Avis n° 87 - Tome XVI - Projet de loi de finances pour 1998, adopté par l'Assemblée nationale
M. Charles GINESY, Sénateur
Commission des Affaires économiques et du Plan - Avis n° 87 - 1997/1998
Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE IER -
LA BONNE SANTÉ DE L'ÉCONOMIE DU TOURISME -
CHAPITRE II -
LE SECTEUR DE L'HÔTELLERIE - RESTAURATION : UNE POSITION ÉCONOMIQUE FRAGILE ET CONTRASTÉE- I. DES RÉSULTATS ÉCONOMIQUES STABILISÉS
- II. LES DIFFICULTÉS CHRONIQUES DU SECTEUR DE L'HÔTELLERIE
-
III. LE RÔLE DE RÉGULATEUR TENU PAR L'ETAT
- A. ÉVOLUTION DU DISPOSITIF DE RESTRUCTURATION DE LA DETTE DES ENTREPRISES HÔTELIÈRES INDÉPENDANTES ET FAMILIALES
- B. LES AIDES À LA MISE AUX NORMES
- C. LA RÉGULATION DES CAPACITÉS HÔTELIÈRES
- D. UN DISPOSITIF D'ALLÉGEMENT DES CHARGES SOCIALES SUR LES AVANTAGES EN NATURE
- E. LES EFFORTS MENÉS EN MATIÈRE DE LUTTE CONTRE LE PARACOMMERCIALISME
- F. LES AIDES AUX INVESTISSEMENTS TOURISTIQUES
-
CHAPITRE III -
POUR 1998, UN BUDGET " STABILISÉ " AUX ORIENTATIONS SOCIALES MARQUÉES- I. UNE RELATIVE STABILISATION DES MOYENS BUDGÉTAIRES ALLOUÉS AU TOURISME POUR 1998
- II. LES TROIS PRIORITÉS DU MINISTÈRE DU TOURISME
-
EXAMEN PAR LA COMMISSION -
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XVI
TOURISME
Par M. Charles GINÉSY,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe François,
Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis
Minetti,
vice-présidents
; Georges Berchet, William Chervy,
Jean-Paul Émin, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard
Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer,
Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat,
Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere,
Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe
Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert
Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis
Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson,
Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond
Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber
Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni,
Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard
Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul
Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger
Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan,
Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
27
)
(1997-1998).
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
L'examen des crédits affectés au tourisme dans le projet de loi
de finances pour 1998 est l'occasion de rappeler quelques chiffres qui
témoignent de l'importance du secteur touristique en France, tant en
termes d'emplois qu'au regard de la balance des paiements.
On peut résumer le poids économique du tourisme dans
l'économie nationale en 1996 par les chiffres clés suivants :
- 62,4 millions d'arrivées de touristes étrangers, soit le
premier pays " récepteur " au monde ;
- 667 milliards de francs consommés auprès des
entreprises du secteur, soit 8,5 % du PIB ;
- 54,3 milliards d'excédent, solde du poste
" voyages " la balance des paiements, soit le premier
excédent
de la balance courante ;
- 750.000 emplois permanents ;
- 164.000 entreprises (hôtels, cafés, restaurants,
agences de voyages).
Dans ce cadre général, la faiblesse des crédits
budgétaires affectés au tourisme ne permet pas à l'Etat
d'y apparaître comme un partenaire économique à part
entière et il faut s'en féliciter car le tourisme ne
relève pas des activités régaliennes de la puissance
publique.
Néanmoins, l'Etat doit avoir un rôle d'impulsion, voire de
régulation, pour corriger certains dysfonctionnements et veiller
à offrir aux acteurs économiques du tourisme des conditions de
développement homogènes et harmonieuses.
A ce titre, l'existence d'un département ministériel autonome
constitue un progrès dans l'organisation administrative car cela
facilite la définition d'une politique nationale, notamment en
coordonnant les actions des différents ministères qui à un
titre ou à un autre ont des répercussions sur le tourisme.
Le cas très concret de l'aménagement du calendrier scolaire
illustre ce propos et il faut souligner l'action positive du Secrétariat
d'Etat au Tourisme qui a permis de définir une solution de compromis qui
convenait au plus grand nombre.
CHAPITRE IER -
LA BONNE SANTÉ DE
L'ÉCONOMIE DU TOURISME
I. LES PERFORMANCES DU TOURISME MONDIAL
A. LA PROGRESSION DU TOURISME MONDIAL RESTE SOUTENUE
Comme l'indiquait notre rapport de l'an dernier, la reprise
économique mondiale a favorisé l'augmentation des
déplacements touristiques internationaux et cette tendance s'est
poursuivie en 1996 et 1997. Selon l'Organisation mondiale du tourisme, ces
déplacements ont progressé de 4,5 % en 1996, après
une hausse de 4 % en 1995. Ainsi, on estime à 593,6 millions
le nombre de voyages effectués à l'étranger en 1996 pour
un volume d'environ 423 milliards de dollars de recettes (hors transport).
Derrière ces taux de croissance moyens, apparaissent des situations
contrastées attestant d'une redistribution nouvelle des flux
touristiques internationaux : si l'Europe demeure en tête avec plus
de 59 % du total des arrivées, ce sont les pays asiatiques ainsi
que l'Océanie et l'Amérique du Sud qui bénéficient
depuis quelques années des plus forts taux de croissance. Ce
phénomène s'explique à la fois par l'intensification des
efforts consacrés à améliorer et promouvoir l'offre
touristique de ces pays, mais également par l'émergence de
nouvelles clientèles touristiques dans des zones situées à
leur proximité. On peut cependant noter le rattrapage significatif qui
s'est opéré en 1996 au Moyen-Orient.
Malgré cette progression moins rapide que dans le reste du monde,
l'Europe a conservé sa suprématie sur le marché des
déplacements touristiques internationaux. Au cours de
l'année 1996, la croissance en termes d'arrivées a
été de 4,5 % avec près de 352 millions
d'arrivées et 4,1 % en chiffre d'affaires avec 216 milliards
de dollars. L'Europe centrale et de l'Est a affiché les taux
d'accroissement les plus élevés en Europe en 1996. En Europe
méditerranéenne orientale, il convient de noter les excellents
résultats de la Turquie dont les recettes ont augmenté de presque
21 %.
Au cours des 15 prochaines années, le tourisme mondial devrait
poursuivre une croissance soutenue pour s'établir à
1 milliard d'arrivées internationales en 2010, contre 456 en 1990,
selon l'OMT. La part de marché de l'Europe devrait reculer alors que
celle de la région Asie-Pacifique devrait rattraper les Amériques
et occuper en 2010 la deuxième place en tant que région
touristique. L'industrie du tourisme et du voyage devrait créer quelque
130 millions d'emplois nouveaux, alors qu'elle compte déjà
255 millions de salariés.
B. SUR LA PÉRIODE 1996-1997, LA FRANCE CONFORTE SA POSITION DOMINANTE MALGRÉ UNE TRÈS FORTE CONCURRENCE
Avec près de 62,4 millions d'arrivées
touristiques en 1996, la France capte 10,5 % du marché mondial et
18 % du marché européen, confirmant sa position de
première destination touristique internationale devant les Etats-Unis
(44,8 millions d'arrivées) et l'Espagne (41,3 millions
d'arrivées) selon l'OMT.
La destination France voit cependant stagner le nombre de séjours
touristiques réalisés par les clientèles
étrangères au cours des dernières années, ce qui,
compte tenu d'un accroissement annuel du marché international de 20
à 30 millions de séjours selon les années,
témoigne de l'érosion de notre part de marché mondial.
En effet, en raison d'une forte pression extérieure dues aux
dépréciations monétaires dans quelques pays concurrents
voisins tels l'Espagne et l'Italie, la destination France voit son avantage
compétitif fragilisé sur certains marchés émetteurs.
Les premiers résultats de l'enquête aux frontières pour
1996 font apparaître une diminution de la durée moyenne de
séjour de près d'une journée par rapport à 1994,
résultant principalement d'une augmentation importante du nombre de
touristes en transit.
L'excédent touristique s'est inscrit en légère baisse par
rapport à 1995 (- 1,8 milliard de francs) en raison d'une
moindre progression des recettes du poste voyages de la balance des paiements,
associée à une plus forte progression des dépenses des
Français à l'étranger.
