Avis n° 87 Tome IV - Projet de loi de finances pour 1998 - Industries agricoles et alimentaires
M. Aubert GARCIA, Sénateur
Commission des Affaires économiques et du Plan - Avis n° 871997/1998
Table des matières
-
CHAPITRE IER -
LES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES EN 1996 -
CHAPITRE II -
LE COMMERCE EXTÉRIEUR :
UN NOUVEAU RECORD EN 1996 -
CHAPITRE III -
LA POLITIQUE CONDUITE PAR LES POUVOIRS PUBLICS-
I. LES GRANDES ORIENTATIONS DES POUVOIRS PUBLICS
- A. UNE POLITIQUE EN FAVEUR DE LA SÉCURITÉ ET DE LA QUALITÉ ALIMENTAIRES
- B. LE BILAN DE LA LOI DU 1ER JUILLET 1996 SUR LA LOYAUTÉ ET L'ÉQUILIBRE DES RELATIONS COMMERCIALES
- C. FAVORISER LA POLITIQUE D'EXPORTATION DE L'INDUSTRIE AGRO-ALIMENTAIRE
- D. LES ORGANISMES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS : UNE QUESTION DÉLICATE
- E. UN EXEMPLE DE DÉVELOPPEMENT DES VALORISATIONS NON ALIMENTAIRES DE PRODUCTIONS AGRICOLES : LES BIOCARBURANTS
- II. L'EXAMEN DES CRÉDITS
-
I. LES GRANDES ORIENTATIONS DES POUVOIRS PUBLICS
- EXAMEN PAR LA COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME IV
INDUSTRIES AGRICOLES ET ALIMENTAIRES
Par M. Aubert GARCIA,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe François,
Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis
Minetti,
vice-présidents
; Georges Berchet, William Chervy,
Jean-Paul Émin, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard
Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer,
Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat,
Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere,
Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe
Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert
Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis
Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson,
Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond
Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber
Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni,
Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard
Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul
Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger
Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan,
Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
3
)
(1997-1998).
Lois de finances. |
Mesdames, Messieurs,
L'avis consacré par votre commission aux industries agro-alimentaires
est l'occasion, comme chaque année, d'une part de dresser le bilan de
l'année écoulée pour le premier secteur de l'industrie
française, et d'autre part d'examiner l'évolution des dotations
budgétaires que l'État lui consacre.
S'agissant de l'évolution du secteur au cours de l'année
écoulée, l'industrie alimentaire a confirmé la reprise
amorcée en 1993 et ce malgré une année difficile en raison
de la crise de l'encéphalopathie spongiforme bovine.
Ainsi la
production a augmenté comme en 1996 de 1,8 % en volume
. Ce
résultat permet de retrouver un rythme supérieur à la
moyenne annuelle sur longue période depuis 1980 (1,4 %).
Par rapport à 1995, la consommation des ménages a
progressé moins rapidement et la croissance des exportations a
été nettement plus faible. En effet, les exportations qui
jouaient traditionnellement un rôle moteur pour la production ont connu
le plus faible taux de croissance en volume depuis 1982 (+ 0,6 %).
Elles ont même reculé pour les viandes, les produits laitiers, les
corps gras, le sucre et les boissons.
Néanmoins, la baisse des importations en volume a favorisé les
produits français et a permis d'atteindre
un excédent
commercial record de 58 milliards de francs.
Ainsi depuis une
trentaine d'années, le commerce extérieur agro-alimentaire est en
forte expansion en France. L'essor des exportations de produits
" bruts " (céréales) a été remarquable
dans l'hexagone. Le commerce des biens " transformés "
(vins,
cognac, fromages) s'est développé dans les proportions encore
plus fortes que dans les autres Etats membres.
Cette double
spécialisation a permis à la France de s'affirmer comme l'un des
premiers exportateurs mondiaux de produits agro-alimentaires.
Votre rapporteur pour avis tient à souligner que l'amélioration
du solde commercial des industries agro-alimentaires est en partie due aux
effets de la crise de la " vache folle " et notamment à
l'embargo sur la viande bovine britannique. Par ailleurs, notons que les
résultats du premier semestre 1997 ont confirmé ceux de 1996 avec
un excédent de 29,8 milliards de francs soit 7 milliards de
plus que celui dégagé un an plus tôt.
Ce bilan positif est en contraste avec la situation de l'emploi
qui a
continué à se détériorer à un rythme
néanmoins plus lent qu'au début des années 90.
L'emploi dans l'agro-alimentaire a reculé de 1 % en 1996, à
l'instar de 1995 alors qu'il avait baissé de 1,7 % en moyenne
annuelle sur la période 1990-1993.
Votre rapporteur pour avis avait indiqué, l'an passé, que
l'avenir de l'industrie agro-alimentaire en 1996 serait largement
conditionné par la réponse apportée à quatre grands
enjeux
: le développement d'une politique de qualité, la
réforme de l'ordonnance de 1996 sur les relations avec la grande
distribution par la loi du 1er juillet 1996, l'adaptation aux
contraintes de l'OMC et aux nouvelles évolutions internationales et le
souci d'une meilleure intégration des préoccupations
environnementales dans la stratégie des entreprises agro-industrielles.
Parmi ces défis auxquels doivent faire face les industries
alimentaires en France, deux d'entre eux ont été, au cours de ces
derniers mois, au coeur de l'actualité.
Il s'agit tout d'abord des relations entre l'industrie agro-alimentaire et la
grande distribution
. La réforme en 1996 de l'ordonnance de 1986 a
été primordiale car elle tend à favoriser
l'établissement de relations commerciales plus équilibrées
entre clients et fournisseurs.
Le texte adopté par le Parlement n'est entré en vigueur qu'au
début de cette année : il est donc prématuré de
dire dès maintenant si le point d'équilibre a été
trouvé. Néanmoins de nombreux indices permettent d'estimer que
ces nouvelles dispositions légales favoriseront le retour à la
transparence et à la vérité des prix et poseront à
terme les bases d'un dialogue plus équilibré et plus
fécond entre l'industrie agro-alimentaire et la distribution.
Le second défi majeur auquel l'industrie agro-alimentaire a dû
faire face en 1996 et 1997 est apparu à l'occasion de la crise dite de
la " vache folle ".
Outre ses conséquences dramatiques
pour l'ensemble des producteurs et l'industrie de la viande, c'est l'ensemble
de l'industrie alimentaire qui a été confronté à
l'exigence d'une sécurité alimentaire renforcée.
C'est d'ailleurs dans ce contexte général de crise de confiance
du consommateur que sont intervenues au niveau européen les
premières autorisations de mise sur le marché d'organismes
génétiquement modifiés. Ainsi, plus que jamais,
les
problèmes de sécurité sanitaire sont au coeur du
développement des industries alimentaires
.
Au-delà des mesures à court terme, la réorganisation des
services du Ministère de l'Agriculture, le projet de loi relatif
à la qualité sanitaire des denrées destinées
à l'alimentation humaine ou animale présenté par le
précédent Gouvernement et l'examen des conclusions de la
commission des Affaires sociales sur la proposition de loi ayant trait au
renforcement de la veille sanitaire constituent des premières
avancées. En outre, les industriels de l'alimentaire doivent veiller au
bon fonctionnement des dispositifs de précautions et de contrôles
mis en place et renforcer leur stratégie de qualité pour offrir
au consommateur des produits sains.
Par ailleurs, le grand enjeu des années à venir pour le
développement des industries agro-alimentaires est sans aucun doute sa
capacité à exporter
. La croissance du commerce mondial entre
1984 et 1994 a été de 117 % en valeur pour les produits de
l'industrie agro-alimentaire. Les raisons de cette évolution sont
connues : la croissance démographique, l'urbanisation,
l'évolution des habitudes de consommation et la recherche de produits
plus élaborés. Les années à venir seront
marquées par une poursuite de cette évolution voire une
accélération. Mais si de nouveaux marchés vont
émerger, de nouveaux exportateurs vont contribuer à intensifier
la concurrence internationale (Thaïlande, Indonésie, Chili,
Pérou...).
L'industrie alimentaire européenne et française dispose d'atouts
pour relever le défi du marché mondial. Elle s'appuie en effet
sur le premier marché alimentaire mondial, en passe d'être
élargi à l'Europe centrale et orientale, ce qui lui permet de
bénéficier d'effets d'échelle et de l'expérience
issue de l'exportation intra-communautaire. Néanmoins les
États-Unis, qui sont déjà un acteur majeur du commerce
mondial des produits agricoles, sont décidés à occuper
également cette place pour les produits transformés.
Dans ce contexte, la politique d'exportation en Europe est
déterminante.
Elle repose sur un ensemble de mesures
destinées à favoriser la compétitivité des
entreprises et faciliter l'accès aux marchés tiers. Le premier
facteur de compétitivité pour la filière agro-alimentaire
est de bénéficier d'une politique agricole commune performante,
qui ne puisse pas être totalement remise en cause par l'OMC. Or, compte
tenu de l'orientation donnée par les accords du GATT et des exigences
croissantes liées à l'application de cet accord, de nouvelles
réformes sont à attendre, aussi bien pour les secteurs
déjà réformés qu'à plus ou moins long terme
pour les secteurs encore peu touchés.
Il est ainsi impératif de suivre avec vigilance les évolutions
concernant ce secteur d'activité, en prenant bien en compte deux
exigences : l'accroissement de la compétitivité de la
filière et la compatibilité avec les règles de l'OMC.
De plus, et tant qu'il subsistera des écarts de prix entre l'Union
européenne et le marché mondial,
il apparaît
nécessaire de maintenir les mécanismes qui permettent de
sauvegarder ou restaurer la compétitivité des entreprises
exportatrices,
faussée par le soutien des prix agricoles.
Aujourd'hui, les entreprises ne disposent quasiment que d'un outil : les
restitutions à l'exportation. Il faut utiliser les crédits de
restitution permis par le GATT à la pleine hauteur de nos besoins. On
peut y ajouter le régime de perfectionnement actif, à utiliser
avec circonspection, mais qui peut constituer une soupape de
sécurité dans certains secteurs.
En outre, le volet offensif, c'est-à-dire la partie agro-alimentaire
de la politique commerciale extérieure de l'Union européenne,
doit être développé.
L'Union dispose de plusieurs
leviers permettant d'obtenir un meilleur accès aux marchés des
pays tiers : la surveillance des marchés, les accords commerciaux
préférentiels et les négociations à l'OMC. Cette
politique doit viser l'abaissement des barrières tarifaires et non
tarifaires des marchés potentiels jusqu'ici très
protégés. Sur le plan français, il faut considérer
également les outils d'appui à l'exportation. Ces outils
existent. Ils doivent sans doute être mieux coordonnés et
ciblés.
Enfin, il est évident que pour l'exportateur, toutes les étapes
administratives qui constituent l'acte d'exportation doivent fonctionner de la
façon la plus fluide possible, ce qui passe par une bonne
coopération entre l'industrie et l'administration.
C'est dans ce contexte que s'inscrit le projet de budget pour 1998.
Votre commission constate que le projet de budget poursuit la tendance
amorcée depuis une décennie au désengagement de
l'état du financement direct du secteur agro-alimentaire
. En effet,
les crédits d'investissement spécifiquement consacrés aux
industries agro-alimentaires -les crédits de politique industrielle-
poursuivent leur baisse. Les crédits de paiement passent de 188,5
à 173 millions de francs, les autorisations de programmes, avec
150 millions de francs, baissent de plus de 13 %.
Si la dotation de la part régionale de la prime d'orientation agricole
est reconduite en crédits de paiement pour 1998, elle diminue d'environ
16 % en autorisations de programme. La part nationale de la POA est
sacrifiée : elle tomberait de 68,7 à 49,7 millions de francs
en crédits de paiement.
De plus,
les crédits affectés à la SOPEXA connaissent
une diminution sans précédent, de plus de 20 %.
Or ces
crédits revêtent un caractère essentiel pour soutenir les
produits agricoles et alimentaires sur les marchés d'exportation.
Ainsi les industries agro-alimentaires apparaissent de nouveau comme le
parent pauvre de l'effort budgétaire pour l'agriculture
.
Des arbitrages ont, semble-t-il permis de maintenir la dotation de l'Etat au
niveau indispensable pour bénéficier des aides du
FEOGA-Orientation, lesquelles sont conditionnées par l'attribution d'une
aide nationale préalable, de l'Etat ou d'une collectivité locale.
Cependant, il ne reste quasiment pas de marge de manoeuvre pour financer les
projets qui ne s'intègrent ni dans le cadre des contrats de plan ni dans
celui des plans sectoriels communautaires.
L'industrie agro-alimentaire est, certes, une branche industrielle
plutôt prospère
et elle n'est sans doute ni plus ni moins
aidée par la puissance publique que d'autres branches de l'industrie.
Cela dit, s'il ne peut plus s'agir d'accorder des subventions sans limites,
il est parfaitement légitime de revendiquer pour l'industrie
agro-alimentaire une politique d'environnement favorable
, qui
nécessiterait moins, sans doute, de nouveaux crédits,
qu'une
réorientation de ceux qui existent
et, peut-être, une
meilleure prise en compte par le Ministère de l'Agriculture de sa
dimension industrielle.
CHAPITRE IER -
LES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES EN
1996
Confirmant la reprise amorcée depuis 1993, les industries agro-alimentaires ont connu en 1996, une croissance, et ce malgré la crise de la viande bovine.
I. L'ÉVOLUTION GÉNÉRALE
A. LA POURSUITE DE LA PROGRESSION DE LA PRODUCTION
1. La production
Après une augmentation de la production de 1,1 %
en 1994 et de 1,8 % en 1995, la production des industries
agro-alimentaires a augmenté de 1,8 % en volume en 1996, un rythme
supérieur à la moyenne annuelle sur longue période depuis
1980 (1,4 %).
Le phénomène marquant et paradoxal, comme en 1995, a
été la reprise de la production de viandes, activité qui
fournit la principale contribution à la croissance. Ainsi toutes les
industries des viandes, y compris bovine, ont vu leur activité
progresser. Il est à noter que la production de viandes a
augmenté à peu près au même rythme qu'en 1995
malgré une forte diminution de la consommation des ménages. La
chute des importations (- 13,9 %) en raison de l'embargo sur la
viande bovine britannique a, en effet, favorisé les produits d'origine
française.
Toutes les autres activités, à l'exception des boissons et du
sucre, ont, en outre, contribué à la croissance de la production.
La baisse de la production des boissons et alcools en 1996 est essentiellement
due à celle du champagne et de la bière.
En ce qui concerne les produits du travail du grain, les conserves, les
produits laitiers et autres produits divers, ceux-ci ont
bénéficié d'une progression de leur ventes sur le
marché intérieur.
CONTRIBUTION À LA CROISSANCE EN VOLUME DES PRODUITS DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES EN 1996
Sur les seize dernières années,
le taux de croissance de la
production de l'industrie manufacturière a été, en
moyenne, du même ordre de grandeur. En revanche, les évolutions
annuelles ont été fort différentes
.
