II. ... QUI N'ATTEIGNIT PAS LES OBJECTIFS ESCOMPTÉS
Dans
les faits, l'activité devait décevoir les attentes, le rythme de
croissance, toutefois positif, étant deux fois moins rapide
qu'escompté.
Comme le montre le tableau ci-dessous, ce phénomène fut loin
d'être le monopole de la France.
Eléments sur la croissance en 1995 et 1996
de
quelques
pays industrialisés
(1)
(en %)
|
1995 |
1996 |
France |
2,0 |
1,3 |
Allemagne |
1,8 |
1,4 |
Royaume-Uni |
2,7 |
2,2 |
Italie |
2,9 |
0,7 |
Belgique |
2,1 |
1,5 |
Pays-Bas |
2,3 |
3,3 |
Espagne |
2,9 |
2,3 |
UE à 15 |
2,4 |
1,7 |
UEM |
2,4 |
1,6 |
Etats-Unis |
2,3 |
3,4 |
Canada |
2,2 |
1,2 |
Japon |
1,4 |
4,1 |
OCDE |
2,2 |
2,8 |
L'écart concernant la France avec le chiffre cité par ailleurs provient de la prise en compte d'un autre déflateur.
L'ensemble des pays industrialisés hors Japon, Etats-Unis et Pays-Bas,
connurent une inflexion de leur croissance de l'ordre de grandeur de celle
qu'éprouva notre pays.
On peut à juste titre évoquer le parallélisme des phases
économiques dans les pays d'Europe continentale, les Pays-Bas
constituant une exception dont la signification ne doit probablement pas
être exagérée.
Le tableau ci-après décrit l'évolution du PIB en France
et de ses différentes composantes.
Principales réalisations (1)
(en milliards de francs)
|
1995 |
1996 |
||||
|
Valeurs prix courants |
Indice de volume |
Valeurs prix 1995 |
Indice de prix |
Valeurs prix courants |
Indice de valeur |
Ressources |
|
|
|
|
|
|
Produit intérieur brut |
7.662,4 |
101,2 |
7.756,3 |
101,3 |
7.860,5 |
102,6 |
Importations |
1.621,4 |
103,0 |
1.669,6 |
100,7 |
1.681,2 |
103,7 |
Total des ressources |
9.283,8 |
101,5 |
9.425,9 |
101,2 |
9.541,7 |
102,8 |
Emplois |
|
|
|
|
|
|
Consommation finale des ménages |
4.586,6 |
101,9 |
4.672,7 |
102,0 |
4.768,0 |
104,0 |
Consommation finale des administrations |
1.495,7 |
101,6 |
1.520,3 |
101,6 |
1.544,3 |
103,2 |
Formation brute de capital fixe totale |
1.374,8 |
98,9 |
1.360,0 |
100,6 |
1.367,5 |
99,5 |
Dont : |
|
|
|
|
|
|
Sociétés et entreprises individuelles |
758,3 |
98,5 |
746,7 |
100,5 |
750,0 |
98,9 |
Ménages |
351,1 |
99,8 |
350,5 |
100,8 |
353,2 |
100,6 |
Administrations publiques |
242,1 |
98,5 |
238,4 |
100,8 |
240,4 |
99,3 |
Administrations privées |
4,9 |
101,5 |
4,9 |
101,2 |
5,0 |
102,0 |
Assurances et institutions de crédits |
18,4 |
106,0 |
19,5 |
97,4 |
18,9 |
102,7 |
Variations de stocks |
23,7 |
|
- 17,0 |
|
- 23,7 |
|
Exportations |
1.803,0 |
104,8 |
1.889,9 |
99,8 |
1.885,6 |
104,6 |
Total des emplois |
9.283,8 |
101,5 |
9.425,9 |
101,2 |
9.541,7 |
102,8 |
(1)
Comptes provisoires
La demande intérieure s'est, en moyenne, montrée beaucoup moins
dynamique que prévu.
La consommation des ménages n'a progressé que de 1,9 %
mais, surtout, la demande des entreprises a reculé.
Le dynamisme de la consommation des ménages
fut moindre
qu'escompté en raison d'une progression de leur pouvoir d'achat bien
inférieure à la prévision (0,4 % contre 1,6 %).
L'augmentation des salaires bruts fut moins forte qu'escompté (0,5
contre 1,4 %). Les transferts nets entre ménages et administrations
publiques étant beaucoup moins défavorables que prévu
(- 0,3 point contre - 0,6), la progression des revenus de la
propriété étant décevante, la consommation des
ménages ne fut soutenue que grâce à une baisse très
importante de leur taux d'épargne (- 1,2 point).
C'est aux conditions du partage du revenu primaire, qu'il s'agisse de
l'évolution de la masse salariale, ou de l'évolution des fruits
de la propriété, qu'est imputable un rythme décevant de
consommation des ménages.
Quant à la demande des entreprises
, elle s'inscrivit en retrait non
seulement par rapport aux prévisions, mais aussi par rapport à
l'année précédente.
Outre un déstockage important provoqué notamment par des
perspectives de prix plutôt déprimées, l'investissement des
entreprises déclina légèrement.
La très modeste progression de l'excédent brut d'exploitation
des entreprises, les perspectives peu favorables de la demande, l'absence donc
de tension sur les capacités de production, laissèrent
languissante la composante de croissance dont on attendait le plus grand
dynamisme.
En revanche, le
commerce extérieur
se révéla
particulièrement bien orienté et contribua pour 0,5 point
à la croissance alors qu'une contribution neutre était attendue.
Cette composition de la croissance et son rythme n'étaient "a
priori" pas favorables à une réduction de nos déficits
publics
. Celle-ci étant pourtant nécessaire compte tenu des
risques financiers qu'un endettement public important fait courir à
l'Etat, de nos engagements européens et de l'effet d'éviction
exercé sur les investisseurs privés,
le gouvernement
décida de conduire une politique rigoureuse des finances publiques
.
L'objectif de réduction du déficit public fut quasiment atteint,
grâce en particulier à la mise en oeuvre du plan de redressement
des comptes sociaux.
On peut supposer que la détermination du gouvernement à abaisser
le niveau du déficit public par la crédibilité qu'elle a
conférée à la politique économique du pays a
puissamment contribué à la décrue des taux
d'intérêt, si nécessaire et tant attendue, observée
en cours d'année. L'amélioration de la conjoncture à
partir du second semestre de l'année, masquée par l'expression
en moyenne des résultats économiques de 1996, fut pour beaucoup
la résultante de la politique économique alors mise en oeuvre.
Cette politique allait déboucher sur la reprise de 1997 et sur les
succès rencontrés dans la poursuite de nos objectifs
d'unification monétaire en Europe.