Si donc la France confirme sa position de première destination
touristique internationale en nombre d'arrivées, ce sont les Etats-Unis
qui, en termes de recettes touristiques internationales, sont en tête
avec plus de 15 % du total. En Europe, les positions se sont
rapprochées entre l'Espagne, la France et l'Italie. L'Espagne a
progressé de manière significative (+ 13,2 %),
dépassant pour la première fois le montant des recettes
enregistrées par la France qui se classe troisième au niveau
mondial selon l'Organisation mondiale du tourisme. Il convient cependant
d'analyser ses statistiques avec prudence car les comparaisons entre pays
restent difficile à établir de manière fiable ; mais cette
tendance ne fait que traduire la forte concurrence qui prévaut dans ce
secteur et la nécessité absolue d'y répondre avec des
moyens innovants et performants.
ARRIVÉES DE TOURISTES INTERNATIONAUX |
|||||||
Rang |
Pays |
Arrivées de
touristes
|
Part en % des arrivées mondiales |
Accroissement annuel moyen (%) |
|||
1990 |
1996 |
1990 |
1996 |
1990 |
1996 |
90/96 |
|
1 |
1 |
France |
52.497 |
62.406 |
11,5 |
10,5 |
2,9 |
2 |
2 |
Etats-Unis |
39.363 |
44.791 |
8,6 |
7,5 |
2,2 |
3 |
3 |
Espagne |
34.085 |
41.295 |
7,4 |
7,0 |
3,2 |
4 |
4 |
Italie |
26.679 |
32.853 |
5,8 |
5,5 |
3,5 |
12 |
5 |
Chine |
10.484 |
26.055 |
2,3 |
4,4 |
16,4 |
Source : Organisation mondiale du Tourisme
RECETTES DU TOURISME INTERNATIONAL |
|||||||
Rang |
Pays |
Recettes du
tourisme
international
|
Part en % des recettes mondiales |
Accroissement annuel moyen (%) |
|||
1990 |
1996 |
1990 |
1996 |
1990 |
1996 |
90/96 |
|
1 |
1 |
Etats-Unis |
43 007 |
64.373 |
9,4 |
10,8 |
7,0 |
4 |
2 |
Espagne |
18 593 |
28.428 |
4,1 |
4,8 |
7,3 |
2 |
3 |
France |
20 185 |
28.418 |
4,4 |
4,8 |
5,9 |
3 |
4 |
Italie |
20 016 |
27.349 |
4,4 |
4,6 |
5,3 |
5 |
5 |
Royaume-Uni |
14 940 |
19.738 |
3,3 |
3,3 |
4,8 |
--- |
--- |
--- |
--- |
--- |
--- |
--- |
--- |
25 |
9 |
Chine |
2 218 |
10.500 |
0,5 |
1,8 |
29,6 |
Source : Organisation mondiale du tourisme.
Les premières tendances enregistrées pour la saison 1997
confirment cependant le redressement en matière de tourisme
enregistré à la fin de l'année 1996.
Il convient de rappeler que lors du premier semestre 1997, l'enquête de
fréquentation de l'hôtellerie homologuée a confirmé
que la fréquentation étrangères était en hausse
sensible (+ 9,5 % de nuitées par rapport à 1996) ;
surtout dans les hôtels " 3* ",
" 4* "et " 4*
Luxe " (+ 13,5 % par rapport à l'année
précédente). Cette progression est très sensible à
Paris (+ 12,9 %) et en Provence Alpes Côte d'Azur
(+ 12,8 %).
Les estimations pour les cinq premiers mois de 1997 du poste voyages de la
balance des paiements laissent présager une augmentation sensible des
recettes touristiques en France et une stabilisation des dépenses des
Français à l'étranger rendant envisageable une progression
du solde en 1997.
De ce fait, le solde du poste voyage de la balance des paiements
s'élève pour la période de janvier à mai à
22,4 milliards de francs, en progression de 26,2 % par rapport à la
même période de l'année précédente.
Ainsi, l'amélioration de la situation économique sur de nombreux
marchés étrangers et l'évolution du cours de certaines
devises étrangères (notamment dollar américain, livre
britannique, lire...), renforcent de façon sensible en 1997, la
compétitivité de la destination " France ".
II. LE " MILLÉSIME FRANÇAIS " POUR 1997
A. DES RÉSULTATS STABLES POUR L'ANNÉE 1996
Le bilan de l'activité touristique au cours de l'année 1996 a été globalement caractérisé par une fréquentation française stable et par une fréquentation étrangère en hausse de 4 % par rapport à l'année précédente (62,4 millions de touristes internationaux). Les recettes internationales ont été en progression de 5,5 % par rapport à 1995 (poste voyage de la balance des paiements).
1. Les séjours touristiques des Français
Les Français ont effectué
légèrement moins de séjours qu'en 1995 tant pour leurs
séjours personnels que lors de leurs déplacements professionnels,
en France et à l'étranger.
L'enquête du suivi des déplacements touristiques des
Français a permis de recenser 178 millions de séjours
touristiques (- 4,4 % par rapport à 1995) pour un peu plus
d'un milliard de nuitées (- 2,4 %), qui se sont
déroulées principalement sur le territoire national (90,5 %
des séjours et 86,8 % des nuitées).
Ce léger recul de la fréquentation a été
constaté aussi bien pour les séjours effectués en France
(- 3,7 %) que pour les séjours à l'étranger
(- 4,8 %).
Le marché des séjours personnels s'est recentré autour des
vacances à caractère familial et la durée moyenne des
séjours s'est légèrement allongée (5,9 jours).
Cette caractéristique se retrouve dans l'analyse des modes
d'hébergement puisque plus de 42 % des nuitées des touristes
français en France ou à l'étranger se sont
déroulés en famille ou chez des amis. Parallèlement, on
note une progression de l'utilisation des gîtes ruraux, des
hébergements non marchands et, à un moindre degré, de
l'hôtellerie.
Les régions qui connaissent la fréquentation touristique la plus
importante par les touristes français sont les régions
Provence-Alpes-Côte-d'Azur (12,3 % des nuitées),
Rhône-Alpes (10,6 %), l'Ile-de-France (6 %), puis le
Languedoc-Roussillon, l'Aquitaine, la Bretagne et les Pays-de-Loire.
Les séjours personnels à l'étranger sont, comme les
années précédentes, principalement effectués en
Espagne et en Italie et, pour une part moins importante, en Grande-Bretagne et
en Allemagne.
2. Les séjours des étrangers
Le tassement de la fréquentation
étrangère observé lors du second semestre 1995 s'est
prolongé sur le premier semestre 1996, comme le signalent les
indicateurs monétaires et de flux, mais les résultats
enregistrés lors de la période estivale (juillet/août) ont
permis d'atténuer ce bilan morose du début d'année. Le
redressement amorcé pendant l'été a été
conforté lors de la fin de l'année 1996.
Les premiers résultats de l'enquête aux frontières pour
1996 confirment la position de la France comme premier pays d'accueil au monde
avec 62,4 millions de touristes étrangers. Il convient d'ajouter
à ce chiffre 85,8 millions d'excursionnistes (séjour de
moins de 24 heures), soit un total de 148 millions de visiteurs.
Par rapport aux résultats de la précédente enquête
qui date de 1994, la progression est de 2 % pour les touristes et de
12,6 % pour les visiteurs.
Dans le palmarès des clientèles touristiques, l'Allemagne reprend
la première place avec 13,3 millions de touristes. Elle est suivie
par la Grande-Bretagne (10 millions), les Pays-Bas (8,1 millions), la
Belgique et le Luxembourg (7,4 millions) et l'Italie (5,3 millions).
Par rapport à 1994, outre les pays de l'Europe de l'Est
(+ 17 %), les plus fortes progressions sont à l'actif des
marchés lointains : Etats-Unis (+ 12 %) et l'ensemble
Asie/Océanie (+ 10,3 %).
B. BILAN DE LA SAISON D'HIVER 1996-1997
Le bilan de cette saison hivernale 1996/1997 est
contrasté. En effet, après un excellent début de saison
(décembre à février), en grande partie, dû à
un enneigement précoce, la fin de saison a été difficile
en raison notamment d'un redoux et d'un calendrier scolaire relativement
pénalisant, avec des départs et retours en milieu de semaine.
Si la fréquentation française a été globalement en
baisse à la montagne en France et à l'étranger par rapport
à l'hiver précédent (- 6,8 % en termes de
séjours et - 11,4 % pour les nuitées), en revanche, les
séjours avec pratique de ski ont enregistré une
légère hausse par rapport à la saison
précédente (+ 3,3 % en nuitées).
La diminution de la fréquentation a été
générale dans tous les massifs, hormis dans les Vosges et le
Jura. On constate une légère progression des courts
séjours au détriment des longs séjours par rapport
à l'an dernier, mais le ski a attiré une clientèle plus
importantes.
Il faut néanmoins relativiser ces résultats en retrait par
rapport à la saison 1995/1996 qui avait été l'une des
meilleurs depuis 1990 en termes de fréquentation.