2. La consommation
Selon l'INSEE, la consommation des ménages en produits
des Industries agro-alimentaires a augmenté de 0,5 % en volume
contre 1,1 % en 1995.
Cette décélération
s'explique uniquement par la forte baisse de la consommation de boeuf
(- 7,6 %).
Ni le porc (+ 0,9 %), ni le mouton
(+ 0,2 %) n'ont vraiment profité de cette baisse. Une viande
beaucoup moins consommée, celle de cheval, a connu la plus forte
augmentation (+ 12,5 %)
mais le véritable report s'est
effectué au profit de la viande de volaille (+ 4 %).
Cette
substitution ne s'est effectuée néanmoins que partiellement : au
total, environ
près de la moitié de la baisse de la
consommation de boeuf ne s'est pas reportée sur les autres viandes
.
A l'exception notable des viandes
, la consommation alimentaire est
restée au moins aussi soutenue qu'en 1995
. Les produits qui en ont
le plus bénéficié sont ceux dont les prix à la
consommation ont faiblement progressé, voire baissé. La demande
en conserves s'est accélérée, notamment en poissons
(+ 2,8 %) et plats cuisinés (+ 3,9 %). Il en a
été de même pour les " autres produits
alimentaires " -le chocolat (+ 2,3 %) et le café
(+ 9,4 %)-. Les achats des ménages en produits du travail du
grain ont continué d'augmenter fortement : biscuits (+ 3,7 %),
semoule (+ 5 %), céréales secondaires
(+ 3,2 %) et aliments pour chiens et chats (+ 3,2 %). Les
ventes aux particuliers sont restées également soutenues pour les
boissons non alcoolisées : sodas (+ 5,4 %) et eaux
minérales (+ 4,3 %). Enfin, la consommation des ménages
en huiles et corps gras s'est redressée (+ 2,7 %) après
sept années consécutives de baisse.
Les prix à la consommation des produits des Industries
agro-alimentaires hors tabac, qui ont augmenté en 1996 de seulement
1 %, ont joué positivement sur le volume de la consommation.
Cette faible augmentation s'inscrit dans une tendance lourde, depuis la fin des
années 1980, de décélération des prix de
détail des produits des Industries agro-alimentaires plus
accentuée que celle de l'ensemble des prix à la consommation
(+ 2 % en 1996).
Ce phénomène résulte de la
conjonction de plusieurs facteurs
: la baisse en amont des prix de certains
produits agricoles ; la vente de produits de marque distributeurs,
meilleur marché, qui incitent les grandes marques à freiner la
progression du prix de leurs produits afin de rester compétitifs ;
enfin la part de plus en plus élevée des grandes surfaces et des
" maxidiscomptes " dans la distribution alimentaire.
TAUX DE CROISSANCE ANNUEL EN VOLUME DE LA CONSOMMATION DES MÉNAGES EN PRODUITS DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES
3. Des prix à la production stables
Les prix à la production sur le marché
intérieur, ont été stables en 1996.
Les
prix à la production
, tous marchés confondus
(marchés intérieur et étrangers), ont augmenté
encore plus faiblement qu'en 1995 (0,3 % contre 0,4 %).
Si l'on
exclut les produits du tabac
, dont les prix ont augmenté de
4,4 %,
l'évolution a été quasiment nulle
.
Les prix à l'exportation,
qui avaient progressé de
2,1 % en 1995,
n'ont augmenté que de 0,8 %.
Cette
faible hausse recouvre des mouvements opposés d'assez forte ampleur :
tandis que les prix des produits laitiers, des conserves, des huiles et du
sucre ont nettement baissé, ceux de la viande, des produits du travail
du grain et des boissons ont augmenté sensiblement.
Cette stabilité s'est poursuivie au premier trimestre 1997 avec
+ 0,1 %.
B. UNE NOUVELLE BAISSE DE L'EMPLOI
La situation de l'emploi a continué de se
détériorer dans l'agro-alimentaire mais à un rythme moins
rapide qu'au début des années 90. En effet, l'emploi dans ce
secteur a reculé de 1 % en 1996 comme en 1995 alors qu'il avait
baissé de 1,7 % en moyenne annuelle sur la période 1990-1993.
Le secteur de la boulangerie, qui concentre l'essentiel de la baisse des
effectifs depuis 1989, a continué de perdre le plus d'emplois en raison
de la fermeture de boulangeries artisanales. Parmi les autres branches, celles
qui avaient perdu le plus d'emplois en 1995 (viandes et produits laitiers) ont
stabilisé leurs effectifs en 1996 tandis que celles qui n'avaient pas ou
peu perdu d'emplois (conserves, produits du travail du grain, produits
alimentaires divers, boissons) ont vu leurs effectifs baisser de 1 % ou
plus.
Ainsi actuellement l'industrie de l'agro-alimentaire représente
environ 392.000 salariés.
C'est donc le troisième
secteur industriel employeurs après les industries mécaniques et
les industries de transformation.
Rappelons par ailleurs que l'industrie alimentaire est un facteur de
stabilité pour l'emploi.
Sans minimiser ce constat inquiétant de baisse de l'emploi dans le
premier secteur industriel français,
votre rapporteur pour avis
souhaite formuler deux remarques
.
La première concerne la baisse de l'emploi dans les autres secteurs
industriels qui se situe en moyenne à - 2,1 %.
ÉVOLUTION DE L'EMPLOI DANS LES INDUSTRIES
AGRO-ALIMENTAIRES ET LES INDUSTRIES MANUFACTURIÈRES
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
- 1,5 % |
- 1,7 % |
- 0,8 % |
- 1 % |
- 1 % |
En second lieu, 1996 a vu se concrétiser plusieurs
projets.
Au niveau de l'emploi des jeunes :
- la signature, fin 1995, d'une " Charte pour
l'Emploi ", par
laquelle l'industrie alimentaire s'engage à embaucher 6.000 jeunes
en 1996 et 1997 en contrat de qualification et d'alternance ;
- la création de trois nouveaux Instituts de Formation
Régionaux (IFRIA), consacrées au développement de
l'apprentissage.
En ce qui concerne la formation continue, le véritable démarrage
de l'engagement de développement de la formation (EDF) a eu lieu en
1996. 80 % des effectifs bénéficiaires appartiennent
à des PME.
C. LE BILAN DES ENTREPRISES DE L'AGRO-ALIMENTAIRE
1. Le résultat des entreprises du secteur agro-alimentaire
Avec plus de 4.000 PME et 29 groupes qui figurent
parmi les 100 premiers européens, le secteur agro-alimentaire
français est à la fois important et très atomisé.
Le chiffre d'affaires dégagé par l'ensemble de ces entreprises
en 1996 s'élève à 757 milliards de francs
, soit
17 % de l'ensemble du chiffre d'affaires industriel national. En 1996, le
chiffre d'affaires a progressé de 1,5 % contre 4 % en 1995 et
1,9 % en 1994. L'amélioration des résultats courants des
entreprises est très nette en 1996 avec + 3,8 %.
Les entreprises de l'agro-alimentaire ont manifestement su s'adapter au nouvel
environnement économique. Ainsi, la plupart des grands groupes ont
développé une stratégie consistant à ne conserver
que les marques les plus fortes, représentant ainsi en moyenne 40 %
de l'assortiment des produits dans les grandes surfaces.
Par ailleurs, ils ont restructuré leur outil industriel et donné
la priorité à l'internationalisation.
Au cours des trois dernières années, les accords interentreprises
recensés restent à un niveau élevé, autour
de 185 par an, mais force est de reconnaître :
- d'une part, que les accords ont souvent pour origine les
difficultés financières d'une entreprise (cas de la reprise
d'ORTIZ-MIKO en 1994 par UNILEVER, ou d'un secteur (cas de conserveries de
tomates, de fruits, de champignons).
- d'autre part, que de plus en plus rares sont les opérations
marquantes pour tout un secteur d'activité ; la période des
grandes restructurations qui ont marqué la période 1975-1985
semble terminée ; il est significatif que les entreprises qui
occupent aujourd'hui en France la tête dans leur secteur
d'activité sont soucieuses de se développer, soit vers les pays
de l'Est, soit vers l'Asie du Sud Est ou les pays du Mercosur.
Cette évolution, qui s'explique par la stagnation du marché de
l'Union européenne, maintient le secteur agro-alimentaire en position de
faiblesse vis-à-vis de la grande distribution qui ne cesse de se
concentrer.
La grande partie des entreprises de l'agro-alimentaire ont continué, par
ailleurs, à chercher leur croissance à l'export. Votre rapporteur
pour avis rappelle que ces dix dernières années, le commerce
mondial des produits agro-alimentaires a crû de 117 % pour atteindre
1.200 milliards de francs.
2. Les investissements : un bilan mitigé
Les investissements matériels se sont
élevés en 1996 à 22,2 milliards de francs. Entre 1995
et 1996, ils ont ainsi décru de 6 %.
Votre commission note que cette baisse des investissements matériels
et la stabilisation des investissements financiers risquent de remettre en
cause, à terme, la compétitivité des industriels, à
l'export notamment.
De même, le niveau des investissements en recherche (1,5 % de la
valeur ajoutée) qui reste toujours très en dessous de la moyenne
nationale (4,7 %) illustre l'insuffisance des capacités de
financement des entreprises pour préparer l'avenir.
En revanche, les investissements publicitaires, nécessaires à la
survie
des entreprises à court terme (maintien des parts de
marché) sont en hausse de 3 % et atteignent 10,2 milliards de
francs en 1996.
L'industrie alimentaire est cette année encore le premier secteur
annonceur français.
ÉVOLUTION DES INVESTISSEMENTS DANS L'INDUSTRIE
AGRO-ALIMENTAIRE
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Investissements matériels (mds
F)
|
23,2
|
25,5
|
25,5
|
23
|
23
|
23,6
|
22,2
|
Investissements
publicitaires (mds F)
|
7,8
|
8,1
|
8,5
|
9
|
9,1
|
9,9
|
10,2
|
Année après année, l'écart
entre les investissements matériels et les investissements publicitaires
se réduit, les premiers ne représentant en 1996 qu'un peu plus du
double des seconds.
Ces résultats en disent long sur l'évolution actuelle des
industries agro-alimentaires, pour lesquelles l'enjeu n'est plus une production
de masse, qui nécessite des investissements matériels importants,
mais plutôt une production " de filière ".
Désormais, l'aval fait remonter vers l'amont ses préoccupations,
c'est-à-dire les critères d'achat des consommateurs.
Répondre à leurs exigences (fraîcheur,
sécurité, commodité...) nécessite en effet une
coopération accrue de tous les acteurs de la filière. Ceci
suppose des investissements immatériels importants et contribue à
générer une nouvelle valeur ajoutée de service et
d'information.
Répartition des investissements pour 1996
3. Le bilan des flux d'investissements étrangers en France et français à l'étranger.
Votre rapporteur pour avis pour avis note que ces flux d'investissements sont très irréguliers.
FLUX DES INVESTISSEMENTS DIRECTS
(en millions de francs)
INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS EN FRANCE |
1994 |
1995 |
1996 |
Origine Pays tiers |
|||
Investissements |
1 924 |
1 174 |
5 424 |
Désinvestissements |
195 |
812 |
4 402 |
Solde |
1 729 |
362 |
1 022 |
Origine Union européenne |
|||
Investissements |
1 217 |
196 |
4 239 |
Désinvestissements |
163 |
780 |
2 594 |
Solde |
1 054 |
- 584 |
1 645 |
INVESTISSEMENTS FRANÇAIS À L'ÉTRANGER |
|||
Origine Pays-tiers |
|||
Investissements |
6 279 |
5 374 |
10 585 |
Désinvestissements |
3 670 |
2 679 |
5 349 |
Solde |
2 609 |
2 695 |
5 236 |
Origine Union européenne |
|||
Investissements |
5 360 |
3 990 |
7 417 |
Désinvestissements |
3 282 |
2 573 |
4 044 |
Solde |
2 078 |
1 417 |
3 373 |
Pour 1996, on constate :
Pour les investissements étrangers en France, trois opérations
importantes :
- le rachat par le brasseur néerlandais HEINEKEN du groupe alsacien
FISCHER-ADELSHOFFEN de la brasserie Saint-Arnould, l'ensemble produisant
3,3 millions d'hectolitres et employant 2.400 salariés ;
- le rachat par le groupe américain SARA LEE
spécialisé dans la lingerie féminine et se diversifiant
dans l'agro-alimentaire de l'ensemble REYBIER-JAMBON D'AOSTE, leader en France
dans le secteur de produits secs de charcuterie (jambons secs-saucisson) ;
- le rachat de Cacao Barry par le groupe KLAUS JACOB, via sa filiale belge
CALLEBAUT - chiffres d'affaires de 2,3 milliards de francs et 470
salariés. Le vendeur, la société centrale
d'investissements (SCI) était détenue depuis 1994 à
49 % par le groupe belge ALBERT FRERES. Il convient de noter que l'autre
filiale de la SCI Vital SOGEVIANDE, a été cédée aux
deux entreprises françaises, la Société BIGARD et le
groupe coopératif ALLIANCE, qui ont réalisé ensemble ce
rachat.
Pour les investissements français à
l'étranger :
- le groupe DANONE a accru ses participations dans les entreprises
européennes BEI Foods en Grande Bretagne spécialisée dans
les produits alimentaires asiatiques et GALBANI en Italie. Il a poursuivi son
développement :
. dans les produits laitiers frais en Israël, au Maroc, en Afrique du Sud,
en Chine, à travers des prises de participation pour le moment
minoritaire ;
. dans la brasserie en Chine (prise de participation majoritaire dans deux
brasseries) et devient le numéro 4 de ce marché de
160 millions d'hectolitres ;
. dans le biscuiterie, au Brésil où il arrive en seconde position
avec 120.000 tonnes de capacité de production.
-
le groupe Pernod-Ricard s'est implanté au
Vénézuéla et en Inde
(en joint-venture), a
créé une société une Nouvelle-Zélande, et a
accru sa participation dans une entreprise viticole en Argentine.
De nombreuses opérations se sont effectuées dans le secteur du
sucre
avec la montée en puissance de Générale
sucrière dans le capital du numéro 2 en Espagne et la prise de
participation majoritaire d'Union SDA dans la sucrerie tchèque PCS.
II. L'ÉVOLUTION SECTORIELLE
Le tableau ci-après retrace l'évolution enregistrée dans chacune des branches du secteur agro-alimentaire en 1996.
