RAPPORT N° 307 - SUR LA PROPOSITION DE RESOLUTION PRESENTEE PAR MME MARIE-MADELEINE DIEULANGARD ET PLUSIEURS DE SES COLLEGUES ET LA PROPOSITION DE RESOLUTION PRESENTEE PAR M. LOUIS MINETTI ET PLUSIEURS DE SES COLLEGUES RELATIVES A LA CONSTRUCTION NAVALE
M. Alphonse ARZEL, Sénateur
COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES ET DU PLAN - RAPPORT N° 307 - 1997/1998
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Table des matières
- I. LA SITUATION PROCÉDURALE ACTUELLE
- II. LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION NAVALE DANS LE MONDE
- III. LA PROPOSITION DE RÈGLEMENT (CE) DU CONSEIL ÉTABLISSANT DE NOUVELLES RÈGLES POUR LES AIDES À LA CONSTRUCTION NAVALE
- IV. LES DEUX PROPOSITIONS DE RÉSOLUTION ET LA RÉSOLUTION ADOPTÉE PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
- V. LA POSITION DE VOTRE COMMISSION
- PROPOSITION DE RÉSOLUTION
N° 307
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 février 1998
RAPPORT
FAIT
au nom de la Commission des affaires économiques et
du plan (1)
sur la
proposition de résolution
,
présentée en application de l'article 73
bis
du
Règlement par Mme Marie-Madeleine DIEULANGARD, MM. François
AUTAIN, Marc MASSION et Henri WEBER et la
proposition de
résolution,
présentée en application de l'article 73
bis
du Règlement par MM. Louis MINETTI, Robert PAGÈS, Mme
Marie-Claude BEAUDEAU, M. Jean-Luc BÉCART, Mmes Danielle
BIDARD-REYDET, Nicole BORVO, MM. Jean DERIAN, Michel DUFFOUR, Guy
FISCHER, Pierre LEFEBVRE, Paul LORIDANT, Mme Hélène LUC, MM.
Jack RALITE, Ivan RENAR et Mme Odette TERRADE sur :
-
la proposition de règlement (CE) du Conseil modifiant
le règlement 3094/95 et prorogeant les dispositions pertinentes de la
septième directive du Conseil concernant les aides à
la
construction navale
,
- la proposition de règlement (CE) du Conseil établissant de
nouvelles règles pour les aides à la
construction
navale
(n° E- 936),
Par M. Alphonse ARZEL,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis Minetti, vice-présidents ; Georges Berchet, William Chervy, Jean-Paul Émin, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat, Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard Dussaut , Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni, Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.
Voir les numéros
:
Sénat
:
100
et
164
(1997-1998).
|
|
Union européenne. |
Mes chers collègues,
Nous sommes saisis de deux propositions de résolution
présentées en application de l'article 73 bis du Règlement
du Sénat.
L'une, qui porte le n° 100, déposée le 20 novembre
1997 est signée par notre collègue Mme Marie-Madeleine
Dieulangard.
La seconde, qui porte le n° 164, déposée le
10 décembre 1997, a été signée par M.
Louis Minetti et plusieurs de ses collègues.
Toutes deux portent sur deux actes communautaires :
- la proposition de règlement (CE) du Conseil modifiant le
règlement 3094/95 et prorogeant les dispositions pertinentes de la
septième directive du Conseil concernant les aides à
la
construction navale
,
- la proposition de règlement (CE) du Conseil établissant de
nouvelles règles pour les aides à la
construction navale
(n° E-936).
I. LA SITUATION PROCÉDURALE ACTUELLE
Sur les deux actes communautaires qui font l'objet des deux
propositions de résolution sénatoriales, un, -celui qui a trait
à la prorogation jusqu'au 31 décembre 1998 de la
septième directive du Conseil concernant les aides à la
construction navale-, a été adopté définitivement
par le Conseil le 19 décembre 1997.
