AVIS n° 89 6 Tome II - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - SANTE


M. Louis BOYER, Sénateur


Commission des Affaires sociales - Avis n° 89 - Tome II - 1997/1998

Table des matières






N° 89

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998

Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME II

SANTÉ

Par M. Louis BOYER,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jean-Pierre Fourcade, président ; Jacques Bimbenet, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Claude Huriet, Bernard Seillier, Louis Souvet, vice-présidents ; Jean Chérioux, Charles Descours, Roland Huguet, Jacques Machet, secrétaires ; François Autain, Henri Belcour, Paul Blanc, Mmes Annick Bocandé, Nicole Borvo, MM. Louis Boyer, Jean-Pierre Cantegrit, Francis Cavalier-Benezet, Gilbert Chabroux, Philippe Darniche, Mme Dinah Derycke, M. Jacques Dominati, Mme Joëlle Dusseau, MM. Alfred Foy, Serge Franchis, Alain Gournac, André Jourdain, Jean-Pierre Lafond, Pierre Lagourgue, Dominique Larifla, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jean-Louis Lorrain , Simon Loueckhote, Jean Madelain, Michel Manet, René Marquès, Serge Mathieu, Georges Mazars, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Mme Nelly Olin, MM. Sosefo Makapé Papilio, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Gérard Roujas, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vézinhet.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 230 , 305 à 310 et T.A. 24 .

Sénat : 84 et 85 (annexe n° 18 ) (1997-1998).

Lois de finances.

TRAVAUX DE LA COMMISSION

I. AUDITION DU MINISTRE

Réunie le mercredi 22 octobre 1997, sous la présidence de M. Jean-Pierre Fourcade, président, la commission a procédé à l'audition de Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, et de M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé, sur les crédits de leurs départements ministériels pour 1998.

Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, après avoir rappelé que le budget de l'emploi et de la solidarité s'élevait à 229 milliards de francs, a souligné que sa progression était supérieure à la norme de 1,5 % retenue pour l'ensemble du budget de l'Etat : 4,4 % pour le budget emploi (112,6 milliards), et 3,6 % en intégrant les crédits inscrits au budget des charges communes, soit au total 115,8 milliards de francs, et près de 3 % pour le budget santé, solidarité, ville (73,2 milliards).

Puis, M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat chargé de la santé , a présenté les crédits de la santé.

Il a indiqué que la part du budget de l'Etat consacrée à la santé publique était en hausse de 10,4 % et atteignait un montant de 3,6 milliards de francs. Il a estimé que cet effort traduisait concrètement l'engagement du Gouvernement de mettre en oeuvre une politique ambitieuse de santé publique.

M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat chargé de la santé , a présenté les trois priorités du projet de loi de finances pour 1998 en matière de santé : la sécurité sanitaire, l'adaptation des hôpitaux aux besoins de la population, la santé publique, la prévention et la réduction des risques.

Evoquant la sécurité sanitaire, il a affirmé que la mise en place de l'agence de sécurité sanitaire des produits de santé et de l'institut de veille sanitaire ainsi que la montée en charges de l'agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé se traduisaient par une augmentation très importante du chapitre 36-81 qui progressait de 194 à 434 millions de francs. En outre, les moyens de l'office de protection contre les rayonnements ionisants sont augmentés de 2 % en fonctionnement et sont dotés de 6 millions de francs en investissement.

Le Gouvernement souhaite aussi adapter les hôpitaux aux besoins de la population. A cet égard, M. Bernard Kouchner a indiqué qu'un fonds d'aide à la modernisation hospitalière, doté de 150 millions de francs de crédits de paiement pour 1998, serait créé. Ces sommes permettraient d'accorder un appui significatif à quelques opérations lourdes et de financer les moyens nécessaires à une meilleure réponse du tissu hospitalier aux besoins de la population.

Enfin, M. Bernard Kouchner a évoqué la santé publique ainsi que la prévention et la réduction des risques. Il a indiqué que les crédits des programmes régionaux de santé publique et du centre français d'éducation pour la santé s'élevaient à 60 millions de francs et étaient en progression de 3,2 % par rapport à ceux qui étaient prévus par la loi de finances pour 1997. En outre, il a affirmé qu'un effort important serait engagé en matière de lutte contre la toxicomanie, dont les crédits s'élèvent à 717 millions de francs. Il passe notamment par un renforcement du dispositif spécialisé de soins aux toxicomanes et par le développement ou la création de réseaux toxicomanie-ville-hôpital. Par ailleurs, un budget supplémentaire a été dégagé afin de financer un plan triennal débutant en 1998, orienté sur le développement de la politique de réduction des risques et la protection des plus jeunes face aux nouvelles drogues telles que l'ecstasy.

M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat chargé de la santé, a indiqué que les crédits de la lutte contre l'alcoolisme et le tabagisme ainsi que ceux de la lutte contre le Sida étaient en progression de 1 %. A cet égard, il a précisé que l'amélioration du dépistage concernerait aussi d'autres maladies transmissibles, les centres de dépistage anonymes et gratuits devant avoir la possibilité de réaliser le dépistage du virus de l'hépatite C.

Il a enfin affirmé qu'un effort serait accompli pour favoriser le dépistage des enfants atteints de saturnisme et l'identification des immeubles à risques.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis des crédits de la santé , a demandé aux ministres quelles actions le Gouvernement comptait entreprendre en vue de remédier à la pénurie de médecins spécialistes dans les hôpitaux. Il les a également interrogés sur la lutte contre la toxicomanie et s'est inquiété d'une éventuelle légalisation des drogues dites " douces ". Il a enfin interrogé le ministre sur la question du radon.

M. Lucien Neuwirth a demandé aux ministres de bien vouloir préciser le contenu du plan d'action contre la douleur que comptait mettre en oeuvre le Gouvernement en 1998 et a souhaité que des postes de praticiens hospitaliers soient créés au sein des centres de lutte contre la douleur.

Répondant à M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, M. Bernard Kouchner a estimé qu'il faudrait améliorer le statut des praticiens hospitaliers et rendre les carrières hospitalières plus attractives. Il a ainsi insisté sur la pénibilité de certaines fonctions hospitalières et a estimé que, comme il existe des zones d'éducation prioritaires, des zones sanitaires prioritaires pourraient être créées.

Constatant l'absence de moyens d'orientation des médecins vers les spécialités déficitaires, il a aussi souhaité que soit entreprise une réforme des études médicales.

Il a indiqué qu'une mission venait d'être confiée au professeur Guy Nicolas qui devait lui remettre des propositions avant la fin de l'année.

Evoquant la lutte contre la toxicomanie, il a affirmé que la priorité de son ministère était de mener une politique de réduction des risques. Il a estimé que la politique de lutte contre les dépendances devrait prendre en considération tous les toxiques et notamment le tabac, l'alcool et les psychotropes.

Il a jugé nécessaire de faire évoluer des dispositions de la loi n° 70-1320 du 3 décembre 1970, relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et à la répression du trafic et de l'usage illicite des substances vénéneuses, et estimé que la réponse au développement des toxicomanies ne passait pas par la légalisation des drogues dites " douces ".

Enfin, évoquant le radon, il a indiqué qu'il faisait actuellement l'objet d'un plan de surveillance.

Répondant à M. Lucien Neuwirth, M. Bernard Kouchner , a affirmé que le Gouvernement comptait améliorer la prise en charge de la douleur. Le plan d'action prévu par le ministère comportera un travail d'identification des centres de prise en charge de la douleur chronique, un effort de formation initiale et continue des professionnels et une simplification de la prescription des antalgiques majeurs. Il a indiqué que les établissements de santé seraient encouragés à intégrer dans leurs projets d'établissement la prise en charge de la douleur et a affirmé qu'il avait demandé à l'agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé de prendre en compte les programmes de lutte contre la douleur mis en oeuvre par les établissements dans les procédures d'accréditation. Parallèlement, les agences régionales d'hospitalisation seraient incitées à prendre en compte ces programmes dans les contrats d'objectifs et de moyens établis avec les établissements de soins.

Il a annoncé son intention d'élargir le cadre de la prescription infirmière afin d'améliorer la prise en charge de la douleur des patients hospitalisés.

Enfin, il a indiqué que la création de postes pouvait être envisagée dans les centres de traitement des douleurs chroniques rebelles.

M. Charles Descours a interrogé les ministres sur les moyens budgétaires qui seraient consacrés à l'application de la réforme de la sécurité sanitaire proposée par le Sénat, sur la lutte contre le tabagisme, sur le public susceptible de bénéficier des trithérapies et sur l'application du taux directeur opposable à l'évolution des dépenses des établissements médicaux et médico-sociaux.

Evoquant la pénurie de médecins spécialistes dans les hôpitaux, il a indiqué qu'un syndicat de praticiens hospitaliers proposait que la prime de pénibilité prévue pour tous les personnels hospitaliers à l'exception des médecins, soit accordée également à ces derniers.

Mme Marie-Madeleine Dieulangard a souhaité obtenir de M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat chargé de la santé, des précisions sur sa politique de lutte contre l'alcoolisme et sur sa politique globale de santé.

M. Alain Vasselle a souhaité obtenir des précisions sur les risques associés à la vaccination contre l'hépatite B.

Mme Gisèle Printz a interrogé les ministres sur l'évolution de la médecine scolaire.

Répondant aux intervenants, M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat chargé de la santé , a indiqué que le Gouvernement souhaitait l'adoption rapide de la proposition de loi sénatoriale réformant la sécurité sanitaire et a indiqué que des moyens budgétaires avaient été prévus pour les trois organismes qu'elle entend créer.

Evoquant la lutte contre le tabagisme, il a indiqué que le projet de loi de financement de la sécurité sociale proposait la mise en place d'une taxe de santé publique sur les tabacs. Il a particulièrement souligné les dangers des tabacs à rouler chez les jeunes, ces tabacs comportant des taux de nicotine très supérieurs à ceux des cigarettes habituelles et favorisant ainsi une dépendance précoce et accrue.

Il a indiqué que les trithérapies devaient être mises à la disposition des personnes à risques qui craignent avoir été contaminées.

Il a estimé que l'octroi d'une prime de pénibilité aux praticiens hospitaliers ne suffirait pas à rendre les carrières hospitalières plus attractives et qu'une amélioration du statut de ces praticiens serait nécessaire.

Il a affirmé que le Gouvernement mettrait en oeuvre rapidement l'assurance maladie universelle, et que les centres de lutte contre l'alcoolisme seraient dotés de crédits supplémentaires.

Il a évoqué les difficultés de recrutement des médecins scolaires et estimé qu'il conviendrait d'élargir à la fois le champ de leur recrutement et leurs missions en liaison avec le ministère de l'éducation nationale.

Il a enfin indiqué que les rumeurs alarmantes concernant certaines conséquences du vaccin contre l'hépatite B ne semblaient pas confirmées de manière significative mais que la surveillance des effets de ce vaccin serait poursuivie.

II. EXAMEN DE L'AVIS

Réunie le mercredi 19 novembre 1997, sous la présidence de M. Jacques Bimbenet, vice-président, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Louis Boyer sur le projet de loi de finances pour 1998 (emploi et solidarité, santé).

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis,
a estimé que l'examen des crédits de la santé pour 1998 donnait quelques raisons d'espérer, mais aussi beaucoup de motifs d'inquiétude.

Il a d'abord évoqué les deux points positifs de ce budget, qui sont, d'une part, les crédits provisionnés à hauteur de 80 millions de francs pour financer la création de deux agences de sécurité sanitaire et l'institut de veille sanitaire prévus par la proposition de loi sur la sécurité sanitaire adoptée par le Sénat le 25 septembre 1997 et, d'autre part, l'effort réalisé en faveur de la lutte contre la toxicomanie.