INDICATEURS D'ACTIVITÉ DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES EN 1996
PRODUCTION |
CONSOMMATION |
IMPORTATIONS |
EXPORTATIONS |
EFFECTIFS TOTAUX |
||||||||||
Variation 96/95 (%) |
Mil-liards |
Variation
|
Mil-liards |
Variation
|
Mil-liards |
Variation
|
Mil-liards |
Variation
|
En 1996
|
|||||
Volume |
Prix |
de francs 1996 |
Volume |
Prix |
de francs 1996 |
Volume |
Prix |
de francs 1996 |
Volume |
Prix |
de francs 1996 |
|||
Viandes et conserves de viande
|
2,3
|
0,9
|
167,2
|
- 1,9
|
1,5
|
206,1
|
- 13,9
|
3,9
|
20,9
|
- 2,8
|
3,8
|
26,3
|
- 0,1
|
105,3
|
Ensemble des IAA |
1,8 |
0,3 |
663,4 |
0,5 |
1,7 |
692,1 |
- 0,7 |
1,4 |
109,1 |
0,6 |
0,8 |
141,9 |
- 1,0 |
540,8 |
Industrie manufacturière |
0,3 |
- 1,5 |
3.026,2 |
2,1 |
1,0 |
1.269,8 |
2,5 |
- 0,8 |
1.143,9 |
5,6 |
- 0,9 |
1.232,8 |
- 1,5 |
3.445,5 |
Source : comptes nationaux, Insee.
A. LES PRODUCTIONS ANIMALES
1. Les viandes et conserves de viande
Le phénomène marquant et paradoxal a
été la reprise confirmée de la production de viandes,
activité qui fournit la principale contribution à la croissance,
du fait du nombre élevé de bêtes en âge d'être
abattues en 1996.
Toutes les industries des viandes, y compris bovine, ont vu leur
activité progresser malgré des mouvements chaotiques notamment en
avril-mai-juin : porcine (+ 1,3 %), ovine (+ 3,4 %),
volailles (+ 5 %) et gros bovins et veaux (+ 2 %).
La production de viandes a augmenté à peu près au
même rythme qu'en 1995 malgré une forte diminution de la
consommation des ménages : celle-ci a diminué de 1,9 % en
1996 alors qu'elle avait progressé de 1 % en 1995. Les
débats publics autour de la transmission de l'ESB
(Encéphalopathie Spongiforme Bovine) à l'homme ont
provoqué une baisse sensible de la consommation en viande bovine
(8 %) qui n'a pas été complètement compensée
par la hausse en volailles (+ 4 %). Par ailleurs, les hausses de prix
très sensibles à la production on freiné notablement la
consommation de viandes porcines.
Au total, l'exercice 1996 a été finalement plutôt
bon pour l'ensemble du secteur des viandes,
les mesures prises au plan
communautaire et national ayant permis de pallier les dommages
entraînés par la crise au niveau des entreprises. L'avenir n'en
reste pas moins très incertain pour la filière bovine, puisque la
consommation au niveau de l'Union européenne est durablement
touchée et que les accords passés dans le cadre de l'organisation
mondiale du commerce contraint l'Union européenne à
réduire ses exportations subventionnées vers les pays-tiers.
En ce qui concerne les conserves, celles-ci ont
bénéficié d'une progression de leurs ventes sur le
marché intérieur.
2. Le lait et les produits laitiers
Le bilan de l'année laitière 1996 contraste
avec celui de 1995. Toujours très proches de l'équilibre, les
marchés des produits laitiers sont très sensibles à toute
modification de l'offre ou de la demande, qui se traduit rapidement par des
renversements de tendance sur les produits industriels.
Ces productions ont connu en 1996 un exercice difficile
, la collecte
laitière étant en recul de 0,8 % par rapport à celle
de 1995 et le chiffre d'affaires ayant stagné (- 0,1 % en
valeur). Cependant, en raison de l'augmentation en teneur en matière
grasse, le volume des livraisons de lait a été stable.
On a assisté globalement en 1996 à une baisse des cours des
produits industriels
et de faibles progressions des fabrications de
produits laitiers de grande consommation.
En ce qui concerne les fromages
,
la production française de
fromages au lait de vache
avec 1,507 millions de tonnes
n'a
augmenté que de 0,7 % en 1996.
Néanmoins, la très forte concurrence au niveau des produits de
base (lait liquide-poudre-beurre) et même au niveau des produits frais
renforce l'intérêt des créneaux offerts par les fromages
sous appellation d'origine, bien qu'ils ne représentent que des volumes
de production limités -170.000 tonnes sur une production de
fromages affinés de 1.050.000 tonnes-.
L'INDUSTRIE DU LAIT DANS LES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES
Industries agro-alimentaires |
Industrie de la transformation du lait (1) |
|||||||
dont : |
dont |
|||||||
1994
|
1995
(p)
|
Coopé-ratives |
Entre-prises privées |
1994
|
1995
(p)
|
Coopé-ratives |
Entre-prises privées |
|
en % |
en % |
|||||||
Nombre d'entreprises |
4.183 |
4.281 |
8,8 |
91,2 |
427 |
417 |
17,8 |
82,2 |
Chiffre d'affaires (en millions de francs courants) |
656.174 |
682.889 |
10,9 |
89,1 |
136.060 |
144.162 |
20,7 |
79,3 |
Effectif salarié moyen |
375.116 |
376.498 |
7,9 |
92,1 |
59.623 |
58.958 |
15,9 |
84,1 |
Frais de personnel (en millions de francs courants) |
75.338 |
77.041 |
7,8 |
92,2 |
11.886 |
12.291 |
16,0 |
84,0 |
Investissements (en millions de francs courants) |
18.554 |
19.537 |
9,5 |
90,5 |
3.442 |
2.974 |
17,4 |
82,6 |
VABCF
(2)
|
123.355 |
124.093 |
7,0 |
93,0 |
18.670 |
19.212 |
14,1 |
85,9 |
Résultat net
|
16.198 |
16.000 |
3,8 |
96,2 |
1.566 |
1.761 |
5,3 |
94,7 |
(1) Concerne les entreprises dont l'activité
principale est exercée dans le secteur laitier : ces renseignements
incluent la totalité de l'activité laitière et non
laitière de ces entreprises. Le chiffre d'affaires recouvre le montant
des facturations des produits fabriqués ainsi que plusieurs autres
postes : revente de matière première, travaux à
façon.
(2) Valeur ajoutée brute au coût des facteurs
NB - Enquêtes réalisées auprès des entreprises
privées et organismes coopératifs aricoles ayant
10 salariés permanents et plus, selon la nouvelle Nomenclature
d'Activités (NAF)
(p) Résultats provisoires
Source : SCEES, Enquête Annuelle d'Entreprise
Le nombre d'entreprises (parmi les grandes) du secteur laitier avec un
résultat courant négatif s'est accru. Le chiffre d'affaires
global de ce secteur de l'industrie agro-alimentaire a stagné.
L'industrie laitière a été particulièrement
marquée par un dynamisme moindre dans la fabrication du lait liquide et
de produit frais (- 0,6 %) et des fromages (- 0,9 %). A la
quasi-stagnation de la consommation nationale de produits laitiers vient
s'ajouter un ralentissement des exportations (+ 1,4 %) en valeur
contre 9,5 % en 1995. Malgré un renforcement des exportations de
fromages, la baisse des ventes à l'étranger de lait liquide et de
produits frais et de pauvres grasses a pénalisé cette industrie.
B. LES AUTRES PRODUITS
La production du sucre a été
légèrement supérieure à celle de 1995
. Les
livraisons de betteraves industrielles ont été stables en volume
et on a assisté à une légère baisse des rendements.
Néanmoins, les industries agro-alimentaires ont obtenu en 1996 une
meilleure richesse saccharimétrique, nettement supérieure
à celle de l'an dernier (18,7 % au lieu de 17,6 %) : elle est
ainsi la plus élevée depuis 1990.
Votre rapporteur pour avis souligne néanmoins que
la baisse du cours
du sucre a diminué de 27 % la valeur des exportations des
entreprises sucrières.
La production des boissons et des alcools a connu une baisse en 1996.
Cette baisse est essentiellement due à celle du champagne et de la
bière. Le recul important des livraisons de raisins du champagne en 1992
et 1993 s'est répercuté à la baisse (- 6,4 %)
sur la production de 1996. En revanche, les ventes de champagne ont
augmenté de 2,6 % diminuant ainsi les stocks des producteurs et
négociants.
La brasserie a augmenté son chiffre d'affaires de 2,6 % et ses
exportations de 3,5 % alors qu'au contraire, les eaux minérales ont
vu leurs ventes chuter de 10 % et les exportations baisser de 1,6 %
en valeur.
Les ventes de cognac et de calvados ont souffert de la faiblesse de la
consommation intérieure et du recul de leurs exportations -4,9 %.
Sur le marché des conserves de légumes et surgelés,
les achats des ménages ont reculé de 3 % en volume par
rapport à 1995
. Les entreprises françaises se retrouvent en
compétition sur des marchés en stagnation, voire en
régression comme le mélange petits pois-carottes, ce qui conduit
à des dégradations tarifaires importantes. Ainsi, en deux ans, on
constate une baisse des prix industriels de 14 % dans le secteur des
légumes appertisés.
En outre, le secteur des champignons de couche et des tomates
transformés reste en difficulté du fait de la pression
exercée par les productions communautaires et celles des pays-tiers. Les
restructurations ont dû intervenir pour maintenir la
compétitivité de ces industries.
La situation de l'industrie des fruits transformés a été
très diverse : recul des confitures, progression des compotes et
purées, en revanche, poursuite du recul des fruits au sirop. Au total,
la consommation française des fruits avec sucre régresse
sensiblement depuis 5 ans et le déséquilibre du commerce
extérieur est important puisque le volume des importations est presque
quatre fois supérieur à celui de nos exportations.
Le chiffre d'affaires de l'industrie des fruits et légumes a
néanmoins progressé de 3,5 % grâce à une bonne
orientation de la consommation des ménages et des prix de
matières premières contractés.
L'industrie du travail du grain et des produits amylacés a
pâti des mauvaises performances de la meunerie et son chiffre d'affaires
est presque stable par rapport à 1995
. Néanmoins, on peut
signaler d'une part le développement de la valeur des exportations de
farine (+ 22,3 %) et d'autre part le bond des investissements
(+ 35 %).
Les autres produits divers ont bénéficié d'une
progression de leurs ventes sur le marché intérieur.
En
particulier, l'augmentation du cheptel porcin et surtout du nombre de volailles
a suscité un accroissement des achats en aliments pour animaux de ferme
(+ 2,2 % en 1996).
Ainsi, deux secteurs d'activité connaissent des difficultés
qui continueront à peser en 1998 : la filière viande bovine et
les industries laitières.
La filière viande bovine a pu surmonter en 1996 la crise de l'ESB.
Pourtant, la chute de la consommation dans l'Union européenne et les
limitations apportées aux exportations aidées vers les pays-tiers
pèsent sur l'avenir des entreprises du secteur qui sont contraintes de
s'adapter aux nouvelles conditions que sont le regroupement des entreprises
avec la fermeture des abattoirs les moins performants et la diminution du
nombre de chevillards au profit des entreprises maîtrisant la
filière de production pouvant participer à une politique de
qualité soutenue par leurs marques.
Les industries laitières françaises sont actuellement
handicapées par rapport à leurs concurrentes du Nord de l'Europe
par le prix du lait payé aux producteurs. Le handicap est sérieux
pour les produits comme le lait liquide, la poudre et le beurre qui font
l'objet d'une vive concurrence à l'intérieur de l'Union
européenne et plus encore vers les pays-tiers. Cette situation explique
la chute des résultats de la plupart des entreprises du secteur en 1996.
Sur un plan général, le dynamisme du secteur agro-alimentaire
est lié à l'évolution des prix agricoles et plus
particulièrement des céréales.
En effet, dans un contexte caractérisé par une stagnation de la
consommation alimentaire au sein de l'Union européenne et les
limitations quantitatives et financières aux exportations vers les
pays-tiers, le développement des industries agro-alimentaires
européennes dépend de la compétitivité de leurs
productions. A cet égard, les céréales occupent une
position stratégique, directement dans les filières
céréales farine, malt, amidon et leurs produits
dérivés, indirectement dans les filières animales, dans
les industries de fermentation ou encore dans les produits
élaborés tels que les pâtes alimentaires, les biscuiteries
et la panification.
C'est dire l'importance que revêtent les
négociations qui vont s'engager sur la réforme de la politique
agricole commune.
CHAPITRE II -
LE COMMERCE EXTÉRIEUR :
UN NOUVEAU RECORD EN 1996
I. LE BILAN DE 1996
En 1996, l'excédent commercial de la France, tous
produits confondus
(agro-alimentaires, énergie, industrie hors
alimentaire)
a progressé, atteignant le montant record de
122,3 milliards de francs.
Ce résultat est supérieur de près de 18 milliards de
francs au précédent record de 1995.
Cette progression s'est faite dans un contexte de hausse des échanges,
même si cette dernière a été moindre qu'en 1995.
43 % de cet excédent record est constitué par le bilan du
commerce extérieur agro-alimentaire de la France, soit plus de
58 milliards de francs.
A. UNE RÉELLE PERFORMANCE
Supérieure de 10 % à l'excédent de
1995, la performance réalisée en 1996 constitue un record absolu,
dépassant celui obtenu en 1993 (57,1 milliards de francs).
Avec près de 214 milliards de francs, les exportations
agro-alimentaires ont progressé de 2 % par rapport à 1995
alors que les importations marquaient le pas pour s'établir à
155,1 milliards de francs (- 0,3 % par rapport à 1995).
Sur ces 58,5 milliards de francs, l'excédent des échanges de
produits des industries agro-alimentaires s'est élevé à
48,8 milliards de francs en 1996, soit 9 milliards de mieux qu'en
1995.
Cependant on constate en 1996 une nette progression de l'excédent des
produits agricoles bruts, qui s'est appréciée de 30 %,
passant de 7,5 à 9,7 milliards de francs.
Rappelons que la
France est la seule nation de l'Union européenne à dégager
un solde largement excédentaire dans le commerce des produits bruts
grâce à ses exportations de céréales
.
RÉPARTITION DES PRODUITS DES INDUSTRIES
AGRO-ALIMENTAIRES ET DES PRODUITS AGRICOLES
Milliards de francs |
1995 |
1996 |
Évolution % |
PRODUITS DES IAA
|
104,5
|
104,2
|
- 0,3
|
PRODUITS
AGRICOLES
|
51,1
|
50,9
|
- 0,4
|
IAA : définition CFCE/DPA (vins tranquilles et
produits de la pêche inclus)
Source : Douanes France - CFCE/DPA
B. LE BILAN PAR SECTEUR
1. Les secteurs ayant dégagé des excédents
Grâce aux bons résultats des exportations de
vins, le
poste vins et spiritueux
conforte sa place de premier
excédent de la balance commerciale
agro-alimentaire française
avec un solde positif de 31,2 milliards de francs en 1996,
supérieur de 5 % à celui de 1995.
Cette hausse est à mettre à l'actif des vins dont les
exportations ont progressé de 13 % en volume et 9 % en valeur.
En revanche les ventes de spiritueux ont fléchi de 2 %.
Après un premier semestre catastrophique,
le commerce
extérieur français des céréales s'est
amélioré à partir de l'été et affiche un
solde positif
de 24,7 milliards de francs légèrement
supérieur (+ 1,6 %) à celui de 1995.
Si on a assisté à une reprise des ventes au sein de l'Union
européenne, les livraisons aux pays tiers restent largement
inférieures à celles de 1995 (- 15 % en valeur) dans la
mesure où l'Union européenne n'a recommencé à
accorder des restitutions qu'au mois de septembre.
