AVIS N° 87 Tome XXIII-PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - VILLE
M. Gérard LARCHER, Sénateur
COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES ET DU PLAN - AVIS N°87 - Tome XXIII 1997/1998
Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE IER -
L'EFFORT FINANCIER
CONSACRÉ À LA POLITIQUE DE LA VILLE -
CHAPITRE II -
LA MISE EN OEUVRE DU PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE- I. DES MESURES D'APPLICATION NOMBREUSES, ÉDICTÉES AVEC RAPIDITÉ
-
II. DE PREMIERS RÉSULTATS INTERESSANTS
- A. LA CRÉATION D'ACTIVITÉS ET D'EMPLOIS
- B. LE RÉTABLISSEMENT DE LA PAIX PUBLIQUE
- C. UNE PRIORITÉ PARTAGÉE PAR D'AUTRES GOUVERNEMENTS EUROPÉENS ET REPRISE PAR LE GOUVERNEMENT DE M. LIONEL JOSPIN
- D. LE SOUTIEN À L'ÉGALITÉ DES CHANCES À L'ÉCOLE
- E. L'ACCROISSEMENT DE LA MIXITÉ DE L'HABITAT
- F. LE RENFORCEMENT DES PARTENARIATS
- G. L'ACCROISSEMENT DE LA PRÉSENCE DES SERVICES PUBLICS
- III. PREMIER BILAN DE LA CREATION DES ZONES FRANCHES
- AUDITION DE M. JEAN DAUBIGNY, DÉLÉGUÉ INTERMINISTÉRIEL À LA VILLE ET AU DÉVELOPPEMENT SOCIAL URBAIN
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XXIII
VILLE
Par M. Gérard LARCHER,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe François,
Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis
Minetti,
vice-présidents
; Georges Berchet, William Chervy,
Jean-Paul Émin, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard
Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer,
Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat,
Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere,
Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe
Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert
Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis
Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson,
Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond
Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber
Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni,
Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard
Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul
Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger
Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan,
Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
19
)
(1997-1998).
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Voici un an, votre rapporteur pour avis se félicitait de l'adoption de
la loi relative à l'entrée en vigueur du Pacte de relance pour la
ville. Ce dispositif fonctionne dans son intégralité depuis le
mois de février 1997. Vingt textes d'application, dont le détail
sera présenté par le présent rapport, ont
été élaborés dans des délais brefs :
les espoirs placés par la Commission spéciale du Sénat
dans le Pacte n'ont donc pas été vains et l'ambition qui animait
ses promoteurs s'est traduite en faits. Il convenait d'en donner acte au
précédent Gouvernement.
Votre rapporteur pour avis nourrit, quelques interrogations quant à la
détermination du Gouvernement actuel à poursuivre la politique
pour la ville engagée par son prédécesseur et pourtant
cette politique a besoin de continuité ! Il a constaté, en
premier lieu, que la déclaration de politique générale du
Premier ministre ne faisait pas explicitement référence à
la " politique de la ville ", même si elle évoquait
certains de ses aspects.
En outre, au début de l'été 1997, la presse s'est fait
l'écho de certaines interrogations, venues du nouveau Gouvernement, sur
la pertinence du dispositif des zones franches urbaines qui constituent, selon
votre Commission des Affaires économiques, l'un des
éléments novateurs de la politique de la ville depuis le
début des années quatre-vingt.
Depuis lors, le Gouvernement a fait savoir que le dispositif des ZFU ne serait
pas modifié en 1997, mais qu'il serait vraisemblablement
réexaminé en 1998, à l'occasion de la renégociation
des contrats de ville.
Votre Commission des Affaires économiques estime qu'une telle annonce
est, en elle-même, préjudiciable à la réussite des
zones franches : quel chef d'entreprise irait s'installer dans une zone
franche dont il n'est pas assuré de la pérennité ?
Votre Commission juge, tout au contraire, souhaitable de conserver le
dispositif en l'état et d'en mesurer les effets. Elle rappelle, au
surplus, que les zones franches constituent un dispositif
" biodégradable ", appelé à disparaître
une fois que les quartiers qu'elles recouvrent auront été
" remis à niveau " au plan économique.
S'agissant des crédits, il y a lieu de s'interroger sur le
décompte d'une partie des fonds mobilisés au titre des emplois
jeunes, qui aboutit à majorer fortement la progression des
crédits de la ville. En effet, hormis une déclaration d'intention
du Gouvernement, sur le fait que 10 % des emplois jeunes seraient
consacrés aux zones urbaines sensibles, aucune certitude n'est
apportée sur la réelle affectation de cette fraction au seul
bénéfice de la politique de la ville.
En outre, votre Commission des Affaires économiques note que l'absence
de désignation d'un ministère spécifiquement chargé
de la politique de la ville dans l'organigramme gouvernemental est de nature
à obscurcir les conditions de gestion de cette politique. Elle a
d'ailleurs, quant à elle, choisi de poursuivre l'action qu'elle
mène dans la continuité depuis 1992, en chargeant votre
rapporteur pour avis d'établir un rapport sur l'aménagement des
espaces périrubains et sur leur mise en valeur.
Au total, votre Commission souhaite que le Gouvernement exprime clairement les
orientations qu'il entend donner à la politique de la ville. Elle
aimerait obtenir des assurances sur le fait que le Pacte de relance sera bien
poursuivi.
Plus que toute autre, la politique de la ville a impérativement besoin
de continuité.
CHAPITRE IER -
L'EFFORT FINANCIER
CONSACRÉ
À LA POLITIQUE DE LA VILLE
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Chaque année, en application de l'article 115 de la loi
de finances pour 1990, le Gouvernement présente un état
récapitulatif de l'effort financier consacré à la
politique de la ville et du développement social urbain.
Ce " jaune " budgétaire recense l'ensemble des crédits
qui concourent à la politique de la ville, à savoir :
d'une part,
les crédits des départements
ministériels
:
- les
crédits spécifiques " ville "
(inscrit cette année au " bleu " budgétaire
" Ville et intégration " du ministère de l'emploi et de
la solidarité) ;
- les
crédits
relevant de divers ministères
contractualisés
au sein des engagements relatifs à la
politique de la ville des contrats de plan Etat-région ;
- les
crédits ordinaires
des ministères qui financent
les actions inscrites aux programmes des contrats de ville ;
- les
crédits divers
inscrits aux budgets des
ministères qui ne relèvent pas des contrats de ville, mais
concourent cependant à la politique de la ville ;
- les
concours particuliers de la dotation globale de fonctionnement
(DGF) que constituent la dotation de solidarité urbaine (
DSU
)
et le Fonds de solidarité des communes de la région Ile-de-France
(
FSRIF
) ;
d'autre part,
les dépenses fiscales
qui résultent de
mesures en faveur des zones de redynamisation urbaine et des zones franches
urbaines.
Au total, l'effort de la nation en faveur de la politique de la ville est de
près de
15 milliards de francs pour 1998, soit + 7 %
par rapport à 1997.
Votre rapporteur pour avis juge souhaitable de souligner le fait que, comme les
années passées, le montant du Fonds de solidarité des
communes de la région Ile-de-France (FSRIF) -soit près de
657 millions de francs en 1997 (contre 600 millions de francs en
1996)- est rangé au nombre des concours de l'Etat sous la formule
" Solidarité urbaine " (cf. tableau ci-dessous).
Voici trois ans déjà, la Cour des Comptes, dans son rapport,
avait souligné le fait que : "
les dotations du FSRIF trouvaient
une contrepartie dans un prélèvement opéré sur les
revenus d'autres communes bénéficiant d'une situation fiscale
plus favorable
".
En d'autres termes, le fonds de solidarité des communes de la
région Ile-de-France exprime une
solidarité horizontale
des communes de la région Ile-de-France et non pas une aide
" verticale " de l'Etat aux plus défavorisées d'entre
elles. Dès lors, il conviendrait de retrancher le FSRIF de la ligne
" Solidarité urbaine " et de l'ajouter aux sommes que les
collectivités locales consacrent à la politique de la ville.
En effet, ainsi que le rappelle le " jaune " budgétaire,
les collectivités territoriales contribuent
, pour une part
importante,
à la politique de la ville :
près de
2.561,8 millions de francs
ont ainsi été
versés par les communes, départements et régions pour
financer les procédures contractuelles
en 1996, dernier exercice
connu
1(
*
)
.
Aux dotations de l'Etat, il convient d'ajouter, en outre, celles provenant des
fonds européens concourant à la politique de développement
social urbain.
Votre Commission des Affaires économiques souhaiterait obtenir des
assurances du Gouvernement sur l'évolution des crédits
européens consacrés à la politique de la ville, du fait
des réformes qui résulteront de l'élargissement de
l'Union, dans le cadre des perspectives tracées par la Commission dans
" l'Agenda 2000 ".
Le tableau ci-dessous présente l'ensemble des moyens financiers
consacrés à la politique de la ville :
TABLEAU RÉCAPITULATIF DE L'EFFORT
FINANCIER
CONSACRÉ À LA POLITIQUE DE LA VILLE
(en millions de francs)
1997
|
1998
|
|
A- 1. Crédits spécifiques ville |
1 402.92 |
1 377,63 |
A- 2. Crédits contractualisés relevant de divers ministères |
1 410,10 |
1 410,10 |
A- 3. Crédits d'autres ministères inscrits aux programmes d'actions des contrats de ville |
1 067,00 |
1 067,00 |
A- 4. Crédits relevant de divers ministères |
4 927,78 |
5 870,62 |
A- 5. Solidarité urbaine |
2 822,00 |
2 867,00 |
Total A |
11 629,80 |
12 592,35 |
B- Dépenses fiscales et compensations |
2 448,10 |
2 476,60 |
TOTAL A + B |
14 077,90 |
15 068,95 |
C. Fonds européens |
1 124 |
1 046,00 |
Source : " Jaune " budgétaire.
II. PRÉSENTATION DÉTAILLÉE DES MOYENS
A. LES CONCOURS DE L'ETAT
1. Les crédits spécifiques " ville "
Les crédits spécifiques " Ville "
inscrits au " jaune " budgétaire récapitulent, d'une
part, ceux inscrits au fascicule " bleu "
"
Ville et
intégration
" du ministère de l'emploi et de la
solidarité et, d'autre part, ceux qui proviennent
d'autres
budgets
(compte d'affectation spéciale FARIF et fonds
interministériel d'intervention pour la politique de la ville, pour
l'essentiel).
Ces crédits diminuent de 1,8 %, passant de 1.403 à
1.377 millions de francs, ainsi qu'il ressort du tableau ci-dessous.
LES CRÉDITS SPÉCIFIQUES " VILLE "
(en millions de francs)
1997
|
1998
|
|
A- 1. Crédits spécifiques ville |
||
A- 1.1. Crédits ville inscrits au bleu Santé, Solidarité et Ville |
||
Fonds social urbain |
202,02 |
200,00 |
Prévention de la délinquance |
69,50 |
45,00 |
Fonctionnement de la DIV |
19,00 |
16,40 |
Actions de modernisation et d'animation |
84,95 |
79,60 |
1 % associatif |
15,50 |
- |
Etudes |
4,17 |
2,00 |
Partenariat national |
10,82 |
8,28 |
Contrats de ville Pact-urbains GPU et autres conventions |
538,26 |
574,52 |
A- 1.2. Autres budgets |
||
CAS-FARIF |
199,00 |
192,00 |
Transfert fonds interministériel ville |
226,00 |
226,00 |
Transfert ville-vie-vacances |
20,30 |
20,30 (2) |
Personnel DIV |
13,39 |
13,53 |
Sous-total A-1. |
1. 402,917 |
1.377,63 |
Source : " Jaune " budgétaire.
