d'outre-mer
,
comprend un volet relatif à la ville.
- Le programme "
Emploi et ressources humaines
" comprend trois
volets : personnes défavorisées ("Horizon"), jeunes
("Youthstart") et femmes ("Now"), qui ont vocation à s'articuler
étroitement avec les contrats de ville, et apportent un concours
estimé à 14 millions de francs environ.
Le quatrième volet, baptisé "Integra", doit soutenir des actions
de formation ou de retour à l'emploi de groupes
défavorisés, en particulier dans les zones urbaines en
difficulté, avec des concours communautaires d'environ 30 millions
de francs.
3. Les crédits communautaires concourant à la politique de la ville
Crédits communautaires concourant à la politique de la ville
(En millions de francs)
|
1997 |
1998 |
1999 |
Objectif 1 |
190 |
240 |
240 |
Objectif 2 |
530 |
530 |
530 |
- FEDER |
500 |
480 |
480 |
- FSE |
30 |
50 |
50 |
Objectif 3 |
250 |
120 |
150 |
Total fonds structurels |
970 |
890 |
920 |
Programmes d'initiative communautaire |
154 |
156 |
155 |
Total crédits communautaires |
1.124 |
1.046 |
1.075 |
En 1999, ces versements s'établiront à 1.075 millions de francs, en hausse de 2,8 %.
4. Les conséquences de la réforme des fonds structurels
Dans sa
communication "Agenda 2000" de juillet 1997, la Commission européenne a
présenté son
programme de réforme pour la
période 2000-2006
. Cherchant à concilier un impératif
de stabilité budgétaire avec la perspective de
l'élargissement de l'Union à des pays de moindre
développement, elle préconise une réduction du nombre
d'objectifs et de programmes, ainsi qu'une réduction de la population
concernée par les interventions.
Le programme d'initiative communautaire URBAN devrait ainsi disparaître,
et la politique de la ville ne figurera plus qu'au sein du futur
objectif 2 articulé autour de quatre problématiques :
zones en mutations industrielles, zones rurales en déclin, zones
urbaines en difficulté, et zones de pêche en crise.
La Commission prépare également un programme intitulé
"Plan d'action pour un développement urbain durable", qui pourrait se
traduire par un accroissement de la contribution européenne à la
politique de la ville.
F. LA CONTRIBUTION DES COLLECTIVITÉS LOCALES
La
contribution des collectivités locales à la politique de la ville
est évaluée à 3,1 milliards de francs en 1999, soit
une progression de 24 %.
Il convient toutefois de remarquer que l'effort des collectivités
locales dépendra aussi de l'équilibre de leurs finances.
1) Les contrats de plan Etat-région
servent de cadre de
référence à la politique de la ville. Tous les contrats
comprennent un volet ville, mais toutes les régions ne sont pas pour
autant signataires de "contrats de ville".
En métropole, l'effort global des 22 régions
s'élève, pour la période 1994-1998 à
4,2 milliards de francs, qui s'ajoutent aux 9,5 milliards de francs
contractualisés par l'Etat.
2)
49 départements
ont signé les contrats de
ville du Xe plan. Leur participation financière a progressé
de 76 % entre 1996 et 1997. Certains d'entre eux ont pris des engagements
allant au-delà des objectifs des contrats, en réévaluant
le montant de leur participation, voire en majorant les enveloppes
affectées à certains programmes.
3)
Les 214 contrats de ville
constituent le cadre principal
des relations entre l'Etat et les communes. En France métropolitaine,
199 contrats de ville concernent 750 communes. Dans les
départements et territoires d'outre-mer, 17 communes ont
signé 15 contrats de ville. En 1999, la prorogation d'un an des
contrats de ville s'accompagnera de conventions complémentaires.
A titre indicatif, la répartition de l'effort des collectivités
locales, pour la dernière année connue, 1997, était la
suivante :
Régions |
431 |
18,4 % |
Départements |
533 |
22,7 % |
Communes |
1.380 |
58,9 % |
Total |
2.344 |
100,0 % |
ANNEXE
Emploi
et solidarité
III - VILLE
Modification des crédits, crédits non
reconductibles
Les majorations de crédits non reconductibles relatives au budget de la
"Ville" concernent le titre IV pour 1 million de francs et le
titre VI pour 10 millions de francs.
Les chapitres concernés sont :
- le chapitre 46-60, article 50 (opérations "ville, vie, vacances")
pour 1 million de francs ;
- le chapitre 67-10, article 40 (Fonds social urbain : opérations
non déconcentrées) pour 10 millions de francs en
autorisations de programme et en crédits de paiement.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le jeudi 12 novembre 1998 sous la
présidence de
M. Alain
Lambert, président
,
la
commission a examiné
, sur le rapport de
M. Alain
Joyandet, rapporteur spécial, le budget de la politique de la
ville.