SÉJOURS PERSONNELS DES FRANÇAIS À LA MONTAGNE SELON LA DESTINATION
Décembre à avril |
1995-1996 |
Variation |
|||
milliers |
en % |
milliers |
en % |
en % |
|
En France |
9.396 |
91,4 |
8.760 |
92,3 |
|
A l'étranger |
887 |
8,6 |
728 |
7,7 |
- 6,8 |
Source : Direction du Tourisme/SOFRES
C. DES DÉBUTS TRÈS PROMETTEURS POUR LA SAISON 1997
Les premières estimations fournies par Maison de la
France montrent une augmentation sensible de la fréquentation, notamment
étrangère (entre 8 et 10 %). On peut estimer qu'en 1997,
65 millions de touristes étrangers auront été
accueillis, soit plus que la population française.
Trois facteurs expliquent ces résultats prometteurs, à savoir le
redémarrage de l'activité mondiale, la baisse des tarifs
aériens et l'effet devises en raison d'une hausse du dollar et de la
livre-sterling.
Les premiers résultats font apparaître une fréquentation en
hausse sensible des Britanniques, des Américains, des Italiens ainsi que
des Japonais, et parmi les régions qui profitent de cette hausse, on
trouve la Provence-Côte-d'Azur, la Corse, l'Ile-de-France et la Bretagne.
Si l'arrière-saison confirmait les performances enregistrées
depuis le début 1997, on pourrait s'attendre à un excédent
de la balance des paiements évalué à 60 milliards de
francs.
CHAPITRE II -
LE SECTEUR DE L'HÔTELLERIE -
RESTAURATION : UNE POSITION ÉCONOMIQUE FRAGILE ET CONTRASTÉE
I. DES RÉSULTATS ÉCONOMIQUES STABILISÉS
A. UNE STABILISATION DES RÉSULTATS...
Après une année 1995 marquée par de
nombreux événements qui ont perturbé sensiblement
l'activité hôtelière, celle-ci a pu obtenir de meilleurs
résultats en 1996. Pour l'ensemble du secteur, le taux d'occupation a
progressé de 0,8 point et le prix moyen des chambres de 1,3 %.
Ceci serait dû aux clientèles étrangères et aux
séjours professionnels qui ont redynamisé l'activité
touristique en 1996.
Selon l'enquête menée par l'IFOP sur la saison touristique 1997,
la fréquentation hôtelière est globalement stable au cours
du premier semestre (- 0,7 % de nuitées par rapport à
la même période de 1996). Les catégories 3 et
4 étoiles ont connu une évolution positive
(+ 3,4 %) au contraire des catégories 1 et
2 étoiles en retrait de 2,6 % par rapport au premier
semestre 1996. La fréquentation hôtelière a
été en hausse à Paris (6,4 %) et en
Provence-Alpes-Côte-d'Azur (+ 2,8 %). Elle progresse
également en Rhône-Alpes, en Bretagne et en Corse.
Plus globalement, l'enquête IFOP, complétée par des
enquêtes auprès des directeurs régionaux du tourisme,
montre que, sauf la première quinzaine de juillet, médiocre en
raison de conditions météorologiques défavorables, la
tendance a été à la hausse. La fréquentation des
hôtels a été supérieure à
l'année 1996, notamment en raison de l'augmentation de la
clientèle étrangère.
B. MAIS QUI RECOUVRE DES SITUATIONS CONTRASTÉES
Il faut noter que les résultats sont très
contrastés selon le type d'hôtellerie. Les chaînes
hôtelières intégrées ont vu leur volume d'affaires
progresser de 4,2 % avec un chiffre estimé de 23,6 milliards
de francs. La capacité globale de ces chaînes a augmenté de
5 % par rapport à 1996, elles regroupent désormais
2.596 hôtels offrant 207.463 chambres. On assiste à un
profond mouvement de restructuration qui se traduit par un renversement de
l'offre au profit des 2 et 3 étoiles (+ 40 % en dix ans).
D'après la direction du Tourisme, la plus forte progression du taux
d'occupation des chaînes intégrées a été
enregistrée par l'hôtellerie très économique avec
+ 2,4 points. La catégorie 4 étoiles, quant à
elle, indique une bonne remontée, contrairement à la
catégorie 2 étoiles qui stagne, aussi bien dans les
chaînes volontaires qu'intégrées.
En revanche, dans l'hôtellerie indépendante, le bilan semble tout
juste positif après plusieurs années de moindre
fréquentation. Le taux d'occupation moyen cumulé des hôtels
progresse légèrement, à l'exception de la catégorie
2 étoiles (- 0,5 %).
Enfin, la restauration traditionnelle française a connu une certaine
désaffectation de la clientèle en 1996. Une baisse de la
fréquentation des restaurants a été constatée en
province, tandis qu'à Paris, la tendance était au contraire plus
favorable. Les restaurateurs ont eu du mal à augmenter leur chiffre
d'affaires en 1996 et l'évolution des prix est inférieure
à la progression du taux de l'inflation.
Les prix moyens par couvert ont peu varié entre novembre 1996 et 1995,
avec toutefois une légère hausse à Paris et en
région parisienne. Si le nombre de couverts servis pour les
déjeuners est en légère amélioration, c'est au
détriment des prix moyens par couvert, en recul de presque 9 %.
II. LES DIFFICULTÉS CHRONIQUES DU SECTEUR DE L'HÔTELLERIE
A. UNE AGGRAVATION DE LA CONCURRENCE
Le secteur de l'hôtellerie est très dynamique par
sa diversité, mais cela constitue également un de ses principaux
handicaps pour s'adapter aux évolutions économiques.
Il subit aujourd'hui, pour des raisons liées à la conjoncture
économique et à l'évolution des comportements et des
attentes (tourisme vert en besoin d'autonomie), la concurrence d'autres
modes d'hébergement tels que les gîtes, l'hôtellerie de
plein air, les locations, ou les résidences de tourisme. Il est
également confronté à des situations de distorsion de
concurrence dues au paracommercialisme.
Cette fragilité structurelle aggrave les handicaps économiques
dont souffre le secteur. L'hôtellerie est, en premier lieu, une
activité à forte intensité capitalistique : le ratio
investissement initial / chiffre d'affaires (CA), égal à 3, la
situe au même niveau que l'industrie lourde, la métallurgie ou la
cimenterie.
B. UN MANQUE DE MOYENS FINANCIERS ET DES PROBLÈMES SOCIAUX IMPORTANTS
Le développement du secteur hôtelier,
constitué majoritairement de PME, est freiné par une absence de
fonds propres qui, s'ajoutant à une forte saisonnalité de
l'exploitation dans un contexte de taux réels particulièrement
élevés, accroît sa vulnérabilité.
Enfin, en matière de commercialisation, les structures de faible
capacité sont aujourd'hui peu attractives pour les organisateurs de
voyages, les autocaristes et les organisateurs de congrès. En effet, ces
structures ne permettent pas de répondre aux seuils avancés par
ces opérateurs (de 30 chambres pour les groupes, 25 chambres
pour les individuels).
Par ailleurs, les problèmes sociaux sont très importants
dans le secteur hôtels-cafés-restaurants qui compte 76,3 %
d'emplois salariés.
A la fin du mois de décembre 1996, le nombre de salariés
dans les hôtels-cafés-restaurants s'élevait d'après
l'INSEE à 608.500 (soit en progression de 2,2 % par rapport
à 1995). Le nombre de non salariés était estimé
à environ 200.000, mais l'outil statistique reste très
insuffisant pour apprécier l'évolution de ce type d'emploi.
On observe sur les dix années une tendance générale
à la hausse de l'effectif salarié mais dont le rythme s'est
ralenti ces cinq dernières années et qui est inégale selon
les secteurs d'activité :
La part de la restauration ne cesse de croître depuis dix ans. De 1985
à, 1995, elle est passée de 39 % à 49,9 %, soit
près d'un emploi sur deux dans les entreprises caractéristiques
du tourisme. La croissance de la restauration rapide a été
beaucoup plus importante que celle de la restauration traditionnelle
(+ 11,5 % par an en moyenne sur 10 ans contre + 4,3 %),
mais on observe un rééquilibrage dans les rythmes
d'évolution depuis 1990 aux alentours de 3,5 %.
En 1995, les effectifs salariés dans les débits de boissons et
cafés-tabacs ne représentaient plus que 6,6 % de l'ensemble
des salariés des activités caractéristiques contre
10,8 % en 1985. Après une baisse régulière depuis le
début des années 1980, les effectifs salariés dans les
cafés-tabacs semblent s'être stabilisés à partir de
1990 tandis que les débits de boissons continuent à voir leurs
effectifs salariés diminuer en moyenne de - 2,2 % par an.