2. Les crédits contractualisés
Les crédits contractualisés sont les
crédits inscrits au titre de la politique de la ville dans les
contrats de plan Etat-régions
(CPER) et les crédits
logement auxquels s'ajoutent les crédits de la DATAR pour les programmes
d'aménagement concerté du territoire (PACTs) urbains
2(
*
)
.
Comme le montre le tableau ci-dessous, ces crédits sont stables à
hauteur de 1,41 milliard de francs.
CRÉDITS RELEVANT DE DIVERS MINISTÈRES CONTRACTUALISÉS AUX CPER
(en millions de francs)
1997
|
1998
|
|
A- 2. Crédits relevant de divers ministères contractualisés aux CPER |
||
Fonds d'action sociale (FAS) |
187,90 |
187,90 |
Logement Chapitre 65-48 |
1 014,20 |
1 014,20 |
RHI |
80,00 |
80,00 |
FNADT Pact-urbain |
57,00 |
57,00 |
Autres ministères |
71,00 |
71,00 |
Sous-total A- 2. |
1 410,10 |
1 410,10 |
Source : " Jaune " budgétaire.
3. Les crédits relevant d'autres ministères inscrits aux programmes d'action des contrats de ville
En 1993, le Comité interministériel des villes
(CIV) a décidé que des négociations sur la politique de la
ville se dérouleraient entre les maires et les préfets de
185 agglomérations concernées par les problèmes
urbains. A l'issue de ces négociations, 214 contrats de ville ont
été signés (58 en Ile-de-France, 141 en
métropole, 15 dans les DOM-TOM).
Ces
contrats de ville
qui portent sur l'adaptation des services publics,
l'habitat et le cadre de vie, l'insertion économique et la
prévention de la délinquance associent les communes et l'Etat,
ainsi que, dans la moitié des cas, les départements et les
régions. Ils fixent les engagements pluriannuels des parties signataires
et une de leurs annexes dresse la liste de l'ensemble des crédits
ordinaires consacrés par l'Etat au financement de chaque contrat.
L'ensemble des crédits inscrits aux programmes d'action des contrats de
ville s'élevaient à 1.066,7 millions de francs en 1997, soit un
montant équivalent à 1996.
Ces crédits sont présentés dans le tableau ci-dessous.
CRÉDITS RELEVANT D'AUTRES
MINISTÈRES
CONCOURANT À LA POLITIQUE DE LA VILLE
(en millions de francs)
1996
|
|
Education nationale |
26,04 |
Jeunesse & sports |
45,78 |
Emploi et solidarité |
428,62 |
Culture et communication |
34,66 |
Environnement |
771,00 |
Justice |
14,48 |
Equipement, transport, logement |
511,37 |
PME, commerce & artisanat |
4,98 |
TOTAL |
1 066,73 |
Source : " Jaune " budgétaire.
4. Les crédits relevant de divers ministères concourant à la politique de la ville
Seize départements ministériels concourent
à un titre ou à un autre à la politique de la ville, pour
un total de 5,87 milliards de francs en hausse de près de 20 %
par rapport à 1996. Cet accroissement provient, pour l'essentiel, de
l'augmentation des crédits inscrits au titre du ministère de
l'emploi et de la solidarité.
Le Gouvernement a manifesté le souhait que 10 % des dépenses
en faveur des " emplois-jeunes " soient affectées à des
emplois-jeunes créés dans les quartiers en difficulté qui
appartiennent aux zones constituant le territoire de la politique de la ville.
Ces dépenses représentent environ 800 millions de francs,
soit près de 80 % de l'accroissement des dépenses totales de
l'Etat en faveur de la politique de la ville
, lesquelles augmentent,
rappelons-le, de 991 millions de francs (cette imputation rend difficile
la comparaison entre 1997 et 1998 sur ce budget).
Votre Commission des Affaires économiques estime que, dans la mesure
où il n'est pas certain que ces 800 millions soient
réellement consommés en faveur des jeunes situés dans les
zones relevant de la politique de la ville, il aurait été
préférable de ne pas les imputer directement et
intégralement à ce budget dans le jaune budgétaire, mais
de les signaler dans une annexe
.
On notera que la baisse des crédits du fonds d'intervention pour la
sauvegarde, la transmission et la restructuration des activités
commerciales et artisanales (FISAC) est compensée par le montant des
crédits destinés à l'établissement public de
restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA)
créé par la loi portant application du pacte de relance.
Le montant de ces crédits est récapitulé dans le tableau
ci-dessous :
CRÉDITS RELEVANT DE DIVERS
MINISTÈRES
CONCOURANT À LA POLITIQUE DE LA VILLE
(en millions de francs)
1997
|
1998
|
|
Affaires étrangères |
0,20 |
0,20 |
Equipement/logement |
327,03 |
303,65 |
Culture |
52,73 |
53,73 |
Intérieur |
210,85 |
230,93 |
Aménagement du territoire |
172,00 |
172,00 |
Education nationale |
1.842,56 |
1.870,27 |
Jeunesse et sports |
6,20 |
6,20 |
DOM-TOM |
66,30 |
66,20 |
Emploi et solidarité |
1.476,37 |
2.471,53 |
Justice |
117,06 |
169,01 |
FAS |
408,40 |
408,40 |
FISAC |
144,00 |
14,00 |
Fonction publique |
8,18 |
7,50 |
Défense |
63,70 |
64,70 |
Coopération |
2,20 |
2,20 |
Transport |
30,00 |
30,00 |
Sous-total A- 4. |
4.927,78 |
5.870,62 |
Source : " Jaune " budgétaire.
5. La ligne solidarité urbaine
Cette ligne, qui s'élève à un montant
total de 2.867 millions de francs correspond à la somme :
- de la dotation de solidarité urbaine pour
2,21 milliards
de francs
;
- du montant du Fonds de solidarité des communes de la
région Ile-de-France (FSRIF) pour
657 millions de francs.
Votre rapporteur pour avis a déjà signalé, ci-dessus, les
réserves qu'appelle de sa part le classement du FSRIF parmi les
" concours de l'Etat ", alors même que celui-ci traduit une
solidarité entre les collectivités locales elles-mêmes.
B. LES EXONÉRATIONS FISCALES, SOCIALES ET LES COMPENSATIONS
Prenant acte de l'échec du système
d'exonérations
3(
*
)
créé par
la loi d'orientation pour la ville (LOV) du 13 juillet 1991, la loi
d'orientation n° 95-115 du 4 février 1995 relative
à l'aménagement et au développement du territoire du
4 février 1995 et la loi n° 96-987 du
14 novembre 1996 relative à la mise en oeuvre du pacte de
relance pour la ville ont créé un puissant système
d'exonérations destiné à favoriser l'activité et
l'emploi.
Le montant total des dépenses fiscales et sociales résultant de
l'application de ces deux lois est estimé à 2.476 millions
de francs en 1998 contre 2.448 millions de francs en 1997. Il se
répartit entre :
- 1.685 millions de francs au titre des zones de redynamisation
urbaine ;
- 790 millions de francs au titre des zones franches urbaines.
Le tableau ci-dessous présente le détail de ces
exonérations.
(en millions de francs)
1997
|
1998
|
|
B. Dépenses fiscales et sociales et compensations |
||
Zone de redynamisation urbaine |
||
Exonération d'impôt sur les bénéfices |
850,00 |
850,00 |
Réduction des droits de mutation sur fonds de commerce |
150,00 |
150,00 |
Exonération de TP compensées par l'Etat |
510,80 |
510,80 |
Exonération de charges patronales 50 premier salariés |
175,00 |
175,00 |
Sous-total |
1.685,80 |
1.685,80 |
Zone franche urbaine |
||
Exonération d'impôt sur les bénéfices |
180,00 |
180,00 |
Exonération TP |
191,50 |
220,00 |
Exonération taxe foncière pour les propriétés bâties |
40,80 |
40,80 |
Exonération cotisations patronales 50 premiers emplois |
350,00 |
350,00 |
Sous-total |
762,30 |
790,80 |
TOTAL GÉNÉRAL |
2.448,10 |
2.476,60 |
Source : " Jaune " budgétaire.
C. LES FONDS EUROPÉENS CONCOURANT À LA POLITIQUE DE LA VILLE
En 1997, les fonds européens consacrés à
la politique de la ville ont enregistré une forte hausse de
+ 43 %. Votre Commission des Affaires économiques note que
leur contribution diminue selon le " jaune " de près de
7 % en 1998, passant à 1.046 millions de francs.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que le
Gouvernement soit particulièrement attentif à l'incidence de la
réforme des fonds structurels européens sur le financement de la
politique de la ville. Elle craint que le mouvement entamé ne soit
l'amorce d'une décrue qui serait très préjudiciable aux
collectivités en difficulté.
Les concours européens à la politique de la ville sont
versés au titre des objectifs 1, 2 et 3 et des programmes d'initiative
communautaire.
L'objectif 1
, destiné aux
zones en retard de
développement
, concerne les trois arrondissements du
département du Nord ainsi que les DOM. Il joue un rôle
spécialement important dans l'agglomération de Valenciennes, dans
laquelle votre rapporteur a eu l'occasion de se rendre cette année
à l'occasion de sa mission sur la gestion des espaces périurbains.
Le montant des crédits qui leur est destiné est de
483 millions de francs pour la période 1994-1999, soit
240 millions de francs en
moyenne annuelle
.
Les crédits de
l'objectif 2
sont destinés aux
régions touchées par des reconversions industrielles. Ils sont
inscrits dans 90 des 214 contrats de ville approuvés. Ils
mobilisent pour 1998 :
- 480 millions de francs au titre du fonds européen de
développement régional (FEDER) ;
- 50 millions de francs au titre du fonds social européen
(FSE).
Les crédits de
l'objectif 3
destinés à la
lutte
contre l'exclusion et le chômage de longue durée
sont
principalement destinés à financer des actions dans le domaine de
la formation et de l'emploi. Ils s'élèvent à
120 millions de francs en 1998.
Les
programmes d'intérêt communautaire REGIS
(destiné aux départements d'Outre-mer),
URBAN
(politique
de la ville) et "
Emplois et ressources humaines
"
contribueront pour 156 millions de francs à la politique de la
ville. Treize sites bénéficient de ces aides
4(
*
)
.
L'ensemble des fonds européens précédemment
évoqués sont récapitulés dans le tableau
ci-dessous :
TABLEAU DES CRÉDITS
EUROPÉENS
MOBILISÉS AU TITRE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE EN
1998
(en millions de francs)
Objectif 1 |
240 |
Objectif 2 |
530 |
Objectif 3 |
120 |
PIC |
156 |
TOTAL |
1.046 |
Source : " jaune " budgétaire
D. LES FONDS DE LA CAISSE DES DÉPÔTS ET DU CRÉDIT LOCAL DE FRANCE
Dans le cadre du Pacte de relance pour la ville, la Caisse
des
dépôts et consignation a signé avec l'Etat, le
7 mai 1996, une convention qui porte à 7,5 milliards de
francs sur trois ans l'enveloppe des prêts-projets urbains et qui
prévoit de consacrer 5 milliards de prêts spécifiques
à l'amélioration des logements sociaux dans les zones urbaines
sensibles.