L'autre, -la proposition de règlement établissant de nouvelles
règles pour les aides à la construction navale-, fait toujours
l'objet de délicates négociations diplomatiques entre partenaires
européens.
Les résolutions parlementaires ne peuvent porter que sur les
propositions
d'actes communautaires. Par conséquent, votre
rapporteur ne visera, dans ses conclusions, que l'acte communautaire qui
demeure en instance.
II. LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION NAVALE DANS LE MONDE
Le Japon, la Corée du Sud et l'Europe occidentale
occupent aujourd'hui une place prépondérante dans l'industrie de
la construction navale. Le Japon produit près de 40 % du tonnage
mondial, l'Europe occidentale entre 20 et 25 % de la production, la
Corée du Sud un pourcentage du même ordre.
Il convient donc d'abandonner l'idée selon laquelle la construction
navale est le fait de pays en développement pratiquant de bas
salaires.
Depuis 20 ans, les restructurations opérées dans les
chantiers de l'Union européenne se sont traduites par une
réduction de 70 % de la main-d'oeuvre et d'au moins 60 % des
capacités de production. En 1997, on dénombrait en Europe
103 entreprises de chantiers navals, dont une douzaine fournissaient
65 % de la production, les cinq plus gros constructeurs
représentant 36 % du volume total produit, alors que les cinq plus
gros constructeurs coréens, par exemple, représentaient 99 %
de la capacité de production coréenne.
La construction navale européenne se caractérise aussi par une
production de navires de plus grande valeur ajoutée que la Corée
du Sud ou le Japon.
En 1996, la part de l'Europe dans le carnet de commandes mondial était
la plus importante en valeur (31 %) alors qu'elle ne représentait
que 21 % du total en volume.
Il reste que la construction navale européenne a dû faire face, au
cours de la décennie 80, à une très forte concurrence
internationale du fait du développement de nouvelles capacités de
production et de réparation en Extrême-Orient (Corée,
Malaisie, Chine) et dans les pays du Golfe Persique.
Au sein de l'Union européenne, 70.000 personnes environ travaillent
dans la construction de navires marchands contre 270.000 environ il y a
20 ans. Les commandes les plus importantes bénéficient
à l'Allemagne (0,8 millions de tonneaux bruts compensés -
" T.B.C " - en 1996) puis à l'Italie (0,6 millions de
TBC), aux Pays-Bas (0,4 million de TBC), à l'Espagne
(0,3 million de TBC) et enfin à la France (111.000 TBC).
De tous ces chiffres, il faut retenir que l'Europe, en dépit des
restructurations et des réductions d'effectifs liées au
progrès de la productivité, occupe la première place dans
le monde :
- dans le carnet mondial de commandes en valeur ;
- dans la construction des navires à haute valeur
ajoutée.
En France, l'industrie de la construction et de la réparation navale
s'est trouvée aussi confrontée à une concurrence vive au
sein de l'Union européenne en raison des dévaluations
compétitives opérées par certains Etats membres.
Les entreprises françaises de construction navale emploient actuellement
directement 6.000 personnes. Les emplois indirects chez les sous-traitants
et fournisseurs dans le tissu industriel ont, selon les experts, un impact sur
environ 23.000 emplois.
Le projet de loi de finances pour 1998 a prévu une ouverture de
850 millions de francs en autorisations de programme et de
800 millions de francs en crédits de paiement pour concourir aux
besoins des entreprises de ce secteur.
L'industrie française est présente dans les principaux domaines
d'équipement des navires marchands : moteurs de propulsion et leurs
accessoires, production et distribution d'électricité,
automatisme et télécommande, grues et équipements de pont
(treuils, guindeaux...), détection et lutte contre l'incendie,
accessoires de tuyauterie.
Cinq navires ont été commandés au cours du premier
semestre 1997 :
- un paquebot de croisières de 600 cabines pour un armement
français et un transbordeur rapide, type Corsaire 11.000, pour un
armement suédois. (" Chantiers de l'Atlantique ") ;
- un paquebot de croisières de 45 cabines pour la compagnie
des Iles du Ponant et un sablier pour la compagnie armoricaine de navigation
(" Leroux et Lotz ") ;
- un thonier senneur congélateur pour un armement français.