Il a souligné que cette provision de 80 millions de francs constituait la preuve, si besoin était, que le Gouvernement comptait respecter les délais qu'il s'était fixés et prévoyait d'installer les agences sanitaires et l'institut de veille sanitaire dès cette année.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a ensuite examiné les crédits de la lutte contre le Sida.

Il a indiqué que, pour l'année 1998, ces crédits progressaient de moins d'un pour cent. Il a observé que ces crédits étaient aux trois-quarts des crédits déconcentrés et qu'ils étaient le plus souvent affectés aux actions de prévention, notamment en direction des usagers de drogues.

Rappelant que, lors de son audition par la commission, le secrétaire d'Etat chargé de la santé avait indiqué que l'activité des centres de dépistage anonyme et gratuit serait étendue au dépistage du virus de l'hépatite C, M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a estimé que cette mesure présentait un réel intérêt en termes de santé publique.

Dans une seconde partie de son intervention , M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a évoqué les nombreux motifs d'inquiétude qu'inspirait le budget de la santé. Ils tenaient au fait que, globalement, les crédits de la santé auraient dû bénéficier de redéploiements en leur faveur de la part des autres postes du budget de l'Etat et que les quelques réductions ou stabilisations de crédits opérées au sein de ce budget de la santé étaient mal ciblées.

Ainsi, le fait que les dépenses consacrées à la santé représentent moins d'un quart de point du budget de l'Etat ne correspondait certainement pas aux voeux des Français.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis , a affirmé que les économies mal ciblées concernaient d'abord la veille sanitaire. En effet, alors qu'elle était présentée par le Gouvernement comme une de ses priorités, les crédits des observatoires régionaux de la santé régressaient de 800.000 francs pour s'établir à 19,6 millions de francs.

De même, les crédits du contrôle sanitaire de l'environnement diminuaient globalement de plus de 6 millions de francs.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a ensuite critiqué le très faible volume des interventions publiques contre le tabagisme et l'alcoolisme.

Il a en outre estimé qu'il était choquant que l'Etat délègue entièrement la politique de lutte contre le tabagisme à une structure associative, le comité national de lutte contre le tabagisme (CNCT), qui avait absorbé, en 1997, 90 % des crédits budgétaires affectés à cette lutte.

Evoquant la création d'un fonds d'investissement pour la modernisation des hôpitaux, il a jugé que mieux valait cibler les interventions de l'Etat sur des opérations d'adaptation du tissu hospitalier plutôt que de subventionner tous les investissements hospitaliers en tant que tels.

Mais il a regretté que le fonds soit seulement doté de 500 millions de francs en autorisations de programme et de 150 millions de francs en crédits de paiement.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a ensuite critiqué la baisse des crédits destinés aux interventions sanitaires en direction des publics prioritaires.

A contrario, il a estimé que des dépenses auraient pu être évitées ou réduites.

Il a ainsi cité les crédits destinés à financer l'évaluation de la loi Evin qui représentaient environ le tiers des crédits de la lutte contre le tabagisme ; il s'agissait là d'un rapport manifestement excessif.

Après avoir évoqué la nécessité pour le Gouvernement de rendre le statut de praticien hospitalier plus attractif pour les jeunes médecins spécialistes, M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a enfin proposé à la commission d'émettre un avis défavorable à l'adoption des crédits de la santé.

Il a estimé en conclusion que, parallèlement au transfert à des établissements publics des pouvoirs de police sanitaire concernant les produits, le ministère de la santé devrait profondément réorienter son action vers la définition d'une politique de santé publique et la coordination et le contrôle des interventions des multiples organismes et associations qui prenaient part à sa mise en oeuvre.

M. Lucien Neuwirth a évoqué la prise en charge de la douleur. Il a rappelé qu'elle avait été considérablement améliorée depuis que le Sénat avait entrepris une action unanime en ce domaine.

Ainsi, les établissements de santé et les établissements médico-sociaux se dotaient progressivement de structures ou de moyens propres à prendre en charge la douleur des personnes qu'elles accueillent. Le carnet à souches avait été modifié, le code de déontologie des médecins avait été réformé, et la formation des médecins à la prise en charge de la douleur améliorée.

M. Lucien Neuwirth a indiqué que le Gouvernement venait d'annoncer un plan en faveur de la lutte contre la douleur. Il comportait plusieurs points intéressants, tels que la prise en compte de l'action menée contre la douleur dans les procédures d'accréditation des établissements et la négociation des contrats d'objectifs et de gestion, la simplification de la prescription des antalgiques majeurs, l'identification de clauses concernant la douleur dans les cahiers des charges des réseaux ville hôpital et la mise en oeuvre d'actions de formation en direction des professionnels de santé.

M. Lucien Neuwirth a annoncé qu'il interviendrait dans la discussion budgétaire pour demander au Gouvernement sur quels crédits seraient financés les actions nouvelles en faveur de la prise en charge de la douleur, dans quel délai et selon quelle procédure il comptait prendre en considération la lutte contre la douleur dans les travaux concernant le codage des actes et la nomenclature et combien de postes de praticiens hospitaliers " fléchés " douleur seraient créés à partir de redéploiements.

Il a indiqué qu'il comptait également l'interroger sur les modalités selon lesquelles les centres anti-douleur créés dans les hôpitaux pourraient être dotés d'une forme d'autonomie, afin que leur existence ne soit pas annuellement menacée.

M. Charles Descours a fait siens les propos du rapporteur pour avis concernant la veille sanitaire et a critiqué la baisse des crédits des observatoires régionaux de la santé et du contrôle sanitaire de l'environnement, qui était peu cohérente avec la provision de 80 millions de francs réalisée pour financer la mise en place des trois organismes de veille et de sécurité sanitaire prévus par la proposition de loi sénatoriale.

Il a également critiqué l'indigence des crédits de la lutte contre le tabagisme, alors que le rendement des droits sur le tabac devrait permettre de mettre en oeuvre une politique active en la matière.

Enfin, il a regretté la modestie des crédits dont bénéficierait le fonds d'investissement pour la modernisation des hôpitaux, et estimé qu'elle traduisait la faible ampleur des opérations de restructuration que comptait entreprendre le Gouvernement en 1998.

M. François Autain a fait siens les propos de M. Charles Descours sur la politique de lutte contre le tabagisme.

Il a manifesté son opposition à la seconde partie du rapport de M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, et a regretté que ce dernier n'ait pas souligné les efforts du Gouvernement en faveur de l'adaptation du tissu hospitalier.

M. Lucien Neuwirth a estimé que l'administration de la santé devrait toujours relever d'un ministère plutôt que d'un secrétariat d'Etat.

M. François Autain a approuvé ces propos.

M. Claude Huriet a rappelé que, si les crédits de la santé ne représentaient qu'un quart de point du budget de l'Etat, il fallait aussi tenir compte des dépenses d'assurance maladie pour apprécier le volume des dépenses consacrées à la santé des Français.

Il a vivement regretté la baisse des crédits destinés aux observatoires régionaux de la santé, dont le rôle serait renforcé avec la réforme de la sécurité et de la veille sanitaire.

Il a déclaré partager les propos du rapporteur pour avis sur le volume des crédits destinés à financer l'évaluation de la loi dite Evin.

Répondant aux orateurs, M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a indiqué que la baisse des crédits de la veille sanitaire était globale, même si, en leur sein, ceux du Réseau national de santé publique (RNSP) étaient en progression.

Il a rappelé que les dotations du fonds d'investissement des hôpitaux étaient faibles à la fois en crédits de paiement et en autorisations de programme.

Il a fait siens les propos de M. Lucien Neuwirth sur la prise en charge de la douleur et a estimé que son amélioration relevait moins de la création d'une spécialité nouvelle que de la diffusion des connaissances auprès de tous les professionnels de santé.

La commission a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits de la santé pour 1998.

INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

En annonçant une hausse des crédits de la santé de 10,4 % en 1998, le Gouvernement entend affirmer le caractère prioritaire d'une "politique ambitieuse de santé publique".

Pourtant, si de réels efforts sont engagés, réalité que le présent rapport ne tentera pas de dissimuler, cette affirmation gouvernementale suscite malheureusement beaucoup de réserves.

Ainsi, malgré la hausse des crédits de la santé, ils ne représentent toujours que moins d'un quart de point du budget de l'Etat, ce qui ne correspond certainement pas aux attentes des Français.

La protection de la santé publique constitue en effet, au même titre que la sécurité et la justice, un élément à part entière des fonctions régaliennes de l'Etat. Elle aurait donc dû bénéficier de redéploiements plus importants en sa faveur.

Ensuite, cette hausse importante des crédits de la santé repose essentiellement sur trois opérations importantes, à savoir la provision destinée à financer la mise en oeuvre de la réforme, d'origine sénatoriale, de la veille et de la sécurité sanitaires, l'installation d'un fonds d'investissement pour la modernisation des hôpitaux et le retour vers le ministère des affaires sociales de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, dont les crédits étaient précédemment rattachés à ceux des services du Premier ministre.

Si l'on exclut ces trois opérations, le budget de la santé stagne à structure et en francs constants.

Enfin, et c'est le point qu'entend démontrer ce rapport, le budget de la santé pour 1998 manque de ligne directrice : votre rapporteur regrette ainsi que presque chacun de ses points positifs soit contrebalancé par une grave lacune.

A cet égard, il examinera successivement trois volets majeurs de ce budget, qui révèlent tous un manque de cohérence qui doit être souligné.

Ainsi :

- le Gouvernement provisionne des crédits pour financer la réforme d'origine sénatoriale de la sécurité et de la veille sanitaires, mais les crédits de la veille sanitaire sont en baisse ;

- un effort est engagé pour accentuer la lutte contre la toxicomanie mais la lutte contre les autres dépendances (tabagisme, alcoolisme) est négligée ;

- un fonds de restructuration hospitalière est mis en place, mais les conditions de l'adaptation du tissu hospitalier ne sont pas réunies ;

C'est pourquoi votre commission a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits de la santé pour 1998.

I. LE GOUVERNEMENT PROVISIONNE DES CRÉDITS POUR FINANCER LA MISE EN OEUVRE DE LA RÉFORME SÉNATORIALE DE LA VEILLE ET DE LA SÉCURITÉ SANITAIRES, MAIS LES CRÉDITS DE LA VEILLE SANITAIRE RÉGRESSENT

La politique en faveur de la sécurité et de la veille sanitaires manque de cohérence : si les établissements publics nationaux bénéficient d'un soutien actif et si la réforme proposée par le Sénat bénéficie d'un financement satisfaisant, les crédits des actions de veille sanitaire régressent.

A. LES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS CHARGÉS D'UNE MISSION DE SÉCURITÉ SANITAIRE ET LE RÉSEAU NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE BÉNÉFICIENT D'UN EFFORT BUDGÉTAIRE SIGNIFICATIF

Depuis le début des années quatre-vingt-dix, l'Etat a institué des établissements publics chargés d'une mission de sécurité sanitaire pour différents produits de santé : le médicament, le sang et les greffes. Ces institutions sont appelées à se fondre en une Agence de sécurité sanitaire des produits de santé qui aura en charge l'ensemble de ces produits : ce sera chose faite dès que la proposition de loi, d'origine sénatoriale, relative au renforcement de la veille et de la sécurité sanitaires sera définitivement adoptée par le Parlement.

Dans cette attente, les crédits destinés à l'Agence du médicament, l'Agence française du sang, l'Etablissement français des greffes et au Réseau national de santé publique, bénéficient d'un effort particulier dans le projet de loi de finances pour 1998.