Au total, l'enveloppe des prêts-projets urbains est maintenue au niveau
de 2.500 millions de francs pour 1998, soit une masse inchangée par
rapport à 1997.
Ces prêts sont notamment destinés à :
- des investissements à vocation économique tels que des
locaux d'activité ;
- l'implantation ou la requalification des services publics ;
- la création d'équipements culturels ou sportifs ;
- la création ou l'amélioration d'établissements
primaires ;
- l'aménagement d'espaces extérieurs.
Dans le cadre de la convention précitée du 7 mai 1996,
la Caisse des dépôts et consignation a mis en place une enveloppe
de 5 milliards de francs de " prêts pacte de relance "
destinés à l'amélioration des logements sociaux dans les
zones urbaines sensibles.
CHAPITRE II -
LA MISE EN OEUVRE DU PACTE DE RELANCE
POUR LA VILLE
Le Pacte de relance pour la ville présenté par
le précédent Gouvernement le 18 janvier 1996 a
été mis en application avec une remarquable
rapidité : la loi relative au Pacte de relance n° 96-987
a été promulguée le 14 novembre 1996. En moins
de trois mois, elle a fait l'objet de 19 décrets d'application et
d'un arrêté, ce qui mérite d'être souligné.
Outre un recentrage de la politique de la ville sur les
744 zones
urbaines sensibles
(ZUS), les
350 zones de redynamisation
urbaine
(ZRU), et les
44 zones franches urbaines
, la loi du
14 novembre 1996 tend à améliorer la situation des
quartiers en difficulté dans cinq domaines principaux :
- l'activité et l'emploi ;
- le rétablissement de la paix publique ;
- le rétablissement de l'égalité des chances à
l'école ;
- la mixité de l'habitat ;
- le renforcement de la présence des services publics.
Après avoir rappelé la liste des dispositions
réglementaires parues entre novembre 1996 et
février 1997, le présent rapport examinera les premiers
résultats que ces mesures ont permis d'obtenir dans chacun des six
domaines précités. Enfin on présentera les
éléments de réflexion qu'inspire le le premier bilan de la
création des zones franches.
I. DES MESURES D'APPLICATION NOMBREUSES, ÉDICTÉES AVEC RAPIDITÉ
Les vingt textes d'application publiés concernent tous
les aspects de la politique de la ville que vise le Pacte de relance.
La " géographie " de la politique de la ville a
été révisée
par les textes qui
déterminent :
- le périmètre des zones franches urbaines en
métropole (décret n° 96-1154 du 26
décembre 1996) ;
- le périmètre des zones franches urbaines outre-mer
(décret n° 96-1155 du 26 décembre 1996) ;
- les zones urbaines sensibles (métropole et outre-mer)
(décret n° 96-1156 du 26 décembre 1996) ;
- les zones de redynamisation urbaine en métropole (décret
n° 96-1157 du 26 décembre 1996) ;
- les zones de redynamisation urbaine outre-mer (décret
n° 96-1158 du 26 décembre 1996) ;
- l'indice synthétique de sélection des zones de
redynamisation urbaine en métropole (décret n° 96-1159
du 26 décembre 1996).
Les comités d'orientation et de surveillance des zones franches
urbaines
(décret n° 97-95 du 3 février 1997).
Le régime fiscal des zones franches urbaines et des zones de
redynamisation urbaine
qui prévoit :
- une exonération de taxe professionnelle pour les
établissements existants en zone de redynamisation urbaine et en zone
franche urbaine ; et une exonération de plein droit de la taxe
foncière pour les propriétés situées en zone
franche urbaine (décret n° 97-94 du 29 janvier
1997) ;
- une exonération d'impôts sur les bénéfices
industriels et commerciaux (BIC) et les bénéfices non commerciaux
(BNC) dans les zones franches urbaines (décret n° 97-116 du
10 février 1997).
Sur ce point, votre rapporteur, que votre Commission des Affaires
économiques a chargé d'élaborer un rapport d'information
sur les espaces périrubains, estime qu'il conviendrait de mieux prendre
en compte les dommages qui sont causés aux agriculteurs exerçant
leurs activités à proximité des quartiers sensibles.
Les exonérations de charges sociales pour les entreprises en zone
franche urbaine et en zone de redynamisation urbaine et en zone de
redynamisation urbaine
, à savoir :
-
une exonération de charges sociales patronales dans les
zones franches urbaines (décret n° 97-126 du 12
février 1997) ;
- une exonération de cotisations maladie pour les non
salariés non agricoles (décret n° 97-125 du
12 février 1997) ;
- une exonération de cotisations patronales de
sécurité sociale en faveur de l'emploi dans les zones de
redynamisation rurale et les zones de redynamisation urbaine
(décret n° 97-127 du 12 février 1997).
La restructuration des espaces commerciaux
est facilitée par :
- la création de l'établissement public d'aménagement
et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA),
(décret n° 97-130 du 12 février 1997) ;
- l'extension des compétences de la commission nationale
d'équipement commercial pour les opérations
réalisées par l'EPARECA (décret n° 97-131 du
12 février 1997).
L'habitat et les copropriétés
sont visés par les
textes relatifs :
- à l'imputation sur le revenu global des dépenses de
réhabilitation d'immeubles situés en zone franche urbaine
(décret n° 96-1134 du 23 décembre 1996) ;
- aux modalités d'application du plan de sauvegarde d'ensembles
d'habitat privé (décret n° 97-122 du 11
février 1997) ;
- à l'attribution des logements locatifs sociaux par la
dérogation aux plafonds de ressources en zone urbaine sensible
(décret n° 96-979 du 30 octobre 1996) ;
- à la quotité du prêt à taux zéro
portée à 25 % en zone franche urbaine (décret
n° 97-62 du 20 janvier 1997) ;
- aux conditions d'attribution des primes à l'amélioration
de l'habitat dans les plans de sauvegarde des ensembles d'habitat privé
(majoration de la PAH) (arrêté du 20 janvier 1997).
La vie associative
est concernée par la création des
fonds locaux associatifs
(décret n° 97-129 du
12 février 1997).
II. DE PREMIERS RÉSULTATS INTERESSANTS
A. LA CRÉATION D'ACTIVITÉS ET D'EMPLOIS
1. Rappel des mesures fiscales et sociales en faveur de l'emploi et de l'activité
Les mesures résultant de la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire du
4 février 1995 et de la loi relative au pacte de relance du
14 novembre 1996 s'appliquent dans :
- 350 zones de redynamisation urbaines (ZRU) ;
- 44 zones franches urbaines
5(
*
)
.
Les mesures fiscales et sociales dérogatoires prévues par ces
deux lois sont récapitulées dans les tableaux ci-dessous.
MESURES RÉSULTANT DE LA LOI D'ORIENTATION N° 95-115 POUR L'AMÉNAGEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE
Article de la loi du 4 février 1995 |
Objet de la mesure |
Article correspondant du C.G.I. ou autre |
Application |
44-I |
Exonération d'impôt sur les bénéfices (2 ans, plus abattement dégressif sur 3 ans) |
Art. 44 sexies |
Liste des quartiers
|
Exonération de taxe foncière, de taxe professionnelle et de taxe pour frais de chambre de commerce et d'industrie et de chambres de métiers (2 ans) |
Exonération facultative, en
cas d'application
|
||
44-II |
Réduction de 6 à 0 % du taux de droit de mutation sur les fonds de commerce |
Art. 722 bis |
Liste des quartiers du décret
|
49 |
Réduction à 3,60 % de la taxe départementale de publicité foncière |
Art. 1594 F quater |
(même liste)
|
52-II |
Exonération de la taxe professionnelle compensée par l'Etat, pendant 5 ans |
Art. 1466 Al bis |
Liste des quartiers
|
56 |
Régime d'amortissement accéléré d'immeubles acquis par des PME |
Art. 39 quinq D
|
(idem) |
57 |
Crédit bail immobilier |
Art. 239 sexies D
|
Application aux
opérations conclues entre
|
Source : " jaune budgétaire "
MESURES RÉSULTANT DE LA LOI N° 97-987 RELATIVE À LA MISE EN OEUVRE DU PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE
Type d'entreprise |
Taxe profession-nelle |
Impôt sur les bénéfices |
Taxe foncière sur les propriétés bâties |
Cotisations patronales |
Autres exonérations |
Entreprise nouvelle de 50 salariés au plus. Tous secteurs d'activités (commerciales, non commerciales, artisanales, industrielles) |
Exonération pendant 5 ans dans la limite d'un montant de base nette imposable de 3 MF par établissement et par an |
Exonération pendant 5 ans dans la limite de 400.000 F de bénéfice par an et par contribuable (règle du " de minimis ") |
Exonération pendant 5 ans dans les immeubles entrant dans le champ d'application de la TP |
Exonération pendant 5 ans des cotisations patronales (3) dans la limite de 50 emplois (avec clause d'embauche de résidents si recrutement de plus de 5 salariés) |
Réduction à 0 % des droits de mutation pour les acquisitions de fonds de commerce |
Certains secteurs d'activité (2) |
Idem |
Idem |
Idem |
Idem |
Idem |
Autres secteurs d'activité : % du CAHT pour les échanges intracommunautaires et l'exportation < 15 % entre 1995 et 1996 |
Idem |
Idem |
Idem |
Idem |
Idem |
% du CAHT pour les échanges
intracom-munautaires
> 15 % entre 1994 et 1995
|
Option entre :
|
Idem
|
Option entre :
|
- exonération pendant
1 an des cotisations
patronales
(4)
pour l'embauche du 1er au
50è salarié (régime ZRU)
|
Idem |
Entreprise nouvelle de plus de 50 salariés (régime ZRU) applicable si la zone franche est classée ZRU |
Exonération pendant 5 ans dans la limite de 1 MF par an pour les établissements de moins de 150 salariés (ZRU) |
Idem |
Exonération facultative pendant 2 ans (si exonération d'impôt sur les bénéfices au titre de l'art. 44 sexies du CGI) |
Exonération pendant 1 an des cotisations patronales (4) pour l'embauche du 1er au 50e salarié (ZRU) |
Idem |
Entreprise existante de plus de 50 salariés (régime ZRU) applicable si zone franche est classée ZRU |
Exonération pendant 5 ans dans la limite de 500.000 F par an pour les établissements de moins de 150 salariés |
Idem |
Idem
|
Idem
|
(1) 50 emplois équivalent temps plein à la date
de création de l'entreprise ou d'instauration de la zone franche urbaine
(2) Construction, commerce et réparation automobile, commerce de
détail et réparation d'articles domestiques, hôtels et
restaurants, taxis, santé et action sociale, services collectifs,
sociaux et personnels, services domestiques
(3) Assurances sociales, allocations familiales, accidents de travail,
versement transport, contributions au fonds national d'aide au logement
(4) Assurances sociales, allocations familiales, accidents du travail
Source : " jaune " budgétaire
Comme il a été dit au chapitre premier du présent avis,
l'ensemble de ces exonérations est estimé, pour 1997, à
1.685 millions de francs dans les ZRU et à 762 millions de francs pour
les ZFU soit au total 2,44 milliards de francs.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que le
gouvernement dresse un bilan détaillé de l'incidence des
exonérations fiscales et sociales. En effet, les chiffres globaux
présentés par le " jaune budgétaire " ne
permettent pas d'établir un bilan " coûts - avantages "
qui permettrait seul de nourrir une réflexion approfondie sur ce
sujet.