(" Piriou " à Concarneau).
Il est à noter, d'ores et déjà, que le paquebot de
600 cabines ainsi que celui de 45 cabines ont été
commandés dans le cadre de la loi du 5 juillet 1996 sur les
quirats.
Trois navires ont été achevés au cours du premier semestre
1997 :
- un méthanier de 130.000 m3 pour l'armement malésien
Petronas et un paquebot de croisière pour Royal Caribbean Cruise Line
(Chantiers de l'Atlantique) ;
- un thonier pour Industria Armatoriale Tonneria (Piriou).
Les " Chantiers de l'Atlantique ", filiale du groupe
GEC-Alsthom
depuis 1989, constituent avec 4.030 personnes à Saint-Nazaire le
seul grand chantier de construction navale en France ; les " Ateliers
et
Chantiers du Havre " sont d'une taille plus modeste
(810 personnes),
même s'ils sont en mesure de construire de
grands navires
jusqu'à 180 m de long
(contre plus de 300 m à
Saint-Nazaire).
Parmi les autres chantiers de construction navale, on citera :
- le groupe " Leroux et Lotz " qui a repris
successivement les
chantiers de Dieppe et Saint-Malo puis le chantier de Lorient en 1990 ;
- les sites de Lorient et Saint-Malo repris par le groupe GEC
Alsthom ;
- les " Constructions mécaniques de Normandie (CMN) "
à Cherbourg.
Les aides de l'Etat
demeurent essentielles pour la sauvegarde du
secteur.
La marine marchande française occupait le cinquième rang dans le
classement mondial en 1914, puis le huitième en 1939, elle s'est
maintenue à ce rang jusqu'en 1979, elle n'est plus qu'au
vingt-quatrième rang aujourd'hui.
Depuis 1980, le nombre de navires marchands a été divisé
par deux et le tonnage de notre flotte a diminué d'environ 70 %.
La sauvegarde du secteur de la construction navale française passe
donc par l'exportation et l'impératif de compétitivité.
L'Europe dans son ensemble possédait encore en 1975 la première
flotte du monde en tonnage alors qu'elle ne transporte plus aujourd'hui sous
pavillons nationaux que 14 % du commerce mondial. Même au sein de
l'Europe, la flotte française sous pavillon national ne se situe plus,
en tonnage, qu'au sixième rang des pays européens,
derrière la Grèce, l'Italie, le Danemark, la Grande-Bretagne et
l'Allemagne.
Pour tenter de maintenir la part de marché des constructeurs
européens de navires, confrontés à la pression constante
des pays d'Asie du Sud-Est, la Communauté économique
européenne a autorisé la poursuite d'un régime d'aides
à la production ainsi que d'aides à la restructuration. Tel fut
l'objet de la " VIIème directive " relative aux aides à
la construction navale dont la dernière mouture remonte à 1990 et
qu'un règlement européen de 1995 a prolongé jusqu'au
31 décembre 1997.
Pendant cinq ans, à l'instigation des Etats-Unis, des
négociations ont eu lieu au sein du groupe de travail n° 6
" Construction navale " du conseil de l'OCDE en vue
d'aboutir
à un accord établissant des conditions normales de concurrence
sur le marché de la construction navale. La Commission a
participé à ces négociations en s'exprimant au nom des
Etats membres de l'Union européenne. Elle a accepté, le
17 juillet 1994, un texte d'accord qui, d'une manière
générale, interdit toutes les mesures d'aide à la
construction navale, à l'exception des catégories suivantes :
aides à la recherche et au développement, aides sociales
liées à des fermetures, crédits à l'exportation
conformes à l'arrangement de l'OCDE sur les crédits à
l'exportation de navires (dans sa version révisée de 1994) et
crédits nationaux destinés aux navires, à des conditions
et selon des modalités équivalentes.