Au terme de l'année 1996,
l'excédent des échanges
extérieurs de produits laitiers est resté pratiquement au
même niveau que celui de l'année précédente
. Les
exportations et les importations de lait ont subi une forte baisse tant en
volume qu'en valeur. Par contre, les exportations françaises de fromages
restent bien orientées (+ 4 % en volume).
En matière de viandes de volailles, on constate un essor
significatif
passant de 5,7 à 6,9 milliards de francs, soit une
hausse de 20 % par rapport à 1995. Une bonne part de cette hausse
est due aux inquiétudes suscitées par les viandes bovines suite
à l'ESB.
Deux secteurs ont connu une forte diminution de leur excédent en
1996. Il s'agit du secteur du sucre
qui voit son excédent chuter
conjointement aux cours mondiaux (5,8 milliards de francs au lieu de
7,4 milliards en 1995) et de
celui des bovins vivants,
qui
régresse de 10 %.
2. Les secteurs en déficit
Parmi les déficits on retiendra particulièrement
:
-
celui des produits de la mer qui s'élève à
11,2 milliards
de francs en 1996 contre 11 milliards en 1995 ;
-
celui des fruits et légumes frais dont le déficit
cumulé atteint 7,7 milliards de francs
. Ce chiffre est
cependant en amélioration par rapport à 1995, année pour
laquelle ce secteur avait connu un déficit de près de
8,5 milliards de francs.
On peut en outre souligner l'aggravation sensible du déficit en
matière de tourteaux de soja (4,7 milliards de francs contre
3,8 milliards en 1995) consécutive à une hausse des prix
mondiaux de cette denrée (+ 40 % en un an).
SOLDES AGRO-ALIMENTAIRE PAR PRODUIT EN 1996
Alors que l'excédent de la balance des produits agro-alimentaires
était en stagnation, voire en régression, dans les premiers mois
de 1996, le redressement est intervenu au second semestre du fait :
- de l'excellente récolte de céréales
réalisée en 1996 qui a permis de relancer les ventes de
blé et de farine vers les pays-tiers mais également d'abaisser
les coûts de production des productions animales hors sol ;
- de la crise de l'ESB qui a certes ralenti nos exportations de bovins et
de viande bovine mais qui a davantage freiné les importations, notamment
celles en provenance du Royaume-Uni. Les importations de viandes
bovines -427.000 tonnes en 1994, 394.000 tonnes en 1995- sont
tombées à 266.000 tonnes en 1996 ; en revanche, nos
exportations de viande de volaille ont augmenté de 17,1 % en valeur.
C. L'ANALYSE GÉOGRAPHIQUE
Au plan géographique, votre rapporteur pour avis a constaté :
1. Une progression de l'excédent avec l'Union européenne
L'excédent des échanges de produits
français sur l'ensemble des pays de l'Union européenne est
passé de 42 milliards de francs à 43,7 milliards, soit
une progression de 4 %.
Les exportations ont légèrement progressé
(+ 0,3 % en valeur) alors que les importations ont fléchi
(- 0,4 % en valeur).
L'Allemagne reste, de loin, notre premier client mondial
et notre
première source d'excédent (18,4 milliards).
Pour la seconde année consécutive les excédents de la
France avec ses trois principaux partenaires du sud de l'Union
européenne fléchissent : Italie (14,8 milliards de francs,
soit - 3 %) ; Espagne (1,5 milliard de francs, soit
- 40 %) et Portugal (2,1 milliards de francs, soit -9 %).
En revanche, celui vis-à-vis du Royaume Uni croît fortement
(8 milliards de francs, soit + 43 %).
Ce gain vis-à-vis de l'Union européenne est surtout dû
aux produits agricoles et notamment aux exportations de
céréales
vers l'Italie, l'Espagne et le Portugal et
d'oléagineux
vers l'union belgo-luxembourgeoise et le Royaume-Uni.
2. Une forte hausse du solde positif vis-à-vis des pays tiers
Le solde s'accroît de 30 %,
passant de
11,3 milliards de francs à 14,8 milliards grâce aux bons
résultats de la fin de l'année.
L'excédent réalisé avec les États-Unis
s'apprécie de 40 %
pour s'élever à
3,3 milliards de francs. On constate par ailleurs une hausse des soldes
positifs du Japon (+ 41 %) et de la Russie (+ 23 %).
LES PRINCIPAUX FOURNISSEURS DE LA FRANCE
LES PRINCIPAUX CLIENTS DE LA FRANCE
II. LES PERSPECTIVES POUR 1997
Au mois de juin dernier, le commerce extérieur de
produits agro-alimentaires affiche un excédent de 4,8 milliards de
francs, en très forte augmentation par rapport à celui de l'an
dernier (2,6 milliards de francs).
Ainsi, au terme du premier semestre 1997
, l'excédent
cumulé des échanges extérieurs agro-alimentaires de la
France atteint
29,8 milliards de francs, soit 7 milliards de
francs de plus
que celui obtenu à l'issue des
six premiers mois
de 1996.
Au premier semestre 1997, le commerce extérieur français
des produits des industries agro-alimentaires se traduit par des
bénéfices en forte hausse
(+ 24 %) pour atteindre
25,4 milliards de francs.
Nos exportations en produits des IAA croissent de 8,3 % pour se fixer
à 78,0 milliards de francs, alors que les importations n'augmentent
que de 2,1 % soit un montant de 52,6 milliards de francs.
Les vins et spiritueux demeurent le premier excédent de la balance
commerciale agro-alimentaire
avec 15,2 milliards de francs
(+ 16 %). Ceci est dû à la forte poussée des
ventes de vins notamment aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Japon.
Pour les viandes bovines dont les résultats 1996 n'ont que peu de sens
(crise de l'ESB) les ventes ont été importantes sur les
Pays-Tiers (Egypte, Iran et surtout Russie).
L'excédent des produits laitiers est supérieur à celui
de l'an dernier
avec 6,6 milliards de francs, la reprise des ventes de
beurre vers la Russie et de poudre grasse vers l'Algérie ayant
été accompagnée d'une chute des exportations de fromages
fondus vers le Moyen Orient (vive concurrence internationale et baisse des
restitutions).
Les échanges extérieurs des produits agricoles affichent un
excédent de 4,4 milliards de francs
soit pratiquement un
doublement de ce solde par rapport au premier semestre 1996.
La reprise des ventes de blé et d'orge se confirme largement alors que
celles de maïs ont tendance à se contracter en raison d'une
récole moyenne.
En revanche, le déficit des échanges de fruits
tempérés augmente fortement avec la concurrence italienne et
polonaise qui ont à fait chuter nos exportations de pommes vers la
Russie, tandis que les français augmentaient leurs achats de fruits
d'été, très précoces cette année.
La structure géographique du commerce extérieur
agro-alimentaire reste caractérisée par :
-
un solde positif de 22,8 milliards de francs avec nos
partenaires de l'Union européenne
vers laquelle nos exportations ont
amorcé une reprise (4,5 % en six mois) tandis que nos importations
stagnent à la baisse.
L'Allemagne reste le pays qui permet d'obtenir le plus fort excédent
(8,7 milliards de francs) mais l'Italie, où nos positions
étaient moins bonnes ces deniers mois, a permis un retour à un
solde excédentaire très nettement en hausse par rapport à
l'an dernier (8,2 milliards de francs).
Les Pays-Bas qui occasionnent traditionnellement à notre pays un lourd
déficit voient celui-ci diminuer de 37 % pour s'établir
à 2,7 milliards de francs ;
-
le net développement de notre excédent avec les
pays-tiers
qui passe de 3,6 à 7,0 milliards de francs
entre juin 1996 et 1997, poussé par l'expansion des ventes
françaises vers les Etats-Unis (30 %).
CHAPITRE III -
LA POLITIQUE CONDUITE PAR LES
POUVOIRS PUBLICS
I. LES GRANDES ORIENTATIONS DES POUVOIRS PUBLICS
A. UNE POLITIQUE EN FAVEUR DE LA SÉCURITÉ ET DE LA QUALITÉ ALIMENTAIRES
1. La réorganisation des services du Ministère de l'Agriculture
Les attributions du ministère de l'agriculture et de la
pêche, relatives à l'alimentation humaine et à la
protection des animaux, sont vastes.
En matière de protection des animaux, le ministère s'est
fixé pour but d'éviter des souffrances inutiles aux animaux de
rente et aux animaux de laboratoire, de moraliser le marché des animaux
de compagnie et de sensibiliser leurs maîtres.
En matière d'alimentation humaine, il s'efforce de rendre dynamiques et
performantes les filières agro-alimentaires. Il aide à la
promotion et à la défense de la qualité des produits
alimentaires et du savoir-faire culinaire français.
Enfin, axe prioritaire de sa politique, il met en place un dispositif
réglementaire permettant de garantir aux consommateurs des
denrées saines et sûres. Il prend l'avis, pour cela, d'experts
réunis au sein d'instances consultatives tels le Conseil
supérieur d'hygiène publique de France ou le Conseil national de
l'alimentation.
Pour faire respecter son dispositif réglementaire, relatif à la
sécurité alimentaire, le ministère de l'agriculture et de
la pêche dispose d'un important potentiel humain et technique.
Depuis la fin de l'année 1996, une réorganisation des
services du ministère de l'agriculture et de la pêche a
été entreprise. Ainsi, les activités de production et
d'organisation économique ont été nettement
séparées des activités de contrôle, désormais
sous l'autorité de la direction générale de l'alimentation
(DGAL).
La DGAL, en relation constante avec les instances européennes et les
organisations internationales, conçoit des textes relatifs à la
protection des végétaux, à la santé animale,
à l'hygiène et à l'absence de contaminants durant la
préparation, le transport et la mise en vente des denrées. Deux
réseaux de laboratoires spécialisés apportent leur
expertise.
Une Brigade nationale d'enquêtes vétérinaires, structure
" mobile " constituée d'agents spécialisés,
mène des enquêtes dans le cadre et avec les moyens des
autorités judiciaires, en matière de pharmacie
vétérinaire, d'épidémiologie et de lutte contre
l'utilisation licite de " facteurs de croissance ".
Aux plans régional et départemental, deux réseaux de
services de contrôles déconcentrés font respecter les
textes et des laboratoires les appuient scientifiquement.
- Des services vétérinaires pour protéger la
santé animale, l'environnement et garantir la sécurité des
denrées d'origine animale ;
- Des services de la protection des végétaux pour lutter
contre les parasites et protéger les consommateurs et l'environnement ;
Votre rapporteur pour avis approuve sans réserve la
réorganisation du Ministère de l'Agriculture et de la Pêche.
2. La promotion de la qualité
La promotion de la qualité répond à
un triple souci :
- démarquer des productions de masse les produits qui offrent un
" plus " au consommateur dans le domaine organoleptique, du
fait de
leur mode de production et de leur origine géographique ;
- accroître au profit des producteurs la valeur ajoutée de
productions spécifiques, qui sont souvent le fait de petites
exploitations dans des zones rurales difficiles ;
- renforcer l'hygiène et la sécurité alimentaire.
Le dispositif français comporte quatre signes distinctifs de
qualité :
l'appellation d'origine contrôlée (AOC),
le label rouge, la certification de conformité et l'agriculture
biologique. Les signes de qualité sont délivrés par
l'Institut national des appellations d'origine (INAO), établissement
public qui gère et contrôle les AOC, et la commission nationale
des labels et certifications (CNLC), instance consultative dont le
secrétariat est assuré par le ministère de l'agriculture
et de la pêche. La CNLC comprend trois sections : une pour l'examen
des cahiers des charges, une pour l'agrément des organismes
certificateurs et une compétente en matière d'agriculture
biologique.
Depuis le 14 mars 1996, les signes officiels de qualité sont
régis par un seul décret. Ce texte constitue une refonte
complète de la réglementation antérieure relative à
l'agriculture biologique (décret de 1981), aux labels agricoles
(décret de 1983) et la certification de conformité (décret
de 1990). Il redéfinit également le fonctionnement de la
commission nationale des labels et des certifications de produits agricoles et
alimentaires précédemment régi par un décret de
1994.
La demande de signes de qualité est en forte croissance, notamment pour
la viande bovine. En 1996, 34 organismes certificateurs dans le domaine
des labels certifiaient et contrôlaient 361 labels concernant plus
de 30.000 agriculteurs et 2.300 entreprises.
Les produits sous
labels ont généré un chiffre d'affaires de
6,2 milliards de francs en 1996
, dont près de la moitié
réalisée par les volailles. Les demandes de certifications de
conformité ont doublé avec 52 dossiers en 1996 et devraient
dépasser les 100 dossiers en 1997. La certification de
conformité couvre un chiffre d'affaires de 7,5 milliards de francs
en 1996 dont 2,6 milliards pour le jambon cuit supérieur,
1 milliard pour la viande bovine, 1,2 milliard pour la viande de veau
et devrait atteindre 12 milliards en 1997.
En 1995, plus de 120.000 exploitations agricoles tiraient leur revenu
d'une production d'appellation d'origine contrôlée (AOC). Le
chiffre d'affaires pour l'ensemble du secteur s'élève à
80 milliards de francs dont près de 70 milliards pour les vins
et spiritueux et les exportations dépassent 30 milliards. La part
des vins AOC atteint 41 % du volume total des vins produits. Pour les
fromages, cette part est de 16 %.
La pratique française a inspiré l'élaboration d'une
réglementation européenne
qui a pour objet la protection
juridique des dénominations géographiques des produits
alimentaires. Deux règlements européens ont été
adoptés en juillet 1992 : le règlement
n° 2082/92 relatif aux attestations de spécificité et
le règlement n° 2081/92 relatif à la protection des
appellations d'origine et des indications géographiques.
Ces textes
définissent trois notions juridiques :
- l'appellation d'origine protégée (AOP) pour les produits
qui tirent leur qualité essentiellement ou exclusivement du terroir,
- l'indication géographique protégée (IGP) pour les
produits dont la notoriété, la qualité ou une autre
caractéristique est liée à l'origine
géographique ;
- l'attestation de spécificité pour des produits issus de
matières premières traditionnelles selon des modes de productions
traditionnels.
3. Les réformes en cours ou en attente
a) Le projet de loi sur la qualité sanitaire des denrées alimentaires
Après son examen par l'Assemblée nationale les
18 et 19 février dernier, la Commission des Affaires
économiques a proposé l'adoption de ce projet de loi, le
26 mars 1997
1(
*
)
, après l'avoir
quelque peu modifié. La dissolution de l'Assemblée nationale a
suspendu l'examen de ce texte par le Sénat.
Votre rapporteur pour avis tient à en rappeler les grandes lignes.
Ce projet de loi était relatif à la qualité et la
salubrité des denrées destinées à l'alimentation
humaine ou animale.
Ces notions de qualité et de salubrité
ne concernent ni la loyauté des transactions, qui relève du code
de la consommation, ni les garanties officielles de qualité et
d'origine, inscrites dans le projet de loi de codification du Livre VI
(nouveau) du code rural.