La part des hôtels diminue très légèrement passant
de 30,1 % en 1985 à 27,5 % en 1995. L'emploi salarié
dans les hôtels après avoir augmenté jusqu'en 1992 au taux
annuel moyen de + 3,2 % amorce une tendance inverse avec
- 0,6 % de croissance annuelle à partir de 1993.
Les tendances récentes semblent conduire à une faible
évolution du nombre global des emplois du tourisme : compte tenu de
l'augmentation du nombre de salariés de la restauration et de la
diminution du nombre de salariés dans l'hôtellerie
mentionnés ci-dessus, ce sont essentiellement les activités
connexes du tourisme qui verraient leurs efficacités croître.
III. LE RÔLE DE RÉGULATEUR TENU PAR L'ETAT
A. ÉVOLUTION DU DISPOSITIF DE RESTRUCTURATION DE LA DETTE DES ENTREPRISES HÔTELIÈRES INDÉPENDANTES ET FAMILIALES
La reconduction du dispositif de garantie SOFARIS pour les
années 1997 et 1998 fait l'objet d'une réflexion, l'objectif
étant d'augmenter le taux de garantie en fonction de l'effort
supplémentaire consenti par les établissements bancaires. Le
système envisagé serait plus favorable aux hôteliers tout
en sécurisant les banquiers.
Ce dispositif, mis en place en 1995 pour permettre aux entreprises de
renégocier dans de meilleures conditions avec leurs banquiers, cet
allégement de leurs charges financières est placé
auprès du préfet de région et s'appuie sur un fonds de
garantie doté de 50 millions de francs et géré par
SOFARIS.
La garantie de la Société française de garantie des
financements des petites et moyennes entreprises (SOFARIS) porte sur une partie
du prêt de restructuration égale à la réduction en
pourcentage du montant de l'annuité. La fraction garantie peut
être égale à 30 %, voire 40 % de l'encours
résiduel du prêt.
La mise en oeuvre tardive de ce dispositif au cours de l'année 1995 a
nécessité la reconduction de ce dispositif pour
l'année 1996. A cette occasion, le bénéfice des
audits et des aides à la gestion, antérieurement
réservé aux exploitants ayant déposé un dossier
auprès du comité, a été étendu à
l'ensemble des hôteliers éligibles au dispositif.
En juin 1997, 170 établissements environ dont plus du tiers
dans le Grand Sud et la région Rhône-Alpes ont
bénéficié de la garantie SOFARIS pour la restructuration
d'une dette de plus de 300 millions de francs.
Afin d'améliorer le dispositif en vigueur et d'en faire profiter un
nombre supérieur d'hôteliers, il a été
décidé de l'assouplir (la baisse du montant de l'annuité
pouvant être obtenue par tous moyens et non plus seulement par la voie du
rééchelonnement) et de le rendre plus avantageux (augmentation du
taux de garantie maximum). A cet effet, une modification de la convention entre
le Trésor et la SOFARIS devrait intervenir très prochainement.
Votre commission considère qu'il est urgent d'accroître les
crédits du fonds SOFARIS pour démultiplier ses capacités
d'action envers l'hôtellerie indépendante et familiale
. Le
rééchelonnement de la dette est une question primordiale pour
l'avenir de ce secteur, confronté à l'obligation de se moderniser
dans un contexte de concurrence exarcerbée.
B. LES AIDES À LA MISE AUX NORMES
Un arrêté du 25 avril 1997
permet désormais aux entreprises du secteur de la restauration et de
l'hôtellerie-restauration de bénéficier de prêts
bonifiés par l'Etat.
Ces prêts sont réservés aux entreprises de restauration
traditionnelle créées depuis plus de trois ans et
immatriculées au répertoire des métiers ou inscrites au
registre du commerce.
Grâce à ces prêts, les bénéficiaires peuvent
financer des travaux de mise en conformité aux règles
d'hygiène et de salubrité.
D'un montant plafonné à 300.000 francs, ces prêts
à 3,5 % sont limités à 80 % du montant de
l'investissement. Par ailleurs, des prêts conventionnés, au taux
maximal de 5,8 % peuvent être accordés en complément
de ces prêts bonifiés.
Il s'agit, pour ce secteur particulièrement actif de l'économie
touristique d'une aide importante de l'Etat qui représentera près
de 3 milliards de francs de prêts bonifiés, soit un
triplement de l'enveloppe par rapport à 1996.
C. LA RÉGULATION DES CAPACITÉS HÔTELIÈRES
On peut rappeler, en ce qui concerne l'impôt sur le
revenu des personnes physiques que, depuis 1996, on ne peut plus imputer les
déficits issus d'un investissement hôtelier sur le revenu global,
ce qui a pratiquement fait disparaître cette forme d'investissement.
De plus, en application de la loi n° 96-603 du
5 juillet 1996, relative au développement et à la
promotion du commerce et de l'artisanat, les constructions nouvelles, les
extensions ou les transformations d'immeubles existants entraînant la
constitution d'établissements hôteliers d'une capacité
supérieure à 30 chambres hors de la région
d'Ile-de-France et à 50 chambres, dans cette dernière, sont
désormais soumises à autorisation.
Cette nouvelle mesure devrait permettre de mieux maîtriser le
phénomène de surcapacité, et de réguler l'offre
d'hébergement en prenant en compte notamment l'offre et la demande, la
densité d'équipements hôteliers dans la zone
considérée, ainsi que l'impact éventuel en terme d'emplois
et sur l'équipement existant.
Il est encore difficile de faire un bilan exhaustif du fonctionnement de la
mesure d'autorisation préalable à la création
d'établissements hôteliers mise en oeuvre par la loi du
5 juillet 1996. En effet, les textes d'application de la loi
n° 96-603 du 15 juillet 1996 relative au
développement et à la promotion du commerce et de l'artisanat ont
été publiés fin 1996 et début 1997 :
- décret n° 96-1018 du 26 novembre 1996 relatif
à l'autorisation de certains magasins de commerce de détail et de
certains établissements hôteliers et modifiant le décret
n° 93-306 du 9 mars 1993 ;
- arrêté du 26 novembre 1996 fixant le contenu des
demandes d'autorisation relatives aux commerces de détails ;
- arrêté du 15 janvier 1997 fixant le contenu de la
précise demande d'autorisation d'exploitation des établissements
hôteliers ;
- circulaire du 16 janvier 1997 (du ministère des petites
et moyennes entreprises, du commerce et de l'artisanat) ;
- circulaire du 25 février 1997 (ministère de
l'équipement, du logement, des transports et du tourisme).
En conséquence, les décisions des commissions
départementales d'équipement commercial (CDEC) n'ont porté
que sur un nombre limité de demandes d'autorisation.
Sur 36 demandes d'autorisation présentées en CDEC,
28 demandes (78 %) ont fait l'objet d'une décision.
17 décisions sont positives (soit 61 %) et 11 négatives
(39 %), sachant que certains dossiers n'ont pas encore été
examinés par les CDEC. Il convient de remarquer que la totalité
des décisions des CDEC sont conformes aux avis émis par les
commissions départementales d'action touristique (CDAT) dans lesquelles
les représentants des organisations professionnelles siègent.
Actuellement, une seule demande d'autorisation, refusée en CDEC, fait
l'objet d'un recours auprès de la commission nationale
d'équipement commercial (CNEC).
D. UN DISPOSITIF D'ALLÉGEMENT DES CHARGES SOCIALES SUR LES AVANTAGES EN NATURE
Les organisations professionnelles signataires de la
convention collective du 30 avril 1997 applicable aux
hôtels-cafés-restaurants ont lié sa mise en vigueur
à une exonération des charges sociales sur l'avantage en nature
repas.
Le Gouvernement a pris un engagement public le 23 juin 1997 sur le
respect de cette clause et un crédit est inscrit à cet effet dans
le projet de loi de finances pour 1998, en vue d'assurer cette
exonération à hauteur de 25 %.
Progressivement, l'exonération devrait être portée à
100 %. Cette mesure représenterait alors un coût
budgétaire de 1.300 millions de francs en année pleine, et
devrait permettre des progrès en matière d'emploi et de statut
des salariés.
E. LES EFFORTS MENÉS EN MATIÈRE DE LUTTE CONTRE LE PARACOMMERCIALISME
L'an dernier, votre commission vous avait rappelé le
diagnostic établi en 1995 par le rapport Radelet qui soulignait combien
la situation des entreprises d'hébergement et de restauration
apparaissait de plus en plus fréquemment pénalisée par le
développement de certaines activités parfois concurrentes et qui
ne satisfaisaient pas aux mêmes exigences sociales, fiscales, sanitaires
ou de sécurité que celles imposées aux entreprises
commerciales.