2. Les autres mesures destinées à rétablir l'activité économique, le commerce et l'artisanat
Le Pacte de relance a prévu d'une part la
création d'un établissement public spécifique afin de
restructurer des espaces commerciaux et artisanaux et, d'autre part, un
programme de prévention pour les commerçants et artisans des ZUS.
L'établissement public d'aménagement et de restructuration
des espaces commerciaux et artisanaux
(
EPARECA
) créé
par l'article 25 de la loi relative à la mise en oeuvre du Pacte de
relance permettra de mener des opérations importantes pour
réimplanter des commerces après requalification des espaces
dégradés.
Votre Commission des Affaires économiques s'interroge sur les raisons
pour lesquelles, malgré la signature du décret du 12
février 1997, l'EPARECA tarde à débuter ses
activités. Elle souhaite obtenir du Gouvernement des
éclaircissements sur ce point.
Afin
d'améliorer la sécurité des
commerçants
dans les ZUS la DIV et la direction du commerce
intérieur ont lancé un
appel à projet
le
3 janvier 1997. Il porte notamment sur les modalités de
sécurisation des locaux commerciaux, des équipements collectifs,
ainsi que sur les mesures de surveillance humaine et de prévention de la
délinquance.
La Commission spéciale réunie par le Sénat avait
été particulièrement sensible à la situation des
commerçants exerçant leurs activités dans les ZUS. Aussi
votre Commission des Affaires économiques souhaiterait-elle obtenir des
informations plus précises sur le programme lancé au début
de l'année 1997.
3. Bilan de la création des emplois de ville
Rappel sur le dispositif
La création des emplois de ville tend à
favoriser l'insertion
des jeunes
des quartiers en difficulté
, dans des emplois tels
que des services de proximité non encore satisfaits et
gérés par des collectivités locales, des associations ou
des organismes délégataires de service public. Juridiquement, ces
emplois relèvent de la catégorie des
contrats emplois
consolidés
.
Les bénéficiaires
des emplois de ville sont les jeunes de
18 à 26 ans,
résidant dans les zones urbaines
sensibles
. Ils sont employés sur la base d'une
durée de 20
à 30 heures
, pour une période qui peut atteindre
5 ans
. Les jeunes embauchés en emploi de ville ne sont pas
tenus de passer au préalable par un contrat emploi consolidé
(CES).
L'aide de l'Etat
consiste en une prise en charge par l'Etat d'une partie
du coût de la rémunération (soit 55 % pendant
5 ans, soit 75 % la première année puis une prise en
charge dégressive de 10 points par an).
M. Jean-Claude Gaudin avait souhaité que les emplois de ville permettent
d'embaucher 100.000 jeunes en 5 ans.
Les résultats
Votre rapporteur pour avis souhaite qu'un bilan soit présenté par
le Gouvernement, afin de compléter les informations adressées
à votre Commission des Affaires économiques par les services
compétents. Ce bilan est d'autant plus nécessaire qu'environ
10.000 emplois, soit 40 % des 25.000 emplois prévus
initialement par M. Jean-Claude Gaudin, alors ministre en charge de ce
dossier ont été créés, et que d'autres emplois de
ville le seront d'ici à la fin de la présente année.
Parmi les emplois de ville d'ores et déjà existants, il convient
de relever que :
- 96 % d'entre eux sont des contrats à durée
déterminée d'un an, renouvelables ;
- 54 % ont été créés par des
associations ;
- 31 % par des collectivités locales ;
- 15 % par des établissements publics ou des entreprises
privées délégataires de service public.
Comme elles l'avaient annoncé, des collectivités locales ont
soutenu ce dispositif : 6 régions et
12 départements ont créé des aides financières
à cette fin.
Selon les informations recueillies par votre rapporteur pour avis, le
dispositif aurait fait l'objet de deux critiques principales :
- certaines communes de moins de 50.000 habitants auraient
manqué de moyens pour y participer ;
- le zonage aurait été jugé trop strict
" écartant
une population jeune, diffuse dans l'espace urbain,
mais présentant les mêmes caractéristiques et victime des
mêmes discriminations que celle résidant en ZUS
".
En outre,
l'annonce au cours de l'été de la création
des emplois-jeunes par le gouvernement n'a pas manqué de susciter un
certain attentisme
chez les organismes et collectivités susceptibles
de créer des emplois de ville.
Vers la suppression des emplois de ville ?
L'article 64 du projet de loi de finances pour 1998 prévoit la
suppression des emplois de ville au motif que "
le projet de loi
relatif au développement d'activités pour les jeunes offre un
champ plus large d'intervention de l'Etat en faveur de l'emploi des jeunes et
rend ces dispositions inutiles
".
Du fait de l'adoption de ce dispositif, il n'y aurait plus de nouvelle
entrée en emploi de ville à compter du
1er janvier 1998, cependant, les contrats en cours continueraient
à porter effet dans des conditions inchangées.
Cette réforme appelle
deux observations
de la part de votre
Commission des Affaires économiques :
- votre Commission s'interroge, en premier lieu, sur la possibilité
de substituer des emplois " jeunes " aux
" emplois de
ville " dans la mesure où les premiers relèvent d'un soutien
à la création d'activités nouvelles, alors que les seconds
permettent la création d'emplois nouveaux s'inscrivant dans le cadre
d'un dispositif d'insertion : le contrat d'emploi consolidé ;
- en second lieu, c'est à l'initiative du Sénat que la
possibilité a été ouverte de créer des emplois de
ville dans des zones plus étendues que les seules zones franches
urbaines, précisément afin d'éviter les " effets de
frontière ". En outre, il a été prévu que les
emplois de ville seraient accessibles aux titulaires du baccalauréat
afin d'éviter l'effet de démotivation qui n'aurait pas
manqué d'apparaître si les plus diplômés des jeunes
des quartiers sensibles avaient été les premiers exclus des
emplois de ville.
Votre Commission des Affaires économiques juge qu'il est illusoire de
considérer que la création des emplois jeunes -même si
ceux-ci sont, sous certains aspects financiers, plus favorables pour les jeunes
ou pour les employeurs- soit à elle seule de nature à
répondre à tous les problèmes posés par le
chômage des jeunes dans les quartiers en difficulté. En effet, de
deux choses l'une :
- soit on considère qu'il est
suffisant de créer des
emplois
(qu'il s'agisse d'emplois ville ou d'emplois jeunes) ;
- soit on estime que le fait que seuls 40 % du contingent
prévu par les emplois de ville soient utilisés -alors même
que le taux de chômage des jeunes est très élevé
dans les ZUS- signifie que ce système malgré ses qualités
indéniables, -il a permis à 10.000 jeunes de trouver un
travail- ne correspond pas à tous les besoins des jeunes et qu'en
conséquence il faut accroître le volet " insertion " de
ces emplois
pour répondre au problème
" d'employabilité " des jeunes.
Or quelle est la logique choisie par les promoteurs des
" emplois-jeunes " ?
Ces emplois ne sont pas " ciblés " en fonction d'un
zonage
mais, en principe, répartis sur l'ensemble du territoire.
Dans ces conditions, le risque est loin d'être inexistant de voir les
" emplois-jeunes " prioritairement utilisés ailleurs que
dans
les quartiers en difficulté :
l'absence de
" zonage "
de ces mesures rompt avec la logique de " discrimination
positive "
qui avait inspiré la création des emplois de
ville, tout comme l'ensemble du Pacte de relance.
Au total, votre Commission des Affaires économiques s'interroge sur
l'incidence de la suppression des emplois de ville et sur leur remplacement par
les " emplois-jeunes ". Elle souhaite que le problème de
l'employabilité des jeunes des quartiers défavorisés fasse
l'objet d'une réflexion spécifique. Il ne servirait à rien
de vouloir créer des emplois, alors même que bon nombre de jeunes
ont besoin du passage par un dispositif d'insertion, avant même de
pouvoir occuper un emploi durable
.
De ce point de vue, les observations présentées par le Conseil
national des villes (CNV) dans son dernier rapport, paru en novembre 1997
méritent d'être étudiées car bon nombre d'entre
elles sont applicables aux emplois-jeunes.
Le CNV souligne le fait que les personnes susceptibles d'occuper un emploi de
ville sont "
en mal de projet
"
6(
*
)
ce qui pose un problème spécifique aux
formateurs. En outre le CNV relève que : "
La conciliation entre
les qualités humaines importantes requises par certaines
activités envisagées pour les emplois de ville (au contact avec
le public) et le profil des jeunes les plus en difficulté, censés
bénéficier de ces emplois, passe par une formation qui devra
essentiellement viser à leur apporter des compétences en
matière de relation et de communication [...] ce type de
compétence s'impose d'autant plus que le public concerné par les
emplois de ville a connu l'échec scolaire. Il serait dès lors
nécessaire que la formation dispensée dans le cadre des emplois
de ville soit nouvelle, de façon à développer des
qualités et des compétences laissées de côté
par le système scolaire. En, particulier, il serait regrettable qu'elle
soit confiée aux organismes classiques de formation dont les
interventions dans le cadre des CES n'ont pas connu un grand
succès.
"
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que le
Gouvernement présente des propositions tendant à améliorer
l'employabilité des jeunes des quartiers en difficulté.
B. LE RÉTABLISSEMENT DE LA PAIX PUBLIQUE
1. Une priorité identifiée dès l'origine par le Sénat
Votre rapporteur pour avis a toujours été
convaincu de la nécessité de rétablir l'Etat de droit dans
les quartiers en difficulté. Depuis la parution du rapport d'information
sur la politique de la ville, en 1992, son propos n'a pas changé. Il
notait notamment, dans le rapport précité, qu'il convenait de
renforcer l'îlotage et les moyens d'intervention de la police, avant
d'ajouter :
"
Une grande réflexion nationale -non enfermée dans le
corporatisme- sur l'organisation des tâches de police dans notre pays
paraît s'imposer. Elle dépasserait, bien entendu, le seul cadre
des besoins à satisfaire dans les quartiers urbains difficiles mais elle
permettrait d'y apporter des réponses optimales.
Cette réflexion apparaît d'autant plus nécessaire qu'avec
220.000 policiers et gendarmes, notre pays ne manque pas d'effectifs
même si, à plus d'un titre, il pourrait être justifié
de les augmenter.
Mais l'utilisation de ces fonctionnaires, leur localisation et la
détermination de leurs tâches n'ont guère varié en
dépit de la mutation de la société française. Cent
mille gendarmes sont affectés au maintien de l'ordre dans une France
rurale de moins en moins peuplée. Cent vingt mille policiers (20 %
de plus qu'il y a vingt ans) sont chargés de faire respecter la
légalité républicaine dans une France urbaine dont la
population a plus que triplé au cours des trente dernières
années
.