M. Alain Joyandet a rappelé qu'en 1999, les crédits
consacrés à la politique de la ville sont à nouveau
regroupés, après la parenthèse de 1998, dans un fascicule
"bleu" individualisé. En hausse de 32,45 %, ils atteignent le cap
symbolique du milliard de francs, mais, cette forte progression doit être
remise en perspective, car ces crédits ne représentent qu'une
faible partie d'un effort global en faveur de la ville, estimé à
31 milliards de francs par le Gouvernement.
S'attachant à l'analyse des "crédits spécifiques" de la
politique de la ville, il a passé en revue les grandes masses du budget
et leur évolution : près de 114 millions de francs pour le
titre III, en hausse de 33,4 %, près de 657 millions de francs
au titre IV, en hausse de 50,36 %, un titre V exclusivement
consacré à des crédits d'études, qui passe de 4
à 16 millions de francs -des sommes marginales au regard de
l'ensemble des dépenses, mais en forte progression- et un titre VI qui
régresse de 6,6 % en crédits de paiement et de 4 % en
autorisations de programme : bref, un budget tout entier consacré
à l'accroissement des dépenses ordinaires.
Le rapporteur spécial s'est ensuite livré à une
présentation thématique des crédits de la ville,
soulignant la forte progression des crédits de fonctionnement de la
délégation interministérielle à la ville
(+ 54 %), celle de son budget de communication (+47 %), et celle
de ses crédits d'étude inscrits au titre V, qui sont
multipliés par quatre. Cette forte progression, a-t-il ajouté,
concerne aussi les dépenses déconcentrées d'animation,
multipliées par trois et demi, mais non les crédits
consacrés aux initiatives locales dans le cadre du partenariat national,
qui restent stables.
Abordant les actions de la politique de la ville, il a montré que la
progression de 23,6 % des crédits du fonds interministériel
pour la ville, qui finance, entre autres, les contrats de ville, provient
exclusivement des 156 millions de francs supplémentaires inscrits
au "bleu" ville, la participation des autres ministères étant en
revanche reconduite au niveau de 1998. Les dotations du fonds social urbain,
qui permettent à l'Etat d'engager des opérations d'investissement
en complément de celles qui relèvent des politiques
contractuelles sont, en revanche a-t-il indiqué, en régression de
8,4 %. Les crédits consacrés au financement des
13 grands projets urbains doublent du fait de la création, au titre
IV, d'un nouveau chapitre budgétaire doté de 45 millions de
francs.
Il a ensuite précisé l'évolution positive des
crédits consacrés aux opérations "Ville, vie, vacances"
ainsi qu'aux services publics de quartier.
Le rapporteur spécial a ensuite présenté les
différentes "strates" qui constituent l'effort global en faveur de la
ville : contribution des autres ministères, dépense fiscale,
dotation de solidarité urbaine, contribution de la Caisse des
dépôts et consignations, concours des fonds structurels
européens.
M. Alain Joyandet, rapporteur spécial, a ensuite
résumé son impression générale en quelques
observations : la priorité revendiquée par le Gouvernement en
faveur de la politique de la ville repose sur quelques arguments frappants,
mais dont la portée véritable doit être relativisée,
à commencer par la nomination d'un ministre
délégué, qui ne fait que renouer avec une pratique assez
constante. Il s'est ensuite demandé si la volonté d'arriver au
"cap symbolique" du milliard de francs n'avait pas conduit le Gouvernement
à gonfler certaines enveloppes budgétaires, comme pouvait le
laisser penser la forte progression des crédits de fonctionnement de la
délégation interministérielle à la ville, de ses
budgets d'études et de communication. Relevant la très forte
progression des crédits du fonds interministériel pour la ville,
alors que le Gouvernement a annoncé son intention de ne rajouter aucune
procédure en 1999 aux dispositifs existants, il s'est interrogé
sur la capacité des procédures classiques de la politique
contractuelle à absorber une telle manne budgétaire.
Pour ces raisons, et en dépit de la priorité que lui semble
effectivement mériter la politique de la ville, le rapporteur
spécial a recommandé, conformément à la politique
générale de la commission des finances, d'adopter un amendement
réduisant de 5 % les crédits du titre III, et de
transférer, par un prélèvement à due concurrence
sur les crédits d'études inscrits au titre V, la charge de
l'économie de 1 % qui, en application de la stratégie
définie par la commission , aurait dû peser sur le titre IV.