Elle vous avait également présenté le contenu du plan
d'action arrêté sur la base de ce rapport et qui s'articulait
autour de quatre axes :
- lutte contre le travail clandestin;
- recensement par les préfectures des différentes formes
d'hébergement et restauration pratiquées par les
particuliers ;
- contrôle de tous les modes de paracommercialisme dans les
départements ;
- évolution législative et réglementaire qui
améliore la transparence du marché de l'hébergement et la
restauration.
Les actions menées depuis l'adoption de ce plan d'action, ont permis de
sensibiliser l'ensemble des acteurs du tourisme et doivent s'inscrire dans la
durée. Le rôle des pouvoirs publics est de tout mettre en oeuvre
pour que les nouvelles formes de produits touristiques en milieu rural, qui
connaissent un engouement certain auprès des clientèles tant
étrangères que françaises, puissent se développer
de façon harmonieuse et que les différents acteurs du tourisme
rural bénéficient de conditions équivalentes pour
l'exercice de leur activité.
Les pouvoirs publics ont ainsi encouragé des rapprochements entre, d'une
part, les acteurs du tourisme vert et, d'autre part, les hôteliers et
restaurateurs traditionnels à travers la signature de protocoles, la
mise en place de solutions dynamiques en matière d'animation et de
réseaux et la valorisation du patrimoine culturel et gastronomique.
C'est ainsi qu'un protocole a été signé dans ce sens le
6 avril 1995 entre la Fédération nationale des
syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), la Fédération
nationale de l'industrie hôtelière et la Fédération
nationale des Gîtes de France.
De plus, la Fédération nationale des Gîtes de France a
été étroitement associée à la réforme
du classement des meublés introduite par l'arrêté du
1er avril 1997.
Le classement des meublés est régi par l'arrêté du
28 décembre 1976 modifié. Les meublés de
tourisme sont classés de une à cinq étoiles en fonction de
leur niveau de confort défini par les normes de classement de
l'arrêté du 8 janvier 1993.
La procédure de
classement est volontaire.
La réforme apportée par
l'arrêté du
1er avril 1997
a pour objet principal de clarifier les règles
de classement des meublés, afin de garantir au consommateur une
meilleure qualité du produit, de simplifier la procédure
administrative et d'améliorer ainsi les relations entre l'administration
et les usagers.
Elle institue une visite obligatoire préalable au classement du
meublé et une visite périodique de contrôle tous les
cinq ans, qui sera effectuée par des organismes
agréés par l'Etat, étant entendu que le loueur de
meublé a la liberté de choisir son organisme sur une liste
établie par le préfet du département d'implantation du
meublé.
Les loueurs de meublés déjà classés
" tourisme " disposent d'un délai de cinq ans pour
produire un certificat de visite du meublé. La procédure
dérogatoire de classement des gîtes de France par les relais
départementaux est supprimé. Ceux-ci relèvent
désormais de la même procédure de classement que les autres
meublés de tourisme.
La circulaire d'application a été signée le 29
avril 1997 et le modèle de panonceau permettant aux loueurs de
meublés de tourisme de signaler le classement des meublés a
été défini par l'arrêté du
22 juillet 1997 en concertation avec les différentes
organisations professionnelles.
On peut rappeler qu'on évalue à environ 500.000 lits, les
capacités d'hébergement des meublés et il importe donc de
veiller à ce que cette forme d'hébergement, quand elle se
positionne sur le créneau du tourisme soit soumise aux mêmes
règles et aux mêmes contraintes que les structures
d'hébergement commerciales.
L'arrêté du 1er avril 1997 est une première
réponse qui va dans le bon sens, mais il faut souligner qu'il s'agit
d'une procédure à caractère volontaire et non obligatoire.
Cette démarche volontaire qui s'apparente à la certification va
sans nulle doute améliorer la qualité de l'offre de
meublés, en leur imposant de respecter un certain nombre de normes.
Mais, néanmoins, à titre personnel, votre rapporteur regrette que
le dispositif de déclaration obligatoire en mairie de toutes les formes
d'hébergement commercialisées par des non professionnels à
des fins touristiques, issu d'un amendement sénatorial lors du vote de
la loi du 4 février 1995 d'orientation pour
l'amélioration et le développement du territoire, ne soit pas mis
en oeuvre du fait, il est vrai, de son extrême complexité.
F. LES AIDES AUX INVESTISSEMENTS TOURISTIQUES
Conformément à l'article 92-3 du
Traité sur l'Union européenne, toutes les aides publiques aux
entreprises allouées sur fonds publics doivent faire l'objet d'une
notification à la Commission et d'une autorisation par celle-ci, afin de
s'assurer qu'elles ne faussent pas la concurrence au sein du marché
commun.
En l'absence d'encadrement communautaire spécifique concernant le
secteur en cause, la Commission européenne considère que les
régimes d'aide qui lui sont soumis par les Etats membres doivent
respecter les taux d'aide prévus par l'encadrement des aides aux petites
et moyennes entreprises. C'est donc sur la base de cet encadrement que le
régime cadre d'interventions publiques en faveur du tourisme a
été négocié en 1996-1997 avec la Commission
européenne car il n'existe pas d'encadrement communautaire des aides au
tourisme.
Le respect des modalité d'intervention prévues par ce
régime permet de légaliser au regard du droit communautaire de la
concurrence toutes les interventions publiques non notifiées en faveur
des entreprises, qu'il s'agisse de fonds d'origine étatique,
européenne ou publique locale.
Mais l'alignement des taux d'aide hors zone PAT (prime à
l'aménagement du territoire) de ce régime sur l'encadrement des
aides aux petites et moyennes entreprises ne correspond pas toujours aux
besoins du secteur du tourisme, et dans certains cas, il aggrave la situation
de certaines zones géographiques, ayant un potentiel touristique
à développer : étant écartées des
subventions zones PAT en ce qui concerne les industries, elles le sont aussi
pour ce qui est des installations touristiques, alors même que ce secteur
constitue une solution alternative en matière de développement
économique local.
On peut rappeler que pour les petites entreprises, les aides aux petites
entreprises sont de 15 % dans les zones hors PAT et peuvent être
portées à 27 voire 33 % dans les zones PAT.
Il apparaît urgent de renégocier avec la Commission
européenne, pour défendre la situation des structures
touristiques privées, notamment les plus petites, pour lesquelles les
investissements sont particulièrement lourds. Il ne semble pas que les
aides qui pourraient leur être attribuées affectent la concurrence
européenne, et il conviendrait donc de relever les taux actuels
prévus en déhors des zones éligibles à la PAT, pour
les investissements touristiques.
Dans l'attente du résultat de la renégociation avec les
autorités communautaires, la règle de minimis peut continuer
à être utilisée alternativement au taux d'aide prévu
par le régime d'aide, pour les petites entreprises, si le projet
d'investissement ne dépasse pas le seuil de 100.000 Ecus sur trois
ans.
CHAPITRE III -
POUR 1998, UN BUDGET
" STABILISÉ " AUX ORIENTATIONS SOCIALES MARQUÉES
I. UNE RELATIVE STABILISATION DES MOYENS BUDGÉTAIRES ALLOUÉS AU TOURISME POUR 1998
Il convient de reconnaître que, depuis plusieurs
années, les moyens budgétaires affectés au tourisme
diminuaient régulièrement et que celui de 1997 n'avait pas failli
à la règle.
Entre 1996 et 1997, la diminution était de 9 % entre les deux
projets de loi de finances et le budget voté pour 1997 est passé
de 355,6 millions de francs à 335,17 millions de francs du
fait d'annulations successives.
On peut, dans ce contexte, soit dénoncer une nouvelle diminution du
budget du tourisme, qui est arrêté dans
le projet de loi de
finances pour 1998 à
338 millions de francs,
en baisse
de 3,46 % par rapport au projet de loi de finances pour 1997, soit
considérer qu'il se stabilise au niveau du budget voté pour 1997
après annulations (335,17 millions de francs).
Dans le cadre de ce budget stabilisé par rapport aux crédits
effectivement disponibles en 1997, des priorités ont été
fixées qui ont imposé des arbitrages délicats et des
mesures d'économie parfois contestables.
PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1997 - RÉPARTITION DES CRÉDITS
NATURE DES CRÉDITS |
PLF 1997 |
BV 1997 |
BV 1997 après annulation |
PLF 1998 |
%
|
Titre III - Moyens des services |
128,89 |
128,99 |
124,73 |
124 |
- 3,79 |
Titre IV - Interventions publiques |
196,24 |
199,22 |
185,78 |
180 |
- 8,28 |
Total Dépenses ordinaires |
325,13 |
328,21 |
310,51 |
304 |
- 6,5 |
Titre VI - Subventions d'investissement |
|||||
- Autorisations de programmes |
37,00 |
39,41 |
30,16 |
45,00 |
+ 21,62 |
- Crédits de paiements |
25,00 |
27,41 |
24,66 |
34,00 |
+ 36,00 |
TOTAL DO + CP |
350,13 |
355,62 |
335,17 |
338 |
- 3,46 |
(millions de francs)
A. DES ÉCONOMIES QUI PORTENT SUR LES MOYENS DE FONCTIONNEMENT DU MINISTÈRE
1. Les dépenses ordinaires diminuent de 6,5 %
Les moyens des services baissent de 3,79 % et concernent
exclusivement les moyens de fonctionnement des services centraux qui diminuent
de 12,02 %. Les dépenses de personnel sont réduites en
raison de la suppression de trois postes de contractuels et les moyens de
fonctionnement des services déconcentrés sont simplement
reconduits à leur niveau atteint en 1997.
En ce qui concerne le développement de l'économie touristique,
les crédits d'intervention publique sont également en baisse de
8,28 % pour être fixé à 180 millions de francs.
2. Des choix en matière d'économies parfois contestables
Les principales économies décidées
concernent :
Les crédits consacrés aux interventions stratégiques
et aux actions de valorisation du produit touristique qui diminuent de
9,04 % pour être fixés à 33,92 millions de francs
pour 1998. Parmi ces crédits, la subvention versée à
l'Agence française de l'ingénierie touristique (AFIT) diminue de
24,7 %.
L'an dernier, votre commission s'était félicité de la
maturité acquise par cet organisme créé en 1993, sous
forme d'un groupement d'intérêt public, mais avait souhaité
que l'Agence développe une politique plus offensive pour répondre
à sa mission initiale d'amélioration de la
compétitivité de l'offre touristique française.
On pourrait craindre que l'importante réduction de ces moyens d'action
ne remette en cause les orientations préconisées. Mais, il
s'avère que l'Agence bénéficie de réserves
importantes constituées au cours de ses premières années
d'activité grâce aux dotations élevées de l'Etat et
que celles-ci pourront être mobilisées pour compenser la
diminution des crédits prévus pour 1998 ;
Les crédits consacrés au Groupement d'intérêt
économique (GIE) " Maison de la France " sont également
touchés de façon importante puisqu'en diminution de
12,4 millions de francs (- 9,4 %), ils sont fixés
à 123,97 millions de francs pour 1998.
Il ne s'agit pas d'une première remise en cause du montant de l'aide
publique au GIE puisque les crédits pour 1997 étaient
déjà en baisse de 7,8 % par rapport à 1996.
Une fois encore la diminution porte principalement sur la subvention de
fonctionnement, mais pour la première fois la contribution aux actions
de promotion est également en baisse de 3,46 %.
Dans ce contexte économique très difficile, le GIE " Maison
de la France " créé en 1987 va devoir s'efforcer de trouver
de nouvelles sources de financement tout en recherchant une efficacité
accrue dans l'utilisation de ses moyens, non pas seulement pour poursuivre son
action en cours mais pour la développer sur de nouveaux marchés.
Or il faut citer les résultats d'une étude comparative
menée par l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) qui, tout en
soulignant la difficulté d'établir des comparaisons fiables entre
les budgets de promotion des organisations nationales du tourisme, indique que,
pour 1995, le budget de promotion de la France serait inférieur à
celui de pays comme l'Australie, la Grande-Bretagne et l'Espagne.
Certes l'étude souligne également que la France est le pays dont
l'organisation nationale du tourisme est la plus
" rentable ",
puisque chaque dollar investi en promotion à l'étranger rapporte
375 dollars, mais on peut craindre que ces remises en cause successives
des financements publics dans le budget de " Maison de la
France " ne
viennent " casser " l'effort de productivité
déjà effectué et remettre en cause les actions
menées pour promouvoir l'image touristique de notre pays.
En 1997, " Maison de la France " a mobilisé ses efforts pour
mettre en place des actions de sensibilisation et de formation en direction des
réseaux d'agents de voyage. Elle s'est également tournés
vers de nouveaux marchés porteurs en Europe de l'Est et en Asie du
Sud-Est, zone dans laquelle l'ouverture d'un bureau est prévu à
Pékin fin 1997.
Pour 1998, il s'agit de maintenir ces orientations en confortant l'image d'une
" destination France " attractive pour faire face à la
concurrence des autres grandes destinations touristiques, de développer
de nouvelles niches de clientèles et d'inciter les réseaux de
vente à l'étranger à commercialiser davantage la France.
Votre commission émet les plus graves réserves sur la
diminution du financement public de " Maison de la
France ",
car
il lui apparaît que ce sont des mesures d'économies à court
terme qui pourraient avoir de graves conséquences à moyen terme
étant donné le climat de concurrence exacerbé qui
prévaut entre les pays ayant une offre touristique existante ou
potentielle importante.
Dans ces conditions, la décision d'imposer au GIE " Maison de la
France ", qui assure le rayonnement et la promotion de notre pays à
l'étranger les mêmes mesures d'économie que celles
supportées par les services centraux de notre administration en charge
du tourisme, sous prétexte d'égalité, est très
regrettable.
B. LES AUGMENTATIONS TRADUISENT LA PRIORITÉ DONNÉE AU TOURISME SOCIAL
Les augmentations, qui traduisent les orientations du budget
pour 1998, portent sur les crédits d'investissement du titre VI, qui
sont regroupés au sein d'un chapitre unique intitulé
"
Développement territorial du tourisme
", et au sein
de ce chapitre exclusivement sur le programme de rénovation des
hébergements touristiques à caractère associatif et
social. Les crédits augmentent de 49,08 % en autorisations de
programmes et de 113,92 % en crédits de paiements.
Ceci doit permettre de relancer de façon significative le programme de
réhabilitation du parc immobilier des organismes du tourisme social.
Le "
plan-patrimoine
" en faveur des hébergements
touristiques à caractère social et familial a été
engagé en 1990 avec comme objectif d'assurer la rénovation de la
moitié de la capacité d'accueil en villages et maisons familiales
de vacances gérés par les associations agréées,
soit environ 110.000 lits à rénover (circulaires
n° 2651 du 14 septembre 1989 et n° 690 du 14 mars
1990).
Depuis 1990, 60.000 lits ont bénéficié de ce
programme (à raison d'environ 10.000 lits par an) pour un montant
d'intervention du ministère chargé du Tourisme de
200 millions de francs représentant un montant total de travaux de
plus d'un milliard de francs qui a permis la programmation de
388 opérations. 40 % des villages de vacances financés
sur cette ligne se trouvent en zone rurale, alors que ceux situés sur le
littoral et en montagne représentent respectivement 36 % et
24 %.
Mais en 1995 et surtout 1996 et 1997, en raison d'annulations successives
opérées sur ce chapitre peu d'opérations et portant sur de
faibles montants financiers ont été engagées.
L'effort financier inscrit dans le projet de loi de finances pour 1998 est
à saluer, car il devrait aider les structures d'hébergement
touristique à caractère social à retrouver leur mission
d'origine.
En effet, le relatif désengagement de l'Etat, mais aussi celui des
caisses d'allocations-familiales et de la Caisse des dépôts et
consignations ont porté atteinte à l'équilibre
économique de ces associations, en les privant de fonds gratuits pour la
rénovation de leurs villages de vacances. Pour financer seules leurs
besoins d'investissements indispensables, ces associations ont
été contraintes d'adopter une logique économique nouvelle
et d'améliorer leur rentabilité, ce qui s'est traduit par une
hausse de leurs tarifs.
Il leur était ainsi devenu impossible de répondre à leur
vocation initiale, à savoir offrir des structures de vacances
accessibles à tous, notamment aux familles les plus modestes.
Le renforcement des crédits consacrés au volet "
aide
à la pierre
" dans le budget du tourisme devrait
accélérer la réhabilitation des 40.000 places
d'hébergement en attente.
En ce qui concerne les contrats de plan Etat-régions, les
crédits sont reconduits au niveau de l'an dernier, tant en ce qui
concerne le budget de fonctionnement (16,66 millions de francs) que les
crédits d'investissements (20,7 millions de francs).