Elles recouvrent, en fait, toutes les
caractéristiques, tant physiques qu'organaleptiques, qui permettent
d'assurer la sécurité alimentaire des consommateurs.
Ce texte, conçu avant le déclenchement de la crise de
l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), intéressait ainsi
l'ensemble de la chaîne alimentaire et portait sur tous les produits
destinés à l'alimentation humaine ou animale, qu'ils soient
d'origine animale ou végétale.
Parce que la qualité sanitaire de notre alimentation est d'ores et
déjà reconnue, la France est, en effet, aujourd'hui capable
d'exporter ses produits dans le monde entier. Pour autant, c'est un domaine
dans lequel s'impose une vigilance permanente, les filières étant
de plus en plus longues, la circulation des produits s'effectuant à un
rythme toujours plus rapide et leur
hétérogénéité s'accentuant. Ainsi
l'hygiène est l'affaire de tous : des pouvoirs publics, qui doivent
contrôler les produits et les opérateurs ; mais aussi des
professionnels, qui doivent être responsabilisés et placer la
sécurité sanitaire en tête de leurs priorités.
Or, le dispositif législatif actuel ne permet pas une approche globale
et coordonnée dans ce domaine. Par exemple, le contrôle de la
qualité et de la salubrité alimentaire relève du code
rural pour les produits animaux et du code de la consommation pour les produits
végétaux, l'utilisation de médicaments
vétérinaires du code de la santé publique, celle des
matières fertilisantes de la loi du 13 juillet 1979.
Afin d'assurer cette sécurité alimentaire et de donner des moyens
d'action supplémentaires pour intervenir encore plus rapidement en cas
de risque, ce texte tendait tout d'abord à mettre en place un dispositif
de contrôle unifié et cohérent, et plus
opérationnel. Il mettait en place un dispositif de contrôle de
l'hygiène proprement dit par des mécanismes plus efficaces et
mieux coordonnés en amont de la production, ainsi qu'à
l'entrée de nos frontières.
En raison de l'importance de ce texte, votre rapporteur pour avis souhaite
que ce projet de loi soit rapidement examiné par le Sénat.
b) Les conclusions de la commission des affaires sociales sur la proposition de loi relative à la sécurité alimentaire des produits alimentaires
La proposition de loi présentée par
MM. Charles Descours, Claude Huriet et plusieurs de leurs collègues
avait pour objet de donner un prolongement législatif aux conclusions de
la mission d'information de la commission des affaires sociales
consacrées aux conditions du renforcement de la veille sanitaire et du
contrôle de la sécurité sanitaire des produits
destinés à l'homme
2(
*
)
.
L'état des lieux réalisé par la mission d'information de
la commission des affaires sociales a montré que "
la
multiplication des structures, la confusion des missions de contrôle et
de gestion, la complexité de l'organisation, l'insuffisance de la
réglementation et la dispersion des travaux nuisent à
l'efficacité de l'organisation de sécurité et de veille
sanitaire en France
3(
*
)
".
Au terme de ce constat, la commission des affaires sociales a formulé
des conclusions destinées à réformer l'action de
l'État en matière sanitaire.
Cette réforme, qui présente selon votre rapporteur un
caractère d'urgence, a pour ambition d'améliorer les structures
administratives chargées du contrôle des produits et de la veille
sanitaire et de leur donner les moyens législatifs d'assumer pleinement
leur mission, afin que la sécurité sanitaire soit mieux garantie.
Répondant à un souci d'exhaustivité en matière de
sécurité sanitaire (évaluation des actes et des pratiques,
contrôle des produits et veille sanitaire)
votre commission s'est
félicitée que la réforme proposée ne vise pas
à faire
table rase de l'existant mais utilise les
compétences et les structures actuelles des administrations
sanitaires
et se fonde sur la législation en vigueur afin d'en
accroître les performances.
Votre commission a considéré que la création d'un
système de contrôle identique pour le médicament et pour
les produits alimentaires aurait conduit à un inévitable
échec : l'histoire différente de ces deux catégories de
produits, leur spécificité tant dans leur finalité que
dans leur production et leurs techniques de contrôle rendent
nécessaire de distinguer les produits de santé des produits
alimentaires.
Ainsi les conclusions du Sénat sur la proposition de loi
prévoient-elles la création de quatre organismes
: un
Institut de veille sanitaire, une Agence de sécurité sanitaire
des produits de santé et un Conseil national de sécurité
sanitaire. Le titre III du texte des conclusions de la Commission des Affaires
sociales a institué, en outre, une Agence de sécurité
alimentaire des aliments. Cet établissement public sera placé
sous la tutelle des ministres chargés de la santé, de
l'agriculture et de la consommation. Cette agence aura pour mission
d'évaluer les risques sanitaires des produits alimentaires depuis la
production des matières premières jusqu'à leur
distribution au consommateur final.
Votre commission a émis au mois de septembre dernier un avis
4(
*
)
favorable à l'adoption des conclusions de la
commission des affaires sociales du Sénat. Le Sénat a
adopté le 25 septembre dernier les conclusions du rapport de la
commission des affaires sociales sur la proposition de loi n° 329.
Par ailleurs, le ministère de l'agriculture et de la pêche
poursuit son effort financier en faveur de l'agriculture biologique par la
prise en charge des frais de contrôle, l'aide à la recherche, la
mise en place d'un observatoire économique, des aides à la
conversion ou au maintien en agriculture biologique, l'élaboration d'un
nouveau logotype " agriculture biologique " et l'aide aux
associations professionnelles de la filière. La réglementation
européenne (règlement du 24 juin 1991, modifié
en dernier lieu le 22 juin 1995), toujours inspirée par le
modèle français, fixe les conditions de production,
d'étiquetage et de contrôle de ce mode de production pour les
productions végétales. Le Conseil de l'Union européenne
examine depuis la fin de l'année 1996 un projet de règlement
sur les produits animaux et d'origine animale.
4. La traçabilité des produits agricoles et alimentaires
La politique des pouvoirs publics porte sur l'identification
des produits agricoles et alimentaires dont la traçabilité
constitue un des éléments du système. Cette politique est
celle relative aux signes officiels de qualité (AOC, labels,
certification de conformité, agriculture biologique), qui permettent
d'identifier et de faire reconnaître des produits possédant des
caractéristiques particulières ou obtenus selon des
méthodes particulières.
Ces signes officiels de qualité, basés sur le respect de cahier
des charges de production contrôlé par des organismes publics ou
agréés par l'Etat, permettent d'apporter des garanties au
consommateur.
La maîtrise complète de la traçabilité des produits
bénéficiant de ces signes de qualité est
systématiquement exigée afin de gérer la production et
assurer les contrôles.
Ces démarches d'identification des produits sont des démarches
volontaires, à l'initiative des professionnels.
Dans la filière bovine, une réglementation de 1978
modifiée en 1995 assure une identification de tous les animaux. Tout
bovin adulte quelque soit sa destination commerciale (élevage, abattage,
export...) est ainsi titulaire d'un document d'accompagnement véritable
" passeport individuel " justifiant :
- de son identité, race, sexe et âge ;
- de son département de naissance ;
- de la qualification sanitaire de son cheptel de provenance
vis-à-vis des maladies contagieuses ;
- de sa filiation, pour les bovins inscrits à un schéma de
sélection.
Chaque bovin est par ailleurs répertorié dans un fichier
informatique départemental permettant de gérer sa carrière
et ses mouvements.
La crise de l'ESB et les nouvelles exigences en matière
d'étiquetage des viandes en application du règlement
n° 820/97 du Conseil du 21 avril 1997 ont renforcé
les besoins en matière de traçabilité de l'animal vivant
jusqu'à la remise de la viande au consommateur.
C'est l'objet de l'accord interprofessionnelle INTERBEV applicable depuis le
1er octobre dernier. En vertu de cet accord conclu en
février 1997 et aussitôt étendu par les pouvoirs
publics, l'étiquetage de la viande bovine doit nécessairement
préciser, depuis le 1er octobre, l'origine nationale de l'animal
(si tant est qu'il soit né, ait été élevé et
abattu dans le même pays) et, s'il est d'origine française, sa
catégorie (jeune bovin, boeuf, taureau, génisse, jeune vache,
vache adulte : plus de 5 ans) et son type racial (laitier, mixte, à
viande). A défaut d'attestation de l'origine nationale de la viande,
l'étiquette devra indiquer "
origine : non
renseigné
". Initialement, l'accord interprofessionnel avait
retenu la mention "
origine indéterminée
", mais
celle-ci avait suscité de vives réticences à Bruxelles
où l'on flairait une tentative de dénigrement des viandes non
françaises. Les nouvelles informations sur l'origine, la
catégorie et le type racial compléteront les obligations
réglementaires déjà en vigueur : nom du morceau, poids,
prix, date d'emballage.
Dans les filières ovine et porcine, la traçabilité des
animaux et de leurs produits s'appuient, de façon similaire, sur les
schémas d'identification collective obligatoire des animaux et des
procédures de contrôles spécifiques dans les abattoirs et
ateliers de découpe.
B. LE BILAN DE LA LOI DU 1ER JUILLET 1996 SUR LA LOYAUTÉ ET L'ÉQUILIBRE DES RELATIONS COMMERCIALES
La révision de l'ordonnance de 1986 sur la concurrence
a constitué pour l'industrie alimentaire un enjeu essentiel.
Le texte adopté vise à rééquilibrer le dispositif
général en réprimant l'abus de dépendance
économique et en rendant effective l'interdiction de revente à
perte. Ainsi la sanction du déréférencement abusif, la
clarification des règles de refacturation, la définition plus
précise du seuil de revente à perte et l'abrogation du
" droit d'alignement " sont des mesures majeures qui doivent
permettre d'atteindre cet objectif.
L'évaluation des premiers effets de la loi, qui est entrée en
vigueur au début de 1997, a fait l'objet d'une controverse en
particulier sur son impact sur les prix. En effet, d'aucuns ont souligné
que les dispositions de la loi " Galland " provoquaient une
augmentation des prix chez la plupart des distributeurs.
En raison du délai relativement court d'application de cette loi, de
telles affirmations paraissent quelque peu prématurées.
Les producteurs et les industries agro-alimentaires ont pu néanmoins
déceler une tendance à une modification des pratiques dans le
sens de la transparence et de la vérité des prix. Il semble, de
plus, qu'un coup d'arrêt ait été donné à la
dégradation constante de la situation des producteurs vis à vis
de la distribution et que, notamment, l'allongement des délais de
paiement constaté les années précédentes ait
été stoppé. Enfin, les menaces d'un des plus grands
distributeurs de tourner la loi en implantant son centre d'achat hors de France
paraissent devoir rester sans suite.
Votre rapporteur souligne que le dispositif prévu pour faire face aux
situations de crise est néanmoins long à mettre en place et mal
adapté pour faire face aux crises conjoncturelles brèves, propres
à certaines productions agricoles saisonnières comme celles qui
frappent périodiquement les fruits d'été :
pêches, poires, tomates... Ainsi, la grave crise qui a
éclaté en août 1996 n'a pu être amortie par ce
dispositif mais par un accord passé avec la FCD,
fédération regroupant certains grands distributeurs qui s'est
engagée à respecter un certain niveau de prix à l'achat et
à la revente;
Conscients de ces difficultés, les pouvoirs publics s'étaient
engagés à faire le point sur l'application de ces nouvelles
dispositions. Le projet de loi d'orientation agricole pourrait être
l'occasion de modifier certaines mesures si le besoin s'en faisait sentir.
C. FAVORISER LA POLITIQUE D'EXPORTATION DE L'INDUSTRIE AGRO-ALIMENTAIRE
Pour une majorité de branches de l'industrie
alimentaire, la mise en place de l'OMC pose la question de l'avenir de la PAC
et de la politique d'exportation européenne des produits
agro-alimentaires d'ici l'an 2000.
Par ailleurs, les procédures de l'OMC créent un échelon
supplémentaire de décision, au-dessus de l'Union
européenne et des États membres, en matière de politique
agricole et alimentaire. La multiplication des " panels "
et la
surveillance importante des politiques nationales menée au niveau des
comités de l'OMC (agricole, environnement, sanitaire) attestent de cette
réalité.
Si la réunion ministérielle de l'OMC de Singapour de
décembre 1996 n'a pas avancé le calendrier des prochaines
négociations, comme le souhaitaient les États-Unis et le groupe
de Cairns, elle a néanmoins engagé dès à
présent un processus d'analyse et d'échanges d'informations sur
les politiques agricoles et la poursuite du mouvement de libéralisation.
Face à ce constat, la France soucieuse de sa mission exportatrice
dispose de leviers pour infléchir la politique commerciale de l'Union
européenne et faire valoir ses intérêts exportateurs.
Elle a souhaité rappeler à l'ordre la Commission.
C'est ainsi qu'elle a demandé une analyse générale et par
accords de l'impact des accords préférentiels passés par
l'Union européenne sur le fonctionnement des politiques communes et du
marché unique et l'analyse de leur compatibilité avec l'OMC.
1. L'évolution du droit à restitution à l'exportation
A court terme, la promotion de la politique d'exportation
des produits alimentaires passe tout d'abord par la défense des
restitutions à l'exportation.
Soumis depuis plusieurs années à des pressions politiques,
budgétaires et comptables, sous couvert parfois de la lutte anti-fraude,
le droit à restitution a failli connaître en 1996 une restriction
importante. Sous la pression des impératifs budgétaires, un
projet visant à soumettre systématiquement le paiement des
restitutions à l'exportation à la production de preuves
d'arrivée à destination du produit exporté était
soumis à l'arbitrage de la Commission. Cet arbitrage a été
mis en suspens et a été engagé un nouveau processus de
réflexion au sein de la Commission.
De nombreux échanges ont eu lieu pour adapter les propositions de la
Commission au règlement de base 3665/87 relatif aux conditions
d'octroi des restitutions et qui concernaient :
- la suppression du droit à restitution lorsque le produit
exporté est réintroduit dans l'Union européenne sous forme
transformée et au bénéfice d'un droit réduit mais
sans avoir subi de transformation substantielle au sens des règles
d'origine non préférentielles,
- un élargissement de la validité des certificats
d'exportation à des groupes de produits,
- un assouplissement de la notion d'erreur manifeste échappant aux
sanctions administratives.
L'industrie alimentaire est par ailleurs confrontée à un
paradoxe :
alors que des réflexions sont lancées au
niveau national, européen et mondial sur la nécessité
d'ouvrir les douanes à des missions d'accompagnement des
opérateurs et de simplifier les procédures, les produits
alimentaires sont soumis au niveau européen à des
procédures du commerce extérieur de plus en plus lourdes.
2. La gestion des échanges de produits hors annexe II
L'accord de l'Uruguay Round a soumis le secteur des produits
hors annexe II regroupant des produits élaborés tels que
chocolaterie, confiserie, biscuiterie, produits amylacés, bière,
lait infantile à des limitations budgétaires annuelles de
restitutions. Ce système laisse donc à l'Union européenne
une certaine marge de manoeuvre au moins jusqu'à 2001 quant au
volume exporté.