Cet accord devait entrer en vigueur au 1er janvier 1996, sous
réserve de sa ratification par l'ensemble des signataires (Etats-Unis,
Union européenne, Japon, Corée du Sud et Norvège). A ce
jour, seuls les Etats-Unis ne l'ont pas ratifié (on notera aussi que la
Chine n'a pas signé l'accord). Compte tenu de l'incertitude qui
pèse sur une éventuelle ratification de l'accord par ce pays, le
" Conseil industrie " de l'Union européenne du
23 avril 1997 a, sur demande de la France, décidé la
prorogation de la VIIème directive jusqu'au
31 décembre 1998 et demandé à la Commission de
proposer un nouveau règlement afin de remplacer la directive actuelle
dans l'hypothèse où les Etats-Unis ne ratifieraient pas l'accord
OCDE.
Tel est l'objet de l'acte communautaire visé par les deux
propositions de résolution et qui a été adopté le
27 novembre dernier
.
Sur les bases de la VIIème directive, le Gouvernement français a
poursuivi sa politique dans trois directions :
l'aide à la prise de nouvelles commandes de constructions de
navires neufs ou de transformations importantes de navires (aides directes
dites " de fonctionnement ").
Ces aides au fonctionnement en faveur de la construction et de la
transformation navales (mais non de la réparation navale) peuvent
être accordées à concurrence d'un plafond maximum commun
correspondant à la différence entre les coûts des chantiers
les plus compétitifs de la Communauté et les prix
pratiqués par leurs principaux concurrents internationaux.
Conformément au principe de dégressivité établi par
la directive, ce plafond, fixé à 28 % en 1987, a
été progressivement ramené à 9 % (4,5 %
pour les navires de plus petite taille et les opérations de
transformation). Les seules aides au fonctionnement qui ne sont pas soumises au
plafond sont les facilités de crédit conformes à
l'arrangement de 1981 de l'OCDE concernant les crédits à
l'exportation de navires et les aides au développement accordées
aux pays en voie de développement ;
des aides de restructuration en faveur des chantiers qui doivent
réduire leurs effectifs.
des aides à la recherche en faveur, d'une part, des technologies
nouvelles porteuses de produits nouveaux ou de gains de productivité et,
d'autre part, du développement de navires à haute valeur
ajoutée tels que les méthaniers.
Par ailleurs, le législateur français a adopté en 1996 un
mécanisme qui avait largement fait ses preuves en Allemagne et aux
Pays-Bas.
Le dispositif prévu par la loi du 5 juillet 1996 sur les
quirats, que l'Assemblée nationale a supprimé lors du dernier
débat budgétaire, a rapidement porté ses fruits en
attirant l'épargne vers l'investissement dans la flotte de commerce
française.
Le dispositif permettait aux personnes physiques de déduire, au titre de
l'impôt sur le revenu, afférent à l'année de
versement, les sommes investies jusqu'au 31 décembre 2000 dans
la limite annuelle de 500.000 francs pour les contribuables
célibataires, veufs ou divorcés et de 1.000.000 francs par
couple.
En matière d'impôt sur les sociétés,
l'intégralité des sommes investies sont déductibles du
bénéfice imposable de l'exercice de versement.
La réforme a eu pour objectif de relancer l'investissement sous pavillon
national et d'enrayer le déclin de la flotte française ; objectif
atteint, d'ailleurs, au-delà des espérances et ce, très
rapidement.
Après seulement un an d'existence, le nouveau dispositif fiscal a eu des
effets prometteurs : 10 % de la flotte française ont
été renouvelés, l'investissement maritime a plus que
doublé (5 milliards de francs contre une moyenne annuelle de
2,2 milliards de francs précédemment) et 550 emplois de
navigants et sédentaires ont été créés,
alors que 300 pertes d'emplois de navigants avaient été
enregistrés chaque année entre 1990 et 1995.
Seize navires neufs ont été agréés au titre de la
réforme sur les quirats, six seront construits dans des chantiers
français.