7(
*
)
".
Le Pacte de relance pour la ville a d'ailleurs placé le
rétablissement de la paix publique au centre de la politique de la
ville, la Commission spéciale créée par la Haute
Assemblée, à cette époque, ayant pour sa part
considéré que :
"
le rétablissement de la sécurité dans les
quartiers était bel et bien l'un des préalables essentiels au
développement des activités économiques "
et
"
qu'en l'absence de mesure en faveur de la sécurité, les
avantages fiscaux ne suffiraient pas à enclencher une décision
d'implantation.
"
8(
*
)
2. Une priorité mise en oeuvre par le Pacte de
relance
pour la ville
On rappellera brièvement ici les principales mesures de lutte contre la délinquance entrant dans le cadre du Pacte de relance lequel a intégré un certain nombre d'initiatives et de politiques existant avant sa mise en oeuvre.
a) Les actions de prévention et de lutte contre la délinquance prévues par le Pacte de relance
Parmi les actions de prévention, on retiendra :
L'accroissement du nombre des appelés du contingent affectés
au service national ville.
L'effectif des jeunes gens effectuant un service ville a été
porté à
10.000
en 1996. L'objectif, fixé
initialement pour trois ans, a donc été atteint dès la
première année. Sur ces 10.000 appelés,
4.700 sont affectés dans des établissements scolaires
classés en zone d'éducation prioritaire et 5.300 le sont
auprès d'associations, de missions locales ou d'organismes
impliqués dans la politique de la ville.
Votre Commission des Affaires économiques s'interroge sur l'incidence
de la suppression du service national pour les organismes qui
bénéficient du concours des appelés effectuant un
service-ville, et spécialement pour les associations.
En effet, le Gouvernement a, semble-t-il, l'intention de remplacer ces
appelés par des jeunes titulaires d'emplois-jeune.
Votre rapporteur pour avis estime qu'une telle mesure est susceptible de
porter un grave préjudice aux associations
impliquées dans
la politique de la ville. En effet, bien des associations ne pourront pas
financer des emplois de ville.
Aussi, votre Commission souhaite-t-elle que le Gouvernement s'engage
à prévoir les modalités de remplacement des appelés
au titre du service ville, notamment à l'occasion de l'examen du projet
de loi relatif aux volontariats, dont elle réclame le dépôt
rapide.
L'ouverture des équipements sportifs
Intégrée dans les plans locaux d'animation, cette mesure
bénéficie de crédits spécifiques.
La lutte contre la toxicomanie
Votre Commission des Affaires économiques a toujours estimé que
la toxicomanie, avec le cortège de maux qui l'accompagnent :
"
deal "
, violence, économie parallèle,
était l'un des maux les plus graves qui caractérisaient certains
quartiers en difficulté.
Elle approuve les mesures de prévention de la toxicomanie qui ont
été mises en oeuvre telles que l'action de 198 policiers
formateurs anti-drogue qui dispensent une formation continue au sein de la
police nationale sur les problèmes posés par la toxicomanie dans
les zones sensibles (près de 3.400 fonctionnaires y ont
participé) et une action d'information auprès du public (en 1997,
plus de 90.000 personnes ont été sensibilisés à ces
questions).
Le renforcement des effectifs des personnels de police.
b) Les actions de lutte contre la délinquance
Les actions de lutte contre la délinquance ont
également représenté une part importante du PRV :
le développement de la
comparution à délai
rapproché
dans un délai de trois mois en correctionnelle (loi
n° 96-585 du 1er juillet 1996).
Le Pacte prévoit l'élaboration de
plans départementaux
de prévention de la délinquance
qui complèteront les
plans départementaux de sécurité.
Le développement du
gardiennage des immeubles
situés en
zone urbaine sensible est favorisé depuis la signature, le
6 juin 1996, d'un protocole entre l'Etat et l'Union
fédérale des organismes de HLM (UNFOLM) qui prévoit que
1.000 emplois de ville seront mis, pendant quatre ans, à
disposition des organismes de HLM.
Soulignons, en outre, qu'un récent rapport fait par M. Michel
Alloncle a insisté sur la nécessité de renforcer les
moyens de la gendarmerie compte tenu du fait que d'ici à 2015,
7,7 millions d'habitants s'installeront dans les zones relevant des
compétences de la gendarmerie.
Or, actuellement, 13 % des brigades de gendarmerie et 19,5 % des
gendarmes assurent la surveillance de 24,5 % de la population dans des
zones où sont commis 33 % des délits recensés au
niveau national.
Votre rapporteur souhaite qu'un rééquilibrage des effectifs soit
opéré au bénéfice des zones périurbaines
relevant de la gendarmerie.
Le traitement des faits à caractère non pénal
Il a été prévu :
- la création de
20 unités à encadrement
éducatif renforcé
, dont 10 dans le secteur public et 10 dans
le secteur associatif habilité. Ces unités prennent en charge 5
à 6 mineurs engagés dans la délinquance et la
marginalisation et pour lesquels les structures d'hébergement
traditionnelles sont inadaptées ;
- la création d'une
cellule nationale sur les capacités
des foyers
, capable de renseigner les magistrats sur les
possibilités de placement des mineurs hors du département
où est situé leur domicile ;
- le développement des
maisons de justice et du droit et des
groupes de traitement local de la délinquance
(10 créations en 1997 et 10 prévues en 1998) ;
- le
traitement en temps réel des procédures
pénales
;
- l'amélioration de la cohérence et de l'efficacité
des services intervenant dans la protection de l'enfance grâce à
la signature de
54 conventions sur le signalement des mineurs
;
- la
lutte contre les violences scolaires.
Votre rapporteur pour avis estime que la
désagrégation des
familles
explique pour partie le désarroi de bien des jeunes en
difficultés, l'agravation de la délinquance juvénile, et
l'abaissement progressif de l'âge de la primo-délinquance.
Déjà, dans son rapport élaboré en 1992, votre
rapporteur pour avis avait souligné le fait qu'il fallait
réaffirmer le rôle de la famille et renforcer sa solidité,
le cas échéant par des aides financières, pour assurer une
meilleure présence parentale au foyer. De même il estime que seule
une coordination renforcée avec les services de la protection judiciaire
de la jeunesse permettra de re-socialiser certains jeunes délinquants.
C. UNE PRIORITÉ PARTAGÉE PAR D'AUTRES GOUVERNEMENTS EUROPÉENS ET REPRISE PAR LE GOUVERNEMENT DE M. LIONEL JOSPIN
Le renforcement de la sécurité
A l'occasion d'un colloque récemment tenu à Villepinte, le
Premier ministre a mis l'accent sur le fait que la sécurité
devait être égale pour tous les citoyens. Il
déclarait :
"
L'inégalité devant l'insécurité n'est pas
acceptable. Les moyens, notamment humains, de la police et de la gendarmerie
doivent donc être mobilisés en priorité dans les zones
où la délinquance est la plus forte. Cela peut paraître une
évidence. Je considère que c'est aujourd'hui un objectif qui est
loin d'être atteint.
Une concentration des moyens de l'Etat -qu'il s'agisse de la police, de la
gendarmerie, mais aussi d'autres services de l'Etat- est indispensable pour
obtenir de meilleurs résultats. Il convient ainsi que les moyens
nouveaux que constituent les emplois jeunes -adjoints de sécurité
et agents de médiation, aide-éducateurs- soient, pour
l'essentiel, mis en place dans les quartiers.
Plus généralement, le moment me semble venu de conduire une
réflexion d'ensemble sur la répartition des moyens de la police
et de la gendarmerie sur le territoire [...].
"
Il annonçait avoir confié à ce sujet une mission à
deux parlementaires avant d'ajouter :
"
En tenant compte des conclusions de cette mission, le
Gouvernement
étudiera et mettra en oeuvre les redéploiements d'effectifs et de
moyens nécessaires sur la base d'une géographique des
priorités, résultant de l'état des lieux des
phénomènes de violence urbaine et d'insécurité.
La carte des moyens de la justice, de la police et de la gendarmerie doit
être adaptée à la géographie nouvelle des
phénomènes sociaux qui constituent et déterminent
l'insécurité.
"
Votre rapporteur pour avis tient à rappeler les avancées
opérées en matière de politique de sécurité
depuis plusieurs années. Il se réjouit de constater la prise de
conscience que révèlent les propos du Premier ministre concernant
un sujet sur lequel le Sénat a pris, dès le début des
années 1990, une position qui s'avère plus que jamais
fondée et réaliste.
Le renforcement de la sécurité à l'Ecole et le refus
de l'impunité
Dans le droit fil des mesures prises par le précédent
gouvernement, afin de lutter contre la délinquance juvénile, le
ministre de l'éducation nationale a récemment
présenté un plan de lutte contre la violence scolaire.
Celui-ci prévoit le recrutement de 10.000 assistants de vie scolaire
dans le cadre d'emplois-jeunes, et leur affectation dans les collèges
sensibles, ainsi que l'affectation d'aides éducateurs dans le primaire.
Dans la droite ligne des mesures préconisées par votre rapporteur
à l'occasion de la présentation du projet de " programme
national d'intégration urbaine " (PNIU) (lors de l'examen du budget
pour 1996), le ministre a fait part de sa volonté de refuser
l'impunité
, même si les actes répréhensibles
ne doivent pas tous faire l'objet d'une qualification pénale.
Le plan prévoit également d'apporter une aide aux victimes, qu'il
s'agisse d'élèves ou de personnels, par la
généralisation des cellules d'aide et de suivi
gérées par des personnels médicaux et
spécialisés. Afin de trouver un substitut à l'exclusion
scolaire, dont chacun s'accorde à penser qu'elle ne résout en
aucune façon les problèmes posés par les jeunes qui
perturbent gravement la vie scolaire, il est prévu de renforcer la
coopération avec les services de la protection judiciaire de la
jeunesse, pour accueillir provisoirement ces élèves et les suivre
individuellement.
Dans le cadre d'une action de long terme, le plan prévoit notamment :
- le recrutement de personnels spécialement motivés pour occuper
des fonctions dans des établissements sensibles ;
- l'aide aux personnels dans l'exercice de leur métier (accueil et
formation et soutien des enseignants) ;
- la prévention de la violence dès le plus jeune âge ;
- l'apprentissage de l'éducation civique ;
L'effort du gouvernement s'inscrit dans le cadre général d'un
réflexion sur la violence qui est conduite dans chaque pays
européen. A titre d'exemple, le tableau ci-dessous présente les
principales dispositions du projet de loi présenté par le
ministre de l'intérieur britannique afin de lutter contre la
délinquance juvénile. Il rappelle certaines mesures prises par
arrêté par quelques maires au cours de cet été !
DISPOSITIONS DU PROJET DE LOI BRITANNIQUE
SUR LA
REPRESSION DE LA DELINQUANCE JUVÉNILE
- La présomption de droit commun selon laquelle un
enfant de moins de 14 ans ne connaît pas la différence entre
le bien et le mal et est, de ce fait, incapable de commettre un crime, sera
révisée.
- Pour faire assumer aux jeunes délinquants les conséquences
de leurs actes, les tribunaux pourront leur imposer réparation envers
leurs victimes ou la communauté.