C'est la raison pour laquelle le Conseil européen n'avait pas
jugé utile en 1994 de soumettre ce secteur à une obligation de
certificat d'exportation d'autant plus que les exportations de produits hors
annexe II ne se prêtent pas à une gestion de certificats.
Pour des raisons difficilement compréhensibles, la Commission a
proposé en 1996 une modification du dispositif qui aurait permis
à tout moment de rendre obligatoire de tels certificats.
A l'heure actuelle, les propositions de la Commission sont en suspens.
3. La réforme du régime de Perfectionnement Actif
La Commission européenne a publié au
printemps 96 un livre vert sur la réforme du Perfectionnement Actif.
Ce régime permet d'importer des matières premières du
marché mondial en franchise du droit de douane, de les transformer et de
les réexporter sans restitution.
L'idée de la Commission est d'adapter le régime au nouveau
contexte de l'OMC en facilitant son accès pour les opérateurs.
Votre rapporteur pour avis, tout en étant favorable à une
réforme de ce régime (accélération des
procédures, flexibilité plus grande du régime), met
l'accent sur la nécessité d'un contrôle de l'absence de
préjudice aux intérêts des producteurs communautaires.
Le dossier a connu un rebondissement début 97 lorsque la Commission
a proposé pour le secteur agro-alimentaire un accès automatique
au Perfectionnement Actif avec contrôle a posteriori du respect des
conditions économiques.
Votre rapporteur pour avis craint qu'une telle approche ne remette en cause la
sécurité économique et juridique du régime.
4. Promouvoir les activités de la SOPEXA
a) Analyse de l'activité de la SOPEXA
En 1996, la SOPEXA a mis en oeuvre des actions suivant des
modalités adaptées à chaque marché. Si les actions
menées ont été légèrement en baisse dans
l'Union européenne, elles ont progressé dans les PECO, le Sud-Est
asiatique et même aux USA.
Ces actions, avant tout de nature publi-promotionnelle, sont mises en oeuvre
aux deux-tiers dans les secteurs des vins, fruits et légumes, produits
laitiers et, suivant la même proportion, dans des pays étrangers
à la France.
Le budget de la Société se décompose en :
1.
Une dotation du ministère de l'agriculture
et de la
pêche d'un montant de 165,3 millions de francs en 1996. Cette
subvention a permis de financer:
- la structure, qui comprend l'équivalent de 278 agents à
temps complet, dont 177 à l'étranger (seulement
10 expatriés), répartis sur 39 implantations dans
33 pays en 1996 ;
- des actions d'entraînement général :
53,269 millions de francs.
2.
D'autres " ressources "
qui concernent les
actions pour
lesquelles les budgets sont confiés à SOPEXA (prestataire de
service). Elles s'élèvent en 1996 à 436,826 millions
de francs.
b) Les activités de la SOPEXA en 1996
La SOPEXA a poursuivi son effort de perfectionnement de la
qualité du service proposé à ses partenaires, tant en ce
qui concerne la réflexion stratégique que les outils
opérationnels qu'elle met à leur disposition. Ainsi, en 1996, la
SOPEXA a poursuivi la réflexion avec les filières des produits
laitiers afin d'identifier les zones géographiques et les actions
publi-promotionnelles les plus opportunes pour l'avenir. De même, le
secteur des vins et spiritueux a engagé une démarche avec
l'ensemble des acteurs de la filière pour déterminer une
stratégie de trois ans, qui permettra à la France de renforcer
son positionnement international en participant à une bonne
adéquation entre l'offre française et la demande des
marchés extérieurs.
La SOPEXA a également multiplié les rencontres entre
distributeurs et producteurs, favorisant de nombreux partenariats et a
accueilli de nouvelles entreprises dans les programmes proposés par les
campagnes associatives dans les secteurs vins, produits laitiers, volaille,
produits carnés et fruits et légumes.
Depuis plusieurs années, la demande de prestations de promotion
collective est croissante
. Les budgets actions confiés à
SOPEXA sont en progression constante. L'activité publi-promotionnelle
(composée de l'ensemble des budgets qui lui sont confiés hors
expositions internationales et actions d'entraînement
général) s'est encore intensifiée en 1996. Son montant
total s'est élevé à 400 millions de francs (contre
362 millions de francs en 1995, soit + 10,6 %). Ce
développement est marqué par la croissance de l'activité
de la plupart des secteurs. (vins et spiritueux, produits transformés,
produits de la mer, fruits et légumes...).
c) Les activités programmées par la SOPEXA en 1997
Les activités programmées en 1997 se situent
dans le prolongement des actions menées dans les différents
secteurs en 1996. Elles prennent en compte :
Le contexte international marqué par :
- des taux de croissance très variables selon les zones :
élevés en Asie, Chine et Etats-Unis, plus faibles sur les
marchés européens et le Japon (qu'un haut niveau de pouvoir
d'achat rend toujours très attractif pour les entreprises) ;
- la montée en puissance, en matière d'échanges
extérieurs de l'ensemble de la zone asiatique, qui constitue une
tendance positive favorable au développement sur le long terme de nos
exportations.
Le contexte national, caractérisé par :
- une priorité durable à la maîtrise des
dépenses publiques et une sélectivité accrue des
actions ;
- pour les partenaires de la SOPEXA, des marges de manoeuvre
limitées en raison du contexte général, même si le
développement à l'international apparaît de plus en plus
comme un objectif majeur, car source de croissance et d'emploi ;
- un taux de croissance prévisionnel 1997 qui devrait
faciliter la reprise de la consommation alimentaire avec l'émergence de
nouveaux comportements et de nouvelles attentes des consommateurs, le poids
croissant de la demande hors foyer et l'évolution des modes de
consommation.
Le budget 1997 de la SOPEXA traduit donc cinq orientations
principales :
- la poursuite de l'effort engagé en matière de
qualité des services apportés aux partenaires ;
- le prolongement des réflexions stratégiques engagés
par filière, en concertation avec les pouvoirs publics et les
partenaires privés ;
- la diversification des activités au plan sectoriel ;
- la consolidation du réseau international, notamment sur les zones
asiatiques et les pays de l'Est ;
- le maintien des efforts engagés en ce qui concerne les
crédits sectoriels et d'entraînement général.
Pour 1998, les actions de la SOPEXA doivent être poursuivies
. Il
est prévu qu'un contrat d'objectifs sera élaboré afin de
fixer pour les années à venir les ambitions et moyens
nécessaires pour la conduite de ces actions structurelles concernant
l'ensemble des filières agricoles et alimentaires.
Votre rapporteur pour avis tient à souligner l'importance des actions
menées par la SOPEXA dans la politique d'exportation des industries
agro-alimentaires françaises.
D. LES ORGANISMES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS : UNE QUESTION DÉLICATE
En sélectionnant les caractéristiques
génétiques des êtres vivants dont on contrôle la
reproduction, on obtient un nouvel organisme mieux adapté aux besoins de
productivité ou de commercialisation de l'agriculture et de
l'élevage. Jusqu'à présent, une longue sélection
était nécessaire à l'obtention d'une plante ou d'un animal
conforme.
La transgenèse permet d'ajouter immédiatement
à un organisme un caractère supplémentaire alors que la
sélection classique
(chaque parent apporte 50 % de ses
caractères)
introduit en même temps des caractères
indésirables qu'il faudra éliminer par des opérations
longues et fastidieuses.
Ainsi, les chercheurs utilisent les recherches fondamentales des biologistes
qui, dans les années 1970, ont mis en évidence les
propriétés de certains enzymes capables de couper et de ressouder
les molécules d'ADN (acide désoxyribonucléique),
constituant du noyau de la cellule et support des gènes qui, en quelque
sorte, " programment " le fonctionnement de l'être vivant.
Ces gènes, qui sont aujourd'hui lisibles pour les plantes, pour certains
animaux et, demain, pour l'homme, peuvent être modifiés. Une
information sur un gène d'ADN constituant de l'espèce peut
être annulée ou corrigée, ou inversée. Il suffit si
l'on peut dire d'y introduire les corrections nécessaires, celles-ci
étant reproductibles. Une fois modifiée
génétiquement, l'ADN fait le reste.
L'enjeu, dans un premier temps, c'est la mise en culture des plantes
génétiquement modifiées, le plus souvent, pour
résister aux herbicides ou à certains insectes ravageurs.
Testées depuis une dizaine d'années des deux côtés
de l'Atlantique, elles ont pour la première fois l'an dernier
été semées à grande échelle aux
États-Unis, et exportées. C'est le cas au moins pour le soja
" transgénique " résistant aux herbicides. Une
première livraison en vrac, donc anonyme puisque mélangée
à d'autres graines de soja, a été effectuée
à Anvers l'automne dernier.
C'est l'arrivée sur le marché américain en 1994 de la
tomate Mac Gregor, modifiée génétiquement pour
retarder sa maturation, qui a ouvert la première brèche. Ces
tomates d'outre-Atlantique, mises en conserves, dûment
estampillées " tomates génétiquement
modifiées " sont, depuis, en vente en Grande-Bretagne où
elles bénéficient d'un succès commercial.
Actuellement une trentaine de plantes transformées sont
déjà sur le marché nord-américain
alors qu'en
Europe quelques dossiers sont en attente d'autorisation. Les procédures
d'évaluation du risque alimentaire sont toujours l'objet de discussions
au plan international afin d'aboutir à une harmonisation. Elles
correspondent à la mise en oeuvre du principe de précaution en
raison du risque lié à la construction génétique,
du danger provoqué par la dissémination de ces produits dans
l'environnement et du risque potentiel en terme de sécurité
alimentaire.
Récemment, si la France a autorisé l'importation du maïs
transgénétique sous condition d'étiquetage, elle a
cependant interdit jusqu'à présent la culture de ce maïs, et
ce en raison des incertitudes qu'elle fait peser sur l'environnement.
Le 15 mai 1997, le règlement européen sur les nouveaux
aliments et les nouveaux ingrédients alimentaires (novel food) est
entré en vigueur. Celui-ci prévoit l'étiquetage des
nouveaux aliments qui, sur la base d'une évaluation scientifique, n'est
pas l'équivalent de produits existants.
Cette réglementation devait être transposée au niveau des
États membres avant le 31 juillet.
L'objectif est de permettre au consommateur de disposer de son libre choix et
de déterminer s'il accepte de manger des OCM.
A première vue, le raisonnement adopté par le droit
européen est simple. Il se situe à l'inverse de la
réglementation européenne qui considère qu'à partir
du moment où un aliment est autorisé par les autorités, il
n'est plus nécessaire de le signaler. Le législateur
européen n'a cependant pas précisé ce qu'il entend par
" équivalent ".
Il n'en reste pas moins que, devant les questions que suscitent les OGM, non
seulement de la part des agriculteurs mais aussi de la part des scientifiques,
des industriels et des consommateurs, un suivi est nécessaire, sous
peine d'aboutir un jour ou l'autre à des crises de confiance comparables
à celle vécue par les éleveurs de bovins.
Votre commission a d'ailleurs créé au mois de septembre dernier
un groupe de travail consacré aux conséquences économiques
des OGM qui devrait rendre ses conclusions dans le courant de
l'année 1998.
E. UN EXEMPLE DE DÉVELOPPEMENT DES VALORISATIONS NON ALIMENTAIRES DE PRODUCTIONS AGRICOLES : LES BIOCARBURANTS
Le développement de la production des biocarburants en
France répond à l'objectif prioritaire de lutte contre la
pollution de l'air. En outre, il offre de nouveaux débouchés pour
les productions agricoles et contribue à la réduction de la
facture énergétique de la France.
Deux familles de biocarburants sont actuellement développées
dans notre pays :
- les esters d'huiles végétales (ester de colza incorporé
dans le gazole ou le fioul domestique, ester de tournesol actuellement
testé pour être incorporé dans un premier temps au
fioul) ;
- l'éthanol, produit à partir de blé et de
betteraves, incorporable dans le supercaburant sans plomb sous forme d'Ethyl
Tertio Butyl Ether (ETBE).
1. Au plan agricole
Au titre des semis automne 1996-printemps 1997,
cette production a concerné plus de 85 % des 234.000 habitants
de cultures pratiquées sur terres gelées dans le cadre de la
réforme de la PAC :
Colza Ester |
150.000 ha |
Tournesol ester |
30.000 ha |
Blé ethanol |
10 500 ha |
Betteraves ethanol |
12 500 ha |
Confirmant la tendance observée depuis la campagne
précédente,
on note un nouveau recul des superficies
emblavées en colza ester du fait :
- du maintien à 5 % du taux de gel minimal obligatoire et de
la suppression de l'obligation de rotation des parcelles gelées
permettant de localiser définitivement la jachère sur des terres
de moins bonne qualité ;
- de l'écart de rémunération entre graines
alimentaires et non alimentaires ; les efforts entrepris pas les
filières de production ont généré une diminution de
cet écart au cours des deux dernières années.
Cette baisse des surfaces emblavées ne remet cependant pas en cause
le développement de cette filière.
Afin d'assurer sa pérennité, l'interprofession des
oléagineux s'est d'ailleurs engagée dans un schéma
prévoyant une incitation forte des producteurs de colza
énergétique, notamment par l'amélioration progressive du
prix payé, en augmentation de 37 % par rapport à l'avant
dernière campagne.
En ce qui concerne la filière éthanol, la mise en service en 1996
de deux unités d'ETBE, construites par TOTAL et ses partenaires
agricoles à Dunkerque et à Gonfreville, s'est traduite par une
augmentation des surfaces emblavées en blé et betteraves
éthanol.
2. Au plan industriel
La mise en place d'un tissu industriel se réalise par
l'agrément d'unités pilotes de production.
Pour la production d'ester-carburant, sept usines sont actuellement
agréées pour une volume de 322.500 tonnes par an dont
120.000 tonnes pour l'unité de Rouen, premier outil affecté
en totalité à la production de biocarburants.
L'éthanol est destiné à la fabrication d'ETBE (Ethyl
Tertio Butyl Ether) dont la production est assurée par les unités
suivantes :
- ELF à Feyzin pour 92.900 tonnes d'ETBE incorporant
550.000 hl d'éthanol ;
- TOTAL à Dunkerque pour 59.000 tonnes d'ETBE soit
350.000 hl d'éthanol ;
- TOTAL à Gonfreville identique à la
précédente.
3. Au plan fiscal
Au titre du soutien public pour l'année 1996,
le montant de l'exonération fiscale dont ont
bénéficié les bio-carburants s'est élevé
à 564 millions de francs pour l'ester de colza (4 millions hl)
et 250 millions de francs pour l'éthanol-ETBE (760.000 hl).
Introduite par la loi de finances initiale pour 1992, l'exonération
fiscale de la taxe intérieure de consommation sur les produits
pétroliers (TIPP) dont bénéficient les biocarburants a
été plafonnée par la loi de finances rectificative pour
1993.
Compte tenu du coût de production des carburants d'origine agricole,
actuellement supérieur de 2F/lt à celui des carburants fossiles,
cette exonération est indispensable pour assurer l'équilibre
économique de la filière.