Les six navires neufs commandés à des
chantiers français représentent, en valeur, 2,331 milliards
de francs (2,296 milliards de francs pour les dix bâtiments
construits dans les chantiers étrangers)
.
En novembre 1996, il y avait trois navires français en construction dans
les chantiers français ; il y en a neuf aujourd'hui.
III. LA PROPOSITION DE RÈGLEMENT (CE) DU CONSEIL ÉTABLISSANT DE NOUVELLES RÈGLES POUR LES AIDES À LA CONSTRUCTION NAVALE
Cette proposition contient les suggestions de la Commission
concernant un nouveau régime destiné à remplacer la
septième directive, au 31 décembre 1998. Les principaux
éléments de ce dispositif sont les suivants :
En ce qui concerne
les aides au fonctionnement
, il est prévu une
dernière période transitoire durant laquelle les aides
liées au contrat seraient maintenues, dans les plafonds actuels. Cette
période transitoire expirerait le 31 décembre 2000.
Un an avant la suppression des aides au fonctionnement, la Commission
contrôlerait la situation du marché et déterminerait si les
chantiers européens sont affectés par des pratiques
anticoncurrentielles.
A compter du 1er janvier 2001, les seules aides liées au
contrat autorisées seraient les crédits nationaux à
l'exportation conformes aux règles de l'OCDE concernant les
crédits à l'exportation de navires, qui continueront jusqu'au
31 décembre 2000 d'échapper à tout plafonnement.
Continueraient à être autorisées les aides liées au
contrat octroyées comme
aides au développement
à un
pays en voie de développement. La Commission propose néanmoins de
rendre les règles plus strictes en imposant à la fois la
possibilité pour différents chantiers de concourir pour les aides
offertes et une surveillance plus étroite pour vérifier qu'il n'y
a pas d'abus.
Seraient aussi maintenues les
aides à la fermeture
et celles
destinées à couvrir les autres dépenses normales
entraînées par des fermetures totales ou partielles. Les
règles actuelles disposent que les installations fermées doivent
le rester pendant une période de cinq ans et ne peuvent être
réouvertes sans l'approbation préalable de la Commission avant un
délai supplémentaire de cinq ans. Le nouveau texte propose que
les installations fermées ne puissent reprendre leurs activités
durant une période de dix ans, sans possibilité de
réexamen après les cinq premières années.
La Commission souhaite de même la poursuite des
aides à la
restructuration
. La septième directive est incomplète sur ce
point puisque ses dispositions en la matière traitent des aides aux
investissements et non d'autres formes d'aides à la restructuration
telles que les injections de capital, les abandons de créances, les
prêts bonifiés, les aides de sauvetage, etc...
Afin de s'assurer que les réductions de capacité sont bien
réelles et ont un effet sur la position de l'entreprise
bénéficiaire sur le marché, la Commission propose de
prendre comme facteur déterminant le niveau de production au cours des
cinq années précédentes plutôt que la
capacité théorique du chantier.
En ce qui concerne les
aides aux investissements
, le texte
proposé opère une distinction entre les
aides aux
investissements pour l'innovation
et les
aides régionales aux
investissements
devant permettre de moderniser les chantiers.
S'agissant de l'innovation, la Commission propose d'autoriser l'adoption de
mesures d'incitation dès lors que les projets
bénéficiaires concernent des produits et des
procédés innovants qui ne sont pas utilisés actuellement
sur le plan commercial par d'autres opérateurs communautaires dans le
secteur de la construction navale.
Les aides régionales peuvent être octroyées dès lors
que le projet soutenu vise l'amélioration de la productivité
d'installations existantes.
Il est, encore, proposé de pérenniser les
aides à la
recherche
et au développement
conformément à
l'encadrement communautaire en la matière et d'autoriser
les
aides pour la protection de l'environnement
conformément, là
encore, à leur encadrement communautaire.
Le nouveau règlement devrait s'appliquer pendant une période de
cinq ans.