- Une assistance sera proposée aux parents pour les aider à
contrôler le comportement criminel de leur enfant. Les tribunaux pourront
enjoindre aux parents qui négligeraient volontairement leurs
responsabilités, de s'assurer que leur enfant se trouve à la
maison avant un certaine heure de la nuit ou qu'il est accompagné par un
adulte pour aller et revenir de l'école.
- La procédure policière de " mise en garde " sera
remplacée par " une procédure d'avertissement ultime
" Un enfant qui reçoit cet " avertissement
ultime "
devrait également bénéficier d'une assistance et d'un
soutien visant à diminuer les risques de récidive. Mais s'il n'en
tient pas compte, il pourra s'attendre à de sévères
sanctions de la part des tribunaux.
- Le plan d'action combinera des réparations, des sanctions et une
réhabilitation dans le but de prévenir la récidive et
impliquera les parents du jeune délinquant.
- Il est proposé de renforcer les mesures de suivi en permettant
aux tribunaux de prononcer les modalités de réparation aux
victimes en alourdissant les sanctions consécutives au non respect de
l'engagement de réparation pris pas le jeune délinquant.
- Les tribunaux auront la possibilité de d'ordonner aux enfants de
moins de 10 ans, qui menacent d'être impliqués dans un crime ou
commençant à avoir un comportement anti-social ou criminel,
d'être rentrés chez eux à une certaine heure ou leur
interdire de se rendre à certains endroits.
- Après consultation publique, les autorités locales auront
la possibilité d'interdire aux enfants de moins de 10 ans de se rendre
temporairement dans certains lieux publics de manière à
éviter tout comportement criminel ou antisocial.
D. LE SOUTIEN À L'ÉGALITÉ DES CHANCES À L'ÉCOLE
En la matière, le Pacte de relance a renforcé un
certain nombre d'actions engagées avant son entrée en vigueur. Il
a également enrichi la contribution du ministère de
l'éducation nationale de plusieurs initiatives nouvelles en faveur de la
politique de la ville :
- L'opération "
Ecole ouverte
" qui permet
d'accueillir pendant les vacances des jeunes de 11 à 18 ans pour
qu'ils se livrent à des activités éducatives et de loisirs
a été étendue à tout le territoire et à
l'ensemble de l'année scolaire. Elle touche désormais toutes les
académies et tous les jours de congés inclus dans l'année
scolaire (tels que les mercredis ou les samedis). En 1996, elle a
concerné 21 académies (14 en 1995),
169 établissements (128 en 1995) et 23.889 jeunes (19.000 en
1995). Son coût total reste stable au niveau de 28 millions de
francs en 1998.
- Des
contrats locaux d'accompagnement scolaire
, concerneront
40.000 enfants dans les zones d'éducation prioritaire (ZEP), qui
suivent l'enseignement du cours préparatoire (cycle d'apprentissage) ou
qui passent de CM2 en 6ème (passage à l'enseignement primaire au
collège).
- Le Pacte a également prévu de
faire participer des
étudiants
à des
programmes d'accompagnement scolaire
,
tout en leur permettant de valider cette action dans le cadre de leur cursus
universitaire. Une expérimentation s'est déroulée, en
1996, dans les universités de Villetaneuse, Nice, Metz et Nancy et il
est prévu d'étendre ce programme aux grandes écoles.
- Divers projets tels que ceux tendant à
l'aménagement
des rythmes scolaires
dans les établissements situés dans des
zones franches ; au renforcement de la présence d'adultes
(conseillers d'éducation, médecins, assistants sociaux,
infirmiers) dans les établissements situés en ZUS.
- Un projet de
nutrition des enfants
dans les
écoles
primaires
a également été lancé. Il tend
à associer une action pédagogique de promotion de la santé
à la délivrance d'un petit déjeuner à
l'école, afin de lutter contre les carences alimentaires dont souffrent
certains enfants. Un budget de 9,5 millions de francs est destiné
à venir en aide aux communes qui s'engagent à soutenir cette
action.
Votre Commission des Affaires économiques estime que ce
projet est très important.
En outre, comme chaque année depuis 1995, date à laquelle elles
ont succédé aux " opérations prévention
été ", les opérations
"
Ville-vie-vacances
" (VVV) ont été
menées.
Elles concernent les
jeunes de 13 à 18 ans
qui vivent dans
les ZUS et associent des associations et des services municipaux à la
police nationale et aux associations intermédiaires ou à
caractère humanitaire. Depuis 1997, l'opération, qui ne
concernait que 30 départements jugés prioritaires, a
été étendue à l'ensemble des ZUS. Le budget qu'y
consacre l'Etat s'est élevé à 83,6 millions de
francs, contre 80 millions de francs en 1996. L'opération a
concerné 780.000 jeunes en 1996 dont 600.000 au cours de
l'été, contre 540.000 en 1995.
Une circulaire du 15 avril 1997 a rappelé les objectifs
prioritaires des opérations VVV :
- mieux
repérer
les
jeunes les plus en
difficulté
;
- privilégier une approche territoriale de prévention et une
action spécifique
en direction des
jeunes les plus
marginalisés
;
- privilégier
l'accueil des jeunes filles
pour
rééquilibrer la composition des groupes ; associer
l'entourage des jeunes (familles, adultes) au montage des actions ;
coordonner les opérations " Ville-vie-vacances " avec les
autres programmes de la politique de la ville (contrat de prévention,
contrat de ville) ; ceux des autres ministères intéressés
et des collectivités locales ;
- veiller à assurer un
encadrement
disposant d'une
réelle expérience
dans le domaine de la prévention,
des sites et des jeunes ;
-
informer systématiquement les préfets des
départements d'accueil
des projets et de l'arrivée des
groupes de jeunes et sensibiliser les élus, les services
déconcentrés de l'Etat des sites concernés grâce au
conseil départemental et aux conseils communaux de prévention de
la délinquance, à la mise en place des conditions d'accueil pour
les bénéficiaires et à la surveillance de l'ensemble des
vacanciers et des populations locales ;
- mettre en place
l'évaluation des opérations
.
Votre Commission des Affaires économiques considère que la
conduite des opérations Ville-vie-vacances dans la durée est
représentative de la politique de la ville : une action de longue
haleine, qui ne se satisfait pas de décisions ponctuelles.
E. L'ACCROISSEMENT DE LA MIXITÉ DE L'HABITAT
L'accroissement de la mixité de l'habitat est un des
objectifs essentiels de toute politique cohérente tendant à
concevoir la ville dans sa diversité humaine et sociale
.
Le Pacte de relance a ainsi prévu que les communes dont le territoire
comprend des ZUS doivent se doter d'un
programme local de l'habitat
(PLH) dans un délai de deux ans à compter de l'inscription de ces
quartiers dans la liste des ZUS (ce délai est porté à
trois ans quand le PLH relève d'un établissement public de
coopération intercommunale).
Cette disposition concerne 490 communes parmi lesquelles, selon une
enquête réalisée mi 1996 : 91 avaient adopté un PLH
; 110 l'avaient engagé ; 30 en avaient prévu l'engagement ; 33
avaient signé une convention post-PLH. Du fait de l'entrée en
vigueur de l'obligation instituée par le Pacte de relance, 300 nouveaux
PLH devraient voir le jour, dont une centaine en Île-de-France.
Il a également instauré l'obligation pour les mêmes
communes d'instituer des
conférences communales ou intercommunales du
logement.
Le PRV a engagé un double programme : d'une part, il tend à
améliorer l'entretien des logements ; de l'autre, il crée
des instruments importants afin de restructurer l'environnement urbain.
La mixité, c'est le refus de cumuler sur le seul logement social les
" cas difficiles ". On est ainsi étonné de voir la
CRAM Île-de-France demander à des associations ayant la
responsabilité d'encadrer des jeunes sous tutelle juridique, de loger
ces jeunes dans le secteur HLM plutôt que dans le secteur libre pour
diminuer le " prix de journée " ! Voici un concept
étonnant pour une politique équilibrée de peuplement.
L'entretien des logements
Une enveloppe de
5 milliards de francs
de prêts
spécifiques de la Caisse des Dépôts et Consignations au
taux de 4,3 % (taux des prêts locatifs aidés très
sociaux ou PLATS) a été ouverte, afin
d'aider les organismes
HLM à entretenir 500.000 logements
pour lesquels les charges
d'entretien sont élevées et dont les loyers ne peuvent pas (ou
peu) être révisés.
La
transformation de grands logements HLM en petits logements
est
rangée par la circulaire du 8 janvier 1997 au nombre des
opérations que les préfets sont tenus d'aider prioritairement.
Afin
d'inciter à l'investissement locatif privé
et
d'attirer des familles à revenus moyens, l'article 10 de la loi sur la
mise en oeuvre du Pacte de relance pour la ville a institué un
avantage fiscal
pour les bailleurs dans les zones franches. Il consiste
en une déduction des déficits résultant des
dépenses autres que les intérêts d'emprunt effectués
sur des locaux d'habitation en vue du réaménagement d'immeubles,
sous réserve de la location de ces locaux pendant six ans.
Afin de
développer l'accession à la
propriété
dans les quartiers en difficulté la
quotité des prêts à taux zéro qui y seront souscrits
a été portée de
20 à 25 %.
Pour promouvoir le développement de la
présence de populations
qui ne sont pas touchées par la précarité
ou la
pauvreté dans les ZUS, le Pacte de relance a prévu :
- d'autoriser les préfets à
déroger aux conditions
de ressources pour l'accès au logement locatif social
neuf et ancien
dans les ZUS ;
-
d'exonérer des surloyers
les occupants de logements HLM
situés en ZUS, même si leurs revenus dépassent les plafonds
de ressource.
Votre Commission des Affaires économiques ne manquera pas d'examiner
avec attention le rapport que le gouvernement doit déposer, tous les
deux ans pour faire le point sur l'incidence de cette disposition.
La restructuration de l'environnement urbain
Le Pacte de relance prévoit la création :
- d'
établissements publics de restructuration urbaine
(EPRU)
dotés de compétence plus étendues que les
établissements d'aménagement urbains ;
- d'
associations foncières d'intégration urbaine et
sociale
chargées du remembrement foncier ou du groupement de
parcelles en vue du réaménagement des grands ensembles et des
copropriétés dont l'habitat est dégradé ;
- des
aides au financement des démolitions de bâtiments et
aux travaux de transformation de l'usage des rez-de-chaussée
;
- des modalités plus souples de requalification des
copropriétés dégradées, notamment par
l'édiction d'un
plan de sauvegarde
par le préfet. D'une
durée de deux ans, ce plan vise les groupes d'immeubles bâtis ou
les ensembles immobiliers à usage mixte : professionnel, commercial, ou
d'habitation lorsque ces locaux sont soumis au régime : de la
copropriété, des sociétés d'attribution ou des
coopératives de construction et qu'ils sont localisés dans des
ZUS ou qu'ils font l'objet d'opérations programmées
d'amélioration de l'habitat (OPAH). Il permet l'octroi d'aides
financières.
F. LE RENFORCEMENT DES PARTENARIATS
Dans son rapport sur le projet de loi de finances pour 1995,
votre rapporteur pour avis avait souligné l'importance de la fixation de
relations financières contractuelles avec les associations qui
participent à la politique de la ville. En effet, le principe
d'annualité budgétaire a parfois entraîné de graves
problèmes financiers pour ces structures.