II. LES TROIS PRIORITÉS DU MINISTÈRE DU TOURISME
Au-delà du strict cadre budgétaire, la politique
du tourisme définie au niveau national comporte des priorités, en
particulier en faveur du tourisme social, et de certains secteurs
d'intervention, notamment le développement local.
En prenant appui sur certaines des propositions du rapport du Conseil
économique et social sur le tourisme, présenté en
juin 1996, la politique du ministère renforce son action dans trois
directions : le soutien à la croissance de l'économie
touristique, l'aide au développement économique et à
l'emploi et à l'adaptation de l'offre touristique à
l'évolution des besoins.
A. CONFORTER LA CROISSANCE DE L'ÉCONOMIE TOURISTIQUE
Il s'agit plus précisément d'exploiter toutes les filières permettant d'accroître durablement et dans de bonnes conditions la fréquentation touristique en France en élargissant le socle de la fréquentation intérieure et en intensifiant les efforts de prospection sur les marchés extérieurs.
1. Elargir le socle de la fréquentation intérieure
Promouvoir effectivement un droit aux vacances pour tous
constitue, en effet, l'un des axes prioritaires de la politique du tourisme du
nouveau Gouvernement.
Ceci passe notamment par l'élargissement du droit au
chèque-vacances, réforme annoncée l'an dernier par le
précédent ministre en charge du Tourisme.
Il s'agit, en effet, de remédier à une forme
d'inégalité sociale encore trop importante, puisque 37 % de
la population française ne part jamais en vacances.
Cette réforme devrait avoir un deuxième effet positif en
générant un flux de clients nouveaux orientés vers le
secteur touristique marchand.
Le chiffre d'affaires de l'Agence nationale pour les chèques-vacances
(ANCV) a atteint 2,473 millions de francs en 1996 contre 1,931 en 1995,
soit une progression de 28,1 %. Les prévisions pour 1997
s'établissent à 3 milliards de francs.
Le dispositif du chèque vacances a bénéficié
à un million de familles, soit 4 millions de personnes, et il est
très apprécié, car il offre à la fois le choix et
la diversité et peut concerner toutes les formes de tourisme. C'est un
instrument privilégié de solvabilisation de la demande pour
l'accès de tous aux vacances.
Le projet de réforme propose d'étendre aux entreprises de moins
de 50 salariés les exonérations dont ne
bénéficient actuellement que les entreprises disposant d'un
comité d'entreprise. Cette mesure d'équité sociale devrait
permettre aux 7 millions de salariés des petites et moyennes
entreprises (PME) qui bien souvent ont des salaires moyens, d'accéder
à ce dispositif d'aide aux vacances.
Le volet "
Aide à la pierre
" du budget du Tourisme
pour 1998, décrit ci-dessus, constitue également une
réponse pour favoriser l'augmentation du nombre des utilisateurs des
hébergements touristiques à caractère social. La
réhabilitation des capacités d'hébergement permet de
répondre à l'évolution des besoins exprimés et
l'engagement financier de l'Etat devrait permettre aux associations d'offrir
à nouveau des tarifs à la portée des personnes ayant de
faibles revenus.
2. Intensifier les efforts de prospection sur les marchés extérieurs
Le ministère entend soutenir et développer la
prospection des marchés touristiques émergents d'Asie,
d'Amérique latine ou d'Europe de l'Est.
Mais les contraintes budgétaires -on a pu le signaler- pèsent
lourdement sur les ressources du GIE " Maison de la
France ". Le
ministère du tourisme, très conscient de la qualité de cet
outil et de sa " rentabilité " et pour pallier la
faiblesse de ses propres moyens, est amené à solliciter la
participation financière du secteur privé, ainsi qu'une plus
grande implication des régions qui contribuent déjà au
budget du GIE " Maison de la France " pour 18,6 %.
B. SOUTENIR LE TISSU ÉCONOMIQUE DU SECTEUR DU TOURISME ET DONNER LA PRIORITÉ À L'EMPLOI
Rappelant que le secteur touristique a créé, en
moyenne, 12.000 emplois salariés ces dernières
années, et considérant qu'il constitue un gisement d'emplois
important, le Gouvernement entend par une politique volontariste mobilisant
l'ensemble des acteurs économiques du secteur, passer à un rythme
de 30.000 emplois créés par an.
La participation de l'Etat aura pour objet d'améliorer le
professionnalisme des acteurs salariés ou non, notamment en
développant la formation initiale et continue à tous les niveaux
et par une meilleure utilisation des fonds de la formation professionnelle
continue. Le Gouvernement entend, dans la perspective de conforter et dynamiser
les créations d'emplois dans le tourisme, s'appuyer sur le plan
"
emploi-jeunes
" et avancer dans la voie de la
pérennisation des emplois saisonniers.
Le rapport Vila, demandé par Mme le ministre en charge du Tourisme,
tente ainsi d'identifier les besoins insatisfaits et les métiers qu'ils
pourraient faire émerger. Mais il vient également tempérer
l'idée énoncée plus haut qui fait du secteur touristique
un " eldorado " en matière d'emplois potentiels. Il
constate,
en effet, que ce secteur génère, sauf dans la restauration, plus
de postes saisonniers peu rémunérés que d'emplois
pérennes et qualifiés et que, s'il crée environ
12.000 emplois salariés par an,
des emplois indépendants
disparaissent parallèlement.
Votre commission tient à souligner l'importance de cette mise en garde,
lorsqu'on connaît la situation économique difficile des
restaurateurs et des hôteliers. Il partage entièrement ce point de
vue et s'inquiète de
ce que la création de ces emplois
" parapublics "
ne vienne concurrencer des activités
déjà offertes par le secteur privé.
Il faut veiller
à ce que ces " projets de métiers " ne viennent pas se
substituer à des emplois existants et s'assurer que ces emplois
créés puissent être pérennisés au-delà
de cinq ans.
Aider les petites et moyennes entreprises du secteur touristique à
surmonter leurs difficultés
On peut rappeler que les PME du secteur touristique ont des
caractéristiques particulières : un faible niveau de chiffre
d'affaires par rapport aux capitaux investis (et donc une faible
rentabilité des capitaux), une irrégularité importante des
revenus et une trésorerie fragile. Nombre d'entre elles ont besoin de se
moderniser, d'élever le niveau de qualification de leurs travailleurs,
indépendants et salariés. En outre, elles sont souvent victimes
de la concurrence déloyale des activités clandestines. Ces
entreprises doivent être défendues.
En ce qui concerne la question des charges sociales et fiscales de ces
entreprises de main d'oeuvre des négociations se sont engagées
avec le ministère des Finances et celui des Affaires sociales sur le
sujet, notamment en ce qui concerne l'exonération de charges sociales
sur les avantages en nature versées aux salariés.
L'action du ministère aura également pour objet une meilleure
mobilisation et une meilleure coordination des dispositifs d'aide existants
à l'intention des PME.
Pour l'endettement nouveau, le ministère des PME a mis en place un
dispositif qui permet aux entreprises du secteur de la restauration de
bénéficier de prêts bonifiés pour financer des
travaux de mise en conformité avec les règles d'hygiène et
de sécurité.
Enfin, le projet de loi de finances pour 1998 contient deux dispositions
fiscales qui pourraient intéresser les entreprises du secteur
touristique : le crédit d'impôt pour création
d'emplois et l'exonération des plus-values pour le
réinvestissement dans la création d'entreprise.
C. ADAPTER L'OFFRE TOURISTIQUE À L'ÉVOLUTION DES BESOINS DES CLIENTÈLES FRANÇAISES ET ÉTRANGÈRES
Ce souci d'adapter l'offre à la demande se retrouve
à tous niveaux.
Poursuivre l'effort d'adaptation de l'offre touristique en vue d'une
meilleure lisibilité et d'une plus grande cohérence
Ceci passe par une meilleure connaissance des flux et des besoins des
touristes. Pour cela, il convient de renforcer l'outil statistique et
d'analyse. Il est ainsi prévu de développer un outil statistique
permettant de mieux appréhender la connaissance de l'emploi dans le
secteur du tourisme.
Favoriser l'aménagement et le développement social
Des initiatives seront prises pour améliorer la lisibilité des
financements et des investissements publics réalisés par l'Etat
et les collectivités locales dans le secteur du tourisme. La
préservation, la protection et la mise en valeur de la richesse du
patrimoine naturel et urbain constituent un des secteur important de la
nouvelle offre touristique. La coopération entre le secrétariat
d'Etat au tourisme, le ministère de la culture et de la communication,
le ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement
se situe dans cette perspective.
Dans ce cadre-là, le réseau des délégués
régionaux au tourisme doit être l'interlocuteur naturel des
administrations de l'Etat et des collectivités locales.