IV. LES DEUX PROPOSITIONS DE RÉSOLUTION ET LA RÉSOLUTION ADOPTÉE PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
La proposition de résolution
présentée par Mme Dieulangard
Après avoir approuvé la prolongation de l'application de la
septième directive sur les aides à la construction navale
jusqu'au 31 décembre 1998, la proposition de résolution
de Mme Dieulangard, appuyée par la Délégation du
Sénat pour l'Union européenne, formule quatre demandes au
Gouvernement :
- qu'il mette tout en oeuvre pour que le Conseil de l'Union
européenne fixe une date limite pour l'entrée en vigueur de
l'accord sur la construction navale négocié dans le cadre de
l'OCDE ;
- qu'il envisage l'instauration d'un nouveau système d'aides
à la construction navale, dans l'hypothèse où l'accord
négocié dans le cadre de l'OCDE entrerait en vigueur dans un
proche avenir ;
- qu'en l'absence de ratification de l'accord signé dans le cadre
de l'OCDE ;
- il s'oppose à la disparition automatique des aides au contrat
à la date du 31 décembre 2000
- il obtienne du Conseil un réexamen du régime d'aides
à la construction navale au cours de l'an 2000 ; la suppression
éventuelle des aides au contrat ne pouvant être
décidée qu'après un examen approfondi de la situation de
la construction navale européenne et des conditions de concurrence au
niveau mondial ;
- enfin qu'il obtienne de la Commission européenne la
réalisation d'une étude évaluant le montant de l'ensemble
des aides publiques -directes ou indirectes- qui sont accordées à
l'industrie de la construction navale dans chacun des Etats membres de l'Union
européenne.
La proposition de résolution présentée par M. Minetti
et plusieurs de ses collègues
Cette proposition formule tout d'abord cinq
" considérants " :
- l'accord OCDE sur les aides à la construction navale a
été initié par les Etats-Unis ;
- cet accord, dont l'entrée en vigueur était prévue
pour 1996, n'ayant toujours pas été ratifié par ce pays,
qui a profité de cette période pour accroître son
système protectionniste, il doit être considéré
comme nul et non avenu ;
- l'industrie de la construction navale présente un
caractère spécifique ;
- le marché intérieur français se tarit et la
situation de la marine marchande française est catastrophique ;
- l'Union européenne souffre de conditions de concurrence
inéquitables à l'échelle mondiale et il convient de ne pas
exclure par avance toute possibilité d'aide au contrat à partir
de 2001, compte tenu d'un tel environnement.
La proposition de résolution exprime, ensuite, un souhait : que l'accord
OCDE accepté en 1994 par le Conseil soit réexaminé au
regard de l'évolution mondiale du marché intervenue depuis cette
date et des pratiques déloyales qui perdurent, y compris de la part de
pays signataires de cet accord.
Elle s'oppose fermement à toute remise en cause du régime d'aides
en vigueur et souhaite que, dans l'immédiat, le niveau de ces aides soit
révisé à la hausse pour permettre le maintien d'une
industrie européenne de la construction navale.
Puis, la proposition de résolution formule deux demandes :
- l'abolition du principe d'une date fixe de suppression des aides au
contrat ;
- le refus de nouvelles règles pour les aides à la
construction navale tant que n'auront pas été
réalisées une évaluation objective de la situation de la
construction navale européenne dans le marché mondial, ainsi
qu'une évaluation de la situation de la construction navale
française au sein de l'Union européenne ;
En conclusion, la proposition de résolution de M. Minetti fait valoir
qu'au regard des pratiques et des dispositions législatives en vigueur
dans d'autres Etats membres, tout système d'aides défini au
niveau européen doit permettre à chacun des pays concernés
d'arrêter de nouvelles modalités de soutien à
l'investissement, à la construction ou aux transformations importantes
de navires.