Les circulaires du 19 avril et du 7 juin 1996 ont
précisé les modalités de fixation des
contrats
d'objectifs pluriannuels
avec ces associations et elles ont, en outre,
prévu la
possibilité d'un versement de 50 % de la
subvention
dès la signature de la convention entre l'Etat et
l'association, pour les subventions d'un montant de plus de 300.000 francs.
Les subventions d'un montant plus minime (10.000 à 50.000 francs)
peuvent, quant à elles, être versées aux associations par
le biais de
régies d'avances.
Enfin, la DIV a procédé, en 1996, à la signature des
premières
conventions de partenariat pluriannuelles
.
On notera, au surplus, que des entreprises et des fondations telles que la
Fondation de France, la CDC, la Fondation Trois Suisses, Air France ou la RATP
contribuent également au financement d'associations aux
côtés de la Délégation interministérielle
à la ville.
Le Pacte de relance pour la ville a également prévu la
création de
fonds locaux associatifs
pour assurer le paiement et
le contrôle des subventions aux associations. Les modalités de
mise en oeuvre de ces fonds ont été précisées par
le décret n° 97-129 du 12 février 1997.
Il a été prévu de
créer 500 postes
d'animateurs dans les associations de quartiers
qui font l'objet d'un
contrat de ville, grâce aux ressources du fonds d'action sociale.
G. L'ACCROISSEMENT DE LA PRÉSENCE DES SERVICES PUBLICS
L'accroissement de la présence des services publics
dans les quartiers passe par un renforcement des moyens humains et par une
amélioration de la présence matérielle des services
publics.
Les moyens humains
Les pouvoirs publics ont, depuis le vote de la loi n° 94-628 du
25 juillet 1994 relative à l'organisation du temps de travail,
aux recrutements et aux mutations dans la fonction publique, mis en place un
système qui favorise le recrutement de
fonctionnaires
chevronnés
dans les ZUS. Il leur est accordé :
- un avantage en termes d'ancienneté ;
- une priorité de mutation.
Ces fonctionnaires bénéficient, en outre, de la nouvelle
bonification indiciaire (NBI) créée en 1991.
14.800 fonctionnaires de l'Etat (dont 10.000 de l'Education nationale,
soit plus de 67 %) bénéficient de la NBI, laquelle a, en
outre, été étendue à 11.000 agents des
collectivités locales exerçant dans des quartiers sensibles. Le
PRV a prévu le doublement de la NBI dans les zones franches.
Les fonctionnaires nouvellement affecté en ZUS font l'objet d'une
formation spécifique.
Le Pacte de relance a prévu, en outre, de favoriser l'accès des
fonctionnaires travaillant en ZUS à un logement situé près
de leur lieu de travail.
En termes de services publics
- Le Pacte de relance a lancé un programme triennal
d'
amélioration de la desserte
des ZUS
par les transports en
commun
. A l'issue d'un appel à projet, ouvert en 1996,
45 projets sont ou seront lancés en 1997 et 1998, afin
d'améliorer la desserte et la fréquence des transports en commun.
Le Conseil régional d'Ile-de-France a décidé de consacrer
pour sa part 80 millions de francs à cette action.
L'ouverture d'
espaces de santé de proximité
dans des sites
situés dans des quartiers en difficulté permettra de coordonner
l'action sanitaire et sociale préventive en faveur de personnes dont le
recours aux soins est faible et tardif. Une convention passée avec la
Mutualité française, le 2 juillet 1996, doit permettre
l'ouverture de centres destinés à l'accueil de publics
défavorisés qui vivent dans les ZFU.
Dans 37 départements, l'ouverture de
52 plates-formes de
service public
destinées à l'accueil des jeunes, à
l'insertion et à l'emploi et à l'accueil des usagers a
nécessité le maintien d'un soutien financier de 7 millions
de francs en 1997. Ces plates-formes réunissent, en règle
générale, l'Etat, la commune et ses services sociaux, la mission
locale et, en outre, la CAF, l'ANPE, les ASSEDIC, EDF-GDF, La Poste, France
Télécom.
- Une soixantaine de
projets culturels de quartiers
étaient
prévus par le Pacte de relance pour la ville dans le domaine de la
lecture, du cinéma, de la musique, du théâtre et des arts
de la rue.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour avis,
l'action du ministère de la culture s'inscrit dans le cadre :
- d'une
amélioration de la répartition des services
publics culturels
, par la création ou la réhabilitation de
services culturels de proximité tels que les bibliothèques de
quartiers, les médiathèques, salles de cinéma ou lieux de
répétition, grâce à des équipements
itinérants tels que les bibliobus ou les ciné-mobiles ;
- d'un
élargissement des publics
pour favoriser
l'accès des habitants des quartiers aux activités culturelles des
villes-centre
III. PREMIER BILAN DE LA CREATION DES ZONES FRANCHES
Un an après la création des Zones franches
urbaines (ZFU), votre Commission des Affaires économiques juge
particulièrement important de dresser un premier bilan -même
sommaire- des résultats obtenus par celles-ci. En effet, la
Délégation interministérielle à la ville
prépare un étude exaustive sur l'incidence de ces zones mais
celle-ci ne sera disponible que dans plusieurs mois.
Or le temps presse et il est souhaitable, dès à présent,
de faire le point sur les réussites qu'elles ont permis d'obtenir et sur
les difficultés que rencontrent leur promoteurs.
Il ne pouvait être question, pour votre rapporteur, d'effectuer une
étude exhaustive sur l'ensemble des ZFU. Il a choisi d'étudier
les exemples offerts par les zones franches de Mantes-La-Jolie, celles de
Marseille, de Cherbourg et de Vaulx-en-Velin.
Une remarque s'impose :
les zones franches ont suscité un
intérêt certain de la part des chefs d'entreprises
: A Mantes,
20 entreprises ont été installées dans des bureaux
administratifs, des commerces ou des logements transformés en bureaux.
Une zone d'aménagement concerté de 9 hectares a été
créée pour accueillir des PME et des PMI. Les activités
sont assez diversifiées puisqu'il est prévu de livrer 1.000
mètres carrés de bureaux de janvier et avril 1998, et 1.500
mètres carrés d'ateliers.
A Marseille la zone franche couvre 250 hectares situés dans le quartier
nord, elle appartient au grand projet urbain de Marseille. La ville y dispose
d'une réserve foncière de 15 hectares. On a d'ores et
déjà assisté à 70 création
d'entreprises. A Vaulx en Velin, 24 entreprises ont été
créées.
On observe à Marseille et Vaulx en Velin que la moitié des
installations dans la zone relèvent de délocalisations ou de
transferts d'entreprises (on dénombre 29 transferts ou
délocalisations pour chaque zone franche).
L'ensemble de ces résultats doit être analysé avec
prudence. En effet les créations d'entreprises peuvent être
retardées par des circonstances locales particulières. C'est
ainsi, par exemple, qu'à Cherbourg il a été
nécessaire de réviser le plan d'occupation des sols afin de doter
la commune de réserves foncières. Il s'ensuit un délai
appréciable dans la création de la zone franche.
Le premier acquis des zones franches est de montrer qu'il n'existe pas
d'ostracisme des entrepreneurs vis-à-vis des quartiers en
difficulté, ce qui constitue un succès.
La création d'emplois dans les zones franches se poursuit à un
rythme semble-t-il assez soutenu.
A Mantes-La-Jolie, les 37 entreprises ou commerces qui se sont installés
ou sont en voie d'implantation ont créé 205 emplois. Il est
prévu qu'ils créeront une centaine d'emplois
supplémentaires en 1998. A Marseille, selon les estimations
communiquées à votre rapporteur, 336 emplois seront
créés dans la première année de fonctionnement de
la zone franche. A Vaulx-en-Velin, l'ensemble des créations d'emplois
dépasse les 500 à la date de publication du présent
rapport, dont 150 créations pures et simples et 350
délocalisations.
Votre rapporteur estime que ces chiffres sont encourageants, mais qu'il
serait souhaitable que le Gouvernement étudie avec précision les
conditions dans lesquelles s'effectuent les transferts d'entreprises vers les
zones franches urbaines.
---
En conclusion, votre Commission des Affaires
économiques souhaite appeler l'attention du Gouvernement sur l'absolue
nécessité de privilégier, dans la politique de la ville,
une action de continuité. La politique de la ville ne doit pas devenir
un champ d'affrontements partisans. C'est pourquoi on peut s'interroger sur
l'opportunité de présenter les conclusions de l'étude
demandée à M. Sueur par le ministre, à la veille des
élections de mars 1998.
De la même façon, elle souhaite que le Gouvernement s'interroge
sur une éventuelle mise en concordance de la signature des contrats de
ville tant au plan spatial qu'au plan temporel.
Au plan spatial, votre commission souhaite que les contrats de ville prennent
en compte les intérêts de l'agglomération. Une telle
politique constribuerait à l'institutionnalisation des
agglomérations que la commission thématique sur l'organisation
des villes sur le territoire réunie à l'occasion de la
préparation du schéma national d'aménagement et de
développement du territoire a appelé de ses voeux
9(
*
)
.
Au plan temporel elle estime judicieux d'envisager un report d'un an des
contrats de ville, sous réserve du maintien des moyens de fonctionnement
qu'ils prévoient en 1999, qui présenterait l'avantage de
mettre leur durée en concordance avec celle des contrats de plan
Etat-Régions et avec les programmes européens qui viendront
à échéance la même année.
* *
*
Suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, la
commission a décidé de donner un avis défavorable à
l'adoption des crédits de la ville inscrits au projet de loi de finances
pour 1998.
.
AUDITION DE M. JEAN DAUBIGNY, DÉLÉGUÉ INTERMINISTÉRIEL À LA VILLE ET AU DÉVELOPPEMENT SOCIAL URBAIN
Au cours de sa réunion du mercredi 12 novembre 1997,
sous la présidence de
M. Jean Huchon, vice-président, la
commission a procédé à l'audition de M. Jean Daubigny,
délégué interministériel à la ville et au
développement social urbain.
M. Jean Daubigny, délégué interministériel à
la ville et au développement social urbain,
a tout d'abord
déclaré que les textes d'application de la loi portant pacte de
relance pour la ville du 14 novembre 1996 étaient parus dans
un délai très bref, entre le mois de décembre 1996 et le
mois de février 1997. Il a souligné tout l'engagement de son
prédécesseur, M. le préfet Francis Idrac et celui de la
Délégation interministérielle à la ville (DIV),
pour parvenir à cette publication. Il a rappelé que le dispositif
du pacte de relance s'était ajouté aux contrats de ville et il a
indiqué que l'on était désormais dans l'attente des
conclusions de la réflexion confiée à M. Jean-Pierre
Sueur par le ministre de l'emploi et de la solidarité.
M. Gérard Larcher, rapporteur pour avis du budget de la ville
, a
souhaité obtenir une évaluation de l'ensemble des
exonérations fiscales et sociales votées en 1996 en faveur des
Zones franches urbaines (ZFU).