1. L'Agence du médicament

a) Missions, structures et budget

L'Agence du médicament, établissement public administratif, a été créée, comme l'Agence française du sang, par la loi du 4 janvier 1993 relative à la sécurité en matière de transfusion sanguine et de médicament. Elle s'est vu confier par la loi des missions exercées jusqu'alors par des services du ministère chargé de la santé, le laboratoire national de la santé et la direction de la pharmacie et du médicament, qui ont été supprimés par un décret du 26 mars 1993.

Les compétences de l'Agence du médicament sont définies par l'article L. 567-2 du code de la santé publique qui prévoit qu'elle est chargée de participer à l'application des lois et règlements relatifs aux médicaments à usage humain, aux produits de thérapie génique, aux produits contraceptifs, aux substances stupéfiantes ou psychotropes et aux autres substances vénéneuses utilisées en médecine ainsi qu'aux réactifs de laboratoire.

En revanche, l'Agence ne possède pas de compétences en matière tarifaire, la fixation du prix du médicament relevant du comité économique du médicament. Elle n'a pas non plus à connaître des questions de distribution, de pharmacie d'officine ou d'exercice professionnel, qui sont de la compétence de la Direction générale de la santé.

L'installation de l'Agence sur le site de Saint-Denis s'est opérée progressivement au cours de l'année 1993, à l'exception de la direction des laboratoires et des contrôles, dont les laboratoires ont été réimplantés à Lyon en juillet 1996. Elle s'est poursuivie par la réimplantation des laboratoires de Montpellier à Vendargues en septembre 1997, et s'achèvera par l'installation des derniers laboratoires à Saint-Denis en 1998.

A ces implantations nouvelles, il convient d'ajouter la création d'un bureau de représentation à Londres, siège de l'Agence européenne du médicament, qui a été inauguré au mois de mars 1997.

L'Agence comptait au 1er juillet 1997 un effectif de 594 personnes. Si la gestion de la majorité de celles qui relèvent du ministère chargé de la santé (262 personnes) est assurée par l'Agence, 46 personnes demeurent toutefois gérées et rémunérées par le ministère.

Le budget de l'Agence du médicament repose, pour l'essentiel, sur les crédits budgétaires d'Etat et sur des ressources propres, c'est-à-dire des droits, taxes et redevances directement rattachés au budget de l'Agence et acquittés par les industriels à l'occasion de l'autorisation de mise sur le marché des médicaments ou de l'enregistrement des réactifs de laboratoires.

L'Agence bénéficie également de subventions des collectivités locales en vue de la réinstallation de ses laboratoires de contrôle, et de produits divers correspondant à des prestations de service qu'elle assure.

Les moyens financiers de l'Agence se sont établis, sur la base des budgets primitifs, à 465 millions de francs en 1997 (dont 124,8 millions de francs d'emprunt) contre 316 millions de francs en 1996, 273 millions de francs en 1995 et 161 millions de francs en 1994.

Après décisions modificatives ajustant le niveau des recettes et des dépenses avec l'activité constatée de l'établissement, les budgets de l'Agence du médicament étaient de 208 millions de francs en 1994, de 238 millions de francs en 1995, de 305 millions de francs pour 1996 et de 488 millions de francs pour 1997.

La part des droits, taxes et redevances versés par l'industrie et les laboratoires d'analyse de biologie médicale dans les ressources globales de l'Agence représentaient, en 1996, 58 % du budget total de l'établissement.

Pour 1998, les crédits destinés à la subvention de l'Etat à l'Agence s'élèvent à 81,4 millions de francs, dont 810.000 francs de subvention de recherche. Cette subvention de l'Etat, qui est exclusivement une subvention de fonctionnement, est en progression de 7 millions de francs, soit un taux d'augmentation d'environ 10 %.

b) Les relations avec l'Agence européenne du médicament

L'Agence européenne pour l'évaluation des médicaments, comme l'Agence du médicament, ont été créées récemment ; elles ont une même mission, la protection de la santé publique.

* Comme l'Agence française, l'Agence européenne du médicament est de création récente :

Le nouveau système d'évaluation et de surveillance a été mis en place par le règlement CEE n° 2309/93 du Conseil du 22 juillet 1993 et les trois directives (93/39, 93/40 et 93/41) du Conseil du 14 juin 1993 qui ont modifié en conséquence le droit européen du médicament. Et c'est par une décision des chefs d'Etat et de Gouvernement du 29 octobre 1993 qu'a été décidée l'implantation à Londres de l'Agence européenne.

Cette Agence est devenue opérationnelle en février 1995.

* Alors que l'Agence européenne a une compétence d'attribution, l'Agence française bénéficie d'une compétence de droit commun :

L'Agence européenne pour l'évaluation des médicaments est chargée de l'évaluation des médicaments issus de l'un des procédés de biotechnologie cités dans la partie A de l'annexe du règlement 2309/93 et des médicaments innovants tels que définis dans la partie B de cette même annexe et qui suivent la procédure centralisée.

Dans le cadre de la procédure de reconnaissance mutuelle, elle est compétente en cas d'arbitrage ; elle peut également être saisie de tout autre sujet d'intérêt communautaire et de demandes d'avis. Elle exerce enfin, un rôle de coordination pour la pharmacovigilance et l'inspection.

Le succès de la procédure centralisée est indéniable : en effet, près des deux tiers des médicaments pour lesquels elle a été utilisée sont des médicaments innovants pour lesquels elle n'est pas obligatoire. Ce succès est dû à la qualité de l'évaluation effectuée par le Comité des spécialités pharmaceutiques qui s'appuie sur l'expertise des Etats membres et bénéficie donc des connaissances scientifiques européennes les plus poussées. La procédure de reconnaissance mutuelle est également bien acceptée, même si des difficultés subsistent en raison de l'inégalité des dossiers entre les Etats membres, notamment pour les dossiers les plus anciens.

Le système d'évaluation de l'Agence européenne est basé sur les capacités d'évaluation des Etats membres qui sont mises à sa disposition dans l'intérêt de la communauté européenne : il s'agit donc d'un dispositif d'évaluation externe.

L'Agence européenne pour l'évaluation des médicaments est un organisme à vocation scientifique chargé de formuler des recommandations pour la Commission européenne ; les décisions exécutoires, telles que les autorisations de mise sur les marchés communautaires, sont toujours prises par la Commission, qui conserve son rôle d'élaboration et d'interprétation de la législation communautaire.

L'Agence européenne pour l'évaluation des médicaments disposait en 1996 d'un effectif de 100 agents et d'un budget de 22,55 millions d'écus dont 13,75 millions proviennent d'une subvention communautaire et 8,6 millions des redevances versées par les industriels.

Au cours de cette même année, elle a reçu 35 demandes correspondant à la procédure centralisée et elle a formulé 24 avis scientifiques.

L'Agence française du médicament a un champ de compétences plus large, puisqu'elle constitue le service public d'évaluation et de contrôle des médicaments à usage humain, des réactifs de laboratoire ainsi que des produits de thérapies cellulaire et génique. Elle est compétente sur toute la chaîne médico-technique des produits depuis les essais cliniques jusqu'à la vigilance. De plus, elle assure non seulement l'évaluation des produits mais aussi les fonctions d'inspection et de contrôle en laboratoire qui s'y attachent. Elle est enfin chargée de l'évaluation pharmaco-économique du médicament.

* La participation de l'Agence française du médicament au système européen :

Le système de coopération entre l'Agence européenne pour l'évaluation des médicaments et les Etats membres appelle une participation active de l'Agence française du médicament à ses travaux. La France est ainsi représentée au conseil d'administration par le directeur général de l'Agence française du médicament ; l'Agence française est également membre de groupes de travail constitués au sein de l'Agence européenne.

Elle prend en charge l'expertise de nombreux dossiers en tant que rapporteur ou corapporteur, notamment dans le domaine de la pharmacovigilance.

Des groupes de travail ad hoc ont également été mis en place sur différents problèmes de santé publique : des experts de l'Agence du médicament y participent aussi.

Enfin, l'Agence européenne pour l'évaluation des médicaments et les agences nationales participent aux discussions organisées par la Commission européenne afin de trouver des solutions aux divers problèmes soulevés par la mise en place des nouvelles procédures européennes.

2. L'Agence française du sang

a) Missions, structures et budget

Comme l'Agence du médicament, l'Agence française du sang, dotée du statut d'établissement public administratif, a été instituée par la loi du 4 janvier 1993. A cette date, elle existait cependant depuis six mois sous la forme d'un groupement d'intérêt public.

L'Agence a reçu du législateur plusieurs missions qui concernent la sécurité et l'organisation de la transfusion sanguine. A cet égard, le rapport d'information de votre commission consacré à la sécurité et à la veille sanitaires, qui est à l'origine de la proposition de loi actuellement en discussion devant le Parlement, n'a pas manqué de souligner l'ambiguïté qui caractérise la coexistence de ces deux catégories de missions.

L'Agence française du sang participe à la définition des règles de la sécurité transfusionnelle en préparant des textes qui sont ensuite homologués par le ministre chargé de la santé : elle vérifie leur application par les établissements de transfusion sanguine grâce au corps d'inspection dont elle est dotée.

Elle a également reçu pour mission de mettre en place un dispositif d'hémovigilance, qui repose sur un réseau de correspondants dans les établissements de santé.

Son rôle en matière d'organisation de la transfusion est également très important : il passe par la définition des schémas régionaux de la transfusion sanguine, l'élaboration de procédures relatives à la gestion des établissements, le suivi économique de la transfusion et la promotion du don.

L'Agence française du sang emploie un peu moins de 80 personnes.

Les recettes inscrites à son budget proviennent d'une subvention de l'Etat et de l'assurance maladie. Celui-ci s'élevait, en 1996, à 99,75 millions de francs (soit 30,73 millions de subvention de l'Etat et 69,02 millions de contribution de l'assurance maladie) et, en 1997, à 106,81 millions de francs (soit 29,35 millions de francs de subvention de l'Etat et 77,46 millions de francs provenant de l'assurance maladie).

Pour 1998, les crédits inscrits au budget de la santé pour la subvention de fonctionnement de l'Agence française du sang représentent 30,73 millions de francs ; ils progressent d'un taux de 4,7 % , soit de 1,38 million de francs.

b) Bilan de la réforme de la transfusion sanguine

Outre la mise en place du système d'hémovigilance, deux grands chapitres de la réforme transfusionnelle ont été traduits dans les faits depuis 1994 : d'une part, l'élaboration d'un corps de règles médico-techniques, le contrôle du respect de ces règles par les établissements de transfusion sanguine et l'évaluation de l'utilisation des produits sanguins labiles et d'autre part, la réorganisation territoriale de la transfusion et la mise en place des nouveaux établissements de transfusion sanguine.

* Les normes médico-techniques :

Depuis 1993, ont été publiées les bonnes pratiques de prélèvement, de préparation des produits sanguins labiles, ainsi que les bonnes pratiques de distribution et de qualification biologique du don. Ces règles ont été accompagnées par la définition des conditions auxquelles doivent satisfaire les établissements de transfusion sanguine, notamment en matière de locaux et d'équipement, pour obtenir ou conserver leur agrément. Enfin, les règles relatives aux analyses biologiques et tests de dépistage des maladies transmissibles effectuées sur les prélèvements de sang et de ses composants ont été fixées par un décret du 16 février 1995. Selon le ministère, certaines règles communes au secteur des greffes, de la transfusion et de la thérapie cellulaire devraient également être approuvées d'ici la fin de l'année (bonnes pratiques concernant les cellules souches hématopoïétiques et les cellules mononucléées).