M. Alain Joyandet, rapporteur spécial, a ensuite indiqué les
grandes masses de l'effort global en faveur de la ville.
Il a montré que cet effort ne provient pas seulement de l'Etat
français, mais que les collectivités territoriales et les fonds
structurels européens y contribuent aussi puissamment, à hauteur,
respectivement, de 3 et 1 milliards de francs. Il s'est interrogé
sur la pertinence de la prise en compte des 7 milliards de francs des
ouvertures de prêts de la Caisse des dépôts et
consignations, qui, même s'ils sont consentis à des taux
favorables, ne sauraient être assimilés à des subventions.
Enfin, il a rappelé que si l'on suit les recommandations du rapport
Sueur, la dotation de solidarité urbaine ne devrait pas non plus
être comptabilisée dans l'effort financier de l'Etat qui,
défini stricto sensu, s'établirait alors en 1999 à
16,3 milliards de francs en 1999, en hausse d'un peu plus de
3 milliards de francs par rapport à 1998.
Il a relevé que cette progression de l'effort de l'Etat ne provenait
pas, pour l'essentiel, de la dépense fiscale, stable en 1999, ni des
crédits des ministères ayant un lien direct avec la politique
contractuelle de la ville qui ont plutôt tendance à
régresser, mais qu'elle se concentrait sur une rubrique "crédits
relevant de divers ministères relevant de la politique de la ville", qui
passe de 7 à presque 10 milliards de francs en 1999, et sur laquelle
sont comptabilisés les "emplois jeunes".
Le rapporteur spécial a déploré, en conclusion de son
propos, le flou d'une rhétorique gouvernementale qui ne permet pas de
bien saisir ses orientations, et s'est inquiété des
prémisses qui pourraient préluder à une possible remise en
question des zones franches urbaines alors que celles-ci ont le mérite
d'associer enfin les intérêts économiques à la
réhabilitation des quartiers.
Il a ajouté qu'à son avis, la politique de la ville devrait
insister davantage sur les actions en faveur du logement, actions de
restructuration qui auraient de multiples avantages sur le plan social.
Pour toutes ces raisons, le rapporteur spécial a invité la
commission, conformément à sa politique générale,
à adopter le projet de budget pour la ville, sous réserve de
l'adoption des deux amendements de réductions des crédits des
titres III et V qu'il lui proposait.
M. Philippe Marini, rapporteur général, a approuvé les
conclusions du rapporteur, estimant en particulier que le transfert des
économies prévues sur le titre IV vers le chapitre "Etudes" du
titre V était justifié, compte tenu des arguments pertinents
avancés par le rapporteur. Il a ensuite évoqué la question
des zones franches urbaines, dont il avait pu mesurer tout
l'intérêt à l'occasion d'une enquête auprès
des maires et d'une visite sur le terrain, et s'est interrogé sur
l'attitude du Gouvernement.
En réponse à M. Marini, rapporteur général, le
rapporteur spécial a évoqué l'attitude souvent
réticente du Gouvernement. Il a déploré que les
conclusions de l'évaluation des zones franches commandées aux
trois corps d'inspection ne soient rendues publiques, selon toute
vraisemblance, qu'après le débat budgétaire.
M. Gérard Larché, rapporteur pour avis au nom de la commission
des affaires économiques, a déclaré partager les analyses
du rapporteur spécial, et s'est déclaré favorable à
la réduction des crédits d'études du titre V. Il a
relevé l'évolution des esprits que traduit la création du
ministère délégué à la ville. A l'appui de
la politique des zones franches urbaines, il a cité en exemple le bilan
dressé à Mantes-la-Jolie, dont il a estimé qu'il atteint
et dépasse les objectifs du pacte de relance pour la ville. Il s'est
également prononcé en faveur des politiques de
"dédensification" de l'habitat qui jouent un rôle positif en
matière de reconstitution du lien social.
M. Roger Besse s'est étonné du contraste entre la forte
progression des crédits de la ville et la stagnation des crédits
de l'aménagement du territoire. Il s'est demandé si les
opérations "Ville, vie, vacances" ne pourraient pas donner lieu à
des partenariats plus développés avec les zones rurales.
M. François Trucy a déclaré partager l'analyse du
rapporteur spécial sur les modalités de prise en compte des
prêts de la Caisse des dépôts et consignations.
La commission a alors adopté ces deux amendements et l'ensemble des
crédits inscrits au budget de la ville ainsi
modifiés.
1 Philippe Marini "Rapport général" fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation sur le projet de loi de finances pour 1999, adopté par l'Assemblée nationale. Tome II. Fascicule 1. P. 229 à 252.