A terme, le niveau de défiscalisation est appelé à
décroître en fonction de l'évolution du contexte
économique et des gains de productivité réalisés
par la filière.
Au plan communautaire, le dispositif national d'exonération fiscale
des biocarburants a été mis en cause par la Commission
européenne qui juge que les mesures prises par la France introduisent
une discrimination entre :
- les productions agricoles autorisées pour la production de
biocarburants et les autres productions susceptibles d'être
utilisées à de telles fins ;
- les cultures sur jachère et hors jachère ;
- les producteurs français et communautaires de biocarburants.
La Commission considère que l'avantage fiscal constitue une aide
indirecte à certaines productions agricoles, incompatible avec les
organisations communes de marché et une aide directe à certains
produits industriels, contraire à l'article 92 du Traité de
Rome.
Tout en contestant les critiques adressées par Bruxelles sur son
dispositif passé et afin de poursuivre le développement de la
filière biocarburant,
la France a engagé avec la Commission
des discussions qui l'ont conduite à proposer aux autorités
communautaires un dispositif amendé en février 1996.
Ainsi, le nouveau dispositif consiste :
- d'une part, à autoriser tout type de biocarburant
répondant à des critères techniques objectifs, sans
référence à une matière première
précise ou à un mode de culture déterminé (sur
jachère ou hors jachère) ; en pratique, le dispositif serait
ouvert aux esters d'huiles végétales et à l'ETBE ;
- d'autre part, à procéder à un appel de candidatures
publié au JOCE pour les unités de production de biocarburants,
qui se verraient alors agréées dans le cadre d'une enveloppe
fiscale fixée par la France.
Parallèlement à sa décision en date du
29 janvier 1997 de demander à la France de supprimer
l'avantage fiscal actuellement accordé dans le cadre de
l'article 32 modifié de la loi de finances pour 1992, la Commission
européenne a donné son aval à la mise en place du nouveau
dispositif tel que décrit ci-dessus.
A cet effet, le Gouvernement s'est engagé à présenter au
Parlement dans le cadre du projet de loi de finances pour 1998, les
dispositions législatives nécessaires à la mise en oeuvre
de ce nouveau dispositif.
L'appel à candidatures permettant à tous les opérateurs
d'avoir accès au marché national des biocarburants sera
lancé au début de l'automne 1997 afin que le nouveau
dispositif soit opérationnel dès l'adoption formelle par le
Parlement des mesures législatives nécessaires ainsi que le
souhaite la Commission.
S'agissant du régime fiscal actuel son maintien jusqu'au vote des
nouvelles dispositions est acceptable pour Bruxelles dans la mesure où
les sociétés qui en demanderaient le bénéfice
puissent y accéder dans des conditions identiques à celles des
opérateurs français déjà agréés.
Ce schéma permettra notamment d'assurer une continuité
indispensable entre le dispositif ancien et le nouveau afin d'éviter
tout arrêt même momentané, de l'exonération fiscale
qui compromettrait gravement l'équilibre financier des unités de
biocarburants dont la production s'effectue sur toute l'année.
4. L'impact de la loi sur l'air et de la modification du taux de gel
Adoptée par le Parlement le
30 décembre 1996, la loi sur l'air vise à
définir les principes devant guider la prévention, la
réduction ou la suppression des pollutions atmosphériques, odeurs
et radiations ionisantes ainsi que l'utilisation rationnelle de
l'énergie.
Au titre des mesures techniques nationales de prévention de la pollution
atmosphérique,
la loi sur l'air prévoit notamment
:
- l'incorporation obligatoire d'un taux minimal d'oxygène dans les
carburants et combustibles liquides avant le 1er janvier 2000
(article 21-III) ;
- la redéfinition des spécifications (ou reformulation) des
carburants avant le 1er janvier 2000 (article 21-IV) ;
- l'utilisation de carburants superoxygénés dans les flottes
spécifiques urbaines (article 24-III).
Ces dispositions sont de nature à élargir le marché des
biocarburants étant précisé que les mesures en cause
concernent l'introduction d'oxygène quelle que soit l'origine fossile au
végétale des composés utilisés.
Un taux d'incorporation de 2 %, proche de la limite maximale qui pourrait
être autorisée au niveau communautaire dans la directive sur la
composition des essences de l'an 2000 impliquerait, en faisant
l'hypothèse d'un marché alimenté à 50 % par
l'ETBE, la production de près de 800.000 tonnes d'ETBE incorporant
365.000 tonnes d'éthanol mobilisant 41.000 hectares de
betteraves et 76.000 hectares de blé.
S'agissant de la filière ester, l'introduction d'un taux renforcé
d'oxygène (2,2 à 3,3 % soit entre 20 et 30 % d'ester)
dans le gazole utilisé par les flottes spécifiques urbaines
visées à l'article 24-III de la loi constituerait une
solution optimale en matière de réduction des émissions
polluantes et impliquerait la production de 80.000 tonnes d'ester soit
70.000 ha de colza et de tournesol.
La faculté ouverte aux agriculteurs de pratiquer des cultures
destinées à des usages non alimentaires sur les terres
gelées au titre de la réforme de la PAC a incontestablement
favorisé l'émergence de la filière biocarburants.
Toutefois, la fluctuation du taux de gel, conçue par Bruxelles comme un
instrument de régulation des marchés alimentaires ne permet pas
de répondre totalement au besoin des outils industriels de disposer d'un
approvisionnement régulier en matières premières agricoles.
Votre rapporteur pour avis estime nécessaire que des
mécanismes doivent donc être mis en place pour assurer la
sécurité des approvisionnements indépendamment des
décisions communautaires relatives à la jachère.
Tel est le cas de l'accord interprofessionnel initié par la
filière oléagineuse française relatif à la gestion
des surfaces d'oléagineux conclu pour la récolte 1997 et
reconduit pour la récolte 1998. Cette initiative engage les
agriculteurs à affecter 12 % de leurs surfaces cultivées en
oléagineux à des usages non alimentaires afin de consolider
l'approvisionnement des nouvelles filières industrielles (biocarburants
en particulier) et de minimiser les risques de dépassement de la
superficie maximale garantie d'oléagineux " alimentaires "
attribués à la France, donc de minimiser les risques de
pénalités sur les aides compensatoires spécifiques
oléagineuses versées aux producteurs français.
II. L'EXAMEN DES CRÉDITS
Votre rapporteur pour avis souligne à titre liminaire la modification de la nomenclature budgétaire pour certains chapitres et articles du projet de loi de finances pour 1998 en ce qui concerne les crédits affectés au Ministère de l'Agriculture et de la Pêche.
A. LES CRÉDITS DE POLITIQUE INDUSTRIELLE
Les crédits du chapitre 61-61- dit crédits
de politique industrielle- enregistrent, en autorisations programme
une
baisse de 13,54 %
par rapport à la dotation de 1997
puisqu'ils passent de 173,51 à 150 millions de francs.
En crédits de paiement, la baisse est de 8,25 %
: les
crédits demandés pour 1998 s'élèvent à
173 millions de francs pour 188,56 l'année passée.
ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE POLITIQUE
INDUSTRIELLE
AUTORISATIONS DE PROGRAMME |
CREDITS DE PAIEMENT |
|||||
Dotations 1997 |
LFI 1998 |
Evolution % |
Dotations 1997 |
LFI 1998 |
Evolution en % |
|
Article 10 Investissements d'intérêt national |
48,35
|
48 |
- 0,72 |
68,76 |
49,79 |
- 27,58 |
Article 20
Investissement d'intérêt
|
61,75
|
52 |
- 15,78 |
66,88 |
68,53 |
+ 2,46 |
Article 30 Abattoirs publics |
14,88
|
6,5 |
- 56,31
|
16,83
|
11,48
|
+ 31,7
|
Article 80 Crédits déconcentrés pour l'environnement |
23,53 |
23,5 |
- 0,12 |
25,59 |
26,63 |
+ 4 |
Article 90 Actions de restructuration |
25 |
20 |
- 20 |
10,49 |
16,57 |
+ 57,95 |
TOTAL |
173,51 |
150 |
- 13,54 |
188,56 |
173 |
- 8,25 |
En millions de francs
Il est important de préciser qu'entre le volume en autorisations de
programme des crédits figurant dans le projet de loi de finances
initiale pour 1997 et celui de ceux pour 1998, l'augmentation est de 11 %
puisque l'article 10 passe de 24 à 48 millions de francs, l'article 20
de 51,75 à 61,75 millions de francs et l'article 30 de 12,30 à
14,88 millions de francs.
Néanmoins en comparant le montant de la dotation votée pour 1997
et celui proposé pour 1998, on constate un baisse de plus de 15 %.
Si la part nationale de la POA se maintient en autorisations de programme avec
48 millions de francs, elle subit une forte diminution passant de
68,7 millions de francs à 49,79 millions de francs en
crédits de paiement.
En ce qui concerne la part régionale de la POA, celle-ci se maintient en
crédits de paiement -68,53 millions de francs en 1998 par rapport
à 66,88 millions de francs en 1997, mais diminue fortement en
autorisation de paiement passant de 61,75 à 52 millions de francs.
Le montant des fonds régionaux d'aides aux investissements
immatériels est en augmentation aussi bien en autorisations de programme
à 23,5 millions de francs qu'en crédits de paiement avec
26,63 millions de francs.
La dotation spécifique aux abattoirs publics demeure de 56 % en
autorisations de programme mais augmente de plus de 30 % en crédits
de paiement.
Au-delà des crédits POA qui sont aujourd'hui devenus
marginaux, votre commission constate que les industries agro-alimentaires sont
le parent pauvre de l'effort budgétaire pour l'agriculture.
Deux comparaisons peuvent être faites pour appuyer cette
thèse :
- la première est la récapitulation des crédits par
agrégat et titre dans le fascicule budgétaire des crédits
du ministère de l'agriculture : l'agrégat n° 1
" Activités agricoles productives " est doté de plus de
11 milliards de francs ; l'agrégat n° 2
" IAA " est pourvu à hauteur de 411 millions de
francs ;
- la seconde concerne l'estimation du fascicule " concours
publics
à l'agriculture " : alors que plus de 75 milliards de
francs sont consacrés en 1996 aux activités agricoles
productives, moins de 803 millions de francs sont affectés aux
industries agro-alimentaires.
Bien évidemment, les raisons que l'on peut avoir d'affecter des fonds
publics à l'agriculture (instabilité intrinsèque des
marchés de produits agricoles, soutien au revenu, enjeux
d'aménagement du territoire et de gestion de l'espace, etc.) ne valent
pas, en général, pour les industries de l'aval. L'industrie
agro-alimentaire est une branche industrielle plutôt prospère et
elle n'est sans doute ni plus ni moins aidée par la puissance publique
que d'autres branches de l'industrie.
Cela dit, s'il ne peut s'agir d'accorder des subventions sans limites,
il
est parfaitement légitime de revendiquer pour l'industrie
agro-alimentaire une politique d'environnement favorable
, qui
nécessiterait moins, sans doute, de nouveaux crédits, qu'une
réorientation de ceux qui existent et, peut-être une meilleure
prise en compte par le ministère de l'agriculture de sa dimension
industrielle. Il s'agit donc de veiller à ce que la priorité
régulièrement affichée à l'agro-alimentaire dans
les actions des organismes de recherche agricoles, à commencer par
l'INRA, se traduise dans les faits et de mobiliser au mieux les moyens de
promotion de la SOPEXA, ce qui n'est pas véritablement le cas dans le
projet de loi de finances pour 1998.
B. L'INSUFFISANCE DES CRÉDITS PUBLICS EN FAVEUR DES ACTIONS MENÉES PAR LA SOPEXA
1. L'évolution des dotations
Depuis 1990, l'évolution des dotations publiques
versées à la SOPEXA a été la suivante :
ANNÉE |
Dotation imputée
directement sur le budget de
l'agriculture et de la pêche
|
Dotation imputée
directement sur le budget de
l'agriculture et de la pêche
|
Crédits transitant par les offices |
1990 |
199,2 MF |
199,2 MF |
63,2 MF |
1991 |
196,5 MF |
196,5 MF |
60,1 MF |
1992 |
185,5 MF |
185,5 MF |
52,85 MF |
1993 |
182,5 MF |
177,1 MF |
77,39 MF |
1994 |
180,8 MF |
180,8 MF |
88,73 MF |
1995 |
181,5 MF |
176,5 MF |
116,12 MF |
1996 |
170,0 MF |
165,3 MF |
128,0 MF |
1997 |
168,0 MF |
155,75 MF |
En cours de gestion |
Les financements complémentaires pour chaque action
promotionnelle émanent des interprofessions, des entreprises et des
régions. Certains financements sont assurés par l'Union
européenne.
En 1996, le budget global géré par SOPEXA s'est
élevé à 610 millions de francs
, dont :
- 165,3 millions de francs provenant directement du ministère
de l'agriculture et de la pêche ;
- 128 millions de francs par le biais des offices par produits
(ONIFLHOR, ONIVINS, ONILAIT, OFIVAL, FIOM) ;
- 165 millions de francs provenant des interprofessions et
26 millions de francs du CNPA ;
- 70 millions de francs des entreprises ;
- 11 millions de francs de l'Union européenne et
7 millions de francs des Conseils régionaux et comités de
promotion.
Les crédits consacrés aux actions sont en réalité
confiés à la SOPEXA pour leur mise en oeuvre.
2. La dotation prévue pour 1997
La dotation directement imputée sur le budget du
ministère de l'agriculture et de la pêche,
soit
168 millions de francs initialement prévus en 1997
est
destinée à assurer le fonctionnement de la SOPEXA, en particulier
de son réseau international (112 MF) d'une part, des actions
d'entraînement général et sectorielles d'autres part.
A la dotation directement imputée sur le budget du ministère
de l'agriculture et de la pêche, s'ajoutent les financements publics
transitant par les offices agricoles
. Dans ce domaine de l'appui au
commerce extérieur, les actions des offices agricoles concernent quasi
exclusivement les opérations sectorielles menées par la SOPEXA.
Ils participent à l'élaboration des programmes de promotion,
produit par produit, avec la SOPEXA et attribuent les crédits en
complément de deux des interprofessions et des entreprises.
3. Les prévisions pour 1998
Les crédits destinés à la promotion
des exportations sont regroupés dans le chapitre 44-53,
article 30. Ils ont pour objet :
- de faciliter les efforts de prospection et d'implantation commerciale
des entreprises à l'étranger, en particulier les PME/PMI, par
l'action de la direction des produits agro-alimentaires du centre
français du commerce extérieur (CFCE) ;
- de permettre l'organisation du concours général agricole
dans le cadre du salon international de l'agriculture ;
- d'assurer la promotion des technologies et savoir faire français
dans le domaine de l'agro-fourniture et de l'agro-industrie ;
- enfin d'inciter à la réalisation des actions de promotion
collective, tant sur le marché national que sur les marchés
étrangers, par le biais de la SOPEXA.
Cet article d'un montant de 197,80 millions de francs pour 1997 subit
une baisse de plus de 20 % pour atteindre 157,80 millions de francs.