Ces règles et normes doivent faire l'objet d'un réexamen en fonction des évolutions techniques et scientifiques : ainsi, les bonnes pratiques de prélèvement sont déjà en cours de révision.

Le contrôle du respect de ces bonnes pratiques et de ces normes ainsi que de l'ensemble des règles de sécurité transfusionnelle dans les établissements de transfusion sanguine est assuré dans le cadre de programmes d'inspection : en 1996, tous les établissements avaient été inspectés. Outre les nombreuses mesures ponctuelles de mise en conformité, ces contrôles ont débouché sur quelques mises en demeure notamment justifiées par un sous-encadrement médical et sur des retraits temporaires d'agrément.

Des efforts particuliers ont concerné la sélection clinique des donneurs, point essentiel de la sécurité transfusionnelle. Les résultats sont déjà nettement perceptibles, comme le montre la diminution de la fréquence des dons séropositifs, qui a diminué de moitié entre 1993 et 1995. En 1996, on a constaté une fréquence (taux pour 10.000 dons) de 3,74 dons positifs pour l'hépatite C, 2,64 dons positifs pour l'hépatite B et 0,24 don positif pour le virus du Sida.

En outre, conformément aux recommandations du Comité de sécurité transfusionnelle, le ministre chargé de la santé a annoncé, en décembre 1996, la mise en oeuvre, en 1997, d'une mesure nouvelle pour renforcer la qualité et la sécurité des transfusions.

Elle consiste à exclure du don toutes les personnes ayant des antécédents de transfusion, et plus généralement d'administration de produits biologiques vivants. Fondée sur le principe de précaution, cette mesure vise à rompre le plus précocement possible toute chaîne potentielle de transmission d'agents infectieux non identifiables ou dont les conséquences restent hypothétiques. Sa mise en place a été achevée au mois de septembre dernier. Elle a entraîné une perte en donneurs, très variable selon les établissements de transfusion sanguine, qui est estimée entre 2 et 6 %. Elle doit être compensée par une campagne de promotion nationale de recrutement de nouveaux candidats au don.

* L'organisation territoriale

La réorganisation juridique et territoriale de la transfusion sanguine s'est traduite par un ensemble de mesures prises en application du décret du 26 juillet 1994 relatif aux schémas et aux commissions d'organisation de la transfusion sanguine. Ainsi, depuis un an, 43 nouvelles structures juridiques agréées comme établissements de transfusion sanguine ont remplacé les anciens 140 centres de transfusion sanguine. Ces nouveaux établissements de transfusion sanguine sont, soit des groupements d'intérêt public, soit des associations : il existe aujourd'hui 7 associations, 35 groupements d'intérêt public plus l'établissement de transfusion sanguine de l'Assistance publique des hôpitaux de Paris et le centre de transfusion des armées.

Pour faciliter la réorganisation de la transfusion sanguine, l'Agence française du sang dispose du Fonds d'orientation de la transfusion sanguine (FORTS) créé à cet effet par le législateur.

Mais, si la restructuration des établissements est en cours, la situation des personnels des établissements de transfusion sanguine demeure un grave sujet de préoccupation en raison de la disparité des conditions de travail, de rémunération et de formation de ces personnels.

3. L'Etablissement français des greffes

L'Etablissement français des greffes a été créé postérieurement à l'Agence du médicament et à l'Agence française du sang par la loi du 18 janvier 1994 relative à la santé publique et à la protection sociale.

a) Missions, structures et budget

Comme les autres agences sanitaires, l'Etablissement français des greffes est un établissement public administratif, chargé d'assurer la sécurité sanitaire des prélèvements et greffes d'organes, de tissus et cellules et de moelle, et de gérer la liste des patients en attente de greffe.

Dans la mesure où il ne dispose pas d'un corps d'inspection, l'activité de l'Etablissement est centrée sur la préparation des règles de bonnes pratiques de prélèvement et de greffe, qui sont ensuite homologuées par le ministre. Il est également chargé de l'évaluation de l'activité de greffe ainsi que de la promotion du don d'organes.

L'Etablissement français des greffes dispose d'un effectif de 90 personnes : 56 exercent leur activité au siège de l'Etablissement, et 34 au sein des sept coordinations inter-régionales.

Comme l'Agence française du sang, l'Etablissement français des greffes est subventionné à la fois par l'Etat et par l'assurance maladie. Il peut également recevoir des dons et legs.

Ainsi, le budget de l'Etablissement français des greffes représentait 54 millions de francs en 1995 (dont 18 millions de francs de subvention de l'Etat), 61,5 millions de francs en 1996 (dont 20,5 millions de francs de subvention de l'Etat) et 63,2 millions de francs en 1997 (dont une subvention de l'Etat inchangée, soit 20,5 millions de francs).

Pour 1998, la subvention de l'Etat prévue par le projet de loi de finances s'élève à 22,3 millions de francs, en progression de 1,7 million de francs, soit une augmentation d'un taux de 8 % .

b) Activité de l'Etablissement français des greffes

L'Etablissement français des greffes, mis en place au début de l'année 1995, a préparé les règles de répartition et d'attribution des organes ainsi que les règles de bonnes pratiques de prélèvement de tissus et de recueil des résidus opératoires lorsqu'ils sont destinés à une utilisation thérapeutique. Selon le ministère, le texte réglementaire fixant les règles de sécurité sanitaire applicables au prélèvement est en cours de signature.

L'Etablissement français des greffes a également rempli sa mission de promotion du don grâce à des campagnes d'information engagées auprès des médecins, des pharmaciens et du public.

L'an prochain, il sera appelé à mettre en oeuvre le registre automatisé comportant les noms des personnes qui refusent un prélèvement d'organes ou de tissus post mortem qui a été prévu par la loi du 29 juillet 1994 dite " bioéthique ". Il étendra aussi aux greffes de cornée et de moelle osseuse la liste des patients en attente de greffe qui est aujourd'hui encore limitée aux greffes d'organes.

4. Le Réseau national de santé publique (RNSP)

Le Réseau national de santé publique a été créé par une convention conclue entre l'Etat et deux établissements publics, l'INSERM et l'Ecole nationale de santé publique (ENSP). Cette convention, qui prend fin au mois de juin 1998, a prévu que le RNSP serait doté du statut de groupement d'intérêt public.

L'activité du RNSP ne couvre pas tout le champ de la veille sanitaire, dans la mesure où elle est centrée sur la surveillance épidémiologique et l'analyse des risques sanitaires liés à l'environnement.

En outre, cet organisme ne dispose que de faibles moyens, même si leur progression récente a été très rapide.

Ainsi, la subvention qui lui est versée par l'Etat est passée de 2,4 millions de francs en 1992 à 14,9 millions de francs en 1996. Et l'an dernier, le RNSP a bénéficié d'une augmentation exceptionnelle des crédits budgétaires qui lui sont destinés : ils ont en effet progressé de 50 %. Le budget du RNSP, en 1997, s'est ainsi élevé à 52 millions de francs, financé notamment par une subvention d'un montant de 22,1 millions de francs.

Pour apprécier les moyens réels du RNSP, il faut aussi tenir compte de l'apport de l'INSERM et de l'ENSP : ainsi, en ce qui concerne les effectifs, 14 des 50 personnes qui exercent leur activité au sein de l'établissement public sont mises à disposition.

En 1998, les crédits destinés à la subvention de l'Etat au RNSP progressent à nouveau. Certes, la progression est plus faible qu'en 1997 (environ moitié moindre), et les moyens du RNSP restent dérisoires si on les compare à ceux dont disposent de nombreuses institutions étrangères chargées de la veille sanitaire, telles que les CDC aux Etats-Unis. Mais elle permettra au RNSP de disposer d'une subvention de 27,4 millions de francs.

En augmentant de manière substantielle les dotations des établissements publics nationaux chargés de la sécurité sanitaire des principaux produits de santé et celle qui est destinée au RNSP à la veille d'une importante réforme de la veille et de la sécurité sanitaires, le Gouvernement a entendu montrer qu'il n'attend pas l'aboutissement formel de cette réforme pour faire de la sécurité sanitaire une priorité de son action.

B. 80 MILLIONS DE FRANCS SONT PROVISIONNÉS POUR FINANCER LA RÉFORME SÉNATORIALE DE LA SÉCURITÉ ET DE LA VEILLE SANITAIRES

A la suite des travaux de la mission d'information désignée par votre commission pour étudier les conditions du renforcement de la veille et de la sécurité sanitaires, MM. Charles Descours et Claude Huriet, les présidents des groupes politiques de la majorité sénatoriale, M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission des Affaires sociales et les membres de la mission d'information appartenant à la majorité sénatoriale ont déposé une proposition de loi.

Elle vise à renforcer le contrôle de la sécurité sanitaire des produits destinés à l'homme (produits de santé et produits alimentaires) ainsi que les conditions de la veille sanitaire.

Les axes de la réforme qu'elle propose sont décrits dans les rapports n° 196 et n° 413 (1996-1997) établi par M. Claude Huriet au nom de la commission des Affaires sociales.

Sur le plan institutionnel, cette réforme entend créer deux agences de sécurité sanitaire respectivement chargées du contrôle des produits de santé et des produits alimentaires, ainsi qu'un Institut de veille sanitaire.

Ces institutions ont vocation à se substituer à l'Agence du médicament, à l'Agence française du sang, à l'Etablissement français des greffes et au Réseau national de santé publique, qui ont des missions beaucoup moins larges.

Le texte de cette proposition de loi ayant reçu le soutien du gouvernement dirigé par M. Alain Juppé, puis de celui de M. Lionel Jospin, elle a été adoptée au Sénat le 25 septembre 1997. Elle sera prochainement examinée par l'Assemblée nationale.

Le Gouvernement entend mettre en oeuvre cette réforme dès son adoption définitive : il a ainsi inscrit 80 millions de francs à un article 60 nouveau (" Etablissements de veille et de sécurité sanitaires) du chapitre 36-81 (" Etablissements nationaux à caractère sanitaire et social ").

Votre commission ayant souligné à maintes reprises l'urgence et la nécessité de la réforme qu'elle propose, elle ne peut que se réjouir des intentions et des actes du Gouvernement.

C. LA COHÉRENCE DE CETTE POLITIQUE EST REMISE EN CAUSE PAR LA BAISSE GLOBALE DES CRÉDITS DE LA VEILLE SANITAIRE

Les crédits de la veille, de l'alerte et des interventions sanitaires sont regroupés, dans le budget de la santé, de la solidarité et de la ville, au sein du chapitre 47-12. Ils comprennent, outre la subvention au Réseau national de santé publique et aux Instituts Pasteur, les crédits destinés aux actions ou organismes suivants :

- contrôle sanitaire de l'environnement (dépenses déconcentrées ou non déconcentrées) ;

- observatoires régionaux de la santé ;

- registres de pathologie ;

- lutte contre les épidémies et les maladies transmissibles (dépenses déconcentrées ou non déconcentrées).

Ces dernières dépenses relèvent plus des " interventions " que de la veille sanitaire : en effet, les crédits inscrits aux articles 51 et 52 du chapitre 47-12 sont en majorité utilisés pour financer les actes réalisés par les centres de planification ou d'éducation familiale au titre du dépistage et du traitement des maladies sexuellement transmissibles.

Nous évoquerons donc ici seulement les articles 11, 12, 30 et 40 du chapitre 47-12, à savoir le contrôle sanitaire de l'environnement (articles 11 et 12), les observatoires régionaux de la santé (article 30) et les registres de pathologies (article 40).