La résolution adoptée par l'Assemblée nationale
Le 23 novembre 1997, l'Assemblée nationale adoptait une
résolution sur la proposition de règlement (CE) du Conseil
modifiant le règlement 3094/95 et prorogeant les dispositions
pertinentes de la septième directive du Conseil concernant les aides
à la construction navale et la proposition de règlement (CE) du
Conseil établissant de nouvelles règles pour les aides à
la construction navale.
La résolution constate que l'accord OCDE sur les aides à la
construction navale n'a pas été ratifié par les Etats-Unis
et qu'il ne serait pas souhaitable de prolonger cette situation au-delà
d'un délai raisonnable, lequel pourrait être fixé au
1er janvier 1998, date au-delà de laquelle, si l'accord
n'était toujours pas ratifié, il devrait être
considéré comme nul et non avenu.
La résolution fait aussi valoir que l'Union européenne souffre de
conditions de concurrence inéquitables à l'échelle
mondiale, et que, si des conditions normales pouvaient être
restaurées sur ce marché, la construction navale pourrait
à terme se passer d'aides ; tel n'étant pas le cas
actuellement, il serait donc hasardeux d'exclure par avance toute
possibilité d'aide au contrat à partir de 2001.
Après avoir exprimé le souhait que l'accord OCDE, accepté
en 1994 par le Conseil, soit réexaminé au regard de
l'évolution mondiale du marché et des pratiques déloyales
qui perdurent, l'Assemblée nationale a approuvé la prolongation
du régime d'aides en vigueur et souhaité que, dans
l'immédiat, le niveau des aides soit révisé afin de
permettre le maintien d'une industrie européenne de la construction
navale.
Elle a demandé l'abolition du principe d'une date fixe de suppression
des aides au contrat.
Elle s'est opposée fermement à toute remise en cause
unilatérale de ce régime en l'absence d'une ratification par les
Etats-Unis de l'accord OCDE.
Elle a refusé tout lien entre politique régionale et aides
à la construction navale.
La résolution a exprimé, en outre, encore deux demandes :
- la création d'un observatoire des aides à la construction
navale, directes et indirectes, tant à l'échelle communautaire
que mondiale ;
- le refus de nouvelles règles pour les aides à la
construction navale tant que n'aura pas été
réalisée une évaluation objective de la situation.
Enfin, l'Assemblée nationale a considéré, au regard des
pratiques et des dispositions législatives en vigueur dans d'autres
Etats membres, que tout système d'aides défini au niveau
européen devait permettre à chacun des pays concernés
d'arrêter de nouvelles modalités de soutien à
l'investissement, à la construction ou aux transformations importantes
de navires.
V. LA POSITION DE VOTRE COMMISSION
Votre commission partage le souci exprimé par les
propositions de résolution de nos collègues
Mme Marie-Madeleine Dieulangard et M. Louis Minetti.
Les considérants, constats, souhaits et demandes exprimés dans
ces textes lui apparaissent comme parfaitement légitimes et
appropriés à la situation de la construction navale
française et de la construction navale européenne.
Elle insistera pour sa part sur l'erreur qu'a représenté,
à ses yeux, l'abrogation, par la dernière loi de finances, de la
loi du 5 juillet 1996 sur les Quirats.
Selon les dernières informations qui lui ont été
communiquées par les représentants de la profession de la
construction navale, les commandes dans les chantiers français
bénéficiant du mécanisme des quirats représentent,
à ce jour, 2.750 millions de francs. Ces commandes doivent
générer 9.135.000 heures de travail (y compris pour les
sous-traitants et les fournisseurs) soit 6.300 emplois par an.
Le regret de votre commission des affaires économiques est d'autant plus
vif que ce mécanisme d'incitation fiscale apparaît comme tout
à fait
licite
au regard des exigences européennes.
A cet égard, il convient de citer in extenso le chapitre 7 de la
communication de la Commission européenne, en date du
1er octobre 1997, qui est intitulé " Vers une nouvelle
politique de la construction navale ".
