C. L'ADAPTATION ET LA MODERNISATION DE LA DISTRIBUTION
La France se caractérise par un système de distribution original, faisant intervenir des coopératives, qui garantit le pluralisme. Il s'agit de le faire évoluer pour l'adapter à la concurrence.
1. La poursuite du plan de modernisation des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne (NMPP)
Le Plan
quadriennal de modernisation des NMPP (1994-1997), présenté en
juillet 1993, comprenait un ensemble de mesures couvrant tout le champ d'action
des Messageries (gestion des invendus, organisation de la distribution des
quotidiens, restructuration du réseau de dépositaires ... ), qui
devaient permettre d'économiser 737 millions de francs sur la
période.
Le plan de restructuration comprenait un volet social, prévoyant
717 départs échelonnés sur la période parmi
les ouvriers de l'entreprise.
Par le protocole d'accord du 27 décembre 1993, l'État a
accepté d'apporter sa participation financière à ce plan
social, au moyen d'une convention Fonds national pour l'emploi (FNE),
dérogatoire à la règle commune et concernant au maximum
374 ouvriers. L'accord prévoyait l'engagement par l'État
d'une somme de 136,4 millions de francs maximum sur l'ensemble de la
période 1994-2001 (année de passage en retraite des ouvriers
partis en 1997) visant assurer le financement partiel des allocations
spéciales FNE.
En contrepartie de ce soutien, le protocole d'accord prévoyait,
notamment, un contrôle portant sur la réalisation des objectifs du
plan de modernisation.
En francs constants, les économies réalisées sont
légèrement inférieures aux prévisions
(elles-mêmes établies en francs constants) puisqu'elles
s'élèvent à 680 millions de francs, soit
57 millions de francs de moins que prévu.
Toutefois, les économies réalisées ont été
redistribuées aux éditeurs et aux diffuseurs conformément
aux termes de la convention entre l'État et les NMPP : les
révisions de barème pratiquées au profit des
éditeurs de quotidiens ont abouti, au terme du plan, à une
économie supérieure aux prévisions. De plus, cette
réduction s'est effectuée plus rapidement que prévu,
puisque l'objectif était atteint et dépassé dés
1996.
Sur 4 ans, ce sont donc 141,6 millions de francs qui ont
été redistribués aux quotidiens. Les éditeurs de
publications ont bénéficié d'une baisse encore
supérieure, puisqu'elle atteint 4,25 %, soit une redistribution de
473,1 millions de francs en 4 ans.
Au total, la mise en oeuvre de ce plan a donc permis à l'ensemble des
éditeurs de récupérer, par l'intermédiaire de la
diminution de leurs coûts de distribution, près de
615 millions de francs en 4 ans.
Ce plan est un bon exemple d'intervention de l'État. Celui-ci
accompagne les mutations sociales et permet une modernisation des structures,
qui a bénéficié à tout le secteur.
2. Les problèmes posés par les produits " hors presse "
De plus
en plus de produits " hors presse " ont recours au réseau de
distribution presse. Ces produits, que l'on peut ranger sous le qualificatif de
"
multimédia
" (essentiellement des
encyclopédies, le plus souvent accompagnés de produits annexes,
Compact disques, CD-ROM, K7 ), ont représenté plus de 2 milliards
de chiffre d'affaires.
Cette évolution soulève une série de problèmes :
1. la définition des produits " presse " a perdu de son
homogénéité, ce qui explique qu'un même produit, les
encyclopédies, puisse parfois recevoir une qualification et donc un
traitement différent ;
2. un paradoxe supplémentaire est que, contrairement aux
encyclopédies, les produits de presse, même dotés de
produits de complément analogues - CD-ROM -, n'ont pas accès
à la publicité télévisée ;
3. la multiplication de ces produits très attractifs est aussi
à l'origine de disparités dans leurs conditions commerciales -
d'ailleurs, encore mal connues et donc peu transparentes -, qui font
apparaître un risque de voir les produits hors presse
bénéficier d'un traitement plus favorable que les produits
presse :
• bonifications plus avantageuses que pour les produits de presse,
• prix de lancement symbolique, qui rendent les contributions actuelles
inadaptées et font souhaiter une contribution minimale forfaitaire pour
ce type de produits.
D'une façon générale, il semble qu'il existe un besoin
de réglementation de ce type de produits multimédias, notamment
en ce qui concerne les règles de mise en vente simultanée et de
chevauchement des parutions, de façon à éviter
l'envahissement des " linéaires " de présentation des
produits.
Telles sont les raisons qui sont à l'origine d'un certain malaise des
diffuseurs et dépositaires de presse, dont il convient de tenir compte
à côté des préoccupations légitimes de la
presse.