Alors que le Gouvernement affirme que la veille et la sécurité sanitaires constituent une priorité de son action, les crédits inscrits à ces trois articles régressent de manière significative : ils s'élevaient à 70 millions de francs en 1997 et ne représentent plus, pour 1998, que 63 millions de francs, soit une baisse de 10 %.

1. Stagnation des crédits des registres de pathologies

Les registres de pathologies sont les instruments principaux de la surveillance de pathologies aux graves incidences dans la population française, telles que les maladies cardio-vasculaires ou les cancers.

En 1997, 4 millions de francs étaient inscrits à l'article 40 qui retrace les crédits des registres de pathologie : ces crédits sont simplement reconduits en francs courants pour 1998.

Ainsi, alors que la veille sanitaire pour sa partie épidémiologique, bénéficie d'un soutien important avec l'augmentation de la dotation du RNSP, la surveillance des pathologies en général est délaissée, oubli peu cohérent avec les intentions affichées du Gouvernement.

2. Stagnation des crédits des observatoires régionaux de la santé

Les observatoires régionaux de la santé seront appelés à jouer un rôle important dans la réforme de la veille sanitaire. Celle-ci, en effet, suppose l'existence d'un réseau de veille et de surveillance performant et implanté sur tout le territoire.

Or, le Gouvernement semble n'en avoir pas tenu compte : les crédits des observatoires régionaux qui s'élevaient à 19,6 millions de francs en 1997 sont simplement reconduits en 1998.

3. Forte régression des crédits du contrôle sanitaire de l'environnement

Les crédits du contrôle sanitaire de l'environnement sont répartis, au sein des crédits de la santé, en deux articles consacrés aux dépenses non déconcentrées et déconcentrées.

Les premières rassemblent d'abord les subventions versées par l'Etat à divers organismes qui jouent un rôle important en matière de veille sanitaire, tels que les centres nationaux de référence ou l'observatoire des consommations alimentaires, ou encore les centres de coordination des comités de lutte contre les infections nosocomiales. Les dépenses non déconcentrées correspondent ensuite à celles qui sont engagées par la direction générale de la santé pour financer la réalisation de rapports d'experts en santé publique.

Les dépenses déconcentrées correspondent à des dépenses engagées par les directions départementales et régionales de l'action sanitaire et sociale en matière de contrôle sanitaire de l'environnement.

En 1997, les crédits des dépenses non déconcentrées s'élevaient à 13,63 millions de francs et ceux des dépenses déconcentrées à 32,9 millions de francs.

Ils régressent respectivement en 1998, de 15 % et 12,8 % pour s'établir à 11,65 millions de francs et 28,7 millions de francs.

II. UN EFFORT EST ENGAGÉ EN FAVEUR DE LA LUTTE CONTRE LA TOXICOMANIE, MAIS LA LUTTE CONTRE LES AUTRES DÉPENDANCES BÉNÉFICIE DE CRÉDITS INDIGENTS

Autre volet qui manque de cohérence, alors que la lutte contre les dépendances est présentée comme prioritaire, toutes les dépendances ne bénéficient pas de la même attention au sein du projet de loi de finances pour 1998.

Ainsi, la lutte contre la toxicomanie fait l'objet d'un effort important, qui ne peut être contesté : la toxicomanie constitue un fléau redoutable, notamment pour la jeunesse, et elle constitue le facteur de risque principal pour la contamination par le VIH.

Mais la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme, dont la fréquence des nuisances pour la santé ne devrait pas conduire à les banaliser, ne constitue pas une priorité de la politique de santé publique : les crédits destinés à lutter contre ces deux fléaux ne représentent en effet qu'un cinquième de ceux de la lutte contre la toxicomanie.

Certes, cette critique est récurrente, et le Gouvernement actuel n'est pas le premier à négliger ainsi la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme : mais, de même que les conséquences du tabac et de l'alcool pour la santé ne sauraient être banalisées, la critique de la modicité des actions entreprises en ce domaine ne saurait être amodiée parce qu'elle est fréquente.

A. LES CRÉDITS DE LA LUTTE CONTRE LA TOXICOMANIE REPRÉSENTENT DÉSORMAIS PRÈS DE 30 % DES CRÉDITS DE LA SANTÉ

1. Une augmentation significative des crédits

L'analyse des crédits de la lutte contre la toxicomanie est rendue plus aisée cette année par le regroupement, au sein du budget de la santé, de la solidarité et de la ville, des crédits des interventions sanitaires et ceux de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), précédemment rattachée aux services du Premier ministre.

Ces crédits sont retracés, dans le fascicule budgétaire, au sein de deux chapitres.

D'une part, le chapitre 47-16, intitulé " Action interministérielle de lutte contre la toxicomanie " rassemble les crédits de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie qui s'élèvent à 294 millions de francs. Par rapport à la loi de finances pour 1997, ils progressent de 63,5 millions de francs, soit un taux d'augmentation de 27,5 %.

D'autre part, les crédits des interventions sanitaires sont regroupés au sein du chapitre 47-15, intitulé " Programmes et dispositifs de lutte contre la toxicomanie ", qui est composé de cinq articles :

- article 10 - remboursement de la prise en charge sanitaire des toxicomanes : cet article regroupe les crédits destinés à rembourser aux hôpitaux les dépenses entraînées par le sevrage des toxicomanes et la prescription de méthadone. Ces crédits s'élèvent à 86 millions de francs, comme l'an dernier.

Compte tenu de la forte augmentation globale des crédits de la lutte contre la toxicomanie, on aurait pu penser que cet article en bénéficierait en priorité. Ce n'est pas le cas, et votre commission le regrette : les dépenses réellement engagées par les hôpitaux en 1997 au titre des toxicomanes se sont élevées à 72,6 millions pour le sevrage hospitalier et à 13,4 millions de francs pour l'achat de méthadone, soit un total de 86 millions de francs. En outre, la dette actuelle de l'Etat vis-à-vis des hôpitaux en la matière s'élève à 142 millions de francs.

Les 86 millions de francs ouverts par le projet de loi de finances pour 1998 ne seront donc pas suffisants pour améliorer, voire pour maintenir la prise en charge hospitalière de la toxicomanie ;

- articles 30, 40 et 60 - structures et actions de lutte contre la toxicomanie, dépenses déconcentrées et non déconcentrées : ces articles sont respectivement dotés de 631 millions de francs, de 13 millions de francs et de 49,6 millions de francs. Le premier progresse de 23 millions de francs, soit une augmentation de 3,7 % ; il est destiné à financer les centres de soins pour toxicomanes. Les deuxième et troisième articles sont nouveaux.

Au total, les crédits de ce chapitre 47-15, qui correspondent aux crédits relevant traditionnellement du ministère de la santé, s'élèvent à 779,6 millions de francs. Ils progressent de 4,2 %.

2. Bilan du plan triennal 1993-1996 de lutte contre la toxicomanie et du plan gouvernemental du 14 septembre 1995

L'action de lutte contre la toxicomanie a été encadrée, depuis 1993, par un plan triennal 1993-1996 qui s'est prolongé par le plan gouvernemental défini le 14 septembre 1995.

Ces deux plans se terminent en 1997, et il appartient au nouveau Gouvernement, qui vient de proposer une augmentation significative des crédits de la lutte contre la toxicomanie, d'en définir le cadre ultérieur. Les deux plans mis en oeuvre depuis 1993 comportent trois volets : un volet préventif, un volet sanitaire et un volet de traitement social et de réinsertion.

a) Un volet préventif qui est désormais bien structuré

La politique de prévention mise en oeuvre depuis 1993 a comporté des interventions directes auprès des publics " à risque " ainsi que des actions de formation et d'information.

· La création de points " écoute jeunes " et de points " écoute parents "

Afin d'intervenir au plus près de la population et tout particulièrement auprès des jeunes en difficulté, 63 points dits d'" écoute jeunes " ont été progressivement créés. Il s'agit de permanences d'accueil et d'accompagnement éducatif qui ont pour objectif de prévenir l'inadaptation des jeunes, d'aider au rétablissement de leur équilibre psychologique et social, de répondre à des situations d'urgence liées à des détresses affectives, familiales et sociales, et de permettre à des jeunes qui n'en n'ont pas l'habitude, ni la possibilité, l'accès à un service social.

En outre, dans la mesure où de nombreuses familles se trouvent désemparées face aux problèmes réels ou supposés de consommation de toxiques par leurs enfants, " 14 points écoute parents " ont été mis en place. Ils leur proposent des entretiens visant à prévenir ou à interrompre la détérioration de la relation avec les enfants, de rétablir la communication avec eux et, éventuellement, de prendre contact avec le système de soins dont ils constituent, en quelque sorte, un point d'entrée.

· Le financement d'actions de formations

Dans le cadre des crédits déconcentrés auprès des DRASS, des programmes de formation ont été financés dans 20 régions. Ces formations, axées sur les thèmes de l'information et de la prévention des toxicomanies, touchent un public varié, qu'il s'agisse du secteur médico-social, de la justice, de l'enseignement ou des entreprises.

b) Un volet sanitaire fondé sur une diversification des modes de prise en charge

Le volet sanitaire de la lutte contre la toxicomanie s'est orienté autour de cinq objectifs :

· La poursuite de l'augmentation des capacités de prise en charge des toxicomanes avec hébergement

Le plan triennal 1993-1996 prévoyait le doublement des capacités de prise en charge avec hébergement, le nombre de places hors familles d'accueil devant être porté de 620 places à 1.240. Fin 1997, cet objectif sera atteint avec une diversification importante de cette partie du dispositif spécialisé. En effet, pour répondre aux différentes demandes des patients toxicomanes, ont été créés des communautés thérapeutiques résidentielles, des appartements thérapeutiques relais et de transition ainsi que de l'hébergement d'urgence.

· La diversification des modes de prise en charge notamment par le recours aux traitements de substitution

Les traitements de substitution constituent une modalité de prise en charge des personnes pharmacodépendantes majeures aux opiacés, notamment à l'héroïne. Ces traitements contribuent à l'amélioration de la situation du patient d'un point de vue social et somatique et concourent à la réduction des risques infectieux. Leur finalité, à terme, est le sevrage.

Les deux médicaments désormais disponibles pour la substitution sont la méthadone et le Subutex.

La méthadone est le plus ancien des médicaments de substitution : il ne peut être initialement prescrit que par des médecins exerçant dans un centre spécialisé de soins aux toxicomanes.

Le Subutex, disponible en officine depuis février 1996, s'adresse à des patients qui sont pour la plupart déjà suivis en médecine libérale. Il peut être prescrit par tout médecin traitant, après un examen médical et dans le cadre d'un travail en réseau permettant d'assurer un suivi sanitaire et social.

Le plan complémentaire du 14 septembre 1995 prévoyait que chaque département dispose fin 1997 d'une possibilité de prise en charge avec substitution. Cet objectif est atteint en 1997 :

- 79 départements disposent aujourd'hui d'un centre spécialisé de soins aux toxicomanes permettant la dispensation de méthadone ;

- les départements qui ne disposent pas de centre spécialisé sont souvent des département à forte composante rurale qui organisent un mode de prise en charge fondé sur un travail en réseau entre médecins généralistes, travailleurs sociaux, hôpitaux et centres de soins des départements limitrophes.

En juin 1997, près de 4.500 personnes bénéficiaient d'un traitement par la méthadone et près de 38.000 personnes d'un traitement par le Subutex.

· Les réseaux toxicomanie/ville/hôpital

Les 50 réseaux toxicomanie/ville/hôpital qui ont été mis en place visent à assurer la continuité des soins entre les médecins généralistes, les centres spécialisés de soins aux toxicomanes et les différents services hospitaliers concernés par l'accueil des toxicomanes au sein d'un même hôpital. Ils s'inscrivent aussi dans des stratégies de sevrage et de prise en charge avec substitution.