"
Orientation de la demande vers les chantiers
européens
"
" Le 6 mai 1997, la Commission a adopté des orientations
révisées en matière d'aides d'Etat au secteur des
transports maritimes. Ces orientations concernent le soutien accordé aux
armateurs européens pour l'exploitation des navires. Dans la mesure
où cette aide comprend une aide à l'investissement pour
l'acquisition de navires, elle n'est pas orientée vers des chantiers
navals spécifiques.
" Les Etats membres devraient envisager de lier une taxation
préférentielle
ou des garanties d'Etat
pour l'acquisition
de nouveaux navires
à une exigence " européenne ",
qui serait de facto ou de jure commune aux régimes nationaux de
crédits à la construction navale des Etats membres, des USA, du
Japon ou de la Corée du Sud et qui serait compatible, dans certaines
conditions, avec l'accord de l'OCDE en matière de construction navale.
Cette mesure peut également entrer dans le cadre de la politique
communautaire sur la sécurité maritime, afin de promouvoir
l'utilisation de navires sûrs et propres, si l'aide n'est octroyée
qu'aux navires construits dans l'Union européenne selon des normes de
sécurité très strictes. "
La proposition de résolution qui vous est soumise insiste ainsi sur la
nécessité de mettre en place un nouveau mécanisme fiscal
qui se substituerait aux dispositions de la loi du 5 juillet 1996.
Il convient en effet que soit rapidement mis à l'étude un
dispositif d'incitation fiscale pour la souscription de parts de fonds de
placement consacrés à l'investissement dans un navire de commerce
; ce régime pourrait s'inspirer de celui des sociétés pour
le financement de l'industrie cinématographique et audiovisuelle
(SOFICA) ou de celui qui a été récemment adopté
pour les navires de pêche des jeunes pêcheurs artisans.
La commission a, d'autre part, jugé souhaitable de fixer au
30 juin 1998 la date limite pour l'entrée en vigueur de
l'accord sur la construction navale négocié dans le cadre de
l'OCDE.
Faute de ratification par les Etats-Unis à cette date, l'accord devrait
être considéré comme nul et on avenu.
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Telles, sont, Mesdames et Messieurs, les raisons qui justifient la proposition de résolution que vous soumet votre commission des affaires économiques.
PROPOSITION DE RÉSOLUTION
sur la proposition de règlement du Conseil
établissant de nouvelles règles pour les aides à la
construction navale
(COM (97) 469 final/2/n° E 936 Corrigendum)
Le Sénat,
Vu l'article 88-4 de la Constitution,
Vu la proposition d'acte communautaire E 936,
- demande au Gouvernement de tout mettre en oeuvre pour que le Conseil de
l'Union européenne arrête au 30 juin 1998 la date limite
pour l'entrée en vigueur de l'accord sur la construction navale
négocié dans le cadre de l'OCDE ;
- considère qu'au-delà de cette date, et faute de
ratification par tous les pays signataires, le Conseil devra considérer
ledit accord comme nul et non avenu ;
- demande au Gouvernement d'envisager la mise en oeuvre d'un nouveau
système d'aides à la construction navale, dans l'hypothèse
où cet accord entrerait en vigueur dans un proche avenir ;
- demande au Gouvernement, en l'absence de ratification, par tous les pays
signataires, de l'accord précité :
de s'opposer à la disparition automatique des aides au contrat
à la date du 31 décembre 2000 ;
d'obtenir au sein du Conseil un réexamen du régime des
aides à la construction navale en l'an 2000, la suppression
éventuelle des aides au contrat ne pouvant être
décidée qu'après une analyse approfondie de la situation
de la construction navale européenne ainsi que des conditions de
concurrence au niveau mondial ;
- demande au Gouvernement d'obtenir de la Commission européenne la
réalisation d'une étude évaluant le montant de l'ensemble
des aides publiques -directes ou indirectes- accordées à
l'industrie de la construction navale dans chacun des Etats membres de l'Union
européenne ;
- demande, enfin, que soit rapidement mis à l'étude un
mécanisme d'incitation fiscale en faveur de la flotte de commerce.