Votre rapporteur pour avis considère que les crédits
consacrés à la SOPEXA revêtent un caractère
essentiel pour soutenir les produits agricoles et alimentaires sur les
marchés d'exportation. Ils doivent être au minimum reconduits par
rapport à 1997, soit une augmentation de 40 millions de francs.
C. LES AUTRES CRÉDITS
1. Les crédits du ministère
Il faut ajouter aux crédits de politique industrielle
d'autres dotations du ministère qui concernent également
l'agro-alimentaire
:
- les crédits de recherche appliquée au secteur
agro-alimentaire (chapitre 61-21 article 61), sont en baisse de
5 % avec 24,03 millions de francs en crédits de paiement.
Mention particulière doit être faite des dotations qui
financent des actions de développement de la qualité
d'hygiène ou de promotion ;
- les crédits destinés à la promotion de la
qualité alimentaire (chapitre 44-70 article 30) passent de
13,5 millions de francs à 16,4 millions de francs) soit une
hausse de 21 % ;
- les dotations de l'INAO (chapitre 36-22 article 43) sont en
augmentation de 9 % avec 72 millions de francs ;
- les dotations versées au CNEVA (chapitres 36-22-13 ;
61-21-73, 36-21- 22 et 61-21- 71) sont en augmentation avec
186,4 millions de francs.
2. Les crédits en provenance des autres ministères
Des crédits d'autres ministères
bénéficient également aux industries agro-alimentaires.
Au titre du ministère de la recherche, par exemple, près de
29 millions de francs
devraient bénéficier directement
aux industries agro-alimentaires en 1998.
Les crédits d'aménagement du territoire concernent
également, pour partie, les industries agro-alimentaires
. L'apport
du FNADT a été estimé pour 1996 à
18,31 millions de francs, celui de la prime à l'aménagement
du territoire étant de 68,17 millions de francs.
3. Les aides communautaires
Compte tenu de la modicité des crédits
nationaux,
le FEOGA-orientation se trouve être devenu,
depuis les
dernières années
, le principal contributeur au financement des
industries agro-alimentaires.
Les plans sectoriels actuellement en vigueur définissent les objectifs
de développement des IAA pour la période 1994-1999. Ils
précisent les moyens que l'Etat entend consacrer pour atteindre ces
objectifs et les concours financiers attendus du FEOGA et de l'instrument
financier d'orientation de la pêche (IFOP).
Ces plans sont directement issus de la mise en oeuvre de la décision de
la Commission des communautés européennes du
22 mars 1994 qui arrête les critères de choix à
retenir pour les investissements concernant l'amélioration des
conditions de transformation et de commercialisation des produits agricoles.
Ces critères doivent être appliqués de façon
cohérente à toute décision octroyant des aides aux
investissements des entreprises agro-alimentaires, quels que soient les mesures
et les fonds concernés.
Pour les zones d'objectif 1 (Corse, arrondissement de Douai, Valenciennes,
Avesnes et DOM), ces documents spécifiques de programmation sont
intégrés dans les documents généraux de
l'objectif 1 " Régions en retard de
développement ".Il y a onze plans sectoriels (dont
l'abattage-découpe de viandes, la transformation des viandes...).
Il convient d'y ajouter le plan sectoriel spécifique à la
transformation des produits des pêches maritimes et de l'aquaculture
continentale.
Après les arbitrages financiers avec la commission européenne,
pour l'ensemble de ces plans (hors objectif 1),
la France a
présenté une demande de concours du FEOGA de 1,782 milliards
de francs pour les six années (de 1994 à 1999), soit environ
297 millions de francs par an
.
Cette demande correspond à un montant prévisionnel
d'investissements de 9,34 milliards de francs
, ce qui suppose de
mobiliser des aides nationales de l'ordre de 895 millions de francs (soit
près de 149 millions de francs par an) dont les 2/3 proviendraient
de crédits d'Etat.
DEMANDE DE CONCOURS FEOGA (1994-1999)
(en millions de francs)
Prévisions 1994-1999 |
Transformation et commercialisation des produits agricoles |
Transformation des produits de la pêche |
TOTAL |
Demande FEOGA |
1 590 (265/an) |
192 |
1 782 (297/an) |
Investissements
|
8 380 |
960 |
9 340 |
Aides nationales |
837 (140/an) |
58 |
895 (149/an) |
Au 30 juin 1997, le comité chargé
d'assurer la programmation des concours FEOGA et IFOP a proposé l'octroi
de 1.025 millions de francs répartis comme suit :
Prévisions 1994/1999 |
Aides accordées |
|
Abattage découpe de viandes |
322,2 |
225,3 |
Charcuterie |
121,9 |
109,6 |
Produits laitiers |
198,1 |
122,7 |
Volailles |
144,4 |
159,0 |
Céréales |
33,3 |
14,3 |
Vins et alcools |
194,0 |
77,1 |
Fruits et légumes |
398,8 |
132,2 |
Horticulture |
27,7 |
1,9 |
Semences |
22,2 |
14,8 |
Pommes de terre |
61,1 |
40,8 |
Divers végétaux |
34,0 |
15,3 |
Autres produits |
32,3 |
0,3 |
TOTAL |
1 590,0 |
913,3 |
Produits de la pêche |
192,0 |
111,7 |
Il convient de préciser qu'en 1994 et 1995 aucune
décision d'aide n'a pu être formalisée. En effet, le
document de programmation présenté par la France en
avril 1994 pour la période 1994-1999 n'avait pas encore fait
l'objet d'une décision d'approbation par la Commission des
Communautés européennes. Cette décision n'a
été prise que fin mars 1995 et les procédures
d'utilisation des crédits européens n'ont été
approuvées qu'au début de 1996. Les données
indiquées correspondent donc uniquement aux projets examinés par
le comité de programmation.
Ne suivant pas les conclusions de son rapporteur pour avis qui proposait un
avis favorable sous réserve de l'abondement des crédits
consacrés à la SOPEXA, la Commission des Affaires
économiques a émis un avis défavorable pour l'adoption des
crédits des industries agro-alimentaires, inscrits au budget du
Ministère de l'Agriculture et de la Pêche pour 1998.
EXAMEN PAR LA COMMISSION
Au cours de sa réunion du mercredi 29 octobre 1997 sous
la présidence de M. Jean François-Poncet, président, la
commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M.
Aubert Garcia sur les industries agricoles et alimentaires.
Décrivant l'évolution du secteur au cours de l'année
écoulée,
M. Aubert Garcia, rapporteur pour avis
, a
indiqué que l'industrie alimentaire avait confirmé la reprise
amorcée en 1993 et ce malgré une année difficile en raison
de la crise de l'encéphalopathie spongiforme bovine. Il a
précisé que la production avait augmenté, comme en 1996,
de 1,8 % en volume.
Par rapport à 1995, il a noté que la consommation des
ménages avait progressé moins rapidement et que la croissance des
exportations avait été nettement plus faible. Les exportations,
qui jouent traditionnellement un rôle moteur pour la progression du
secteur, ont connu le plus faible taux de croissance en volume depuis 1982,
a-t-il ajouté.
M. Aubert Garcia, rapporteur pour avis
, a indiqué qu'en revanche,
la baisse des importations en volume avait favorisé les produits
français et permis d'atteindre un excédent commercial record de
58 milliards de francs. Il a précisé que les chiffres du
premier semestre 1997 marquaient également un fort excédent.
Il a regretté que ce bilan positif fût en contraste avec la
situation de l'emploi, qui a continué à se
détériorer, à un rythme néanmoins plus lent qu'au
début des années 90. Il a souligné que l'emploi dans
l'agro-alimentaire avait reculé de 1 % en 1996, à l'instar de
1995 alors qu'il avait baissé de 1,7 % en moyenne annuelle sur la
période 1990-1993.
Parmi les défis auxquels devaient faire face les industries alimentaires
en France, deux d'entre eux ont été, au cours de ces derniers
mois, au coeur de l'actualité, a précisé le rapporteur.
Il a tout d'abord évoqué les relations entre l'industrie
agro-alimentaire et la grande distribution. Il a souligné que de
nombreux indices permettaient d'estimer que les nouvelles dispositions
légales en la matière devraient favoriser le retour à la
transparence et à la vérité des prix et poseraient
à terme les bases d'un dialogue plus équilibré et plus
fécond entre l'industrie agro-alimentaire et la distribution.
M. Aubert Garcia, rapporteur pour avis
, a indiqué que le second
défi majeur auquel l'industrie agro-alimentaire avait dû faire
face en 1996 et 1997 était apparu à l'occasion de la crise dite
de la " vache folle ". Il a rappelé que l'exigence d'une
sécurité alimentaire renforcée était au centre des
préoccupations du secteur.
Au-delà des mesures à court terme,
M. Aubert Garcia,
rapporteur pour avis
, a souligné que la réorganisation des
services du ministère de l'agriculture, le projet de loi relatif
à la qualité sanitaire des denrées destinées
à l'alimentation humaine ou animale présenté par le
précédent Gouvernement et l'examen par la Haute Assemblée
des conclusions de la commission des affaires sociales du Sénat, sur la
proposition de loi ayant trait au renforcement de la veille sanitaire,
constituaient des premières avancées.
Il a noté que le grand enjeu des années à venir, pour le
développement des industries agro-alimentaires, était sans aucun
doute sa capacité à exporter.
Le rapporteur pour avis a indiqué, à ce propos, que tant qu'il
subsisterait des écarts de prix entre l'Union européenne et le
marché mondial, il apparaissait nécessaire de maintenir les
mécanismes qui permettaient de sauvegarder ou restaurer la
compétitivité des entreprises exportatrices.
En outre,
M. Aubert Garcia, rapporteur pour avis,
a rappelé
que l'Union disposait de plusieurs leviers permettant d'obtenir un meilleur
accès aux marchés des pays tiers comme la surveillance des
marchés, les accords commerciaux préférentiels et les
négociations à l'OMC.
M. Aubert Garcia, rapporteur pour avis,
a précisé que
la sécurité alimentaire constituait l'une des priorités du
Gouvernement en matière agricole.
Abordant l'examen des crédits, il a souligné que, si l'on
comparait le montant des crédits de politique industrielle figurant au
projet de loi de finances initiale pour 1998 à celui du projet de loi de
finances initiale pour 1997, on observait une augmentation des crédits
de 11 %. Certes, si l'on rapportait les dotations du projet de loi de
finances pour 1998 à celles pour la loi de finances initiale pour 1997,
on constatait une baisse de 15,60 %, mais il convenait -a-t-il
observé- de ne comparer que des données comparables. Il a, par
ailleurs, considéré que c'était au niveau des
autorisations d'engagement que se mesurait la volonté politique d'un
Gouvernement, et non au niveau des crédits de paiement, destinés
à solder les dépenses effectivement engagées lors de ou
des exercices précédents.
M. Aubert Garcia, rapporteur pour avis,
a ajouté que, si ce
projet de budget n'était pas de " nature à susciter un
enthousiasme délirant ", il marquait toutefois une tendance
à freiner le désengagement de l'Etat dans le secteur de
l'agro-alimentaire.
En ce qui concerne les crédits affectés à la prime
d'orientation agricole, le rapporteur pour avis a précisé que
ceux-ci étaient maintenus à un niveau suffisant permettant de
mobiliser les aides du Fonds européen d'orientation et de garantie
agricole (FEOGA). Il a souligné que la seule dotation en baisse sensible
concernait les compensations pour fermeture d'abattoirs.
Il a ensuite effectué le bilan des crédits du ministère en
précisant que la plupart des dotations étaient soit reconduites,
notamment en autorisations de programme, soit en augmentation.
M. Aubert Garcia, rapporteur pour avis,
n'a pas manqué de
s'étonner, dans ce contexte de maintien ou de progression des
crédits, de la baisse sévère de la dotation
consacrée à la Société pour la promotion et
l'exportation des produits agricoles (SOPEXA). Il a toutefois
considéré que cette baisse ne pouvait être que provisoire,
rappelant à ce propos que l'on attendait, pour le courant de
l'année prochaine, les résultats de l'audit de fonctionnement
mené conjointement par le ministère des finances et celui de
l'agriculture.
Sous réserve de l'augmentation indispensable de la dotation
destinée à la SOPEXA lorsque ces résultats seraient
connus, le rapporteur pour avis a proposé de donner un avis favorable
aux crédits du ministère de l'agriculture et de la pêche
consacrés aux industries agro-alimentaires dans le projet de loi de
finances pour 1998.
Après avoir félicité le rapporteur pour avis pour la
qualité de sa présentation,
M. Gérard César
a indiqué que le groupe du rassemblement pour la République
donnerait néanmoins un avis défavorable à ce projet de
budget, en raison de l'évolution que connaissait la prime d'orientation
agricole et de la baisse des crédits consacrés à la SOPEXA.
Après s'être associé, de même que
M. Jean Huchon,
à ces appréciations quant à la qualité du
rapporteur,
M. Henri Revol
a indiqué que le groupe des
républicains et des indépendants donnerait également un
avis défavorable à ce projet de budget pour les mêmes
raisons.
M. Jean François-Poncet, président
, a constaté que
l'on considérait habituellement un budget en augmentation comme un bon
budget, mais que cette appréciation était contradictoire avec
l'objectif global de freinage des dépenses publiques en vue de
satisfaire les critères du Traité de Maastricht.
Après un échange de vues auquel ont participé
MM. Fernand Tardy, Louis Moinard, Philippe François et Roger
Rinchet
, la commission a donné un
avis défavorable
à l'adoption des crédits du ministère de l'agriculture et
de la pêche consacrés aux industries agro-alimentaires
dans le
projet de loi de finances pour 1998, les socialistes se déclarant
favorables à l'adoption des crédits.
1
Rapport Sénat n° 288
(1996-1997) présenté par M. Marcel Deneux au nom de la Commission
des Affaires économiques sur le projet de loi adopté par
l'Assemblée nationale relatif à la qualité sanitaire des
denrées destinées à l'alimentation humaine ou animale.
2
Proposition de loi n° 329 (1996-1997)
présentée par MM. Charles Descours, Claude Huriet, Maurice Blin,
Guy Cabanel, Henri de Raincourt, Josselin de Rohan, Jacques Bimbenet, Paul
Bland, Mme Annick Bocandé, MM. Louis Boyer, Dominique Leclerc, Bernard
Seillier et Jean-Pierre Fourcade, relative au renforcement de la veille
sanitaire et du contrôle de la sécurité sanitaire des
produits destinés à l'homme.
3
Rapport d'information n° 196 Sénat (1996-1997)
fait par M. Claude Huriet au nom de la commission des affaires sociales
à la suite de la mission d'information sur les conditions du
renforcement de la veille sanitaire et du contrôle de la
sécurité sanitaire des produits destinés à l'homme
en France présidée par M. Charles Descours..
4
Avis n° 418-Sénat (1996-1997)
présenté par M. Gérard César au nom de la
commission des affaires économiques sur les conclusions de la Commission
des Affaires économiques sur la propositon de loi au nom de
MM. Charles Descours, Claude Huriet et plusieurs de ses collègues.