· L'ouverture du secteur hospitalier à la prise en charge des toxicomanes

Cette ouverture hospitalière constitue une priorité qui a été affirmée par de nombreuses directives visant à réserver un certain nombre de lits pour le sevrage des toxicomanes et par la création des réseaux toxicomanie/ville/hôpital. La circulaire du 3 avril 1996 a poursuivi cette politique : elle affirme ainsi que, " du fait de sa mission de service public, l'hôpital doit offrir aux patients toxicomanes les soins médico-psycho-sociaux qu'ils requièrent ".

· La réduction des risques infectieux liés au VIH et aux hépatites

Depuis 1993, dans le cadre de la prévention des risques infectieux, ont été ouvertes pour les toxicomanes les plus marginalisés 25 " boutiques " : ce sont des lieux refuges, ouverts, qui offrent aussi des soins infirmiers de première urgence. Ils dispensent aussi du matériel d'injection stérile et proposent, le cas échéant, une orientation vers le dispositif sanitaire et social.

Toujours dans ce cadre, une campagne de vaccination contre l'hépatite B a été réalisée cette année. Les actions de réduction des risques infectieux (échanges de seringues, automates, préservatifs...) ont aussi été poursuivies en partenariat avec les services de lutte contre le SIDA.

Enfin, en 1997, un programme de réduction des risques liés à l'hépatite C a été engagé. Il prévoit des programmes de recherche, des mesures d'information et de réduction des risques et une stratégie d'information des professionnels.

c) Des mesures de traitement social et de réinsertion

Longtemps, l'approche de la toxicomanie a été réduite à la prise en charge sanitaire et à la répression Or, le phénomène de la toxicomanie a évolué, les problèmes sanitaires s'avérant totalement imbriqués avec les difficultés sociales.

C'est pourquoi le plan triennal de lutte contre la toxicomanie, défini en 1993, a mis aussi l'accent sur la dimension sociale de la prise en charge des toxicomanes. Il s'est notamment traduit par la création de trois " sleep-in ", qui sont des centres d'hébergement de nuit en urgence pour toxicomanes en situation de grande précarité. Ils offrent la possibilité d'une consultation sanitaire et sociale spécialisée.

Cette prise en charge sociale s'est également traduite par des actions de réinsertion des personnes toxicomanes, y compris celles qui sortent de prison.

Vingt-cinq ateliers d'aide à l'insertion offrent ainsi une aide à l'insertion pour les toxicomanes en proposant des remises à niveau scolaires, des activités permettant de recouvrir un sentiment d'estime de soi (chantier humanitaire par exemple) et l'acquisition de compétences pré-professionnelles.

Enfin, en application du plan gouvernemental du 14 septembre 1995, huit quartiers intermédiaires sortants (QIS) ont été créés pour prévenir la récidive et la rechute dans la toxicomanie des toxicomanes sortant de prison.

3. Les crédits de la lutte contre le SIDA sont stabilisés

a) Les crédits budgétaires pour 1998 : une stabilisation en francs constants

Les crédits de la lutte contre le Sida sont décrits, dans le fascicule budgétaire de la santé, de la solidarité et de la ville, par le chapitre 47-18 intitulé " Programmes et dispositifs de lutte contre le Sida ".

Ce chapitre comporte trois articles consacrés aux dépenses non déconcentrées (133 millions de francs, en baisse de 27,2 millions de francs par rapport aux crédits votés en 1997), aux dépenses déconcentrées (316 millions de francs, en hausse de 26 millions de francs par rapport aux mêmes crédits) et aux dépenses des consultations de dépistage (23,6 millions de francs, volume identique à celui qui avait été voté pour 1997).

Les crédits du chapitre 47-18 s'élevaient, en 1997, à 474 millions de francs. Dans le projet de loi de finances pour 1998, ces crédits font l'objet d'une très légère baisse de 1,2 million de francs. Mais il faut tenir compte du fait que 5,2 millions de francs précédemment inscrits à ce chapitre au titre de l'action du Réseau national de santé publique en matière de surveillance de la contamination par le VIH sont, cette année, directement affectés à l'article 80 (RNSP) du chapitre 47-12.

Au total, donc, les crédits de la lutte contre le SIDA progressent d'un peu moins d'un pour cent, soit une stabilisation en francs constants. Cette stabilisation des crédits correspond à celle de la progression de l'épidémie.

UTILISATION DES CRÉDITS DE LA LUTTE CONTRE LE SIDA

Bilan 1995

Bilan 1996

Projections 1997

DEPISTAGE ANONYME ET GRATUIT

18.225.976

28.518.650

23.600.000

ETUDES/EPIDEMIOLOGIE

12.245.422

13.070.401

12.500.000

PREVENTION

205.903.705

236.194.888

249.153.570

dont

actions proximité (n.c. usag. drogue)

75.024.620

88.991.987

90.000.000

réduction des risques usage drogue

40.756.898

53.548.355

64.000.000

1er décembre

9.000.448

9.914.785

9.914.785

information dont Sida info service

36.526.111

38.354.447

42.353.314

communication

44.595.628

45.385.314

42.885.314

FORMATION

29.891.339

27.035.229

27.035.229

PRISE EN CHARGE EXTRA HOSPITALIERE

119.566.714

155.026.154

161.711.201

dont

soutien aux malades

34.062.121

41.140.972

41.140.972

aide à la vie quotidienne

33.977.470

46.960.939

52.000.000

hébergement

48.196.450

61.354.014

63.000.000

réseau ville hôpital

3.330.673

5.570.229

5.570.229

TOTAL

385.833.156

449.845.322

474.000.000

Source : ministère de l'emploi et de la solidarité

b) La situation de l'épidémie : une régression importante du nombre de nouveaux cas et de la mortalité

En France le système de surveillance du Sida a été mis en place en 1982 et repose sur la déclaration obligatoire faite par les praticiens depuis 1986.

Au 30 juin 1997, 46.032 cas cumulés de Sida (45.320 adultes et 712 enfants) ont été enregistrés depuis le début de l'épidémie : environ les deux tiers sont décédés. Compte tenu de la date de mise en oeuvre de la déclaration obligatoire et de probables sous-déclarations, le nombre total de cas de Sida depuis le début de l'épidémie est en fait estimé entre 52.000 et 56.500 1( * ) et le nombre total de décès entre 33.000 et 36.000.

Le nombre de personnes actuellement atteintes du Sida est ainsi estimé entre 19.000 et 25.000.


Le nombre de nouveaux cas de Sida diagnostiqués a fortement diminué depuis 1995 : il est passé de 6.000 à 4.600 en 1996. Cette diminution s'est poursuivie au premier semestre 1997, avec une estimation de 1.600 2( * ) nouveaux cas diagnostiqués, mais la baisse est plus faible qu'en 1996 (- 17 % par rapport au semestre précédent).

Le nombre de décès de personnes atteintes du Sida diminue également : il est passé de 4.600 en 1995 à 3.400 3( * ) en 1996. Cette diminution s'est confirmée au premier semestre 1997, avec une estimation d'environ 800 décès, soit une diminution de 40 % par rapport au semestre précédent.

La diminution importante du nombre de cas au second semestre 1996 a été observée dans les trois principaux groupes de transmission, malgré des évolutions globales différentes.

Chez les homosexuels/bisexuels , le nombre de nouveaux cas de Sida, qui s'était stabilisé depuis 1991 autour de 2.500 nouveaux cas par an, était estimé à environ 1.100 1 en 1996. C'est dans ce groupe que la diminution du nombre de cas est la plus forte (- 36 % entre les deux semestres de 1996 et - 31 % entre le premier semestre 1997 et le semestre précédent).

Chez les personnes contaminées par voie hétérosexuelle, le nombre de nouveaux cas a augmenté jusqu'en 1994 (près de 1.500 cas) et n'a commencé à diminuer qu'en 1996 ; le nombre de cas diagnostiqués en 1996 est estimé à 1.300. Le taux de la diminution observée entre les deux semestres 1996, puis entre le premier semestre 1997 et le second de 1996 sont identiques et s'établissent à 21 %.

Il faut prendre garde, dans l'interprétation de ces chiffres, à ne pas encourager tacitement un relâchement de l'effort de prévention ; en effet, la diminution des cas de Sida observée ne reflète pas l'évolution des nouvelles contaminations, mais est la conséquence des nouvelles associations d'anti-rétroviraux dans la prise en charge thérapeutique des personnes séropositives.

B. LES PROGRAMMES DE LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME ET LE TABAGISME SONT NÉGLIGÉS

Les crédits de la lutte contre l'alcoolisme et contre le tabagisme font l'objet d'une présentation globale dans le fascicule budgétaire " santé, solidarité et ville ".

Inscrits au chapitre 47-17 intitulé " Programmes et dispositifs de lutte contre l'alcoolisme ", ils ne font pas l'objet d'une autre ventilation que celle entre dépenses déconcentrées et non déconcentrées.

Un tel artifice de présentation ne parvient pas à masquer l'indigence des interventions publiques pour lutter contre ces deux grands fléaux, qui recevront en 1998 une enveloppe de 185 millions de francs, en progression de 0,7 %, soit une diminution en francs constants.

Au sein de cette enveloppe, 2,9 millions de francs seraient affectés à la lutte contre le tabagisme et 182,1 millions de francs à la lutte contre l'alcoolisme.

1. La lutte contre l'alcoolisme : un effort qui n'est pas à la mesure de l'enjeu

a) Malgré une diminution globale de la consommation d'alcool, l'alcoolisme demeure un fléau sanitaire et social préoccupant

Les études de la consommation d'alcool en France montrent une décroissance importante et continue au sein de l'ensemble de la population.

Ainsi, la consommation moyenne annuelle d'alcool par adulte de 20 ans ou plus a connu l'évolution suivante (en litres) :

1985

19,9

1987

19

1989

18,6

1991

17,8

1992

17,7

Source : INSEE

Pour 1994, cette consommation a été évaluée à 13,51 litres par adulte ; toutefois, les statistiques ne tiennent plus compte de la consommation d'alcool pur relative aux boissons distillées.

Cette baisse importante s'accompagne d'une modification des comportements : la consommation importante et régulière adulte (7 à 8 verres par jour) a diminué, au cours de la décennie 1980 de 3 % chez les hommes et de 24 % chez les femmes.

On assiste corrélativement à une baisse importante de la mortalité directe par alcoolisme chronique (diminution de 29 % entre 1980 et 1987 et de 14 % entre 1987 et 1994). De même, une part non négligeable de la diminution du nombre d'accidents de la route résulte de la diminution de l'incidence des états alcooliques au volant.

Chez les jeunes, toutefois, l'on note une évolution inquiétante : selon une enquête effectuée en 1996 par l'Institut Louis Harris, à la demande du Comité Français d'Education pour la Santé, sur la consommation de boissons alcoolisées des jeunes âgés de 12 à 18 ans, 42 % des adolescents interrogés déclaraient avoir déjà consommé de l'alcool. Surtout, 71,5 % des jeunes âgés de 18 ans se présentaient comme des consommateurs réguliers.

En fait, la diminution de la consommation d'alcool chez les adultes ne saurait dissimuler le fait que l'alcoolisme demeure un fléau sanitaire prégnant et grave : on considère ainsi que 5 millions de Français font une consommation d'alcool excessive. Et les ravages de l'alcool ne sauraient être appréciés à la seule aune des causes de mortalité masculine : il faut aussi mesurer l'impact de l'alcool dans la morbidité des hommes et des femmes, les phénomènes de violence familiale ou sociale et de précarisation économique des consommateurs d'alcool et de leur famille.

