ANNEXE N° 2 -

LE CANAL MAIN-DANUBE

Depuis la République de Weimar, l'Allemagne a mené une politique d'investissement systématique en faveur de la voie d'eau qui a contribué au maintien de la part modale du transport fluvial outre-Rhin.

Indissociable de ce contexte général, l'achèvement du canal Main-Danube, en 1992, a marqué une importante étape dans la réalisation de l'Europe fluviale et l'aboutissement d'un projet entrepris cinquante ans plus tôt, lors de la création de la société Rhein-Main-Donau AG, en 1921. Il se situe donc dans le droit fil d'une tradition fluviale très vivace.

D'une longueur totale de 677 kilomètres, entre Aschaffenburg sur le Main et Passau sur le Danube, la liaison fluviale Rhin-Main-Danube, se compose de trois sections distinctes :

- Le Main est navigable sur 297 kilomètres entre Aschaffenburg et Bamberg, grâce à 27 retenues réalisées entre 1926 et 1962 ;

- Le canal Main-Danube s'étend de Bamberg à Kelheim. Long de 171 kilomètres, cet ouvrage culmine à 460 mètres au dessus du niveau de la mer. Il permet de franchir une dénivellation de 175 mètres entre le Main et le bief de partage situé à Hipolstein, et de 68 mètres entre ce même bief et le Danube. Le canal a été réalisé en deux tranches. La section Bamberg-Nuremberg ou " Europa kanal " qui comprend sept écluses a été aménagée entre 1962 et 1972, elle s'étend sur 72 kilomètres. La liaison Nuremberg-Kelheim, longue de 99 kilomètres, comprend seize écluses. Mise en service en 1992, elle permet à des navires à grand gabarit de passer du bassin du Main à celui du Danube.

- Enfin la partie navigable du Danube qui traverse le territoire allemand de Kelheim à la frontière autrichienne s'étend sur 209 kilomètres. Elle a été aménagée entre 1928 et 1956.

A cause de son coût et de l'ampleur de travaux qu'elle a nécessités, la liaison fluviale à grand gabarit Bamberg-Kelheim a donné lieu à une vive controverse.

Le coût total de l'ouvrage est estimé à 4,7 milliards de Deutschemark (DM), soit 27,5 millions de DM au kilomètre. Il a été financé pour 1,7 milliard par la production d'électricité d'origine hydraulique, pour 2 milliards par l'Etat fédéral et pour 1 milliard par le Land de Bavière.

Selon le professeur Eugen Wirth de l'Université de Nuremberg-Erlangen, l'achèvement du projet constituerait la " victoire de la déraison ", car l'opération n'est pas financièrement rentable. Malgré l'ampleur des efforts réalisés pour intégrer l'ouvrage à l'environnement (un quart des dépenses ont été consacrées à cet effet), les divers ouvrages d'arts qui composent la liaison (bief du canal, écluses, bassins d'épargne destinés à " recycler " l'eau utilisée dans les écluses) ont porté, selon les opposants au projet, une atteinte irrémédiable et injustifiable aux sites traversés par la voie fluviale.

L'appréciation de l'équilibre entre les avantages et les inconvénients occasionnés par le canal fait donc, aujourd'hui encore, l'objet de discussions. L'essentiel de la controverse concerne désormais les statistiques relatives au trafic sur le canal et les perspectives de développement de la circulation des bateaux, aussi bien en Allemagne que vers l'étranger. Porter un jugement définitif sur cette réalisation est d'autant plus difficile que pour qu'elle fonctionne à "plein régime " il serait nécessaire, outre le temps de montée en charge, d'améliorer l'infrastructure fluviale sur le Danube, à l'est du canal.

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