M. Jean Daubigny, délégué interministériel
à la ville et au développement social urbain,
a
répondu que l'analyse des premiers résultats obtenus dans les
zones franches se heurtait à une difficulté
méthodologique, les déclarations fiscales et sociales qui lui
servaient de base n'étant pas encore toutes disponibles. Il a
observé qu'il existait des transferts d'entreprises en direction des
ZFU, sans qu'il soit possible de connaître leur incidence en termes de
création d'emplois au profit des habitants des zones franches. Il a
estimé qu'avant de présenter une estimation des résultats,
il était souhaitable de distinguer entre les intentions des entreprises
et les résultats tangibles qui avaient été obtenus. Il a
ajouté que les résultats variaient d'une zone franche à
l'autre et qu'en l'état actuel, il était difficile
d'établir une typologie. Il a observé que les élus locaux
étaient sensibles aux " effets d'aubaine " dont
bénéficiaient certaines entreprises qui se délocalisaient
vers une zone franche, afin d'en retirer des avantages sans pour autant
créer d'emplois.
M. Gérard Larcher
a souligné que seuls 40 % du
contingent d'emplois de ville créé en mai 1996 avaient
été utilisés jusqu'à présent. Il a
estimé que cette situation résultait d'un problème
" d'employabilité " des jeunes et observé que
l'accroissement du budget de la ville procédait pour 80 % de
l'imputation de crédits des emplois-jeunes qui seraient, en principe,
créés dans les zones urbaines sensibles (ZUS).
En réponse,
M. Jean Daubigny, délégué
interministériel à la ville et au développement social
urbain,
a déclaré qu'une partie de la population sans emploi
résidant dans les ZUS était qualifiée et apte à
tenir un emploi, mais qu'elle se heurtait à des difficultés
très variées : manque de transports en commun, réticences
qu'inspirait le quartier où résidaient ces personnes voire
même, parfois, des attitudes discriminatoires. Il a ajouté qu'il
existait un fort potentiel de main d'oeuvre disponible dans ces zones et qu'une
action concertée des services de l'Etat et de l'Agence nationale pour
l'emploi (ANPE) tendant à recenser les ressources humaines pour
préparer les implantations d'entreprises, avait donné lieu
à des résultats fructueux.
M. Jean Daubigny, délégué interministériel
à la ville et au développement social urbain,
a
déclaré que la création effective de 10.000 emplois
de ville -correspondant à 40 % seulement du contingent prévu
pour 1996- s'expliquait par la lenteur du démarrage du dispositif en
1996. Il a précisé que celui-ci avait atteint, à compter
du début 1997, un rythme de croisière à hauteur de 1.000
à 1.200 contrats créés par mois. Il a ajouté que
les emplois de ville étaient relativement difficiles à
créer dans la mesure où beaucoup d'associations
intéressées par eux estimaient que leur coût restait trop
élevé, et où ils ne devaient pas concurrencer des
activités existantes. Estimant en outre que l'obligation de recruter des
jeunes résidant dans les ZUS et n'ayant pas dépassé le
niveau du baccalauréat limitait l'efficacité du dispositif ; il a
évoqué les réticences manifestées par certains
employeurs, qui souhaitaient pouvoir recruter également des jeunes
en-dehors des ZUS. Il a, enfin, fait valoir que certains emplois
nécessitaient un niveau de formation supérieur au
baccalauréat et que les 400 heures de formation -payées 23
francs de l'heure aux organismes de formation- n'étaient probablement
pas suffisantes, ce qui rendait nécessaire une action des
collectivités locales et des organismes employeurs.
M. Jean Daubigny, délégué interministériel
à la ville et au développement social urbain,
a
observé que si la question de la formation se posait dans des termes
analogues pour les emplois-jeunes, elle pouvait être satisfaite par un
effort analogue des collectivités locales. Il a relevé que le
dispositif des emplois-jeunes ne faisait pas disparaître les dispositifs
d'insertion, et a précisé que les préfets auraient
à s'assurer de la qualité de la formation dans les dossiers de
projets déposés dans le cadre des appels d'offre destinés
à la création des emplois-jeunes.
M. Gérard Larcher, rapporteur pour avis du budget de la ville
,
s'est ensuite inquiété de l'incidence de la réduction des
fonds structurels européens sur la politique de la ville. Il a
indiqué qu'à Valenciennes, par exemple, ceux-ci jouaient un
rôle capital. Il a suggéré d'allonger d'un an la
durée des contrats de ville, afin que ceux-ci viennent à
échéance en 1999, tout comme les fonds structurels
européens.
M. Jean Daubigny, délégué interministériel
à la ville et au développement social urbain,
a jugé
que l'exemple de Valenciennes était en effet intéressant, puisque
cette ville était éligible à l'ensemble des aides
européennes. Il a évoqué les difficultés de mise en
oeuvre des fonds européens, compte tenu des critères figurant
dans les documents uniques de programmation, et les problèmes
posés par la mobilisation des crédits nationaux
nécessaires à la mise en oeuvre des fonds européens.
M. Gérard Larcher, rapporteur pour avis du budget de la ville
, a
demandé pourquoi l'établissement public d'aménagement et
de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA) ne
fonctionnait toujours pas, bien qu'il ait fait l'objet d'un décret en
février 1997.
M. Jean Daubigny, délégué interministériel
à la ville et au développement social urbain,
a
invoqué les délais nécessaires à la
désignation de tous les membres du conseil d'administration. Il a
ajouté que la Délégation interministérielle
à la ville (DIV) avait cependant entamé des travaux
préparatoires à ceux de l'EPARECA dès le printemps dernier.
M. Gérard Larcher, rapporteur pour avis du budget de la ville
, a
rappelé que dans de nombreux pays européens, et
spécialement en Grande-Bretagne, on avait entrepris des actions de
responsabilisation des parents, allant même jusqu'à l'interdiction
faite aux enfants de se trouver à des heures données dans
certaines parties de la ville. Il a jugé que les habitants des zones en
difficulté avaient plus que tout autre droit à la
sécurité.
M. Jean Daubigny, délégué interministériel
à la ville et au développement social urbain,
a
observé que les arrêtés pris par certains maires cet
été avaient été annulés par le juge
administratif. Il a fait valoir que des mesures analogues avaient
été prises dans certains comtés des Etats-Unis sans qu'on
puisse observer une corrélation claire entre ces mesures d'interdiction
et l'évolution de la délinquance juvénile.
Mme Anne Heinis
a estimé que la lutte contre la
délinquance juvénile était une oeuvre de longue haleine,
et a jugé qu'il était souhaitable d'avoir des exigences
vis-à-vis des enfants. Elle a déploré que certains adultes
ressentent une telle réticence à assumer leurs
responsabilités éducatives, alors même que les enfants
attendaient d'eux qu'ils les exercent.
M. Jean Daubigny, délégué interministériel
à la ville et au développement social urbain,
s'est dit, lui
aussi, convaincu que les jeunes avaient besoin de références pour
construire leur personnalité. Il a convenu qu'il était
nécessaire de responsabiliser des parents qui avaient eux-mêmes,
bien souvent, perdu toutes références, et précisé
que la DIV était attentive à ce problème. Il a
estimé que les jeunes filles et les femmes devaient jouer un rôle
important en la matière, compte tenu de la place qu'elles occupaient
dans la famille.
M. Hilaire Flandre
a considéré qu'il conviendrait
peut-être de modifier la loi si elle empêchait d'interdire aux
enfants menacés par la délinquance de sortir au-delà d'une
certaine heure. Il a estimé souhaitable de rendre une identité
à certaines zones urbaines, notamment en associant leurs habitants
à la vie collective par le biais des conseils de quartier.
M. Dominique Braye
a souligné, s'agissant des exonérations
fiscales et sociales applicables aux ZFU, que l'administration devrait
interpréter les mesures prévues par le pacte de relance d'une
façon claire et uniforme sur tout le territoire national.
M. Jean Daubigny, délégué interministériel
à la ville et au développement social urbain,
lui a
indiqué que la DIV était en contact permanent, sur ce point, avec
la direction générale des impôts et la direction de la
sécurité sociale et que consigne avait été
donnée aux services extérieurs de rendre compte aux
administrations centrales des difficultés rencontrées pour
garantir une application harmonisée du dispositif.
M. Gérard Larcher, rapporteur pour avis
, a rappelé que la
Caisse régionale d'assurance maladie (CRAM) d'Ile-de-France avait
demandé à des associations ayant la responsabilité
d'encadrer des jeunes sous tutelle juridique de loger ceux-ci dans le secteur
HLM plutôt que dans le secteur libre pour diminuer le " prix de
journée ", situation qu'il a jugée particulièrement
regrettable.
M. Jean Daubigny, délégué interministériel
à la ville et au développement social urbain,
lui a
indiqué qu'il se pencherait sans délai sur cette question.
Mme Anne Heinis
a demandé des précisions sur les
dispositifs d'aide et de rattrapage destinés aux élèves en
difficulté, soulignant que ce soutien était très
apprécié par les jeunes et qu'il conviendrait de l'étendre
à toutes les zones urbaines sensibles.
M. Jean Daubigny, délégué interministériel
à la ville et au développement social urbain,
a
rappelé que l'action de nombreuses associations de soutien scolaire
était soutenue financièrement grâce à des
crédits déconcentrés à disposition des
préfets, que le dernier comité interministériel de la
ville avait approuvé la signature d'une convention de partenariat avec
la fondation étudiante pour la ville et qu'au surplus, une action
analogue était menée chaque année dans le cadre de
l'opération " école ouverte ".
Mme Anne Heinis
a souhaité que ces actions ne se limitent pas aux
seuls jeunes volontaires mais à tous ceux qui rencontraient des
difficultés.
1
Cf " jaune "
budgétaire pour 1998, page 62.
2
Les PACTs-urbains concernent 26 sites
caractérisés par la disparition d'une mono-industrie qui a
entraîné une crise économique et sociale. Ils sont
pilotés par la DATAR et la DIV. Ils constituent le cadre de
référence sur un même territoire des politiques
européennes, nationales et régionales.
3
La LOV avait habilité les collectivités
territoriales à exonérer de taxe professionnelle les
créations et extensions d'entreprises dans les quartiers d'habitats
dégradé touchés par un déséquilibre entre
habitat et emploi. Mais seules 42 communes, un département et trois
communautés urbaines avaient utilisé ce système pour un
total de bases exonérées de 1 million de francs.
4
Il s'agit des sites de Mulhouse, des Mureaux,
d 'Aulnay-sous-Bois, de Roubaix-Tourcoing, de Marseille, d'Amiens, de
l'Est lyonnais, de Valenciennes, de Bastia, de Châlon-sur-Saône, de
Clichy-Montfermeil, de Mantes-la-Jolie, et de Saint-Etienne.
5
Rappelons qu'existent également 744 zones urbaines
sensibles.
6
Rapport du CNV, page132.
7
Rapport fait au nom de la Commission des Affaires
économiques sur la politique de la ville, Sénat, première
session ordinaire de 1992-1993, n° 107, page 115.
8
Sénat, session ordinaire 1996-1997, rapport n° 1
fait au nom de la Commission spéciale chargée d'examiner le
projet de loi relatif à la mise en oeuvre du Pacte de relance pour la
ville, page 36.
9
Cf Les propositions des commissions thématiques du
schéma national d'aménagement et de développement du
territoire, la documentation française, 1995, pages 53-93.