Ainsi, l'alcool a été reconnu comme premier déterminant de santé par 19 conférences régionales de santé en 1997.

b) Les crédits d'Etat apportent un soutien insuffisant au dispositif spécialisé de lutte contre l'alcoolisme

En 1997, les crédits de concentrés inscrits à l'article 20 du chapitre 47-17 ont été utilisés pour financer le dispositif permanent de prévention de l'alcoolisme, qui repose sur les Centres d'Hygiène Alimentaire et d'Alcoologie (CHAA) et les comités départementaux de prévention de l'alcoolisme.

Les crédits non déconcentrés inscrits à l'article 10 du même chapitre ont été utilisés de la manière suivante :

- subvention aux mouvements d'anciens buveurs et aux associations oeuvrant dans le domaine de la lutte antialcooliques :

4,2 MF

- évaluation de la loi Evin (cf. Supra) :

0,4 MF

- programme d'intérêt commun DGS/INSERM :

0,5 MF

- enquêtes :

0,13 MF

2. La politique de lutte contre le tabagisme : un désengagement financier quasi total, une délégation contestable de l'action

Les crédits de la politique de lutte contre le tabagisme s'élèveraient, selon le rapport de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, à 2,9 millions de francs pour 1998.

Cette somme peut être mise en rapport avec les quelque 50 milliards de francs acquittés annuellement par les fumeurs au titre des droits de consommation sur le tabac : 0,006 % sont ainsi réaffectés par le budget de l'Etat à la lutte contre le tabagisme.

Comme l'a affirmé notre collègue Charles Descours, au cours du débat sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998, un tel rapport souligne la nécessité d'instituer une taxe de santé publique sur les tabacs directement affectée à l'assurance maladie, sans passer par le budget de l'Etat.

a) La consommation de tabac, en baisse, demeure cependant importante malgré la hausse des prix

Les statistiques sur la consommation de tabac montrent une décroissance significative depuis le début de la décennie : le nombre de cigarettes consommées par personne et par jour par les plus de 15 ans est ainsi passé en sept ans de six à cinq cigarettes.

Cette diminution doit être attribuée à une modification des comportements et jugements vis-à-vis du tabac, mais aussi à la hausse des prix engagée depuis le vote de la loi n° 91-32 du 10 janvier 1991 relative à la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme. Les prix du tabac ont ainsi augmenté de 5 % en 1991, 10 % en 1992, 12,1 % et 6,3 % en 1993, 12,4 % et 7 % en 1994, de 6 % en 1995 et 3 % en 1996.

La consommation de tabac demeure dépendante de l'activité professionnelle et du milieu social.

Ainsi, si 40 % des hommes fument, on enregistre des variations importantes en fonction des catégories socioprofessionnelles : les ouvriers sont ainsi les plus nombreux à fumer (16 % de plus que la moyenne) alors que les cadres supérieurs et les agriculteurs sont par contre très en dessous de la moyenne (respectivement moins 23 % et moins 21 %). Chez les adultes de 18 ans et plus, la proportion des fumeurs (hommes et femmes) est passée de 1974 à 1994 de 42 % à 34 %. Si l'on affine par sexe, la baisse est beaucoup plus sensible chez les hommes puisque la proportion de fumeurs diminue de 59 % à 40 % alors que pour les femmes, cette proportion a régulièrement augmenté de 28 % en 1974 à 35 % en 1991, année à partir de laquelle ce chiffre est régulièrement en baisse.

Chez les jeunes de 12 à 18 ans, la proportion de fumeurs est encore importante : 31,2 % ont ainsi une consommation régulière. Cependant, leur nombre a sensiblement baissé depuis 1977, date à laquelle 48 % des garçons et 43 % des filles fumaient.

b) Le Comité national de lutte contre le tabagisme, association à laquelle l'Etat a délégué la politique de lutte contre le tabagisme, bénéficie de l'essentiel des crédits

En 1997, les crédits de la lutte contre le tabagisme s'élevaient à 1,9 million de francs.

Sur ces 1,9 million de francs, 1,6 million de francs ont été attribués à une association, le Comité national de lutte contre le tabagisme, qui est financée à la fois par l'Etat et l'assurance maladie.

La moitié de la subvention de l'Etat est destinée au soutien de l'activité judiciaire de cette association. Elle mène, en effet, une action soutenue contre la publicité illégale en faveur du tabac, et pour le respect de l'interdiction de fumer dans les lieux publics et à usage collectif.

En effet, la loi du 10 janvier 1991 a autorisé les associations déclarées depuis plus de cinq ans et dont l'objet est la lutte contre le tabagisme à se porter partie civile à l'encontre des infractions relatives à l'interdiction de publicité.

L'autre moitié de la subvention versée par l'Etat est consacrée à la réalisation d'un certain nombre d'enquêtes autour du tabac et à des activités de prévention, telles que la création de supports pédagogiques diffusés en milieu scolaire ou auprès des femmes enceintes.

Si elle ne dispose pas de beaucoup d'informations sur l'activité de cette association, la réponse au questionnaire budgétaire (" Relations entre l'Etat et le CNCT - Contrôle de l'utilisation des subventions reçues et de la politique menée par le CNCT ") n'étant pas très détaillée, votre commission estime choquant que l'action publique en matière de lutte contre le tabagisme soit quasi exclusivement déléguée au CNCT .

En effet, hors subvention au CNCT, les 300.000 francs de crédits budgétaires restants ont été affectés :

- pour 100.000 francs à l'OMS,

- pour 200.000 francs à l'évaluation de la loi Evin.

A cet égard, votre commission estime que, compte tenu de la modicité des crédits de la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme, les sommes globalement consacrées à l'évaluation d'une loi sont très importantes.

3. Un point positif : le Gouvernement exclut toute remise en cause de la loi dite " Evin " à l'occasion de la Coupe du monde de football

a) Il n'y aura pas de publicité en faveur de boissons alcoolisées en France lors de la Coupe du monde

Selon le Gouvernement, en effet, aucune dérogation aux dispositions de la loi Evin ne sera accordée, à l'occasion de la Coupe du monde de football en 1998, aux fins d'autoriser la publicité à la télévision pour les boissons alcooliques, au profit de la marque de bière Budweiser commercialisée par la société américaine Anheuser-Bush, lors de la retransmission des compétitions.

La Société Anheuser-Bush avait déposé une plainte contre la France auprès de la Commission européenne. Celle-ci avait ouvert une procédure d'infraction concernant les restrictions au parrainage des producteurs de boissons alcoolisées prévues par la loi française, pour caractère disproportionné de cette mesure par rapport au but poursuivi et entrave à la liberté des services. Selon le ministère, " la Commission européenne a informé la France du classement de l'affaire, en raison des arguments relatifs à la protection de la santé publique invoqués par nous ".

Le ministère indique aussi que " le contrat de parrainage entre la FIFA et la Société Anheuser-Bush ayant été conclu postérieurement à l'adoption de la loi n° 91-32 du 10 janvier 1991 et en toute connaissance de celle-ci, la responsabilité des pouvoirs publics ne saurait être engagée.

La Société Anheuser-Bush et ses représentants peuvent, néanmoins, faire appel aux nouvelles techniques dites " d'incrustation " leur permettant de faire de la publicité à l'occasion de la retransmission des matches en direction des pays étrangers qui l'acceptent, sous réserve que cette publicité n'apparaisse pas sur les écrans des chaînes françaises
".

b) La définition de législations relatives à la limitation de la publicité en faveur de l'alcool et du tabac dans l'Union européenne est en bonne voie

Il est prévu, dans le cadre de l'évaluation de la loi n° 91-32 du 10 janvier 1991 relative à la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme, de procéder à des comparaisons internationales en ce qui concerne les réglementations applicables en matière de publicité pour le tabac et l'alcool. Ces données devraient être disponibles au mois de juin 1998.

* Publicité en faveur du tabac

Il existe, depuis plusieurs années, une proposition de directive de la Commission des communautés européennes qui propose l'interdiction totale de la publicité pour le tabac et du parrainage concernant les produits du tabac. La France a bien entendu soutenu ce projet de directive. Le dossier est actuellement inscrit prioritairement par la présidence luxembourgeoise au programme du groupe " Santé " : en effet, il semblerait, selon le ministère, que l'évolution des positions des délégations sur le principe de l'interdiction totale puisse permettre l'aboutissement du projet. Pour la France, l'adoption de la proposition de directive de la Commission apporterait les bases juridiques nécessaires pour lutter contre l'importation des publications et d'autres supports contenant de la publicité pour le tabac.

D'ores et déjà, la directive 89/552/CEE du Conseil (modifiée par la directive 97/36/CE du Parlement européen et du Conseil) visant à la coordination de certaines dispositions législatives, réglementaires et administratives des Etats membres relatives à l'exercice d'activités de radiodiffusion télévisuelle interdit la publicité télévisée et le télé-achat pour les cigarettes et les autres produits du tabac.

Et tous les Etats membres de l'Union européenne ont adopté des mesures légales ou déontologiques restreignant ou interdisant la publicité en faveur du tabac et des produits du tabac. Parmi eux, cinq pays (la France, la Finlande, la Belgique, l'Italie et le Portugal) imposent une interdiction totale de publicité pour le tabac.

* La publicité en faveur de l'alcool

En ce qui concerne la publicité pour l'alcool, la situation des réglementations dans les Etats membres de l'Union européenne est beaucoup plus disparate.

La directive 89/552/CE du Conseil (modifiée par la directive 97/36/CE du Parlement européen et du Conseil) visant à la coordination de certaines dispositions législatives, réglementaires et administratives des Etats membres relatives à l'exercice d'activités de radiodiffusion télévisuelle réglemente déjà le contenu de la publicité et du télé-achat pour les boissons alcooliques.

En outre, tous les pays ont mis en place des mesures visant la publicité pour l'alcool, soit pour l'interdire, totalement ou partiellement, soit pour réglementer ses supports ou son contenu.

III.  UN FONDS DE RESTRUCTURATION HOSPITALIÈRE EST MIS EN PLACE, MAIS LES CONDITIONS DE L'ADAPTATION DU TISSU HOSPITALIER NE SONT PAS RÉUNIES

A. LA CRÉATION D'UN FONDS D'INVESTISSEMENT POUR LA MODERNISATION DES HÔPITAUX

1. Le contexte : l'extinction progressive des subventions sanitaires

Les crédits du chapitre 66-11, intitulé " Subventions d'équipement sanitaire ", connaissent depuis plusieurs années une baisse très importante en loi de finances initiale, accentuée le plus souvent en cours d'année par des annulations de crédits.

Si l'on a pu regretter, dans le passé, la brutalité du désengagement de l'Etat, cette évolution est naturelle compte tenu du niveau de l'offre hospitalière et pour encourager l'autofinancement au sein des établissements.

Les crédits du chapitre 66-11 ont ainsi diminué, de 1995 à 1997, de 547 millions de francs à 124,8 millions de francs en autorisations de programme et de 414 millions de francs à 241 millions de francs en crédits de paiement.

Cette année encore, les crédits de l'article 66-11 diminuent fortement, puisque les autorisations de programme ne représentent plus que 46 millions de francs et les crédits de paiement 125 millions de francs.

2. Le fonds d'aide à l'adaptation des établissements hospitaliers : une bonne initiative, mais une mise en oeuvre décevante

Afin de faciliter les restructurations hospitalières, le Gouvernement a toutefois décidé la création de deux fonds hospitaliers.