Promouvoir la réforme de l'Etat dans le secteur du tourisme
Il s'agira de moderniser le cadre législatif et réglementaire de
l'économie touristique. Ainsi certains textes, sur les stations
classées date de 1919, 1942 et 1968.
Le ministère entend également évaluer dans les prochains
mois, avec le ministre de l'Economie des Finances et de l'Industrie, le
ministère de l'Intérieur et le ministre chargé de
l'aménagement du territoire, l'efficience des sources nationales et
européennes de financement du développement touristique. Il
s'agit, pour l'essentiel, des crédits d'intervention du Fonds national
d'aménagement du territoire (FNADT), des dotations de l'Etat aux
collectivités locales des crédits affectés aux contrats de
plan et des crédits d'origine communautaire.
*
* *
Suivant les conclusions de son rapporteur, la commission s'en est remis à la sagesse du Sénat pour l'adoption des crédits consacrés au tourisme dans le projet de loi de finances pour 1998.
EXAMEN PAR LA
COMMISSION -
Au cours de sa réunion du
mercredi 12 novembre 1997, sous la présidence de
M. Jean François-Poncet, président, la commission a
procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Charles
Ginesy sur le tourisme.
Le rapporteur pour avis a indiqué que les crédits demandés
au titre du tourisme pour 1998 s'élevaient à 338 millions de
francs, soit une baisse sensible de près de 5 % par rapport
à ceux inscrits dans la loi de finances initiale pour 1997, mais que,
compte tenu des annulations de crédits intervenues sur le budget 1997,
on pouvait considérer que les dotations demandées pour 1998
étaient légèrement supérieures à celles
effectivement disponibles en 1997 ; il a reconnu que cette reconduction des
crédits marquait une rupture par rapport aux diminutions successives des
budgets lors des années précédentes.
S'agissant des moyens de fonctionnement, qui marquent un nouveau repli de
4 %, il a indiqué que de sévères économies
avaient été décidées sur les moyens des
administrations centrales afin de maintenir à niveau constant les
crédits affectés aux services déconcentrés.
A propos des crédits d'intervention, en baisse de 9 %, le
rapporteur pour avis a attiré l'attention sur deux baisses
significatives. La première concerne, a-t-il indiqué, l'Agence
française de l'ingénierie touristique (AFIT) dont la dotation
diminue de 25 % par rapport à la loi de finances initiale pour
1997. Il a précisé néanmoins que l'AFIT disposait de
réserves financières importantes provenant de la non-consommation
d'une partie des dotations publiques.
La seconde intéresse la dotation au Groupement d'intérêt
économique " Maison de la France ", en diminution de plus de
9 %. Le rapporteur pour avis a rappelé qu'en 1997 les
crédits étaient déjà en diminution de 7,8 %
par rapport à 1996 et il s'est interrogé sur les capacités
des partenaires privés du GIE à pallier ce relatif
désengagement des pouvoirs publics.
Il a fait valoir que l'effort important consenti en ce qui concerne les
dépenses en capital ne permettait pas de retrouver les niveaux atteints
en 1995, et qu'à l'intérieur du chapitre, les priorités du
ministère se traduisaient par le maintien des dotations pour les
contrats de plan Etat/Régions et par une forte augmentation de l'article
" Programme de rénovation des hébergements touristiques
à caractère associatif ", qui bénéficiait de
24,3 millions de francs en autorisations de programme, soit une hausse de
50 %, et de 9,6 millions de francs en crédits de paiement,
soit un triplement par rapport à 1997.
Il a indiqué que ceci permettrait la relance du programme de
réhabilitation du parc immobilier des organismes du tourisme social,
engagé en 1990 avec pour objectif la rénovation de
110.000 lits, mais qui avait été fortement compromis
à partir de 1995, du fait d'annulations de crédits successives.
A l'issue de cette présentation des crédits budgétaires,
le rapporteur pour avis s'est félicité du rétablissement
d'une structure ministérielle spécifique, traduisant la place
importante du tourisme dans l'économie.
Il a également rappelé que les chiffres de l'économie du
tourisme étaient bons, puisqu'avec 62,4 millions d'arrivées
touristiques internationales en 1996, la France représentait près
de 10,5 % du marché mondial et 18 % du marché
européen, confirmant ainsi sa place de première destination
touristique devant les Etats-Unis et l'Espagne en termes de
fréquentation. Il a précisé que les premiers
résultats pour 1997 annonçaient une saison excellente.
Il a fait valoir, cependant, qu'en termes de recettes touristiques, la France
venait de se faire dépasser par l'Espagne et presque rattraper par
l'Italie.
S'agissant de la concurrence asiatique, il a rappelé qu'on assistait
à l'érosion de la compétitivité de notre pays qui
ne captait que 10 % de la croissance annuelle des flux touristiques et
souligné la nécessité d'une politique dynamique et bien
ciblée d'aide à ce secteur, notamment pour soutenir les efforts
de promotion du produit " France " sur les marchés d'Asie ou
d'autres marchés émergents.
Il a, en conséquence, dénoncé le désengagement
progressif des pouvoirs publics du GIE " Maison de la
France ",
soulignant que les économies qui lui étaient imposées
relevaient d'un mauvais choix stratégique à moyen terme.
Il s'est félicité en revanche de l'effort consenti pour la
relance du " plan patrimoine " pour la rénovation des
hébergements à caractère associatif, considérant
que le relatif désengagement de l'Etat, mais aussi celui des caisses
d'allocations familiales et de la Caisse des dépôts et
consignations avaient porté atteinte à l'équilibre
économique de ces associations, en les privant de fonds gratuits pour la
rénovation de leurs villages de vacances.
M. Charles Ginesy, rapporteur pour avis,
a ensuite insisté sur
les problèmes endémiques que connaissait la petite
hôtellerie indépendante en citant l'exemple des Alpes Maritimes et
plus particulièrement de la Côte d'Azur, où le constat
était sévère puisqu'entre 1994 et 1997, le nombre
d'hôtels était passé de 902 à 758 et que pour la
seule année 1996, 28 hôtels totalisant 371 chambres
avaient définitivement fermé.
Il a souligné que la politique d'aide à la petite
hôtellerie devait être conçue comme un élément
à part entière d'une politique volontariste d'aménagement
du territoire et qu'il convenait d'en renforcer les moyens financiers,
notamment à travers la prochaine convention signée entre le
Trésor et la SOFARIS, afin que les entreprises hôtelières
puissent renégocier leurs dettes avec les banques dans de meilleures
conditions.
S'agissant des collectivités locales qui améliorent la
qualité de l'accueil et réalisent des équipements,
notamment pour développer le tourisme vert, le rapporteur pour avis a
souhaité un accroissement des montants de la dotation touristique
incluse dans la dotation globale de fonctionnement.
Il a également rappelé le problème posé aux
restaurateurs par l'application d'un taux de TVA à 20,6 %,
notamment vis-à-vis de pays comme l'Espagne, l'Italie et la Grèce
qui appliquaient des taux moins élevés, et s'est prononcé
en faveur d'une fiscalité moins pénalisante pour la restauration
classique.
A propos de la réforme de l'attribution des chèques-vacances,
annoncée déjà par M. Bernard Pons, le rapporteur pour avis
a souhaité qu'elle favorise un apport de " nouveaux
clients "
solvables pour les structures marchandes du secteur tourisme.
Interrogé par
M. Jean François-Poncet,
président
, sur la position que devait, selon lui, adopter la
commission, le rapporteur pour avis, compte tenu des réserves qu'il
avait exprimées, a proposé à la commission de s'en
remettre à la sagesse du Sénat.
Soulignant que les crédits du tourisme demeuraient stables -ce qui, dans
le contexte général du budget, était un motif de
satisfaction, même si certaines dotations auraient dû
mériter un meilleur traitement-
M. Alain Pluchet
s'est
déclaré vigilant sur l'évolution des crédits et a
partagé la proposition du rapporteur pour avis sur la position de la
commission.
M. Jacques de Menou
s'est déclaré très inquiet
quant aux critères retenus pour le régime d'aide en faveur du
tourisme notifié récemment à Bruxelles.
Il a indiqué que les taux d'aide avaient été
alignés sur ceux en vigueur pour les investissements industriels selon
le zonage " PAT " (prime d'aménagement du territoire) ou
" hors PAT ", ce qui ne correspondait pas toujours aux
besoins du
secteur du tourisme. Il a souhaité que le rapporteur interroge la
secrétaire d'Etat au tourisme sur les effets pervers de cette
décision en ce qui concerne le développement touristique.
La commission a alors
décidé de s'en remettre à la
sagesse du Sénat pour l'adoption des crédits du tourisme.