Le premier, qui couvrira le volet social des restructurations, est institué par le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998. Doté de 300 millions de francs, il prendra en charge des aides à la mobilité et à la formation des personnels hospitaliers. A la suite d'un amendement adopté à l'Assemblée nationale, ces aides pourront profiter, non seulement aux agents de la fonction publique hospitalière, mais aussi aux personnels des établissements privés de santé lorsque ces derniers fusionnent avec un établissement public. Votre commission aurait souhaité que, dans un souci d'égalité, tous les personnels des établissements de santé privés puissent en bénéficier. Elle a également critiqué la modicité des dotations de ce fonds, et aurait préféré, à dépenses constantes, un taux d'évolution des dépenses hospitalières inférieur à celui qui est prévu par le Gouvernement, mais un fonds mieux doté.

Le second fonds que le Gouvernement entend créer est inscrit dans le projet de loi de finances pour 1998. Il se traduit par la création d'un nouveau chapitre budgétaire au sein du budget de la santé, de la solidarité et de la ville, qui est intitulé " Fonds d'aide à l'adaptation des établissements hospitaliers " (chapitre 66-12). Ce fonds sera chargé d'accorder des aides à l'investissement pour les hôpitaux qui ont décidé d'entreprendre une restructuration.

Votre commission approuve cette initiative : mieux vaut en effet concentrer les interventions publiques sur des projets structurants facilitant l'adaptation du tissu hospitalier plutôt que procéder à un saupoudrage de subventions aux investissements hospitaliers en tant que tels.

Si l'initiative est heureuse, la mise en oeuvre est beaucoup plus contestable
.

D'une part, le fonds ainsi créé est insuffisamment doté : il bénéficie de 500 millions de francs en autorisations de programme et de 150 millions de francs. De tels crédits ne permettront à l'évidence que de subventionner un tout petit nombre d'opérations.

D'autre part, les modalités d'intervention de ce fonds sont très peu transparentes.

Ainsi, votre commission ne connaît pas, par exemple, l'autorité qui décidera des interventions du fonds : chaque directeur régional d'agence régionale de l'hospitalisation se verra-t-il attribuer une enveloppe (et si oui, en fonction de quel(s) critère(s) de répartition) ou bien les aides seront-elles décidées au niveau national ?

Elle ne connaît pas plus l'étendue du champ des établissements bénéficiaires : les interventions du fonds seront-elles réservées aux établissements publics de santé ? Les établissements privés pourront-ils en bénéficier et si oui, devront-ils (comme c'est le cas pour le fonds social) se regrouper avec des établissements publics de santé ?

Compte tenu de l'importance des opérations de restructuration, notamment en termes d'emplois, dans les villes concernées, les aides du fonds seront naturellement très recherchées.

Eu égard au manque d'information et de transparence qui préside à la création de ce fonds, votre commission sera très vigilante en cours d'exécution du budget aux conditions d'intervention de ce fonds.

B. LES CONDITIONS DE L'ADAPTATION DU TISSU HOSPITALIER NE SONT PAS RÉUNIES

1. La faiblesse des dotations du fonds d'investissement : un bon indicateur de l'ampleur limitée des restructurations en 1998

S'il est un point sur lequel on ne peut accuser le Gouvernement de manquer de cohérence, c'est bien d'avoir fixé le niveau des crédits du fonds d'aide à la restructuration des hôpitaux en fonction du nombre de restructurations qu'il entend engager en 1998.

Le texte du rapport annexé au projet de loi de financement de la sécurité sociale, comme les propos ministériels, sont assez clairs à cet égard : 1998 risque bien d'être une " année blanche " dans l'indispensable mouvement d'adaptation du tissu hospitalier.

Les opérations de restructurations n'interviendront en effet qu'à la suite de la refonte des schémas régionaux d'organisation sanitaire que le Gouvernement a décidé d'entreprendre.

Elle sera achevée, dans le meilleur des cas, à la fin de l'année 1998 : les opérations fondées sur la base de ces schémas ne pourront donc commencer, au mieux, que dans le courant de l'année 1999.

2. La prise en charge des exclus par les établissements de santé : des crédits en baisse d'un tiers

Alors que le Gouvernement entend faire de la lutte contre l'exclusion une priorité de son action, les crédits de l'article 40 du chapitre 47-11 (" Interventions sanitaires en direction de publics prioritaires) sont diminués d'un tiers dans le projet de loi de finances pour 1997.

Les crédits de ce chapitre sont notamment destinés aux établissements qui entreprennent des actions en faveur des exclus.

Votre commission regrette que des personnes dont l'accès aux soins est difficile, voire inexistant en l'absence de structure spécialisée de prise en charge, soient ainsi victimes d'une réduction aussi brutale des crédits qui leur sont destinés.

3. L'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) : une institution prometteuse, mise en place avec retard

Clef de voûte de la réforme hospitalière, l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) a été créée par l'ordonnance du 24 avril 1996 portant réforme de l'hospitalisation publique et privée. Il s'agit d'un établissement public de l'Etat à caractère administratif placé sous la tutelle du ministère de la santé. Le décret n° 97-311 du 7 avril 1997 a précisé son organisation et ses missions. Elle reprend, en les élargissant considérablement, celles de l'Agence nationale pour le développement de l'évaluation médicale (ANDEM), association relevant de la loi du 1er juillet 1901.

Au titre de sa mission d'évaluation, qui concerne les domaines ambulatoires et hospitaliers, l'ANAES est notamment chargée d'élaborer ou de valider des recommandations de bonne pratique pour la prévention, le diagnostic ou la thérapeutique et d'élaborer ou de valider des méthodes d'évaluation. L'Agence doit également donner un avis sur les biens et services remboursables par l'assurance maladie, à l'exception du médicament.

L'ANAES a également une mission d'accréditation des établissements et, le cas échéant, des services hospitaliers : l'ordonnance dispose que tous les établissements de santé devront avoir engagé une procédure d'accréditation dans un délai de cinq ans.

Pour ce faire, l'ANAES doit dès maintenant mettre au point les méthodes d'accréditation, élaborer le manuel d'accréditation et effectuer des tests auprès d'un échantillon d'établissements de santé afin que les premières procédures d'accréditation puissent être entreprises dans le courant de l'année 1998.

L'ANAES est administrée par un conseil d'administration qui, selon les termes de l'ordonnance du 24 avril 1996, réunit à hauteur d'au moins 50 % des voies délibératives des médecins et de 25 % au plus des représentants de l'Etat, des organismes d'assurance maladie et des organismes mutualistes. Elle dispose d'un conseil scientifique, composé d'une section de l'évaluation et d'une section de l'accréditation. Instance d'expertise, de conseil et de proposition, il veille à la cohérence de la politique scientifique de l'Agence : deux arrêtés en date du 28 mai 1997 ont fixé la composition de ces instances.

Un directeur général, nommé par arrêté du ministre chargé de la santé après avis du conseil d'administration, assure enfin la gestion et la conduite générale de l'Agence. Il est assisté d'un secrétaire général lui-même nommé par arrêté du ministre chargé de la santé.

Les recettes de l'ANAES, pour 1997, proviennent essentiellement d'une subvention de l'Etat à hauteur de 26 millions de francs et d'une dotation globale versée par les caisses de l'Etat pour un montant de 61 millions de francs.

Les crédits de l'ANAES sont inscrits à l'article 70 du chapitre 3681 consacré aux établissements nationaux à caractère sanitaire et social. Ils s'élèvent, pour 1998, à 37,3 millions de francs, soit une progression de plus de 43 % par rapport aux crédits votés en 1997 . Cette augmentation de crédits est nécessaire à la montée en charge de l'Agence et, notamment, au recrutement de professionnels chargés de l'accréditation qui visiteront progressivement tous les établissements de santé.

4. Les mauvais procès faits aux agences régionales de l'hospitalisation

Notre collègue Charles Descours, dans son rapport sur le projet de loi de financement, s'est déjà élevé contre les critiques à peine voilées adressées au plus haut niveau à l'égard de l'activité des agences régionales de l'hospitalisation, dont le fonctionnement serait insuffisamment " démocratique ".

Ces critiques, qui sont de nature à remettre en cause la crédibilité des directeurs d'agence et les décisions qu'ils prennent, ont leur pendant budgétaire : elles sont également inopportunes. Chacun sait bien en effet que les agences régionales de l'hospitalisation sont les premières institutions dont la création a voulu traduire la volonté d'une politique active de restructuration : c'est la force de ces agences, mais c'est aussi leur faiblesse, compte tenu de l'importance des intérêts en cause.

Les recettes portées au budget des agences régionales de l'hospitalisation proviennent, pour une part de l'Etat et, pour l'autre part, de l'assurance maladie.

Pour 1997, les crédits votés au titre de la contribution de l'Etat (dépenses de personnel et de fonctionnement) se sont élevés à 97,7 millions de francs.

Dans le projet de loi de finances pour 1998, les crédits des agences sont inscrits à l'article 10 du chapitre 47-19 : ils s'élèvent à 102,7 millions de francs, en progression de 5,1 %.

Les critiques adressées aux agences régionales, sur un plan budgétaire, ont trait aux conditions de rémunération de leurs directeurs. Le rapporteur de la commission des finances de l'Assemblée nationale, M. Jérôme Cahuzac, y consacre ainsi près de six pages de son excellent rapport. Plus exactement, ces six pages sont quasi exclusivement consacrées à l'analyse d'un contrat d'un directeur d'agence.

La tâche des directeurs d'agence est particulièrement difficile : c'est pourquoi l'Etat a souhaité bénéficier du concours de personnalités compétentes et expérimentées, et il a choisi d'en assumer le prix.

Votre commission estime que c'est à l'aune des performances des directeurs et de la réussite de leur entreprise que devra être jugée la pertinence de ce choix. Tout autre débat, sur la nécessité ou non d'une voiture de fonction ou d'un véhicule de service, peut être qualifié de secondaire.

5. L'urgence de mesures en direction des praticiens hospitaliers

Depuis de nombreuses années, votre rapporteur dénonce avec constance la menace de sous-médicalisation qui pèse sur certains services ou établissements hospitaliers.

Elle concerne plus particulièrement certaines disciplines (anesthésie, obstétrique, chirurgie...) et les établissements de santé de taille petite ou moyenne.

Votre rapporteur ne reviendra pas sur l'analyse de ce grave problème, qui a été faite longuement dans les rapports budgétaires des cinq dernières années. Il se félicite qu'une prise de conscience semble s'être réalisée au cours des derniers mois, mais souligne l'urgence d'une politique active visant, d'une part, à orienter les futurs médecins vers les spécialités dont notre système de soins a besoin et, d'autre part, à rendre plus attractifs le statut et la carrière de praticien hospitalier.

Faute de quoi, le risque est grand de voir se généraliser des " restructurations silencieuses " d'établissements de santé, contraints de cesser tout ou partie de leur activité, non parce qu'elle ne répond pas aux besoins de la population, mais parce qu'aucun médecin n'est prêt à les exercer.

Les trois volets de la politique de santé examinés dans le présent rapport témoignent du manque de cohérence de l'action gouvernementale telle qu'elle se traduit dans les crédits de la santé ouverts par le projet de loi de finances pour 1998. Aussi, votre commission a émis un avis défavorable à l'adoption de ces crédits.



1 Compte tenu des cas qui ne sont pas déclarés et du délai qui existe entre le diagnostic et la notification du cas

2 Compte tenu des cas qui ne sont pas déclarés et du délai qui existe entre le diagnostic et la notification du cas.

3 Compte tenu des décès qui ne sont pas déclarés et du délai qui existe entre le décès et la notification du décès.


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